Posts Tagged ‘m23’

Face au M23, des soldats ougandais se déploient dans l’est de la RDC

avril 1, 2023

Après les Kényans et les Burundais, les soldats ougandais de la force régionale est-africaine déployée face aux rebelles du M23 ont commencé à arriver vendredi dans l’est de la RDC, où la situation demeure explosive.

Des soldats des Forces de défense ougandaises se positionnent à la frontière de la RDC, à Bunagana, le 31 mars 2023. © Glody MURHABAZI / AFP

Ce nouveau contingent déployé sous la bannière de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) est entré en RDC par le poste-frontière de Bunagana, un important carrefour commercial dont la rébellion s’était emparée en juin 2022.

« Les Ougandais viennent d’arriver chez nous, à Bunagana, ils viennent de passer avec des chars, des véhicules… Ils sont très nombreux », a déclaré par téléphone une habitante de la ville, située à environ 70 km au nord-est de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Le commandant kényan de la force de l’EAC, le général Jeff Nyagah, a précisé à Goma que ce contingent ougandais comptait 1 000 hommes. « Ils sont entrés ce matin », a-t-il déclaré, ajoutant qu’ils devraient atteindre à terme un effectif de 2 000 hommes.

LE RETRAIT DU M23 VA ÊTRE SÉQUENTIEL

La mission des soldats ougandais n’est pas pour l’instant de « combattre » le M23, a souligné jeudi le président ougandais Yoweri Museveni, mais d’occuper, en tant que « force neutre », des « positions remises par le M23 à la force de l’EAC ».

Échéance et cessez-le-feu non respectés

Ce déploiement, initialement prévu mercredi, puis jeudi, et de nouveau reporté après des discussions entre l’EAC et le M23, intervient alors que le 30 mars aurait dû marquer la fin du retrait « de tous les groupes armés » de l’est de la RDC, selon un calendrier adopté mi-février à Addis-Abeba par des chefs d’État de l’EAC. Une échéance qui n’a pas été respectée.

« Le retrait du M23 va être séquentiel », a déclaré le général Nyagah, alors que, selon des témoins, les rebelles sont encore dans Bunagana. « Le M23 est encore là », a affirmé un autre habitant. « Nous attendons qu’il se retire, c’est alors que nous pourrons dire qu’il y a une évolution… », a-t-il ajouté.

Le M23 a annoncé son retrait de certaines localités, mais ces annonces ont été qualifiées de « diversion » par l’armée congolaise. Un cessez-le-feu aurait par ailleurs dû entrer en vigueur le 7 mars mais, encore une fois, n’a pas non plus été respecté.

Il n’y a pas eu récemment de combats d’ampleur entre l’armée congolaise (les FARDC) et les rebelles, mais des affrontements sont régulièrement signalés, impliquant le plus souvent des groupes armés s’érigeant en « patriotes » face au M23.

Montée en puissance des FARDC

Les soldats ougandais doivent se déployer dans plusieurs localités du territoire de Rutshuru. Là, depuis la fin de 2022, sont positionnés des soldats kényans de la force de l’EAC, qui se sont vite vu reprocher par la population de ne pas contraindre les rebelles à se retirer mais plutôt de cohabiter avec eux. À leur arrivée, les Congolais avaient compris que leur mandat devait être « offensif », ce qui n’a pas été le cas.

LA TÂCHE EST IMMENSE. AUSSI IMMENSE QUE NOTRE HUMILIATION EN TANT QUE NATION

Des troupes burundaises de l’EAC sont de leur côté déployées dans le territoire voisin de Masisi. Un contingent sud-soudanais est également prévu mais n’est pas encore arrivé.

D’autres soldats ougandais sont déjà présents dans l’est de la RDC, depuis la fin de 2021, mais pas dans le cadre de l’EAC. Ils mènent, plus au nord, des opérations avec l’armée congolaise contre des rebelles d’origine ougandaise, les ADF (Forces démocratiques alliées).

La semaine dernière, Jean-Pierre Bemba a été nommé ministre de la Défense de RDC. « La tâche est immense », a-t-il déclaré en prenant ses fonctions, aussi immense que « notre humiliation en tant que nation ». Il s’est notamment assigné comme mission « la montée en puissance des FARDC » qui, par manque d’organisation, de moyens, de professionnalisme, selon des experts, se sont montrées incapables jusqu’à présent de stopper l’avancée rebelle.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Le Parlement angolais a voté l’envoi de 500 soldats en RDC

mars 18, 2023

Après l’échec du cessez-le-feu entre les FARDC et le M23, que Luanda avait contribué à négocier, les députés angolais ont donné le feu vert à la mission d’un contingent en RDC.

