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50 ans après, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi

avril 28, 2022
50 ans apres, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi
50 ans après, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi© AFP/Yasuyoshi CHIBA

Elle a aujourd’hui 60 ans. Mais Laetitia Ngendakumana pleure encore comme la fillette de 10 ans qu’elle était en 1972, lorsque son père a disparu dans les massacres ethniques qui ont embrasé le Burundi, récemment qualifiés de génocide par une commission gouvernementale.

Comme pour beaucoup d’autres entre le 29 avril et la fin juin 1972, il y a 50 ans, le monde de cette famille hutu s’est écroulé avec l’arrestation par le pouvoir tutsi du patriarche, haut cadre dans une banque de Bujumbura, la plus grande ville du pays.

« On n’a jamais su où on avait emmené papa. Ce que je sais c’est (qu’ensuite) on nous a pillé tout ce qu’on avait », raconte en se triturant les mains Laetitia, dans la maison entourée de bananiers où elle vit désormais près de Gitega, la capitale politique.

Ni son mariage avec un enseignant de cette région, ni la naissance de leurs 14 enfants – 12 ont survécu -, ni la fin des massacres et la stabilisation relative dans ce pays troublé des Grands Lacs n’ont effacé sa douleur.

Longtemps, 1972, surnommée dans les foyers l' »ikiza » (le fléau en langue nationale kirundi), est restée un tabou dans la sphère publique.

Quand en 2019, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) mise en place par les autorités a annoncé rouvrir des fosses communes pour compter et tenter d’identifier les victimes, Laetitia en a immédiatement contacté les responsables.

Identifier des restes humains vieux de cinq décennies relève du miracle, mais l’agricultrice s’accrochait à un espoir: des prothèses dentaires.

« Mon père avait eu un accident (de voiture) et perdu ses dents. Il portait des prothèses en or. Je leur avais demandé qu’ils m’informent s’ils les découvraient », poursuit-elle.

« Ils m’ont appelée ».

Cruelle ironie, les restes de son père se trouvaient à quelques kilomètres de chez elle, sur une autre colline boisée des environs de Gitega.

« L’Etat a tué »

Les événements de 1972 démarrent le 29 avril par des massacres perpétrés par des extrémistes hutu contre les Tutsi, notamment dans le sud du pays.

La répression se mue rapidement en massacres systématiques de l’élite hutu – cadres, enseignants mais aussi collégiens – faisant 100.000 à 300.000 morts selon les estimations.

Les Hutu représentent 85 % de la population, contre 14 % pour les Tutsi.

Les tueries ont touché tout le Burundi, mais Gitega en fut l’épicentre: s’y trouvait un camp militaire, où les victimes arrêtées à travers le pays transitaient, avant d’être tuées.

Dans cette région, la CVR a creusé neuf fosses communes, exhumant les restes d’environ 7.000 victimes. Des piles de crânes, d’os et des sacs de vêtements en lambeaux aujourd’hui entreposés dans la petite pièce sombre d’un bâtiment public en l’attente d’un mémorial.

Pour identifier les fosses de 1972 dans un pays meurtri par de nombreux massacres entre Hutu et Tutsi puis par une guerre civile (1993-2006) la CVR s’est appuyée sur les souvenirs, ou les découvertes macabres, des habitants.

« Quand nous disons 7.000 victimes c’est uniquement par rapport aux fosses qu’on a déjà trouvées, confirmées, exhumées », souligne le président de la CVR Pierre-Claver Ndayicariye, pour qui de nombreuses fosses restent inconnues.

Après trois ans d’enquêtes, la CVR a publié en décembre dernier un rapport d’étape qualifiant ces massacres de génocide et de crimes contre l’humanité.

« En 1972, l’Etat a tué ses populations », martèle Pierre-Claver Ndayicariye.

« Il s’agit d’un génocide parce que l’Etat a planifié, a organisé, a mis à exécution ce génocide », poursuit-il sur un ton solennel, insistant sur la responsabilité du président tutsi d’alors, Michel Micombero.

« Agenda politique »

Mais la qualification de génocide ne fait pas l’unanimité au Burundi, où le sujet est très sensible et où certains dénoncent une instrumentalisation par le régime, désormais hutu, de la CVR, composée presque exclusivement de cadres du parti au pouvoir.

Durant ses enquêtes, la CVR a été accusée de partialité pour avoir concentré ses recherches sur les sites où des Hutu étaient enterrés, et ignoré ceux où se trouvaient des victimes tutsi.

« Il y a quand même un problème d’agenda politique dans cette histoire », estime l’historien Evariste Ngayimpenda, déplorant la volonté de « légitimation ethnique » des régimes burundais successifs.

« Du temps où les Tutsi étaient au pouvoir (…) l’évitement du péril hutu était une thématique constante et aujourd’hui, c’est l’inverse, c’est l’évitement du péril tutsi, qui est aussi une thématique constante ».

