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Ukraine: Malgré l’obstination des derniers résistants, Poutine revendique un « succès » à Marioupol

avril 21, 2022

Des soldats de la république autoproclamée de Donetsk, en patrouille dans Marioupol, mardi. Les combattants de cette république reconnue par Moscou prêtent main forte aux soldats russes dans la ville portuaire. Photo: La Presse Canadienne/AP/Alexei Alexandrov

Le président russe Vladimir Poutine a revendiqué jeudi le « succès » des troupes russes dans la ville portuaire stratégique de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, et ordonné le siège des derniers combattants retranchés dans l’énorme complexe métallurgique d’Azovstal.

L’achèvement des travaux de combat pour libérer Marioupol est un succès, a déclaré le maître du Kremlin lors d’une rencontre télévisée avec son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Mettre sous contrôle un centre aussi important dans le sud que Marioupol est un succès.

M. Poutine a ordonné par la même occasion aux troupes russes de ne pas lancer un assaut sur le complexe d’Azovstal, où sont retranchés 2000 militaires ukrainiens et environ 1000 civils, selon ce qu’a déclaré jeudi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, mais de l’assiéger.

Le président russe Vladimir Poutine, lors d’une rencontre télévisée avec son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou. Photo : Reuters/Kremelin/Service de Presse de la Présidence Russe

Le ministre Choïgou a lui aussi estimé que 2000 combattants ukrainiens demeurent terrés à Azovstal, qui est doté d’un important réseau de tunnels souterrains. Il n’a toutefois pas évoqué publiquement la présence de civils.

« Je considère que l’assaut proposé de la zone industrielle n’est pas approprié. J’ordonne de l’annuler. Il faut penser (…) à la vie et à la santé de nos soldats et de nos officiers, il ne faut pas pénétrer dans ces catacombes, et ramper sous terre. Bloquez toute cette zone de manière à ce que pas une mouche ne passe. »— Une citation de  Vladimir Poutine, président de la Russie

M. Poutine a par ailleurs promis la vie sauve à ceux qui se rendront. Proposez une fois de plus à tous ceux qui n’ont pas déposé les armes de le faire, la partie russe leur garantit la vie sauve et d’être traité avec dignité, a-t-il affirmé.

Outre les civils, les deux dernières unités combattantes à Marioupol terrées dans les abris antibombes d’Azovstal sont le 36e bataillon de l’armée ukrainienne et le bataillon Azov, qui a été fondé par un dirigeant à l’idéologie néonazie avant d’être intégré à la garde nationale ukrainienne.

La semaine dernière, Moscou a annoncé que 1026 militaires ukrainiens de la 36 ebrigade marine s’étaient rendus à Marioupol. Ils se trouvaient cependant dans la zone de l’usine métallurgique Ilitch, située au nord du complexe d’Azovstal.

De la fumée s’échappant du complexe métallurgique Azovstal était visible lundi depuis un stationnement de l’usine d’Ilitch, située plus au nord. Photo : AP/Alexei Alexandrov

Un aveu d’échec, selon Kiev

Dans la foulée des déclarations de M. Poutine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reconnu que les forces russes contrôlent l’essentiel de Marioupol, mais a souligné que les derniers défenseurs de la ville s’y trouvent toujours.

Un conseiller du président Zelensky, Oleksiy Arestovych, a pour sa part estimé que l’annonce de Moscou prouve essentiellement que les Russes ne sont pas en mesure de prendre le contrôle du complexe métallurgique d’Azovstal par les armes.

Ils ne peuvent pas prendre Azovstal physiquement, ils l’ont compris, ils ont subi d’importantes pertes là-bas. Nos défenseurs continuent de le tenir, a-t-il déclaré.

« Ça peut aussi s’expliquer par le fait qu’ils ont déplacé une partie de leurs forces [de Marioupol] vers le nord pour renforcer les troupes qui tentent de remplir leurs objectifs […] d’avancer jusqu’aux frontières administratives des régions de Donetsk et Louhansk. »— Une citation de  Oleksiy Arestovych, conseiller du président de l’Ukraine

À Washington, le président américain Joe Biden a mis en doute les propos du président Poutine. Il est contestable qu’il contrôle Marioupol, a-t-il déclaré en marge d’une annonce sur une nouvelle aide militaire à l’UkraineIl n’y a encore aucune preuve que Marioupol soit complètement perdue.

Un convoi militaire russe.

RDI Matin

Poutine ordonne un siège plutôt qu’un assaut à l’usine Azovstal de Marioupol

Le président russe Vladimir Poutine a demandé à son armée d’assiéger le complexe industriel d’Azovstal, où sont retranchés les derniers combattants de Marioupol, plutôt que de l’attaquer. Les précisions de Mariève Bégin. Photo : Reuters

Dans un message publié tôt jeudi sur Telegram, le commandant adjoint du bataillon Azov, Sviatoslav Palamar, a assuré que les deux bataillons n’acceptaient pas les conditions de la Fédération de Russie concernant la remise des armes et la capture de nos défenseurs.

Il a appelé le monde civilisé à leur offrir des garanties de sécuritéNous sommes prêts à quitter Marioupol avec l’aide d’un tiers, munis d’armes, afin de sauver les personnes qui nous ont été confiées, a-t-il déclaré.

Le commandant de la 36e brigade, Serguiy Volina, a aussi assuré plus tôt cette semaine que ses troupes n’allaient « pas déposer les armes » et a demandé aux dirigeants occidentaux d’utiliser la procédure d’extraction et de nous emmener sur le territoire d’un pays tiers.

Cette image satellitaire fournie par la firme américaine Maxar Technologies montre le complexe industriel d’Azovstal, à Marioupol, en date du 9 avril. Photo: Reuters/Maxar Technologies

Marioupol, ville portuaire du sud-est de l’Ukraine, est le théâtre d’une des principales batailles de la guerre déclenchée par l’invasion russe du 24 février. Elle a été bombardée et assiégée depuis les premiers jours de l’invasion russe en Ukraine.

Les autorités municipales légitimes avancent que plus de 20 000 personnes y ont déjà perdu la vie et que 90 % de la ville a été détruite. Ces chiffres ne peuvent être vérifié de source indépendante.

Marioupol revêt une grande importance pour la Russie, qui souhaite s’en emparer pour assurer une continuité territoriale entre les républiques autoproclamées de Donetsk et Louhansk, dont Moscou a reconnu l’indépendance, et la Crimée, territoire ukrainien qu’elle a annexé en 2014.

Kiev réclame un nouveau couloir humanitaire

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a appelé jeudi à l’instauration d’un couloir humanitaire d’urgence pour évacuer les civils réfugiés en grand nombre dans le complexe d’Azovstal. Ils ne font pas confiance aux troupes russes), a-t-il écrit sur son compte Twitter.

La vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk avait fait une demande similaire un peu plus tôt. Il y a environ 1000 civils et 500 soldats blessés. Ils doivent quitter Azovstal aujourd’hui, a-t-elle affirmé sur le réseau social Telegram.

Plus tôt en matinée, elle avait affirmé que seulement quatre autobus ont pu quitter Marioupol mercredi. Les efforts pour évacuer des civils se poursuivront jeudi, a-t-elle indiqué, avertissant que la situation en matière de sécurité restait difficile.

Un homme promenait son chien mardi dans un des secteurs lourdement endommagés de Marioupol. Photo : La Presse Canadienne/AP/Alexei Alexandrov

L’Agence France-Presse rapporte pour sa part que trois autobus transportant des femmes et des enfants sont arrivés jeudi à Zaporijia, mais ne pouvait dire avec certitude qu’ils faisaient partie du convoi ayant quitté la ville portuaire la veille.