Des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en patrouille en octobre 2018 en RDC. © afp.com – JOHN WESSELS

Le Parlement angolais a donné le feu vert, vendredi 17 mars, à l’envoi d’environ 500 soldats en RDC, après que le dernier cessez-le-feu   annoncé entre les FARDC et le M23, que Luanda avait contribué à négocier, n’a pas été respecté, la semaine dernière. Les députés ont formellement approuvé, par un vote à l’unanimité lors d’une session extraordinaire retransmise en direct à la télévision, la décision annoncée samedi par la présidence.

« La mission des forces armées angolaises n’impliquera pas d’opérations de combat », a déclaré le ministre d’État et chef de la Maison de sécurité, le général Francisco Furtado, après le vote. Il s’agit « uniquement de superviser le processus de dissolution, de désarmement et de réintégration des forces du M23 », a-t-il poursuivi.

Rôle de médiateur

L’Angola joue un rôle de médiateur dans le conflit qui oppose les force armées de la RDC et le M23. Les soldats angolais ne viennent pas « pour attaquer, mais pour vérifier comment les choses se passent », a assuré en début de semaine le chef de la diplomatie congolaise. Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, est attendu ce samedi à Luanda pour une visite de travail, selon la présidence angolaise.

Ce vote intervient alors que des rebelles du M23 se sont retirés ces derniers jours de plusieurs localités de l’est de la RDC, selon des sources civiles et militaires constatant prudemment une accalmie dans les combats.

En 2012, le groupe rebelle s’est brièvement emparé de Goma avant d’être chassé par une offensive conjointe des forces du Congo et de l’ONU. Mais les combats ont repris fin 2021 après que le M23 a accusé le gouvernement de Kinshasa de ne pas respecter son engagement d’intégrer ses combattants à l’armée régulière. Plusieurs pays de la région ont déployé une force conjointe visant à stabiliser la zone.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

L’Angola va envoyer des troupes en RDC après l’échec du cessez-le-feu

mars 12, 2023

L’Angola a annoncé le 11 mars que Luanda allait envoyer une unité militaire en RDC, après l’échec du cessez-le-feu qu’il avait contribué à négocier entre les troupes gouvernementales et les rebelles du M23.

Sur cette photo d’archive prise le 23 mai 2021, un convoi funéraire parcourt la route de Beni à la frontière ougandaise, à 80 kilomètres à l’Est, au nord-est de la RDC © ALEXIS HUGUET / AFP

« L’objectif principal de cette unité est de sécuriser les zones où sont stationnés les membres du M23 » dans l’est du pays « et de protéger » l’équipe chargée de surveiller le respect du cessez-le-feu, a déclaré la présidence angolaise dans un communiqué.

L’est de la RDC, frontalier notamment du Rwanda, est le théâtre d’une flambée de violence depuis que les rebelles du M23 ont repris les armes fin 2021, et se sont emparés de pans entiers du territoire. La RDC et des experts de l’ONU accusent le Rwanda de soutenir le groupe armé, une affirmation démentie par Kigali.

Échec du cessez-le-feu

Si plusieurs pays de la région ont déployé une force conjointe visant à stabiliser la zone, l’Angola joue un rôle de médiateur dans ce conflit. Mais le dernier cessez-le-feu qu’il avait négocié a été rompu mardi, le jour même où il devait entrer en vigueur.

Luanda a précisé que sa décision d’envoyer une unité militaire a été prise après des consultations avec Kinshasa, et ajouté que les Nations unies et d’autres dirigeants de la région en ont été informés.

Violents combats

Le déploiement de ces troupes doit être approuvé par le Parlement angolais, où le parti au pouvoir possède une majorité confortable. Aucun détail sur la taille de l’unité qui sera envoyée en RDC n’a été donné dans l’immédiat.

