La troisième sera la bonne. Pour le quotidien britannique The Times, Marine Le Pen s’impose comme « l’ennemie populiste » d’Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale face à « la tentative impopulaire du Président de faire travailler les Français plus longtemps ». La présidente du Rassemblement national a, selon le quotidien, « renforcé sa stature de présidente en attente après quinze jours de débats chaotiques » à l’Assemblée. Et ainsi devenue une « politicienne mainstream », elle serait « désormais favorite pour être Présidente » en 2027.
Le Times argumente notamment sa position en s’appuyant sur les sondages d’opinion et souligne que « le taux d’approbation de Le Pen a légèrement augmenté de quelques points depuis les élections du printemps dernier à 37 %, contre 38 % pour Macron dans le sondage Louis Harris de ce mois-ci ». Le quotidien rappelle également le contexte européen, marqué par l’élection de Giorgia Meloni au poste de Premier ministre en Italie. Surtout, écrivent nos confrères, « la « diabolisation » de Le Pen s’est émoussée depuis qu’elle a abandonné son opposition à l’Union européenne et assoupli sa position sur l’immigration ».
Qualifiée de « championne des classes populaires et des classes moyennes inférieures et défenseure des droits des fonctionnaires », Marine Le Pen – « sans rival de sa stature politique » – serait dès lors « en position de force » pour devenir la prochaine Présidente.
Au regard du passé, des discours et de la ligne politique de son parti, la présidente du Rassemblement national, principale formation de l’extrême droite française, n’est pas la bienvenue au pays de la Teranga.
Le Sénégal s’honore d’être un pays d’accueil et de brassage, de tolérance et d’ouverture. De nombreux étrangers, de toutes origines, ont choisi d’en faire leur lieu de vie et d’épanouissement. Cela est très bien ainsi. Depuis des temps immémoriaux, cette tradition d’hospitalité (la Teranga, en langue wolof) est ancrée dans notre culture – ou plutôt dans nos cultures, car nous comptons 22 langues codifiées au Sénégal. Les brassages culturels et ethniques y sont la norme. C’est ce « vivre ensemble » qui contribue largement à notre volonté atavique de dialogue et qui est, in fine, un des gages de notre stabilité.
Le Sénégal est aussi un pays de fierté et de refus. De refus de l’indignité. De refus de l’aplatissement. C’est pourquoi il est inacceptable que Marine Le Pen, dirigeante de 2011 à 2021 du Front national [renommé Rassemblement national en 2018], parti raciste et xénophobe français, ait été autorisée à fouler le sol sénégalais. Depuis des décennies, nos centaines de milliers de compatriotes africains vivant en France subissent les attaques racistes verbales – et même physiques – du Front national, lequel a d’abord été dirigé par son père, Jean-Marie Le Pen.
Terreur
Je me souviens encore, quand j’étais étudiante en France, de la violence raciste et de la terreur que faisait régner sur les campus français le GUD (Groupe Union Défense), organisation estudiantine d’extrême droite violente et directement liée au Front national. À l’annonce de la présence de ses membres sur le campus, nous, étudiants africains et arabes, nous terrions dans nos chambres pour ne pas être victimes de leurs expéditions punitives sans fondement. Le mouvement « Touche pas à mon pote », initié par l’association SOS Racisme, en 1985, avait constitué une riposte massive de la jeunesse de l’époque, dans toute sa diversité, à ces militants d’extrême droite.
Des anciens dirigeants du GUD, Frédéric Chatillon et Axel Loustau, sont toujours actifs aux côtés de Marine Le Pen et figuraient même dans son équipe de campagne lors de l’élection présidentielle française de 2022. Le 3 novembre dernier, Grégoire de Fournas, député du Rassemblement national, injuriait par ailleurs le député Carlos Martens Bilongo en pleine séance à l’Assemblée nationale en déclarant « Qu’il[s] retourne[nt] en Afrique ! ». Bref, le Front national, bien que rebaptisé Rassemblement national, continue à faire du racisme, de la xénophobie et de la haine de l’autre son principal fonds de commerce politique.
