Posts Tagged ‘Macky Sall’

Sénégal: Face à la foule, Ousmane Sonko défie Macky Sall

mars 15, 2023

Des milliers de personnes ont manifesté hier dans la capitale sénégalaise, à l’appel de la principale figure de l’opposition dont le procès pour « diffamation, injures et faux » doit s’ouvrir ce jeudi 16 mars.

Des partisans de l’opposition manifestent avant le procès d’Ousmane Sonko à Dakar, le 14 mars 2023. © JOHN WESSELS / AFP

Plusieurs milliers de partisans de l’opposition sénégalaise se sont rassemblés mardi 14 mars à Dakar, première étape d’une séquence à risques avec des marches de nouveau annoncées ce mercredi en amont du procès d’Ousmane Sonko, qui doit s’ouvrir demain.

Les dossiers judiciaires ouverts contre l’opposant Ousmane Sonko et l’hypothèque qu’ils font peser sur sa candidature à la présidentielle de février 2024 sont sources de tensions, tout comme le doute que le président Macky Sall entretient sur son intention de briguer ou non un troisième mandat.

« En 2024, personne ne pourra nous empêcher de prendre ce pays [pour le diriger] », a lancé Ousmane Sonko face à une foule en liesse. « Le 14, le 15 et le 16 [mars], autorisation ou pas, nous ferons face à Macky Sall, à sa police et sa gendarmerie. Moi, je ne crois pas aux institutions de Macky Sall », a poursuivi le leader de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW), appelant ses soutiens à venir massivement le soutenir au tribunal.

Les autorités avaient autorisé ce meeting alors que l’opposition avait prévenu qu’elle passerait outre une éventuelle interdiction.

Inéligibilité

La mise en cause d’Ousmane Sonko dans une affaire de viols présumés avait contribué, en mars 2021, à déclencher des émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts dans le pays. Le leader de l’opposition crie depuis au complot et accuse le pouvoir de chercher à l’éliminer politiquement.

Dans une affaire distincte, il est poursuivi par le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel, pour « diffamation, injures et faux ». C’est dans le cadre de cette affaire qu’il doit comparaître ce jeudi 16 mars.

En apparence de moindre importance que celle qui l’oppose à Adji Sarr, l’employée d’un salon de massage dakarois qui l’accuse de viols, cette procédure pourrait, s’il était reconnu coupable et condamné à une peine de prison ferme, compromettre sa candidature à la magistrature suprême.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Macky Sall décrète un deuil national après un accident de bus meurtrier au Sénégal

janvier 9, 2023

Le président sénégalais a annoncé un deuil national de trois jours et des mesures immédiates pour améliorer la sécurité routière, après la collision de deux bus qui a fait trente-neuf morts et une centaine de blessés.

La scène de l’accident de bus du 8 janvier à Kaffrine, au centre du Sénégal. © Cheikh Dieng / AFP

C’est l’accident le plus meurtrier de ces dernières années au Sénégal. Une collision entre deux bus a eu lieu autour de 3 heures locales (et GMT) dans la nuit de samedi à dimanche à Sikilo, près de la ville de Kaffrine, à environ 250 km au sud-est de Dakar. Selon les sapeurs-pompiers et les autorités locales, 39 personnes ont été tuées et une centaine blessées. Un drame qui a conduit le président Macky Sall à décréter un deuil national de trois jours et à annoncer des mesures immédiates pour améliorer la sécurité routière.

Le gouvernement a précisé que 53 personnes avaient été hospitalisées et 42 blessés plus légers traités dans des centres de santé locaux. « Les deux bus auraient contenu 139 voyageurs au moment de l’accident », a souligné le gouvernement dans un communiqué. Dix des blessés sont en « urgence vitale », a précisé le président Macky Sall après s’être rendu au chevet des blessés, à l’hôpital de Kaffrine, en compagnie de son Premier ministre, Amadou Ba. « Plus de 20 corps ont déjà été identifiés et bientôt pourront être remis à leur famille », a-t-il ajouté.

Le chef de l’État a promis des mesures rapides pour éviter la réédition d’une nouvelle « tragédie » de ce genre. « On ne peut pas exposer la vie de nos compatriotes dans un système de transport qui fait fi du respect de la vie humaine », a affirmé Macky Sall. Dès ce lundi, le Premier ministre devait réunir un conseil interministériel pour prendre des mesures portant sur l’état des véhicules, le contrôle technique, la délivrance du permis de conduire ou encore les horaires de transport. « Nous sommes prêts, bien entendu, en tant qu’État, à accompagner le secteur des transports pour le renouvellement du parc et la limitation des âges des véhicules de transport en commun qui nous viennent de l’étranger », a-t-il fait savoir, assurant que les mesures nécessaires seraient « prises dès demain ».

