Posts Tagged ‘ministre du budget’

La justice ghanéenne rejette la demande d’extradition de l’ex-porte parole de Laurent Gbagbo

août 30, 2013

Le Ghana n’extradera pas vers la Côte d’Ivoire, Justin Koné Katinan, le porte-parole de l’ex-porte parole de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, a annoncé vendredi un tribunal de la capitale ghanéenne, Accra.

« Je vais procéder au rejet de la demande d’extradition (…) les charges retenues contre lui, ne peuvent pas être dénuées de motivations politiques », a déclaré le juge Aboagye Tanor.

M. Koné Katinan était recherché en Côte d’Ivoire pour crimes économiques alors qu’il était ministre du Budget durant la sanglante crise post-électorale, née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaitre sa défaite à l’élection présidentielle de novembre 2010, face à son principal challenger Alassane Ouattara. Cette crise a fait plus de 3000 morts.

Arrêté à Accra le 24 août alors qu’il revenait d’un voyage en Afrique du Sud, Koné Katinan a passé plusieurs semaines en prison avant d’être libéré sous caution.

APA- Abidjan (Côte d’Ivoire)

Delphine Batho, la ministre de l’Ecologie, évincée du gouvernement

juillet 2, 2013

La ministre de l’Ecologie avait jugé que le budget préparé pour 2014 était « mauvais ». Le président a mis fin à ses fonctions.

C’est la première sanction infligée à un ministre de François Hollande. La ministre de l’Ecologie, qui a jugé « mauvais » le budget préparé pour 2014, ce matin sur RTL, a été remerciée par François Hollande, mardi 2 juillet. « Sur proposition du Premier ministre, le président de la République a mis fin aux fonctions de Madame Delphine Batho et a nommé Monsieur Philippe Martin, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie », indique le communiqué.

Interrogée ce matin à propos de la baisse de 7% des crédits envisagée pour son ministère, Delphine Batho a estimé qu’il fallait au contraire soutenir l’écologie : « Je souhaite que dans les jours qui viennent, nous puissions faire la démonstration que la volonté de faire de la France la nation de l’excellence environnementale, la transition énergétique, ne sont pas des variables d’ajustement. »

L’Ecologie, un ministère maudit ?

Immédiatement après cette déclaration, Jean-Marc Ayrault a décroché son téléphone, rapporte Le Canard Enchaîné. Selon l’hebdomadaire, le Premier ministre n’a pas apprécié qu’elle dénonce publiquement un budget qu’elle n’avait pas contesté devant le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve.

Puis, c’est le président de la République qui l’a appelé. Selon l’entourage de François Hollande, ce dernier l’a appelé pour lui demander de retirer « ses propos trop graves car en rupture avec la solidarité gouvernementale ». Mais la ministre a souhaité « les maintenir ». Delphine Batho a ensuite été convoquée à Matignon. Pour enfoncer le clou, les services de Jean-Marc Ayrault ont fait connaître cette décision sur Twitter avec le compte officiel de Matignon.

C’est la première fois, sous le quinquennat Hollande, qu’une ministre est remerciée pour ses propos critiques vis-à-vis du gouvernement. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui, à plusieurs reprises, a marqué sa différence avec le chef du gouvernement, n’a jamais été recadré publiquement. Le seul précédent comparable est l’éviction de la prédécesseur de Delphine Batho, Nicole Bricq, débarquée pour son opposition aux forages pétroliers en Guyane. Mais cette dernière avait été recasée immédiatement au ministère du Commerce extérieur.

Par Francetv info avec AFP

Hollande déclare la guerre aux « dérives de l’argent »

avril 10, 2013

 

Le président français François Hollande a dévoilé mercredi son plan pour moraliser la vie politique française. Il inclut la création d’un office central de lutte contre la fraude et d’un parquet financier dédié aux affaires de corruption et de grande fraude fiscale.

Le chef de l’Etat a prévenu qu’il serait « intraitable » sur la mise en oeuvre de la loi sur la transparence politique. Elle a été décidée dans l’urgence après le séisme politique déclenché par Jérôme Cahuzac, ancien ministre du Budget qui a menti sur l’existence de comptes clandestins à l’étranger.

