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Après les mines, la RDC veut faire le ménage dans ses forêts

novembre 2, 2021
Les forêts du bassin du Congo constituent la deuxième plus vaste forêt tropicale de la planète après l’Amazonie. © Jens GROSSMANN/LAIF-REA

En pleine conférence mondiale sur le climat, Kinshasa durcit le ton contre la déforestation, annonçant interdire l’exportation de grumes. Une volonté de reprendre la main sur ses forêts après avoir lancé un même processus dans le secteur minier.

L’annonce est intervenue quelques jours avant l’ouverture de la COP26, la conférence mondiale sur le climat, ce week-end et ce n’est sans doute pas un hasard. Eve Bazaïba, la ministre de l’Environnement de la RDC a annoncé, le 28 octobre, l’interdiction prochaine de toutes les exportations de grumes (pièce spécifique de bois) dans le pays.

Outre cette annonce forte, la ministre a promis d’autres mesures visant à limiter la déforestation et à préserver les espèces vivant dans la forêt du bassin du Congo, la deuxième forêt fluviale la plus grande à l’échelle de la planète, juste derrière l’Amazonie.

« Cela permettra de laisser du temps à la nature pour se restaurer, notamment par le biais d’un programme de reboisement que nous avons organisé avec tous nos partenaires techniques, financiers et de développement », a déclaré la ministre.

Ressource précieuse

Cette prise de position intervient dans le contexte de la tenue depuis le début de la semaine de la COP26 à Glasgow en Écosse, évènement durant lequel plus de 100 pays, dont la RDC, se sont engagés à mettre fin à la déforestation – phénomène responsable d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre – à l’horizon 2030.

Alors qu’un collectif de ministres de l’Environnement et de chercheurs réclame une enveloppe de 150 millions de dollars à destination du bassin du Congo, l’engagement de la centaine de pays prévoit  lamobilisation de plus de 19 milliards de dollars de fonds publics et privés sur plusieurs années afin de financer des programmes de protection des forêts.

En RDC, une nouvelle entité, la Direction de reboisement et horticulture (DRHo), a pour mission depuis 2020 de reconstituer le capital forestier du pays. Selon son plan d’action, un milliard d’arbres devraient être plantés à l’horizon 2023 et 1 800 hectares de projets agroforestiers divers sont planifiés.

Chaque année, le pays exporte en moyenne 120 000 m3 de bois, ressource précieuse pour l’économie nationale. En 2016, selon l’Agence française de développement, la RDC en a produit 200 000 m3.

production annuelle de grumes
production annuelle de grumes © Production annuelle de grumes en RDC. Source : AFD 2017

Pratiques illégales

Selon une étude réalisée par l’École régionale postuniversitaire d’aménagement et de gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux (ERAIFT),  les acteurs du secteur sont, pour moitié, de grandes entreprises (Sodefor, Maniema Union, Forabola et Booming Green) et, pour l’autre moitié, des moyennes et petites entreprises (CFT, IFCO, Somifor et Établissement Kitenge-Lola).

Classement des entreprises basé sur la proportionnalité des surfaces forestières exploitées
Classement des entreprises basé sur la proportionnalité des surfaces forestières exploitées © Classement des entreprises basé sur la proportionnalité des surfaces forestières exploitées. Source : Ecole Régionale Postuniversitaire d’Aménagement et de gestion Intégrés des Forêts et territoires Tropicaux (ERAIFT)

L’activité est marquée par des pratiques abusives, pointe la Coalition nationale contre l’exploitation illégale du bois (CNCEIB), dont l’exploitation en dehors des zones autorisées avec dépassement des volumes permis, le marquage frauduleux du bois, le non-paiement des redevances ou encore le non respect des règles de l’exploitation forestière durable.

NOUS NE VOULONS PLUS DE CONTRATS AVEC DES PARTENAIRES QUI SONT VENUS COUPER SAUVAGEMENT NOS FORÊTS

« Du bois à haut risque d’illégalité d’une valeur d’au moins 21 millions de dollars US a été expédié vers les marchés internationaux depuis la RDC en 2014-2015», notait ainsi un rapport publié par le gouvernement français en 2015. Ainsi, selon ce même rapport, la majeure partie du bois récolté de manière industrielle en RDC et commercialisé à travers le monde était considéré comme « risquant fort d’être illégale ».

Audit de tous les contrats

En 2018, les plus grands acheteurs en valeur de bois du Congo étaient le Vietnam, l’Union européenne (via l’Association européenne de libre-échange), et la Chine, selon Forest Trends, un groupe de conservation basé aux États-Unis.

Face à ce constat, le président congolais Félix Tshisekedi a ordonné, au début d’octobre, un audit de tous les contrats d’exploitation forestière en vigueur. « Nous ne voulons plus de contrats avec des partenaires qui sont venus couper sauvagement nos forêts, nous allons mettre fin ce type de contrats », a renchéri  la ministre Bazaiba.