« Fléau » sur le continent

Le maire de Kaffrine, Abdoulaye Saydou Sow, par ailleurs ministre de l’Urbanisme et du Logement, et le procureur de la République de la ville voisine de Kaolack ont imputé la collision à l’éclatement d’un pneu d’un des deux bus, qui a alors dévié de sa trajectoire. Le principal opposant sénégalais, Ousmane Sonko, candidat à l’élection présidentielle de 2024, a indiqué sur Twitter reporter une opération de levée de fonds en raison de l’accident et appelé les autorités à « accorder une attention prioritaire » à l’insécurité routière, un « fléau aux conséquences humaines, sociales et économiques désastreuses pour le pays ».

Les accidents de bus sont fréquents sur le continent, en raison du mauvais entretien des véhicules, de routes en piteux état, mais aussi d’erreurs de conduite, de nombreux automobilistes étant détenteurs de permis achetés auprès d’inspecteurs corrompus, sans avoir jamais fréquenté d’auto-école. Vingt-et-une personnes ont ainsi péri samedi soir en Afrique de l’Est dans un accident de bus à la frontière entre le Kenya et l’Ouganda, a indiqué dimanche la police ougandaise. Selon la police, 49 personnes ont été blessées. Selon les premiers éléments de l’enquête, le chauffeur aurait perdu le contrôle du véhicule en raison d’une vitesse excessive.

Le gouvernement ougandais prépare lui aussi de nouvelles mesures pour améliorer la sécurité routière après une hausse des accidents mortels pendant la période des fêtes de fin d’année. Selon la police ougandaise, 104 accidents de la route ont été enregistrés en seulement trois jours, du 30 décembre au 1er janvier, faisant 35 morts et 114 blessés.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Macky Sall barricade-t-il sa frontière avec le Mali ?

décembre 29, 2022

Soucieux d’anticiper des incursions terroristes venues du Sahel, le président sénégalais vient d’inaugurer un nouveau camp militaire à quelques encablures du Mali.

Le président sénégalais a inauguré une nouvelle base militaire à la frontière avec le Mali dirigé par Assimi Goïta. © Damien Glez

À chaque voisin du Mali d’Assimi Goïta son positionnement politico-diplomatique à l’égard du régime nationaliste de Bamako : estime idéologique ostentatoire de la part du Burkina Faso ou de la Guinée ; mépris plus ou moins contenu de la part du Niger ; agacement explicite de la Côte d’Ivoire, au moment où ses militaires détenus à Bamako depuis cinq mois de détention font face aux juges maliens.

D’autres pays de la sous-région définissent leur diplomatie à l’aune du risque de contagion terroriste, tel le Bénin qui, s’il n’a pas de frontière commune avec le Mali, a déjà été victime d’attentats.

Le GSIM implanté au Sénégal ?

Même épargné, jusque-là, par les attaques jihadistes, le Sénégal prend très au sérieux la menace qui plane le long de l’axe Bamako-Dakar. Selon un rapport de l’ONU de février 2021, des éléments du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) seraient déjà « implantés au Sénégal ».

Les spécialistes des questions sécuritaires affirment que les régions de Tambacounda et de Kédougou – près du tiers de la superficie nationale, à la frontière avec le Mali – sont particulièrement vulnérables, du fait de leur enclavement, de leur manque d’infrastructures ou encore du rôle pivot des zones d’exploitation aurifère dans les trafics de drogue, de bois ou d’êtres humains.À LIRECôte d’Ivoire : le nouveau plan d’Alassane Ouattara contre le terrorisme

L’armée sénégalaise a donc décidé de se mobiliser pour que ces régions ne deviennent pas le terreau de groupes radicaux présents au Mali. Déjà, de petites unités du Groupe d’action rapide, de surveillance et d’intervention au Sahel (Garsi) patrouillent dans la zone.

« Renforcer la coopération »

Ce 27 décembre, Macky Sall inaugurait un nouveau camp militaire de plusieurs hectares à Goudiry, à 618 kilomètres à l’est de Dakar, au bénéfice du 4e bataillon d’infanterie. Et le chef de l’État d’évoquer « un vaste projet de modernisation progressive » de la sécurité nationale, avec un « modelage de la cartographie sécuritaire, pour mieux répondre aux besoins des populations », le tout afin de « hisser l’outil de sécurité à la hauteur de la menace actuelle ».

