Posts Tagged ‘Mali’

Mali : Bamako gracie les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet

janvier 7, 2023

Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a gracié vendredi les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet et condamnés par la justice malienne, après des mois de tensions entre Bamako et Abidjan.

Des soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de mercenaires, puis inculpés mi-août de « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et écroués. Trois d’entre eux, des femmes, avaient été libérées à la mi-septembre.

Le 30 décembre, la justice malienne avait condamné ces femmes à la peine de mort par contumace, et les 46 soldats toujours détenus à vingt ans de réclusion criminelle.

« Le colonel Assimi Goïta, président de la transition, chef de l’Etat, a accordé sa grâce avec remise totale de peines aux 49 Ivoiriens condamnés par la justice malienne », selon un communiqué diffusé vendredi soir par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga.

Le texte précise que ces soldats avaient été condamnés pour « crimes d’attentat et de complot contre le gouvernement, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle et collective ayant pour but de troubler l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».

Bamako a accusé ces soldats ivoiriens d’avoir voyagé sous de fausses identités et avec des armes sans que les autorités n’aient été informées. Depuis juillet, la Côte d’Ivoire exigeait la libération de ses soldats en niant catégoriquement qu’ils aient été des « mercenaires », affirmant qu’ils étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Minusma.

La junte malienne a érigé cette affaire en manifestation de la souveraineté dont elle dit avoir fait un principe cardinal vis-à-vis de la France, poussée vers la sortie, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et même de la mission de stabilisation de l’ONU (Minusma).

La grâce a été accordée une semaine après une visite à Bamako d’une délégation officielle ivoirienne, qui a rencontré les autorités maliennes dans une ambiance « fraternelle ». Le ministre ivoirien de la Défense avait alors assuré que l’affaire était « en voie de résolution ».

La grâce vient « conforter la dynamique créée » par l’accord signé ce jour-là par les deux pays pour promouvoir « la paix » et le « renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage » entre eux, souligne le communiqué malien.

Début décembre, les dirigeants des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avaient fixé un ultimatum à la junte malienne, exigeant qu’elle libère avant le 1er janvier les 46 soldats ivoiriens toujours détenus, sous peine de sanctions.

La junte malienne a laissé passer ce délai. Dans son discours de fin d’année, le chef de la junte malienne n’avait pas mentionné les soldats ivoiriens. Au même moment, le président ivoirien, Alassane Ouattara, avait lui promis à ses concitoyens que les soldats incarcérés regagneraient « bientôt le sol ivoirien ».

Mercredi, le président en exercice de la Cédéao s’était montré conciliant, assurant qu’il n’y aurait pas de sanctions contre le Mali dans l’immédiat malgré l’expiration de l’ultimatum, pour laisser la médiation togolaise travailler à la libération des 46 militaires ivoiriens.

Le président togolais, Faure Gnassingbé, était pendant ce temps en visite à Bamako, où « il a plaidé la grâce présidentielle », avait indiqué à l’AFP un responsable de la présidence malienne.

Dans ce dossier, l’ONU avait reconnu des « dysfonctionnements » dans une note adressée au gouvernement malien et admis que « certaines mesures n’ont pas été suivies ».

La présidence ivoirienne avait elle aussi reconnu en septembre « des manquements et des incompréhensions« , propos volontiers considérés du côté malien comme les excuses qu’il réclamait.

Mais les rapports s’étaient à nouveau tendus une semaine plus tard quand la junte avait ouvertement lié la libération des 46 soldats restants à l’extradition de personnalités maliennes vivant en Côte d’Ivoire.

Adiac-Congo par Julia Ndeko avec AFP

La Cedeao retient ses sanctions dans l’affaire des militaires ivoiriens détenus au Mali

janvier 5, 2023

À la suite de la visite du président togolais à Bamako le 4 janvier, Umaro Sissoco Embaló a déclaré que le Mali ne serait pas sanctionné dans l’immédiat par l’institution sous-régionale.

Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée-Bissau et de la Cedeao à Moscou, le 25 octobre 2022. © Mikhail KLIMENTYEV / SPUTNIK / AFP

Le président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Umaro Sissoco Embaló, a assuré qu’il n’y aurait pas de sanctions contre le Mali dans l’immédiat malgré l’ultimatum qui avait été fixé, et ce pour laisser la médiation togolaise travailler à la libération des 46 militaires ivoiriens détenus au Mali depuis juillet.

Ces soldats, soupçonnés par Bamako d’être « des mercenaires », ont été condamnés le 30 décembre à vingt ans de réclusion criminelle, sachant que les chefs d’État ouest-africains avaient laissé à la junte malienne jusqu’au 1er janvier pour les libérer.

« Une question de bon sens »

Le chef de l’État bissau-guinéen a déclaré qu’il fallait du « temps pour [permettre] à la médiation togolaise de faire son travail, afin de résoudre le problème ». « C’est juste une question de bon sens », a-t-il ajouté.

Le président togolais, Faure Gnassingbé, était pendant ce temps en visite à Bamako. « Il a plaidé la grâce présidentielle », a assuré à un responsable de la présidence malienne. Il a ensuite fait une courte escale à Abidjan, où il a rencontré le président ivoirien, avant de regagner Lomé.

Aucune communication officielle sur le contenu des discussions entre les chefs d’État togolais et malien n’a pour l’instant été diffusée, Lomé ayant simplement fait savoir en amont que « la coopération entre le Togo et le Mali, ainsi que des sujets régionaux d’intérêt commun » devaient être au cœur de l’entretien.

Dans son discours du Nouvel an, Alassane Ouattara avait promis que les soldats incarcérés « regagne[raient] bientôt le sol ivoirien ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Macky Sall barricade-t-il sa frontière avec le Mali ?

décembre 29, 2022

Soucieux d’anticiper des incursions terroristes venues du Sahel, le président sénégalais vient d’inaugurer un nouveau camp militaire à quelques encablures du Mali.

Le président sénégalais a inauguré une nouvelle base militaire à la frontière avec le Mali dirigé par Assimi Goïta. © Damien Glez

À chaque voisin du Mali d’Assimi Goïta son positionnement politico-diplomatique à l’égard du régime nationaliste de Bamako : estime idéologique ostentatoire de la part du Burkina Faso ou de la Guinée ; mépris plus ou moins contenu de la part du Niger ; agacement explicite de la Côte d’Ivoire, au moment où ses militaires détenus à Bamako depuis cinq mois de détention font face aux juges maliens.

D’autres pays de la sous-région définissent leur diplomatie à l’aune du risque de contagion terroriste, tel le Bénin qui, s’il n’a pas de frontière commune avec le Mali, a déjà été victime d’attentats.

Le GSIM implanté au Sénégal ?

Même épargné, jusque-là, par les attaques jihadistes, le Sénégal prend très au sérieux la menace qui plane le long de l’axe Bamako-Dakar. Selon un rapport de l’ONU de février 2021, des éléments du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) seraient déjà « implantés au Sénégal ».

Les spécialistes des questions sécuritaires affirment que les régions de Tambacounda et de Kédougou – près du tiers de la superficie nationale, à la frontière avec le Mali – sont particulièrement vulnérables, du fait de leur enclavement, de leur manque d’infrastructures ou encore du rôle pivot des zones d’exploitation aurifère dans les trafics de drogue, de bois ou d’êtres humains.À LIRECôte d’Ivoire : le nouveau plan d’Alassane Ouattara contre le terrorisme

L’armée sénégalaise a donc décidé de se mobiliser pour que ces régions ne deviennent pas le terreau de groupes radicaux présents au Mali. Déjà, de petites unités du Groupe d’action rapide, de surveillance et d’intervention au Sahel (Garsi) patrouillent dans la zone.

