Friand de la bonne chair des belles fidèles qui viennent à l’église. Il ne ferme pas les yeux pour convoiter ces belles créatures de la nature divine. Les femmes, il les adore comme le Bon Dieu, telle est l’expression littérale de son prénom, Théodore: « celui qui adore Dieu ». Il est même prêt à s’agenouiller devant leur beauté sensuelle et piquante.
Depuis fort peu, des rumeurs circulent dans la communauté que le pasteur fréquente une jeune femme seule ayant un enfant qu’il prétend aider dans ses différentes courses car nouvellement arrivée, il veut l’assister dans son intégration au pays d’accueil. Il utilise sa voiture familiale pour le déplacement de cette femme encore étrangère dans la ville. La curiosité prend des allures d’interrogations et pasteur Théodore fait semblant de ne rien n’entendre et voir ses yeux qui se posent et s’agrippent sur le corps de leur relation. Il se la coule douce chez Maribel. Il en fait sa deuxième maison, il y passe plusieurs fois par jour. Et la dulcinée se donne le luxe du meilleur service à table et à la satisfaction des désirs les plus mordants qu’apprécient le pasteur et qu’il aime savourer dans sa vie pastorale. Il ne se gêne pas malgré les conseils d’abandon qui viennent de cette fréquentation que la commune renommée juge peu honorable en sa qualité d’homme d’église.
Au-delà de petites bouderies, sa femme jeannette le défend à corps perdu qu’il en est pas un infidèle de mari car c’est un pasteur pleins de mérites et de respect. De nombreuses langues se délient mais cette dernière défend bec et ongle son amour qu’il est un homme de foi et ne peut se permettre de tomber dans la luxure.
A côté de l’appartement de Maribel, vit un autre couple de la même communauté et des membres de celle-ci s’y rendent au vu du stationnement de la voiture familiale du pasteur Théodore qui prend parfois la précaution des regards indigestes pour le coin arrière. Quand des visiteurs sont assis dans le salon principal – dans la causerie amicale avec Maribel; l’arrivée consignée du pasteur s’exprime toujours en excuses volontaires du propriétaire de maison qui se lève de sa stature imposante pour recevoir le pasteur qui est servi dans la cuisine, mangeant copieusement son bon poulet kedjounou et sa sauce graine avec du bon foutou manioc qu’il malaxe entre ses doigts. La vie est belle dit-il souvent à Maribel.
Mais un jour, une femme de la communauté sentant le besoin d’uriner remplir sa vessie et désirant se diriger aux seules toilettes de la maison découvre confortablement assis à table le pasteur qui délectait son bon plat servi dans la grande joie d’une vie élégamment partagée entre deux ménages. Elle s’écriait : « Ah! Pasta ! ». La réponse éclair est un pincement de clin d’œil suivi de l’index posé verticalement au milieu des lèvres huilées de sa fine bouche de prédicateur.
Au comble de toute surprise, Maribel tombe enceinte du pasteur. Il lui demande de démenager et de changer de quartier pour aller vivre très loin dans la plus grande discrétion afin d’éviter tous ces yeux hagards qui s’intéressent à leur vie de couple. A l’église, une sanction a été prise au directoire consistant à suspendre le pasteur de prêcher dorénavant afin de conserver la dignité, la sérénité mais aussi la cohésion et l’harmonie au sein des fidèles.
Depuis peu, le pasteur Théodore a confié toute la charge pastorale à son fils Mathieu pour le remplacer en lieu et place. Devant la tentation de la chair, le corps est faible, le pasteur a succombé même si Maribel n’est pas membre de son église mais seulement de la communauté ayant le même dessein d’établissement dans le pays d’accueil.
La rumeur de la grossesse qui s’enfle et prend des proportions de diffusion et de communication de bouche en bouche éclate dans la communauté. Des enquêtes confirment que le déménagement a été fait sans tambour ni trompette à la cloche de bois vers 1h00 du matin quand tous les voisins plongeaient dans un sommeil profond d’été.
Furieuse de la grande honte qui défraie la chronique dans toutes les maisons de la communauté, la femme du pasteur maman Jeannette informe sa maisonnée et de concert avec tous les enfants, ils ont décidé d’expulser leur père, plaçant sa petite valise à la porte, lui ravissant son téléphone portable et sa voiture familiale afin de cesser toutes communications avec Maribel et de ne plus faire ses courses. Le pasteur a trouvé un logis d’infortune dans un garage abandonné du même quartier en attendant sa nouvelle destination.
Certains enfants devant le comportement peu honorable de la descente dans la disgrâce de leur père ont préféré quitter le toit familial car la maman menace de changer de ville pour une paix plus digne devant le nouvel amour et l’arrivée du nouveau-né alors que le pasteur compte déjà dans sa filiation sept enfants. Et de source concordante, le pasteur ne payait pas la maison préférant dépenser l’argent dans ses sorties au restaturant pour mieux satisfaire les désirs de Maribel, la nouvelle conquête qui a troublé son cœur devant la vieille marmite de Jeannette, la mère supérieure maintenant bonne pour servir de l’éducation et de la garde du foyer.
Que deviendra la vie du Pasteur, de celle de Maribel ainsi que de Jeannette dans ce décor sentimental planté de désordre dans la communauté en panne de morale qui était distillée par l’homme d’église?
Bernard NKOUNKOU