Parcourir les 200 kilomètres entre le port assiégé et Zaporijia peut prendre plusieurs jours en raison des innombrables points de contrôle routiers établis par les troupes russes.

Le président Zelensky a pour sa part réitéré que l’Ukraine offre de remettre à Moscou des prisonniers de guerre en échange de la libération de civils de Marioupol. Selon lui, 120 000 civils vivent toujours dans la ville, qui en comptait au moins 400 000 avant le début de la guerre.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse et Reuters

Ukraine: Aucun signe de reddition à Marioupol après l’expiration d’un nouveau délai fixé par Moscou

avril 20, 2022

« Nous n’allons pas déposer nos armes », assure le commandant de la 36e brigade de la marine nationale, retranchée dans l’usine d’Azovstal avec les derniers défenseurs de la ville.

Un résident de Marioupol marche devant des immeubles à logements détruits, le 19 avril. Photo : Reuters/Alexander Ermochenko

La plus récent délai fixé par Moscou pour la reddition complète des derniers combattants ukrainiens retranchés dans un complexe métallurgique de Marioupol a expiré mercredi sans qu’aucun signe d’une capitulation massive ne soit détecté. L’ultimatum du ministère russe de la Défense expirait à 14 h, heure locale (7 h, HNE).

Plus tôt en matinée, les autorités de la république séparatiste autoproclamée de Donetsk, qui appuient militairement les forces russes à Marioupol, avaient annoncé dans un communiqué que cinq militaires ukrainiens ont déposé les armes et ont quitté de leur propre gré l’usine d’Azovstal.

L’absence de reddition, si elle se confirme dans les prochaines heures, ne serait guère étonnante. Dans une entrevue accordée au Washington Post, le commandant de la 36e brigade de la marine nationale, retranchée dans l’usine d’Azovstal, a assuré que ses troupes ne vont pas déposer les armes.

Pas question de profiter d’un couloir de sécurité offert par l’armée russe, a-t-il ajouté, en soulignant que ceux qui ont fait l’erreur de faire confiance aux Russes se sont fait tirer dessus. Personne ne croit les Russes, a-t-il laissé tomber.

Nous vivons peut-être nos derniers jours, voire nos dernières heures, a aussi affirmé le major Serguiy Volina dans une vidéo aux accents tragiques transmise à plusieurs grands médias internationaux. L’ennemi est 10 fois plus nombreux que nous.

« Nous appelons et supplions tous les dirigeants du monde de nous aider. Nous leur demandons d’utiliser la procédure d’extraction et de nous emmener sur le territoire d’un pays tiers. »— Une citation de  Serguiy Volina, commandant de la 36ebrigade de la marine nationale

En entrevue au Post, le major Volina s’est plus directement adressé directement au président américain Joe Biden, en lui demandant d’intervenir pour mettre un terme au calvaire de ses troupes, qui se trouvent dans une situation qu’il a qualifiée de tragique et critique.

Nous espérons beaucoup que le président Biden nous entendra et aidera à résoudre notre situation. Nous croyons qu’il est l’une des rares personnes qui peut vraiment influencer et résoudre la situation rapidement, a-t-il lancé à l’intention du chef d’État américain.

Le major Volina a confirmé par la même occasion que des centaines de civils, dont des femmes et des enfants, ont trouvé refuge dans le réseau de tunnels qui se trouve sous les installations d’Azovstal, où ils vivent dans des conditions exécrables. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky estime qu’ils sont un millier.

Les derniers combattants ukrainiens sont retranchés dans le complexe métallurgique Azovstal (en arrière-plan), l’un des plus grands du genre en Europe. Photo: Reuters/Alexander Ermochenko

Il a refusé de dire combien de combattants étaient retranchés à Azovstal. Outre ses propres combattants, l’usine abrite des membres du bataillon Azov, dont des dirigeants sont d’allégeance néonazie, des membres de la garde nationale ukrainienne, des gardes-frontières et des policiers, a-t-il dit.

Le major Volina a cependant affirmé que 500 personnes, incluant des civils et des combattants, sont blessés, et vivent dans le sous-sol du complexe, sans accès à des médicaments.

Malgré les bombardements incessants de l’armée russe, le moral des soldats reste bon. Nous sauvons l’eau ensemble, nous nous soutenons, nous tentons de nous aider le plus possible. Tout le monde est prêt à continuer, a-t-il dit.

« Nous sommes conscients de tout, et nous comprenons tout, calmement, et nous continuons à nous acquitter de nos missions de combat.  »— Une citation de  Serguiy Volina, commandant de la 36ebrigade de la marine nationale

La semaine dernière, Moscou a annoncé que 1026 militaires ukrainiens de la 36e brigade marine s’étaient rendus à Marioupol. Ils se trouvaient cependant dans la zone de l’usine métallurgique Ilitch, située au nord du complexe d’Azovstal.

Selon les médias russes, deux citoyens britanniques, Aiden Aslin et Shaun Pinner, se trouvaient parmi eux. Les deux hommes sont apparus lundi dans des enregistrements présentés comme des interviews et diffusés par la télévision publique russe, au grand dam de la famille de M. Aslin.

La vidéo d’Aiden parlant sous la contrainte et ayant clairement subi des blessures physiques est profondément éprouvante. Utiliser des images et des vidéos de prisonniers de guerre est contraire à la Convention de Genève et doit cesser, indique-t-elle dans une déclaration relayée sur Twitter par un député britannique.

J’espère qu’il a été traité avec attention et compassion a quant à lui déclaré le premier ministre britannique Boris Johnson, qui a souligné que sa situation était très différente de celle d’un mercenaire, puisque le jeune homme servait dans l’armée ukrainienne depuis un certain temps.

Un secouriste travaille à proximité d’immeubles lourdement endommagés de Marioupol, en Ukraine, le 19 avril 2022. Photo: Reuters/Alexander Ermochenko

Nouvelle tentative d’évacuations de civils

Les autorités municipales légitimes de Marioupol estiment qu’environ 100 000 habitants sont toujours coincés dans la ville, mais un nouvel espoir qu’une partie d’entre eux puissent être évacués a été ravivé lundi, après que la vice-première ministre ukrainienne eut annoncé une entente avec Moscou à ce sujet.

Dans un message publié sur Telegram, Iryna Verechtchouk a annoncé qu’un accord préliminaire pour ouvrir un couloir humanitaire pour que les femmes, les enfants et les personnes âgées quittent Marioupol en direction de Zaporijia, qui est contrôlée par l’Ukraine.

Des résidents de Marioupol marchent devant un immeuble détruit en transportant des effets personnels dans des valises, mardi, à Marioupol. Photo: Reuters/Alexander Ermochenko

Le maire Vadym Boïchenko, qui n’est plus à Marioupol, a dit espérer que 6000 résidents profitent de ce couloir à bord des quelques 90 autobus dépêchés dans la ville, assiégée depuis maintenant plus de 50 jours par l’armée russe et des combattants prorusses.

« N’ayez pas peur et évacuez vers Zaporijia, où vous pourrez recevoir toute l’aide dont vous avez besoin – nourriture, médicaments, produits de première nécessité – et le principal est que vous serez en sécurité. »— Une citation de  Vadym Boïchenko, maire de Marioupol

Selon deux témoins de l’agence Reuters, des dizaines de civils ont été vus embarquant dans un petit convoi d’autobus qui a quitté Marioupol à partir d’un point d’embarquement prévu au préalable. L’information n’a pas été confirmée par les autorités ukrainiennes.

Le voyage de 200 kilomètres entre Marioupol et Zaporijia prend parfois plusieurs jours, avec plus d’une dizaine de points de contrôle russes à franchir.