Le pays de la Teranga serait-il en train de se barricader ? Si l’année qui s’annonce sera moins internationale pour le dirigeant sénégalais – il quittera ses fonctions de président en exercice de l’Union africaine en février –, le repli nationaliste n’est pas au programme : le nouveau dispositif sécuritaire mis en place entend « renforcer la coopération avec les pays limitrophes ».

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Macky Sall, William Ruto, Cyril Ramaphosa… Qui sont les chefs d’État africains les plus influents sur Twitter ?

décembre 13, 2022

À l’ère du buzz politique, l’Afrique tente d’exister dans le classement des leaders mondiaux les plus en vue sur le réseau social Twitter…

© Damien Glez

Les périodes de confinement ont couronné l’ère du presque tout numérique. Au-delà des réunions en visio, la diplomatie digitale s’est imposée, pour le meilleur comme pour le pire, pour la communication directe et instantanée avec les citoyens comme pour la manipulation par infox. Sans jugement de valeur, et en attendant de voir ce que la « direction Musk » fera de Twitter, le site http://www.twiplomacy.com mixe les statistiques pour évaluer l’influence numérique de chaque chef d’État sur la plateforme du petit oiseau bleu…

Comme il fallait s’y attendre, le classement est influencé par le nombre de ressortissants des pays concernés et leur taux d’équipement en matériel connecté. Le Premier ministre indien Narendra Modi occupe ainsi la première place du top, alors que l’Inde deviendra, en 2023, le pays le plus peuplé du monde, devant une Chine qui, de toute façon, censure l’usage de Twitter. Sur la deuxième place du podium se trouve l’Américain Joe Biden, lui dont le prédécesseur Donald Trump avait été exclu de la plateforme.

Course à l’impact numérique

Dans la suite du top 50 peuvent être identifiés différents profils. Primo, ceux que l’actualité a propulsés récemment dans la lumière, comme l’Ukrainien Volodymyr Zelensky, au septième rang. Secundo, les « jeunes » leaders, traditionnellement familiarisés avec cet outil, comme les quadragénaires canadien Justin Trudeau et français Emmanuel Macron, respectivement huitième et douzième.

Tertio, les amateurs de « vérités alternatives », responsables politiques férus de propagande et de coups d’éclat – l’autre face de Twitter –, comme le Vénézuélien Nicolás Madura – sixième – ou le Brésilien Jair Bolsonaro, un cinquième du classement que la force de frappe numérique personnelle n’a pas sauvé du verdict des urnes. À noter, dans cette catégorie, la spectaculaire médaille de bronze du Turc Recep Tayyip Erdoğan et l’absence du Russe Vladimir Poutine…À LIREContre l’influence russe en Afrique, Macron envoie ses cybercombattants

Dans cette course à l’impact numérique, l’Afrique anglophone tire son épingle du jeu. Nouveau président du Kenya, celui que l’on surnomme le « débrouillard en chef » s’est… débrouillé pour être le premier Africain du top 50 : William Ruto est 13e. Suivent le Sud-africain – actuellement en mauvaise posture – Cyril Ramaphosa, 18e, l’Ougandais Yoweri Museveni 29e, le Ghanéen Nana Akufo-Addo 36e, le Zambien Hakainde Hichilema 39e et le Botswanais Mokgweetsi Masisi 44e.

Le seul président subsaharien francophone qui figure dans le « Twiplomacy 2022 » est le Sénégalais Macky Sall qui, même s’il a perdu quatre places, bénéficie peut-être de ses responsabilités continentales. L’Afrique du Nord n’est représentée que par l’Égyptien Abdel Fattah al-Sissi, 42e et en perte de quatorze places.

Qui fera le buzz en 2023 ? Peut-être faudra-t-il chercher du côté de TikTok…

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Sénégal : Macky Sall baisse le loyer et les prix des denrées

novembre 6, 2022

Le président sénégalais Macky Sall a annoncé dimanche 6 novembre une baisse du loyer, en hausse de « plus de 200% » en huit ans, ainsi que des prix de denrées pour soulager les ménages confrontés à une inflation galopante.