Cette affaire révèle « la nécessité d’une lutte implacable contre les dérives de l’argent, la cupidité et la finance occulte », a déclaré le président à l’issue de la séance du Conseil des ministres. « Les paradis fiscaux doivent être éradiqués en Europe et dans le monde parce que c’est la condition pour préserver l’emploi ».

Autorité indépendante

Une haute autorité « totalement indépendante » contrôlera les déclarations de patrimoine et d’intérêt des ministres, des parlementaires, des responsables des exécutifs locaux et des grandes administrations, dont le Conseil constitutionnel.

Présidée « par une personnalité nommée en conseil des ministres, après avis du Parlement », cette instance intègrera « six membres issus de la Cour de cassation, du Conseil d’Etat et de la Cour des comptes », précise Matignon dans un communiqué.

Opération de diversion

Pour le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, les mesures annoncées par François Hollande ne sont « pas du tout à la hauteur du scandale qui touche le gouvernement ». « L’opération de diversion continue », a-t-il dénoncé.

Selon ces nouvelles règles, les patrimoines des ministres et des élus seront publiés et vérifiés. Les 37 membres du gouvernement dévoileront d’ici lundi leur patrimoine. Un « déballage » dénoncé par de nombreux parlementaires.

Banques transparentes aussi

A l’avenir, les banques françaises vont devoir publier la liste de leurs filiales à l’étranger, avec la nature de leurs activités.

François Hollande veut que « cette obligation soit également appliquée au niveau de l’Union européenne et demain étendue aux grandes entreprises ».

Et François Hollande a par ailleurs exclu tout retour à l’Assemblée nationale de Jérôme Cahuzac. « Il y a, je pense, une question de conscience », a fait remarquer le président.

Romandie.com

France: L’Ordre des médecins veut entendre Cahuzac sur la déontologie

avril 8, 2013

PARIS – Le Conseil de l’Ordre départemental des médecins de la ville de Paris veut entendre le Dr Jérôme Cahuzac, ex-ministre du budget, sur d’éventuels manquements à la déontologie et le lui a signifié dans un courrier recommandé expédié vendredi dernier, selon l’Ordre.

Nous lui avons proposé de prendre rendez-vous pour un entretien afin d’avoir des explications entre autres sur ses relations avec les laboratoires pharmaceutiques, mais sans fixer de date, a indiqué à l’AFP la présidente du CDOM de Paris, Mme Irène Kahn-Bensaude.

L’ordre voudrait l’entendre notamment sur la base des articles 3 et 31 du Code de déontologie médicale.

Tout médecin doit s’abstenir, même en dehors de l’exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci (article 31), cite-t-elle. Une allusion aux accusations de fraude fiscale et à son mensonge devant la représentation nationale sur l’existence d’un vieux compte en Suisse.

De plus, selon l’article 3, le médecin doit, en toutes circonstances, respecter les principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l’exercice de la médecine.

L’éventuel non respect de la loi anti-cadeaux dans les relations médecins – industrie pharmaceutique, mais également les accusations d’avoir perçu des paiements en cash non déclarés lors d’activités de greffe de cheveux, font partie des interrogations.

L’Ordre départemental ne juge pas, mais peut porter plainte, pour atteinte au code de déontologie, auprès de la première chambre disciplinaire présidée par un magistrat, précise le Dr Kahn-Bensaude.

La sanction maximum est la radiation à vie du droit d’exercer la médecine.

Elle ajoute qu’un médecin même radié à vie d’exercice, ne peut perdre son titre de docteur, relevant d’un diplôme d’état.

L’ancien ministre du Budget a été mis en examen pour, entre autres, blanchiment de perception par un membre d’une profession médicale d’avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale.

En clair, les juges veulent savoir si M. Cahuzac a masqué l’origine de fonds provenant d’éventuels avantages indus touchés dans le cadre de son activité de consultant.

Conseiller technique au ministère de la Santé de 1988 à 1991, M. Cahuzac a créé, en 1993, son activité de consultant pour l’industrie pharmaceutique par le biais du cabinet Cahuzac Conseil. Cette activité a été ramenée à zéro en 1997, année de son élection à l’Assemblée nationale.

