Posts Tagged ‘Michel Temer’

Le Brésil mobilise son armée pour « garantir la sécurité » à la frontière du Venezuela (décret)

août 28, 2018

Brasilia – Le président brésilien Michel Temer a ordonné mardi soir par décret l’utilisation des forces armées pour « garantir la sécurité » dans l’Etat septentrional de Roraima, où ont afflué depuis des mois des dizaines de milliers de réfugiés du Venezuela.

« Je décrète l’envoi des forces armées pour garantir la loi et l’ordre dans l’Etat de Roraima (…) du 29 août au 12 septembre », a annoncé le chef de l’Etat « afin de garantir la sécurité des citoyens brésiliens mais aussi des immigrants vénézuéliens qui fuient leur pays ».

M. Temer a ajouté que la situation était « tragique » et « menaçait l’harmonie de quasiment tout le continent ».

Il a appelé « la communauté internationale à adopter des mesures diplomatiques » contre l’exode de Vénézuéliens fuyant la crise politique et économique sous l’administration du président Nicolas Maduro.

Le chef de l’Etat n’a pas précisé combien d’hommes étaient concernés par ce décret pris une dizaine de jours après une explosion de colère contre les migrants dans la localité frontalière de Pacaraima, où une foule d’habitants a chassé des centaines de Vénézuéliens et brûlé leurs biens.

Le ministre de la Défense, Joaquim Silva e Luna, a affirmé ensuite que « les troupes étaient déjà positionnées » à la frontière, tandis que celui de la Sécurité institutionnelle Sergio Etchegoyen indiquait: « Nous avons besoin de discipliner » les flux de migrants.

Romandie.com avec(©AFP / 28 août 2018 22h48)                                                        

Brésil: Temer accusé de commander la « plus dangereuse organisation criminelle du pays »

juin 17, 2017

Le président brésilen Michel Temer lors d’une cérémonie militaire à Brasilia, le 9 juin 2017 / © AFP / EVARISTO SA

Le président brésilien Michel Temer commande la « plus dangereuse organisation criminelle du pays », a accusé le magnat de l’agro-alimentaire Joesley Batista dans un long entretien d’une virulence inédite publié samedi par l’hebdomadaire Época.

Patron du géant de la viande JBS, le chef d’entreprise avait déclenché un séisme politique à la mi-mai en remettant aux autorités un enregistrement sonore dans lequel M. Temer semblait donner son accord pour acheter le silence d’un ex-député aujourd’hui en prison.

Les révélations de M. Batista peuvent être fatales pour le président : elles ont poussé la Cour suprême à donner son feu vert pour l’ouverture d’une enquête contre le chef de l’Etat pour corruption passive et entrave à la justice.

« C’est la plus grande et plus dangereuse organisation criminelle du pays. Commandée par le président », a souligné Joesley Batista.

« Ceux qui ne sont pas en prison sont aujourd’hui au palais présidentiel du Planalto, a-t-il ajouté. Ces gens sont très dangereux. Je n’ai jamais eu le courage de les affronter », a affirmé M. Batista à l’hebdomadaire Época, dans son premier entretien depuis qu’il a noué un accord avec la justice en échange de remises de peine.

Visé par plusieurs volets de l’opération « Lavage-express », l’enquête tentaculaire qui a révélé le méga-scandale de corruption qui secoue le Brésil, il a accepté de collaborer avec les autorités à mesure que l’étau se resserrait sur ses affaires.

Ses confessions explosives font état du versement de dizaines de millions de dollars de pots-de-vin pour alimenter les caisses noires de partis politiques de tous bords, y compris le PMDB (centre droit) de M. Temer.

« Dès que j’ai connu Temer, il a commencé à me demander de l’argent pour financer ses campagnes. Il n’a pas beaucoup de pudeur quand il s’agit de parler d’argent », a expliqué M. Batista dans l’entretien à Época.

« Il me voyait comme un chef d’entreprise qui pourrait financer ses campagnes et organiser des combines qui donneraient lieu à des pots-de-vin », a-t-il ajouté.

Le contenu de cet entretien a été qualifié de « tissu de mensonges » dans un communiqué de la Présidence, qui a assuré que M. Temer allait assigner M. Batista en justice dès lundi.

« Joesley Batista est le bandit notoire qui a obtenu le plus de succès de l’histoire du Brésil », accuse le texte.

« Dans l’entretien, il dit que le président lui demandait toujours quelque chose. (…) Mais le président n’a jamais eu ce comportement de mendiant. Au contraire, c’est lui qui cherchait à résoudre ses problèmes avec le gouvernement ».

En exil forcé depuis que le scandale a éclaté, M. Batista est rentré au Brésil dimanche et a réitéré vendredi dans une déposition devant la police fédérale les accusations portées dans son témoignage.

De nombreuses rumeurs le disaient à New York avec sa famille, mais son service de presse a expliqué dans un communiqué qu’il se trouvait en réalité en Chine « pour protéger l’intégrité de sa famille, qui a été menacée à plusieurs reprises depuis qu’il a décidé de collaborer avec les autorités ».

