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Houellebecq publie un livre polémique sur une France islamisée

janvier 4, 2015

Enfant terrible de la littérature française, l’écrivain Michel Houellebecq fait un retour fracassant avec un nouveau roman futuriste sur une France islamisée. Le livre fait polémique avant même sa parution mercredi.

« Soumission » – dont le titre renvoie à la traduction du mot « islam », soit allégeance à Dieu – suscite des réactions aussi tranchées que son auteur. Ce roman de politique fiction « restera comme une date dans l’histoire des idées, qui marquera l’irruption – ou le retour – des thèses de l’extrême droite dans la haute littérature », pourfend le directeur du quotidien Libération, Laurent Joffrin.

Selon lui, le livre « adoube les idées du Front national ou bien celles d’Eric Zemmour ». Des idées qui trouvent un terreau fertile dans les inquiétudes d’une partie de la société française.

Pour le philosophe conservateur Alain Finkielkraut au contraire, Houellebecq « a les yeux ouverts et ne se laisse pas intimider par le politiquement correct ». Il décrit « un avenir qui n’est pas certain mais qui est plausible ».

Jouer sur la peur
Dans une interview publiée samedi par des médias américain, allemand et français, Michel Houellebecq a reconnu jouer sur la « peur », mais il a récusé toute « provocation » ciblant l’islam et affirmé seulement procéder « à une accélération de l’Histoire ». « Je condense une évolution à mon avis vraisemblable », résume-t-il à propos de son sixième roman, tiré à 150’000 exemplaires.

« J’utilise le fait de faire peur », concède l’écrivain. Mais « on ne sait pas bien de quoi on a peur, si c’est des identitaires (ndlr, extrême droite) ou des musulmans. Tout reste dans l’ombre », tempère-t-il.

« Soumission » débute en 2022, à la fin du second mandat de François Hollande. Dans une France fracturée, Mohammed Ben Abbes, chef de file de la Fraternité musulmane (parti inventé par l’auteur) bat Marine Le Pen au second tour de la présidentielle grâce au soutien de partis de gauche et de droite.

Des valeurs
Le nouveau chef de l’Etat est présenté comme un musulman « qui défend des valeurs »: patriarcat, polygamie, port du voile, retour des femmes à la maison, fin de la liberté de conscience et conversion à l’islam. Dans la foulée, le pays s’en trouve chamboulé, tout comme le narrateur, professeur à la Sorbonne devenue « université islamique ».

Agé de 56 ans, longue chevelure ébouriffée, l’oeil « placide » ou « chafouin » selon les avis, Michel Houellebecq est un habitué des controverses. Il est fréquemment taxé de misogynie voire de racisme et de xénophobie.

Romandie.com

Maurice Nadeau, un siècle en littérature

juin 17, 2013
Maurice Nadeau

Maurice Nadeau

Esprit indépendant, éditeur de génie, lecteur avide et écrivain, Maurice Nadeau, décédé dimanche à l’âge de 102 ans, n’a jamais désarmé et sa vie se confond avec les livres, lui qui a révélé tant d’auteurs cultes, de Georges Perec à Malcom Lowry, de Henry Miller à Michel Houellebecq.

L’éditeur et écrivain Maurice Nadeau, qui avait créé la revue La Quinzaine littéraire en 1966 est décédé dimanche chez lui à l’âge de 102 ans.

« Pendant toute ma vie, j’ai toujours eu la bonne place pour découvrir des écrivains. J’étais à l’affût, j’écoutais, je lisais beaucoup, des manuscrits, les revues, la presse étrangère », expliquait en 2011, pour son centième anniversaire, ce grand Monsieur des lettres au flair admirable.

Né le 21 mai 1911, orphelin de guerre élevé par une mère illettrée, il était normalien et avait commencé sa carrière comme enseignant de lettres modernes puis journaliste et critique littéraire. Maurice Nadeau avait la carte de presse 5262, obtenue en juillet 1945 quand il était chroniqueur à Combat, avant de signer à l’Observateur, à L’Express… Il avait connu Aragon, Breton, Prévert, écrit une « Histoire du Surréalisme ».