« Renforcer la coopération »

Ce 27 décembre, Macky Sall inaugurait un nouveau camp militaire de plusieurs hectares à Goudiry, à 618 kilomètres à l’est de Dakar, au bénéfice du 4e bataillon d’infanterie. Et le chef de l’État d’évoquer « un vaste projet de modernisation progressive » de la sécurité nationale, avec un « modelage de la cartographie sécuritaire, pour mieux répondre aux besoins des populations », le tout afin de « hisser l’outil de sécurité à la hauteur de la menace actuelle ».

Le pays de la Teranga serait-il en train de se barricader ? Si l’année qui s’annonce sera moins internationale pour le dirigeant sénégalais – il quittera ses fonctions de président en exercice de l’Union africaine en février –, le repli nationaliste n’est pas au programme : le nouveau dispositif sécuritaire mis en place entend « renforcer la coopération avec les pays limitrophes ».

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Nonuplés du Mali : ils quittent le Maroc pour rentrer chez eux

décembre 13, 2022
Les nonuplés
Légende image, Seules deux autres séries de nonuplés ont été enregistrées dans l’histoire, mais aucune d’entre elles n’a survécu plus de quelques jours.

Les seuls nonuplés au monde – neuf bébés nés en même temps – sont rentrés sains et saufs au Mali après avoir passé les 19 premiers mois de leur vie au Maroc.

Les bébés ont battu le record mondial Guinness du plus grand nombre d’enfants mis au monde en une seule fois à survivre.

Avant la naissance en mai 2021, la mère Halima Cissé, aujourd’hui âgée de 27 ans, s’est envolée vers le Maroc pour recevoir des soins spécialisés.

Avant son retour, elle vivait sous surveillance médicale à Casablanca.

Les bébés – cinq filles et quatre garçons – sont nés par césarienne à 30 semaines, selon les autorités maliennes l’année dernière.

Les filles – nommées Kadidia, Fatouma, Hawa, Adama et Oumou – et les garçons – nommés Mohammed VI, Oumar, Elhadji et Bah – pesaient entre 500g et 1kg à la naissance, a déclaré à l’agence de presse AFP le professeur Youssef Alaoui, directeur médical de la clinique où ils sont nés.

Il y avait des risques qu’ils développent des problèmes de santé en raison de leur naissance prématurée et ils ont passé les premiers mois de leur vie à l’hôpital.

Les neuf bébés ont reçu d’excellents soins médicaux et ont tous survécu.

Ils ont ensuite été transférés dans un appartement où ils ont été soignés 24 heures sur 24 par la clinique d’Ain Borja.

Plus tôt cette année, à l’occasion de leur premier anniversaire, leur père Abdelkader Arby a déclaré que chacun d’eux avait une personnalité unique.

« Ils ont tous un caractère différent. Certains sont calmes, tandis que d’autres font plus de bruit et pleurent beaucoup. Certains veulent être pris dans les bras tout le temps. Ils sont tous très différents, ce qui est tout à fait normal. »

M. Arby a également déclaré qu’ils étaient devenus célèbres au Mali et que les gens étaient « très désireux de voir les bébés de leurs propres yeux ».

Pour tous les parents qui doivent faire face à une crise de colère de leur enfant, ayez une pensée pour Halima et Abdelkader – les repas à neuf peuvent être bruyants et peut-être un peu désordonnés.

Avec BBC Afrique

Prix découvertes Rfi 2022 : Black AD lauréate

novembre 25, 2022

La jeune musicienne malienne Hawa Diallo, alias Black AD, a remporté le 18 novembre le Prix découvertes Rfi 2022 devant neuf autres finalistes. Dans ses chansons, elle aborde des thèmes comme la jeunesse, la cohésion sociale, le vivre ensemble et parle d’amour.

Black AD/DR

La chanteuse mélange l’afro-pop, le R’n’B et des sons plus modernes. S’inspirant des musiciens populaires comme Oumou Sangaré ou la Sud-africaine Nomceba, Black AD entend collaborer avec ses compatriotes Fatoumata Diawara et Salif Keita. « Je suis vraiment très heureuse ! C’est une grande chose qui arrive dans ma vie avec ce prix et j’en suis ravie », a-t-elle déclaré après avoir reçu la bonne nouvelle.