Cette décision intervient alors que de violents combats ont été rapportés à l’est de la RDC, près de la grande ville de Goma, de plus en plus menacée par la rébellion du M23, qui s’en était déjà emparée brièvement en 2012.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Dans l’est de la RDC, les combats continuent malgré le cessez-le-feu

mars 7, 2023

En dépit de la pression internationale et de l’annonce d’un cessez-le-feu prévu ce mardi 7 mars à midi (10 heures GMT) entre l’armée et le M23, les affrontements se poursuivent, selon des sources locales.

Un véhicule détruit à Rugari, dans l’est de la RDC, lors d’affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, le 6 janvier 2023. © Guerchom Ndebo / AFP

Dans la soirée de lundi, depuis New York, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, exhortait « le M23 à respecter le cessez-le-feu » annoncé pour ce mardi 7 mars à midi (10 heures GMT), en vue de « son retrait total et effectif de toutes les zones occupées » dans l’est de la RDC.

Mais le lendemain, les affrontements se sont poursuivis et le M23 s’est emparé de nouvelles localités. Après quelques jours de calme relatif, les combats ont en fait repris dès lundi sur les fronts nord et sud autour des zones contrôlées par les rebelles du M23, dans la province du Nord-Kivu, faisant plusieurs morts et blessés civils selon des sources hospitalières et humanitaires.

Karuba, Kamuronza…

« Karuba [à une trentaine de km à l’ouest de la capitale provinciale Goma] vient de tomber dans les mains des rebelles », a déclaré une source sécuritaire. Nous les avons attaqués cette nuit [du 6 au 7 mars] mais ce matin, ils ont lancé une contre-attaque et à cette heure les combats continuent. » Les combats qui font rage à Karuba depuis lundi ont fait six morts et « au moins dix blessés », selon Folo Ombeni, vice-président de la société civile locale.

Léopold Muisha, de la société civile du groupement Kamuronza, à la sortie ouest de Goma, affirme de son côté dans un communiqué que le M23 a bombardé des objectifs civils, précisant que « sept bombes ont été tirées lundi en fin d’après-midi, tuant deux civils, dont un enfant de 12 ans, et blessant six autres ». Le Comité international de la Croix-rouge (CICR) évoque un mort et sept blessés au cours de ce bombardement.

Les affrontements se poursuivent également sur le front nord, où le M23 reste à l’offensive sur des villages et des positions des FARDC (forces armées de la RDC) provoquant, selon des témoins, le repli de militaires vers la ville de Kanyabayonga, plus au nord.

Accusations mutuelles

Malgré sa progression sur le terrain, la rébellion du M23 a annoncé mardi dans un communiqué « un cessez-le-feu effectif » à 12 heures, afin « d’ouvrir la voie au dialogue direct avec le gouvernement de Kinshasa ». Les deux parties s’accusent mutuellement d’avoir lancé des attaques sur leurs positions.

Willy Ngoma, un porte-parole du M23, a déclaré que l’armée congolaise avait attaqué lundi « simultanément toutes [ses] positions » et que la rébellion subissait encore des attaques mardi matin. Le M23 réagit « en légitime défense », a-t-il affirmé.

Les autorités congolaises, par la voix du lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole de l’armée au Nord-Kivu, accusent de leur côté « les terroristes du M23 et leurs parrains des Rwanda Defence Force [l’armée rwandaise] » d’avoir lancé lundi « une attaque qui a ciblé le contingent burundais récemment déployé dans le cadre de la force régionale de l’East African Community (EAC)« .

Selon le lieutenant-colonel Ndjike, cette attaque « au mortier » a également visé un camp de personnes déplacées et la cité de Mubambiro, causant « d’énormes dégâts », à 20 km à l’ouest de Goma.

Sanctions ?

Samedi, au cours de sa visite en RDC, le président français Emmanuel Macron avait déclaré à propos des engagements pris par les parties au conflit qu’en cas de non respect du cessez-le-feu, des sanctions pourraient être prises, y compris contre le Rwanda. La rébellion du M23, restée en sommeil pendant près de dix ans, a repris les armes fin 2021. Kinshasa accuse le Rwanda de la soutenir, ce qui a été corroboré par des experts de l’ONU, bien que Kigali s’en défende.