Romandie.com avec(©AFP / 17 juin 2017 19h38)                

Brésil: Temer joue ses dernières cartes pour s’accrocher au pouvoir

mai 20, 2017

Le président brésilien Michel Temer lors d’une conférence de presse le 18 mai 2017 à Brasilia / © AFP/Archives / EVARISTO SA

Ciblé par de graves accusations de corruption, le président brésilien Michel Temer va s’adresser à la nation samedi, alors que les appels à la démission fusent de toutes parts, au cœur d’un week-end sous haute tension entre manifestations et négociations politiques.

Cette allocution très attendue, confirmée en fin de matinée par un porte-parole de la présidence, sera seulement la deuxième depuis que le scandale a éclaté mercredi soir.

M. Temer est notamment accusé d’entrave à la justice, après avoir été piégé par un enregistrement compromettant dans lequel il donne son aval à un chef d’entreprise pour verser des pots-de-vins.

Ces dessous-de-table, révélés mercredi soir par le journal O Globo, viseraient à acheter le silence d’Eduardo Cunha, ancien patron de la chambre des députés, aujourd’hui en prison pour son implication dans le scandale Petrobras.

Malgré ces graves accusations, le président, dont la cote de popularité était déjà au plus bas avant même que le scandale n’éclate s’est catégoriquement refusé à démissionner jeudi, lors de sa première allocution depuis ces révélations explosives.

Après avoir écouté l’enregistrement, rendu public par la Cour Suprême, il affichait même une certaine sérénité: « La montagne a accouché d’une souris, je vais sortir de cette crise plus vite qu’on ne le croit », s’était-il confié au site G1.

Mais cette confiance pourrait bien être battue en brèche, tant sa base parlementaire semble fragilisé.

Pression populaire et médiatique

D’intenses négociations ont été menées ces derniers jours et M. Temer a connu un premier coup dur samedi, avec la défection du PSB, qui pèse 35 députés sur 513 à la chambre et compte un ministre au gouvernement, celui de l’Énergie.

« Le sentiment de normalité que le gouvernement essaie de faire passer est illusoire. Nous devons mettre fin à cette paralysie et la priorité numéro 1 est la démission immédiate du président », a expliqué Julio Delgado, député du PSB.

Autre signe que le vent commence vraiment à tourner en sa défaveur, le journal O Globo, qui auparavant soutenait les mesures d’austérité du gouvernement pour tenter de sortir le pays de la crise économique, a publié vendredi un éditorial au vitriol demandant la démission du président.

Les partis de gauche, les syndicats et les organisations de la société civile ont appelé dimanche à des manifestations à travers le pays avec un seul mot d’ordre: la démission de Michel Temer. Le niveau de mobilisation permettra de mesurer la colère des Brésiliens.

L’étau s’est encore resserré vendredi sur le président. Dans une demande d’ouverture d’enquête contre Michel Temer auprès de la Cour suprême, le procureur général Rodrigo Janot affirme que le chef de l’État, en collaboration avec plusieurs hommes politiques influents, a essayé d' »empêcher l’avancée » de l’opération « Lavage express », l’enquête tentaculaire ayant révélé le méga-scandale de corruption Petrobras.

Cette demande d’ouverture d’enquête s’appuie sur un accord noué avec la justice par le magnat de l’agroalimentaire Joesley Batista, dont les révélations explosives ont déclenché un véritable séisme.

Propriétaire du géant de la viande JBS et de la célèbre marque de tongs Havaianas, c’est lui qui a enregistré le président à son insu.

Vendredi, la Cour suprême a rendu public l’ensemble du contenu des confessions de M. Batista et d’autres cadres de JBS. L’une d’elles évoque le versement de 15 millions de réais (4,6 millions de dollars au taux actuel) en 2014, « en échange de faveurs » pour l’entreprise.

Lula demande de nouvelles élections

Ces dénonciations mettent aussi en cause d’autres politiques de premier plan, dont l’ancien président de gauche Luis Inacio Lula da Silva (2003-2010) et sa dauphine Dilma Rousseff (2010-2016), dont M. Temer était le vice-président.

Ils auraient reçu au total 150 millions de dollars sur neuf ans, sur des comptes à l’étranger, pour financer leurs campagnes électorales respectives.

Mme Rousseff accuse M. Temer d’avoir fomenté un « coup d’État » en s’associant justement à Eduardo Cunha pour prendre le pouvoir.

Lula, visé par lui-même cinq procédures judiciaires dans le cadre de l’opération « Lavage express », a demandé samedi la démission immédiate du président actuel, ainsi que la tenue de nouvelles élections directes. L’icône de la gauche est en tête des intentions de vote des derniers sondages, même s’il fait face lui aussi à un fort rejet.

Selon la constitution, si M. Temer venait à quitter le pouvoir, il serait remplacé dans un premier temps par Rodrigo Maia, également sous le coup d’accusations de corruption, avant la tenue d’élections indirectes sous trente jours.

Romandie.com avec(©AFP / 20 mai 2017 18h59)                

Brésil: l’étau se resserre sur Temer, accusé d’entrave à la justice

mai 19, 2017

Le président brésilien Michel Temer quitte la résidence officielle du Palais Jaburu vers le palais Planalto à Brasilia, le 19 mai 2017 / © AFP / EVARISTO SA

L’étau s’est encore resserré vendredi sur le président brésilien Michel Temer, accusé d’obstruction à la justice dans un document juridique officiel, alors qu’il tente de manœuvrer pour éviter la défection de ses alliés politiques.