Un résident de Marioupol installe de la marchandise à vendre, lundi, près d’un marché local. Photo: Reuters/Alexander Ermochenko

Aucun couloir d’évacuation n’avait été mis en place en Ukraine depuis samedi, faute d’accord avec les Russes qui ont intensifié ces derniers jours leurs frappes dans l’est de l’Ukraine. La dernière évacuation réussie de civils remonte au 5 mars.

La confiance entre les parties est pour le moins fragile. En entrevue à Sky News, le maire adjoint de Marioupol, Sergei Orlov, a déclaré ne croire aucun mot de la Russie. Ce serait bien s’ils autorisaient des civils à quitter le complexe industriel Azovstal, mais ils ne l’ont pas fait pendant 50 jours. Pourquoi le feraient-ils maintenant?

Environ 300 000 Ukrainiens ont été évacués par des couloirs humanitaires depuis le début de la guerre le 24 février, selon un chiffre communiqué par le ministère ukrainien de la Réintégration.

Depuis le début de la guerre, le gouvernement ukrainien a proposé plus de 340 couloirs humanitaires. Les occupants (russes) en ont accepté environ 300 et de facto 176 ont véritablement fonctionné, a précisé le ministère. Il accuse les Russes d’avoir violé le cessez-le-feu ou bloqué les cars d’évacuation à plusieurs reprises, ce que rejette Moscou.

Selon les autorités municipales de Marioupol, plus de 20 000 des quelque 400 000 personnes qui habitaient la ville avant le déclenchement des hostilités seraient mortes en raison de l’offensive russe.

Le président Volodymyr Zelensky dénonce un manque d’armes

Malgré l’annonce par le Canada et les États-Unis d’une nouvelle aide militaire, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé dans un discours mardi soir que si son pays avait eu à sa disposition toutes les armes souhaitées, la guerre avec la Russie serait déjà terminée.

Si nous avions accès à toutes les armes dont nous avons besoin, que nos partenaires possèdent et qui sont comparables aux armes utilisées par la Fédération de Russie, nous aurions déjà mis fin à cette guerre. Nous aurions déjà rétabli la paix et libéré notre territoire des occupants.

Il est injuste que l’Ukraine soit encore obligée de demander ce que ses partenaires ont stocké quelque part depuis des années. S’ils ont les armes dont l’Ukraine a besoin ici et maintenant, s’ils ont les munitions dont nous avons besoin ici et maintenant, il est de leur devoir moral, avant tout, d’aider à protéger la liberté. Aider à sauver la vie de milliers d’Ukrainiens, a-t-il ajouté.

Avec Radio-Canada

Les derniers soldats ukrainiens à Marioupol combattront « jusqu’au bout »

avril 17, 2022

Faute d’accord avec l’armée russe pour mettre fin aux tirs, Kiev a suspendu l’évacuation des civils dans l’est de l’Ukraine.

Assiégée depuis des semaines par les troupes russes, la ville ukrainienne de Marioupol est en ruine. Photo : Getty Images/AFP/Andrey Borodulin

Les derniers combattants ukrainiens à Marioupol ont choisi de faire fi de l’ultimatum de la Russie, qui leur avait donné jusqu’à dimanche en début d’après-midi pour déposer les armes et pour quitter la ville. Un affrontement final se dessine entre les deux camps dans cette localité du Donbass, dont la chute paraît imminente.

Tous ceux qui abandonneront les armes auront la garantie d’avoir la vie sauve. C’est leur seule chance.

C’est en ces termes que le ministère russe de la Défense s’est adressé aux derniers défenseurs de Marioupol, retranchés dans le complexe métallurgique d’Azovstal. Ces combattants ont plutôt décidé de tenir promesse et de se battre jusqu’au bout même si le combat paraît pour eux sans issue.

Selon une récente publication Telegram de la Défense russe, à part cette poignée de résistants, l’entièreté du territoire de la ville de Marioupol a été débarrassée des militants de la formation nazie Azov, des mercenaires étrangers et des militaires ukrainiens.

« La ville n’est pas tombée. Nos forces militaires, nos soldats y sont toujours. Ils combattront jusqu’au bout. »— Une citation de  Denys Chmygal, premier ministre de l’Ukraine, en entrevue à la chaîne américaine ABC

Malgré leur refus de partir, la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a exigé dimanche l’ouverture d’une voie d’évacuation pour les militaires blessés.

Des troupes russes en route pour Marioupol Photo : Reuters

L’état-major ukrainien a déjà signalé des frappes aériennes sur la ville ainsi que des opérations d’assaut près du port.

La Russie et ses supplétifs semblent se préparer à déclarer la victoire dans la bataille de Marioupol, a indiqué l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW).

La prise de cette ville portuaire du sud-est de l’Ukraine, inlassablement pilonnée par les forces russes depuis le début de l’invasion, le 24 février, constituerait un gain considérable pour Moscou.

Elle permettrait en effet à la Russie de consolider ses gains territoriaux le long de la mer d’Azov en reliant la région du Donbass à la Crimée, annexée en 2014.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a prévenu samedi que l’élimination des derniers soldats ukrainiens à Marioupol mettrait fin aux négociations de paix avec Moscou. Il a une fois de plus demandé aux pays occidentaux de fournir des armes lourdes à ses troupes pour qu’elles puissent défendre cette ville où des milliers d’habitants vivent dans des conditions inhumaines.

Il n’y a ni nourriture, ni eau, ni médicaments, a lancé M. Zelensky, qui a aussi accusé les Russes de refuser l’ouverture de couloirs humanitaires.

Selon le directeur général du Programme alimentaire mondial, David Beasley, plus de 100 000 civils sont au bord de la famine à Marioupol.

Deuxième ville en importance au Donbass, Marioupol comptait 441 000 habitants avant l’invasion russe.

La ville de Marioupol a été ravagée par l’offensive russe. Photo: Reuters/Alexander Ermochenko

La vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a annoncé dimanche la suspension des couloirs humanitaires pour l’évacuation des civils dans l’est de l’Ukraine, faute d’accord avec l’armée russe pour mettre fin aux tirs.

Nous n’avons pas réussi à négocier un cessez-le-feu sur les itinéraires d’évacuation avec les occupants. C’est pourquoi, malheureusement, nous n’allons pas ouvrir de couloirs humanitaires aujourd’hui, a indiqué Mme Verechtchouk sur Telegram. Nous ne ménageons aucun effort pour que les couloirs humanitaires soient rouverts le plus rapidement possible.

Afin de soutenir les efforts humanitaires en Ukraine et dans certains pays voisins qui accueillent des réfugiés, l’Union européenne a annoncé l’octroi de 50 millions d’euros supplémentaires.

Toujours debout

En ce 53e jour d’affrontements, le premier ministre ukrainien Denys Chmygal a catégoriquement rejeté les affirmations de Vladimir Poutine selon lesquelles l’armée russe était en train de remporter la guerre.

« Pas une seule grande ville n’est tombée. Seule [la ville de] Kherson est sous contrôle des forces russes, mais toutes les autres villes sont sous contrôle ukrainien. »— Une citation de  Denys Chmygal, premier ministre de l’Ukraine

Selon ses informations, plus de 900 municipalités ukrainiennes, dont Kiev, étaient libres de toute occupation russe.

Nous combattons actuellement dans la région du Donbass et nous n’avons pas l’intention de nous rendre, a-t-il ajouté.

Le premier ministre ukrainien Denys Chmyhal Photo : Reuters

Pour sa part, Volodymyr Zelensky a balayé l’hypothèse selon laquelle il laisserait Moscou s’emparer du Donbass et d’une partie de l’est de l’Ukraine pour arrêter le bain de sang.

L’Ukraine et son peuple sont clairs : nous n’avons aucune revendication sur les territoires de quelqu’un d’autre, mais nous n’allons pas abandonner le nôtre, a-t-il affirmé en entrevue à CNN.