Le nouveau cessez-le-feu annoncé intervient après l’échec de toutes les précédentes initiatives régionales lancées pour mettre fin à la progression du M23 ces derniers mois dans le Nord-Kivu. Le 3 mars, à Luanda, la présidence angolaise, désignée médiatrice par l’Union africaine dans cette crise, annonçait un nouveau calendrier de cessation des hostilités, débutant ce mardi à midi avec l’arrêt des combats « dans toute la région orientale de la RDC ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Des troupes burundaises de la force régionale arrivées en RDC

mars 5, 2023

Près de trente militaires du Burundi ont atterri dimanche à Goma dans le cadre du déploiement de la force régionale mise en place par les pays de l’EAC pour mettre fin aux violences dans l’est du pays

Des soldats de la force régionale de l’EAC à Goma, dans l’est de la RDC, le 2 décembre 2022. © Glody Murhabazi / AFP

Ce dimanche 5 mars, environ trente militaires burundais ont atterri à Goma, dans l’est de la RDC. Ils sont déployés dans le cadre de la force régionale mise en place par les pays de l’EAC (East African Community) pour tenter d’endiguer l’avancée de la rébellion du M23 et démettre la centaine de groupes armés qui sévit dans la partie orientale du pays.

L’effectif burundais devant être déployé au Nord-Kivu est censé atteindre une centaine d’hommes, qui « est en train de venir par route » dans la journée, a déclaré le général congolais Emmanuel Kaputa Kasenga, commandant adjoint de la force est-africaine. Le porte-parole de la force, le major kényan Wanyoni Nyakundi, a lui annoncé qu’ils arrivaient depuis Bujumbura, la capitale du Burundi, dans un avion de l’armée kényane.

Sake, Kilolirwe et Kitshanga

Sur le tarmac de l’aéroport, au pied des bus devant les transporter jusqu’à leur base dans la périphérie de Goma, dans un ancien camp de miliciens démobilisés évacué récemment, le général Kaputa a rappelé à la petite troupe leur mission : « [vous] déployer dans Sake, Kilolirwe et Kitshanga » et « participer au retrait sans condition de la rébellion du M23 ». Kitshanga et Kilorirwe sont sous le contrôle du M23 depuis fin janvier.

Les troupes burundaises s’ajoutent à un contingent de l’armée kényane d’environ un millier d’hommes déployé dans et autour de Goma depuis novembre 2022. Des troupes sud-soudanaises et ougandaises sont encore attendues sur le sol congolais pour compléter le dispositif militaire décidé par l’EAC.

Le M23, resté en sommeil pendant près de dix ans, a repris les armes fin 2021. Kinshasa accuse le Rwanda de le soutenir, ce qui a été corroboré par des experts de l’ONU, bien que Kigali s’en défende. Samedi, au cours de sa visite en République démocratique du Congo, le président français Emmanuel Macron a déclaré qu’un cessez-le-feu devait avoir lieu mardi et a laissé entendre qu’en cas de non-respect des engagements, des sanctions pourraient être prises, y compris contre le Rwanda.

Par Jeune Afrique avec AFP

Censés préparer leur retrait, les rebelles du M23 toujours à l’offensive en RDC

février 27, 2023

Selon un calendrier adopté par les dirigeants de l’EAC, le 28 février devait marquer le début du retrait des rebelles du M23. Mais sur le terrain, les villages autour de Goma tombent les uns après les autres.

Des soldats du M23 quittent le camp de Rumangabo après la rencontre entre les responsables de l’EAC et les rebelles du M23 lors de la cérémonie de passation de pouvoir au camp de Rumangabo, dans l’est de la RDC, le 6 janvier 2023. © Guerchom Ndebo / AFP

Les rebelles du M23, censés amorcer le 28 février un retrait de leurs positions selon un nouveau calendrier adopté il y a dix jours par les chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) à Addis Abeba, se sont emparés de nouveaux villages dans l’est de la RDC.

Selon des habitants, les combats se sont intensifiés dans le Masisi, territoire du nord-ouest de Goma, où le M23 a pris la ville de Mushaki le 24 février, à une trentaine de kilomètres de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Le M23 contrôle Mushaki-centre « mais n’a pas avancé (…) car nous sommes là », a assuré une source militaire.

Plus au nord dans le même territoire, vers Mweso, « les rebelles ont pris le contrôle (des villages) de Busumba, Gashungo, Rugongwe », a décrit un responsable administratif. « Il y a eu des combats… Plusieurs collines sont dans les mains du M23. La population s’enfuit », a témoigné un représentant de la société civile.

