La Chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers de Pointe-Noire a lancé, le 21 avril, une opération de distribution gratuite de masques artisanaux aux commerçants et artisans, en vue de lutter contre la propagation du Covid-19.
L’opération vise à distribuer dix mille masques et s’inscrit dans l’élan de solidarité visant à lutter contre la propagation à grande échelle de la pandémie dans la ville océane. L’objectif étant de protéger les commerçants et artisans de tous risques de contamination au Covid-19. «Ces artisans et commerçants, très actifs en cette période de confinement, peuvent constituer de vrais vecteurs de propagation de la maladie. Nous leur offrons des masques pour qu’ils se protègent et protègent les autres », a indiqué le président de la Chambre de commerce, Sylvestre Didier Mavouezela. Ces bavettes seront fabriquées par le Groupement interprofessionnel des artisans du Congo, avec qui la Chambre de commerce a signé, le 14 avril, un accord de partenariat.
Par ailleurs, la Chambre de commerce a lancé un appel à contribution aux entreprises et personnalités de la ville océane, ainsi qu’une cagnotte en ligne. Une semaine seulement après le SOS, Sylvestre Didier Mavouezela a annoncé avoir déjà reçu plus de sept mille masques. Cette contribution est venue de quelques entreprises de la place et de la diaspora congolaise de France et des Etats-Unis. Une centaine de cache-nez a été déjà distribuée à quelques commerçants et artisans exerçant dans la zone du marché central de Pointe-Noire.
À Dakar, le collectif de créateurs de mode l’Atelier 221 collabore avec l’association Les Racines de l’espoir pour la confection et la distribution de masques en tissu. Et les initiatives se multiplient sur le continent.
« 1 Sénégalais, 1 Masque ». C’est le nom de la campagne citoyenne de distribution de masques en tissu lancée à Dakar, le 4 avril, par l’Atelier 221, collectif de créateurs fondé en mai 2019 par la styliste Touty Sy. Et ce, en collaboration avec l’association sénégalaise Les Racines de l’espoir, présidée par Sophie Gueye.
« L’idée est d’apporter une réponse sociale et économique dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Non seulement l’association s’occupe de distribuer gracieusement « les masques-barrières » lavables et réutilisables en sensibilisant les populations les plus exposées et vulnérables comme les talibés, mais nous, créateurs, avons la possibilité de redonner du travail aux tailleurs avec lesquels nous collaborons en temps normal », explique Touty Sy. Les différents ateliers des stylistes du collectif Atelier 221, dont font notamment partie By Pathé, Sophie Zinga ou Awa Seck (Les Moussors de Awa), sont mis à contribution.
Depuis le début de la campagne, 2 500 masques ont ainsi été distribués dans la capitale. « Pour le moment, cela n’est pas encore possible dans les autres régions, pour des raisons sanitaires. Mais, à terme, c’est notre objectif. Ce sont mille tailleurs, dans tout le pays, qui se sont portés volontaires pour nous rejoindre », s’enthousiasme Touty Sy, qui évoque déjà l’exportation du concept au Tchad ou au Niger et espère le voir se propager ailleurs sur le continent. « Tous les pays africains sont appelés à rejoindre le mouvement !
L’initiative est soutenue par des ONG telles qu’ONU-Femmes – qui a déjà commandé 10 000 masques (pour une subvention d’une valeur de 10 millions de F CFA, soit 15 000 euros environ, un masque équivalant à 1 000 F CFA) –, des entreprises du secteur privé, des personnalités comme Mohamed Kagnassy, homme d’affaires malien et, accessoirement, conseiller en agrobusiness du président guinéen Alpha Condé, ainsi que par des artistes.
Elle s’ouvrira également à la fabrication de blouses afin de venir en aide au personnel de santé – à l’image de griffes de mode internationales comme Louis Vuitton.
Mais les créateurs de l’Atelier 221 ne sont pas les seuls à se mobiliser dans la fabrication et la distribution de masques au Sénégal. La styliste Adama Paris a, elle aussi, lancé semblable initiative. Ses masques en coton sont fabriqués dans ses ateliers dakarois puis gracieusement distribués à la population de divers quartiers.