Veiller sur notre fierté
Pourquoi les autorités sénégalaises ont-elles donc autorisé le séjour de Marine Le Pen au Sénégal ? Elles ont manqué l’opportunité de symboliquement lui signifier notre dégoût collectif du discours raciste et haineux que son parti tient depuis des décennies en France à l’endroit des Africains, à tel point que le racisme, pourtant puni par le code pénal français, est aujourd’hui banalisé voire intégré dans cette France pourtant si souvent surnommée « patrie des droits de l’Homme ».
IL EST TEMPS POUR NOS LEADERS AFRICAINS D’AVOIR UNE TOLÉRANCE ZÉRO POUR LE RACISME
À cet égard, il n’est pas inutile de rappeler l’existence d’une Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, entrée en vigueur en 1969, et dont la France et le Sénégal font partie des 182 pays signataires. Voilà une base légale solide qui aurait permis aux autorités sénégalaises de mettre Marine Le Pen dans le premier avion pour une destination qu’elle aurait elle-même choisie.
Il est temps pour nos leaders africains d’avoir une tolérance zéro pour le racisme et pour tous ceux qui l’incarnent, le professent et le pratiquent. C’est ce que notre jeunesse, qui constitue 70% de la population africaine, attend d’eux. Il est temps qu’ils veillent sur notre fierté et notre dignité.
Avec Jeune Afrique
Par Aminata Touré
Députée sénégalaise, ancienne Première ministre et ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental.
48,7 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. Après une présidentielle sans grand suspense, les législatives ont gagné en intérêt au fur et à mesure que l’hypothèse de la majorité absolue d’Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale s’effritait. Le premier tour avait montré une poussée de l’alliance de gauche (la Nupes) au coude-à-coude avec Ensemble, l’alliance pour la majorité présidentielle. Le Rassemblement national avait également enregistré un score historique. Les Français ont livré leur verdict : le président de la République n’obtient pas la majorité absolue. L’alliance de gauche, le Rassemblement national et les Républicains sont les grands gagnants de ce second tour.
Voilà pour les résultats nationaux. Dans le détail, nous avons sélectionné des points chauds dans les 572 circonscriptions encore en jeu.
Élisabeth Borne s’en sort (de justesse)
Selon les premières les estimations, Élisabeth Borne est élue dans la 6e circonscription du Calvados. Elle l’emporterait avec 52 ou 53 % face au représentant de la Nupes, Noé Gauchard.
Plusieurs ministres au tapis
La ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, a été battue par le RN tout comme Amélie de Monchallin, ministre la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Ils devront démissionner. Olivier Véran, Gérald Darmain et Damien Abad sont élus et devraient conserver leur poste.
L’ancienne candidate à la présidentielle qui devait passer par un second tour à Hénin-Beaumont a été largement réélue avec plus de 60 % face à Marine Tondelier (Nupes).
Christophe Castaner et Richard Ferrand battus
Il s’agit de deux poids lourds historiques du macronisme : Christophe Castaner et Richard Ferrand, président du groupe LREM et président de l’Assemblée dans la précédente législature, ont été battus par deux candidats de la Nupes : l’ancien ministre de l’Intérieur s’incline face à Léo Walter, dans la 2e circonscription des Alpes-de-Haute-Provence ; Richard Ferrand est battu par Mélanie Thomin dans la sixième circonscription du Finistère.
Le président français Emmanuel Macron a été réélu dimanche pour un second mandat de cinq ans face à sa rivale Marine Le Pen, qui réalise le plus important score de l’extrême droite à une élection présidentielle depuis le début de la Ve République, en 1958.
Le chef de l’État sortant obtient entre 57,6 % et 58,2 % des voix, selon les estimations.
Les Français ont donc choisi de reconduire un président centriste libéral et très pro-européen face à une candidate radicale qui a la priorité nationale au cœur de son projet et qui est extrêmement critique vis-à-vis de l’Union européenne.
Emmanuel Macron, 44 ans, est le premier président français à être réélu pour un second mandat en 20 ans depuis Jacques Chirac, en 2002, face au père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen.
Toutefois, cette élection s’inscrit dans un contexte d’abstention record, estimée à 27,8 % par la firme de sondage IFOP, un taux inédit pour un second tour depuis 1969 (31,3 %).
Le réflexe du front républicain ou du barrage à l’extrême droite, qui avait fonctionné il y a cinq ans, a cette fois-ci été moindre chez une partie des électeurs hostiles au président et lassés par la reprise du duel Macron-Le Pen.