Jusqu’au bout, cet éditeur et écrivain à l’allure de patriarche a veillé sur La Quinzaine littéraire, sa tour de guet, que l’ex-militant trotskyste avait fondé en 1966 après avoir créé la revue Les Lettres nouvelles. En mai 2013, il lançait encore un appel pour sauver le bimensuel, confronté de nouveau à de graves difficultés financières.

Indépendance et flair

Face aux grandes maisons, la sienne incarne les vertus de l’artisanat et de l’indépendance sans concession. Avec moins de dix livres par an, elle a eu rarement les honneurs des prix littéraires. Angelo Rinaldi disait de lui: « il est l’éditeur de l’impossible ». Les coups de marketing, les visées commerciales, ce n’était pas pour lui.

Il avouait être « très fier » de certains écrivains qu’il avait publiés et parfois défendus contre la censure, comme Henry Miller, qui lui avait donné toute son oeuvre. Il avait aussi écrit le premier article sur Samuel Beckett, ce dont l’écrivain irlandais lui a toujours été reconnaissant, a fait connaître Georges Bataille, René Char, Henry Michaux, Claude Simon, Witold Gombrowicz et tant d’autres.

« Après leur premier succès, ils me quittaient »

« Mais Malcom Lowry est ma plus grande découverte. Son roman, Au dessous du volcan, c’est l’une des plus poignantes histoires d’amour que j’ai jamais lue », confiait-il. « Georges Perec, aussi, je suis très fier de l’avoir découvert. Il avait été refusé partout. La plupart de ceux que je publiais l’avaient été. Après leur premier succès, ils me quittaient ».

Ainsi, dès que Michel Houellebecq est sorti de la confidentialité après la publication par Nadeau d’Extension du domaine de la lutte, en 1994, il a rejoint de plus grosses écuries. « Je me définis comme un passeur. Jeune, je voulais changer le monde, j’étais un utopiste. Aujourd’hui, je me révolte encore mais je ne risque rien », disait Maurice Nadeau, au soir de sa vie, assurant ne pas être angoissé par l’âge ni la mort, lui qui, à 95 ans, avait dû convaincre un chirurgien « d’oser l’opérer » d’un anévrisme de l’aorte.

Lexpress.fr

Houellebecq revient à la poésie avec un recueil

mars 21, 2013

Houellebecq revient à la poésie avec un recueil
Photo ci-dessus
L’écrivain Michel Houellebecq, lors d’une conférence à Tel Aviv, le 31 mars 2011

[Menahem Kahana / AFP/Archives]

Près de quinze ans après son dernier recueil de poèmes, l’écrivain Michel Houellebecq, prix Goncourt 2010, revient à la poésie avec « Configuration du dernier rivage », à paraître le 17 avril chez Flammarion, a confirmé mardi son éditeur.

Ce cinquième opus au titre très « houellebecquien », dont la sortie a été annoncée par Le Figaro, fait suite à la prose poétique de « Rester vivant », publié aux éditions de La Différence en 1991, et aux recueils « La poursuite du bonheur » (même maison en 1992 puis nouvelle édition chez Flammarion en 1997), « Le sens du combat » (1996) et « Renaissance » en 1999, toujours chez Flammarion.

L’ensemble de son oeuvre poétique, première vocation de l’écrivain qui affirme volontiers être devenu romancier par défaut, a par ailleurs été réuni en 2000 en poche (J’ai Lu).

Michel Houellebecq a obtenu le Goncourt en 2010 pour « La carte et le territoire ».

« Configuration du dernier rivage » rassemble en à peine 90 pages et cinq sections des poèmes courts et sombres, rimés ou non.

« La poésie, ça part d’un vers. Des fois ça se met à rimer un peu tout seul, d’autres fois non. Mais relativement souvent, cela rime dans mon cas », disait en janvier l’auteur sur France Culture.