Le président sénégalais Macky Sall, en mai 2021 à Paris. © Stephane Lemouton/POOL/REA

Le président Macky Sall a annoncé à la télévision publique des mesures de baisse relatives au logement, au riz, à l’huile, au sucre ou encore aux fournitures scolaires. Cette décision a été prise à l’issue d’une rencontre sur la consommation samedi soir à Dakar, en présence des commerçants et des industriels, et alors que la période post-covid et la guerre en Ukraine ont renchéri le coût de nombreux produits.

La baisse est de 5% pour les loyers de plus de 500 000 FCFA (750 euros), de 10% pour ceux allant de 300 000 FCFA (457 euros) à 500 000 FCFA et de 20% pour ceux inférieurs ou égaux à 300 000 FCFA. Cette dernière catégorie concerne la plus grande partie des ménages au Sénégal, où le salaire minimum est d’environ 75 euros.

« Les loyers ont augmenté de plus de 200% »

Le coût élevé du loyer se fait particulièrement sentir à Dakar. La capitale sénégalaise, où manquent des milliers de logements, abrite près de quatre millions d’habitants, soit près du quart de la population sénégalaise, estimée à plus de 17 millions d’habitants.

« Les loyers ont augmenté de plus de 200% depuis la dernière tentative de baisse (en 2014) alors que les coûts de la construction n’ont évolué que de l’ordre 45% », a déclaré à la presse Macky Sall.

En 2014, le Parlement sénégalais avait adopté une loi pour alléger les charges des locataires les pauvres. Le texte mettait en place une réduction obligatoire de 29% des loyers inférieurs à 150 000 francs CFA (227 euros). Mais elle n’avait pas été suivie de l’effet escompté.

« Des arrêtés seront pris et les prix seront appliqués d’ici mercredi ou jeudi », a déclaré dimanche le ministre du Commerce Abdou Karim Fofana sur la radio privée RFM.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Législatives au Sénégal : la défaite de Macky Sall est aussi stratégique

août 17, 2022

Si nombre d’analystes ont pointé le revers inédit subi par la majorité présidentielle, peu ont constaté l’échec de la tactique du camp du chef de l’État, basée presque exclusivement sur un éventuel boycott du scrutin par l’opposition.

L’assemblée nationale, Dakar, Sénégal. © Aliou Mbaye/PANAPRESS/MAXPPP

On le sait désormais, les résultats définitifs des élections législatives du 31 juillet au Sénégal, publiés ce 11 août par le Conseil constitutionnel, permettent à la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar d’obtenir 82 députés sur les 165 qui composent l’Assemblée nationale – auxquels s’est rallié l’ancien maire de Dakar Pape Diop. Un ralliement qui porte le nombre des parlementaires du camp présidentiel à 83, contre 80 pour l’inter-coalition Yewwi Askan Wi (YAW) – Wallu Senegal, ce qui est synonyme de la majorité absolue.

Inutile de rappeler que les observateurs de la vie politique sénégalaise ont été unanimes pour dire que c’est une situation inédite, que la mouvance présidentielle a accusé un net recul et que le scrutin marquera, quoi qu’il arrive, l’histoire politique du pays.

En analysant ces résultats, un leader politique sénégalais a déclaré que « les populations ont privilégié la sanction contre le régime actuel en participant à un référendum de fait sur la question du troisième mandat ». Bien entendu, ses propos ont été balayés d’un revers de la main par les membres de la mouvance présidentielle, qui estiment être restés « la plus grande coalition du pays », même si leur camp a perdu au passage une cinquantaine de députés. Autant dire que ces législatives n’ont pas encore livré tous leurs secrets. D’autant que chaque camp crie à la victoire et se tresse des lauriers.

Un stratagème simpliste

En revanche, ce que l’on n’a pas du tout ou très peu entendu dans les analyses, c’est l’échec de la stratégie du camp présidentiel, basée presque exclusivement sur un éventuel boycott du scrutin par l’opposition. Car tout semble démontrer que le pari du chef de l’État Macky Sall était simple, sinon simpliste : pousser l’opposition dans ses derniers retranchements et la contraindre à renoncer de prendre part à ces législatives. Autrement dit, en misant sur les réactions parfois épidermiques de certains leaders de l’opposition, le pouvoir savait que l’invalidation des titulaires de la liste nationale de la coalition dirigée par Ousmane Sonko constituerait un casus belli, en tout cas le piège qui devrait faire trébucher ses adversaires. De fait, la précampagne a été marquée par de violentes manifestations qui ont fait au moins trois morts, justement à cause du refus de l’opposition d’accepter la décision du Conseil constitutionnel.