Selon le recteur de l’université du Lac Tanganyika, à Bujumbura, le travail de la CVR a également « pêché par déficit méthodologique » – il questionne notamment la datation des fosses – et par l’absence de recours à l’expertise internationale, notamment de l’ONU.

Près de Gitega, Laetitia et son mari, Emmanuel Berakumenyo, espèrent que ce 50e anniversaire, pour lequel l’Etat n’a pas annoncé de commémorations officielles, soit l’occasion de cicatriser un passé douloureux.

« Ce sont des conflits qui pourront peut-être se terminer petit à petit, mais il faut que l’administration prête main forte », estime l’ancien enseignant, rescapé des massacres.

Par Le Point avec AFP

Ukraine-Boutcha : 10 soldats russes mis en examen pour crimes de guerre

avril 28, 2022

Pour la première fois depuis le début du conflit, une action judiciaire a été initiée, en Ukraine, contre des militaires russes activement recherchés.

L’Ukraine inaugure le volet juridique de sa riposte à l’invasion russe. Dix soldats russes ont été mis en examen jeudi pour des crimes de guerre présumés commis à Boutcha, qui vont être recherchés, a annoncé le procureur général d’Ukraine sur son compte Telegram. « Dix soldats de la 64e brigade de fusiliers motorisés russe, appartenant à la XXXVe armée russe, ont été mis en examen, en lien avec le traitement cruel de civils et d’autres violations de la loi et des coutumes de la guerre », a indiqué le procureur.

Selon l’enquête, les militaires russes ont, pendant leur occupation de Boutcha en mars, « pris en otage des civils qui ne participaient pas aux hostilités et n’étaient pas armés. Les occupants ne leur ont donné ni à manger ni à boire », a détaillé le procureur. « Les suspects les ont faits se mettre à genoux, leur ont bandé les yeux avec du tissu et du papier autocollant, leur ont lié les mains avec des attaches plastiques, et ont menacé de les tuer en tirant délibérément dans leur direction », a-t-il poursuivi.

« Pour obtenir des informations sur la localisation des soldats ukrainiens, et dans un cas sans justification, les militaires russes ont infligé des blessures aux civils. Ils ont reçu des coups de poings, des coups de crosse aux jambes, aux orteils et au torse. Les occupants ont aussi pillé la population locale, s’emparant de leurs affaires personnelles et leur équipement ménager », a-t-il énuméré. Le procureur a ajouté que les dix hommes feraient l’objet de recherches, afin de les arrêter et de les amener devant la justice.

Cette mise en examen est la première depuis que 20 corps de personnes portant des vêtements civils ont été découverts par l’AFP, gisant dans une rue de Boutcha le 2 avril, suscitant une condamnation et un émoi à travers le monde. Les Ukrainiens ont accusé les Russes de crimes de guerre, mais Moscou a démenti toute responsabilité et parlé de corps « mis en scène » par Kiev.

Le droit d’attaquer la Russie ?

En plus d’une offensive judiciaire, l’Ukraine pourrait-elle également… littéralement attaquer la Russie ? L’Ukraine a « le droit » de frapper des cibles militaires russes, a affirmé, jeudi, un conseiller de la présidence ukrainienne, laissant entendre que Kiev pourrait procéder à des frappes sur le territoire russe. « La Russie attaque l’Ukraine et tue les civils. L’Ukraine se défendra par tous les moyens, y compris avec des frappes sur des entrepôts et des bases des assassins russes. Le monde reconnaît ce droit », a écrit sur son compte Twitter Mykhaïlo Podoliak.

La Russie a accusé à plusieurs reprises ces dernières semaines les forces ukrainiennes d’avoir effectué des frappes sur le sol russe, notamment sur deux villages dans la région frontalière de Belgorod et un village de la région de Briansk à la mi-avril, sans que Kiev confirme. Début avril, le gouverneur de la région de Belgorod avait affirmé que des hélicoptères ukrainiens avaient tiré sur un dépôt de carburant.

Le 25 avril, un grand dépôt de carburant a également pris feu à Briansk, ville située à 150 kilomètres de la frontière avec l’Ukraine et servant de base logistique à l’offensive militaire de Moscou dans ce pays, selon les autorités russes qui n’ont pas précisé les raisons de l’incendie.

Par Le Point avec AFP

Guerre en Ukraine : pour Poutine les massacres de Boutcha sont une « provocation grossière »

avril 6, 2022

De leurs côtés, devant l’intensification des manœuvres militaires russes dans l’est du pays, les autorités ukrainiennes appellent à évacuer la zone. 

Le president russe Vladimir Poutine.
Le président russe Vladimir Poutine.© Jérémy Billault

Des obus et des roquettes s’abattaient mercredi à intervalles réguliers sur la ville industrielle de Severodonetsk, dans l’est de l’Ukraine, ont constaté à la mi-journée des journalistes de l’Agence France-Presse.