Dans une demande d’ouverture d’enquête contre le président auprès de la Cour suprême le procureur général Rodrigo Janot affirme que le chef de l’État, en collaboration avec plusieurs hommes politiques influents, a essayé d' »empêcher l’avancée » de l’opération « Lavage express », l’enquête tentaculaire ayant révélé le méga-scandale de corruption Petrobras.

Cette demande d’ouverture d’enquête, rendue publique vendredi, s’appuie sur un accord noué avec la justice par le magnat de l’agroalimentaire Joesley Batista, dont les révélations explosives ont déclenché un véritable séisme.

Le président a été enregistré à son insu par cet homme d’affaires, propriétaire du géant de la viande JBS et de la célèbre marque de tongs Havaianas, qui l’aurait piégé en train de donner son accord pour le versement de pots-de-vin.

Ces dessous-de-table, révélés mercredi soir par le journal O Globo, viseraient à acheter le silence d’Eduardo Cunha, ancien patron de la chambre des députés, aujourd’hui en prison pour son implication dans le scandale Petrobras.

La Cour suprême a rendu l’enregistrement public jeudi soir, peu après avoir donné son feu vert à l’ouverture d’une enquête contre M. Temer.

« La montagne a accouché d’une souris »

Malgré ces graves accusations, M. Temer s’est montré catégorique. « Je ne démissionnerai pas. Je le répète. Je ne démissionnerai pas », a-t-il martelé lors d’un discours télévisé très attendu.

Même si le capitaine tente de maintenir le cap dans la tempête, certains ont déjà abandonné le navire, comme le ministre de la Culture Roberto Freire, qui a quitté son poste jeudi.

Vendredi, l’heure était aux grandes manœuvres et le président a réuni certains ministres. « Le gouvernement travaille sur trois fronts pour revenir à la normalité après la crise: le front politique, le judiciaire et l’économique », ont déclaré des sources du palais présidentiel.

« Le président lui-même participe aux négociations avec ses alliés » politiques, ont ajouté ces sources.

Jeudi soir, après avoir eu accès au contenu de l’enregistrement, M. Temer s’est confié au site G1 et a affiché une confiance inébranlable en affirmant: « La montagne a accouché d’une souris, je vais sortir de cette crise plus vite qu’on ne le croit ».

Pour lui, le contenu de cet enregistrement, par ailleurs de piètre qualité, ne permet pas d’établir de façon irréfutable qu’il donne son aval pour le versement de pots-de-vins.

Joesley Batista dit simplement « être en de bons termes » avec Eduardo Cunha, ce à quoi M. Temer dit: « il faut continuer comme ça OK? ».

Le chef d’entreprise lui répond alors: « Tous les mois, j’essaie de maintenir les choses sous contrôle », une allusion à des versements mensuels, selon l’acte d’accusation.

Pression populaire

Pour l’opposition, il n’y a aucun doute: Temer doit démissionner. Et s’il ne part pas de son propre chef, il faudra lui forcer la main.

Plusieurs motions de destitution ont été déposées par des parlementaires, mais la procédure est longue et nécessite la majorité des deux tiers à la Chambre des députés puis au Sénat.

C’est par le biais de cette procédure que M. Temer est arrivé au pouvoir, il y a un an, après la destitution de Dilma Rousseff, dont il était le vice-président.

« La grande question est de savoir si les partis qui forment le socle du gouvernement vont (le) quitter », analyse Thomaz Pereira, professeur de droit constitutionnel à la Fondation Getulio Vargas.

Dès jeudi soir, des milliers de Brésiliens ont manifesté dans plusieurs grandes villes, aux cris de « Temer Dehors ». D’autres grandes manifestations sont prévues dimanche, l’occasion de prendre la température de la pression populaire.

Ce mouvement a reçu le soutien de poids de Joaquim Barbosa, premier noir à avoir été président de la Cour suprême. « Il n’y a pas d’autre issue: les Brésiliens doivent se mobiliser, descendre dans les rues et revendiquer avec force la démission immédiate de Michel Temer », a-t-il dit sur Twitter.

En pleine tourmente, le gouvernement tente de sauver les apparences: plusieurs ministres-clé ont publié sur les réseaux sociaux des vidéos dans laquelle ils rappellent l’importance des réformes en cours d’approbation au Parlement pour tenter de sortir le Brésil de la crise.

Après la chute brutale de la Bourse jeudi (8,8% à la clôture), les choses se sont normalisées vendredi, avec une hausse de 2,78% en début d’après-midi.

Romandie.com avec(©AFP / 19 mai 2017 21h03)                

Brésil : le président Temer joue la montre face à la Justice

avril 4, 2017

 

Le président du Brésil Michel Temer, le 4 avril 2017 à Sao Paulo / © AFP / Miguel SCHINCARIOL

Le Tribunal Supérieur Électoral du Brésil (TSE) a reporté mardi l’examen de la validité de la dernière élection présidentielle, un procès pour financement illégal de campagne que le président Michel Temer compte faire durer dans l’espoir de finir son mandat.

Le report, décidé dès l’ouverture du procès, permettra au tribunal d’entendre de nouveaux témoins à la demande de la défense, qui disposera d’un délai supplémentaire pour présenter ses arguments.