En gagnant ce prestigieux prix, l’actuelle reine de la musique malienne bénéficiera d’une subvention de 10 000 euros ainsi qu’une tournée en Afrique et un concert à Paris.

Créés en 1981, les Prix découvertes RFI ont vu le jour pour mettre en avant, chaque année, les nouveaux talents musicaux du continent africain.

Avec Adiac-Congo par Chris Louzany

Burkina Faso-Mali : Ibrahim Traoré à Bamako pour rencontrer Assimi Goïta

novembre 2, 2022

Le président burkinabè a réservé son premier voyage à l’étranger au Mali. Avec son homologue, il doit échanger sur la lutte contre les groupes jihadistes et les partenariats avec l’étranger.

Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte burkinabè, à Ouagadougou, le 15 octobre 2022, lors du 35e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara. © Olympia de Maismont / AFP.

Le chef de la junte malienne, le capitaine Ibrahim Traoré, se rend ce 2 novembre à Bamako, son premier déplacement à l’étranger depuis sa prise de pouvoir il y a un mois. Un communiqué du ministère malien des Affaires étrangères précise que cette « visite d’amitié et de travail » durera deux heures quarante (de 15 h locales à 17 h 40).

Le capitaine Traoré va s’entretenir avec son homologue, le Malien Assimi Goïta. « Il sera principalement question de la lutte contre le terrorisme », précise une source officielle burkinabè.

Outre leur proximité géographique, leur frontière commune, les deux pays sont en effet dans des situations similaires. Tous deux sont dirigés par des soldats putschistes, qui ont pris le pouvoir en promettant de battre les groupes jihadistes.

Russie ou France

Pour y parvenir, les méthodes diffèrent pour l’instant. Bamako a rompu avec la France, dont les derniers soldats, opérant au sein de l’opération Barkhane, ont quitté le pays, s’est tourné et s’est tourné vers la Russie, notamment vers le groupe de mercenaires russes Wagner, pour l’aider à combattre les groupes terroristes.

Depuis le coup d’État du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, renversé huit mois plus tard par le capitaine Ibrahim Traoré, le Burkina Faso, lui, n’a pas coupé les liens avec l’armée française qui a continué à participer aux côtés de l’armée burkinabè à la lutte anti-jihadiste. Néanmoins, les interrogations sur la politique future du nouveau président de la transition en la matière sont nombreuses.

À plusieurs reprises à Ouagadougou, des soutiens de la junte militaire ont manifesté en brandissant des drapeaux russes, s’en prenant à des intérêts français et réclamant le départ des quelque 400 soldats des forces spéciales françaises présents dans le pays.

« Peut-être qu’avec la nouvelle donne [sécuritaire] nous réexaminerons nos rapports avec la Russie pour voir s’il faut la renforcer dans un secteur ou pas, s’il faut la réorienter dans l’intérêt du Burkina Faso et dans le respect de sa souveraineté », a déclaré le 30 octobre le nouveau Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tembèla. Mais, a-t-il averti, « ce n’est pas à la rue de nous dire de faire ceci ou cela ».

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Mali : le régime d’Assimi Goïta pose ses conditions pour renouer avec Paris

octobre 25, 2022

Tout en maintenant ses accusations contre la France, que Bamako accuse d’avoir violé l’espace aérien malien, Abdoulaye Diop, le diplomate en chef de la transition, a soutenu lors du 8e Forum international de Dakar que le pays « n’a de problème à traiter avec aucun partenaire », tant que ce n’est pas pour se faire « dicter des solutions ».

Le ministre malien des Affaires étrangères, Adboulaye Diop, à Moscou, en mai 2022. © Yuri Kadobnov / Pool / AFP.

Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a indiqué ce 25 octobre que Bamako posait comme condition à une restauration des relations avec la France le respect de sa « souveraineté » et de ses « choix stratégiques ».

« Le Mali a souhaité que notre souveraineté soit respectée, que nos choix stratégiques et nos choix de partenaires soient respectés, et que les intérêts vitaux des Maliens soient pris en compte », a-t-il affirmé au 8e Forum international de Dakar, conférence sur la sécurité et la paix en Afrique, pour expliquer la brutale dégradation des relations entre les deux pays qui a conduit le 15 août au départ des dernières troupes de l’opération Barkhane.