Ailleurs, sur le continent, on peut également évoquer les créateurs ivoiriens Ibrahim Fernandez et Loza Maléombho, qui, respectivement, confectionnent masques en coton et visières de protection.
Au Mali, la designeuse malienne Awa Meite fait fabriquer, quotidiennement, 50 à 80 masques à partir de chutes de tissu. « Nous avons commencé à recycler les chutes de tissus de mon atelier, à les laver et à en faire des cache-nez. Puis, j’ai acheté du coton en gros, afin que l’on puisse en confectionner davantage », a-t-elle expliqué à la plateforme Africa Women Experts.
Awa Meite est par ailleurs à l’initiative d’une campagne de sensibilisation citoyenne baptisée So Kadi. « Nous donnons, en plus des masques, du savon et une bouilloire pour permettre de se laver régulièrement les mains. Nous précisons aussi que l’on doit souvent laver son masque à l’eau chaude avant de le réutiliser. »
Masques ultra-branchés
Au Nigeria, la prévention est au cœur des préoccupations de nombreux créateurs de mode. Cela dit, le style également. Dès la fin du mois de mars, la créatrice Tiannah Toyin Lawani a carrément lancé toute une ligne de masques en tissu ultra-branchés (à paillettes, par exemple), non seulement pour lutter contre la maladie mais aussi parce que porter un masque assorti à ses vêtements, voire à son bikini, c’est mieux… Plus sérieusement, « plusieurs maisons de mode nigérianes consultent d’ores et déjà des médecins et se procurent du matériel pour la fabrication de masques (…), souligne-t-elle. La mode peut sauver des vies ».
C’est ce qu’a assuré Omoyemi Akerele, fondatrice de la Lagos Fashion Week, au Washington Post. Pour prévenir la contamination par le coronavirus, l’efficacité du masque fait maison est loin d’être prouvée. Mais nombreux sont ceux à le voir comme un vecteur de distanciation sociale à l’heure où le masque chirurgical est réservé au personnel soignant, ou est, purement et simplement, devenu une « denrée rare ».
Pékin a annoncé avoir envoyé des masques dans plus de 50 pays, en plus des respirateurs et kits de détections.
Le pays a également exporté 37,5 millions de vêtements de protection. THOMAS PAUDELEUX / ECPAD / AFP
La Chine a vendu depuis début mars près de quatre milliards de masques à des pays étrangers luttant contre la pandémie liée au nouveau coronavirus, ont annoncé dimanche les autorités, soucieuses parallèlement de dissiper des craintes à propos de la qualité du matériel médical exporté.
16 000 respirateurs
Malgré le recul du nombre de cas sur son territoire, Pékin a encouragé les usines à accroître leur production d’équipements médicaux au moment où d’autres pays affrontent une pénurie. La pandémie de Covid-19 a tué plus de 65.000 personnes dans le monde.
Depuis le 1er mars, la Chine a exporté vers plus d’une cinquantaine de pays 3,86 milliards de masques, 37,5 millions de vêtements de protection, 16.000 respirateurs et 2,84 millions de kits de détection du Covid-19, a déclaré Jin Hai, une responsable des services douaniers. Au total, ces exportations sont évaluées à 10,2 milliards de yuans, soit 1,33 milliard d’euros.
Certains pays se sont toutefois plaints de la qualité des équipements médicaux importés de Chine. Les Pays-Bas ont ainsi annoncé le 28 mars le rappel de 600.000 masques provenant d’une cargaison de 1,3 million venue de Chine car ils ne correspondaient pas aux normes de qualité, ne se fermaient pas correctement sur le visage et avaient des membranes (filtres) ne fonctionnant pas correctement. La Chine a répondu que le fabricant avait «clairement indiqué que (les masques) n’étaient pas chirurgicaux».
L’Espagne a également renvoyé fin mars des milliers de tests de détection défectueux expédiés par une compagnie chinoise ne bénéficiant pas des autorisations nécessaires. Des responsables chinois ont riposté dimanche aux informations de presse concernant la qualité des équipements médicaux chinois en assurant qu’elles «ne reflètent pas l’intégralité des faits».