La date d’entrée en vigueur de l’interdiction annoncée n’a toutefois pas été précisée. En outre, ce n’est pas la première fois qu’un ministre congolais de l’Environnement fait ce type de déclaration.

Progrès trop lents

Le 19 mars 2020, le ministre de l’Environnement et du Développement durable de l’époque, Claude Nyamugabo Bazibuhe, avait déjà lancé à Kinshasa une campagne pour lutter contre la déforestation. Le ministre avait décidé de saisir toutes les grumes illégales et d’interdire les activités de scierie dans les ports, promettant de mettre en place une véritable traçabilité dans la filière.

LA RDC EST LE DEUXIÈME FRONT DE DÉFORESTATION DANS LE MONDE

Les progrès demeurent cependant modestes. Sur le plan juridique, par exemple, la seule mesure forte à avoir été adoptée remonte à près de vingt ans : 2002 avait vu l’instauration d’un moratoire sur l’attribution de nouvelles concessions forestières.

Pour rappel, les nombreuses variétés végétales qui peuplent la forêt du bassin du Congo absorbent chaque année environ 4 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone de l’atmosphère, selon l’Initiative pour la forêt d’Afrique centrale. Cette mosaïque de forêts dont 60 % se trouvent au Congo, traversent cinq autres pays du continent : la République du Congo, la République centrafricaine, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Cameroun. Abritant 10 000 espèces de plantes tropicales, dont 30 % uniques à la région, la forêt constitue un rempart majeur contre le réchauffement climatique.

300 000 personnes dans le secteur

Or, dans son rapport de 2019, Global Forest Watch indique que la RDC est le deuxième front de déforestation dans le monde. « En quinze ans, le pays a perdu 6 % de son couvert forestier », pointe le rapport. Selon les chiffres de l’ONU, le déboisement y a doublé au cours de la dernière décennie, notamment à cause de « la forte demande en bois de chauffage et en charbon de bois, des plantations d’huile de palme et autres exploitations agricoles commerciales ».

D’après les dernières estimations du Centre de recherche forestière internationale (Cifor) et du Fonds forestier national (FFN), le bois est la principale source d’énergie pour 90 % de la population urbaine de la RDC. Pour parvenir à répondre à ce besoin, le gouvernement préconise la butanisation (utilisation domestique du gaz).

En tout, environ 5,8 millions de m3 de bois sont vendus à Kinshasa et à Kisangani. En moyenne, 300 000 personnes sont impliquées dans ce secteur.

Avec Jeune Afrique par Yara Rizki

Harcèlement sexuel au Congrès américain: le ménage commence

novembre 27, 2017

Le sénateur Al Franken, lors d’une réunion au Sénat le 13 novembre 2017 / © GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives / MARK WILSON

Le Congrès américain commence à se réformer pour traiter les affaires de harcèlement sexuel à l’intérieur de l’institution, après de multiples accusations lancées par des femmes contre des parlementaires en exercice.

Les élus reviennent lundi après leurs congés de Thanksgiving et voteront mercredi, à la Chambre des représentants, pour rendre obligatoire une formation anti-harcèlement sexuel pour tous les élus et leurs collaborateurs. Cette formation est aujourd’hui facultative.

Les chefs du Congrès sont sous pression pour réagir, vite, au déballage d’affaires en cours.

Un sénateur démocrate, Al Franken, fait l’objet d’une enquête de la commission éthique du Sénat pour des gestes déplacés et un baiser forcé. Le doyen démocrate de la Chambre, John Conyers, a été accusé de harcèlement mais refuse de démissionner. Et le président Donald Trump soutient coûte que coûte un candidat au Sénat, l’ancien magistrat ultra-conservateur Roy Moore, accusé d’attouchements sur des mineures il y a plusieurs décennies.

Plusieurs élus, emmenés par la démocrate Jackie Speier et la républicaine Barbara Comstock, veulent aller plus loin et réformer une loi de 1995 sur la façon dont les victimes, à l’intérieur du Congrès, peuvent rapporter des faits de harcèlement et obtenir réparation.

Cette loi avait été adoptée en moins de deux semaines en janvier 1995, à une voix de l’unanimité. Mais l’époque a changé et les procédures établies à l’époque sont aujourd’hui dénoncées comme obsolètes et trop en défaveur des plaignants.

Les nouvelles règles proposées permettraient d’accélérer la procédure interne après une plainte, alors qu’aujourd’hui les victimes sont obligées de recourir dans un premier temps à une médiation. Un poste d’avocat des victimes serait créé. La clause de confidentialité ne serait plus obligatoire. Les versements d’indemnités viendraient désormais de la poche de l’élu responsable du harcèlement, alors qu’aujourd’hui c’est le contribuable qui paie.

