Le Kremlin a installé des MiG-31 et leurs missiles Kinjal sur une base biélorusse, un « message adressé à l’Ouest », selon le ministère britannique de la Défense.

Moscou a déployé en Biélorussie deux chasseurs MiG-31K, la version la plus moderne d’un avion développé dans les années 1970 pour intercepter les cibles à haute vitesse. Capable de voler à 3 200 km/h, cet appareil biplace est, lorsqu’il emporte un missile hypersonique Kinjal, le vecteur idéal pour frapper n’importe quelle capitale européenne en quelques minutes, y compris avec une tête nucléaire. Le missile Kinjal, qui peut dépasser les 11 000 km/h, est aujourd’hui quasiment impossible à intercepter.
L’apport stratégique de ce déploiement pour Moscou n’est pas évident, dans la mesure où les forces aérospatiales russes (VKS) disposent déjà depuis août 2022 d’une paire de MiG-31K et de missiles Kinjal à Kaliningrad, enclave russe aux portes du territoire européen. Il s’agit ainsi d’une mesure essentiellement symbolique pour le Kremlin, qui marque sa coopération sans faille avec l’allié biélorusse, dont le territoire sert de base arrière à l’offensive de Vladimir Poutine en Ukraine.

L’intérêt de ce déploiement pour le conflit en Ukraine semble quasiment nul, dans la mesure où le stock de missiles Kinjal est très faible et il est hautement improbable que l’armée russe les « gâche » pour frapper le territoire ukrainien, déjà vulnérable à d’autres armes plus classiques comme les missiles de croisière, ou franchement rustiques comme les bombes lisses et les frappes d’artillerie « à l’aveugle ». « Il s’agit sans doute essentiellement d’un message adressé à l’Ouest », commente ainsi le ministère de la Défense britannique. L’arrivée des MiG-31K aurait d’ailleurs eu lieu dans le cadre de la création d’un groupement militaire régional commun avec Minsk, dans le but de renforcer les frontières face aux Européens et à l’Otan.
Avec Le Point par Guerric Poncet