Cette activité n’a rien d’illégal, mais des élus demandent des éclaircissements sur les bénéfices politiques tirés par M. Cahuzac de ses relations avec l’industrie pharmaceutique.

Romandie.com avec (©AFP / 08 avril 2013 12h49)

Le Grand Orient réclame la suspension de Jérôme Cahuzac

avril 5, 2013
Selon le grand maître de la loge à laquelle appartenait l’ex-ministre, « le frère Cahuzac » doit être suspendu « en raison des poursuites dont il fait l’objet.
Le Conseil de l’ordre du Grand Orient de France a décidé de saisir en urgence vendredi sa Chambre suprême de justice, en vue de suspendre sans délai Jérôme Cahuzac de son appartenance à cette obédience maçonnique, a indiqué son Grand Maître José Gulino. « La règle veut que tout frère mis en examen soit suspendu de son appartenance, a précisé M. Gulino. Nous demandons donc à notre instance de justice interne qu’elle suspende le frère Jérôme Cahuzac, en raison des poursuites dont il fait l’objet devant la justice de la République ». « Bien sûr, nous respectons la présomption d’innocence, mais son éventuelle condamnation entraînerait de facto son exclusion de l’obédience », a précisé le Grand Maître.

L’ex-ministre du Budget mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, est membre du Grand Orient, principale obédience maçonnique en France, depuis 1996.

Lepoint.fr

Jérôme Cahuzac: “J’ai été pris dans une spirale de mensonges”

avril 3, 2013

L’ex-ministre du Budget fait son mea culpa

 
 
Jérôme Cahuzac: “J’ai été pris dans une spirale de mensonges”

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Jérôme Cahuzac a décidé de passer aux aveux. Alors qu’il niait depuis des mois, l’ex-ministre du Budget a confirmé les informations du Canard Enchaîné à paraître demain. Devant les juges d’instruction puis sur son blog, le socialiste a avoué qu’il détenait un compte bancaire à l’étranger depuis environ vingt ans, ce qu’il avait toujours démenti.

Acculé, Jérôme Cahuzac, a fini par céder! Une semaine après avoir démissionné du gouvernement, l’ancien ministre du budget a été entendu ce mardi après-midi par les juges du pôle financier du Tribunal de Grande Instance de Paris. Mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, Jérôme Cahuzac a fait ses aveux sur son blog, précédant du même coup la sortie du Canard Enchaîné demain. 

«Par lettre du 26 mars 2013, j’ai demandé à Messieurs les juges d’instruction Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke de bien vouloir me recevoir afin que, délivré des obligations de ma fonction, je puisse enfin donner les explications qui s’imposent au regard de la détention à l’étranger d’un compte bancaire dont je suis le bénéficiaire depuis une vingtaine d’années. J’ai rencontré les deux juges aujourd’hui, ajoute-t-il. Je leur ai confirmé l’existence de ce compte et je les ai informés de ce que j’avais d’ores et déjà donné les instructions nécessaires pour que l’intégralité des actifs déposés sur ce compte, qui n’a pas été abondé depuis une douzaine d’années, soit environ 600000 €, soient rapatriés sur mon compte bancaire à Paris. À Monsieur le Président de la République, au Premier ministre, à mes anciens collègues du gouvernement, je demande pardon du dommage que je leur ai causé», poursuit Jérôme Cahuzac sur son blog. J’ai été pris dans une spirale du mensonge et m’y suis fourvoyé, ajoute-t-il. Je suis dévasté par le remords. Penser que je pourrais éviter d’affronter un passé que je voulais considérer comme révolu était une faute inqualifiable. J’affronterai désormais cette réalité en toute transparence.»

Me Jean Veil, avocat de Jérôme Cahuzac a pour sa part précisé à l’AFP: «Ce compte n’a pas été abondé depuis 2001 et l’essentiel de ses revenus provenait de son activité de chirurgien et accessoirement de son activité de consultant».

 Gala.fr par A.M

Hollande a pris acte avec grande sévérité des aveux de Cahuzac

avril 2, 2013

Paris – Le président français François Hollande a pris acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac qui a commis une impardonnable faute morale en niant les faits, a déclaré l’Elysée mardi dans un communiqué.

Le président de la République prend acte avec grande sévérité des aveux de Jérôme Cahuzac devant les juges d’instruction concernant la détention d’un compte bancaire à l’étranger, a affirmé la présidence.