Cette décision est a priori favorable au chef d’État, dont le temps est le principal allié.

Une source au sein du TSE a indiqué à l’AFP qu’il était « impossible de prévoir une date pour la reprise du procès ». Mais même en cas de décision favorable à l’annulation du scrutin, la défense de M. Temer a déjà annoncé son intention d’épuiser tous les recours possibles, ce qui devrait lui permettre d’aller au terme de son mandat, fin 2018.

« La sérénité est de mise. Le temps joue en faveur du président et de nombreux recours sont possibles », a assuré à l’AFP une source gouvernementale, qui prévoit un appel devant la Cour Suprême en cas de décision défavorable au chef d’État.

Vice-président de Dilma Rousseff, Michel Temer lui a succédé en 2016 après que la première femme à la tête du Brésil a été destituée pour maquillage des comptes publics.

Le procès du TSE porte sur le scrutin qui a permis leur réélection en 2014, après un premier mandat de quatre ans.

Le tribunal doit décider si leur réélection est nulle en raison du versement de pots-de-vin qui auraient alimenté les caisses noires des partis des candidats. En ligne de mire, des versements effectués par le géant du BTP Odebrecht, accusé de truquer les marchés publics de la compagnie pétrolière d’État Petrobras.

« L’élection de 2014 sera connue à l’avenir comme la plus longue de l’histoire du Brésil », a résumé mardi Herman Benjamin, un des principaux juges en charge du dossier, à l’ouverture du procès.

Adam, Ève et le serpent

Si le TSE décide d’annuler le mandat du ticket Rousseff-Temer, ce dernier devra quitter le pouvoir.

L’intérim serait alors assuré par un nouveau président désigné par le Congrès, selon la Constitution. Certains juristes estiment cependant que de nouvelles élections doivent être organisées si l’annulation a lieu plus de six mois avant la fin du mandat.

Une telle décision serait un véritable coup de tonnerre, mais les avocats ont remporté mardi une première victoire, en menant à bien leur stratégie de jouer la montre.

Le tribunal a décidé d’entendre quatre nouveaux témoins, parmi eux l’ancien ministre de l’Economie du gouvernement Rousseff, Guido Mantega, et Joao Santana, publicitaire responsable des campagnes présidentielles de Dilma Rousseff en 2010 et 2014, tous deux mis en cause dans le cadre du scandale Petrobras.

« Nous ne pouvons pas transformer cette procédure en un univers sans fin. Nous ne pouvons pas entendre Adam et Ève, et, probablement, le serpent », a déploré Herman Benjamin, farouchement opposé à la tenue d’un procès à rallonge.

Aucun délai n’a encore été déterminé pour le passage des témoins à la barre. Une fois cette étape franchie, la défense disposera encore de cinq jours ouvrables pour présenter sa plaidoirie.

La défense de M. Temer a aussi tenté de couper le ticket électoral en deux et affirmé que le président actuel n’a pas participé aux démarches de financement occulte de la campagne de Mme Rousseff, mais sa motion a peu de chance d’aboutir.

Selon les médias brésiliens, Herman Benjamin devrait requérir l’annulation du résultat de l’élection. Le tribunal peut aussi les déclarer tous deux inéligibles pour une durée de huit ans.

Moins d’un an après la destitution de Mme Rousseff, le Brésil, frappé de plein fouet par une grave crise économique, encaisserait mal un nouveau séisme institutionnel.

Le Parlement est largement contrôlé par la coalition autour du gouvernement Temer, qui dispose aussi du soutien des principales forces économiques du pays, peu désireuses de voir dérailler le train de réformes menées par les dirigeants actuels pour sortir le Brésil de la crise.

Romandie.com avec(©AFP / 04 avril 2017 20h14)

Brésil/viande avariée: Temer va appeler son homologue chinois

mars 23, 2017

Brasilia – Le président brésilien Michel Temer a annoncé jeudi qu’il allait appeler son homologue chinois Xi Jinping pour fournir des « éclaircissements » sur le scandale de viande avariée, alors que le pays perd certains de ses principaux marchés.

Deuxième acheteur de viande bovine et de poulet en provenance du Brésil, la Chine a suspendu ses importations dès lundi.

 « Je vais appeler plus tard le président chinois pour fournir des éclaircissements et je demande à ce que les ambassadeurs de tous les pays soient convoqués », a affirmé le chef d’État lors d’un discours à Brasilia.

Au moment d’aborder le sujet de la viande avariée, M. Temer a d’abord parlé d’un « petit incident », avant de se reprendre. « Je ne peux pas dire petit, parce que c’est grave », a-t-il ajouté, avant de souligner que le scandale « n’aurait jamais dû atteindre une telle dimension ».

Le gouvernement brésilien n’a cessé ces derniers jours de relativiser l’ampleur du problème, rappelant notamment que le pays dispose de plus de 4.000 usines de transformation de viande et que seules 21 d’entre elles ont été incriminées.

« Cet incident nous a causé du tort parce qu’il a créé un problème international », avait souligné le président brésilien dans un entretien diffusé mercredi soir sur la chaîne Globonews. « Je suis allé moi-même plusieurs fois en Chine et nous avons réussi à y introduire notre viande peu à peu. Ce fut un combat de 20, 30 ans », avait-il rappelé.