Nouvelles frappes à Kiev

Les forces russes ont poursuivi leurs frappes dans la région Kiev dimanche. Le ministère russe de la Défense a annoncé avoir bombardé un autre complexe militaire situé non loin de la capitale ukrainienne.

Cette fois-ci, c’est une usine de munitions près de Brovary qui a été la cible des missiles russes. Le maire de la localité, Igor Sapojko, a affirmé que certains éléments d’infrastructures ont été touchés au début de la nuit.

Au cours des trois derniers jours, les forces russes ont mené plusieurs frappes sur des usines militaires à Kiev et dans sa région pour venger le naufrage du vaisseau amiral Moskva.

Samedi, une frappe russe avait visé une usine de matériel militaire, où sont notamment construits des chars, dans le district de Darnytsky. L’attaque a fait un mort et plusieurs blessés.

Une voiture fuit l’explosion d’une raffinerie de pétrole à Lyssytchansk. Photo: Reuters/Marko Djurica

Cette même journée, une raffinerie de pétrole en périphérie de la ville de Lyssytchansk, tout près de la ligne de front dans l’est de l’Ukraine, a été la cible de bombardements.

Le ministère russe de la Défense avait aussi affirmé avoir abattu, dans la région d’Odessa, un avion de transport militaire ukrainien qui livrait un important lot d’armes fourni par des pays occidentaux.

Selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre, les Russes ont poursuivi leurs offensives près d’Izyoum et de Popasna ainsi que dans la région de Roubijné et de Severodonetsk.

Du côté de Kharkiv, cinq personnes ont été tuées et 13 autres blessées dimanche dans une série de frappes, selon les services de secours.

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU (HCR) estime que cinq millions de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de la guerre, qui a aussi fait plus de sept millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse

Ukraine: Les autorités prorusses de Marioupol chiffrent les civils morts à 5000

avril 7, 2022

Un homme passe devant un véhicule blindé de transport de troupes brûlé près de bâtiments détruits dans la ville portuaire de Marioupol, dans le sud de l’Ukraine. Photo : Reuters

Dans cette ville en ruines du sud de l’Ukraine qu’ils assiègent avec l’armée russe depuis des semaines, les autorités prorusses ont chiffré les pertes civiles à « environ 5000 personnes ».

Le bilan a été présenté jeudi à l’agence d’État russe TASS par le nouveau maire proclamé la veille par les forces prorusses, Konstantin Ivachtchenko.

Environ 60 % à 70 % du parc de logements ont été détruits ou partiellement détruits et quelque 10 % des logements sont dans un état irréparable, bons à démolir, a-t-il soutenu selon les extraits d’une entrevue dont la publication est prévue pour vendredi.

Konstantin Ivachtchenko assure également que certains cours pourraient reprendre dès ce mois-ci dans l’école, la mieux conservée, malgré l’absence d’électricité.

Il a en outre déclaré que 250 000 personnes avaient quitté la ville, mais qu’au moins autant, voire 300 000 étaient encore sur place.

Ces chiffres contrastent avec le bilan dressé par les autorités ukrainiennes.

L’Ukraine estime plutôt à 100 000 le nombre de personnes encore sur place à Marioupol, où la situation humanitaire est catastrophique.

Il y a plus d’une semaine, la présidence ukrainienne faisait état d’une estimation prudente de 5000 personnes enterrées jusqu’à la mi-mars. Vu l’ampleur de la destruction, le nombre de victimes civiles dont les corps étaient encore coincés sous les décombres pourrait grimper à des dizaines de milliers, prévenait-elle.

Elle ajoutait que la ville était détruite à 90 %.

Un représentant des forces séparatistes prorusses de Donetsk a affirmé qu’il faudrait du temps pour prendre le contrôle de la ville assiégée et a estimé que de 3000 à 3500 militaires ukrainiens combattent dans cette zone et qu’un nombre indéterminé de civils ont pris les armes.

La Russie y a notamment déployé les redoutables unités du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, sans parvenir jusqu’ici à prendre cette cité portuaire.

Sa conquête est stratégique pour Moscou, car elle lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, annexée en 2014, et la région sous contrôle séparatiste et le territoire russe.

La situation à Borodianka bien plus horrible qu’à Boutcha

Les autorités locales évaluent que plus de 200 civils sont morts à Borodianka. Photo : Reuters/Gleb Garanich

Les horreurs de cette guerre se font aussi sentir dans la région de Kiev, où le retrait des troupes russes a laissé des traces de dévastation et de mort.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié la situation à Borodianka, une localité d’environ 13 000 habitants au nord-ouest de la capitale, de bien plus horrible qu’à Boutcha, où des civils ont été massacrésIl y a plus de victimes, a-t-il soutenu dans un message vidéo publié jeudi. Chaque crime sera élucidé et chaque bourreau sera retrouvé, a-t-il promis.

Les journalistes qui ont eu accès à Borodianka ont fait état d’une ville éviscérée par des bombardements russes d’une rare intensité.

La procureure générale d’Ukraine, Iryna Venediktova, a pour sa part annoncé sur Facebook que les secouristes avaient extirpé 26 corps dans les décombres de deux immeubles d’habitation.

Il est difficile de prévoir combien il va y avoir de morts recensés au total, a-t-elle prévenu, précisant que la ville était la plus détruite de la région de Kiev.

L’ennemi a traîtreusement bombardé les infrastructures résidentielles le soir, quand il y avait un maximum de gens chez eux, a assuré Mme Venediktova.

Seule la population civile a été visée : il n’y a aucun site militaire, a-t-elle écrit. Elle accuse les Russes d’avoir utilisé des bombes à sous-munitions et des lance-roquettes multiples lourds qui apportent la mort et la destruction.

Le recours à des bombes à sous-munitions est interdit par la Convention d’Oslo.

« Il y a des preuves des crimes de guerre des forces russes à chaque tournant. »— Une citation de  Iryna Venediktova, procureure générale d’Ukraine

Elle a en outre accusé les soldats russes de s’être livrés à des meurtres, des tortures et des passages à tabac de civils, ainsi qu’à des viols, et a souligné que les forces de l’ordre recueillaient des preuves pour les tribunaux locaux et internationaux.

L’Ukraine et les pays occidentaux ont d’ailleurs accusé les militaires russes de crimes de guerre après la découverte de dizaines de cadavres, apparemment de civils souvent tués par balles, dans les rues de Boutcha.

Ces images-chocs ont précipité la démarche de Washington de faire suspendre la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. L’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution en ce sens plus tôt aujourd’hui.

Par ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite en mesure de confirmer 103 attaques contre les services de santé, dont 89 ont visé des établissements de santé, le reste ciblant essentiellement des services de transport, comme des ambulances.

Lors d’une conférence de presse, le chef de l’Organisation mondiale de la santéOMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fait état d’un bilan sombre de 73 personnes tuées et 51 autres blessées, dont des agents de santé et des patients.

Nous sommes scandalisés par la poursuite des attaques contre les services de santé, a-t-il dit, déplorant une violation du droit humanitaire international.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse

Ukraine: Les bombes russes pleuvent le long de la ligne de front dans la région de Louhansk

avril 6, 2022

Le Comité international de la Croix-Rouge confirme que 500 résidents de la ville assiégée de Marioupol ont réussi à fuir la ville vers Zaporijia.

Des secouristes ukrainiens viennent en aide à une résidente de Roubijne ensevelie sous des décombres, mercredi, après des bombardements russes. La femme a survécu. Photo : Reuters/Service d’Urgence de L’Ukraine

L’offensive russe bat son plein dans la région de Louhansk, dans l’est de l’Ukraine, où d’intenses bombardements sont signalés mercredi à Severodonetsk et à Roubijne, deux villes situées sur la ligne de front.