« Si ces éléments sont observés, le Mali n’a de problème à traiter avec aucun partenaire, y compris la France », a-t-il assuré à des journalistes après une intervention publique au Forum. « Ce qui est important, c’est vraiment que nos partenaires viennent dans l’état d’esprit de travailler avec nous pour des solutions, ne viennent pas nous dicter des solutions », a-t-il par ailleurs déclaré. Reconnaissant qu’« il ne faut pas jeter l’anathème sur les gens », il a reconnu que le régime putschiste a « [sa] propre part de responsabilité » : « Nous avons failli par rapport à l’intégration du continent, nous avons failli par rapport au renforcement de la coopération entre nous, nous avons failli par rapport à notre responsabilité pour assurer notre propre sécurité et je crois que nous ne pouvons pas faire assumer ça par d’autres. »

Session spéciale du Conseil de sécurité

Interrogé sur ses accusations contre la France dans une lettre adressée en août au Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant notamment des « violations répétitives et fréquentes » de l’espace aérien malien par les forces françaises. Il y écrivait que les autorités maliennes disposaient « de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions », des accusations catégoriquement démenties par la France.

Dans son intervention devant le Forum de Dakar, Abdoulaye Diop a affirmé que son pays attendait la session spéciale qu’il réclame pour produire les preuves des accusations contre Paris. « Le Mali n’est pas un enfant, nous sommes membres des Nations unies, nous connaissons les règles. Nous avons demandé une session spéciale pour pouvoir discuter de cette question », a-t-il dit. « Ceux qui sont en face, de quoi ils ont peur ? Si on n’a pas de preuves, qu’on convoque la session », a lancé le chef de la diplomatie malienne.

Par Jeune Afrique avec AFP

Côte d’Ivoire – soldats détenus au Mali : Laurent Gbagbo en appelle à Assimi Goïta

octobre 18, 2022

L’ancien président ivoirien, chef du PPA-CI qui fête son premier anniversaire, demande aussi au Togolais Faure Essozimna Gnassingbé de « redoubler d’efforts » pour obtenir la libération des 46 soldats encore détenus à Bamako. Et estime qu’Alassane Ouattara porte « la plus grande responsabilité ».

L’ancien président ivoirien et chef du PPA-CI, Laurent Gbagbo, lors du premier anniversaire de son parti, à Abidjan, le 17 octobre 2022. © Issouf Sanogo / AFP

L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, a demandé lundi au chef de la junte au pouvoir au Mali, le colonel Assimi Goïta, de faire la preuve de « sa fraternité d’armes » envers les 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis le 10 juillet dernier.

« Il faut demander au président Assimi Goïta de penser à sa fraternité d’armes avec ceux qui sont en prison là-bas, que certains appellent des soldats et d’autres des mercenaires », a-t-il déclaré en marge d’une cérémonie célébrant le premier anniversaire de sa formation politique, le Parti des peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI).

Pique adressée à Ouattara

Il a également lancé un appel « au président togolais Faure [Essozimna] Gnassingbé », qui joue le rôle de médiateur entre la Côte d’Ivoire et le Mali, le priant de « redoubler d’efforts ». Il a annoncé que son parti allait bientôt envoyer des délégations en Guinée, au Burkina et au Mali, trois pays où des militaires ont pris le pouvoir après avoir perpétrés des coups d’État.

Laurent Gbagbo a cependant rappelé que les soldats avaient été envoyés au Mali par la Côte d’Ivoire et, selon lui, « c’est celui qui envoie qui a la plus grande responsabilité […] si cela tourne au vinaigre ».

Blocage sur le lieu où seront remis les soldats

Abidjan et l’ONU affirment que les soldats ivoiriens arrêtés devaient participer à la sécurité du contingent allemand des Casques bleus au Mali, mais les autorités maliennes les a présentés comme des « mercenaires » venus attenter à la sûreté de l’État. Au début d’octobre, le président ivoirien, Alassane Ouattara, s’était montré optimiste quant à l’issue de ce conflit diplomatique.

