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En Haïti, la faim attise la colère des rescapés

octobre 11, 2016

A Jérémie (Haïti), lundi 10 octobre.

A Jérémie (Haïti), lundi 10 octobre. CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS
Pieds nus ou chaussés de claquettes, ils convergent comme un seul homme sur le chemin de terre qui surplombe les décombres de la petite église de Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, à Numéro-Deux, dans le sud d’Haïti. D’ordinaire très croyants, les habitants de ce faubourg rural de la ville de Jérémie – 30 000 âmes –, détruite à 80 % dans la nuit du 3 au 4 octobre par le souffle dévastateur de l’ouragan Matthew, longent la statue de la Vierge – qui, elle, a résisté – sans même la voir.

Lundi 10 octobre, ils ont abandonné de concert la tâche qui les occupe depuis une semaine : le rapiéçage de leur vie en lambeaux et le rafistolage de leur logis aux murs emportés par le vent et la pluie et au toit de tôle ondulée envolé. La nouvelle du passage imminent d’un camion porteur d’aide alimentaire en provenance de l’aéroport s’est répandue. Ils collent à son pare-chocs et rejoignent, à sa suite, l’école élémentaire dont le préau, ouvert à tous les vents, continue à leur servir de dortoir, et les pupitres de mobilier de fortune.

Les visages sont mouillés de l’humide chaleur ambiante et les corps tendus par l’exaspération d’une semaine de régime à base de fruits projetés au sol par l’ouragan, de tubercules restés enfouis dans la terre et des restes du bétail, décimé à 50 % dans la zone. Tout autour, les arbres déracinés, aux branches échevelées, ont été transformés en étendoir à linge ou en penderie de fortune, pour les vêtements que Matthew n’a pas emportés. Entre les troncs, chèvres, brebis et vaches efflanquées furètent nerveusement, affamées elles aussi.

Des gens font la queue pour recevoir de la nourriture et des vêtements, à Port-Salut, au sud-ouest de Port-au-Prince, le 9 octobre.

Des gens font la queue pour recevoir de la nourriture et des vêtements, à Port-Salut, au sud-ouest de Port-au-Prince, le 9 octobre. RODRIGO ARANGUA / AFP

Décompte controversé

Le camion se gare. En douceur, une demi-douzaine de membres des Compagnies d’intervention et de maintien de l’ordre maintient la foule à distance, tandis que des casques bleus brésiliens de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) installent un couloir fictif à l’aide de rubans adhésifs jaunes entre l’arrière du camion et l’école. Une annonce en créole passe en boucle dans un haut-parleur : « Restez calmes, ne vous disputez pas, nous sommes là pour apporter de l’aide humanitaire au peuple haïtien. » Une poignée de jeunes hommes choisis par les sinistrés défilent pour charger sur leurs épaules les sacs de riz, de pois, de sel et des bidons d’huile qu’ils rapportent à l’intérieur de l’édifice.

« On a eu tellement de souffrance », murmure Jackson, un adolescent visiblement soulagé de constater qu’il dînera le soir même à sa faim. Depuis plusieurs jours, un ballet d’hélicoptères de l’armée américaine a acheminé 16 tonnes de nourriture en provenance de Port-au-Prince – la capitale – vers l’aéroport de Jérémie. Le Programme alimentaire mondial (PAM), bras humanitaire des Nations unies, s’est mis en devoir de les répartir. L’agence, présente en Haïti et plus particulièrement dans ce département deGrand’Anse, à l’ouest de la péninsule, depuis presque dix ans, connaît bien le secteur, où elle distribue habituellement des repas chauds dans les cantines scolaires chaque jour. Mais elle n’est pas pour autant en terrain conquis.

Des véhicules de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti, sur la route entre Les Cayes et Jérémie, le 8 octobre.

Des véhicules de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti, sur la route entre Les Cayes et Jérémie, le 8 octobre. HECTOR RETAMAL / AFP

Avec des forces de l’ordre visibles et sa direction de la protection civile qui répartit les aides humanitaires, la République d’Haïti entend garder la main sur la gestion de cette catastrophe, mais l’état du terrain n’a pas encore permis un recensement exact des besoins. Le décompte des victimes est lui-même controversé : les chiffres officiels évoquent 372 morts, tandis que des responsables politiques locaux et des ONG estiment que le bilan pourrait monter jusqu’à plus de 1 000 morts. Environ 1,4 million de personnes sur une population de 10 millions a besoin d’une assistance humanitaire, dont 400 000 un besoin urgent de nourriture. Et 175 000 Haïtiens n’ont plus de toit.

