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Massacre dans l’est de la RDC : deuil national, plus « d’une centaine » de morts selon Kinshasa

décembre 3, 2022

Un deuil national de trois jours a débuté samedi 3 décembre en RDC après le massacre présumé de civils dans l’est du pays. Le gouvernement évoque désormais un bilan de plus d’une centaine de morts.

Des citoyens, fuyant les conflits dans la région de Kanyarushinya, arrivent dans la ville de Goma alors que les affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 se poursuivent en RDC, le 14 novembre 2022. © Photo by Augustine Wamenya / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

L’armée et les autorités de la RDC ont accusé jeudi 1er décembre les rebelles du M23 d’avoir « lâchement assassiné » au moins 50 civils deux jours auparavant à Kishishe, un village du territoire de Rutshuru situé à environ 70 km au nord de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Le M23 a contesté être l’auteur de cette tuerie, dont le bilan reste difficile à établir de source indépendante faute d’accès à cette zone sous contrôle rebelle.

« Barbarie »

Lors du conseil des ministres qui s’est tenu vendredi, « le président de la République a dénoncé dans les termes les plus fermes le massacre contre plus d’une centaine de compatriotes à Kishishe, victimes de la barbarie » du M23, selon le compte rendu lu dans la soirée par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.

« En leur mémoire », le président Félix Tshisekedi, « a chargé le gouvernement de décréter trois jours de deuil national à observer à partir de ce samedi 3 décembre », a-t-il poursuivi, précisant que les drapeaux seraient mis en berne sur tout le territoire durant cette période.

Enquêtes

Le deuil s’achèvera lundi avec l’organisation d’un « téléthon » destiné à collecter des fonds pour « la réponse humanitaire » à apporter aux victimes des violences dans l’est du pays, a ajouté le porte-parole.

Depuis que des informations ont fait état de ce massacre, les appels à une enquête indépendante se sont multipliés. Lors du même conseil des ministres, le président « a demandé à la ministre de la Justice d’ouvrir sans délai une enquête au niveau interne et en même temps d’oeuvrer en faveur d’une enquête internationale pour faire la lumière sur ce crime de guerre », a encore déclaré le porte-parole.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Massacre du 28-Septembre en Guinée: l’ex-dictateur Camara jeté en prison avant le procès

septembre 27, 2022
Massacre du 28-Septembre en Guinee: l'ex-dictateur Camara jete en prison avant le proces
Massacre du 28-Septembre en Guinée: l’ex-dictateur Camara jeté en prison avant le procès© AFP/Archives/SEYLLOU

L’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara et plusieurs coaccusés ont été envoyés en prison mardi, avant d’être jugés à partir de mercredi pour l’effroyable massacre commis le 28 septembre 2009, ont indiqué leurs avocats.

Le procureur a fait « embarquer nos six clients à la maison centrale (prison) où ils seront semble-t-il retenus jusqu’à la fin de la procédure », c’est-à-dire du procès, à la durée indéterminée, a déclaré un de ces avocats, Me Salifou Béavogui, à des journalistes devant le tribunal. L’avocat a contesté cette mesure en déclarant: « Très malheureusement, le procès commence par la violation des droits de la défense ».

Un correspondant de l’AFP a vu un minibus quitter à toute allure sous la protection de plusieurs pick-up le tribunal flambant neuf construit exprès pour le procès, et où s’est décidée pendant quelques heures la liberté des accusés.

Le capitaine Camara et dix autres anciens officiels militaires et gouvernementaux doivent répondre à partir de mercredi à 10H00 (locales et GMT) de leur responsabilité présumée dans les évènements du 28 septembre 2009 et des jours suivants. Un certain nombre d’accusés étaient déjà détenus depuis des années.

Les accusés encore libres avaient été convoqués vers 12H00 préalablement au procès. Les craintes de leurs avocats qu’ils ne soient placés en détention se sont révélées fondées.

Le représentant du parquet a lu aux accusés et leurs avocats les textes stipulant que les accusés devaient se constituer prisonniers avant leur procès, a rapporté Me Béavogui. Les avocats ont vainement plaidé que ces dispositions ne s’appliquaient pas parce que les décisions de justice les renvoyant devant le tribunal ne prévoyaient pas explicitement une telle mesure, a-t-il dit.

Les 11 hommes seront jugés à partir de mercredi pour leurs agissements il y a 13 ans.

Des soldats, des policiers et des miliciens avaient fait couler un bain de sang lors du rassemblement de dizaines de milliers de sympathisants de l’opposition, réunis dans un stade de la banlieue de Conakry pour démontrer pacifiquement leur force et dissuader M. Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010.

Le capitaine Moussa Dadis Camara avait été porté au pouvoir en décembre 2008 par un coup d’Etat militaire. Il avait ensuite été investi président.

Le 28 septembre 2009 et les jours suivants, 156 personnes ont été tuées et des milliers blessées avec une cruauté effrénée, au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.

Les chiffres réels sont probablement plus élevés.

Une multitude de témoignages rapportent comment les Bérets rouges de la garde présidentielle, des policiers et des miliciens sont entrés dans l’enceinte, en ont bouclé les accès et ont ouvert le feu sans discrimination sur une foule civile, festive et désarmée.

L’attente d’un vrai procès

Ils ont poursuivi leur besogne au couteau, à la machette et à la baïonnette, jonchant de cadavres la pelouse, les travées et les couloirs du stade et ses alentours. Ils ont abusé de dizaines de femmes et achevé nombre d’entre elles. Des personnes sont mortes piétinées dans la panique.

Les exactions ont continué les jours suivants, contre des femmes séquestrées et des détenus torturés.

Amnesty International a présenté à la veille du procès un rapport réclamant une meilleure prise en charge des victimes de viols en Guinée et l’adoption « en urgence d’une loi générale sur les violences basées sur le genre ».

Les violences commises il y a 13 ans sont constitutives de crimes contre l’humanité, avait conclu la commission d’enquête internationale rapidement après les faits.

M. Camara vivait jusqu’à présent en exil au Burkina Faso. Il est rentré dans la nuit de samedi à dimanche à Conakry pour participer au procès. Il entend « laver son honneur », disent ses proches.

La commission internationale lui a imputé une « responsabilité criminelle personnelle et une responsabilité de commandement ».

Avec ce procès, des centaines de victimes et proches, constituées en parties civiles ou non, et les organisations de défense des droits humains voient arriver le jour qu’elles ont réclamé pendant 13 ans.