À titre de comparaison, M. Macron avait remporté 66,10 % des suffrages en 2017, devançant largement Mme Le Pen (33,90 %).
Suite à sa défaite au second tour de la présidentielle française, Marine Le Pen s’est adressée à ses partisans.
Les défis de Marcon
À 53 ans, Mme Le Pen porte l’extrême droite à un niveau record en France, laissant augurer des temps difficiles pour le président réélu, dont le premier défi sera d’obtenir une majorité aux législatives de juin.
Il devra rassembler des Français divisés et répondre à une colère très prégnante depuis la crise des gilets jaunes de 2018-2019, qui n’a jamais été véritablement réglée.
Il devra aussi répondre aux angoisses suscitées par les successions de crises, de la pandémie de COVID-19 à la guerre en Ukraine.
Très discret, voire absent lors de la campagne du premier tour, M. Macron n’a pas ménagé sa peine par la suite, multipliant les déplacements, organisant de grandes réunions et s’adressant prioritairement à l’électorat de gauche, apparu comme l’arbitre du scrutin après que le tribun Jean-Luc Mélenchon est arrivé troisième au premier tour avec près de 22 % des voix.
Lors de sa dernière grande réunion, à Marseille, il y a une semaine, M. Macron, très critiqué sur son bilan vert, a promis qu’un nouveau quinquennat sous son règne serait écologique ou ne serait pas et a promis un renouvellement de la politique.
Souvent qualifié de président des riches, M. Macron a multiplié les gestes envers cet électorat de gauche, semblant prêt à des concessions sur certains points, notamment sa controversée et emblématique réforme des retraites, qu’il n’a pas réussi à mettre en œuvre au cours de son premier mandat.
Les abstentions
Ces promesses n’ont pas suffi à faire baisser le taux d’abstention lors de ce deuxième tour, qui tombait aussi au début des vacances scolaires, ni à susciter un fort vote d’adhésion.
Ainsi, Nicolas Moreau, 44 ans, conseiller municipal à Bersée, a expliqué avoir effectué un vote par obligation. Même constat chez Véronique, une habitante de Bersée, pour qui, entre les deux choix, on essaye de choisir le moins mauvais.
Marine Le Pen lors de son vote pour le deuxième tour de la présidentielle, dimanche. Photo: Getty Images/Sylvain Lefevre
Battue pour la troisième fois de sa carrière à une élection présidentielle, Mme Le Pen, 53 ans, n’a pas réussi à briser le plafond de verre que représente en France l’éventualité d’une victoire de l’extrême droite. Avec son score élevé, elle place néanmoins sa famille politique et ses idées radicales encore plus au cœur de la scène française.
« Je poursuivrai mon engagement pour la France. »— Une citation de Marine Le Pen
Mme Le Pen récolte ainsi les fruits d’une stratégie de dédiabolisation patiemment menée depuis une décennie. Elle a lissé et adouci son discours, banalisé son image, se montrant proche des préoccupations des Français, même si, sur le fond, son programme reste aussi radical, notamment en ce qui a trait à l’immigration et aux institutions.
Le plus dur commence avec un nouveau rendez-vous électoral, celui des élections législatives, en juin, où le président tentera d’asseoir sa majorité, tandis que ses opposants tenteront de se rendre incontournables.
Le président sortant Emmanuel Macron s’adresse à ses partisans après des résultats qui le mette au premier rang au deuxième tour. Photo : Reuters/Benoit Tessier
Le président sortant Emmanuel Macron est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle française dimanche, selon les premières estimations, devançant de quelques points la dirigeante de l’extrême droite Marine Le Pen qu’il affrontera le 24 avril dans un duel qui s’annonce serré.
D’après trois estimations de différents instituts, M. Macron arrive en tête avec des scores entre 28,6 et 29,7 %, à l’issue d’une campagne fortement perturbée par la pandémie et la guerre en Ukraine.
Marine Le Pen arrive deuxième, entre 23,5 et 24,7 %, selon les estimations des instituts Opinionway, Ifop et Harris, devant le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon qui oscille entre 20 et 21 % des voix.
Il a d’ailleurs exhorté dimanche soir ses partisans à ne pas donner une seule voix à Marine Le Pen, le 24 avril.