En 2016, les exportations brésiliennes de volaille vers la Chine ont dépassé les 859 millions de dollars, tandis que celles de viande bovine ont atteint la même année 702,7 millions de dollars, selon le ministère brésilien du Commerce (MDIC).

Hong Kong, premier importateur de viande bovine pour plus d’un milliard de dollars l’an dernier, a aussi fermé temporairement son marché.

Le scandale a éclaté lorsque la police brésilienne a annoncé vendredi avoir découvert que des gros exportateurs de viandes avaient soudoyé les inspecteurs des services d’hygiène pour certifier de la viande avariée comme étant propre à la consommation.

Les exportations ont chuté drastiquement depuis. Selon le ministère des Affaires étrangères, les exportations de viande, qui atteignaient en moyenne 63 millions de dollars par jour avant le scandale, s’élevaient à seulement 74.000 dollars mardi.

Le géant brésilien de l’agro-alimentaire JBS, dont une des usines est visée par l’enquête, a annoncé jeudi qu’il suspendait pour trois jours la fabrication de viande bovine dans 33 de ses 36 unités de production, qui sera réduite à 35% de sa capacité la semaine prochaine.

« Ces mesures visent à ajuster la production jusqu’à ce qu’il y ait une définition au sujet des embargos imposés par les pays importateurs de viande brésilienne », a expliqué l’entreprise dans un communiqué.

Romandie.com avec(©AFP / 23 mars 2017 21h28)                   

Brésil : Dilma Rousseff destituée, Michel Temer nouveau président

août 31, 2016

Brasilia – Le centriste Michel Temer, 75 ans, est devenu mercredi le nouveau président du Brésil, quelques heures après la destitution de Dilma Rousseff pour maquillage des comptes publics, marquant la fin de 13 ans de gouvernements de gauche dans le plus grand pays d’Amérique latine.

Ancien vice-président de Mme Rousseff dont il a précipité sa chute, l’homme fort du PMDB (centre droit) a prêté serment au Sénat et devra diriger un Brésil dans la tourmente jusqu’aux prochaines élections législatives et présidentielles fin 2018.

Tout aussi impopulaire que sa rivale, Michel Temer n’a pas fait de déclarations après cette courte cérémonie, à l’issue de laquelle il s’envolera vers la Chine pour un sommet du G20, où il tentera de redorer le blason terni de la première économie d’Amérique latine.

Selon les médias, il s’exprimera dans la soirée dans une allocution télévisée enregistrée.

Dilma Rousseff a fustigé sa destitution et réaffirmé son innocence.

Le Sénat a pris une décision qui entre dans l’histoire des grandes injustices. Il a commis un coup d’Etat parlementaire, a-t-elle dénoncé.

Une majorité de plus des deux tiers requis des sénateurs ont voté sans surprise pour la destitution de la dirigeante de gauche, première femme avoir été élue à la tête du Brésil en 2010, puis réélue de justesse en 2014.

Sur les 81 parlementaires, 61 ont voté pour sa destitution et seulement 20 ont voté contre.

Dilma Rousseff a commis des crimes de responsabilité importants (…), elle a été condamnée et perd ainsi son mandat de présidente de la République, a conclu le président de la Cour suprême (STF) Ricardo Lewandowski, qui dirigeait les débats du Sénat transformé pour l’occasion en tribunal.

– ‘Nous reviendrons’ –

Mme Rousseff a en revanche conservé ses droits civiques à la faveur d’un second vote, où la majorité des deux tiers requise pour l’en priver pendant huit ans n’a pas été atteinte. Seuls 42 sénateurs ont voté pour, 36 contre et 3 se sont abstenus.

Cela signifie qu’elle reste éligible. Elle pourra être candidate à des mandats de sénatrice, de députée, mais pas à la présidence en 2018, puisqu’elle a déjà été élue pour deux mandats consécutifs, a expliqué à l’AFP un universitaire en droit de Rio, Rogerio Dultra dos Santos.

Nous reviendrons, a d’ailleurs promis l’ex-dirigeante, s’exprimant devant un petit groupe de partisans depuis sa résidence du palais de l’Alvorada où elle avait suivi le vote en compagnie de son mentor, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva.

Il ne s’agit pas d’un adieu, mais d’un à bientôt, a-t-elle lancé à l’adresse des Brésiliens, annonçant une opposition féroce au nouveau gouvernement putschiste.

Englué depuis la réélection de Mme Rousseff fin 2014 dans une crise politique et économique de magnitudes historiques, sur fond de méga-scandale de corruption, le Brésil, également cinquième pays le plus peuplé de la planète, rompt ainsi avec 13 ans de gouvernements du Parti des travailleurs (PT) initiée en 2003 par Lula.

Une longue page d’histoire marquée par le miracle socio-économique des années 2000 qui a vu sortir 29 millions de Brésiliens de la misère, avant les affaires de corruption et un brutal retournement économique qui ont précipité le Brésil et Mme Rousseff dans l’abîme.

Les chiffres officiels publiés mercredi ont confirmé que la récession s’installe au Brésil, avec un sixième trimestre consécutif de baisse du PIB.