Retrait échelonné

Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées, sans succès jusqu’à présent. Un mini-sommet organisé en novembre à Luanda avait notamment ordonné un retrait du M23 de ses positions, ce qui n’a pas eu lieu. Le 17 février, à Addis Abeba, les chefs d’État de l’EAC ont adopté un nouveau calendrier, prévoyant un « retrait de tous les groupes armés » d’ici le 30 mars.

Samedi soir, devant la presse, le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a détaillé les étapes de ce retrait échelonné sur 30 jours. « La première phase commence le 28 février, c’est-à-dire mardi », a-t-il souligné.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

M23 en RDC : Tshisekedi, Kagame, Ruto… réunion de l’EAC au Burundi

février 4, 2023

Les dirigeants des pays de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) sont réunis ce samedi en sommet extraordinaire à Bujumbura pour discuter de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC.

Le président congolais Félix Tshisekedi, est accueilli par le président burundais Évariste Ndayishimiye au sommet extraordinaire de l’EAC à Bujumbura, Burundi, le 4 février 2023. © Tchandrou Nitanga / AFP

Le président de la RDC, Félix Tshisekedi participe, ce samedi 4 février, à une réunion de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC, constituée de sept pays), qui a déployé une force dans l’est congolais où les rebelles du M23 continuent à gagner du terrain. « Programme : évaluation de la situation sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo et perspectives », a tweeté l’EAC vendredi en annonçant le sommet.

Le président Tshisekedi a été convié à cette réunion organisée par le Burundi, qui préside actuellement l’EAC, avait indiqué un peu plus tôt une source diplomatique. Les chefs d’État de plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Est sont réunis en sommet extraordinaire à Bujumbura pour discuter de la situation sécuritaire en RDC. Cette réunion intervient en pleine recrudescence des violences dans l’est du pays.

Feuille de route pour la paix

Dans la province congolaise du Nord-Kivu, la rébellion du M23, que Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir, s’est emparée de larges territoires riches en minerais, et elle continue d’avancer malgré une feuille de route pour la paix conclue à Luanda, en Angola, en juillet 2022. Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour faire taire les armes et apaiser les tensions, en vain jusqu’à présent. « Les discussions devraient se concentrer sur l’évaluation de la feuille de route de Luanda qui exigeait le retrait effectif et définitif des troupes du M23/RDF (Forces de défense rwandaises) des zones occupées avant le 15 janvier », a déclaré samedi la présidence congolaise.

« Les troupes terroristes du M23 n’ont jamais quitté ces zones, au contraire le M23 et ses alliés ont élargi leurs zones d’occupation », a-t-elle ajouté. Si la RDC accuse le Rwanda de soutenir le groupe rebelle, ce qui est corroboré par des experts de l’ONU et les pays occidentaux, Kigali s’en défend. Il s’agit de « parvenir à des décisions qui amélioreront la situation sécuritaire et faciliteront le rétablissement de la paix dans l’est de la RDC », a déclaré sur Twitter l’actuel président de l’EAC, le président burundais Évariste Ndayishimiye.

Outre les présidents burundais et congolais, participent au sommet les chefs d’État rwandais Paul Kagame, kényan William Ruto, ougandais Yoweri Museveni et tanzanienne Samia Suluhu Hassan. Cette rencontre est convoquée alors qu’une vive tension persiste entre la RDC et le Rwanda, et se tient peu après la visite du pape François à Kinshasa, où il a condamné les « cruelles atrocités » perpétrées dans l’est de la RDC. De nombreux groupes armés y sévissent depuis des décennies, dont beaucoup sont un héritage des guerres régionales qui ont éclaté dans les années 1990-2000.

« Clarification urgente »

Pour lutter contre ces groupes, l’EAC a créé en 2022 une force régionale devant comprendre des militaires kényans – arrivés à Goma à partir de novembre –, ougandais, burundais et sud-soudanais. Le mini-sommet réuni le 23 novembre à Luanda lui a confié la mission de « faire usage de la force » contre les rebelles du M23 s’ils refusaient de se retirer des zones occupées, ce qu’elle n’a pas encore fait. À Bujumbura, le président Tshisekedi « entend clarifier le mandat de la force régionale », a déclaré samedi la présidence congolaise.