Un bâtiment était en feu et de très rares civils étaient visibles dans les rues. Les habitants se risquaient à sortir quand les bombardements s’interrompaient quelques minutes, avant de courir se mettre à couvert quand les frappes reprenaient, ont vu des journalistes de l’Agence France-Presse. Severodonetsk, plus de 100 000 habitants avant la guerre, est la ville le plus à l’est tenue par l’armée ukrainienne, tout près de la ligne de front avec les territoires séparatistes prorusses. L’armée russe a dit ces derniers jours concentrer ses efforts sur l’est du pays, dont la région de Lougansk, où se trouve Severodonetsk. Un convoi humanitaire de l’ONU, composé de huit camions, a pu atteindre Severodonetsk mardi, apportant des rations alimentaires, de la farine et des couvertures pour quelque 17 000 personnes, ainsi que 4 générateurs électriques pour les hôpitaux de la ville.

Intensification des combats à l’est

« L’est de l’Ukraine continue de subir l’intensification des combats, avec des milliers de personnes privées de gaz et d’eau, et des habitations touchées à plusieurs reprises par des frappes à Severodonetsk », avait déploré le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). Une personne a été tuée mardi et cinq ont été blessées dans un bombardement sur la ville voisine de Roubijné, et sept autres « extraites des décombres », a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, sur les réseaux sociaux.

La position russe estimant que les morts de civils dans la ville ukrainienne de Boutcha relèveraient d’une mise en scène n’est « pas tenable » au vu des images satellites qui ont été diffusées, a estimé mercredi le gouvernement allemand. « Les explications données du côté russe selon lesquelles il s’agissait de mises en scène ou que la Russie n’était pas responsable des assassinats ne sont pas tenables à nos yeux » après « l’évaluation des images satellites » diffusées dans la presse, a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, lors d’une conférence de presse à Berlin.

Appel à l’évacuation

Kiev a appelé mercredi les habitants de l’est de l’Ukraine à évacuer la région « maintenant », sur fond de crainte d’une offensive majeure de l’armée russe sur le Donbass, désormais cible prioritaire du Kremlin. Les autorités régionales « appellent la population à quitter ces territoires et font tout pour que les évacuations se déroulent de façon organisée », a déclaré la vice-Première ministre Iryna Verechtchouk, citée par le ministère de l’Intégration sur Telegram, ajoutant qu’il fallait le faire « maintenant » sous peine de « risquer la mort ».

Le président russe Vladimir Poutine a qualifié mercredi de « provocation grossière et cynique » des autorités ukrainiennes la découverte de cadavres de civils dans la ville de Boutcha, près de Kiev, après le retrait des forces de Moscou. Lors d’un entretien avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban, Vladimir Poutine a évoqué notamment « la provocation grossière et cynique de la part du régime de Kiev dans la ville de Boutcha », selon un communiqué du Kremlin. Il s’agit de la première réaction du président russe sur cette affaire qui suscite une indignation internationale.

Avant Vladimir Poutine, d’autres responsables russes avaient nié toute exaction des forces de Moscou à Boutcha, le Kremlin qualifiant de « falsification » les images de corps jonchant les rues de cette ville publiées depuis le week-end dernier par les médias. Mercredi, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a accusé les responsables et médias occidentaux de « rendre un verdict “coupable” contre notre pays […] sans avoir même essayé de vérifier quoi que ce soit ».

Par Le Point avec AFP

Au Cameroun, effroi et colère après le massacre de huit élèves dans le Sud-Ouest anglophone

octobre 25, 2020

Un soldat du Bataillon d'intervention rapide (BIR), à) Buea, dans le Cameroun anglophone, en octobre 2018. Photo d'illustration.

Les condamnations se multiplient depuis l’annonce, le 24 octobre, de l’assassinat de huit élèves dans une école privée de Kumba, dans la région anglophone du Sud-Ouest.

Les habitants de Kumba sont sous le choc depuis l’assassinat, dans l’enceinte du collège Mother Francisca, de huit élèves tombés sous les balles d’individus encore non identifiés ayant fait irruption samedi dans cet établissement privé.

Selon des témoignages recueillis par Jeune Afrique, les assaillants – neuf individus vêtus en civil et non cagoulés – ont fait irruption à moto peu avant la sortie des classes prévue à midi. Les alentours de l’établissement scolaire étaient alors bondés d’élèves. Dans les régions anglophones du Cameroun, le samedi est un jour de cours ordinaire, en raison des opérations « lundis villes mortes » qui amputent la semaine d’un jour de classe.

Après avoir tiré en l’air, certains des assaillants sont entrés armés dans la classe de form one – qui correspond à la sixième dans le système éducatif anglophone – et ont ouvert le feu sur les jeunes élèves. Le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) évoque des enfants « découpés à la machette ». Le bilan fait également état d’une quinzaine de blessés.