Si la coalition de l’opposition avait maintenu son intention de boycotter ces élections législatives afin de dénoncer la décision du Conseil constitutionnel comme cela a été envisagé un temps, elle aurait pris le risque de laisser le champ libre aux seuls candidats de la majorité présidentielle de rafler tous les sièges ou presque de députés. Heureusement, ses leaders ont fini par comprendre (aiguillonnés par les chefs de confréries ?) que dans certaines circonstances, la politique de la chaise vide est loin d’être la moins mauvaise.

Le flou du troisième mandat

C’est dire qu’en décidant de participer au scrutin avec la liste nationale des candidats suppléants – ceux que les mauvaises langues ont parfois présentés comme des seconds couteaux –, l’opposition a non seulement confirmé la dynamique impulsée par les élections locales de janvier, mais elle a aussi déjoué les plans du pouvoir. Plutôt que d’être monocolore, ce qui aurait été un recul démocratique majeur, la présente législature sénégalaise annonce des joutes politiques truculentes.

Cela dit, sans reprendre à notre compte les accusations de fraudes et de bourrage d’urnes utilisées par l’opposition, on peut supposer que si les titulaires de la liste nationale des adversaires de Macky Sall n’avaient pas été invalidés, la majorité parlementaire aurait sûrement basculé en faveur de l’opposition, dont les leaders pariaient sur une possible cohabitation. Dans une telle hypothèse, l’actuel président sénégalais, élu en 2012 pour un mandat de sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, aurait été amené à dissiper plus tôt que prévu le flou qu’il maintient sur ses véritables intentions et aurait renoncé à la tentation du troisième mandat

Avec Jeune Afrique

Adrien Poussou
Par Adrien Poussou

Ancien ministre centrafricain de la Communication.

Mali : Macky Sall à Bamako pour rencontrer Assimi Goïta

août 15, 2022

Le président en exercice de l’Union africaine est attendu ce lundi matin dans la capitale malienne où il doit s’entretenir avec le chef de la junte. Une visite « d’amitié et de travail » qui intervient au lendemain de l’inculpation de 49 soldats ivoiriens par la justice malienne.

Macky Sall, président de la République du Sénégal et président en exercice de l’Union africaine. © Romain Gaillard/REA

Macky Sall, qui est attendu ce lundi matin à Bamako, y sera accueilli par Assimi Goïta. Les deux hommes doivent ensuite s’entretenir au cours d’un échange à huis clos au palais présidentiel, avant un déjeuner officiel. Le président en exercice de l’Union africaine et le président de la transition malienne ont par ailleurs prévu de tenir une conférence de presse commune à l’issue de leur rencontre.

Soldats ivoiriens

Cette « visite d’amitié et de travail », la première du président de l’Union africaine au Mali depuis la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, intervient dans un contexte tendu entre les autorités maliennes et l’organisation panafricaine. Parmi les nombreux sujets à l’ordre du jour, le cas des 49 soldats ivoiriens arrêtés le 10 juillet sera au cœur des discussions.

Le vendredi 12 août, les soldats ivoiriens, détenus depuis plus d’un mois à Bamako, ont été inculpés pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État » et placés sous mandat de dépôt. Abidjan assure qu’ils étaient en mission pour l’ONU dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et exige leur libération.

Négociations difficiles

La négociation semblait pour l’instant la voie privilégiée pour obtenir la libération de ces soldats, arrêtés à leur arrivée à l’aéroport de Bamako. Le Togo joue le rôle de médiateur entre la Côte d’Ivoire et le Mali, mais les premières négociations, le 28 juillet à Lomé, n’ont pas permis d’enregistrer de progrès.À LIRECôte d’Ivoire-Mali : la difficile médiation de l’ONU pour la libération des soldats ivoiriens

Selon une source proche des discussions engagées sous l’égide du Togo, citée par l’Agence France-Presse, « les discussions pourtant avancées ont buté sur certains points, ce qui peut expliquer ce retour judiciaire en force dans le dossier ». « La justice va continuer son travail, mais les négociations vont continuer aussi », a-t-elle ajouté.

Par Jeune Afrique avec AFP

Macky Sall : la dernière marche ?

juillet 2, 2022

Journaliste, correspondant à Dakar, il couvre l’actualité sénégalaise et ouest-africaine, et plus ponctuellement le Rwanda et le Burundi.

