Posts Tagged ‘Martin Luther King’

Le 4 avril 1968 : le jour où Martin Luther King a été assassiné

avril 4, 2022
Les funérailles de Martin Luther King eurent lieu le 9 avril 1968, à Atlanta. © KEYSTONE Pictures USA/ZUMA/REA

Juste avant le crépuscule, au Lorraine Motel de Memphis, aux États-Unis, Martin Luther King était abattu par un ségrégationniste blanc. Extrait du dossier spécial que JA consacra les jours suivants au Prix Nobel de la paix.

Moïse Martin Luther King est mort heureux : du haut de la montagne où le Seigneur l’avait conduit, il a pu voir la terre promise. Il savait que son peuple y pénétrerait un jour. Il en a fait la confidence aux mille éboueurs en grève de Memphis, dans une ville où, étant passé par hasard, il a décidé de prendre la tête du mouvement de revendication. À ces travailleurs qui réclament la reconnaissance de leur union et 60 cents d’augmentation horaire, il n’a pas eu le temps de dire si cette terre qu’il a vue le premier serait couverte de moissons ou de ruines au moment d’en prendre possession : il a été tué le lendemain.

SA CROIX ? DEUX TRAITS SUR LA MIRE D’UN FUSIL À LUNETTE TÉLESCOPIQUE

Les prophètes meurent dans leur lit. Le Moïse assassiné a été aussitôt transformé par ses fidèles en Christ noir. « Si Jésus revenait sur terre, il faudrait le crucifier bien vite », faisait dire Faulkner à l’un des personnages des Palmiers sauvages. La croix de King : deux traits sur la mire d’un fusil Remington à lunette télescopique braqué dans les lavabos d’un hôtel crasseux par un tueur au sourire idiot. Chaque époque a le Golgotha qu’elle mérite…

Placé sur un chariot de ferme que tiraient deux vieilles mules de Géorgie, le cercueil du pasteur a été suivi dans les rues d’Atlanta par cent mille marcheurs. Bras dessus bras dessous, Noirs et Blancs ont chanté des cantiques.

« La bonté sur le trône du pouvoir »

Rien n’a manqué à cette grande parade des « justes ». Même pas la voix vibrante du disparu qu’un enregistrement a fait résonner sous les voûtes de son église, au cours de l’office. « Dites que Martin Luther King s’est efforcé de faire le don de sa vie… qu’il a essayé de donner de l’amour. Dites que j’ai essayé d’aimer et de servir. »

Amour, don, service de l’humanité, qui oserait, maintenant, faire entendre à nouveau un tel langage ? Le « Christ noir » n’en a, pour sa part, jamais employé d’autre : « La haine ne supprime pas la haine, écrivait-il. Seul l’amour y parviendra. C’est là la beauté de la non-violence : libre d’entraves, elle brise les réactions en chaîne du mal. Elle veut placer la vérité, la bonté et la beauté sur le trône du pouvoir. »

La une de JA n°380, du 15 avril 1968, consacré à l’assassinat de Martin Luther King. © Archives JA
La une de JA n°380, du 15 avril 1968, consacré à l’assassinat de Martin Luther King. © Archives JA

« Non-violence » : « C’est le Christ, disait Luther King, qui a fourni l’esprit et Gandhi la méthode. » Il l’a expérimentée, pour la première fois, il y a treize ans, à Montgomery, en Alabama. Une femme noire a été chassée de la partie d’un autobus réservée aux Blancs : King organise le boycott de la compagnie. Au bord de la faillite après 381 jours, elle doit abattre la cloison séparant les Blancs des Noirs.

C’était en décembre 1965. Dès lors, King a trouvé sa méthode : la désobéissance civile, l’illégalité dans la non-violence, qu’il va prêcher aux quatre coins des États-Unis. Douze fois les prisons d’Alabama et de Géorgie accueilleront l’homme qu’Edgar Hoover, le patron du FBI, appela « le plus grand menteur du monde ». Sa maison est deux fois dynamitée. Il ne se passe pas de jours sans que sa famille reçoive des menaces de mort. Lui accepte, pardonne toujours : « Nous devons développer et entretenir notre aptitude au pardon », dit-il.