C’est dans ce contexte qu’est ­survenue, lundi, une erreur d’aiguillage. Quelques heures avant d’y être accueilli en messie, un des camions du PAM a essuyé des jets de pierres aux abords de Notre-Dame du Perpétuel Secours. La Direction de la protection civile, qui gère le déploiement des ONG, avait dirigé le véhicule vers un abri provisoire en omettant de lui signaler que d’autres se trouvaient sur la route y menant, d’où le courroux de la population.

« Les récoltes sont perdues »

D’autres camions du PAM provenant de Port-au-Prince à destination de la Grand’Anse ont rencontré lundi des barrages, au niveau de Torbeck, dans le département du Sud, et ont dû rebrousser chemin jusqu’aux Cayes. Dans cette zone, grenier de la République d’Haïti, l’agriculture est affectée à 100 %. « Les récoltes sont perdues, les boutiques de la zone urbaine de Jérémie ont vu leurs stocks détruits par la tempête, et l’alimentation est très précaire », explique Cédric Charpentier, qui dirige le PAM en Haïti, afin d’éclairer le contexte des incidents. Il pense que la population de Grand’Anse pourrait se rabattre sur le commerce de charbon de bois. Au sol, les troncs brisés commencent à être débités et utilisés à la fois pour la cuisine et pour la vente.

Certains arbres ont résisté à la tempête. Selon Oddy Naval, un des coordinateurs de Médecins du monde dans la zone, les jeunes bananiers doivent être taillés au plus vite. « Il faut maintenant que la population se mette au travail, et empoigne la machette pour les tailler. Ces arbres ne redonneront pas avant un an et il faudra pour cela beaucoup de pluie. » Pour l’heure, les habitants de Grand’Anse redoutent de voir le ciel s’obscurcir.

Lemonde.fr  Patricia Jolly (Jeremie, Haïti, envoyée spéciale) Journaliste au Monde

Haïti après l’ouragan Matthew : « Je vois surtout un pays affaibli, délaissé, ignoré », estime Raoul Peck

octobre 8, 2016

Après le passage de l’ouragan Matthew à Jérémie, dans l’ouest de l’île d’Haïti, vendredi 7 octobre.

Après le passage de l’ouragan Matthew à Jérémie, dans l’ouest de l’île d’Haïti, vendredi 7 octobre. HECTOR RETAMAL / AFP
Réalisateur et producteur de cinéma, Raoul Peck a été ministre de la culture d’Haïti entre 1995 et 1997. Il a notamment réalisé Lumumba et Assistance mortelle, un documentaire sur le détournement de l’aide internationale après le séisme de 2010. Depuis l’île sinistrée, il insiste sur les attentes de la société civile haïtienne.

Le gouvernement haïtien entend contrôler l’aide humanitaire qui converge vers l’île. Les leçons du détournement de l’aide d’urgence, à la suite du tremblement de terre de 2010, ont-elles été tirées ?

Depuis 2010, les autorités haïtiennes et la société civile ont fait des efforts et des progrès pour être à la hauteur de ce genre de catastrophe et mieux les anticiper. Nous espérons tous qu’il en sera de même avec les intervenants internationaux en train de débarquer. Les autorités nationales semblent gérer correctement la situation. Le président compte sur une plus grande coordination de l’aide internationale dans le respect de la souveraineté du pays. Je vois des efforts ici et là pour acheminer directement les aides aux autorités nationales et locales. Ces aides devraient aller rapidement soulager la population puis rétablir les infrastructures démolies à 80 % dans certaines localités.

L’ouragan Matthew oblige à un nouveau report des élections. Les autorités provisoires vous semblent-elles en mesure d’affronter cette nouvelle catastrophe ?

Un certain nombre des lieux de vote se trouvaient dans des écoles, des églises, ou d’autres bâtiments solides. Une large part des populations sinistrées y est réfugiée. Les routes sont souvent impraticables. J’essaie de rejoindre Port-à-Piment [la pointe ouest de l’île], mais plusieurs ponts sont tombés et la route, jonchée de déchets, est impraticable même en moto. Des engins lourds sont en route mais cela risque de prendre des jours, voire des semaines. Dans ces conditions, je ne vois pas comment organiser des élections avec une bonne part de la population traumatisée et devant d’abord subvenir à leurs besoins pressants et leur survie. Le conseil électoral a annoncé qu’il pourra rapidement fixer une nouvelle date, une fois qu’un constat précis des dégâts et de leurs conséquences sera établi. Les élections repoussées de ce dimanche sont financées par l’Etat haïtien. C’est un acte souverain fort.