– Procès marathon –

Le verdict est tombé au sixième jour d’un procès marathon, de dizaines d’heures de débats techniques et passionnés où le droit de la défense et la Constitution auront été scrupuleusement respectés sur la forme, sans forcément convaincre de la culpabilité de Mme Rousseff au plan strictement juridique.

La dernière session s’est conclue sur les discours enflammés de sénateurs de chaque camp: Temer n’a pas la légitimité pour gouverner ce pays, a lancé la sénatrice Vanessa Grazziotin (PCdoB, parti allié du PT).

Le sénateur Ronaldo Caiado (DEM, droite) a rétorqué que les vraies canailles sont ceux qui pillent les coffres de Petrobras et s’enrichissent avec l’argent public, les vraies canailles sont ceux qui laissent des millions de Brésiliens sans emploi.

Le motif de cette destitution’ Le maquillage des comptes publics pour camoufler l’ampleur du déficit, via un tour de passe-passe faisant incomber certains frais à des banques publiques, et l’approbation de trois décrets engageant des dépenses sans le feu vert du Parlement.

Pour la défense de Mme Rousseff, tous ses prédécesseurs ont eu recours aux manœuvres budgétaires incriminées sans avoir été inquiétés. Il s’agit donc d’un coup d’Etat institutionnel orchestré par l’opposition de droite et Michel Temer.

Le vice-président avait porté un coup fatal à l’ex-guérillera de 68 ans torturée et emprisonnée sous la dictature (1964-1985) en poussant en mars son grand parti centriste, le PMDB à claquer la porte de sa coalition.

La démonstration de combativité administrée lundi par Dilma Rousseff, répondant pendant plus de 14 heures au feu roulant de questions des sénateurs avec calme et fermeté, n’était donc qu’un baroud d’honneur pour la postérité.

Votez contre la destitution, votez pour la démocratie, avait-elle lancé aux sénateurs, dont plus de la moitié sont soupçonnés de corruption ou visés par une enquête.

Romandie.com avec(©AFP / 31 août 2016 22h31)

Brésil: des ministres riches, blancs et en délicatesse avec la justice

mai 14, 2016

Brasilia – Les 24 ministres du nouveau gouvernement brésilien auront sûrement bien des choses à se dire, compte tenu de leurs points communs : ils sont tous des hommes, blancs, conservateurs, et beaucoup ont des ennuis avec la justice.

Choisis par le président intérimaire Michel Temer, monté au pouvoir après la suspension jeudi de Dilma Rousseff, ils affichent un profil quasi-identique, qui tranche avec la diversité d’un pays continent de 204 millions d’habitants.

Alors que la population brésilienne s’est indignée ces derniers mois face à l’énorme scandale de corruption Petrobras, qui éclabousse une grande partie de l’élite politique, la nouvelle équipe gouvernementale a promis un changement d’ère.

Dehors la corruption et bienvenue à l’efficacité, a assuré vendredi le chef de cabinet (quasi Premier ministre) de Michel Temer, Eliseu Padilha, à l’issue du premier Conseil des ministres.

Personne ne sait s’ils seront efficaces, mais le Brésil peut compter sur des ministres appréciés des marchés.

Sur le front de l’honnêteté, la tâche s’annonce plus difficile : au moins trois membres du gouvernement sont cités dans l’enquête Petrobras, dont Romero Juca, ministre-clé en charge de la Planification.

Trois autres font l’objet d’une enquête, selon le site spécialisé Congresso em Foco, tandis que deux ministres sont les fils d’hommes politiques cités dans le scandale Petrobras.

Et après un gouvernement mené par la première femme présidente du Brésil, l’équipe de Temer donne une étrange impression de retour en arrière : pas de femme, pas de Noir, pas de profil proche des classes pauvres.

Certains ministres semblent même avoir été choisis pour insister sur le virage conservateur : c’est le cas de celui de l’Agriculture, Blairo Maggi, surnommé le roi du soja et critiqué par Greenpeace comme l’un des plus grands responsables de la déforestation en Amazonie.

Le titulaire de l’Industrie, Marcos Pereira, est un pasteur évangélique qui avait même été envisagé pour les Sciences, une perspective qui avait suscité les protestations de la communauté scientifique.

– ‘Le pitbull de Temer’ –

Que dire, enfin, du ministre de la Justice, Alexandre de Moraes, jusqu’à présent chef de la sécurité à Sao Paulo. Sous ses ordres, la police est accusée de fréquentes violations de droits de l’homme, dont l’usage d’escadrons de la mort pour affronter les gangs.

Surnommé le pitbull de Temer par un journal brésilien, il aura également sous sa responsabilité les droits de la femme et l’égalité raciale.

La suppression du ministère de la Culture a elle été dénoncée par des artistes comme le musicien Chico Buarque et l’acteur Wagner Moura.

Mais le gouvernement ne semble guère s’émouvoir des réactions outrées suscitées par sa composition.

Interrogé sur l’absence de femmes, Eliseu Padilha a simplement rétorqué : Nous avons essayé de trouver des femmes mais, en raison du calendrier resserré, ça n’a pas été possible. Il a juste promis la nomination de femmes secrétaires d’Etat, qui auront des attributions de ministres.