Les atermoiements du pouvoir et l’impunité érigée en « institution », selon la commission internationale, de forces de sécurité quasiment intouchables dans un pays dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires ont longtemps fait douter de la tenue de ce procès.

L’actuel chef de la junte, le colonel Mamady Doumbouya, également arrivé au pouvoir par un putsch en 2021 après 11 ans de pouvoir civil, a demandé en juillet que le procès ait lieu cette année avant la date anniversaire.

Les associations de victimes réclament cependant un vrai procès. Elles demandent que celui-ci ne se résume pas à son ouverture pour l’effet d’image.

Par Le Point avec AFP

Afrique du Sud : le massacre de Marikana, une tache indélébile pour Cyril Ramaphosa

août 16, 2022

Le meurtre de 34 grévistes par la police nationale, le 16 août 2012, continue de poursuivre le président sud-africain, qui siégeait à l’époque au conseil d’administration de Lonmin, l’entreprise propriétaire de la mine.

Des policiers sud-africains autour des corps de mineurs tués lors de la grève, le 16 août 2012 à Marikana. © AP/SIPA

« Cyril Ramaphosa le sanguinaire. » Le parti des Combattants pour la liberté économique (EFF) ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit d’impliquer le chef de l’État dans le massacre de Marikana. Le deuxième parti d’opposition sud-africain l’accuse d’être responsable de la mort des 34 mineurs qui faisaient grève pour demander une augmentation de salaire le 16 août 2012. Celui qui n’était alors qu’un homme d’affaires occupait le poste de directeur non-exécutif de l’entreprise Lonmin (devenue Sibanye-Stillwater), l’une des plus grosses mines de platine au monde, dans la province du North West. Au total, 44 personnes ont perdu la vie lors de ce mouvement social.

Odieux criminels

La commission d’enquête Farlam n’a pas inquiété Cyril Ramaphosa. En revanche, elle a révélé comment il aurait usé de sa position au sein du Comité national exécutif (NEC) du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), pour influer sur le cours de la grève. Dans un e-mail envoyé au responsable commercial de la mine, la veille de la tuerie, Cyril Ramaphosa qualifiait les grévistes « d’odieux criminels » devant être traités comme tels. Il demandait que des actions soient menées et expliquait en avoir parlé aux ministres de la Police et des Ressources minérales.

Depuis ces révélations, et malgré les excuses de Ramaphosa concédant avoir utilisé un langage inapproprié, les EFF ne lâchent plus le président. La formation politique, qui vient de fêter ses 9 ans, avait été lancée par Julius Malema en 2013 à Marikana. Deux ans plus tard, Malema déposait plainte dans un commissariat de Marikana contre Cyril Ramaphosa, contre l’ancien ministre de la Police, Nathi Mthethwa, et contre les chefs de la police sud-africaine pour leur rôle supposé dans le massacre. Les EFF alimentent également un fonds de soutien aux veuves des mineurs.À LIREAfrique du Sud : Julius Malema, en guerre et contre tous

Ces femmes, Cyril Ramaphosa ne les a jamais rencontrées malgré sa promesse. « Les précédentes tentatives ont échoué à cause de problèmes logistiques – certaines familles de victimes ayant déménagé – et à cause du manque de soutien de certains acteurs clés », fait savoir Vincent Magwenya, le porte-parole de la présidence. Ce dixième anniversaire ne sera donc pas l’occasion d’un retour à Marikana. Cyril Ramaphosa se déplace au sommet de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) en RDC. Son absence ne surprend pas Joseph Mathunjwa, à la tête du syndicat des mineurs et des ouvriers de la construction (AMCU), majoritaire dans les mines de platine. « Sa conscience lui pèse », pense-t-il.

Loin des yeux mais près du cœur, rebondit la présidence. « Le président se souviendra toujours de ces événements tragiques […] comme l’un des moments les plus tristes de l’ère post-démocratique et comme une malédiction pour l’histoire contemporaine de l’Afrique du Sud », relaie Vincent Magwenya. Le massacre de Marikana est souvent comparé à celui de Sharpeville, le 21 mars 1960, quand la police du régime raciste de l’apartheid tirait sur la foule et tuait 69 personnes. Une mise en parallèle destinée à souligner les échecs de l’avènement de la démocratie en 1994.

« C’est malheureux qu’un tel événement ait pu se produire sous le gouvernement démocratique d’un ancien mouvement de libération », abonde Nono Maloyi, fraîchement élu président de l’ANC dans la province du North West. Pour autant, il ne prendra part à aucune commémoration aujourd’hui. Nono Maloyi explique que le week-end électoral a été éreintant et que le nouveau bureau n’est pas encore entré en fonction. « À l’époque, l’actuel secrétaire provincial de l’ANC était très impliqué […]. Il a rencontré les familles, les veuves, ce que nous continuerons à faire », insiste Nono Maloyi pour dissiper tout soupçon d’indifférence.

Impunité

Malgré la réticence de Cyril Ramaphosa à rencontrer les veuves, malgré la révélation d’e-mails le dépeignant en homme d’affaires antisocial ou son rôle présumé dans la réponse policière conduisant au massacre des mineurs, la tragédie de Marikana n’a pas eu de conséquences sur sa carrière politique. Au contraire, puisque quatre mois après la tragédie, Cyril Ramaphosa était élu vice-président de l’ANC en décembre 2012, puis vice-président de la République en 2014 avant de prendre la tête du pays en 2018.

Le sentiment d’impunité qui entoure les cadres de l’ANC ne sera pas démenti par Marikana. L’impopulaire Nathi Mthethwa est désormais ministre de la Culture et des Sports. Il avait pourtant accepté d’être tenu pour responsable devant la commission d’enquête. Susan Shabangu, ancienne ministre des Ressources minérales, deviendra ministre du Développement social sous Ramaphosa.

L’ANC A PROFITÉ DU SANG DES MINEURS

« Ceux qui sont au pouvoir, au gouvernement et à l’ANC ont profité du sang des mineurs », condamne le sociologue Luke Sinwell. Il pointe ainsi le poids du secteur minier dans l’enrichissement personnel de Cyril Ramaphosa et le soutien de certains syndicats pour faire élire les représentants de l’ANC. « L’ANC a joué un rôle dans le meurtre de mineurs, qui les ont pourtant aidés à prendre le pouvoir. Le tout, sans en subir les conséquences », dénonce le coauteur de Marikana : A View from the Mountain and a Case to Answer, publié en 2012.