Le mystère reste entier sur ses intentions : Macky Sall se conformera-t-il à la Constitution en quittant son poste au terme de son second mandat ? Il rentrerait ainsi dans l’histoire de son pays en devenant le premier chef de l’État à mettre fin volontairement à son règne.

Le président sénégalais Macky Sall assiste à la cérémonie d’ouverture du premier parc éolien d’Afrique de l’Ouest à Thiès, au Sénégal, le 24 février 2020. THIES, SENEGAL – FEBRUARY 24: Senegalese President Macky Sall attends a opening ceremony of the first wind farm of West Africa in Thies, Senegal on February 24, 2020. © ALAATTIN DOGRU/Anadolu Agency via AFP

La phrase, en toute logique, devrait s’écrire sans point d’interrogation. Une Constitution n’est-elle pas destinée à fixer la règle du jeu, quelle que soit l’identité du joueur ? Et pourtant…

Au Sénégal, rien ne permet de savoir ce que Macky Sall a en tête à dix-neuf mois de la prochaine présidentielle. Prendra-t-il le risque de jeter les Sénégalais dans la rue s’il se représente ? Ou bien se conformera-t-il aux dispositions de l’article 27, lesquelles stipulent que « nul ne peut exercer plus de deux mandats [présidentiels] consécutifs ». « Je répondrai à cette question après les législatives », assurait le chef de l’État dans une interview récente.

Une échéance qui vaut également, a-t-il dit, pour la nomination du futur Premier ministre, une fonction supprimée en 2019, avant d’être rétablie en décembre 2021, mais dont le siège reste vacant jusqu’ici, alors même que Macky Sall occupe depuis le début de l’année la présidence tournante de l’Union africaine. Une tâche fastidieuse pour une fin de mandat, entre régimes putschistes au sein de la Cedeao et répercussions en Afrique du conflit en Ukraine.À LIREUnion africaine : quelles priorités pour Macky Sall ?

Jamais, depuis l’indépendance du Sénégal, un chef de l’État n’a mis fin volontairement à son règne au terme de son second mandat. Macky Sall marquera-t-il l’Histoire en se conformant à cette disposition constitutionnelle adoptée dès 2001 – sept ans avant la France – mais qui n’a, jusque-là, jamais servi ?

Défis

Abdoulaye Wade n’avait pas eu cette sagesse, et son wax waxeet (‘dire puis se dédire’, en wolof) avait obscurci sa fin de règne et provoqué sa chute. Macky Sall est bien placé pour s’en souvenir puisque l’Union sacrée entre l’ensemble des candidats alors opposés au président sortant avait largement contribué à son élection dans un fauteuil, au second tour, au soir du 25 mars 2012.

Reste que les prochains mois s’annoncent délicats. Car si le chef de l’État décide, conformément à sa promesse récente, de ne jamais poser un acte qui serait contraire à la Constitution, se poseront à lui deux défis ultimes. D’abord, désigner un dauphin au sein de sa majorité, où les prétendants ne manquent pas, sans provoquer une guerre civile dans ses rangs. Ensuite, permettre à son successeur de poursuivre son œuvre en maintenant en vie la coalition Benno Bokk Yakaar, où l’Alliance pour la République (APR, parti présidentiel) peut compter sur l’allégeance du Parti socialiste, de l’Alliance des forces de progrès (AFP) et de Rewmi.

Continuité

Jusqu’ici, seul Senghor était parvenu à assurer cette continuité au sommet de l’État en désignant Abdou Diouf pour lui succéder, lorsqu’il a pris une retraite anticipée, en cours de mandat, le 31 décembre 1980. Abdou Diouf, lui, a perdu dans les urnes, en 2000, en voulant briguer le mandat de trop. Et Abdoulaye Wade, qui a commis la même erreur, s’est refusé, après sa défaite, à désigner un successeur à la tête du PDS, dont il reste, à 96 ans, le secrétaire général national. Son fils Karim, bien qu’inéligible, a été désigné candidat à la dernière présidentielle – à laquelle il n’a pu concourir. Au prix d’une véritable hémorragie au sein du parti.

Les dix-neuf mois qui le séparent de l’échéance ne seront donc pas de tout repos pour Macky Sall puisque les législatives prévues le 31 juillet feront office de prélude à la prochaine présidentielle. Depuis ses débuts en politique, l’homme a su faire preuve d’un sens aigu de la stratégie, gravissant une à une les marches sans jamais trébucher, alliant la capacité du joueur de poker à dissimuler la teneur de sa main à celle du joueur d’échecs à anticiper plusieurs coups. Reste que son ultime combat en politique, celui de sa succession, se jouera par procuration.