Normes différentes
«Il existe en réalité plusieurs facteurs, tels le fait que la Chine a des normes et des habitudes d’utilisation différentes des autres pays. Un usage inapproprié peut susciter des doutes sur la qualité», a observé Jiang Fan, responsable au ministère du Commerce. Ces remarques font écho aux propos tenus la semaine passée par Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, qui à plusieurs reprises a demandé aux médias occidentaux de ne pas «politiser» la question ou «faire de battage» à son propos.
Pékin vient de renforcer les réglementations concernant les exportations d’équipements médicaux liés au coronavirus pour exiger que les produits répondent tant aux normes chinoises qu’à celles des pays destinataires. La Chine a également augmenté ses capacités de production de tests pour le Covid-19 à plus de quatre millions par jour, a indiqué Zhang Qi, un responsable de l’Administration nationale chargée des équipements médicaux.
Vendredi, Donald Trump a imposé le « Defense Production Act » au fabricant 3M pour l’empêcher d’exporter ses masques au Canada ou dans d’autres pays pour les réserver aux États-Unis.
Samedi matin, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que son gouvernement ne songe pas pour le moment à empêcher les exportations de biens et de services vers les États-Unis en manière de rétorsion. Il a ajouté que des discussions sont en cours pour régler le problème et qu’il mise plutôt sur la coopération entre les deux pays.
M. Trump a indiqué que l’Agence fédérale de gestion des urgences (FEMA) a ordonné la production de 180 millions de masques de type N95, incluant le fabricant 3M.
«Ceci est un effort de guerre», a-t-il soutenu, poursuivant en disant que le pays n’avait « rien vu de tel depuis 1917 ».
Le président a également annoncé que le pays détient actuellement une réserve de 10 000 respirateurs et qu’il en aura besoin davantage. Il a précisé que les États de New York et du New Jersey seront bientôt approvisionnés.
Il a souligné que du matériel médical est réaffecté aux États-Unis. Par exemple, l’État de Washington a libéré 300 lits qui seront transférés ailleurs et l’Oregon va envoyer 140 respirateurs à New York.
Cependant, le président a vivement critiqué les autorités sanitaires de certains États qui surestiment les besoins en matériel médical, alors qu’elles ne prévoient pas une vaste éclosion du virus. Il a dit que son administration entendait prioriser les demandes.
Des militaires en renfort
De plus, il a mentionné que 1000 militaires spécialisés en médecine seront déployés dans l’État de New York pour aider les équipes locales.
Il a néanmoins admis que le coronavirus s’était répandu dans des régions du pays qu’il n’aurait jamais soupçonnées.
Donald Trump, qui refuse de décréter un ordre de confinement national, s’est fait questionner sur le fait que huit gouverneurs républicains n’ont pas encore obligé leurs concitoyens à adopter des mesures de distanciation sociale et à rester chez eux.
Il a répondu qu’il respectait le vœu des États tel que prescrit par la Constitution et que, selon lui, les gouverneurs en question font un « travail extraordinaire » et qu’ils ont la situation sous contrôle, citant entre autres la Caroline du Nord.
Le Dr Anthony Fauci, conseiller du président Trump et membre de la cellule de crise de la Maison-Blanche, plaide pour sa part pour la mise en place de plus de mesures de distanciation sociale pour freiner la propagation du virus. Il dit se préparer en vue d’une deuxième vague de la COVID-19.
Selon lui, il ne fait plus guère de doute que le nouveau coronavirus est transmis par voie aérienne quand « les gens ne font que parler, plutôt que seulement lorsqu’ils éternuent ou toussent ».
Le président a déclaré vendredi que les autorités sanitaires conseillent désormais aux Américains de se couvrir le visage hors de chez eux, pour aider à freiner la propagation du coronavirus.
Les experts scientifiques de la Maison-Blanche s’attendent à ce que la maladie tue entre 100 000 et 240 000 Américains même si les ordres de confinement sont respectés.
La propagation s’accélère
Les États-Unis ont franchi samedi la barre des 300 000 cas recensés de coronavirus, selon le plus récent bilan de l’Université Johns Hopkins.
Le cap des 200 000 cas recensés dans le pays avait été franchi mercredi, une accélération rendue visible par la plus grande disponibilité des tests de dépistage aux États-Unis.
La pandémie a fait au moins 8162 morts dans le pays.