Et surtout, la liste et le montant des règlements de plaintes devrait être rendue publique annuellement.

– Roy Moore persiste –

« Le système mis en place en 1995 protégeait le harceleur », a dit Jackie Speier sur la chaîne ABC dimanche. « Une victime m’a dit que le processus était presque pire que le harcèlement lui-même ».

Aucun parti n’est épargné par le harcèlement, comme l’affaire John Conyers le montre. L’élu de Detroit, âgé de 88 ans, est une légende au Congrès, héros de la lutte pour les droits civiques des Noirs. Il nie tout harcèlement sexuel mais a reconnu le versement d’indemnités pour régler une affaire avec une ancienne collaboratrice.

Critiquée pour une réaction initiale jugée trop indulgente, la chef des démocrates de la Chambre, Nancy Pelosi, a fini par déclarer que les accomplissements d’un élu, aussi importants fussent-ils, ne donnaient pas « un permis de harceler ».

Mais elle n’a pas appelé à sa démission… et John Conyers est décidé à se battre.

Les chefs démocrates veulent pourtant exploiter l’affaire Roy Moore pour convaincre les électeurs qu’ils sont le véritable parti défenseur des femmes, le parti qui croit les femmes.

Ils pointent du doigt le comportement de Donald Trump qui, en défendant Roy Moore, soutient la ligne de défense du candidat consistant à traiter ses accusatrices de menteuses. Comme le milliardaire l’avait fait concernant la dizaine de femmes l’ayant accusé de harcèlement ou pire, l’an dernier.

Tous les chefs et sénateurs républicains ont coupé les ponts avec Roy Moore, mais ils craignent qu’il ne soit élu le 12 décembre, lors de la sénatoriale partielle de l’Alabama.

Plusieurs membres de la majorité semblent dire qu’ils préféreraient perdre le siège républicain et voir le candidat démocrate, Doug Jones, élu, plutôt que de voir Roy Moore rejoindre leurs rangs.

« Je veux être du bon côté de l’histoire dans cette affaire », a déclaré le sénateur de Caroline du Sud Tim Scott sur ABC.

Le locataire de la Maison Blanche voit les choses à plus court-terme: il a besoin du plus de sénateurs républicains possibles pour faire adopter sa réforme de la fiscalité avant la fin de l’année. La majorité sénatoriale actuelle est de 52 sièges sur 100. Pas question de descendre à 51, dit le président américain.

Romandie.com avec(©AFP / 27 novembre 2017 17h32)

France: grand ménage chez Les Républicains (droite) après les régionales

décembre 14, 2015

Paris – Le parti français de droite Les Républicains (LR) va se doter d’une nouvelle direction en janvier, dont sera exclue sa numéro deux, Nathalie Kosciusko-Morizet, très critique envers le chef du parti, l’ex-président Nicolas Sarkozy, selon des sources concordantes.

Il faut une nouvelle équipe dans un souci de fond et de cohérence, a confirmé à des journalistes Nicolas Sarkozy. On préfère que les responsables du mouvement expliquent les positions du mouvement et pas autre chose, a-t-il ajouté.

Cette décision survient après un scrutin régional qui a vu une forte poussée de l’extrême droite aux dépens de la droite classique et de multiples critiques à l’encontre de la ligne politique adoptée par Nicolas Sarkozy, venues des membres de son équipe la plus proche.

Evincer au moment où on lance un débat, c’est une vieille idée stalinienne, a lancé Nathalie Kosciusko-Morizet en sortant d’un bureau politique de la formation.

Le parti se renforce en débattant, a-t-elle défendu. Prétendre commencer le débat en évinçant ceux qui ne sont pas d’accord, c’est presque dangereux. Je n’échange pas mes convictions contre une place, a-t-elle ajouté.

Nommée vice-présidente du parti fin novembre 2014, Nathalie Kosciusko-Morizet, surnommée NKM, avait revendiqué depuis sa liberté de parole.

Après le premier tour des élections régionales le 6 décembre, qui a vu le Front national (extrême droite) arriver en tête dans six régions sur 13, elle n’avait pas ménagé ses critiques à l’encontre de Nicolas Sarkozy.

Elle avait notamment dénoncé la politique du ni PS (Parti socialiste) ni FN, défendue par l’ancien chef de l’Etat (2007-2012).

Si les électeurs avaient appliqué le ni-ni, nos candidats dans le nord et le sud auraient été battus au second tour des élections régionales, a-t-elle dit. Je suis heureuse que les électeurs n’aient pas appliqué le ni-ni entre refus de la droite et du Front national, avait-elle ajouté dimanche.

Chargé du projet politique du parti dirigé par Nicolas Sarkozy, qui a pour ambition de postuler à nouveau à la présidence de la France, le député Eric Woerth avait évoqué de son côté après le premier tour une droite sans leader.

Romandie.com avec(©AFP / 14 décembre 2015 13h41)