L’ancien ministre du Budget a commis une impardonnable faute morale en niant l’existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays ainsi que devant la représentation nationale, a ajouté l’Elysée.

C’est désormais à la Justice d’en tirer les conséquences en toute indépendance, a poursuivi la présidence, soulignant que pour un responsable politique, deux vertus s’imposent : l’exemplarité et la vérité.

L’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac a été mis en examen mardi pour blanchiment de fraude fiscale après avoir reconnu qu’il avait détenu un compte à l’étranger depuis une vingtaine d’années. Quelque 600.000 euros sont actuellement déposés sur ce compte ouvert en Suisse et transféré à Singapour en 2009.

A plusieurs reprises, il a affirmé ne pas posséder de compte bancaire dissimulé, et l’avait proclamé devant la représentation nationale.

Romandie.com avec (©AFP / 02 avril 2013 18h32)

Côte d’Ivoire : Gbagbo à tout prix

novembre 12, 2012
La centrale thermique d'Azito (Abidjan) a été attaquée le 15 octobre par des hommes armés. La centrale thermique d’Azito (Abidjan) a été attaquée le 15 octobre par des hommes armés. © Luc Gnago/Reuters

Au Ghana ou au Liberia, ils rêvent de ramener l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo au pouvoir. Enquête sur ces exilés qui ne reconnaissent toujours pas la légitimité d’Alassane Ouattara et qu’Abidjan soupçonne d’être à l’origine des attaques de ces derniers mois.

La cote d’alerte est-elle atteinte ? Depuis cinq mois, les attaques se multiplient en Côte d’Ivoire. Le 8 juin à Sakré, à la frontière du Liberia (7 Casques bleus nigériens tués). Le 6 août au camp militaire d’Akouédo, à Abidjan. Le 21 septembre au poste de Noé, à la frontière du Ghana. Le 15 octobre à la centrale thermique d’Azito, à Abidjan. Le 21 octobre à la gendarmerie de Bongouanou, à 200 km au nord d’Abidjan… Aucune de ces actions n’a été revendiquée, mais, dans l’entourage du chef de l’État, les regards se tournent vers le camp du président déchu, Laurent Gbagbo, et vers ses partisans exilés au Ghana.

Le 15 octobre, l’ONU publie un rapport d’experts qui accrédite la thèse d’un commandement stratégique pour renverser le président Ouattara. Dans un document de 26 pages, cinq enquêteurs – un Colombien, un Rwandais, un Britannique, un Belge et un Espagnol, le coordinateur – affirment que des exilés du camp Gbagbo pilotent et financent ces attaques meurtrières depuis le Ghana. Ils précisent que, lors d’une réunion le 12 juillet à Takoradi, le grand port de l’ouest du Ghana, plusieurs groupes pro-Gbagbo « ont décidé d’unir leurs efforts en vue de reconquérir le pouvoir en Côte d’Ivoire ». Derrière les frappes de ces derniers mois, les experts voient notamment la main de six personnalités de l’ancien régime : Marcel Gossio, directeur du port d’Abidjan, Alphonse Mangly, directeur des douanes, le pasteur Moïse Koré, conseiller spirituel du couple Gbagbo, Justin Koné Katinan, ancien ministre du Budget, Nady Bamba, seconde épouse de Laurent Gbagbo, et Charles Blé Goudé, ex-ministre de la Jeunesse.

Mieux, les experts indiquent que, fin juin, dans un camp militaire de Bamako, deux proches de Damana Pickass (l’homme qui a arraché les résultats de la présidentielle devant toutes les caméras, le 30 novembre 2010 à Abidjan, au siège de la Commission électorale indépendante) ont rencontré secrètement le chef de la junte malienne, le capitaine Sanogo. Encore plus incroyable, les enquêteurs de l’ONU affirment qu’en août un membre du camp Gbagbo et un représentant du groupe islamiste malien Ansar Eddine se sont retrouvés « à la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal pour discuter d’une possible coopération en vue de fournir une possible assistance technique militaire au moyen de mercenaires ».