Selon des journalistes de l’AFP, des obus et des roquettes s’abattent à intervalles réguliers sur Severodonetsk, la ville la plus à l’est contrôlée par l’armée ukrainienne.

Une dizaine de gratte-ciel étaient en feu en milieu d’après-midi, a annoncé le gouverneur de Louhansk, Sergueiï Gaïdaï, dans une publication en ligne, en précisant ne pouvoir avancer de bilan.

Severodonetsk, qui comptait 100 000 habitants avant le début de la guerre, est le siège de l’administration régionale depuis que la ville de Louhansk est tombée aux mains de séparatistes prorusses en 2014.

Mardi, un convoi humanitaire de l’ONU composé de huit camions a atteint Severodonetsk, apportant des rations alimentaires, de la farine et des couvertures pour quelque 17 000 personnes, et quatre générateurs électriques pour les hôpitaux de la ville.

« L’est de l’Ukraine continue de subir l’intensification des combats, avec des milliers de personnes privées de gaz et d’eau, et des habitations touchées à plusieurs reprises par des frappes à Severodonetsk. »— Une citation de  Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU

Roubijne contrôlée à 60 % par l’armée russe

À Roubijne, une ville d’environ 60 000 habitants située tout juste au nord-ouest de Severodonetsk, d’importants bombardements ont aussi eu lieu depuis 24 heures, selon le gouverneur Gaïdaï.

Mardi, une personne a été tuée mardi et cinq ont été blessées dans un bombardement sur Roubijne, et sept autres extraites des décombres, a-t-il précisé.

60 % de Roubijne est contrôlée par les Russes , estime maintenant M. Gaïdaï, en accusant un ancien haut responsable de la ville d’avoir collaboré avec l’armée russe.

Le gouverneur de Louhansk a exprimé l’espoir d’évacuer des civils via cinq couloirs humanitaires , en exhortant une fois de plus les habitants de la région à s’en aller tant que c’est sûr .

Nous ferons partir tout le monde si les Russes nous laissent atteindre les points de rassemblement (pour les évacuations). Parce que, comme vous pouvez le voir, ils ne respectent pas toujours les cessez-le-feu , a-t-il écrit sur Telegram.

« Évacuez tant que c’est sûr […]. Tant qu’il y a des bus et trains, profitez de cette possibilité. Hier les Russes ont endommagé les communications ferroviaires […]. C’est encore un signal du danger. Mettez-vous et vos proches en sécurité ». »— Une citation de  Sergueiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Louhansk

À l’ouest de la zone, après avoir capturé il y a quelques jours Izioum, les troupes russes campent à plus d’une vingtaine de kilomètres au nord des villes jumelles de Sloviansk et Kramatorsk.

Le long d’une route reliant Izioum à Sloviansk et Kramatorsk, les forces ukrainiennes se préparent en creusant des tranchées et en disposant des pièces d’artillerie et autres blindés, selon des journalistes de l’AFP.

L’Institute for the Study of War, basé aux États-Unis, estime que Sloviansk sera la prochaine bataille cruciale de la guerre en Ukraine.

500 résidents sauvés de l’enfer de Marioupol

Dans la région de Donetsk, au sud-ouest de Louhansk, l’armée russe continue d’assiéger et de bombarder Marioupol, sur la mer d’Azov, où plus de 100 000 personnes vivent dans des conditions extrêmement précaires.

Le Comité international de la Croix-Rouge a toutefois annoncé sur Twitter qu’une de ses équipes a réussi à escorter plus de 500 résidents ayant fui la ville vers Zaporijia, située au nord-ouest.

Selon une journaliste de l’AFP, le convoi en question était composé de 7 autobus et d’environ 40 véhicules privés.

Le Comité international de la Croix-Rouge a publié mercredi cette photo d’un convoi transportant des résidents de Marioupol qu’une de ses équipes a pu escorter. Photo : Twitter/Comité International de La Croix-Rouge

Le CICR a cependant précisé que ses équipes n’ont pas tenté d’atteindre la ville portuaire de Marioupol, mais que les « conditions de sécurité l’ont rendu impossible ».

Il appert plutôt que les résidents ont quitté Marioupol par leurs propres moyens, avant d’être pris en charge par le CICR à Berdiansk, à l’ouest de ville.

Au nord de Marioupol, deux civils ont été tués et cinq blessés dans le bombardement d’un centre de distribution d’aide humanitaire à Vougledar, selon le gouverneur de la région de Donetsk Pavlo Kirilenko.

L’attaque a eu lieu pendant la distribution d’aide humanitaire, a-t-il indiqué sur Telegram, publiant des photos montrant des corps inertes gisant à l’extérieur d’un bâtiment dont les fenêtres ont été soufflées.

Vougledar, ville de 15 000 habitants, se trouve à 50 kilomètres au sud-ouest de Donetsk, centre industriel d’un million d’habitants tenu depuis 2014 par les séparatistes prorusses.

Le ministère russe de la Défense indique aussi que les forces russes ont détruit avec des missiles cinq dépôts de carburants à Novomoskovsk, Radekhov, Kazatine, Prossianaïa et Mykolaïv.

Selon Moscou, ces dépôts fournissaient les forces ukrainiennes dans les régions de Kharkiv et Mykolaïv, ainsi que dans le Donbass.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse et Reuters

La Russie poursuit son pilonnage de Marioupol, qui refuse de céder

mars 21, 2022

À Kiev, un raid a dévasté un centre commercial, faisant au moins 8 morts et laissant une mer de décombres. Il s’agit de l’une des attaques les plus importantes dans la capitale même, depuis le début de la guerre.

Un prête prie dans les ruines du centre commercial Retroville, où les secouristes continuent de chercher des victimes parmi les décombres, le 21 mars 2022. Photo : AP/Efrem Lukatsky

L’Ukraine a rejeté lundi l’ultimatum du Kremlin exigeant la capitulation de la ville assiégée de Marioupol alors que l’armée russe a intensifié ses bombardements à travers le pays, sans toutefois faire d’avancées majeures.

Les responsables ukrainiens ont rejeté avec défi la demande des Russes en échange d’un passage sûr hors de la ville pour les citoyens qui y sont pris au piège.

Il n’est pas question de parler de reddition ou de déposer les armes. Nous en avons déjà informé la partie russe, a déclaré Iryna Verechtchouk au journal Ukrayinskaya PravdaC’est une manipulation délibérée et une véritable prise d’otages, a-t-elle ajouté à propos de cette sommation.

Le ministère de la Défense russe avait exigé une réponse écrite à son ultimatum avant lundi 5 h au nom de la sauvegarde des habitants et des infrastructures de la ville de Marioupol.

Déposez les armes, avait lancé Mikhaïl Mizintsev, directeur du Centre national russe de gestion de la défense, dans un breffage diffusé par le ministère de la Défense de la Russie. Une terrible catastrophe humanitaire se produit […]. Tous ceux qui déposeront leurs armes auront la garantie de pouvoir quitter Marioupol en toute sécurité.

M. Mizintsev avait proposé deux couloirs humanitaires – l’un vers l’est vers la Russie et l’autre vers l’ouest vers d’autres parties de l’Ukraine. Il n’a pas dit ce que la Russie prévoyait faire si l’offre était rejetée par l’Ukraine.

Les bombes et les missiles pleuvent sur Marioupol depuis le tout début de l’invasion russe. Photo : Reuters/Alexander Ermochenko

Selon la vice-première ministre Iryna Verechtchouk, un accord a été conclu pour la création de huit couloirs humanitaires, mais la ville de Marioupol n’est pas concernée.

Les occupants continuent de se comporter comme des terroristes, a répliqué Mme Verechtchouk sur Telegram. Ils disent qu’ils sont d’accord [pour instaurer un] corridor humanitaire et, le matin, ils bombardent le lieu d’évacuation.