Marche des pauvres

D’un Noir qui tient aux États-Unis des propos aussi peu inquiétants, rien vraiment n’empêche de faire un « homme de l’année ». Il l’est en 1963, l’année de la grande marche sur Washington. L’an d’après, il reçoit le prix Nobel de la paix. En août 1965, il est au Capitole lorsque Johnson signe la loi sur les droits civiques arrachée à un Congrès réticent dont six membres seulement ont la peau noire. Cela ne l’empêche pas de continuer sa route du pas tranquille de ceux qui ont trop de siècles de patience derrière eux pour se montrer pressés.

Le pasteur et son président, on ne les verra plus guère ensemble : King s’oppose à la guerre du Vietnam, ce qui apparaît comme une manifestation intolérable de « désobéissance civile ». « Je suis sûr, écrit-il à l’automne 1967, que lorsque nous aurons la volonté de le faire, nous constaterons que notre propre intérêt, en tant qu’individu comme en tant que nation, consiste à partager notre richesse et nos ressources avec les plus humbles des enfants de Dieu… »

Pour le 22 avril, il a préparé une grande « marche des pauvres » sur Washington. Il veut que Johnson accorde 10 milliards de dollars pour amorcer la solution des problèmes les plus urgents des Noirs : enseignement, revenus, logement, loisirs, santé.

Johnson a beau affirmer avec solennité le contraire dans son appel à la nation, c’est ce rêve que 100 000 personnes sont allées porter en terre, mardi dernier, à Atlanta. Il est mort avec celui qui l’avait fait. Il est même mort bien avant, sans que personne ait présentement le souci de trop le souligner, car l’abîme que sa disparition découvre donne le vertige.

Avec Jeune Afrique

L’Amérique rend hommage à Martin Luther King, 50 ans après sa mort

avril 4, 2018

Le révérend Jesse Jackson, célèbre militant des droits civiques, visite le balcon de l’hôtel Lorraine le 3 avril 2018 à Memphis (Tennessee), lieu de l’assassinat de MLK / © AFP / Brendan Smialowski

L’Amérique rendait hommage mercredi à Martin Luther King, l’icône de la lutte pacifique contre les inégalités raciales, assassiné il y a 50 ans à Memphis (Tennessee) par un ségrégationniste blanc, un combat toujours d’actualité.

Le 4 avril 1968 à 18H01, le pasteur noir est mortellement touché d’une balle sur le balcon d’un motel de Memphis, où il était venu soutenir les éboueurs en grève. Sa mort, à l’âge de 39 ans, déclenche des émeutes dans plusieurs grandes villes américaines.

Cinquante ans après, des rassemblements doivent lui rendre hommage: à Washington, autour de la statue de son mémorial sur le Mall en matinée et devant le motel Lorraine de Memphis, depuis transformé en musée, à l’heure exacte où il a été abattu.

A Memphis, « il y aura beaucoup de choses cette semaine, la ville va montrer son plus beau visage », a affirmé le révérend Jesse Jackson, militant emblématique des droits civiques aux Etats-Unis qui était présent à Memphis avec le pasteur King.

La blessure de sa mort « est encore une source de douleur et d’anxiété. Vous enlevez la croûte et la plaie est encore ouverte. C’est arrivé si soudainement, au milieu de la conversation, en allant dîner. Il aura toujours 39 ans ».

Harcelé par la police tout au long de sa carrière politique, l’apôtre de la justice raciale et de la non-violence est désormais célébré par un jour férié aux Etats-Unis à la date anniversaire de sa naissance, le 15 janvier 1929.

« Même s’il a été pris de cette Terre de façon injuste, il nous a laissé en héritage la justice et la paix », a déclaré le président Donald Trump dans une proclamation officielle pour ce 50e anniversaire.

« Nous devons activement aspirer à rendre possible le rêve de vivre ensemble en tant qu’un seul peuple avec un objectif commun », a ajouté le milliardaire républicain, accusé d’avoir libéré la parole de l’extrême droite américaine en multipliant les diatribes anti-immigrés.