Pourquoi Haïti a été incapable de sortir de la crise politique depuis la fin de la dictature il y a trente ans ?

Cette spirale, si elle existe, n’est pas exclusivement de la faute des Haïtiens ni de leurs élus. Nous payons également une ingérence étrangère qui n’a jamais cessé depuis la fondation même de cette République rebelle. On n’a jamais cessé de nous faire payer qu’une armée d’esclaves ait mené la guerre aux trois grandes puissances esclavagistes de l’époque (France, Espagne, Angleterre) et se libère pour fonder la première nation libre des Amériques ! Cette impertinence a été sanctionnée par une dette colossale qui a condamné l’économie de la jeune nation, d’un embargo dévastateur puis d’une ingérence sans discontinuité depuis 1804.

Haïti est un pays certes compliqué. On ne sort pas facilement de plus de trente années de dictature. Je vois surtout un pays affaibli, délaissé, ignoré. Nos conflits politiques locaux, la corruption, la baisse des valeurs, la décrédibilisation des politiques ? Nous souffrons de tous ces phénomènes. La multiplication des partis politiques et des hommes et femmes politiques providentiels n’est pas une exclusivité haïtienne. Les citoyens haïtiens tiennent à leurs élections et ne règlent pas leurs luttes politiques à coup de Kalachnikov !

La communauté internationale et les ONG mobilisés pour porter secours aux Haïtiens peuvent-elles éviter les erreurs du passé ?

Des conventions internationales existent, qui dictent la marche à suivre dans ce genre de situation. Par exemple la déclaration de Paris et le programme d’action d’Accra, basés sur le principe de « Do no Harm » (ne pas nuire), décrivent les critères d’engagements des donateurs et des partenaires de développement dans des États fragiles.

Lire aussi :   Après l’ouragan Matthew, « Haïti a besoin d’une aide humanitaire importante et rapide »

Souvent ces organismes sont les premiers à violer leurs propres règles de gouvernance. La propension de certains chefs de projet sur le terrain à s’affubler d’une espèce de supériorité morale est risible. Accuser à tout bout de champ des États déjà faibles, de corruption, d’incapacité, et de manque de gouvernance, alors qu’on véhicule soi-même une bonne partie de ces dysfonctionnements, est insupportable. Dernier exemple : la responsabilité avérée des Nations Unis dans le déclenchement de l’épidémie de choléra en Haïti qui a tué plus de 10 000 personnes. Aucune famille n’a été dédommagée malgré les procès et les protestations.

L’écart entre Haïti et la République dominicaine n’a cessé de se creuser depuis trente ans. L’impact des catastrophes naturelles n’explique pas tout. Quelle est la responsabilité des élites haïtiennes ?

Pourquoi les élites haïtiennes seraient-elles moins aveugles, moins prédatrices, moins impitoyables que les autres « élites » autour du monde ? Le problème majeur est que face à ces « profiteurs », nos institutions n’ont pas encore réussi à se consolider depuis la chute de la dictature. La bataille démocratique de ces 30 dernières années n’a été ni facile ni exempte d’erreurs et d’échecs. La société civile est aujourd’hui épuisée et parfois désabusée. S’il y a des mesures immédiates à prendre, parallèlement aux divers apports à l’État haïtien, ce serait de soutenir les nombreuses initiatives citoyennes qui existent dans le pays et qui fonctionnent avec des moyens rudimentaires.

Matthew est une nouvelle catastrophe naturelle qui frappe Haïti, après le séisme et le choléra. Cette île est-elle maudite, comme le proclamait un pasteur américain en 2010 ?

Ce cliché de « pays maudit » est un signe de paresse intellectuelle, c’est une manière rapide et pratique d’occulter la vraie histoire de ce pays, les sources bien réelles de sa situation actuelle, ainsi que la responsabilité des uns et des autres dans cette histoire. Il n’y a rien de maudit dans tout cela. Il y a l’histoire tout simplement, avec toutes ses contradictions. L’aide qu’on apporte à Haïti depuis des décennies est contradictoire, aléatoire et paternaliste.

