Malgré la présence du Maroc, le classement africain de Skytrax fait la part belle aux anglophones. Et si la faute en revenait davantage au questionnaire soumis aux usagers qu’à la qualité des infrastructures ?
En 2023 encore, ni le très jeune et très correctement équipé Aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) de Dakar, ni l’aéroport Houphouët-Boigny d’Abidjan, qui a fait ces dernières années des efforts considérables sur le volet environnemental, ni le tout récent aéroport international Houari-Boumédiene, à Alger, ne pourront afficher de macaron pour se revendiquer parmi les dix meilleurs aéroports du continent.
En effet, le classement Skytrax, qui se base sur des enquêtes consommateurs et fait référence en matière de compagnies aériennes, mais aussi d’aéroports, fait la part belle aux anglophones, et notamment à l’Afrique du Sud. Quatre de ses infrastructures se hissent dans le top 10 africain, avec Le Cap (1er), Durban (2e), Johannesburg (3e) et Bloemfontein (10e).
Côté francophone, seul le Maroc arrive à se placer, avec Casablanca en 4e position et Marrakech en 6e, entre Maurice (5e) et Addis-Abeba (7e), et devant Kigali (8e) et Nairobi (9e).
Propreté des toilettes et amabilité des services d’immigration
Alors, les infrastructures ouest-africaines et algériennes sont-elles vilipendées par leurs usagers ? Ou la réponse ne serait-elle pas à trouver dans la méthodologie d’un classement, en particulier dans la langue de son questionnaire, disponible en anglais, en espagnol et en chinois, mais pas en français ? D’ailleurs, si « plus de 100 nationalités » sont représentées par les répondants, cela en laisse de nombreuses autres absentes dans cette enquête qui s’est déroulée d’août 2022 à février 2023.
Reste que le principe de Skytrax, indépendant de toute organisation commerciale et libre de charge pour les infrastructures qui y apparaissent, est fort utile pour les consommateurs, qui y livrent leur ressenti tant sur la propreté des toilettes, le choix des bars ou la disponibilité du wifi que sur l’attitude du personnel de l’immigration en passant par – ironie de l’histoire – les compétences en langues étrangères des employés !
On y apprend ainsi que l’aéroport du Cap est jugé le plus propre du continent et comme celui qui dispose du meilleur personnel, tandis que Durban assoit une vocation régionale, et que l’InterContinental OR Tambo, à Johannesburg, remporte la palme du meilleur aéroport en Afrique.
Lot de consolation
Côté international, Doha, hub de Qatar Airways, se voit ravir la première place par Singapour Changi, Tokyo Haneda complétant le trio de tête. Paris CDG est 5e, devant Istanbul (6e) et Munich (7e).
Un lot de consolation, tout de même, pour l’AIBD : le 6 mars, l’aéroport a reçu pas moins de trois prix de l’ACI, le Conseil international des aéroports. Il est ainsi sacré meilleur aéroport africain pour la catégorie 2 à 5 millions de passagers, avec, en sus, la palme de l’aéroport « le plus agréable » et celle de la structure « la plus propre » du continent.
Il partage la vedette avec l’aéroport Mohammed V de Casablanca, sacré meilleur aéroport africain de plus de 5 millions de passagers, avec un prix pour la facilité offerte aux voyageurs et un autre pour la disponibilité de son personnel. L’aéroport Moi de Mombasa au Kenya décroche le titre de meilleur aéroport pour les structures de moins de 2 millions de passagers.
Les 10 meilleurs ministres africains des Finances. Par Africa Performance Index (API), Accra (Ghana)
L’Africa Performance Index (API) identifie une dynamique différente de la performance des pouvoirs exécutifs africains à travers leurs ministères de l’économie et des finances. Pour cette troisième édition, deux évolutions significatives sont à noter au niveau de l’index. Premièrement, l’élargissement de nos analyses à tous les pays africains au lieu de la zone franc CFA ou des régions centrales et ouest africaines comme ce fut le cas lors des éditions précédentes. En second lieu, les dimensions traditionnelles à savoir le cadre institutionnel et fiscal, les facteurs économiques endogènes ont été complétées par une nouvelle dimension: l’Infrastructure Financière Digitale.