À la demande de Kinshasa, cette force ne comprend pas de troupes rwandaises, mais quelques officiers rwandais étaient toutefois présents à son quartier général de Goma. Fin janvier, Kinshasa a fait savoir que ces officiers avaient été « enjoints de quitter le sol congolais pour des raisons sécuritaires ». Dans une lettre au ministre congolais des Affaires étrangères, le secrétariat général de l’EAC a demandé « une clarification urgente » sur cette décision.

Cette semaine encore, durant la visite du pape François à Kinshasa, Félix Tshisekedi a réitéré ses accusations contre Kigali. « Outre des groupes armés, des puissances étrangères avides des minerais contenus dans notre sous-sol commettent, avec l’appui direct et lâche de notre voisin le Rwanda, de cruelles atrocités », a-t-il déclaré.

Rapprochement rwando-burundais

Dans une déclaration avant le sommet, William Ruto a demandé que les riches ressources minières de RDC, à l’origine des nombreux conflits en cours, soient protégées. « Le moment est venu depuis longtemps pour la communauté internationale d’auditer avec la plus grande vigilance les chaînes d’approvisionnement industrielles et de s’assurer que la production et la consommation mondiales respectent la souveraineté congolaise en matière de ressources et ne profitent pas des conflits et des souffrances humaines », a-t-il déclaré.

Un début de rapprochement rwando-burundais se noue par ailleurs en marge du sommet : c’est la première visite de Paul Kagame au Burundi depuis 2013. Les deux pays avaient jusqu’alors des relations tendues. Le Burundi a notamment accusé le Rwanda d’abriter les responsables d’un coup d’État raté en 2015. En 2020, Paul Kagame avait exhorté son homologue Évariste Ndayishimiye, élu depuis peu, à normaliser les relations diplomatiques, mais cette demande avait alors été rejetée, qualifiée d’« hypocrite ».

Par Jeune Afrique (avec AFP)

En RDC, le M23 s’empare d’une nouvelle ville, l’armée évoque un retrait « tactique »

janvier 28, 2023

La rébellion du M23, qui poursuit sa progression dans le Nord-Kivu, dans l’est de la RDC, s’est emparée d’une nouvelle ville le 26 janvier. L’armée congolaise évoque de son côté un retrait « tactique » pour épargner les populations civiles.

Des soldats du M23 à Rumangabo, dans l’est de la RDC, le 6 janvier 2023. © Guerchom Ndebo / AFP

Après trois jours de combats, le M23 est entré jeudi 26 janvier dans Kitshanga, dans le territoire du Masisi, malgré la présence des forces loyalistes et de groupes armés se présentant comme des « patriotes » résistant à l’avancée du M23.

Retrait de l’armée

« Nous nous sommes tactiquement retirés en dehors de la cité afin d’attirer ces génocidaires en profondeur et d’éviter le pire à nos populations de Kitshanga, a déclaré vendredi à l’AFP le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu. Nous mettons tout en œuvre pour déloger cet ennemi. »

« Nous sommes avec des rebelles ici dans la cité, a indiqué un habitant de Kitshanga interrogé depuis Goma. Le M23 contrôle tout Kitshanga et ce matin, les rebelles avancent vers Mweso [en direction de Walikale]. » Le territoire de Walikale, un des six de la province du Nord-Kivu, est très riche en minerais (cobalt, or, cassitérite,…).

Goma privée d’une nouvelle voie d’approvisionnement

Avant de prendre le contrôle de Kitshanga, le M23 avait déjà conquis plusieurs villages sur la route reliant cette localité d’environ 60 000 habitants à Goma, qui se trouve ainsi privée d’une nouvelle voie d’approvisionnement. La capitale provinciale de plus d’un million d’habitants, située juste à la frontière rwandaise, était déjà coupée d’accès vers le Nord, via la route nationale 2, atteinte par les rebelles durant leur offensive d’octobre-novembre 2022.

Le M23 avait repris les armes un an auparavant, fin 2021, avec, selon la RDC, l’appui du Rwanda, ce que Kigali continue de contester. Le mouvement s’est depuis emparé de portions des territoires de Rutshuru et Nyiragongo, au nord de Goma.

Sous l’effet d’initiatives diplomatiques et sous la supervision de la force régionale est-africaine déployée dans la région, le M23 avait annoncé se retirer en décembre et janvier de deux positions conquises. Mais des affrontements se sont poursuivis dans d’autres secteurs, notamment vers l’Ouest en direction du Masisi, territoire de cultures et d’élevage.