Colère

Selon les autorités camerounaises, cette attaque est sans équivoque « l’œuvre des milices séparatistes ». Si cette thèse est également partagée par de nombreux habitants de Kumba, la facilité avec laquelle l’attaque a été menée les révolte. « On nous a assuré que nos enfants seraient protégés à l’école. Comment cela a-t-il pu arriver ?, s’interroge John Enow, dont le jeune fils de son voisin, âgé de 11 ans, fait partie des huit victimes. Aucune cause ne peut justifier le meurtre d’innocents enfants. »À LIRE Crise anglophone au Cameroun : le meurtre d’une jeune femme suscite l’indignation

Dans un communiqué publié dans la nuit du 24 octobre, le porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, affirme que le collège avait ouvert au début de cette année scolaire « à l’insu des autorités administratives compétentes », d’où l’absence de mesures de protection.

Un argument que rejettent plusieurs sources à Kumba. « Cet établissement fonctionne depuis au moins trois ans », affirme l’une d’entre elles sous couvert d’anonymat.

La tuerie a provoqué une forte émotion. Le Premier ministre camerounais Joseph Dion Ngute a tenu un conseil ministériel extraordinaire. À son issue, une délégation dirigée par le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji et comprenant les ministres des Enseignements secondaires et de l’Éducation a été dépêchée sur les lieux. Sur le terrain, le préfet du département a indiqué que des mesures avaient été prises « pour rattraper les auteurs de ce crime crapuleux » et qu’ils « répondront de leurs actes devant les juridictions camerounaises ».

Appels à la reprise des pourparlers

À travers son ambassade au Cameroun, les États-Unis ont condamné « en des termes les plus vifs » cette attaque et appelé à la fin des violences. Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, s’est dit « horrifié » par cette nouvelle, tout comme l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou, qui demande que leurs auteurs soient « traduits en justice et condamné ». L’Union européenne dénonce quant à elle « une violation du droit international sur les populations civiles ».

De son côté, l’opposition camerounaise a appelé à la reprise de pourparlers avec tous les acteurs du conflit en vue d’un cessez-le-feu. Le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun, Maurice Kamto, a estimé que seule « une solution politique » pourrait ramener la paix.À LIRE [Tribune] Cameroun : que reste-t-il du Grand dialogue national ?

Plus critique, le député Jean Michel Nintcheu du Social democratic front (SDF) interroge les assurances données par Yaoundé au sujet de la sécurisation des établissements scolaires. « Ce manquement a de fait transformé les élèves en bouclier humain, la responsabilité du régime est formellement établie, a-t-il dénoncé. Seuls la résolution du contentieux national et le retour au fédéralisme pourront déboucher à court ou moyen terme sur une paix durable. »

Avec Jeune Afrique par Franck Foute – à Yaoundé

RDC : au moins 19 civils tués dans un nouveau massacre près de Beni

novembre 27, 2019

Lors d'une opération menée conjointement par les FARD et la Monusco face aux rebelles ougandais des ADF, en 2014 dans la région de Beni. (photo d'illustration)

Lors d’une opération menée conjointement par les FARD et la Monusco face aux rebelles ougandais des ADF, en 2014 dans la région de Beni. (photo d’illustration) © MONUSCO/Sylvain Liechti

 

Un nouveau massacre attribué aux Forces démocratiques alliées (ADF) a eu lieu près de Beni, dans l’est du pays, où au moins 19 civils ont trouvé la mort. Au total, 99 personnes ont été tuées dans cette région depuis le 5 novembre.

Au moins 19 civils ont été tués dans un nouveau massacre attribué au groupe armé des ADF près de Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où des manifestations violentes dénoncent depuis une semaine la « passivité » de l’ONU et des autorités face aux tueries. L’ONU a également annoncé l’ouverture d’une enquête sur la mort d’un manifestant congolais tué lors d’un face à-face avec des Casques bleus, mardi.

Ce dernier massacre a eu lieu à 30 km au nord de Beni, à l’entrée d’une zone appelée « le triangle de la mort » en raison des tueries qui s’y déroulent depuis plusieurs années.

« Bilan revu à la hausse. 19 morts », a indiqué un porte-parole de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), qui avait auparavant documenté 13, puis 14 victimes. La mission onusienne « a envoyé dès ce matin une force d’intervention rapide avec des militaires congolais », a-t-il ajouté. Le bilan a été confirmé par les chercheurs du Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’université de New York.

Manifestations anti-ONU

Au total, 99 personnes ont été tuées dans la région de Beni par des groupes armés depuis le 5 novembre, d’après le comptage du GEC. Les auteurs de ces tueries sont dans « l’immense majorité des cas » des membres du groupe armé d’origine ougandaise des Forces démocratiques alliées (ADF), selon un membre du GEC.