L’équipe gouvernementale compte de nombreux anciens parlementaires, alors même que cette institution, dont 60% des membres ont ou ont eu des ennuis avec la justice, est largement discréditée aux yeux des Brésiliens.

Mais c’est sûrement de bonne guerre : ce sont justement les députés puis les sénateurs qui ont permis, avec leur vote, d’écarter du pouvoir Dilma Rousseff pour la remplacer par Michel Temer, alors vice-président, qui a dû se sentir redevable.

Le nouveau ministre de la Ville, Bruno Arauja, était le député dont le vote a permis de franchir la barrière des deux tiers à l’Assemblée, pour faire avancer la procédure au Sénat.

A la Chambre haute, c’est le désormais ministre de l’Agriculture Blairo Maggi qui a lui aussi apporté le vote décisif.

Derrière ce casting, il y a une stratégie de la part de M. Temer : les ministres proviennent de 11 partis différents, assurant un large soutien parlementaire aux mesures d’austérité économique qu’il compte mettre en place.

C’est très pragmatique, observe Michael Mohallem, professeur de droit à la Fondation Getulio Vargas, qui estime même que l’exclusion des femmes et des minorités de son gouvernement est également calculée, pour refléter un Brésil majoritairement conservateur et sous influence religieuse.

Pas sûr que les habitants approuvent un tel manque de diversité : ils pourraient faire connaître leur sentiment dans les prochains mois, prévient-il.

Romandie.com avec(©AFP / 14 mai 2016 09h03)

Brésil: nouveau président, mêmes tempêtes à affronter

mai 12, 2016

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Brasilia – Le vice-président brésilien Michel Temer hérite, en assumant la présidence par intérim d’un pays ébranlé par de multiples crises, des mêmes problèmes que ceux qui ont conduit à la chute de la présidente de gauche Dilma Rousseff.

Dans cette débâcle générale amplifiée par le scandale de corruption Petrobras, il pourra compter dans un premier temps sur le soutien des milieux d’affaires et d’une majorité parlementaire pas forcément durable.

D’autant qu’il va devoir adopter des mesures de redressement économiques aussi impopulaires que lui.

– Crise politique –

Michel Temer, 75 ans, va hériter en grande partie de l’insatisfaction des Brésiliens contre la politique traditionnelle qu’il incarne, souligne Thiago Bottino, analyste politique à la Fondation Getulio Vargas.

Homme d’appareil par excellence, sans charisme, il est peu aimé. Seuls 1 à 2% des Brésiliens voteraient pour lui à une élection présidentielle.

Et ils sont presque aussi nombreux à souhaiter son départ et de nouvelles élections qu’à vouloir se débarrasser de Dilma Rousseff et du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir depuis 2003.

Il pourra néanmoins s’appuyer dans l’immédiat sur la capacité fédératrice de sa formation, le grand parti centriste PMDB, arbitre de toutes les majorités parlementaires depuis 1994.

Contrairement à Mme Rousseff, c’est un habile négociateur. Ses conseillers anticipent un gouvernement au profil technocratique.

Mais il aura du mal à faire oublier que son parti a été marié avec le PT pendant 13 ans, pour le meilleur et pour le pire.

Le soutien de la droite qui a poussé à la destitution de Mme Rousseff pourrait vite s’effilocher, à mesure que s’approchera l’élection présidentielle de 2018.

Pour Lincoln Secco, historien à l’Université de Sao Paulo, il sera confronté à une difficulté additionnelle et inédite: Dilma Rousseff.

La présidente lui a collé l’étiquette d’usurpateur et promet de lutter jusqu’au bout pour récupérer son fauteuil présidentiel.

Pendant cinq à six mois, Temer va devoir supporter l’ombre de Dilma Rousseff et une forte pression pour que son gouvernement obtienne des résultats rapides, souligne l’historien.

– Crise sociale –

Le social était le domaine d’excellence du PT, dont les programmes en faveur des plus démunis, en plein boom économique des années 2000, ont permis à 40 millions de brésiliens misérables d’accéder à la petite classe moyenne.

Pour Michel Temer c’est le sujet le plus complexe, estime Debora Messenberg, spécialiste en sociologie politique à l’Université de Brasilia.

Il existe une grande crainte dans la société d’une remise en cause d’une série d’avancées sociales, souligne-t-elle.

Michel Temer a promis de ne pas toucher aux programmes sociaux, en particulier l’emblématique Bourse famille qui profite à des dizaines de millions de Brésiliens.

Mais je crois que les mouvements sociaux vont sortir dans la rue. Temer n’aura pas la vie facile, pronostique Mme Messenberg.

– Crise économique –

C’est le plus grand défi mais aussi sans doute le meilleur espoir de M. Temer, appuyé a priori par les marchés, les puissants secteurs industriel et de l’agro-business.

M. Temer promet une rupture libérale avec le modèle interventionniste décrié de Mme Rousseff.

Il prépare un paquet de mesures libérales impopulaires qui pourraient jeter les syndicats dans la rue: ajustement budgétaire sévère, réforme du système déficitaire des retraites et de la législation du travail.

Le Brésil, englué dans la pire récession depuis les années 1930, a besoin d’un rapide choc de confiance.