Le « facilitateur » et ancien président kényan Uhuru Kenyatta a fait part cette semaine de sa « profonde préoccupation face à la forte détérioration de la situation ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

En RDC, le M23 s’engage à poursuivre un « retrait ordonné »

janvier 13, 2023

Selon Uhuru Kenyatta, médiateur dans le conflit qui oppose la RDC à la rébellion du M23, le groupe armé a promis de poursuivre son retrait des zones qu’il occupe depuis un an dans l’est du pays.

Des combattants du M23 quittent le camp de Rumangabo, dans l’est de la RDC, le 6 janvier 2023. © Guerchom Ndebo / AFP

Les rebelles du M23 sont convenus de poursuivre leur « retrait ordonné » des territoires conquis dans l’est de la RDC, a déclaré, le 12 janvier, Uhuru Kenyatta, l’ancien président du Kenya.

Kenyatta, qui joue un rôle de médiateur dans ce conflit pour le compte de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), s’est entretenu, à Mombasa, avec des responsables du M23, selon un communiqué diffusé à l’issue de cette rencontre.

« Comme gage de leur bonne volonté à œuvrer en faveur d’un règlement au Nord-Kivu, les dirigeants du M23 sont convenus de poursuivre leur retrait ordonné et de respecter un cessez-le-feu strict. Ils sont également convenus de continuer à coopérer avec la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’est (EACRF), qui a commencé à prendre le contrôle des zones dont le M23 vient de se retirer », a précisé l’ancien président dans le communiqué.

Ces retraits du M23 font suite à un sommet réuni à Luanda le 23 novembre 2022, au cours duquel avaient été décidé un cessez-le-feu et le départ des rebelles des zones conquises depuis un an.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Face au M23, bientôt un service militaire obligatoire en RDC ?

décembre 28, 2022

Alors que le M23 a annoncé qu’il se retirait de Kibumba, localité située près de Goma, dans l’Est, le ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda Kurhenga, a déclaré mardi qu’il fallait « construire une armée pour protéger » le pays.

Des membres du M23 avant leur retrait de Kibumba, près de Goma, dans l’est de la RDC, le 23 décembre 2022. © (Photo by GLODY MURHABAZI / AFP)

Le ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda Kurhenga, a évoqué la possibilité d’instaurer « un service militaire obligatoire » ou « contractuel de cinq [voire] dix ans » à l’occasion de la présentation officielle du « document de politique de défense » de la RDC. « Il faut construire une armée pour protéger » le pays, a-t-il souligné.

Cette nouvelle politique de défense inclut notamment l’instauration d’une industrie militaire et d’une école de cadets, ainsi que la création d’une armée de réserve et la mise en place d’une force capable de lutter contre la cybercriminalité et la criminalité (trans)frontalière », a énuméré le membre du gouvernement.

« Espions rwandais »

Dans la soirée, l’armée et la police ont par ailleurs présenté à la télévision publique cinq présumés « espions rwandais » et un militaire congolais arrêtés à Kinshasa, accusés de préparer des « actions d’envergure », sans plus de détails. Une annonce qui intervient dans un climat de tensions avec Kigali, que Kinshasa accuse de soutenir activement le M23.

Dans la province du Nord-Kivu, une coalition de groupes armés affirmant se battre contre le M23 a de son côté appelé mardi les autorités à fonder un service de « paramilitaires ». « Nous voulons la création d’une brigade spéciale composée des “résistants” qui [ne soit] pas attachée aux FARDC », mais relève plutôt d’un « service paramilitaire ou de gardes-frontières », a déclaré à la presse Jules Mulumba, porte-parole de la coalition de groupes armés.

Tshisekedi appelle « la jeunesse » à « s’organiser »

Début novembre, le président Félix Tshisekedi avait déjà appelé « la jeunesse » à « s’organiser en groupes de vigilance en vue de soutenir les forces armées » du pays face au M23, qui a conquis de vastes zones du Nord-Kivu ces derniers mois, progressant jusqu’à quelques dizaines de kilomètres de Goma.

Au cours d’une cérémonie, vendredi, en présence de la force militaire régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), le M23 a annoncé son retrait de la position stratégique de Kibumba, près de Goma. Mais l’armée a qualifié de « leurre » cette annonce de désengagement.

Par Jeune Afrique (avec AFP)