La région de Beni est agitée depuis une semaine par des manifestations anti-ONU qui ont fait au moins six morts depuis lundi. L’armée congolaise a annoncé le 30 octobre des opérations militaires contre les bases des ADF dans la région de Beni. La présidence de la RDC a annoncé lundi des opérations militaires conjointes avec les Casques bleus de la Monusco dans la région.

 Par Jeune Afrique avec AFP

Massacre du 28 septembre en Guinée : l’ONU appelle à l’organisation rapide d’un procès

septembre 28, 2019

Le 28 septembre 2009, des manifestants se dirigent vers le Stade du 28-Septembre, à Conakry, en Guinée. © IDRISSA SOUMARE/AP/SIPA

Dix ans après l’attaque perpétrée par l’armée dans une stade de Conakry, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a appelé les autorités à « accélérer » l’organisation du procès des responsables.

« L’impunité règne depuis trop longtemps en Guinée et empêche les cicatrices des victimes de guérir. La paix et la réconciliation durables ne seront pas atteintes tant que justice et responsabilité ne seront pas maintenues », a déclaré Michelle Bachelet dans un communiqué.

Le 28 septembre 2009, les forces de défense et de sécurité et des militaires avaient battu, poignardé et tué par balles des opposants au régime militaire, rassemblés dans le plus grand stade de Conakry pour réclamer que le président autoproclamé depuis décembre 2008, Moussa Dadis Camara, ne se présente pas à la prochaine élection présidentielle.

« Crime contre l’humanité »

L‘instruction sur le massacre est clôturée depuis fin 2017, mais la date du procès n’a toujours pas été fixée. Une Commission d’enquête internationale nommée par l’ONU a établi en décembre 2009 que l’attaque « a fait au moins 156 morts et disparus, dont un certain nombre de femmes décédées des suites de violentes agressions sexuelles », a rappelé le Haut-Commissariat dans un communiqué.

Ce rapport a accablé les autorités de l’époque, expliquant qu’elles ont modifié les lieux du crime. Des détenus ont par ailleurs été torturés, au moins 109 filles et femmes ont été victimes de violences sexuelles et des cadavres ont été enterrés dans des fosses communes.

La Commission a également conclu que ce massacre constitue un « crime contre l’humanité », et a conclu à la responsabilité pénale individuelle de plusieurs responsables guinéens, dont Moussa Dadis Camara.

Hauts fonctionnaires toujours en poste

« Bien que la Commission d’enquête ait recommandé il y a près de dix ans aux autorités guinéennes de poursuivre les responsables et d’indemniser les victimes, peu de progrès tangibles ont été enregistrés jusqu’à présent », a déploré Michelle Bachelet, appelant les autorités à « accélérer l’organisation du procès ».

« Ces procédures judiciaires tant attendues – si et quand elles auront réellement lieu – devraient garantir la responsabilité à la fois dans l’intérêt des victimes et renforcer l’état de droit dans l’ensemble du pays », a-t-elle souhaité.

La Haut-Commissaire a souligné que les efforts pour engager des poursuites et organiser une procédure judiciaire « ont été extrêmement lents et n’ont pas abouti à un procès ni à des condamnations réelles des responsables ». « Il est particulièrement préoccupant qu’un certain nombre de hauts fonctionnaires mis en accusation soient toujours en poste et ne soient pas encore traduits en justice », a-t-elle conclu.

Par Jeune Afrique avec AFP

 

Centrafrique : accusé de massacres, le groupe 3R accepte de démanteler ses bases

mai 31, 2019

Une patrouille de la Minusca dans les rues de Bangui. © Jerome Delay/AP/SIPA

 

Le groupe armé 3R, responsable de tueries ayant coûté la vie à plus de 50 civils dans l’ouest de la Centrafrique la semaine dernière, va démanteler ses barrages dans la région, a assuré le gouvernement centrafricain.

Le représentant des 3R au sein du comité exécutif de suivi de l’accord de paix réuni jeudi, Saidou Aliou, a affirmé que son mouvement allait démanteler ses bases et remettre les présumés coupables des massacres aux autorités nationales, selon un communiqué du comité.

La semaine dernière, au moins 50 personnes avaient été tuées dans l’ouest du pays dans des massacres imputés aux 3R. Le gouvernement et la Minusca (Mission des Nations unies pour la stabilisation de la Centrafrique) avaient alors adressé au groupe un ultimatum de 72 heures, à l’issue duquel les responsables du massacre devaient être transmis aux autorités centrafricaines, et les barrières et bases des 3R démantelées.

La passivité des autorités critiquée

Mercredi, alors que l’ultimatum avait expiré, un collectif regroupant des organisations de la société civile et des partis d’opposition avait dénoncé l’absence « d’action forte » menée par le gouvernement.

L’accord de paix – dit de Khartoum, où il a été négocié – a été signé début février à Bangui entre les quatorze groupes armés et les autorités. Préparé depuis 2017 par l’Union africaine, il est le huitième signé depuis le début de la crise en 2013.