Les candidats écologiste, communiste et socialiste au premier tour ont rapidement appelé à voter Emmanuel Macron au second tour, pour faire barrage à Marine Le Pen.
Ces quatre candidats représentent environ 15 % des voix du premier tour selon les estimations.
Zemmour appelle à voter Le Pen
En revanche, le candidat d’extrême droite Eric Zemmour, qui a obtenu environ 7 % des voix a appelé dimanche soir ses électeurs à voter pour sa rivale.
J’ai bien des désaccords avec Marine Le Pen. Mais il y a face à elle un homme qui a fait entrer deux millions d’immigrés, qui n’a jamais évoqué le thème de l’identité, je ne me tromperai pas d’adversaire, a déclaré M. Zemmour devant ses partisans.
Marine Le Pen a pour sa part appelé les Français à se rassembler autour d’un grand projet national et populaire.
Ce qui se jouera le 24 avril sera un choix de société et de civilisation, a lancé Mme Le Pen.
Jusqu’à 48 millions d’électeurs pouvaient exercer le droit de vote. L’abstention est particulièrement forte, entre 26,2 % et 29,1 % selon deux estimations, marquant le dédain croissant des Français vis-à-vis de leur classe politique.
C’est plus que les 22,2 % de 2017, alors que le record est de 28,4 % en 2002.
Reflet des sondages
Les sondages prédisaient que M. Macron devrait arriver en tête devant Mme Le Pen, comme lors du précédent scrutin, en 2017, avec le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon en troisième position.
Mme Le Pen et M. Mélenchon ont des positions très différentes de celles de M. Macron sur plusieurs sujets internationaux, étant beaucoup plus hostiles à l’intégration européenne, notamment, et disant vouloir sortir du commandement intégré de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN, par exemple.
Nombre de politologues craignent que le record d’abstention de 2002 (28,4 %), le plus haut niveau jamais enregistré pour un premier tour d’une présidentielle, soit battu. Photo: AFP via Getty Images/ Thomas Samson
La parole aux électeurs
À Pantin, en région parisienne, Blandine Lehout, comédienne de 32 ans, n’a pas voté.
« C’est la première fois de ma vie, mais là, je les déteste tous. On est à un stade où ils me font peur. »— Une citation de Blandine Lehout,
À Marseille, Carole Junique, 47 ans, qui travaille dans la fonction publique, est venue à la première heure.
En France, on a le droit de vote, c’est important de le garder. Bien sûr, on n’a qu’une voix parmi d’autres, mais si tout le monde se mobilise, ça peut changer les choses, souligne-t-elle.
Beaucoup ne cachent pas que leur choix a été difficile. Cédric Hodimont, dans la quarantaine, regrette ainsi d’avoir fait un vote par défaut.
À Paris, les électeurs patients pour voter. Photo: AFP via Getty Images/ Thomas Samson
Vers un duel serré entre Macron et Le Pen
Les différentes études d’opinion ont montré que Le Pen et Mélenchon sont depuis plusieurs jours dans une dynamique de progression, ce qui réduit substantiellement l’écart avec le président sortant, entré tardivement en campagne.
Mais l’abstention et le fait, toujours selon les sondages, qu’une part importante de l’électorat n’est pas sûre de son choix semblent laisser les jeux ouverts.
Sur les 12, j’en avais sélectionné 4 hier soir, et je me suis décidée ce matin, explique Françoise Reynaud, 55 ans, électrice marseillaise.
Derrière ce trio, les autres candidats paraissent décrochés, notamment la prétendante de la droite traditionnelle Valérie Pécresse et l’autre candidat d’extrême droite, Éric Zemmour.
Emmanuel Macron a voté au Touquet, dans le nord de la France. Photo: Pool/AFP via Getty Images/ Thibault Camus
Pour le deuxième tour, les sondages donnent M. Macron vainqueur, mais avec une très courte avance sur Mme Le Pen, dont la victoire n’est toutefois pas exclue, ce qui constituerait une double première en France, avec l’arrivée d’une femme et de l’extrême droite au pouvoir.