« Les choses évoluent bien […]. Nous pensons que, très rapidement, nous aurons sans doute un heureux aboutissement », avait dit le chef de l’État ivoirien à l’issue d’une rencontre avec son homologue bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalò, qui préside actuellement la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il avait rencontré la veille à Abidjan le président togolais mais, selon nos informations, un point de blocage restait à résoudre : le lieu où seront remis les soldats.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Tierno Monénembo – Mali, péril en la demeure !

octobre 17, 2022

CHRONIQUE. L’écrivain guinéen appelle les dirigeants à la vigilance, alors que le pays est plus que jamais confronté à la propagation djihadiste et aux crises de toutes sortes.

Depuis le putsch de 2020 et surtout le second de 2021 consolidant leur emprise a la tete d'un pays confronte a la propagation djihadiste et aux crises de toutes sortes, les militaires ont coupe les ponts avec la France et ses allies europeens et se sont tournes vers la Russie.
Depuis le putsch de 2020 et surtout le second de 2021 consolidant leur emprise à la tête d’un pays confronté à la propagation djihadiste et aux crises de toutes sortes, les militaires ont coupé les ponts avec la France et ses alliés européens et se sont tournés vers la Russie.© FLORENT VERGNES / AFP

En 2020, dans ces mêmes colonnes, je donnais une chronique intitulée « Assimi Goïta, un mal nécessaire pour le Mali »,et dans laquelle j’affirmais un peu trop vite que dans ce pays, il n’y avait pas péril en la demeure. Deux ans plus tard, je suis bien obligé de me reprendre et, bien que l’on ne soit pas au Canard enchaîné, de m’infliger un sérieux pan sur le bec. Car, en ce moment au Mali, il y a bel et bien péril en la demeure.

À mon pire ennemi, je ne souhaiterais la situation que vit ce pays hautement symbolique et qui se trouve être la terre d’origine de mes aïeux, qui plus est. Déjà en proie aux méfaits du djihadisme, le voilà, devenu après l’Ukraine, le deuxième champ de bataille du fameux conflit Est-Ouest qui, malgré la chute du mur de Berlin, ne s’éteint toujours pas. Les deux plaies du monde moderne réunies dans un seul et même petit pays africain, sahélien et enclavé ! Le tout sur fond de diatribe aussi bien avec ses voisins qu’avec la France !

Comment le Mali s’est-il retrouvé dans cette situation ?

Bien que complexe, la lente descente aux enfers du Mali est facile à retracer. Tout commence au nord. D’abord en Algérie où l’armée, après avoir difficilement remporté la victoire, a poussé les derniers terroristes à aller jouer ailleurs. En Libye ensuite, où la mort de Kadhafi a largement ouvert la boîte de Pandore au Sahel. Surarmés et fanatisés à souhait, les djihadistes pouvaient massivement se répandre dans une région où, présent depuis les Almoravides, l’islam est véritablement chez lui.

L’écrivain, Tierno Monénembo appelle le Mali a la vigilance alors que le pays a choisi de se tourner vers la Russie en lieu et place de la France, l’ancienne puissance coloniale.© SEYDOU DIALLO / AFP

 Leur pénétration fut si rapide que sans l’appel au secours lancé à l’armée française, ils auraient atteint Bassam et les îles de Loos sans rencontrer la moindre poche de résistance. Dix ans après, les terroristes sont toujours là malgré les opérations Serval et Barkane. Et le désastre est tel (surtout au Centre et au Nord) qu’il a entraîné une brouille sans précédent entre Paris et Bamako. À tort ou à raison, l’ancienne puissance coloniale est soupçonnée de laxisme, voire de duplicité : alliée le jour, complice des envahisseurs la nuit. Pour marquer leur dépit, les autorités maliennes se sont rapprochées de la Russie et ont accepté les offres de service de la force Wagner, dont on ne sait toujours pas le lien exact avec le Kremlin.