Les efforts destinés à acheminer une aide humanitaire aux quelque 300 000 habitants toujours coincés dans la ville restent eux aussi infructueux, a-t-elle ajouté.

Les Nations unies ont qualifié la situation humanitaire d’extrêmement grave, avec une pénurie critique et potentiellement mortelle de nourriture, d’eau et de médicaments.

Le président ukrainien a par ailleurs indiqué lundi dans une allocution vidéo qu’environ 400 personnes s’étaient mises à l’abri dans l’école de Marioupol qui a été visée par une frappe aérienne russe dimanche. Ils sont sous les décombres, et nous ne savons pas combien d’entre eux ont survécu, a-t-il déclaré.

Les résidents de Marioupol creusent des tombes pour ensevelir leurs concitoyens morts depuis le depuis de l’invasion russe. Photo : Reuters/Alexander Ermochenko

Marioupol, un port stratégique majoritairement russophone du sud-est, a été une des principales cibles des attaques de Moscou. Selon l’administration militaire de la région de Donetsk, où se trouve Marioupol, plus de 80 % des infrastructures de la ville sont endommagées ou détruites. Sur ces 80 %, environ 40 % ne sont pas récupérables.

La chute de Marioupol permettrait aux forces russes du sud et de l’est de l’Ukraine de s’unir. Mais les analystes militaires occidentaux disent que même si la ville est prise, les troupes qui combattent un coin de rue à la fois pour la contrôler pourraient être trop épuisées pour aider à sécuriser les percées russes sur d’autres fronts.

Un premier bombardement à Odessa

À Odessa, ville portuaire du sud-ouest où les habitants se préparent à un assaut depuis des jours, les premières bombes de l’armée russe sont finalement tombées lundi en banlieue de la ville. Ce raid a endommagé des immeubles d’habitation et a causé un incendie sans toutefois faire de victimes, selon les autorités municipales.

Un haut responsable du Pentagone a indiqué lundi, sous couvert de l’anonymat, avoir constaté une hausse de l’activité navale russe dans le nord de la mer Noire.

Les Russes ont un peu plus d’une douzaine de navires de guerre dans cette zone, notamment des navires amphibies, des bâtiments de combat, des démineurs et des patrouilleurs, et nous pensons qu’au moins un des bombardements d’Odessa provient de cette zone, a-t-il expliqué.

Nous pensons qu’il serait faux de conclure que c’est un signe qui montrerait qu’Odessa est sous la menace imminente d’un assaut amphibie, a-t-il cependant précisé.

Tirs de missiles hypersoniques?

Le Pentagone estime que la Russie a lancé plus de 1100 missiles depuis le début de son invasion en Ukraine, mais il n’est pas en mesure de confirmer si elle a bel et bien tiré des missiles hypersoniques. Le Pentagone estime qu’utiliser de tels missiles pour des cibles aussi proches n’a pas beaucoup d’intérêt d’un point de vue militaire.

Un haut responsable suppose que la Russie a peut-être épuisé ses stocks de missiles guidés de précision et doit recourir à cette ressource, ou encore qu’elle cherche à se créer un avantage à la table des négociations. Mais globalement, ce que nous voyons, c’est une tentative désespérée des Russes de reprendre de l’élan, a conclu ce haut responsable.

Manifestation dispersée par des tirs à Kherson

À kherson, l’armée russe a ouvert le feu lors d’une manifestation pour dénoncer l’occupation de la ville.

Des vidéos de médias locaux, Souspilné Novini et Most Kherson, ont fait surface sur les réseaux sociaux montrant des manifestants en train de courir sur la place publique qui fait face à la mairie, tandis qu’on peut entendre des tirs nourris d’arme automatique.

Une autre vidéo montre également l’explosion de ce qui semble être une grenade assourdissante au milieu de la foule.

Cette attaque de l’armée russe aurait fait plusieurs blessés, mais les autorités locales n’ont pas encore confirmé les détails entourant l’incident.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a cependant dénoncé sur Twitter les criminels de guerre russes (qui) ont ouvert le feu sur des gens sans armes qui manifestaient pacifiquement contre les envahisseurs.

Depuis que l’armée russe a pris le contrôle de Kherson, au début du mois de mars, des habitants sont sortis à plusieurs reprises pour dénoncer l’occupation.

C’est la première fois qu’ils sont la cible des troupes russes, qui encadrent généralement ces manifestations en demeurant en retrait. Un vaste rassemblement le 13 mars avait fait l’objet de ce qui semblait être des tirs de sommation.

Un centre commercial de Kiev anéanti

Les forces russes n’ont pas réalisé d’avancées majeures dimanche, selon l’Institute for the study of war, un groupe de réflexion américain. Elles consolident leurs positions défensives et se préparent à déployer davantage de capacités d’artillerie autour de la capitale ukrainienne.

Dans la nuit de dimanche à lundi, l’armée russe y a bombardé un centre commercial, provoquant la mort d’au moins huit personnes, selon un bilan provisoire des autorités.

Quelques heures après l’attaque, des corps de victimes étaient étendus devant le centre commercial Retroville, dans le nord-ouest de Kiev, a constaté un journaliste de l’Agence France-PresseAFP, tandis que les pompiers et les militaires s’affairaient dans les décombres pour rechercher d’autres victimes.

L’attaque sur un centre commercial de Kiev a fait au moins huit morts. Photo : AFP via Getty Images/Aris Messinis

Très puissante, cette frappe a pulvérisé des véhicules et laissé sur le stationnement un cratère béant de plusieurs mètres de large devant un immeuble de dix étages carbonisé et encore fumant. Des débris, des véhicules anéantis et de la ferraille tordue jonchaient les lieux sur des centaines de mètres.

Selon le maire Vitali Klitschko, six immeubles résidentiels, deux écoles et deux garderies à proximité du centre commercial ont également été endommagés.

Cette frappe est l’une des attaques les plus importantes dans Kiev même, depuis le début de la guerre. L’armée russe a déclaré lundi avoir visé ce centre commercial parce qu’il était vacant et qu’il servait de dépôt d’armements et de munitions.

Une batterie de lance-roquettes multiples ukrainiens et une base de stockage de leurs munitions ont été détruites avec des armes de précision à longue portée dans la nuit du 21 mars dans un centre commercial inopérant, a indiqué le ministère russe de la Défense dans son breffage régulier sur l’offensive en Ukraine.

Cette affirmation n’est pas vérifiable de source indépendante.

Le centre commercial Retroville avait été inauguré en 2020, tout juste avant la pandémie de COVID-19. Photo: Reuters/Marko Djurica

M. Klitschko a annoncé un nouveau couvre-feu de lundi soir à mercredi matin, pendant lequel les magasins, les pharmacies et les stations-service resteront fermés.

Il a aussi appelé les habitants à porter des masques et ne pas ouvrir les fenêtres, car à cause des incendies, après des frappes aériennes dans la capitale et la région, une pollution de l’air est observée.

Kiev s’est vidée d’au moins la moitié de ses 3,5 millions d’habitants depuis le début de l’invasion.

Kharkiv, deuxième ville du pays, est quant à elle entourée par les Russes sur ses grands axes et sur plusieurs fronts, mais elle n’est pas encerclée. Les bombardements s’y poursuivent.

Fuite d’ammoniac à Soumy

Dans le nord du pays, le gouverneur régional de Soumy, Dmytro Zhyvytsky, a signalé une fuite d’ammoniac dans les installations de l’entreprise Sumykhimprom, affectant une zone de 2,5 kilomètres autour de l’usine, qui produit des engrais.

L’étendue et la cause de l’incident ne sont pas clairement établies, mais les habitants ont été priés de chercher refuge dans des caves ou des immeubles de faible hauteur pour éviter toute exposition.