Ce premier tour clôture plusieurs mois d’une campagne dont les grands enjeux, en particulier le dérèglement climatique, ont été absents. Le pouvoir d’achat s’est inscrit comme la principale préoccupation des électeurs, d’autant que la guerre en Ukraine a provoqué une inflation notable.
Mme Le Pen a depuis le début axé sa campagne sur ce thème, de même que M. Mélenchon, dont la formation appelle les électeurs de gauche au vote utile en sa faveur plutôt qu’au profit des nombreux autres candidats de gauche, comme l’écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo ou le communiste Fabien Roussel.
Face à la possibilité d’une victoire de l’extrême droite, certains candidats ont déjà annoncé la position qu’ils adopteront, comme Fabien Roussel, qui fera barrage à Mme Le Pen. Valérie Pécresse ne donnera pas de consigne, mais dira pour qui elle votera.
Dans l’entourage du président, on admet que le réflexe du front républicain, dont M. Macron avait bénéficié lors de son élection en 2017, n’est plus une évidence.
Donnée finie après son échec il y a cinq ans, inquiétée par l’irruption du polémiste Éric Zemmour, Mme Le Pen a remonté la pente, allant jusqu’à se présenter, lors d’un dernier rassemblement vendredi, comme représentant la France tranquille face à un chef de l’État agressif et fébrile.
Marine Le Pen, candidate de l’extrême droite, a voté à Hénin-Beaumont, dans le nord de la France. PHOTO : AFP VIA GETTY IMAGES / DENIS CHARLET
Par un effet de vases communicants, la fille et héritière du sulfureux tribun d’extrême droite Jean-Marie Le Pen s’est retrouvée recentrée sur l’échiquier politique par l’irruption d’Éric Zemmour.
M. Macron a quant à lui joué sur son image de commandant en chef accaparé par les crises sanitaire et internationale. Une posture qui l’a d’abord servi, mais qui a ensuite pu le faire apparaître déconnecté des préoccupations quotidiennes des Français. Son image a aussi été compromise par son refus de se livrer à des débats télévisés face à ses adversaires.
Prenant conscience du danger, le président sortant a appelé, à partir de début avril, à la mobilisation contre une extrême droite banalisée, et a affirmé vendredi avoir l’esprit de conquête plutôt que l’esprit de défaite.
Valérie Pécresse recule dans les intentions de vote, selon un sondage Odoxa-Mascaret pour L’Obs publié ce jeudi 17 février, tandis que Marine Le Pen confirme sa deuxième place derrière Emmanuel Macron. Son meeting dimanche à Paris, où elle a semblé peu à l’aise et a déroulé son discours d’un ton forcé, semble coûter cher : Valérie Pécresse tombe à 12 %, soit 7 points de moins qu’en décembre, après son investiture par LR.
Devant elle, Marine Le Pen consolide sa place de rival principal d’Emmanuel Macron pour le second tour avec 18 %, en légère hausse (+ 1 point) sur deux mois. Le chef de l’État, qui ne s’est toujours pas déclaré candidat à sa réélection, reste largement en tête avec 24,5 % (+ 0,5 point) à ce stade. En troisième position, le candidat Reconquête ! Éric Zemmour remonte lui aussi légèrement, recueillant 14 % des intentions de vote (+ 2 points), selon ce sondage.
À gauche, Jean-Luc Mélenchon (11 %) talonne Valérie Pécresse et resterait l’unique candidat de gauche à plus de 10 % face à des concurrents éparpillés : l’écologiste Yannick Jadot recueille 5 %, le communiste Fabien Roussel 4,5 %, Christiane Taubira 3 % et la socialiste Anne Hidalgo 2 %. Au second tour, Emmanuel Macron l’emporterait dans toutes les configurations testées : face à Le Pen (56 %-44 %), Pécresse (59 %-41 %) et Zemmour (66 %-34 %).
Échantillon représentatif
Sondage réalisé du 15 au 16 février auprès d’un échantillon représentatif de 2 010 Français âgés de 18 ans et plus, dont 1 799 inscrits sur les listes électorales, selon la méthode des quotas. Les intentions de vote qui figurent dans ce rapport sont établies auprès des personnes inscrites comptant aller voter et ayant exprimé une intention de vote, soit 1 357 individus au premier tour et entre 995 et 1 103 individus selon l’hypothèse de second tour. Marge d’erreur de 1,2 à 3,1 points selon le score visé. Les intentions de vote ne constituent pas une prévision du résultat du scrutin. Elles donnent une indication des rapports de force et des dynamiques au jour de la réalisation du sondage.