Un pays à la croisée des chemins

Après la crise de confiance, la crise de nerfs. C’est Le Drian, alors patron du Quai d’Orsay, qui s’enflamme : « Et je voudrais rappeler ici avec beaucoup de force que cette junte [entendez celle d’Assimi Goïta] est illégitime et qu’elle prend des mesures irresponsables. » Un ministre français des Affaires étrangères ne devrait pas parler comme ça… à une ancienne colonie de la France. On a vu un Quai d’Orsay plus adroit.

C’est le ministre malien des Affaires étrangères qui prend la mouche à son tour : « Ce sont des propos empreints de mépris… des propos inacceptables… Les injures ne sont pas une preuve de grandeur. » Oui, ces propos sont inacceptables. On comprend parfaitement l’indignation des autorités maliennes. Mais le renvoi de l’ambassadeur français n’est-il pas disproportionné et, somme toute, contre-productif ? Un communiqué bien senti du palais de Koulouba et une manifestation monstre des forces populaires devant l’ambassade de France n’auraient-ils pas suffi ?

Nous sommes en 2022 : l’heure n’est plus à la rupture des relations diplomatiques mais à la consolidation de celles-ci, surtout en temps de crise. Et puis, ce n’est pas malin pour un pays africain de se retrouver coincé entre le marteau des Russes et l’enclume des Français. En tout état de cause, on ne se libère pas en changeant de maître. Les Maliens devraient avoir présente à l’esprit l’expérience de leurs frères utérins guinéens qui, dans les années 1960, s’étaient retrouvés exactement dans la même situation avec le résultat que l’on sait.

* 1986, Grand Prix littéraire d’Afrique noire ex aequo pour « Les Écailles du ciel » ; 2008, Prix Renaudot pour « Le Roi de Kahel » ; 2012, Prix Erckmann-Chatrian et Grand Prix du roman métis pour « Le Terroriste noir » ; 2013, Grand Prix Palatine et prix Ahmadou-Kourouma pour « Le Terroriste noir » ; 2017, Grand Prix de la francophonie pour l’ensemble de son œuvre. La dernière publication de Tierno Monénembo a été publiée aux éditions du Seuil. Son titre : « Saharienne indigo ».

Avec Le Point par Tierno Monénembo*

Mali : Assimi Goïta reçoit le projet de nouvelle Constitution

octobre 12, 2022

Le président de la transition malienne, Assimi Goïta, a reçu mardi 11 octobre un projet de nouvelle Constitution, censé être soumis à référendum en mars 2023.8

Le président de la transition au Mali, le colonel Assimi Goïta, le 21 juin 2022. © Présidence Mali.

C’est avec deux mois de retard que cet « avant-projet de Constitution » a été remis mardi à Assimi Goïta. Le 10 juin, les militaires au pouvoir avaient donné deux mois à une commission spécialement créée par décret, mais ce délai avait finalement été prolongé, a fait savoir le président de la commission, Fousseyni Samaké.

Le texte, qui n’a pas été rendu public, doit désormais être examiné en Conseil des ministres et par l’organe tenant lieu de Parlement. Il est censé être soumis à référendum en mars 2023.

« Toute Constitution sera objet de critiques »

Le président de la commission a semblé devancer les polémiques, prévenant Assimi Goïta « que toute Constitution sera objet de contestations, de critiques et de controverses », a rapporté dans un communiqué la présidence. Il a assuré que le projet avait été rédigé après « consultation des forces vives de la Nation ».

Le président de la transition, qui s’est engagé sous la pression à organiser des élections en février 2024 et à céder la place en mars de la même année, a déclaré que l’« espoir commun d’une démocratie rénovée, ainsi que d’un État mieux organisé et à la hauteur des défis nationaux et internationaux, repose sur cet avant-projet », selon ses services.

Les acteurs politiques maliens s’accordent de longue date sur la nécessité d’une réforme constitutionnelle, tant l’actuel texte fondamental, datant de 1992, passe pour un facteur de la crise politique.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)