Lemonde.fr par Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant)

Comment s’est formé l’ouragan Matthew qui a dévasté Haïti ?

octobre 7, 2016

L’ouragan Matthew a semé la désolation en Haïti où il a fait près de 300 morts, selon des bilans encore partiels.

L’ouragan Matthew a semé la désolation en Haïti où il a fait près de 300 morts, selon des bilans encore partiels. CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS
L’ouragan Matthew fouettait la côte est de la Floride de violentes bourrasques de plus de 100 km/h et de pluies torrentielles tôt vendredi matin. S’il a faibli un peu jeudi soir – il est désormais catégorie 3 sur l’échelle de Saffir-Simpson, qui en compte 5 –, le cyclone « reste extrêmement dangereux », a mis en garde le centre américain de surveillance des ouragans. Matthew a semé la désolation en Haïti où il a fait près de 300 morts, selon des bilans encore partiels. Il a aussi provoqué des dégâts matériels importants en République dominicaine, à Cuba et au Bahamas.

Comment et pourquoi s’est-il formé ? Réponses avec Fabrice Chauvin, chercheur au Centre national de recherches météorologiques.

Comment se forment les ouragans ?

Les cyclones, qualifiés de typhons dans le Pacifique Ouest et d’ouragans dans l’Atlantique et dans le Pacifique Est, sont des perturbations à circulation tourbillonnaire, qui prennent forme dans les océans des régions tropicales quand plusieurs conditions sont réunies. Il faut tout d’abord que la température de la surface de la mer soit élevée, c’est-à-dire en général supérieure à 26 °C – ce qui est une constatation et non un seuil physique.

Ensuite, l’atmosphère doit être instable pour favoriser les phénomènes de convection : un courant d’air ascendant se met en place, soulevant des particules des basses couches de l’atmosphère pour les redistribuer en haute altitude, jusqu’au sommet de la troposphère (15 km d’altitude). En condensant, ces particules provoquent des pluies. Cette ascendance entraîne par ailleurs une baisse de pression en bas, vers la surface de la mer. Les vents doivent par ailleurs être relativement homogènes de la surface de la mer jusqu’aux sommets nuageux pour permettre au cyclone de se structurer et se renforcer.

Enfin, l’élément déclencheur est un phénomène de tourbillon de la masse d’air, sous l’effet, entre autres, de la force de Coriolis. Elle tourne dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère Sud et dans le sens inverse dans l’hémisphère Nord.

Matthew, comme beaucoup d’autres cyclones dans l’Atlantique, s’est formé à partir d’une perturbation en provenance de l’Afrique de l’Ouest. Une fois que le cyclone se développe, il entretient sa propre dynamique, en pompant de l’énergie dans l’océan et on se renforçant. Au final, l’océan est le moteur du cyclone : il apporte la chaleur et l’humidité nécessaires à sa formation et à son entretien. Reste qu’il y a une grosse part de hasard dans son intensité.

Comment se classent-ils et quelle est leur fréquence ?

Quand les vents les plus soutenus ne dépassent pas 63 km/h (17 m/s), on parle de dépression tropicale. Elles sont numérotées, à partir de la première de l’année. Les vents étant faibles, les risques seront induits essentiellement par les pluies fortes, voire intenses.

Entre 63 et 117 km/h (33 m/s), on parle de tempête tropicale. On lui attribue un prénom. Si les pluies sont toujours à craindre, les vents commencent eux aussi à faire des dégâts, et avec eux la mer devient dangereuse. On compte en moyenne 80 systèmes de tempêtes par an, selon les variations d’El Niño et de La Niña, qui entraînent des anomalies de températures dans les océans.

Si les vents dépassent ce seuil de 117 km/h, c’est alors un typhon ou un ouragan, qui provoquent de très nombreux dégâts. Ils sont classés dans 5 catégories sur l’échelle de Saffir-Simpson, en fonction de la force de leurs vents – le seuil pour la catégorie 5 étant de 250 km/h. On dénombre environ 45 cyclones tropicaux chaque année, essentiellement dans le nord-ouest du Pacifique, les Caraïbes ou le sud de l’océan indien. Ils se forment surtout de juillet à octobre dans l’hémisphère Nord et de novembre à mars dans l’hémisphère Sud.

Matthew est le premier cyclone à avoir atteint la catégorie 5 depuis 2007 dans l’Atlantique. 2016 n’est pas une année particulièrement active d’un point de vue cyclonique, même si un nouveau cyclone se prépare déjà, Nicole, qui est classé en catégorie 2. En revanche, 2015 avait été une année exceptionnelle pour le Pacifique, Est comme Ouest, avec beaucoup de typhons de catégorie 5.