Dans le même temps, le Menhir a jugé « regrettable » les hésitations de Marion Maréchal sur la question de rejoindre la campagne de l’ancien polémiste.
Jean-Marie Le Pen assure qu’il soutiendra sa fille Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle, sans se départir d’une certaine « sympathie » pour Éric Zemmour. « Bien sûr, je soutiens ma fille qui est la candidate du Rassemblement national. C’est assez naturel », a-t-il déclaré sur LCI avant de rencontrer Marine Le Pen, confrontée à des défections dans son camp au profit de Zemmour et des hésitations de sa propre nièce Marion Maréchal.
Même s’il n’est « pas engagé dans la campagne électorale proprement dite », Jean-Marie Le Pen, 93 ans, a confié ses sentiments envers l’ancien polémiste : « J’ai de la sympathie pour Éric (Zemmour). Il n’y a pas de problème. » Concernant les derniers ralliements à Éric Zemmour, le fondateur du Front national (devenu RN) a minimisé ces mouvements : « La trahison est une habitude dans la politique. »
« Brutal »
Jean-Marie Le Pen est ensuite revenu sur les hésitations de Marion Maréchal : « Ça arrive que des gens aient des opinions divergentes. C’est regrettable que cela soit dans le cours de la campagne électorale et je comprends que Marine Le Pen en soit choquée quand même. Les passions l’emportent sur la raison », a-t-il souri. Marion Maréchal avait indiqué jeudi soir au Parisien : « Je réfléchis, aucune décision n’est prise », mais « si je soutiens Éric (Zemmour), ce n’est pas juste pour passer une tête et dire coucou. » Le lendemain, Marine Le Pen avait jugé cela « brutal, violent », en insistant sur « l’aspect personnel » de leur relation et en assurant être « mieux placée » à l’extrême droite pour gagner.
Les ralliements à droite sont à l’ordre du jour de la campagne présidentielle samedi, Valérie Pécresse (LR) se voyant adoubée par deux petits partis centristes, tandis qu’Eric Zemmour (Reconquête) chipe de nouveaux soutiens à Marine Le Pen (RN), attisant leur lutte sans merci.
A gauche, Anne Hidalgo (PS), éprouvée par les mauvais sondages et le feuilleton des primaires, poursuit vaille que vaille avec un meeting à Aubervilliers, dans la banlieue nord-est de Paris.
Tandis que le monde politique spécule sur la date de sa déclaration de candidature, Emmanuel Macron continue de faire la course en tête dans les sondages.
Le président sortant obtiendrait 25 % au premier tour si celui-ci avait lieu dimanche, devant Valérie Pécresse (LR) et Marine Le Pen (RN) à égalité à 15,5 %, selon une enquête Ipsos-Sopra Steria samedi pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et le Cevipof auprès de plus de 12.500 personnes.
Au second tour, le quasi-candidat l’emporterait avec 54 % des voix face à Mme Pécresse (46 %), et 57 % contre Mme Le Pen (43 %).
Eric Zemmour (Reconquête), donné à 13 % au premier tour, fait campagne samedi à Cannes (Alpes-Maritimes), sur des terres qui lui sont a priori favorables.
Il a déambulé pendant deux heures sans incident dans la ville, entouré d’une cohue de supporters.
« On trinque au rassemblement du peuple de droite qui a été artificiellement divisé depuis 40 ans. On va le rassembler, et justement je suis là pour ça », a lancé l’ex-éditorialiste d’extrême droite dans un café.
Collard avec Zemmour
Eric Zemmour, qui avait envisagé une balade sur une île face à Cannes, doit finalement plutôt, selon son entourage, enchaîner avec des rencontres avec des élus. Et en fin de journée, il espère réunir 4.000 personnes dans un meeting où il affichera sa dernière prise, le médiatique eurodéputé RN Gilbert Collard.
Le camp Le Pen affecte pour l’instant de prendre de haut ce nouveau ralliement d’un responsable RN, après ceux de l’eurodéputé Jérôme Rivière et de l’ancien identitaire Damien Rieu.