Double jeu

Dans ce livre collectif, les chercheurs mettent en évidence le double jeu du Syndicat national des mineurs (NUM). Avant de passer de l’autre côté de la barrière et de faire fortune grâce à ses investissements dans les mines, Cyril Ramaphosa fut le premier secrétaire national du NUM en 1982. Allié de l’ANC, négociateur privilégié par les dirigeants de Lonmin, le NUM suscitait la colère des mineurs de Marikana. Lors d’une marche de milliers de grévistes vers les bureaux du NUM, cinq jours avant le massacre, des syndicalistes ont tiré sur les manifestants. Cet accès de violence aurait poussé les mineurs à se défendre et à défiler armés, notamment de machettes, engendrant une réponse policière plus violente. Les forces de l’ordre étaient équipées d’armes automatiques pour contenir un mouvement social.

À la suite du drame de Marikana, l’influence du NUM a fondu au profit du syndicat adverse et non affilié au gouvernement, l’AMCU. C’est peut-être la seule conséquence politique notable du massacre. « Ce qui s’est passé en août 2012 a été instrumentalisé par des politiciens mécontents pour exister politiquement au détriment des 44 mineurs tués et de leurs familles, nous écrit Luphert Chilwane, porte-parole du NUM. En tant que syndicat responsable, nous décourageons quiconque veut politiser cet événement malheureux. »

« Rôle toxique »

Ses camarades ne l’entendent pas de la même oreille. En 2015, 349 mineurs ont porté plainte contre Cyril Ramaphosa, Sibanye-Stillwater (ex-Lonmin) et le gouvernement pour essayer d’obtenir 600 millions d’euros de dédommagement. Ils sont représentés par Dali Mpofu, avocat et membre des EFF. Dans un jugement rendu au début du mois de juillet, la Haute Cour de Johannesburg a rejeté les soupçons de collusion entre Ramaphosa, le gouvernement et la police. En revanche, la Cour n’a pas écarté les soupçons d’influence exercée par Ramaphosa sur l’autorité policière. Les plaignants pourraient vouloir s’engouffrer dans la brèche. Les EFF se sont félicités d’un « petit mais significatif pas dans la bonne direction » pour dévoiler  « le rôle toxique » joué par le président dans la mort des mineurs.

Avec Jeune Afrique par Romain Chanson – à Johannesburg

Algérie-France : le général de Gaulle a été informé du massacre du 17 octobre 1961

juin 8, 2022

Des archives inédites de la présidence française révèlent que de Gaulle avait été informé de l’ampleur de la répression, sur ordre de Maurice Papon, des manifestations du 17 octobre 1961. Un crime d’État resté impuni qui a fait entre 200 et 300 morts.

Des Algériens arrêtés lors de la manifestation du 17 octobre 1961, à Paris. © UPI/AFP

Le général de Gaulle n’ignorait rien du massacre du 17 octobre 1961 qui a fait plusieurs dizaines de victimes parmi les Algériens au cours d’une manifestation pacifique à Paris sauvagement réprimée par la police.

Selon les archives déclassifiées citées par le site d’information Mediapart, le président de la République a été informé de l’ampleur du massacre et s’en est indigné, demandant même que toute la lumière soit faite. Mais le général de Gaulle n’a pas pris de sanction contre le préfet de police de Paris, Maurice Papon, principal responsable de cette tuerie.

Exécutions, noyades, lynchages

Mardi 17 octobre 1961, cinq mois avant la fin de la guerre d’Algérie, plus de 30 000 Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu imposé le 4 octobre aux « musulmans d’Algérie » et contre la répression organisée par le préfet de police Maurice Papon.

La réaction de la police sera d’une brutalité inouïe. Exécutions, noyades, lynchages… La répression fera officiellement 3 morts. Mais selon d’autres sources, le bilan de ces violences qui se sont poursuivies tout au long de la nuit du 17 octobre ont fait entre 200 et 300 morts.

Dans les archives déclassifiées, Mediapart a ainsi retrouvé une note datée du 28 octobre 1961, rédigée par Bernard Tricot, conseiller du général de Gaulle pour les affaires algériennes, dans laquelle il indique au président que ces manifestations ont fait 54 morts. « Les uns auraient été noyés, les autres étranglés, d’autres encore abattus par balles, explique Bernard Tricot. Les instructions judiciaires ont été ouvertes. Il est malheureusement probable que ces enquêtes pourront aboutir à mettre en cause certains fonctionnaires de police. »

Le 6 novembre, le même fonctionnaire adresse une seconde note dans laquelle il expose une « question d’ordre gouvernemental » et fait part de « la découverte dans la région parisienne, depuis le 22 octobre, des cadavres d’un certain nombre de Musulmans algériens ».

Au président de la République, le conseiller pour les affaires algériennes écrit encore qu’il a besoin de « savoir si on se bornera à laisser les affaires suivre leur cours, auquel cas il est probable qu’elles s’enliseront, ou si le ministre de la Justice [Bernard Chenot], ainsi que le ministre de l’Intérieur [Roger Frey] doivent faire savoir aux magistrats et officiers de la police judiciaire compétente que le gouvernement tient à ce que la lumière soit faite ».

Il poursuit : « Il importe beaucoup, semble-t-il, que le gouvernement prenne dans cette affaire une position qui, tout en cherchant à éviter le plus possible le scandale, montre à tous les intéressés que certaines choses ne doivent pas être faites et qu’on ne les laisse pas faire. »

« Il faut poursuivre les coupables »

Réponse manuscrite du général de Gaulle retrouvée dans les archives déclassifiées : « Il faut faire la lumière et poursuivre les coupables. Il faut que le ministre de l’Intérieur prenne vis-à-vis de la police une attitude d’“autorité”, qu’il ne prend pas, et qui, d’ailleurs, n’exclut nullement, bien au contraire, la “protection”. »

Mais aucune mesure ne sera prise contre les policiers et responsables qui ont ordonné et couvert ce massacre. Les poursuites judiciaires, pourtant encouragées par le président de Gaulle, ont été abandonnées en mars 1962 à la suite de la promulgation d’une loi d’amnistie portant sur tous les crimes et délits « en relation avec les événements d’Algérie ».

Les ministres de l’Intérieur et de la Justice, ainsi que le préfet Maurice Papon ont été maintenus dans leurs fonctions. Ce dernier, qui a toujours nié les violences policières, a été condamné en 1998 pour complicité de crimes contre l’humanité pour son rôle dans la déportation de juifs entre 1942 et 1944.