Peut-on facilement les prévoir ?

Les cyclones étant des phénomènes thermodynamiques, leurs évolutions sont précisément suivies, grâce à des modèles météorologiques et aux observations satellites. On les repère dès la formation de la dépression et on les voit se transformer en tempête ou typhon. Le seul élément difficile à prévoir est leur trajectoire. Il faut alors prévoir des cônes de trajectoires qui déterminent des probabilités.

Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique sur les cyclones ?

Selon les modèles scientifiques les plus précis, le nombre global de cyclones dans le climat futur devrait être stable, voire en légère baisse. Mais dans le même temps, on s’attend à une hausse des cyclones les plus intenses, qui s’explique notamment par l’augmentation des températures des océans. On va aller vers des phénomènes plus puissants, associés à des pluies plus intenses, d’environ 20 % supérieures.

Lemonde.fr par  Audrey Garric , Chef adjointe du service Planète/Sciences du Monde

L’ouragan Matthew a fait au moins 400 morts en Haïti

octobre 7, 2016

Port-au-Prince – L’ouragan Matthew a fait au moins 400 morts en Haïti lors de son passage en début de semaine, a déclaré vendredi à l’AFP le sénateur du Sud Hervé Fourcan, un bilan qui reste encore très provisoire.

Beaucoup de zones sont encore très difficiles d’accès et tous les chiffres n’ont pas encore été centralisés par les autorités. La protection civile du Sud évoque pour sa part un bilan de 315 morts, mais ces chiffres ne prennent pas en compte les communes de Camp Perrin, Les Anglais, Coteaux et Arniquet.

Toute la partie méridionale du pays a été noyée sous des torrents d’eau et secouée par des vents très violents, parfois pendant de longues heures.

Le pays est très vulnérable aux intempéries en raison d’une importante déforestation.

Les vents et les pluies ont inondé des milliers de maisons, endommagé des écoles, détruit d’importantes surfaces agricoles, des entreprises, des routes et des ponts. Plus de 29.000 maisons ont été détruites rien que dans le sud.

Quelque 80% des bâtiments de Jérémie, capitale du département méridional de Grand’Anse comptant environ 30.000 habitants, ont été rasés, selon Jean-Michel Vigreux, directeur de l’ONG Care Haïti.

Plus de 21.000 personnes ont été évacuées et 350.000 ont besoin d’assistance, selon le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

Avec les inondations, les autorités redoutent une forte recrudescence des cas de choléra.

Romandie.com avec(©AFP / 07 octobre 2016 15h55)

Le bilan s’alourdit encore en Haïti après le passage de Matthew

octobre 6, 2016

Plus de deux millions d’Américains ont été sommés d’évacuer le littoral atlantique à l’approche jeudi du dévastateur ouragan Matthew. La dévastatrice tempête a fait plus de 100 morts dans les Caraïbes et dévasté Haïti. Elle a également balayé les Bahamas.

Cent-huit personnes sont mortes en Haïti, selon un nouveau bilan communiqué jeudi par le ministre haïtien de l’Intérieur, François Anick Joseph. Le sud du pays restait essentiellement coupé des secours jeudi, 48 heures après que Matthew eut frappé de plein fouet. La dévastatrice dépression a fait 50 morts dans la seule commune de Roche-à-Bateau, dans le sud du pays, qui est complètement « dévasté », selon le député du département du sud, Ostin Pierre-Louis.

Quatre personnes ont par ailleurs trouvé la mort en République dominicaine. « La situation des principales villes est catastrophique », s’est inquiété le président par intérim, Jocelerme Privert.

Les vents et les pluies ont inondé près de 2000 maisons, endommagé dix écoles, détruit d’importantes surfaces agricoles, des entreprises, des routes et des ponts. Plus de 21’000 personnes ont été évacuées. La Suisse, par l’entremise de Caritas, de la Chaîne du Bonheur et de la Direction du développement de la coopération (DDC), ont décidé de fournir une aide d’urgence.

Très vulnérable aux aléas climatiques en raison de l’importante déforestation et peinant encore à se relever du séisme de 2010 qui avait fait plus de 200’000 morts, le pays le plus pauvre de la Caraïbe craint en outre la résurgence du choléra. Les élections présidentielle et législatives qui devaient se dérouler dimanche ont été repoussées.