Dans son communiqué, le comité de suivi de l’accord de paix a également annoncé la création de structures pour surveiller précisément les violations de l’accord et suivre l’évolution de la suppression des barrages, taxations illégales, ou l’occupation de bâtiments administratifs par les groupes armés.

Par Jeuneafrique.com avec AFP

Centrafrique : le groupe 3R, accusé d’un massacre, livre trois de ses éléments à la justice

mai 25, 2019

 

Des Casques bleus marocains de la Minusca, à Bangassou, en Centrafrique. © Minusca / DR

 

Le groupe armé centrafricain 3R a remis vendredi à la justice trois de ses éléments qu’il a accusé d’être responsables du massacre de plus de 50 civils dans le nord-ouest du pays, a indiqué samedi une source proche du gouvernement.

Plus de 50 civils ont été tués ces derniers jours dans une série d’attaques attribuées au groupe 3R (Retour, réclamation, réconciliation), autour de la ville de Paoua (nord-ouest), près de la frontière avec le Tchad.

Il s’agit de la tuerie la plus importante depuis la signature, le 6 février dernier, d’un accord de paix entre le gouvernement et 14 groupes armés qui contrôlent une grande partie de la Centrafrique.

« Les trois éléments ont été auditionnés hier (vendredi) à Paoua. Ils ont reconnu avoir conduit un groupe de 22 hommes en vue de mener cette opération armée », a précisé une source gouvernementale.

Dans un communiqué reçu samedi par l’AFP, le groupe 3R en a rejeté la responsabilité sur des éléments isolés, affirmant que la tuerie avait été « perpétrée par des éléments des 3R à leur propre gré ».

Il a condamné « avec fermeté » les tueries et avait promis de remettre à la justice les responsables du massacre quand ils auraient été arrêtés.

Trois jours de deuil national

Mercredi, la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) et les autorités centrafricaines avaient lancé un ultimatum au leader du groupe 3R, pour qu’il livre dans les 72 heures les auteurs présumés du massacre et qu’il démantèle ses infrastructures.

Dans son communiqué, le groupe 3R a réitéré vendredi sa « ferme volonté à continuer à oeuvrer pour la paix ».

3R a signé début février l’accord de paix centrafricain. En retour, son chef, Bi Sidi Souleymane (alias Sidiki), a été nommé le 25 mars « conseiller spécial militaire » auprès du Premier ministre, en charge de la mise en place des unités mixtes associant membres des Forces armées centrafricaines (Faca) et groupes armés.

Cette série d’attaques a été fermement condamnée par la communauté internationale, qui s’est également émue de l’assassinat lundi dans le sud-ouest du pays d’une religieuse franco-espagnole de 77 ans.

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a décrété jeudi trois jours de deuil national en hommage aux victimes de cette semaine meurtrière.

 Par Jeune Afrique avec AFP

Nigeria: après les massacres, les habitants du Plateau enterrent leurs morts et s’enfuient

juin 29, 2018

Un homme emporte ses maigres biens le 27 juin 2018 après l’attaque meurtrière du village de Ganaropp, dans le centre du Nigeria.n / © AFP / STEFAN HEUNIS

Ils reposent sous un vaste monticule de terre recouvert de branches épineuses pour que les charognards ne viennent souiller leur sépulture: depuis dimanche, 79 corps ont été enterrés dans un champs de Nghar, dans le centre du Nigeria, après des tueries de masse.

Au total, une douzaine de villages de l’Etat du Plateau ont été attaqués au cours du week-end par des hordes d’assaillants armés de kalachnikovs et de machettes. Ils ont massacré plus de 200 personnes, mais ce bilan officiel pourrait s’avérer beaucoup plus lourd.

D’après les témoignages d’habitants recueillis par l’AFP et corroborés par une source policière, des centaines d’hommes « vêtus de noirs » et pour certains masqués ont encerclé à pied les différentes localités depuis les collines environnantes, avant de commencer à tirer.

Difficile d’imaginer pareil enfer, dans ce paysage à couper le souffle qui alterne entre dômes rocheux et plaines agricoles fertiles où transhument paisiblement des troupeaux de vaches.

Mafwak Mature, 68 ans, explose en sanglots devant la fosse commune où sont enterrés ses voisins: « Ceux qui nous ont attaqués ont tout brûlé. Ma maison a été rasée, ils ont emporté tout ce qui pouvait être utile, les motos, les engrais que j’utilisais pour ma ferme, même la télévision ».

« Tout ce qu’il me reste, ce sont les vêtements que je porte là », articule le vieil homme en montrant son costume gris élimé par le temps.

Nigeria / © AFP / Gillian HANDYSIDE

En entendant les premiers coups de feu samedi vers 15 heures, dans ce village isolé en pleine brousse, le réflexe de nombreux habitants de Nghar a été de se calfeutrer chez eux, en implorant Dieu de les épargner.