Il faudra attendre octobre 2021 pour que la présidence française reconnaisse pour la première fois que « près de 12 000 Algériens furent arrêtés et transférés dans des centres de tri au stade de Coubertin, au Palais des sports et dans d’autres lieux. Outre de nombreux blessés, plusieurs dizaines furent tués, leurs corps jetés dans la Seine ». Dans un communiqué, le président Emmanuel Macron a évoqué des « crimes inexcusables » commis « sous l’autorité de Maurice Papon ».

Par Jeune Afrique avec AFP

Des combattants russes soupçonnés d’être impliqués dans un massacre au Mali

avril 5, 2022

Depuis plusieurs années maintenant, les forces maliennes et étrangères sont engagées dans une lutte impitoyable contre les mouvements islamistes armés. Photo: AFP via Getty Images/AFP Contributor

Les soldats maliens associés à des combattants étrangers présumés être russes ont exécuté sommairement 300 civils, dont certains qu’ils soupçonnaient d’être des djihadistes, fin mars, dans une localité du centre du pays, dénonce Human Rights Watch.

Dans un rapport publié mardi, l’ONG décrit un massacre perpétré sur plusieurs jours entre le 27 et le 31 mars dans la localité de Moura, entre Mopti et Djenné, dans une région qui est l’un des principaux foyers des violences sahéliennes.

Ces faits sont le pire épisode d’atrocités commises depuis le déchaînement des violences au Mali en 2012, dit l’organisation, qui cite 27 personnes informées des évènements, dont 19 survivants et témoins.

Aucune réaction à ce rapport n’a été obtenue dans un premier temps des autorités dominées par les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020.

Alors que les messages se multipliaient sur les réseaux sociaux, elles ont donné vendredi une tout autre version des évènements de Moura, parlant d’opération qui avait permis d’abattre 203 membres de groupes armés terroristes et d’en arrêter 51 autres. Elles se sont inscrites en faux contre des spéculations diffamatoires.

Mais la Mission de l’ONU au Mali, les États-Unis, l’Union européenne et la France ont exprimé leurs préoccupations devant les informations remontant de Moura.

Le gouvernement malien doit de façon urgente et impartiale ouvrir une enquête sur ces meurtres de masse, y compris sur le rôle de soldats étrangers, dit Corinne Dufka, directrice pour le Sahel à HRW. Pour la crédibilité de ces investigations, les autorités doivent se faire assister de l’Union africaine et des Nations unies, dit-elle.

Islamistes armés

Les évènements de Moura ont commencé le 27 mars par l’arrivée en hélicoptères de soldats en pleine foire aux bestiaux, dit HRW. Les soldats auraient alors échangé des tirs avec une trentaine d’islamistes armés qui se trouvaient dans la foule; plusieurs islamistes, quelques civils et deux soldats étrangers auraient été tués.

Moura est décrite comme une localité passée, comme beaucoup d’autres au Mali, sous la coupe de groupes affiliés à Al-Qaïda.

Avec des renforts transportés par hélicoptères, les soldats maliens et étrangers ont pris le contrôle de Moura, relatent les témoins cités par HRW.

Les étrangers, blancs de peau, sont assimilés à des Russes parce qu’ils ne parlent pas français et qu’il a beaucoup été question dans les médias, y compris de la part des autorités, de l’arrivée de soldats russes ces derniers mois pour aider à combattre les djihadistes.

Exécutions sommaires

Les soldats auraient ratissé la localité, exécutant un certain nombre de personnes et en capturant des centaines d’autres. Les jours suivants, ils auraient exécuté par balles et par petits groupes des dizaines de captifs, peut-être en fonction de leur tenue vestimentaire ou parce qu’ils portaient la barbe suivant des règles édictées par les djihadistes, ou en raison de leur appartenance ethnique.

La grande majorité des hommes, exécutés aussi bien par des soldats maliens que blancs, étaient Peuls, un groupe dans lequel les djihadistes ont largement recruté, dit HRW.

Tuer délibérément ou maltraiter un individu en détention est un crime de guerre, dit HRW.

Des civils ont été forcés de creuser des fosses communes avant d’être exécutés, dit HRW. Certaines dépouilles ont été brûlées au point d’être méconnaissables, ajoute HRW.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

Ukraine: Évoquant un possible génocide, l’UE discute de nouvelles sanctions contre Moscou

avril 4, 2022

Volodymyr Zelensky a visité Boutcha, où les services d’urgence continuait de rassembler les cadavres de civils tués pendant l’occupation russe, le 4 avril 2022. Photo: AFP via Getty Images/Ronaldo Schemidt

Les Européens, révoltés par les images de cadavres de civils retrouvés dans les environs de Kiev, discutent lundi d’un alourdissement des sanctions contre Moscou, accusé de « génocide » en Ukraine, mais qui nie en bloc et dénonce une provocation.

Lundi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu à Boutcha, en banlieue nord-ouest de Kiev, où les services d’urgence ukrainiens continuaient d’arpenter les rues et les domiciles pour rassembler les corps de civils tués pendant l’occupation russe.

« Ce sont des crimes de guerre et ce sera reconnu par le monde comme un génocide. »— Une citation de  Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine

Selon M. Zelensky, il est devenu plus difficile pour l’Ukraine de négocier avec la Russie à mesure qu’elle prend connaissance des atrocités commises par son armée, au fur et à mesure qu’elle se retire de la région de Kiev. Plus la Fédération de Russie fait traîner en longueur le processus de rencontres, pire ce sera pour eux, pour cette situation et pour cette guerre.

Occupée dès le 27 février par l’armée russe, Boutcha a été inaccessible pendant plus d’un mois. Les bombardements y ont cessé jeudi et les forces ukrainiennes n’ont pu complètement y pénétrer qu’il y a quelques jours. Samedi, les funestes découvertes ont commencé à faire surface.

Des cadavres dans une rue.

Le corps de civils jonchent une rue de Boutcha, en banlieue de Kiev, le 2 avril 2022, après le retrait des forces russes. Photo : Reuters/Zohra Bensemra

Le nombre total de morts reste encore incertain. Selon la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova, les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires de la région de Kiev récemment repris aux troupes russes, qui s’en sont retirées pour se redéployer vers l’est et le sud.

L’AFP a vu samedi les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues à Boutcha, tuées d’une balle dans la nuque, aux dires du maire, Anatoli Fedorouk, à l’Agence France-PresseAFP.