Très tôt lundi matin, les secours ukrainiens ont tweeté que l’accident, causé par un bombardement d’origine non précisée, était terminé.

Par ailleurs, à Tchernobyl, une partie du personnel de la centrale nucléaire a enfin pu être remplacée dimanche. L’équipe qui travaillait au moment de l’attaque militaire russe le 24 février était restée en fonction depuis lors sans pouvoir effectuer de rotation.

Ils étaient là depuis beaucoup trop longtemps. J’espère sincèrement que le personnel restant de cette équipe pourra également être remplacé rapidement, a déclaré le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, dans un communiqué.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse, Reuters et BBC

Ukraine: Des combats de rue bloquent les secours à Marioupol

mars 19, 2022

Les secouristes sont à la recherche de survivants dans les ruines d’un théâtre détruit par des frappes aériennes de l’armée russe dans la ville assiégée de Marioupol. Photo : AP

Alors que les opérations de secours se poursuivent difficilement à Marioupol pour sauver des centaines d’habitants, toujours coincés sous les ruines d’un théâtre de la ville, des combats de rue font rage et compliquent davantage les efforts.

Marioupol est l’une des principales cibles des bombardements russes depuis le début de son invasion en Ukraine, lancée le 24 février.

Des combats ont lieu dans les rues du centre de la ville portuaire assiégée, ce qui entrave les efforts de sauvetage des personnes prises au piège sous les décombres d’un théâtre bombardé mercredi par les forces russes, a déclaré Vadym Boychenko, le maire de Marioupol.

Il y a des chars […] , des tirs d’artillerie, et toutes sortes d’armes tirées dans la région, a-t-il ajouté.

Nos forces font tout ce qu’elles peuvent pour maintenir leur position dans la ville, mais les forces de l’ennemi sont malheureusement plus importantes que les nôtres.

Vendredi, les autorités avaient déclaré que 130 personnes avaient été évacuées et que plus de 1000 autres se trouvaient toujours sous les décombres dans l’abri antiaérien du bâtiment.

La Russie a nié avoir bombardé l’édifice, qui avait été clairement identifié comme un abri civil.

Marioupol, ville portuaire stratégique dans le sud-est de l’Ukraine, a été encerclée par les forces russes et environ 300 000 personnes y sont bloquées et sont sans électricité, eau courante et chauffage.

L’eau est devenue une denrée rare à Marioupol. Photo: AP/Alexei Alexandrov

Dmytro Gurin, un député dont les parents sont piégés dans la ville du sud-est, qualifie de médiévales les conditions de vie à Marioupol.

Les gens n’ont plus de nourriture et, plus important encore, d’eau, a déclaré Gurin. Et il y a plusieurs jours, les chars ont commencé à tirer sur des immeubles de neuf étages, de sorte que les gens ne peuvent pas sortir. Les gens restent cloîtrés dans leurs appartements ou sous-sols en pensant s’ils vont mourir dans l’heure qui vient.

Les bombardements ne s’arrêtent jamais et les tirs ne s’arrêtent jamais, a-t-il ajouté. Les avions, ils larguent des centaines de bombes en 24 heures.

Les bombardements russes ont rendu méconnaissable la ville.

D’après les photos que j’ai vues, il n’y a plus de ville. Selon les estimations du bureau du maire, 30 % des bâtiments sont détruits et 50 % sont fortement endommagés. Ma maison est entièrement brûlée, déplore le député.

Depuis des jours les troupes russes assiègent et bombardent Marioupol, dans le sud de l’Ukraine. Photo : AP/Evgeniy Malolekta

Un site militaire bombardé à Mykolaïv fait plusieurs morts

Des dizaines de personnes ont été tuées dans une frappe vendredi contre une caserne militaire à Mykolaïv dans le sud de l’Ukraine, ont raconté samedi des témoins à l’AFP, alors que, là aussi, les opérations de secours se poursuivent.

Pas moins de 200 soldats dormaient dans les baraquements, selon Maxime, un militaire de 22 ans interrogé sur place. Au moins 50 corps ont été extraits, mais on ne sait pas combien il en reste sous les décombres, poursuit le jeune soldat. Evguéniï, un autre militaire sur place, estime que les frappes pourraient avoir fait 100 morts.

Mais, pour le moment, aucune information sur le bilan n’a été publiée par les autorités ukrainiennes.

Les Russes ont lâchement effectué des frappes de missiles contre des soldats qui dormaient. Une opération de secours se poursuit toujours, s’est borné à déclarer samedi matin le gouverneur régional de Mykolaïv Vitaly Kim dans une vidéo publiée sur Facebook.

Mykolaïv et sa région sont le théâtre de violents combats et bombardements russes. La ville est stratégique, car elle constitue le dernier verrou avant la grande cité portuaire d’Odessa.

Les forces russes ont repris vendredi leur assaut sur Kiev en détruisant plusieurs bâtiments dont des écoles. Photo: AP/Rodrigo ABD

Les banlieues nord-ouest de Kiev (Bucha, Hostomel, Irpin et Moshchun) ont également été la cible de tirs samedi. L’administration régionale de Kiev a signalé que la ville de Slavutich au nord de la capitale était complètement isolée et que du matériel militaire russe avait été repéré dans la région au nord-est et à l’est de Kiev.

Radio-Canada avec les informations de BBC, AFP et AP

Ukraine: L’abri antibombe du théâtre de Marioupol a résisté à la frappe russe

mars 17, 2022

Les autorités régionales de la région de Donetsk, qui inclut Marioupol, ont publié mercredi cette photo du théâtre détruit. Photo : Reuters/ Administration Régionale de Donetsk

Au lendemain du bombardement par l’armée russe d’un théâtre de Marioupol, un député de la région a soutenu en entrevue à la BBC que l’abri antibombe a résisté à la frappe aérienne et que la plupart des personnes à l’intérieur auraient survécu.

Le député Dmytro Gurin, dont les parents sont enclavés à Marioupol, a affirmé que le théâtre a été détruit et que plus de 1000 femmes et enfants se trouvent dans l’abri antibombe.

On a eu l’information selon laquelle l’abri a résisté [à l’assaut] et que des gens ont survécu. On ne sait pas encore si des gens ont été blessés ou tués, mais il semble que la plupart des personnes ont survécu et sont en sécurité, a indiqué le député.

Une porte-parole de l’administration militaire de la région de Donetsk, qui inclut Marioupol, a plutôt avancé que le théâtre abritait de 400 à 500 personnes. Selon elle, 1000 personnes s’y trouvaient bel et bien la semaine dernière, mais la moitié d’entre elles auraient fui depuis.

Pour le moment, les secours peuvent difficilement intervenir en raison des décombres, mais également des bombardements qui se poursuivent.

« L’abri antibombe a tenu. Maintenant, les gravats sont en train d’être déblayés. Il y a des survivants, mais nous ne connaissons pas encore le nombre de victimes. »— Une citation de  Petro Andruchtchenko, conseiller du maire de Marioupol

La mairie de Marioupol a affirmé sur son compte Telegram dans la nuit de mercredi à jeudi que plus d’un millier de personnes se trouvaient à l’intérieur du théâtre lors de l’attaque.

Le ministère de la Défense russe a démenti avoir mené cette frappe aérienne. Il a attribué l’explosion au bataillon nationaliste ukrainien Azov.

Le chef de l’administration régionale de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a rejeté les allégations de la Russie. Il y avait seulement des civils à l’intérieur quand le théâtre a été attaqué, a-t-il ajouté.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a indiqué dans un message mercredi soir que l’armée russe a sciemment dirigé ce missile sur le théâtre et que le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un État terroriste.

Des athlètes canadiens qui tiennent des drapeaux du Canada.