Le New York Times rapporte que 3565 personnes sont décédées de la COVID-19 dans l’État de New York, qui demeure l’épicentre du nouveau coronavirus sur le territoire américain. La ville de New York a enregistré 1905 décès à elle seule.
«Les experts ne s’attendent pas à ce que le pic de l’épidémie soit atteint avant au moins une semaine. Le premier cas a été détecté il y a seulement 30 jours. On a l’impression que c’est une vie entière», a dit le gouverneur Andrew Cuomo.
De son côté, la Louisiane a fait état d’une forte hausse du nombre de décès liés au COVID-19 samedi avec 409 morts.
Les autorités tchèques ont annoncé ce lundi avoir envoyé 110.000 masques en Italie, pour compenser un contingent saisi récemment par la police auprès de trafiquants présumés, qui s’est avéré faire partie d’un don de la Chine à l’Italie.
Les autorités tchèques ont saisi le 17 mars 680.000 masques et des appareils respiratoires dans un entrepôt d’une entreprise privée de Lovosice, au nord de Prague, présentant l’opération comme un grand succès contre le trafic de cette marchandise. Mais le gouvernement a dû concéder ultérieurement que « malheureusement, après des investigations plus poussées, il s’est avéré qu’une plus petite partie de cette saisie était un don chinois pour l’Italie« . Décrite comme un « vol » par des médias, la saisie a provoqué la colère en Italie, actuellement l’épicentre mondial de la pandémie de Covid-19 avec près de 5500 morts et des hôpitaux au point de rupture des stocks.
La capitale du Yémen est sous le contrôle depuis 2014 des rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.
Leur guerre contre le gouvernement a dégénéré en la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU, depuis l’intervention en 2015 d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite pour appuyer le régime.
Depuis six ans, la guerre au Yémen a tué des dizaines de milliers de personnes, essentiellement des civils, selon des organisations humanitaires. Trois millions de Yéménites vivent entassés dans des camps de déplacés et environ 24 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, estime l’ONU.
Mais, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), aucun cas de nouveau coronavirus n’a été enregistré dans ce pays qui vit déjà presque entièrement isolé, sous le blocus aérien imposé par la coalition menée par Ryad.
« Nous fabriquons les masques depuis (lundi) et, Dieu merci, nous avons commencé avant que la maladie ne nous atteigne », se réjouit Faten al-Masoudi, payée comme ses collègues au nombre de pièces cousues.
– « Forte demande » –
Construite en 1967 avec l’aide de la Chine, l’usine textile a joué un rôle important dans la culture du coton, un secteur-clé pour l’économie du Yémen dans les années 1970. Son propriétaire, l’Etat yéménite, ferme l’établissement en 2005 pour « rénovation ».
Après l’intervention de la coalition, des frappes aériennes endommagent l’usine. En 2018, elle rouvre partiellement ses portes pour produire principalement des vêtements de travail destinés au personnel médical.
Depuis mars, « nous avons transformé une partie du département de confection des vêtements en une section dédiée à la production des masques », explique son directeur, Abdallah Chaïban, en chemise et veste.
Il espère que la manufacture atteindra son « plein potentiel » rapidement, avec davantage d’embauches pour « produire entre 8.000 et 10.000 masques par jour », contre environ 2.000 à l’heure actuelle.
« Il y a une forte demande », explique-t-il.
Cette hausse de la demande a conduit des commerçants au gros appétit à majorer les prix des masques, généralement importés, ce qui exaspère le directeur.
« Ce n’est pas quelque chose que nous acceptons. Il doit y avoir de l’éthique, de la morale, du religieux et de l’humain », réprimande M. Chaïban.
– « Rester unis » –
Face à l’épidémie dont l’épicentre est désormais l’Europe, l’OMS dit travailler en étroite collaboration avec les autorités de Sanaa comme celles d’Aden (sud), que le gouvernement a instauré comme capitale temporaire et où il s’est retranché.
« Le virus ne respecte pas les frontières, il ne fait pas de différence entre les individus de l’est, ouest, nord ou sud » du pays, a insisté le représentant du Yémen à l’OMS, Altaf Musani, lors d’une visioconférence depuis Sanaa.