Treize personnes d’une même famille ont ainsi été piégées, brûlées vives lorsque les bandits ont mis le feu à leur maison. Leurs squelettes calcinés ont été évacués le lendemain sur des morceaux de tôle, vestiges de toitures emportées. Ceux qui tentaient de fuir ont été froidement abattus.

– Accès à la terre –

A Nghar comme dans les autres villages attaqués, tous accusent les « éleveurs peuls » nomades et musulmans, d’avoir perpétré les violences dirigées contre les communautés « indigènes » d’agriculteurs majoritairement chrétiens: énième acte d’un cycle de représailles sans fin qui ravage les régions centrales du Nigeria depuis des mois.

Les circonstances de ces massacres restent floues, de même que l’identité des assaillants. Mais, dans le pays le plus peuplé d’Afrique avec 180 millions d’habitants, où la croissance démographique explose, l’accès à la terre et à l’eau est le premier enjeu de ce conflit qui prend une dangereuse tournure identitaire et religieuse.

Une maison incendiée lors d’une attaque meurtrière dans le village de Ganaropp, dans le centre du Nigeria, photographiée le 27 juin 2018. n / © AFP / STEFAN HEUNIS

Historiquement le Plateau est l’une des zones explosives entre chrétiens et musulmans, qui représentent environ chacun la moitié de la population nigériane.

Mais contrairement à ce qui se passe dans les Etats voisins comme Benue ou Taraba, théâtre de sanglants affrontements intercommunautaires depuis janvier, une paix fragile régnait ces dernières années, notamment grâce aux efforts de réconciliation menés par les autorités et des ONG.

Avec ce regain de tensions, certains peuls sédentarisés qui cohabitent et commercent depuis plusieurs générations avec les Berom, l’ethnie locale majoritaire, craignent d’être assimilés aux fauteurs de troubles.

« Ceux qui sont venus sont des étrangers, nous ne savons pas qui ils sont », affirme à l’AFP le chef de la communauté peule de Nghar, Chiroma Yaçu. « Je suis né ici, mon père a terminé ses jours ici, nous avons toujours vécu en paix tous ensemble, jusqu’à cette sale journée ».

– Chemin de l’exode –

Un camion de villageois de Ganaropp fuyant le 27 juin 2018 les violences intercommunautaires dans l’Etat du Plateau, dans le centre du Nigeria.n / © AFP / STEFAN HEUNIS

Mais la méfiance règne désormais: à côté des maisons éventrées, devant lesquelles reposent des carcasses de voitures encore fumantes, les victimes chrétiennes montrent du doigt avec rancoeur les quartiers musulmans, pour la plupart épargnés par le déferlement de violence.

Dans le village de Ganaropp, où 35 personnes ont été tuées le même jour, « ceux qui se sont réfugiés dans la mosquée ont eu de la chance », souligne Pam Nuhu, 54 ans.

« Quand les tirs ont commencé, vers 17h30, nous terminions notre repas du soir. J’ai dit à ma famille de courir pour sauver leur vie », raconte avec calme ce père de sept enfants. « Mon fils aîné a pris une balle entre les deux yeux. Il avait 19 ans et venait de terminer son lycée ».

Comme ceux qui ont tout perdu, Pam Nuhu a décidé de prendre le chemin de l’exode. Matelas, télévisions, bassines en plastique et sacs de riz sont chargés sur les toits de vieilles voitures brinquebalantes ou dans des camions de marchandises.

Dans un silence de mort, les familles sont escortées par des militaires ou des policiers armés jusqu’aux dents, et prennent la route les unes après les autres en direction des villes voisines, protégées par d’imposants check-points.

« Je m’en vais à Mangu parce que j’ai peur, j’ai vraiment peur », explique Paulina Auta, les bras chargés d’énormes paquets.

« Je ne sais pas ce que je vais faire, je vais devoir tout recommencer à zéro, mais si je reste ici, je crains qu’ils ne reviennent et refassent la même chose ».

Romandie.com avec(©AFP / 29 juin 2018 15h22)

Nicaragua: nouvel assaut contre Masaya, l’Église craint « un massacre »

juin 21, 2018

Des manifestants contre le gouvernement brandissent leurs armes artisanales derrière une barricade à Managua, le 20 juin 2018 / © AFP / MARVIN RECINOS

Les forces de l’ordre du Nicaragua ont lancé jeudi un nouvel assaut contre la ville de Masaya, déclarée en rébellion par ses habitants, et les évêques catholiques ont décidé de se rendre sur place « pour éviter un nouveau massacre ».

Alors que l’Église avait l’espoir de voir repartir le dialogue national, suspendu depuis lundi, l’annonce de cette offensive, qualifiée de « disproportionnée » par le secrétaire de l’Association nicaraguayenne (pour les) droits de l’homme (ANPD), Alvaro Leiva, a ravivé les craintes de violences.