Le PIB a reculé de 3,8% en 2015, et devrait plonger d’autant en 2016. Les déficits et la dette s’envolent, comme le chômage (10,9%) qui frappe 11 millions de Brésiliens.

L’inflation reste élevée (9,28%), contraignant la Banque centrale à maintenir un des taux directeurs les plus élevés au monde (14,25%).

– Corruption –

Le parti de M. Temer est éclaboussé au plus haut niveau par l’énorme scandale de corruption autour du géant étatique pétrolier Petrobras dont les révélations dévastatrices ébranlent toute l’élite politique.

M. Temer lui-même a été cité comme bénéficiaire de pots-de-vin par des inculpés mais n’est pas à ce stade visé par l’enquête.

Il pourrait en revanche voir son mandat cassé par la justice électorale, conjointement à celui de Mme Rousseff pour pollution du financement de leur campagne par des fonds détournés de Petrobras.

Le problème de la corruption de va pas s’arrêter. L’enquête pourrait être étouffée. J’espère que non mais le risque existe, souligne Thiago Bottino de la Fondation Getulio Vargas.

M. Temer jure le contraire. Le principal parti d’opposition le PSDB (centre-droit) en a fait une condition à son soutien tant les Brésiliens sont excédés par la corruption.

Romandie.com avec(©AFP / 12 mai 2016 12h54)

Brésil: Dilma Rousseff accuse son vice-président de « trahison » pour le vote de sa destitution du dimanche

avril 12, 2016

La présidente brésilienne Dilma Rousseff a accusé mardi de « trahison » son vice-président Michel Temer. Il a fait fuiter lundi l’enregistrement d’un discours préparé au cas où il succéderait à la dirigeante de gauche menacée de destitution au Parlement.

« Nous vivons des moments étranges de coup d’Etat, de farce et de trahison » a attaqué Mme Rousseff à Brasilia, qualifiant, sans le nommer, Michel Temer de « chef conspirateur ».

M. Temer, dirigeant du grand parti centriste PMDB, qui a claqué récemment la porte de la coalition chancelante de Mme Rousseff, a « avoué » lundi avoir « accidentellement » fait fuiter l’enregistrement d’un discours « au peuple brésilien » qu’il avait préparé en cas de destitution de Mme Rousseff pour maquillage des comptes publics.

Dans le discours, ce discret homme d’appareil qui ne cache plus ses ambitions avance que sa « grande mission désormais est d’apaiser le pays, d’unifier le pays ».

Tentative de coup d’Etat
M. Temer y appelle tous les partis à travailler ensemble « pour sortir le pays de la crise » économique et politique dans laquelle le géant émergeant d’Amérique latine est profondément englué.

« Le masque des conspirateurs est tombé. Ce geste révèle une trahison envers moi et la démocratie, preuve que ce chef conspirateur n’a pas d’engagement envers le peuple », a contre-attaqué Mme Rousseff.

Accusée de maquillage des comptes publics par l’opposition de droite, Mme Rousseff se défend d’avoir commis aucun « crime de responsabilité » susceptible de motiver sa destitution.

Elle se dit victime d’une tentative de « coup d’Etat » institutionnel instrumentalisée par une opposition revancharde n’ayant pas digéré sa défaite électorale à la présidentielle de 2014.

Procédure
Une commission parlementaire a approuvé lundi un rapport non contraignant préconisant aux députés de voter la poursuite du processus de destitution de Mme Rousseff devant le Sénat.

Les députés vont se réunir à partir de vendredi en assemblée plénière, où deux tiers des votes (342 sur 513) seront requis pour que la procédure se poursuive au Sénat, faute de quoi elle serait définitivement enterrée.

Les débats commenceront vendredi matin par la présentation des arguments de l’accusation et de la défense.

Viendra ensuite le tour des 25 partis représentés dans cette assemblée qui disposeront d’une heure chacun pour faire connaître leur position en faveur ou contre l’impeachment.

Les débats marathon du week-end reprendront samedi matin avec les discours individuels des députés qui auront trois minutes maximum chacun.

Si la procédure franchit ce cap, lors d’un vote prévu dimanche, le Sénat devra approuver ou non à la majorité simple la mise en accusation de la présidente.

Le vote commencera dimanche à 14H00 (17H00 GMT) et le résultat devrait être connu en fin de soirée, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la chambre basse. L’opposition de droite devra réussir à mobiliser deux tiers des votes des députés (342 sur 513) pour que la procédure se poursuive au Sénat, faute de quoi elle serait définitivement enterrée.

Chaque député sera appelé par son nom et devra se lever pour aller annoncer son vote au micro.

Si la procédure franchit ce cap, le Sénat devra approuver ou non à la majorité simple la mise en accusation de la présidente, qui serait alors écartée du pouvoir pendant un délai maximum de 180 jours, en attendant un vote définitif sur sa destitution nécessitant les deux tiers des suffrages des sénateurs.

La journée de dimanche s’annonce particulièrement tendue avec des milliers de manifestants des deux camps qui seront rassemblés devant le Congrès.

C’est son vice-président Michel Temer qui serait appelé à la remplacer.

Mme Rousseff a pris ses fonctions pour son second mandat présidentiel le 1er janvier 2015. Il doit se terminer le 1er janvier 2019.

Romandie.com avec(©AFP / 12 avril 2016 23h01)