« En supposant que je vive vieux, peut-être que j’écrirai plein de poèmes. Un poète vieux, je trouve ça bien. A mon âge, il faut que je sorte du modèle Baudelaire (…) mais mon goût pour la poésie ne diminuera pas », poursuivait-il. « Et c’est bien les poèmes parce qu’on ne vous met pas la pression… »

Mi-décembre 2012, Michel Houellebecq avait annoncé à l’AFP quitter l’Irlande, où il séjournait depuis de nombreuses années, pour rentrer vivre à Paris.

« Si j’ai choisi la France plutôt qu’un pays francophone (Belgique ou Suisse), c’est pour des raisons personnelles, pas dans une démarche militante », avait expliqué l’auteur en pleine affaire Depardieu. « L’argent est important, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus important ».

Son roman « Les particules élémentaires » va par ailleurs être mis en scène au Festival d’Avignon du 8 au 13 juillet par le jeune collectif « Si vous pouviez lécher mon coeur ». L’oeuvre de Houellebecq est souvent montée à l’étranger mais rarement en France.

Directmatin.fr avec  AFP

Gallimard : nouveau géant de l’édition en France

juin 27, 2012

  • Flammarion affiche un chiffre d'affaires de 220 millions en 2011 (hors distribution) contre 253 millions pour Gallimard.
    Flammarion affiche un chiffre d’affaires de 220 millions en 2011 (hors distribution) contre 253 millions pour Gallimard. Crédits photo : SALVATORE DI NOLFI/ASSOCIATED PRESS
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  • En rachetant Flammarion, Gallimard va former un groupe de près de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires présent sur tous les segments du marché.
    Avant, il y a avait Hachette Livre (plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires dans le monde) et Editis (environ 700 millions d’euros), puis tous les autres, souvent loin de la barre des 500 millions de chiffre d’affaires: Média-Participations, Gallimard, Albin Michel, La Martinière-Le Seuil… Le nouvel ensemble constitué par Gallimard (253 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011) et Flammarion (220 millions hors distribution) se détachera du lot, avec un chiffre d’affaires de près de 500 millions d’euros et une belle complémentarité des portefeuilles.

    Éditeur plus que centenaire, Gallimard est devenu au fil du temps un groupe très diversifié, présent dans la littérature, les sciences humaines, la jeunesse, les livres pratiques et d’art. Connue pour sa «collection blanche» (De Marcel Proust à Jonathan Littell en passant par Albert Camus, au total 37 prix Goncourt), la maison Gallimard coexiste au sein du groupe présidé par Antoine Gallimard avec les maisons Denoël, Mercure de France ou P.O.L.

    Une vraie logique

    Avec Flammarion, Gallimard va constituer l’un des plus beaux catalogues mondiaux de littérature en langue française. La maison fondée par Ernest Flammarion en 1875 est aussi une institution, et aujourd’hui un groupe dirigé par Teresa Crimisi, qui fut la plus proche conseillère d’Antoine Gallimard de la fin des années 1980 à 2005. Flammarion est l’éditeur du romancier mondialement connu Michel Houellebecq ou du nutritionniste à succès Pierre Dukan.

    En termes d’offres, il y a une vraie logique dans ce rapprochement. Dans le livre de poche, les deux groupes disposent de positions fortes: Gallimard avec Folio dans le poche haut de gamme et Flammarion avec J’ai Lu dans le poche populaire. Gallimard est quasiment absent de la bande dessinée, tandis que Flammarion possède Casterman, l’éditeur de Tintin. Au niveau de la distribution en revanche, les deux groupes disposent chacun de leur propre réseau, ce qui pourrait faire doublon.

    À l’heure du livre numérique, l’union des deux groupes devrait enfin être un atout. L’intérêt manifesté par le Fonds stratégique d’investissement (FSI) dès le lancement du processus de vente de Flammarion par l’italien RCS Mediagroup en début d’année se justifiait par cet enjeu: constituer, à côté de Hachette et Editis, un troisième champion français de l’édition en mesure de faire les investissements en hommes et en matériels nécessaires pour passer à l’ère numérique.

  • Lefigaro.fr par Alexandre Debouté