M. Fedorouk avait par ailleurs affirmé samedi que 280 personnes avaient quant à elle dû être enterrées dans des fosses communes, car elles ne pouvaient être inhumées dans les cimetières communaux, tous à portée des tirs russes pendant les combats.

Anatoli Fedorouk, maire de Boutcha, explique que des civils ont aussi dû être enterrés en masse dans des fosses en raison des tirs russes près des cimetières. Photo : AFP via Getty Images/Sergei Supinsky

Exclure la Russie du Conseil des droits de l’homme

Se disant horrifiée, la Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a déclaré lundi que la découverte de cadavres de civils à Boutcha, en Ukraine, faisait naître des soupçons de crimes de guerre.

Toutes les mesures doivent être prises pour préserver les preuves, a-t-elle ajouté. Il est essentiel que tous les efforts soient entrepris pour garantir des enquêtes indépendantes et efficaces sur ce qui s’est passé à Boutcha afin de garantir la vérité, la justice et la responsabilité, ainsi que des réparations et des recours pour les victimes et leurs familles.

Les États-Unis ont annoncé lundi qu’ils allaient tenter d’obtenir la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations uniesONU. Nous ne pouvons pas laisser un État membre qui est en train de saper tous les principes qui nous tiennent à coeur participer au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a tweeté l’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield.

On ne peut pas laisser la Russie utiliser son siège au Conseil comme outil de propagande lui permettant de suggérer qu’elle a une préoccupation légitime au sujet des droits de la personne, a-t-elle ajouté.

De son côté, la Russie nie les accusations de l’Ukraine et de ses alliés et affirme que les multiples photographies et vidéos de Boutcha ne sont qu’une provocation et une mise en scène ukrainienne, orchestrée par les États-Unis.

Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a pour sa part appelé lundi à créer une commission d’enquête internationale sur le génocide commis selon lui par l’armée russe à Boutcha. Ces massacres sanglants commis par des Russes, des soldats russes, méritent d’être appelés par leur nom. C’est un génocide, et il doit être jugé, a déclaré à la presse Mateusz Morawiecki. C’est pourquoi nous proposons de mettre en place une commission internationale pour enquêter sur ce crime de génocide.

Le pétrole russe divise l’Europe

La Commission européenne prépare un nouvel ensemble de sanctions contre la Russie en raison de son offensive militaire en Ukraine et n’exclut pas de proposer aux pays membres de l’Union européenneUE un embargo sur le pétrole russe, a déclaré lundi Valdis Dombrovskis, vice-président de l’exécutif européen.

Très clairement, en tant qu’Union européenne, nous devons en faire davantage pour mettre fin à cette guerre et à ces atrocités, a dit Valdis Dombrovskis à son arrivée à une réunion des ministres des Finances de l’Union européenneUE à Luxembourg.

La Commission prépare déjà le prochain paquet de sanctions et j’espère que les États membres seront en mesure de prendre des décisions sur de prochaines mesures ambitieuses en ce qui concerne les sanctions. Nous devons accentuer la pression sur la Russie et nous devons accentuer notre soutien à l’Ukraine, a-t-il ajouté.

À la question de savoir si un embargo sur le pétrole russe pourrait figurer dans ce nouveau train de sanctions, Valdis Dombrovskis a répondu : En ce qui concerne la Commission, rien n’est exclu.

L’Union européenneUE importe environ 40 % de son pétrole et de son gaz de Russie. Elle prévoit déjà réduire du deux tiers sa dépendance à l’énergie russe d’ici la fin de l’année, et s’en défaire complètement d’ici 2030.

L’Allemagne, l’un des pays d’Europe les plus dépendants de l’énergie russe, continue toutefois d’exclure de frapper le secteur gazier russe.

Nous devons envisager de dures sanctions, mais à court terme, les livraisons de gaz russe ne sont pas substituables et les interrompre nous nuirait plus qu’à la Russie, a déclaré le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, avant la réunion avec ses homologues lundi.

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui évoqué lundi des sanctions individuelles et des mesures sur le charbon et le pétrole, mais il n’a pas mentionné les achats de gaz.

Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse et Reuters

Ukraine: « Le massacre de Boutcha était délibéré », dit Kiev

avril 3, 2022

C’est en reprenant la ville de Boutcha après le départ des troupes russes que les soldats ukrainiens ont découvert plusieurs cadavres dans les rues. Photo: Reuters/Zohra Bensemra

Au 39e jour de l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a accusé la Russie de « massacre délibéré » après la découverte de plusieurs cadavres à Boutcha, une ville située au nord-ouest de la capitale, Kiev, juste après le retrait des troupes russes. Plus de 400 habitants y auraient été tués par les forces d’occupation, d’après les autorités ukrainiennes.

En se repliant, les Russes laissent derrière eux un désastre total et de nombreux dangers, a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Les corps de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires récemment libérés près de Kiev, a indiqué la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova. Les experts médico-légaux en ont déjà examiné 140, a-t-elle précisé.

S’exprimant plus tôt sur Twitter, le conseiller présidentiel Mykhaïlo Podoliak a décrit l’horreur :

« [Nous avons découvert] les corps d’hommes et de femmes tués les mains liées. Les pires crimes du nazisme sont de retour en Europe. Ceci a été fait délibérément par la Russie. »— Une citation de  Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne

Les corps de 57 personnes ont été retrouvés dans une fosse commune à Boutcha, a déclaré dimanche Serhii Kaplytchny, chef des secours locaux.

Des cadavres gisent dans une rue de Boutcha, au nord-ouest de Kiev, après le retrait des forces russes. Photo : Getty Images/Ronaldo Schemidt

Les journalistes de l’Agence France-PresseAFP qui se sont rendus sur place ont pu constater qu’une dizaine de cadavres étaient visibles, certains étant partiellement inhumés.

L’Agence France-PresseAFP a indiqué avoir vu la veille les corps sans vie d’au moins vingt hommes qui portaient des vêtements civils dans une rue de Boutcha. Un des hommes avait les mains liées et les cadavres étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres.

On ne pouvait pas déterminer la cause de leur mort dans l’immédiat, mais une personne présentait une profonde blessure à la tête.

Tous ces gens ont été fusillés. Ils [les Russes] les ont tués d’une balle dans la nuque, a affirmé à l’Agence France-PresseAFP le maire de Boutcha, Anatoly Fedorouk.

Le maire a aussi fait état de 280 personnes déjà enterrées dans des fosses communes, car il était impossible de le faire dans les trois cimetières de la municipalité.