« Il n’y a pas assez de tests (…) nous sommes sur le point d’augmenter ce nombre », a-t-il ajouté, précisant que l’OMS avait fourni des équipements de protection, tels que des masques et des gants, mais pas « suffisamment », et s’efforçait d’en obtenir davantage.
A Sanaa, les rebelles ont fermé les écoles et l’aéroport –qui servait uniquement aux vols de l’ONU et à acheminer de l’aide humanitaire– alors que les riches pays voisins du Golfe ont annoncé environ 1.000 cas de personnes infectées par la maladie du Covid-19, imposant de strictes mesures de précaution.
« Nous avons survécu à la guerre, nous affronterons cette maladie », promet Abdelbasit al-Gharbani, directeur de la section couture dans l’usine de Sanaa. « Pour la combattre, nous devons rester unis », plaide-t-il.
L’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) fait état de plus de 11.000 masques volés ainsi que des flacons de gels hydroalcooliques. Dans un hôpital marseillais, 2000 masques ont été subtilisés.
Photo d’illustration Adobe Stock
Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) fait face au vol de milliers de masques de protection.
Sont concernés en particulier les masques chirurgicaux (ceux qu’un malade doit porter pour éviter de contaminer d’autres personnes) et de type FFP2, réputés pour leur très haut niveau de filtration des bactéries (plus de 95%). Au total, plus de 11.000 masques ainsi que 1400 flacons de solutions hydroalcooliques ont été dérobés dans des établissements de l’AP-HP.
Parmi ce bilan, 2000 masques chirurgicaux et FFP2 ont été subtilisés « entre ce week-end et lundi » à l’hôpital Bichat révèle l’Assistance publique, confirmant une information du Canard enchaîné. À l’hôpital de la Conception de Marseille, ce sont plus de 2000 masques qui ont disparu, rapporte l’AFP.
Ces derniers jours, des syndicats de médecins libéraux ont réclamé que des masques FFP2 soient fournis d’urgence aux soignants. Ils font valoir que les masques chirurgicaux ne suffisent pas à protéger les médecins.
Le gouvernement a pris des mesures pour éviter une pénurie. Mercredi 4 mars, un décret sur les réquisitions des stocks de masques de protection contre la diffusion du coronavirus, a été publié au Journal officiel. Le texte vise à assurer un accès prioritaire à ces équipements aux professionnels de santé et aux patients atteints par la maladie.
Jusqu’au 31 mai, les stocks de masques de protection respiratoire de type FFP2 détenus par « toute personne morale de droit public ou de droit privé » et les stocks de masques anti-projections détenus par les entreprises qui en assurent la fabrication ou la distribution sont désormais réquisitionnés.
Les masques de protection seront distribués aux professionnels de santé et aux Français contaminés, a indiqué le président de la république.
Emmanuel Macron a annoncé la réquisition de tous les stocks et la production de masques de protection. PHILIPPE DESMAZES / AFP
Emmanuel Macron a annoncé ce mardi que l’État français réquisitionnait «tous les stocks et la production de masques de protection» pour les distribuer aux soignants et aux personnes atteintes du coronavirus.
«Nous réquisitionnons tous les stocks et la production de masques de protection. Nous les distribuerons aux professionnels de santé et aux Français atteints par le coronavirus», a indiqué le président de la République dans un tweet.
« Depuis 7 h ce matin, je reçois des appels et des courriels de gens inquiets », raconte la propriétaire des garderies Biamel, situées à Longueuil et à Brossard, où vit une importante communauté chinoise.
Son installation de Brossard, au Quartier DIX30, accueille 80 enfants, dont environ 65 sont d’origine asiatique. Pour se protéger d’une contagion — et non parce qu’ils sont contaminés —, des parents viennent reconduire leurs enfants en portant un masque depuis quelques jours.
Le masque a fait peur aux gens, raconte Bianca Michetti. Une de ses éducatrices a même annoncé qu’elle s’absenterait du travail pour les deux prochaines semaines. Et elle gardera ses enfants à la maison par crainte qu’ils attrapent le virus à l’école.
« Les gens ont peur. J’aimerais les rassurer », dit la propriétaire de garderie. Elle a mis une bouteille de savon désinfectant à l’entrée de son établissement. Tout le monde doit se laver les mains en entrant.