Avec Jeune Afrique par Mehdi Ba

Sénégal : Macky Sall visé par Olivier Faure, le chef du PS français

juin 27, 2022

En évoquant le sort de certains opposants incarcérés au Sénégal, Olivier Faure a suscité des réactions « anticoloniaslistes » du parti présidentiel sénégalais.

© Damien Glez

Spécialiste, depuis le début de sa carrière, des questions d’opinion politique franco-française, l’actuel premier secrétaire du Parti socialiste n’a sans doute pas mesuré les vagues d’indignation suscitées, ces derniers mois, par les analyses hexagonales abruptes des situations nationales africaines. De fait, devant Twitter, samedi soir, Olivier Faure n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, lorsqu’il a entrepris de commenter la situation sénégalaise

« La démocratie sénégalaise est piétinée » : sur le réseau de la concision et du buzz, le politicien français ne mâche pas ses mots, précisant que « la liberté de manifester est entravée » et « la justice instrumentalisée » au pays de la Teranga. L’objet de son courroux est la détention, notamment pour rassemblement illicite, des députés Déthié Fall, Mame Diarra Fam, Bara Dolly Mbacké et du maire Ameth Aïdara qui, selon les termes catégoriques de son tweet, « doivent être libérés ». Cerise sur le gâteau de l’ingérence, il conclut son post par un #Stop_Macky_Sall.

Réflexes paternalistes ?

Dès dimanche, des responsables de la majorité sénégalaise réagissent, embouchant évidemment la trompette anticolonialiste qui sied d’habitude aux socialistes. Pour le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, Olivier Faure a cédé aux « réflexes paternalistes de donneurs de leçons », qui surgissent inéluctablement lorsqu’il s’agit de commenter la situation « d’un pays anciennement colonisé ». Le porte-parole de la coalition présidentielle Benno Book Yaakar, Papa Mahaw Diouf, enfonce le clou en évoquant un « néocolonialisme mental ». Le président du groupe parlementaire de la majorité, Aymerou Gningue, entend quant à lui saisir le groupe parlementaire d’amitié France-Sénégal.

Certes, Olivier Faure a besoin de se distraire avec de l’actualité internationale. Depuis son adhésion au Parti socialiste français, le score du PS à l’élection présidentielle a été divisé par 30 –1,75% des voix pour Anne Hidalgo en 2022 contre 51,76 % pour François Mitterrand en 1981– et le nombre des députés par 10 – 28 actuellement contre 285 au début des années 80. Le premier secrétaire a donc tenté une envolée lyrique digne de l’époque de l’Internationale socialiste conquérante. Même s’il est le fils d’un membre du Parti socialiste sénégalais, le président Macky Sall fait plutôt figure de libéral bon teint, ce qui permet à Olivier Faure de supposer ses opposants dans le camp idéologique de gauche…

La convocation exclusive du néocolonialisme dans les réactions de la majorité sénégalaise, après le tweet de samedi, constitue-t-elle une réponse un peu courte, voire un écran de fumée ? En n’entrant pas dans le fond du dossier évoqué, les membres de l’exécutif sénégalais auront beau jeu d’invoquer la séparation des pouvoirs. Et Olivier Faure de lire quelques tweets sénégalais chaleureux en réponse au sien comme : « merci de parler de ce qui se passe au Sénégal. Sous la protection de Macron, Macky « Sale » se croit tout puissant »…

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Législatives au Sénégal : désavouée par le Conseil constitutionnel, l’opposition vise toujours la victoire

juin 9, 2022

Après avoir vu sa liste invalidée, la coalition menée par Ousmane Sonko organisait ce 8 juin un grand rassemblement à Dakar. Pour critiquer la décision des sages et mobiliser ses partisans contre Macky Sall.

Un portrait de l’opposant et maire de Ziguinchor Ousmane Sonko lors du rassemblement de l’opposition place de l’Obélisque à Dakar, le 8 juin 2022. © SEYLLOU/AFP

Touchés mais pas coulés. Qu’ils appartiennent à Yewwi Askan Wi, la coalition menée par Ousmane Sonko, Khalifa Sall et Barthélémy Dias, ou à Wallu Sénégal, celle d’Abdoulaye Wade, leaders et militants de l’opposition étaient tous réunis ce mercredi 8 juin sur la place de l’Obélisque de Dakar. Avec un mot d’ordre : rappeler qu’ils allaient tout de même participer, « par force », aux élections législatives et qu’ils ne comptaient pas laisser Macky Sall l’emporter le 31 juillet.