« C’est incohérent de parler de dialogue et d’être en train d’assassiner le peuple à tour de bras », a dénoncé M. Leiva. « Je lance un appel au président (Daniel) Ortega pour qu’il arrête la tuerie contre le peuple de Monimbo », quartier indigène de Masaya ciblé selon lui par l’intervention.

Inquiète, l’Eglise catholique, qui avait appelé à une journée de prières, a annoncé qu’elle envoyait ses évêques sur place.

« Nous, les évêques de Managua, avons décidé d’aller ce matin par bus, avec tout le clergé, depuis Managua et jusqu’à Masaya et Monimbo, pour éviter un nouveau massacre, consoler et prier avec notre peuple », a-t-elle indiqué dans un communiqué.

« Nous allons dans une mission de paix pour apporter du réconfort et arrêter la violence », a déclaré l’archevêque auxiliaire de Managua, Mgr Silvio Baez.

Depuis le 18 avril, quand ont éclaté les premières manifestations, le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (Cenidh) a dénombré 187 morts et plus de 1.000 blessés.

– « Peur » –

Les violences sont quotidiennes dans le pays, le plus pauvre d’Amérique centrale, alors que les forces du gouvernement tentent de reprendre le contrôle des villes auto-déclarées en rébellion, notamment Masaya, commune de 100.000 habitants située à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale Managua et devenue l’épicentre des protestations.

Un homme passe à bicyclette devant des inscriptions « Ortega assassin » et « Notre lutte est juste », dans la ville de Masaya, le 20 juin 2018 / © AFP / MARVIN RECINOS

« Nous vivons dans la peur. J’ai vu passer des camionnettes avec des civils armés de fusils AK-47 », a raconté à l’AFP Ivania Miranda, une habitante de 53 ans, alors que les violences ont provoqué ces derniers jours au moins 23 morts à Masaya, ainsi que des pillages et incendies.

Selon le leader étudiant Cristian Fajardo, des détonations ont été entendues dans le nord de la ville où « environ 500 hommes encagoulés et fortement armés sont en train d’avancer ».

Les habitants restaient enfermés chez eux pendant que des agents anti-émeutes et des hommes masqués et armés parcouraient les rues en tirant et en enlevant les barricades érigées par les riverains, selon des images diffusées par la télévision.

« La douleur au Nicaragua est grande, un peuple désarmé est en train d’être massacré. Les villes sont aux mains de bandits », a dénoncé Mgr Baez dans son homélie de jeudi.

Ailleurs dans le pays, d’autres offensives ont été signalées: ainsi, les cloches des églises ont sonné dans la nuit dans plusieurs villes comme Diriamba (ouest), pour alerter de la présence d’hommes armés tentant de démonter les barricades.

– Vers une guerre civile? –

Suspendu depuis lundi, le dialogue entre gouvernement et opposition semblait pourtant sur le point de reprendre, alors que l’exécutif a finalement invité, comme il l’avait promis, des organismes internationaux comme l’Union européenne ou le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme à venir enquêter sur les violences commises.

L’Eglise comme l’opposition appellent le président Ortega – un ex-guérillero de 72 ans au pouvoir depuis 2007 après l’avoir déjà été de 1979 à 1990 – à permettre l’organisation d’élections générales anticipées en mars 2019 (au lieu de fin 2021). Ce dernier reste muet sur ce point.

Un couple de manifestants s’embrasse, sur une barricade à Mangua le 20 juin 2018 / © AFP / MARVIN RECINOS

La vague de contestation, engagée pour dénoncer une réforme de la sécurité sociale qui a depuis été abandonnée, cible le chef de l’Etat et son épouse et vice-présidente, Rosario Murillo: le couple est accusé de confisquer le pouvoir et de brider les libertés.

« Le peuple ne se rend pas », « Dehors Ortega », « Non à la dictature orteguiste », pouvait-on lire jeudi sur les murs de Masaya.

Le couple Ortega-Murillo accuse les rebelles d’être des « délinquants » et « vandales », coupables de « terrorisme » et de mettre à mal l’économie du pays.

De nombreux commerces sont fermés et des milliers de camions de marchandises restent bloqués sur les routes du Nicaragua.

« Nous allons vaincre le mal, la perversité, l’ignominie et l’abomination », a lancé Rosario Murillo, surnommée « La sorcière » par ses détracteurs.

« Nous voyons qu’il y a une volonté politique de l’Etat de pousser vers une guerre civile », s’inquiète Marlin Sierra, directrice exécutive du Cenidh.

Le département d’Etat américain a appelé à organiser des élections anticipées et dénoncé la répression par les forces de l’ordre, de même que l’ONU, le Parlement européen ou encore Amnesty international.

Romandie.com avec(©AFP / 21 juin 2018 19h45)