La Floride tremble
L’ouragan devait s’abattre sur la Floride dans la nuit de jeudi à vendredi, selon le centre américain de surveillance des ouragans (NHC). Il est repassé en catégorie 4 à l’approche des côtes américaines, à un cran seulement de la catégorie la plus élevée de l’échelle Saffir-Simpson qui mesure ces phénomènes.. « C’est le plus puissant ouragan touchant cette zone depuis des décennies », selon le NHC.

Un plan d’urgence fédéral a été déclenché pour la Floride, ce qui permet de mobiliser davantage de ressources, a annoncé le président Barack Obama. Les parcs d’attractions Disney de cet Etat seront fermés vendredi, ce qui est extrêmement rare.

En Caroline du Sud, déjà frappée en 2015 par de graves inondations, plus d’un million de personnes vivant près des côtes ont reçu l’ordre de se réfugier dès mercredi à l’intérieur des terres. La Géorgie a elle aussi jeudi donné l’ordre d’évacuer six comtés situés sur son littoral, à l’est de l’autoroute I95, à l’approche de Matthew qui devrait frapper ses côtes samedi.

La puissance dévastatrice de Matthew balayait jeudi en fin d’après-midi le centre de l’archipel des Bahamas. Les aéroports ont été fermés, les bateaux de croisière touristique déroutés et les habitants sommés par les autorités de gagner les hauteurs des îles, par peur de la montée des eaux.

Romandie.com avec(ats / 06.10.2016 21h37)

Des hélicoptères militaires américains au secours d’Haïti

octobre 5, 2016

Washington – Les Etats-Unis sont en train d’acheminer neuf hélicoptères militaires vers Haïti pour les opérations de secours après le passage de l’ouragan Matthew, un porte-avions et deux autres navires se tenant également prêts à intervenir, a indiqué mercredi l’armée américaine.

Les hélicoptères militaires doivent arriver à partir de jeudi matin à Haïti.

Ils seront chargés de faire des opérations de reconnaissance dans les zones les plus touchées, puis d’acheminer de l’aide d’urgence, a expliqué mercredi dans un point presse l’amiral Kurt Tidd, le chef des forces américaines pour la zone sud-américaine.

Les opérations de secours américaines seront commandées depuis l’île, par une cellule de commandement qui doit arriver dès mercredi soir à l’aéroport de Port-au-Prince, a-t-il ajouté.

Au total, de 150 à 200 militaires américains ont été mobilisés pour l’instant pour ces opérations, a-t-il indiqué.

Par ailleurs, trois navires américains, dont un navire hôpital et un porte-avions, l’USS George Washington, ont pris la mer et se dirigent vers la zone Caraïbes, selon la marine américaine.

Ils pourront ainsi intervenir rapidement si le gouvernement d’Haïti en faisait la demande.

Ils se dirigent vers le sud mais ils n’ont pas encore reçu d’ordre de se joindre aux opérations de secours, a indiqué un responsable de la marine sous couvert d’anonymat.

L’ouragan Matthew, le plus puissant dans les Caraïbes depuis une décennie, a frappé ces derniers jours la Colombie, la Jamaïque, Haïti, la République dominicaine, les Bahamas et Cuba.

Il est en train de remonter vers les Etats-Unis laissant derrière lui des régions ravagées et au moins dix morts.

Une bonne partie des zones frappées de plein fouet en Haïti étaient toujours coupées du monde après l’effondrement d’un pont mardi.

Elles ne devraient pas être accessibles avant samedi ou dimanche.

En 2010, la Marine américaine avait dépêché 17 navires et 10.000 marins à Haïti, après le tremblement de terre meurtrier qui avait fait plus de 200.000 morts.

Aux Etats-Unis même, l’armée américaine a pris une série de mesures préventives pour protéger ses navires et ses avions de la violence de l’ouragan.

Trois navires militaires américains ont quitté préventivement le port de Mayport en Floride et se dirigent vers le nord, fuyant la tempête.

En Virginie, sur la côte est, 44 avions, dont des chasseurs furtifs ultra-modernes F-22 ont quitté la base de Langley-Eustis pour se mettre à l’abri dans l’Ohio, bien à l’intérieur des terres.

La base aérienne de Charleston en Caroline du sud a également envoyé 29 appareils à l’abri, loin de l’ouragan.

Romandie.com avec(©AFP / 06 octobre 2016 01h13)