Le maire RN de Perpignan Louis Aliot, l’un des vice-présidents du parti, a ainsi fustigé sur Twitter « les égos (qui) surchauffent et les trahisons ». De nombreux élus et militants RN postent aussi des photos de Marine Le Pen avec le mot-dièse #fidelite.
L’enjeu est d’autant plus brûlant à l’extrême droite que selon Ipsos-Sopra Steria, les sondés attirés par la candidature de Marine Le Pen sont 51 % à choisir Eric Zemmour en second choix, et ceux tentés par M. Zemmour sont 37 % à placer la candidate RN en second choix.
Samedi nettement plus serein pour la candidate des Républicains Valérie Pécresse, qui met en scène le soutien de son aile centriste, après avoir consolidé son côté droit la veille en affichant ses retrouvailles avec Laurent Wauquiez.
« Mon projet est de droite, il est de rupture, mais il est 100 % compatible avec vos valeurs », a assuré la candidate LR devant le petit parti Les Centristes, dont le président Hervé Morin fait déjà partie de son équipe de campagne.
La candidate LR est ensuite attendue au Conseil national de l’UDI. Le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, l’a appelée vendredi à « réunir la droite et le centre et aller chercher les électeurs qui votent Macron »
Plombée par les sondages – 3,5 % des intentions de vote pour Ipsos-Sopra Steria -, la socialiste Anne Hidalgo espère réunir un millier de personnes à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), comme à ses deux meetings précédents, à Lille et Perpignan.
La maire de Paris doit décliner son programme présenté il y a quelques jours, fort de 70 propositions pour répondre à « l’urgence sociale, l’urgence climatique et l’urgence démocratique », présenté il y a plus d’une semaine à Paris. Elle sera entourée d’une partie de son équipe de campagne, dévoilée jeudi.
Mme Hidalgo a répété une nouvelle fois vendredi qu’elle ne tiendrait « aucun compte » du résultat de la primaire populaire, une initiative citoyenne visant à départager les candidats de gauche, qui doit dévoiler dimanche soir le nombre définitif de personnes inscrites pour y voter, du 27 au 30 janvier. Ils revendiquaient déjà vendredi soir 352.000 inscrits.
« Ils peuvent retirer mon nom » de leur liste de candidats, a déclaré la candidate mais la primaire a déjà indiqué qu’elle « proposerait bien les sept noms de candidats » présélectionnés, dont celui d’Anne Hidalgo, et ceux de Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, qui refusent eux aussi d’y participer.
Marine Le Pen a accusé mercredi son rival à l’extrême droite Eric Zemmour de servir de « marchepied » à la candidate de la droite Valérie Pécresse pour le second tour de la présidentielle, avant que celui-ci ne taxe Mme Le Pen « d’Arlette Laguiller de la droite nationale » avec une « candidature de routine ».
« Est-ce qu'(Eric Zemmour) a l’ambition d’être au second tour, ce que je ne crois pas, ou est-ce qu’en réalité il sert de marchepied pour permettre à Valérie Pécresse d’être au second tour à la place de Marine Le Pen ? », a interrogé la candidate du Rassemblement national sur BFMTV et RMC.
« Si Eric Zemmour est là pour faire gagner Valérie Pécresse, alors il faut qu’il l’admette. Valérie Pécresse, c’est son actionnaire majoritaire », a ajouté Mme Le Pen, qui avait dit dimanche préférer « débattre avec le patron (Valérie Pécresse), plutôt qu’avec les sous-fifres » comme Eric Zemmour.
« Il y a une problématique de sincérité derrière cette candidature » d’Eric Zemmour, selon la candidate RN, en référence à des propos tenus par son concurrent sur C8 le 16 décembre, à propos des 500 parrainages nécessaires à une candidature à la présidentielle.
Eric Zemmour avait estimé que « si les LR font cette bêtise tactique » d’empêcher leurs élus de le parrainer, « Mme Le Pen sera à 25 % et Mme Pécresse ne sera pas au second tour ».
Les LR devraient-ils encourager les parrainages en sa faveur ? « S’ils (Les Républicains) étaient malins tactiquement, c’est ce qu’ils feraient », avait ajouté l’ancien éditorialiste.
