Michel Cousin et sa fiancée Maria devaient se retrouver officiellement mardi soir dernier, alors qu’elle arrivait à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau directement de Paris pour venir se marier dans les prochains mois et s’établir avec son bien-aimé à Saint-Élie-de-Caxton. Agressivité des agents, fouille intégrale et entêtement en raison d’une pièce manquante dans son dossier d’immigration, elle a finalement été renvoyée à Paris en état de choc avec des marques physiques et mentales de cette aventure.
© Olivier Croteau Michel Cousin, résident de Saint-Élie-de-Caxton, a dénoncé la situation que sa fiancée a vécue à l’aéroport.
Le mardi 29 juin vers 17h, Maria, âgée de 71 ans, est à l’aéroport, tentant de se faire accepter par les agents d’immigration pour entrer au pays. L’un d’eux regarde la déclaration remplie de manière électronique et mentionne que la dame n’a pas l’autorisation écrite d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) exigée selon lui pour pouvoir venir voir son fiancé, considéré comme un membre de la famille élargie selon le gouvernement.
Pourtant, selon M. Cousin, elle avait toutes les pièces nécessaires: la copie de sa propre carte de résident permanent, son autorisation de voyage électronique (AVE) et la déclaration solennelle. «Quand j’ai lu les textes d’Immigration Canada, ça disait que les personnes devaient avoir une AVE et le formulaire de déclaration solennelle assermenté. Moi je l’ai fait viser par le notaire du village; ils n’avaient pas besoin de cette autorisation écrite», a soutenu le résident de Saint-Élie lorsque contacté par Le Nouvelliste.
© Courtoisie Maria, la fiancée de Michel Cousin, qui a dénoncé la situation.
Pour l’agent d’immigration à l’aéroport, cette information ne convenait pas: il fallait l’autorisation écrite, sans quoi il la renvoyait à Paris. «Elle s’est retrouvée en état de choc, en panique. Je pouvais entendre le gars au téléphone lui dire ‘’On va vous remettre dans l’avion’’. J’ai pu lui parler, mais il ne voulait rien entendre», a émis Michel Cousin, qui n’a jamais vu sa conjointe dans un tel état.
Maria paniquait, elle avait de la difficulté à respirer, alors que l’agent lui disait sans cesse de remettre son masque. Toujours selon M. Cousin, elle s’est par la suite fait escorter par trois agents au service des douanes où ils ont vidé sa valise et son sac. Ils ont regardé de fond en comble à maintes reprises dans tous les sens.
«Elle avait des médicaments sur elle par rapport à divers traitements qu’elle suit, notamment pour son stress naturel qu’elle a. À ce moment, elle était complètement en état de stress. […] Ils l’ont blâmée de les cacher dans ses souliers, alors qu’elle ne voulait que gagner de l’espace», a raconté son fiancé par téléphone.
Non seulement ils auraient fouillé ses bagages, mais la dame aurait aussi été conduite dans une salle où on lui a demandé de se déshabiller, se retrouvant en sous-vêtements devant des hommes. «Ils l’ont fait mettre en petites culottes et en soutien-gorge, en présence d’un homme qui lui a passé un détecteur sur le corps en la tenant par la nuque et par les cheveux», a dénoncé Michel Cousin, en spécifiant que des agents n’avaient pas de gants alors qu’ils touchaient aux effets personnels de sa bien-aimée.
En état de choc
À la suite de cette fouille, Maria aurait fait un malaise en raison de la panique qui l’avait gagnée, tombant par terre et se fracassant le nez, lui valant un hématome à cet endroit, ainsi que sur la cuisse et la lèvre. La peur qui l’avait envahie à ce moment l’aurait contrainte à ne pas dire ce qui venait de lui arriver au personnel de l’aéroport.
© Courtoisie Maria s’est fait mal au nez en tombant à la suite de son malaise.
Maria aurait simplement ramassé le plus rapidement possible ses choses qui avaient été mises à l’envers. On lui aurait ensuite dit de repartir dès le lendemain en après-midi, mais qu’entre-temps elle devait trouver un moyen par elle-même de se loger pour attendre son vol.
«T’es en train de me dire qu’ils te larguent dans la nature sans se demander où tu vas? Ils vont totalement au contraire des mesures sanitaires qu’ils nous imposent. […] Elle arrivait à Montréal avec un test négatif de Paris qui était valable trois jours selon les délais imposés. Elle devait passer un autre test après le passage de l’immigration et aller à sa réservation d’hôtel pour faire les trois nuits obligatoires à un prix faramineux, à 1100 $», de s’exclamer M. Cousin.
Selon lui, ces démarches n’avaient pas de sens. «Tout était chamboulé, il n’y avait plus rien. Pas de test à l’arrivée, pas de nuits d’hôtel parce qu’elle partait le lendemain.» Finalement, il est allé la chercher directement à l’aéroport mardi soir en attendant le lendemain pour qu’elle reparte vers la France.
En date de samedi, alors que Maria est de retour chez elle, elle est toujours en état de choc. «En ce moment, elle est complètement démolie. […] Elle n’est pas du tout en état de reprendre l’avion, elle est encore sous le choc. […] Elle m’a dit: ‘’Je n’ai pas dormi, j’ai pleuré toute la nuit’’. Elle se sent très mal, elle est totalement désemparée», a confié le résident de Saint-Élie, qui essaie de garder la tête sur les épaules pour la soutenir et continuer les démarches de plaintes qu’il a entamées.
En effet, vendredi, l’homme de 66 ans a déposé une plainte au service d’immigration du Canada pour ce qui s’est déroulé, en plus d’en faire une au service de douanes de l’aéroport. Il a également fait part de la situation aux premiers ministres du Canada et du Québec, Justin Trudeau et François Legault. «J’ai décidé que je ne laisserais rien passer», a-t-il énoncé.
Pour la suite, Michel Cousin devra refaire l’autorisation écrite afin que sa fiancée puisse officiellement venir le rejoindre. En attendant, il ne souhaite qu’elle se porte mieux et qu’elle se rétablisse de cette mésaventure le plus rapidement possible.
Par Rosie St-André – Le Nouvelliste