Un homme à la recherche de nourriture à Boutcha, le 2 avril 2022. Photo: Getty Images/Ronaldo Schemidt

Aux yeux du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Moscou doit payer pour ce massacre délibéré.

« Les Russes veulent éliminer autant d’Ukrainiens qu’ils le peuvent. Nous devons les arrêter et les expulser du pays. J’exige de nouvelles sanctions dévastatrices du G7 immédiatement. »— Une citation de  Dmytro Kouleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères

Moscou dément toute responsabilité

Par la voix de son ministère de la Défense, la Russie a réagi rejetant ces accusations.

« Pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul résident local n’a souffert d’actions violentes. »— Une citation de  Extrait du communiqué du ministère russe de la Défense

Moscou a ajouté que son armée avait distribué 452 tonnes d’aide humanitaire aux civils dans ce secteur.

Le ministère a ajouté que tous les habitants avaient eu la possibilité de quitter librement la localité vers le nord, alors que les banlieues sud de la ville étaient la cible de tirs des troupes ukrainiennes 24 heures sur 24.

Pour ce qui est des images de cadavres dans les rues de la ville, c’est une nouvelle production du régime de Kiev pour les médias occidentaux, poursuit le communiqué du ministère de la Défense.

Il a assuré que toutes les unités militaires russes s’étaient retirées de Boutcha le 30 mars, au lendemain de l’annonce par la Russie qu’elle allait réduire de façon significative son activité dans le nord de l’Ukraine.

Vague d’indignation en Occident

Les États-Unis et l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN ont exprimé dimanche leur horreur devant les récits d’atrocités imputées aux forces russes.

Ces images sont un coup de poing à l’estomac, a réagi le secrétaire d’État américain Antony Blinken sur la chaîne CNN en rappelant avoir prévenu avant l’agression de la Russie que ce pays risquait de commettre des atrocités.

Deux personnes poussent leur vélo en traversant une rue où gisent plusieurs cadavres à Boutcha, au nord-ouest de Kiev. Photo : Getty Images/Ronaldo Schemidt

Le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN, Jens Stoltenberg, a pour sa part dit estimer que les violences de Boutcha étaient horribles et a dénoncé une brutalité inédite en Europe depuis des décennies.

Il est absolument inacceptable que des civils soient pris pour cibles et tués, et cela souligne l’urgence de mettre fin à cette guerre, a-t-il affirmé sur la même chaîne.

Évoquant des actes révoltants commis par l’armée russe contre des civils en Ukraine, la cheffe de la diplomatie britannique, Liz Truss, a réclamé une enquête pour crimes de guerre.

« Les attaques acharnées contre des civils innocents durant l’invasion illégale et injustifiée de l’Ukraine par la Russie doivent faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre. »— Une citation de  Liz Truss, ministre britannique des Affaires étrangères

Nous devons faire toute la lumière sur ces crimes commis par l’armée russe, a déclaré de son côté le chancelier allemand Olaf Scholz.

Les auteurs de ces crimes et leurs commanditaires doivent rendre des comptes, a-t-il dit, réclamant notamment que des organisations internationales aient accès à la région pour documenter ces atrocités.

Le chef du gouvernement italien Mario Draghi pense lui aussi que la Russie doit payer. Les autorités russes doivent cesser immédiatement les hostilités, mettre fin aux violences contre les civils et devront rendre des comptes, a-t-il ajouté.

Les autorités russes devront répondre de ces crimes, a quant à lui déclaré le président français Emmanuel Macron.

Se disant choqué, le président du Conseil européen, Charles Michel, a lui aussi accusé l’armée russe d’avoir commis des atrocités dans la région libérée de Kiev. Il a également réclamé davantage de sanctions à l’encontre de Moscou.

L’Union européenneUE aide l’Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour intenter des poursuites devant les cours internationales, a précisé le président du Conseil européen.

Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse, Reuters et CNN

Algérie : Oran, 5 juillet 1962, autopsie d’un massacre

février 1, 2022
Entrée dans Alger des troupes de l’ALN de la wilaya 5 (Oranie), en juillet 1962. © ROBERT DELVAC/UPI/AFP

Face à des représentants de pieds-noirs reçus à l’Élysée, Emmanuel Macron a demandé que l’on « regarde en face » le massacre de centaines d’Européens le 5 juillet 1962 à Oran. Mais la question reste ouverte sur les auteurs du carnage.

Depuis que le général de Gaulle a visité Oran en mai 1958, on surnomme la deuxième plus grande ville d’Algérie « La Radieuse » pour sa douceur de vie. Quatre ans après cette visite historique, et alors que la date de la proclamation de l’indépendance (juillet 1962) s’approche inéluctablement, Oran devient terre de feu et de sang.

Attentats à la bombe, massacres, assassinats, exécutions sommaires d’Algériens ou de militaires français, attaques d’infrastructures : l’OAS (Organisation armée secrète) sème la terreur dans une ultime tentative de s’opposer à l’abandon de l’Algérie française.

Mais au fur et à mesure qu’approche le 5 juillet, jour de la proclamation de l’indépendance, les commandos de la sinistre organisation fuient la ville. Les tueurs de l’OAS ne sont pas les seuls à faire leurs valises. Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu du 19 mars 1962, deux tiers des quelque 220 000 Européens qui vivent à Oran ont déjà gagné la France.

SOUDAIN UN PREMIER COUP DE FEU RETENTIT. PUIS UN DEUXIÈME, UN TROISIÈME, UN QUATRIÈME

En ce début juillet, des milliers d’autres pieds-noirs se précipitent à l’aéroport ou s’amassent sur le port pour embarquer vers la Métropole. La guerre est finie et l’Algérie française avec.

Comme partout en Algérie, c’est un jour de liesse et de réjouissances populaires à Oran. Dès le matin, des processions venues des quartiers arabes convergent vers le centre-ville pour célébrer la fin d’une guerre qui aura duré presque huit ans.

L’heure est à la fête, même si la veille, d’inquiétantes et vagues rumeurs de grabuge et de troubles ont couru en ville. Il est 11 heures quand la marée humaine atteint la Place d’Armes, le cœur d’Oran, où le drapeau algérien s’apprête à être hissé sur la façade de la mairie, une cérémonie organisée par l’Armée de libération nationale (ALN).

L’ambiance est festive et joyeuse. Soudain un premier coup de feu retentit. Puis un deuxième, un troisième, un quatrième. Qui a tiré ? Nul ne le sait. « C’est l’OAS ! C’est l’OAS », crie un manifestant. Le cri est repris en écho. La foule se disperse en un mouvement de panique, dans la précipitation et le chaos.