Depuis, Marine Le Pen accuse la candidate LR de laisser des élus LR parrainer Eric Zemmour pour diviser l’extrême droite.
Eric Zemmour a vertement répondu à Mme Le Pen mercredi soir sur BFM. « Peut-être que Madame Le Pen a l’habitude de ce genre de combines politiciennes, moi, c’est pas mon truc », a-t-il souligné.
« Je n’ai pas vraiment de leçons à recevoir de Madame Le Pen. C’est quand même à cause d’elle et de son débat calamiteux que nous avons eu cinq ans d’Emmanuel Macron. C’était déjà d’ailleurs à cause d’elle, parce qu’elle avait refusé d’appeler à voter pour Nicolas Sarkozy, qu’on avait eu François Hollande », a ajouté le candidat Reconquête !.
« Marine Le Pen ne m’intéresse pas beaucoup, c’est une candidature de routine. Elle était là la dernière fois, elle était là l’avant-dernière fois, elle sera là la prochaine fois », a-t-il poursuivi.
« J’ai une pensée émue pour les électeurs du Rassemblement national. Est-ce qu’ils sont prêts à perdre avec Marine Le Pen en 2032 ? C’est un peu notre Arlette Laguiller de la droite nationale », a-t-il lancé, dans un parallèle avec l’ancienne porte-parole de Lutte ouvrière à l’extrême gauche, six fois candidate à l’élection présidentielle de 1974 à celle de 2007, un record.
Du côté de Valérie Pécresse, son directeur de la communication Geoffroy Didier a affirmé dimanche que les maires LR qui donneraient leur parrainage à Eric Zemmour « s’excluraient d’eux-mêmes » du parti mais qu’ils restaient « libres de leurs choix » et qu' »aucune consigne n’est donnée » par LR.
La candidate RN à l’élection présidentielle Marine Le Pen a accusé vendredi Emmanuel Macron d’être « un pyromane », tandis qu’Eric Zemmour trouve la situation « ridicule, puérile et cynique » après les propos du président sur les non-vaccinés.
« Avoir un pyromane qui vient faire sauter le débat en quelque sorte avec des propos qui sont d’une très grande violence ne m’apparaît pas susceptible d’améliorer les solutions pour sortir de la crise sanitaire », a déploré devant les journalistes la députée du Pas-de-Calais, sur les terres du maire Robert Ménard, qui doit lui apporter son parrainage.
« Quand on est face à une crise, quelle qu’elle soit, ce qu’il faut rechercher c’est l’unité du pays, c’est dans l’unité du pays qu’on résout les crises ( ?) et pas dans la division », a-t-elle ajouté.
« Est-ce qu’Emmanuel Macron se sert de la crise sanitaire pour entrer en campagne ? La réponse est oui, c’est un ton de candidat » qu’il a adopté dans son interview au Parisien, a-t-elle estimé.
« Est-ce que c’est utile ? La réponse est non. Est-ce que c’est efficace ? La réponse est non », a jugé la candidate du RN.
Eric Zemmour, en campagne à Châteaudun (Eure-et-Loir) a accusé le président de se faire « le champion des vaccinés », mettant ses opposants dans le camp des non vaccinés. « C’est ridicule, puéril et cynique », a-t-il déclaré.
Selon le candidat d’extrême droite, Emmanuel Macron « veut voler l’élection aux Français » en ne parlant que de la pandémie: « Je veux parler de la France aux Français […]. Je ne veux pas passer trois mois à parler du Covid ».
Vendredi, Emmanuel Macron a affirmé assumer « totalement » ses propos controversés de mardi sur les non-vaccinés, qu’il avait dit avoir envie « d’emmerder ».
A propos de la candidate LR Valérie Pécresse qui a promis jeudi de « ressortir le Kärcher » pour « nettoyer les quartiers », Marine Le Pen a affirmé qu’il s’agissait d’un « argument extrêmement faible » qui « met la lumière » sur les « promesses non tenues » du gouvernement auquel elle a participé.
« Elle pioche un peu chez nous, un peu chez Nicolas Sarkozy, elle n’a pas une pensée personnelle », a ajouté Mme Le Pen, en disant aussi son désaccord avec elle sur le rôle de l’armée qui « n’est pas faite pour rétablir l’ordre dans les banlieues ».