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RDC : Mathieu Ngudjolo Chui, le premier acquitté de la CPI, expulsé des Pays-Bas vers Kinshasa

mai 12, 2015

Le Congolais Mathieu Ngudjolo Chui.
Le Congolais Mathieu Ngudjolo Chui. © Michael Kooren/AP/SIPA

Acquitté des charges de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) le 27 février 2015, le Congolais Mathieu Ngudjolo Chui a été expulsé des Pays-Bas, qui ont refusé sa demande d’asile. Alors qu’il craignait pour sa sécurité, il a atterri à Kinshasa dans la soirée de lundi.

Mis à jour à 17h26.

Ses avocats ne se faisaient guère d’illusion : la demande d’asile du Congolais Mathieu Ngudjolo Chui a été refusée par le Conseil d’État néerlandais. Il a donc été expulsé des Pays-Bas vers la RDC, lundi 11 mai, une dizaine de jours après la décision de justice.

Escorté du centre de rétention de l’aéroport de Schipol, où il était détenu jusque-là, le premier acquitté de la CPI a été conduit à Bruxelles par les autorités des Pays-Bas afin d’embarquer dans un avion pour Kinshasa, sous la surveillance de six agents, trois Belges et trois néerlandais.

Après avoir tenté, en vain, de déposer une dernière demande d’asile en Belgique, le Congolais a été embarqué, menotté, selon son avocat Me Kilenda, dans un vol pour Kinshasa, où il a débarqué dans la soirée et où il a aussitôt rencontré un représentant du Parquet congolais. « Ils l’ont conduit ensuite à l’auditorat militaire et à l’état-major de l’armée où ils ont procédé à son identification, comme il est un ancien militaire », explique Me Georges Kapiamba, conseil de Mathieu Ngudjolo basé à Kinshasa.

Installé par les autorités dans un hôtel du boulevard du 30 juin, il a été visité dans les heures qui ont suivies par un responsable de l’Agence nationale de renseignement (ANR), qui lui a demandé de « rester tranquille », selon les propos de son avocat. « Il n’y a pour le moment aucun problème de sécurité. Tout s’est bien passé », conclut prudemment Me Kilenda.

« Je serai soit exécuté, soit emprisonné à vie »

Lors de sa demande d’asile, Mathieu Ngudjolo Chui avait fait part aux autorités néerlandaises de doutes concernant sa sécurité s’il était expulsé en RDC, en expliquant qu’il avait été acquitté sur la base d’un document évoquant l’implication du cabinet du président Joseph Kabila dans les faits qui lui étaient reprochés. Il avait également déposé une demande de visa humanitaire en Suisse, également refusée.

« Je sais malheureusement qu’une fois arrivé à Kinshasa, je serai soit exécuté, soit emprisonné à vie, dans tous les cas persécuté sous diverses formes », expliquait notamment le Congolais dans ses différentes requêtes. Lambert Mende, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, avait alors réagi pour Jeune Afrique : « Il n’a rien à craindre en RDC. (…) C’est nous qui l’avons livré à la CPI. Si nous souhaitions qu’il disparaisse, pourquoi ne l’aurions-nous pas fait disparaître à l’époque ? »

Jeuneafrique.com par Mathieu Olivier

RDC : l’ancien milicien congolais Ngudjolo Chui acquitté par la CPI

février 27, 2015

Mathieu Ngudjolo Chui sourit à l'annonce de son acquittement à La Haye le 18 décembre 2012.
Mathieu Ngudjolo Chui sourit à l’annonce de son acquittement à La Haye le 18 décembre 2012. © AFP

Débuté en 2009, le procès de l’ex-chef de guerre congolais Mathieu Ngudjolo Chui s’est soldé vendredi par la confirmation en appel de l’acquittement de l’ancien chef de milice par la Cour pénale internationale (CPI). Celui-ci était accusé d’avoir dirigé l’attaque d’un village de la République démocratique du Congo (RDC) en 2003 ayant fait plus de 200 morts.

Le verdict est tombé. La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé en appel, vendredi 27 février, l’acquittement du Congolais Mathieu Ngudjolo Chui, qui était accusé d’avoir dirigé en 2003 l’attaque du village de Bogoro en Ituri, district de la Province orientale, qui avait fait plus de 200 morts.

« La chambre d’appel, à la majorité, confirme le jugement d’acquittement et rejette l’appel », a déclaré à La Haye (Pays-Bas) la juge Sanji Mmasenono Monageng, lors de la lecture de l’arrêt d’appel.

L’ancien chef de milice, libéré en février 2013, avait demandé l’asile aux Pays-Bas, avant d’être placé dans un centre pour demandeurs d’asile.

Ancien dirigeant présumé du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), une milice congolaise, Mathieu Ngudjolo était accusé d’avoir voulu – en collaboration avec une autre milice – « effacer totalement » la population du village.

Enfants-soldats, viols, et massacres

Selon l’accusation, des combattants des ethnies Lendu et Ngiti du FNI, en collaboration avec des hommes de la Force de résistance patriotique en Ituri (FRPI), une autre milice, avaient attaqué le village et avaient « utilisé des enfants soldats et tué plus de 200 civils en quelques heures, violé des femmes, des filles et des femmes âgées ».

Le procureur avait estimé en 2013 que les juges n’avaient pas bien appliqué les critères pour évaluer les preuves présentées et n’avaient pas pris en compte la totalité de ces preuves.

Les affrontements inter-ethniques entre milices qui se disputaient les terres de cette région riche en ressources naturelles, dont l’or et le pétrole, avaient débuté en 1999 et ont, selon l’accusation, « dévasté » la zone. Selon les ONG, ces violences avaient fait plus de 60 000 morts.
Jeuneafrique.com avec AFP