Dizaines de cadavres

C’est le début d’un carnage qui va durer plus de six heures. Des hommes armés, surgis de nulle part, tirent sur des Européens et des musulmans à l’aveuglette. Les quartiers où vivent les pieds-noirs sont investis par des individus armés de couteaux, de machettes, de poignards et de haches. Des barrages sont dressés pour y intercepter femmes, enfants, jeunes et vieux. Une telle organisation indique que le massacre n’a rien de spontané.

On tue, on égorge, on lynche, on brûle sans distinction. Une heure après le début des tueries, des dizaines de cadavres s’étalent déjà dans les rues. Oran bascule dans l’horreur. À midi, le général Joseph Katz, qui assure le commandement du corps de l’armée française d’Oran depuis février 1962 avec ses 18 000 hommes, est informé des exactions en cours contre les Européens.

DES DIZAINES DE PIEDS-NOIRS SONT EMBARQUÉS VERS DES DESTINATIONS INCONNUES. D’AUTRES SONT SUPPLICIÉS DANS LEURS MAISONS

Sur son journal de bord des opérations, il donne ses consignes à 12 h 15 : « Troupes restent consignées. S’il est attenté à la vie des Européens, dans ce cas prendre contact avec le secteur avant d’agir. » Les consignes de ce général obtus et carré sont claires : les 18 000 militaires français doivent rester dans leurs casernes et ne pas intervenir.

Un peu moins d’une heure après son premier ordre, Katz survole Oran à bord d’un hélicoptère avant d’aller déjeuner tranquillement à l’aéroport. Ce général qui a mené une lutte implacable contre les commandos de l’OAS depuis sa désignation constate que tout est calme dans la ville.

Dans les quartiers européens, le massacre ne fait que commencer. Des dizaines de pieds-noirs sont embarqués vers des destinations inconnues. D’autres sont suppliciés dans leurs maisons, dans des garages et des entrepôts.

Des camions arrivent d’on ne sait où pour embarquer des Européens de tous âges vers Le Petit Lac, une décharge sauvage située à la périphérie de la ville. Sur place, ils sont tués à coups de couteau, à la hache, brûlés vifs avant d’être enterrés dans des fosses communes. Dans les abattoirs, des victimes sont pendues aux crochets de boucher.

Les militaires ne bougent pas

De jeunes auxiliaires temporaires occasionnels, des unités de l’ALN, participent à la chasse à l’homme en conduisant notamment des pieds-noirs dans des commissariats où ils seront là aussi battus et tués. Dans la moiteur de cet après-midi du 5 juillet, l’odeur du sang se répand partout. Les morgues des hôpitaux débordent de cadavres.

Ceux qui parviennent à s’échapper tentent de se réfugier dans les casernes. Les portes sont closes. Les instructions sont toujours aussi strictes qu’au début du massacre : les militaires ne doivent pas bouger de leurs cantonnements.

Des appelés et des sous-officiers qui demandent à leurs supérieurs de sortir pour porter secours aux victimes sont rappelés à l’ordre. Bravant l’interdit, le capitaine Rabah Kheliff, qui dirige la 4e compagnie du 30e BCP (Bataillon de chasseurs à pied), quitte sa caserne avec ses hommes pour porter secours à des dizaines de pieds-noirs sur le point d’être conduits au Petit Lac.

Ramdane Bechouche, lieutenant de l’armée française, en fait de même pour libérer des dizaines d’Européens entassés dans des véhicules qui s’apprêtent là aussi à se diriger vers les fosses communes du Petit Lac.

Ils ne seront pas les seuls à porter secours aux victimes. Des Algériens interviennent pour arracher des Européens des mains des tueurs. Dans un quartier de la ville, un jeune officier de l’ALN sort son pistolet pour sauver un homme que des individus avaient extrait de son véhicule pour tenter de le supplicier en présence de son petit garçon. Dans les locaux du secteur que dirige le général Katz, des télégrammes alarmants arrivent en rafales. Comme celui-ci qui tombe vers 16h15 : « Barrage FLN Carrefour. 70 FSE [Français de souche européenne] arrêtés et conduits dans un local proche où ils subissent des supplices. »

Des appels au secours sont lancés par radio et sont captés par des bateaux qui croisent au large de la Méditerranée. Ils arrivent à Marseille, puis à Paris. Les informations sur les tueries en cours à Oran parviennent au ministère de l’Intérieur et au ministère des Armées. Mais à Paris comme à Alger, les autorités politiques et militaires ne bougent pas.

Affaire étouffée ?

Il est un peu plus de 18 heures quand le calme revient peu à peu. Ce n’est qu’à ce moment-là que des véhicules sont autorisés à quitter les casernes pour ramasser les cadavres qui jonchent les rues. Ce soir de 5 juillet, Oran est enveloppée dans un silence de mort. La ville compte ses morts et ses blessés. Historiens et spécialistes s’accordent aujourd’hui sur le nombre de 700 personnes tuées et disparues.

Qui est derrière ce carnage et qui en porte la responsabilité ? Au petit matin du lundi 9 juillet, un bataillon de l’ALN saisit deux tonnes de matériel de guerre et procède à l’arrestation de 58 personnes présentées comme les auteurs de ces tueries. À la tête de ce qui est présenté comme une bande criminelle, un certain Moueden, dit « Attou ».

Un personnage d’une violence sans limites, ivre de sang, cruel même avec ses sicaires. Selon le capitaine Bekhti, officier de l’ALN, Attou est tué au cours de cette opération alors qu’il tentait de fuir. Mais selon divers témoignages, Attou a été tué plus tôt, en avril 1962, par un commando de l’OAS.

LA FRANCE NE DOIT AVOIR AUCUNE RESPONSABILITÉ DANS LE MAINTIEN DE L’ORDRE APRÈS L’AUTODÉTERMINATION » DÉCLARE LE GÉNÉRAL DE GAULLE

Qu’est-il advenu des hommes arrêtés ? Ils auraient été jugés et condamnés dans les semaines qui ont suivi le carnage, sans que les autorités communiquent davantage sur la question. Le régime de Ben Bella a-t-il cherché à étouffer l’affaire ? Quid du général Katz surnommé le « boucher d’Oran » ?

Jusqu’à sa mort en 2001, il n’a eu de cesse de clamer son innocence en expliquant avoir agi selon les instructions de sa hiérarchie. Une plainte pour complicité de crime de guerre et obéissance à des ordres criminels est déposée contre lui en 1999 au nom des familles de victimes. Il décède avant la procédure en appel.