– Avec Gandhi et Mandela –

Le militantisme de Martin Luther King avait débuté par le mouvement de boycott des bus à Montgomery (Alabama), ville où il était pasteur baptiste. Il dénonçait alors la ségrégation, le racisme et les inégalités dont étaient victimes les Afro-américains. Le 28 août 1963, Martin Luther King entrait dans l’Histoire en prononçant son discours « I have a dream » devant quelque 250.000 manifestants à Washington lors de « la marche pour l’emploi et la liberté ».

Il avait reçu un an plus tard le prix Nobel de la Paix pour sa résistance non-violente contre la ségrégation raciale.

« C’était un homme qui marchait, c’était un homme non-violent », a raconté à l’AFP Elmore Nickleberry, un éboueur de Memphis ayant participé aux grèves de 1968.

« Il disait toujours: +Venez à la prochaine marche+. Et il a dit +une marche non-violente+ », ajoute-t-il. « Il croyait en la non-violence. Et c’est ce en quoi je crois, la non-violence. »

Mais à la fin des années 60, le pasteur King avait perdu de son aura en devenant un opposant résolu à la guerre du Vietnam, alors que le conflit ne divisait pas encore le pays. Et une partie de la jeunesse noire, impatiente de voir changement, ne croyait plus aux manifestations pacifistes pour mener la lutte.

Et si la ségrégation a été abolie, le racisme, les injustices et la violence restent présents dans la société américaine. La ville de Memphis « compte 63% d’Afro-américains, le taux de pauvreté est 44% pour les adultes et de 30% pour les enfants », a rappelé Jesse Jackson.

« Trente mille Américains sont tués chaque année », a-t-il ajouté. Nous nous entretuons plus que toute autre nation. Nous devons avoir le sens rationnel de choisir la non-violence et de prendre un autre chemin.

Sur CNN, Martin Luther King III, le fils du pasteur King, a annoncé vendredi le lancement prochain d’une initiative mondiale, avec les familles du Mahatma Gandhi et de Nelson Mandela, pour encourager les jeunes à privilégier la non-violence pour résoudre leurs conflits.

Romandie.com avec(©AFP / 04 avril 2018 17h36)                

L’héritage épistolaire de Martin Luther King aux enchères

octobre 18, 2013

Des dizaines de notes, lettres manuscrites et documents du pasteur noir Martin Luther King ont été vendus jeudi aux enchères à New York pour quelque 130’000 dollars (environ 117’000 francs). Martin Luther King était une figure de proue du mouvement pour les droits civiques des Noirs américains.

Le lot le plus cher, parti à 31’250 dollars, regroupait huit petites cartes sur lesquelles Martin Luther King avait rédigé autour de décembre 1959 les grandes lignes d’un discours pour son Eglise baptiste d’Atlanta, dans le sud des Etats-Unis.

Au total, une centaine de documents étaient proposés par la maison Heritage. Parmi ceux-ci, des pages manuscrites, raturées en rouge, d’un livre écrit aux environs de 1957 et des lettres envoyées à sa secrétaire Maude Ballou lors d’un voyage en Inde.

La copie d’une liste tapée à la machine, qui en janvier 1957 signalait à la police d’Atlanta « les personnes et églises les plus vulnérables à des attaques violentes », y figurait également. Martin Luther King, qui sera assassiné en avril 1968 à Memphis, se trouvait en haut de cette liste.

Lettre de Louis XI et Napoléon

Ces documents appartenaient depuis quelque 50 ans à Maude Ballou, 88 ans. Ils offrent une plongée émouvante dans les années 1950, avec notamment des archives sur le boycott des bus de Montgomery, en Alabama, fin 1955 et dirigé par Martin Luther King.

Lors de cette vente aux enchères, une lettre signée par le roi de France Louis XI a en outre été adjugée pour 1750 dollars, une autre, écrite et signée par Napoléon Bonaparte le 20 janvier 1807 – pour remercier un oncle et un cousin – est partie pour 1875 dollars.

Romandie.com