Les impératifs de l’inclusion financière et du développement du potentiel entrepreneurial sont devenus inévitables dans l’érection des modèles de développement en Afrique. Dans le contexte inextricable des innovations en matière de finance et de technologie, il y a une nécessité grandissante que les ministères de l’économie et des finances demeurent pertinents et efficaces en termes de régulation, et de conformité aux exigences du marché. Au-delà du réexamen du modèle publique, il se dégage des actions précises que l’API recommande à travers sa gamme d’indicateurs.
Le Top 10
Essentiellement, les ministères de l’économie et des finances de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est ont fait bouger l’Afrique cette année. L’API révèle dix pays qui ont su maitriser les équilibres macroéconomiques, avec des taux de croissance supérieurs à 5% qui devancent leurs croissances démographiques. Le défi commun qui demeure est celui du maintien du rythme de croissance. Il faut rappeler qu’entre autres facteurs, les pays africains ne se développeront que s’ils parviennent à soutenir des taux de croissance avoisinant 10% sur au moins une décennie. Au niveau institutionnel, il y a un besoin grandissant du développement de compétences et des innovations qui permettraient d’imprimer une direction claire à l’action publique en fonction des besoins des petites entreprises et du secteur informel aux échelles nationales.
1.Burkina, 53%
2.Sénégal, 52%
3.Tanzanie, 48%
4.Ethiopie, 47%
5.Kenya, 46%
6.Rwanda, 45%
7.Niger 43%
8.Guinée 43%
9.Cote d’Ivoire 42%
10.Togo,41%
Facteurs Endogènes: Burkina, Ethiopie, Guinée
La palme d’or dans la gestion de la croissance va au Burkina Faso qui, malgré une baisse des recettes fiscales et une hausse des dépenses sécuritaires réussit le pari de la reprise économique après un épisode d’instabilité politique et une campagne agricole 2015 peu fructueuse. En effet, parti de 4% en 2015, le Burkina enregistre cette année la meilleure croissance économique en Afrique avec plus de 8% devant l’Ethiopie (8%), la Cote d’Ivoire et la Tanzanie (7,3%). Le Burkina a également à son actif, la création d’un écosystème entrepreneurial qui gravite autour de 6500 petites entreprises créées chaque année.
L’Ethiopie, pour sa part, consent des efforts en termes de développement industriel, et des réformes de nature à améliorer le climat des affaires. La croissance du secteur agricole a par contre été compromise par la sècheresse et l’inflation reste une menace. Quant à la Guinée, son rebond économique s’explique par l’apaisement des tensions politiques et la fin de la crise Ebola. On remarque par ailleurs une baisse concrète de l’inflation. Le Niger fait également mention honorable en termes de relèvement économique.
L’API recense quatre déterminants qui favorisent la construction de l’infrastructure financière digitale quasi inexistante dans les pays africains. Il s’agit(i) des centres d’Innovation, (ii) de l’organisation de dialogues publics sur les technologies financières et de régulation, (iii) de la création de Sandbox, c’est-à-dire un environnement digital sécurisé pour expérimenter l’offre de services financiers innovants, (iv) d’outil national de vérification digitale d’identité.
Au niveau de cette dimension d’évaluation de l’action des ministères de l’économie et des finances, les scores sont faibles et se trouvent entre 10 et 40%. Le Kenya et le Sénégal prennent cependant le pas en raison de leur pépinière d’innovation technologique qui se développe à travers des incubateurs et accélérateurs d’entreprise, des espaces de co-création pour entrepreneurs et autres centres d’innovations. En réalité, il existe seulement un peu plus de 300 centres d’innovation en Afrique à l’heure actuelle, avec 54 en Afrique du Sud, 27 au Kenya, 16 au Ghana, et 10 au Sénégal entre autres.
Par ailleurs, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Tanzanie et le Togo se démarquent aussi grâce à l’organisation de dialogues publics sur le futur de la finance, des régulations financières et de l’inclusion financière. Il faudra cependant porter l’effort au-delà des dialogues.