Qu’en est-il de la responsabilité du général de Gaulle ? Ses instructions ont été d’une limpidité cristalline. Le 24 mai 1962, en conseil des ministres, il déclare que « la France ne doit avoir aucune responsabilité dans le maintien de l’ordre après l’autodétermination. Elle aura le devoir d’assister les autorités algériennes, mais ce sera de l’assistance technique. Si les gens s’entre-massacrent, ce sera l’affaire des autorités algériennes ».

L’ouverture des archives annoncé par Emmanuel Macron pourrait permettre de faire toute la lumière sur ce crime et ceux qui l’ont commis.

Avec Jeune Afrique par Farid Alilat

France: un différend familial, tourne au massacre, cinq morts

juillet 10, 2018

Pau – La piste du « drame familial » était privilégiée mardi par les enquêteurs français après la découverte, dans un appartement à Pau (sud-ouest), des corps de quatre adultes et d’un enfant, membres de la même famille franco-espagnole, a-t-on appris de source proche de l’enquête.

La mère de l’enfant a été retrouvée ligotée et bâillonnée et le père les veines tailladées.

Ce sont les pompiers, appelés pour des fumées se dégageant d’un appartement situé au premier étage d’une résidence du centre-ville, qui ont fait la macabre découverte.

Lorsqu’ils ont pénétré dans l’appartement, où « un canapé se consumait », ils y ont découvert les corps de quatre adultes et d’un enfant.

« Il s’agit de deux couples et d’un enfant. Le drame s’est déroulé à l’intérieur (de l’appartement). Il y a des traces de violences sur un couple » et sur la femme dans l’autre couple, « Tout laisse penser qu’on est sur la piste d’un drame familial », a dit à l’AFP une source proche de l’enquête.

« La jeune femme a été trouvée ligotée et bâillonnée avec de l’adhésif autour du cou » dans la salle de bains, a précisé cette source, et son mari « se serait tailladé les veines ». Quant aux parents de la jeune femme, présents dans l’appartement, « ils portent des traces de violences par objets contondants », a ajouté cette source.

Selon la même source, il n’y a « pas de traces de violences apparentes sur l’enfant, qui serait mort des suites de l’incendie », probablement intoxiqué par les fumées.

« Il semblerait qu’il y avait un différend familial qui a tourné au massacre », a ajouté à l’AFP Jean-Paul Brin, premier adjoint à la mairie de Pau.

Des voisins interrogés par le quotidien régional Sud Ouest ont affirmé que « les disputes étaient fréquentes au sein du couple ». Un collègue de l’épouse affirme même qu’elle a récemment porté plainte pour violences contre son mari.

Selon une voisine habitant l’immeuble, l’appartement était occupé par un couple franco-espagnol et leur enfant de deux ans. L’homme était français. Sa femme, une Espagnole d’une trentaine d’années, était professeur stagiaire.

Les parents de la jeune femme, des Espagnols de Saragosse (nord-est de l’Espagne), étaient allés leur rendre visite à Pau. « Une grosse dispute a éclaté à 05H00 (03H00 GMT) du matin, j’ai entendu des cris d’enfant », a-t-elle témoigné.

Des autopsies devraient avoir lieu dans les prochains jours.

Romandie.com avec(©AFP / 10 juillet 2018 15h13)                                                        

Les présidents polonais et ukrainien commémorent séparément les massacres de Volhynie

juillet 8, 2018

Kiev – Le président polonais a commémoré dimanche dans l’ouest de l’Ukraine les massacres de Polonais en Volhynie par des Ukrainiens, son homologue ukrainien se rendant de son côté en Pologne pour saluer la mémoire des Ukrainiens tués en représailles pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ces célébrations séparées constituent une nouvelle illustration des tensions entre les deux pays concernant leur histoire douloureuse.

Le président polonais Andrzej Duda s’est rendu à Loutsk, ville de l’ouest de l’Ukraine à l’époque située en Pologne, assister à une messe en hommage aux victimes des massacres de Volhynie au cours desquels quelque 100.000 Polonais ont été tués entre 1943 et 1945 par des militants de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA).

« C’était du nettoyage ethnique, c’est comme cela nous nous l’appellerions aujourd’hui », a déclaré le président Duda cité par l’agence de presse polonaise PAP.

Le président ukrainien Petro Porochenko s’est pour sa part rendu côté polonais, à 125 kilomètres de là, dans le village de Sahryn pour inaugurer un mémorial en hommage aux 20.000 Ukrainiens tués par les partisans polonais.

« Nos nations ont le droit de connaître la vérité, mais ce n’est pas le travail des hommes politiques », a-t-il déclaré aux membres de la communauté ukrainienne en Pologne.

Selon Piotr Tymon, responsable de l’Union des Ukrainiens de Pologne, les discussions entre les deux pays sur ce sujet sensible sont dans l’impasse depuis l’élection en 2015 de M. Duda, candidat du parti conservateur Droit et Justice (PiS).

« Les discussions ne portent que sur les victimes polonaises de Volhynie. Le dialogue sur la commémoration des victimes ukrainiennes a été suspendu », a-t-il ajouté interrogé au téléphone par l’AFP.

Il n’était pas prévu que les deux chefs d’Etat se rencontrent et les deux hommes ont fait savoir qu’ils n’avaient pas invité leur homologue dans leur pays.

Le président Duda a été convié en Ukraine par l’évêque de Loutsk selon Varsovie, tandis que Petro Porochenko a été invité en Pologne par la communauté ukrainienne, a fait savoir Kiev.

Selon des médias ukrainiens s’appuyant sur des sources anonymes, Varsovie a refusé une offre ukrainienne de commémorer ensemble les massacres de Volhynie.

La Pologne reproche à l’Ukraine de n’avoir pas explicitement condamné les massacres. Le Parlement polonais les a qualifiés de « génocide » dans une résolution de 2016.

Aux yeux des historiens ukrainiens, les représailles polonaises justifient qu’on mette sur le même plan les actes commis par les deux parties et donc l’absence d’excuses de Kiev. Le président Petro Porochenko a prononcé à plusieurs reprises la phrase « nous pardonnons et demandons pardon », et a déposé en juin 2016 à Varsovie une gerbe de fleurs devant le monument aux victimes polonaises en Volhynie.

Romandie.com avec(©AFP / 08 juillet 2018 14h56)