Les responsables politiques se sont succédés au micro pendant plus de deux heures, lors d’un rassemblement autorisé in extremis par le préfet de Dakar et auquel ont assisté plusieurs milliers de personnes. Tous ont exhorté leurs partisans à soutenir leur alliance dans les urnes pour imposer une cohabitation au chef de l’État. Et ce malgré le couperet tombé le 3 juin dernier.

Plusieurs milliers de manifestants se sont retrouvés le 8 juin sur la place de l’Obélisque pour critiquer l’invalidation de la liste d’opposition © Marième Soumaré

Plusieurs milliers de manifestants se sont retrouvés le 8 juin sur la place de l’Obélisque pour critiquer l’invalidation de la liste d’opposition © Marième Soumaré

Liste hors-jeu

Ce jour-là, le Conseil constitutionnel a rejeté le recours déposé par l’opposition, dont la liste nationale avait été retoquée par le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome. Plus d’issue possible donc pour les adversaires de la majorité, dont l’ensemble des candidats titulaires sont empêchés de concourir, à commencer par Ousmane Sonko : le député devra quoiqu’il arrive rendre son fauteuil de parlementaire à l’issue du scrutin législatif.

Casquette vissée sur la tête, tee-shirt aux couleurs de sa coalition, le président du Pastef s’est adressé en dernier à une foule chauffée à blanc. En dépit de l’invalidation de sa candidature, l’opposant a voulu se montrer combattif : « L’enjeu, c’est le contrôle de l’Assemblée nationale, a-t-il lancé. Si nous gagnons ce combat, nous pourrons former un gouvernement à nous, et commencer à réformer le pays avant même 2024. »

QUOIQU’IL ARRIVE, OUSMANE SONKO DEVRA RENDRE SON FAUTEUIL DE PARLEMENTAIRE À L’ISSUE DU SCRUTIN LÉGISLATIF

Le maire de Ziguinchor a demandé à ses partisans une « mobilisation permanente » pour contrer Macky Sall, l’objectif étant, à terme, de le vaincre lors de la présidentielle de 2024. Soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat, le chef de l’État a été la cible d’attaques récurrentes, mais le ministère de l’Intérieur et les sages du Conseil Constitutionnel en ont aussi pris pour leur grade. Tout comme Idrissa Seck, qui a rallié la majorité en novembre 2020, qualifié ce mercredi de « zombie politique », ou le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, accusé de « sucer les richesses du Sénégal ».

Parmi les griefs des manifestants et des leaders politiques réunis place de l’Obélisque, la cherté de la vie, le chômage et le manque de perspectives, tout autant que les atteintes aux libertés politiques. Pour les membres de l’opposition, pas de doute possible : l’invalidation de la liste nationale découle de la volonté de Macky Sall de mettre ses ennemis hors d’état de nuire. « On l’a vu faire avec Karim Wade, avec Khalifa Sall. On l’a vu essayer de le faire avec Ousmane Sonko en mars 2021 », a poursuivi l’intéressé, en référence à l’affaire, toujours en cours devant la justice, dans laquelle une femme l’accuse de l’avoir violée.

Rassemblement pacifique

« Nous sommes tous logés à la même enseigne », déclarait pourtant dans la matinée le porte-parole de la coalition présidentielle, Pape Mahawa Diouf, dont la liste nationale – de suppléants –  a également été invalidée. « Quand le Conseil constitutionnel leur a permis de modifier leur liste à Dakar car elle ne respectait pas la parité, ils ont applaudi des deux mains ! Et à présent que les sages statuent en leur défaveur, leur discours change ! C’est inacceptable et irrespectueux de s’attaquer à une telle institution quand ça les arrange », ajoutait-il.

Ousmane Sonko avait menacé de mobiliser « 200 000 personnes » pour aller déloger Macky Sall de son palais, mais le rassemblement du 8 juin s’est globalement déroulé dans le calme. Une équipe de journalistes de la chaîne TFM a été bousculée par les manifestants – la télévision appartient au groupe GFM de Youssou Ndour, un proche du président. « Ne vous trompez pas de combat, a déclaré Déthié Fall, le mandataire de YAW, depuis son estrade sous les huées de la foule qu’il avait du mal à faire taire. Notre combat est contre Macky Sall. »

Avec Jeune Afrique par Marième Soumaré – à Dakar