Cadre Institutionnel et Fiscal: Rwanda, Cote d’Ivoire, Sénégal
L’Afrique s’améliore sur le plan de la gouvernance économique et politique. Les meilleurs élèves du API ne manquent pas de s’investir dans une planification minutieuse des objectifs institutionnels, et du respect des directives communautaires. Le Rwanda, la Côte d’Ivoire et le Sénégal sont des exemples en la matière mais les autres pays ne sont pas du reste avec des scores entre 50 et 70%. Il faut noter par ailleurs qu’en termes de transparence et de communication institutionnelle des efforts doivent être consentis.
Recommandations et perspectives RegTech
Les ministères de l’économie et des finances ont besoin de s’informer en temps réel sur les processus de prise de décision des entreprises nationales et étrangères. Ils ont également la responsabilité de renforcer la compétitivité de ces entreprises, quelles que soient leurs tailles. Dans le même temps, ils ont besoin d’assurer que les consommateurs sont protégés. La mise en place d’un écosystème digital
1. Rosine Sori-Coulibaly, Burkina Faso
Ministre de l’Économie, des Finances et du Développement depuis le 13 janvier 2016, Rosine Sori-Coulibaly s’emploie à diminuer le poids des dépenses courantes dans le Budget de l’Etat. Également parmi les réformes engagées, la commande publique de manière à en permettre l’accès aux PME.
2. Amadou Ba, Sénégal
En poste depuis septembre 2013, Amadou Bâ, ministre de l’Economie et des Finances du Sénégal, est à l’origine du cycle croissance engrangé par ce pays depuis 2014. La croissance économique de la deuxième économie del’UEMOA devrait atteindre 6,8 % en 2017 et 6,9 % en 2018,
3. Philip Mpango, Tanzanie
Nommé ministre des Finances depuis 2015, Philip Mpango poursuit le processus des réformes structurelles pour, entre autres, financer la gratuité de l’education et mener à bout la nationalisation des pierres précieuses.
4. Abraham Tekeste, Éthiopie
Nommé ministre des Finances en 2016, Abraham Teskete est en charge de l’implémentation du plan quinquennal de l’Ethiopie. L’objectif de ce programme est d’afficher une croissance de PIB de 11% par an. Sur la période, la croissance industrielle est fixée à 24% par an.
5. Henry K.Rotich, Kenya
Henry K. Rotich est, depuis le 15 mai 2013 , le ministre des Finances du Kenya.
Il est à l’origine des réformes en profondeur de l’Economie kenyane. Prônant la diversification, il fait face à différents enjeux dont le financement de la dette publique extérieur.
6. Claver Gatete, Rwanda
Ministre des Finances et de la planification économique du Rwanda depuis 2013, il se distingue dans la rationalisation des dépenses courantes, la mise en place des politiques innovantes (diaspora bound) et la facilitation des procédures pour les opérateurs économiques.
7. Hassoumi Masaoudou, Niger
Ministre des Finances du Niger depuis octobre 2016, il a pour challenge le financement du Plan de Développement économique et social du Niger sur la période 2017-2021. Dans un contexte sécuritaire tendu, il a engrangé beaucoup de succès en une année.
8. Malado Kaba, Guinée
Ministre des Finances depuis janvier 2016, elle hérite des projets de financement des grandes infrastructures. Réputée disposer d’un carnet d’adresse international impressionnant, la première guinéenne nommée ministre des Finances a obtenu des résultats satisfaisants vis-à-vis des baille de fonds.
9. Adama Koné, Côte d’Ivoire
L’ex patron du Tresor public ivoirien est parvenu au poste du ministre de l’Economie et des Finances à concilier l’impératif de la maîtrise du Budget avec la nécessité de la croissance. La crise actuelle du cacao n’a pas rompu cet équilibre. Les fondamentaux ivoiriens restent solides.
10. Sani Yaya, Togo
Ministre de l’Economie et des Finances du Togo depuis 2015, son grand défi reste de restructurer la dette du pays et de mobiliser des fonds pour financer les programmes de développement. En deux ans, les résultats engrangés forcent le respect.