Bianca Michetti a pris la bonne décision pour protéger les enfants, les parents et le personnel : la meilleure chose à faire pour empêcher les infections au coronavirus, c’est de se laver les mains, a rappelé lundi l’Agence de la santé publique du Canada. Deux cas d’infection à ce virus ont été confirmés au Canada, et 25 autres font l’objet d’une enquête, dont trois au Québec.
« Il ne serait pas étonnant qu’il y ait d’autres cas au Canada dans les prochains jours, mais le risque est bas pour la population canadienne », a indiqué lundi la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique, lors d’une conférence téléphonique.
« Pour empêcher la propagation du virus, on recommande de se laver les mains avec de l’eau et du savon et d’éternuer dans votre manche », a précisé le Dr Howard Njoo, sous-administrateur en chef de la santé publique.
Il n’existe aucun vaccin contre le coronavirus. Les symptômes ressemblent à ceux d’une grippe, selon l’Agence de la santé publique du Canada : écoulement nasal, maux de tête, toux, maux de gorge, fièvre et sentiment de mauvais état général.
Contact prolongéCe virus se transmet par un contact sur une période prolongée, a rappelé le Dr Njoo. Les autorités canadiennes cherchent ainsi à localiser les passagers qui se trouvaient dans un rayon de deux mètres des deux personnes contaminées à bord du vol 311 de la société China Southern entre Guangzhou et Toronto, le 22 janvier. L’homme et la femme ayant voyagé ensemble à Wuhan, un couple dans la cinquantaine, sont les deux premiers cas confirmés d’infection au coronavirus au Canada.
L’homme a déclaré aux services frontaliers canadiens, à l’aéroport Pearson de Toronto, qu’il était allé à Wuhan, d’où provient le virus. Il toussait et avait les symptômes d’un rhume. Des tests ont révélé qu’il était porteur du virus. Sa femme, qui voyageait avec lui, a aussi contracté le virus, d’après un test préliminaire.
L’homme est hospitalisé à l’hôpital Sunnybrook de Toronto. La femme, qui n’a aucun symptôme, est en isolement chez elle, a précisé lundi le Dr David Williams, médecin hygiéniste en chef de l’Ontario.
Ruée vers les masquesLes Canadiens n’ont rien à craindre, ont répété lundi les responsables de la santé publique. La panique qui s’est emparée de la garderie de Mme Michetti à Brossard, à la suite de la présence de gens portant des masques, a sans doute été causée par un malentendu culturel, estime Étienne Girouard, spécialiste de la Chine qui termine son doctorat à l’Université du Québec à Montréal.
« C’est un problème de perception. Au Québec, tu mets un masque quand tu es malade, pour empêcher les autres d’être contaminés. Mais les Chinois portent un masque quand ils ne sont pas malades. Ils croient que ça va les empêcher d’attraper le virus. »
Le port d’un masque ne figure dans aucune recommandation de la santé publique pour se protéger d’un virus. Il s’agit toutefois d’une tradition solidement implantée dans des pays comme la Chine, le Japon et la Corée du Sud, rappelle Étienne Girouard.
Les Québécois d’origine asiatique se sont rués sur les masques et sur le savon désinfectant pour les mains depuis l’éclosion du coronavirus. Plusieurs envoient ces produits à des proches à Wuhan ou ailleurs en Chine, explique M. Girouard. D’autres ont acheté un masque pour eux-mêmes. Le spécialiste de la Chine a parlé lundi à un chauffeur de taxi effrayé après avoir embarqué des passagers qui portaient un masque. Il était convaincu, à tort, d’avoir côtoyé des gens malades.
La Commission scolaire Marie-Victorin, qui couvre le territoire de Longueuil et de Brossard, indique n’avoir reçu aucune plainte reliée au coronavirus. La Commission scolaire de Montréal, de son côté, dit faire une « vigie sur l’ensemble de ses établissements » et surveiller les mises à jour de la santé publique.
La communauté chinoise, elle, a participé en grand nombre aux festivités du Nouvel An lunaire, au cours du week-end dernier. Les bons restaurants étaient bondés, mais les établissements moins cotés avaient moins de clients qu’en temps normal, a raconté une habituée.