À Marioupol, l’abri antibombe du théâtre bombardé n’a pas été détruit et une opération de secours est en cours pour sortir les centaines de personnes qui se trouvaient dans l’édifice. Les précisions de Mariève Bégin.

Pour le maire de Marioupol Vadym Boïchenko, cette attaque est une effroyable tragédie.

« Le seul mot pour décrire ce qui s’est passé aujourd’hui est génocide, le génocide de notre nation, de notre peuple ukrainien. »— Une citation de  Vadym Boïchenko, maire de MarioupolUne photo aérienne.

La société américaine de technologies spatiales Maxar Technologies, spécialisée notamment dans l’imagerie satellite, a publié une photo du théâtre prise lundi, selon elle. Sur la photo consultée, le mot « enfants », en russe, était écrit sur le sol, en immenses lettres blanches, devant et derrière le bâtiment. Photo : Reuters/Maxar Technologies

La société américaine de technologies spatiales Maxar Technologies, spécialisée notamment dans l’imagerie satellite, a publié une photo du théâtre prise lundi, selon elle.

Sur la photo consultée, le mot « enfants », en russe, était écrit sur le sol, en immenses lettres blanches, devant et derrière le bâtiment.

Les frappes aériennes russes ont également touché un complexe aquatique de Marioupol, où des civils, dont des femmes et des enfants, se sont réfugiés. Il y a maintenant des femmes enceintes, des mères et leurs enfants sous les décombres, a indiqué Pavlo Kyrylenko.

Plus de 2000 personnes ont été tuées à Marioupol depuis le début de la guerre, selon les autorités ukrainiennes.

Après s’être adressé aux membres du Congrès des États-Unis, mercredi, et à ceux de la Chambre des communes mardi, le président Volodymyr Zelensky a prononcé un discours devant le Bundestag, le parlement allemand, jeudi.

Sur le terrain, l’armée russe continue de bombarder l’Ukraine.

Les débris d’un missile abattu au-dessus de Kiev ont entraîné jeudi la mort d’au moins une personne et fait trois blessés, ont indiqué les services de secours, l’armée russe ne relâchant pas la pression autour de la capitale ukrainienne.

À Kharkiv, les médecins ont de la difficulté à traiter les patients atteints de la COVID-19, alors que des bombardements surviennent à toute heure du jour. Les sirènes annonçant des bombes forcent les médecins à transférer des patients branchés à des ventilateurs vers des abris.

Les bombes peuvent frapper à tout moment, indique le docteur Pavel Nartov.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse, BBC et Associated Press

Ukraine-Marioupol : la femme enceinte dont la photo a fait le tour du monde est morte

mars 14, 2022
Une femme est évacuée sur une civière par des hommes au milieu de décombres.

Femme enceinte blessée et évacuée de l’hôpital pédiatrique de Marioupol. Photo: La Presse Canadienne/AP/Evgeniy Malolekta

L’air hagard, une femme enceinte est étendue sur une civière pour être évacuée des ruines encore fumantes d’un hôpital pédiatrique : ce portrait a choqué la planète la semaine dernière, levant le voile sur la cruauté des bombardements russes sur l’Ukraine.

Cinq jours après le bombardement de l’hôpital pour enfants de Marioupol, le décès de cette femme a été confirmé à l’Associated Press par les autorités ukrainiennes.

Elle avait été évacuée d’urgence vers un autre hôpital, mais ses blessures étaient trop importantes. Après 30 minutes de réanimation, son décès a été constaté, a témoigné un médecin ukrainien, qui a aussi affirmé avoir tenté de donner naissance à son bébé par césarienne, mais il était déjà mort.

Plusieurs bombes ont été lâchées sur cet hôpital mercredi dernier, faisant au moins 3 morts, un bilan qui vient donc de s’alourdir.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait qualifié ce bombardement de crime de guerre. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait de son côté justifié l’attaque en soutenant que des nationalistes ukrainiens avaient trouvé refuge dans l’hôpital et qu’il n’abritaient plus de femmes enceintes.

Des justifications qui ont, comme la photo de l’Associated Press, provoqué l’indignation à travers le monde.

Immenses souffrances

Marioupol, ville portuaire du sud-est de l’Ukraine, est complètement assiégée par les troupes russes depuis plusieurs jours. La situation humanitaire y est qualifiée de critique par les autorités, qui estiment qu’au moins 2187 personnes y sont mortes depuis le début de l’offensive.

Les occupants frappent cyniquement et délibérément des bâtiments résidentiels, des zones densément peuplées, détruisent des hôpitaux pour enfants et des infrastructures urbaines, a indiqué la mairie de Marioupol dimanche sur Telegram.

La ville, située entre la Crimée et le Donbass, est plongée dans une situation quasi désespérée, manquant de vivres et privée d’eau, de gaz, d’électricité et de communications, a fait savoir vendredi Médecins sans frontières.

Le Comité international de la Croix-Rouge a déclaré que les souffrances à Marioupol étaient tout simplement immenses et que des centaines de milliers de personnes étaient confrontées à des pénuries extrêmes de nourriture, d’eau et de médicaments.

« Des cadavres, de civils et de combattants, restent piégés sous les décombres ou gisent à l’air libre, là où ils sont tombés. »— Une citation de  Extrait d’un communiqué de la Croix-Rouge

Plusieurs tentatives d’acheminer de l’aide humanitaire vers la ville ont échoué ces derniers jours. Un convoi accompagné par des prêtres orthodoxes avec 100 tonnes d’eau, de nourriture et de médicaments n’a pu atteindre la ville dimanche.

Des couloirs humanitaires ont aussi été établis à plusieurs reprises pour tenter de permettre aux centaines de milliers de citoyens pris au piège de sortir de la ville, mais ces tentatives ont été infructueuses étant donné le non-respect du cessez-le-feu.

L’évacuation des civils de Marioupol, une ville de 430 000 habitants en temps de paix, devrait être abordée lors de la ronde de pourparlers qui se déroule lundi entre Kiev et Moscou.

Le conseil de ville a par ailleurs affirmé lundi que 160 voitures privées étaient arrivées à sortir de la municipalité pour se diriger vers Berdiansk, une ville portuaire occupée par les Russes, située à 80 kilomètres à l’ouest.

Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse et Reuters

Un hôpital pour enfants de Marioupol bombardé par l’armée russe

mars 9, 2022
Une femme tient un bébé dans ses mains.

Une femme tient un bébé dans un abri anti-aérien de Marioupol, le 8 mars. Photo : La Presse Canadienne/AP/Evgeniy Maloletka

Un hôpital pédiatrique de la ville portuaire de Marioupol, dans le sud de l’Ukraine, a été touchée par des frappes aériennes russes, et des enfants sont ensevelis sous les décombres, affirme le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

L’information n’a pas été confirmé par l’armée russe et ne peut être vérifiée de manière indépendante.

Frappes directes des troupes russes sur la maternité d’un hôpital. Des gens, des enfants sont sous les décombres. Atrocité! , s’est indigné le président Zelensky dans un message publié sur Twitter, accompagné d’une vidéo montrant selon lui les lieux.

Combien de temps encore le monde sera-t-il complice en ignorant la terreur? Fermez le ciel immédiatement! Vous avez le pouvoir de le faire, mais vous semblez perdre votre humanité, a-t-il ajouté.

Le bombardement de l’hôpital avait été annoncé un peu plus tôt par le conseil municipal de Marioupol, ville stratégique assiégée par l’armée russe depuis déjà plusieurs jours.

Les forces d’occupation russes ont lâché plusieurs bombes sur l’hôpital pour enfants. La destruction est colossale, a-t-il annoncé en ligne, sans offrir de bilan.

Par Radio-Canada avec les informations de Reuters