Quelle est la crédibilité du rapport de l’ONU ? Les cinq experts ont travaillé du 5 juillet au 14 septembre, date de la première remise de leurs travaux au Conseil de sécurité. Ils ont visité sept pays : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Niger, la France, la Belgique et les Pays-Bas. Dans leurs conclusions, ils établissent la liste des six chefs militaires présumés du « commandement stratégique » établi au Ghana. Le problème, c’est que, dès le 2 août, la même liste apparaît dans un rapport confidentiel du ministère ivoirien de l’Intérieur. Sous l’ancien régime, les six hommes étaient à des postes clés : le colonel Gouanou à la région militaire de Daloa ; le colonel Dadi Tohourou au bataillon d’artillerie sol-air (Basa) ; le commandant Abehi à l’escadron mobile de gendarmerie ; le commandant Kakou Brou, dit KB, aux garde-côtes ; le commissaire Gnahoua, dit Kabila, à la police ; et le commissaire Loba à la brigade antiémeutes. Les experts de l’ONU se sont visiblement inspirés d’une enquête de la sécurité ivoirienne.

Il est vrai que le colonel Alphonse Gouanou n’est pas un inconnu. C’est l’un des présumés comploteurs qui apparaissent dans une vidéo réalisée à Accra, au Ghana, et diffusée le 12 juin dernier sur la télévision ivoirienne. Et les experts de l’ONU ont fait aussi leurs propres investigations. La preuve, cet échange de textos publié dans leur rapport. Nous sommes le 9 août, quelques jours après l’attaque retentissante du camp d’Akouédo. Un mystérieux colonel ivoirien – via l’un des auteurs des textos – annonce de prochaines actions sur Yopougon et la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Surtout, il prévoit de retrouver le soir même des représentants « du jihad et des Touaregs pour rencontre discrète ».

Tout ceci n’est que « mascarade politique », réplique par communiqué le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, qui demande à l’ONU de « cesser de se faire instrumentaliser par le régime Ouattara ». Les connexions avec la junte malienne et Ansar Eddine ? « Ce sont des affirmations grotesques et ridicules », lance Damana Pickass, qui préside aujourd’hui à Accra la Coalition des patriotes ivoiriens en exil. « Je ne crois pas qu’il y ait eu une mission à Bamako. Aller voir la junte, ça aurait un peu de crédibilité. Mais rencontrer à la fois la junte et Ansar Eddine, alors qu’ils sont à couteaux tirés, c’est impensable. Le montage est vraiment grossier et détruit l’ensemble du rapport. »

Patrouille des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) dans la région de Taï, à la frontière avec le Liberia. Le 8 juin, 18 personnes y ont été tuées.

© Luc Gnago/Reuters

Marcel Gossio, Nady Bamba, Charles Blé Goudé, Justin Koné Katinan… Tous les exilés mis en cause dans le document de l’ONU affirment qu’il s’agit d’un tissu de mensonges. « Depuis avril 2011, je vis au Maroc et je n’en suis pas sorti », a confié Gossio. « À aucun moment depuis qu’elle se trouve en exil Mme Bamba n’a eu un quelconque rôle politique. Ces allégations […] semblent préparer la voie à des initiatives […] contre les exilés réfugiés à l’étranger », affirme son avocat. « Au moment où une procédure d’extradition est lancée contre Koné Katinan, ce rapport vise à mettre la pression sur le Ghana pour qu’il livre les exilés à la Côte d’Ivoire », ajoute Assoa Adou, l’ancien ministre de la Construction et de l’Urbanisme, qui dirige aujourd’hui la coalition des cadres du FPI en exil. D’autres pensent que ce même rapport pourrait aider Ouattara à obtenir la levée de l’embargo onusien sur les armes.

Armée secrète

La filière libérienne

Le 18 octobre, Ellen Johnson Sirleaf était à Abidjan pour rassurer Ouattara. Son pays, a affirmé la présidente du Liberia, aidera à régler le problème des miliciens pro-Gbagbo. Cachés dans les forêts et dans les camps de déplacés situés près de la frontière, les ex-membres des Forces de résistance du Grand-Ouest (FRGO) ont juré la perte de Ouattara… Parmi leurs chefs, Alexis Tari, basé près du village de Para en Côte d’Ivoire. Réfugié près de Zwedru (Liberia), Oulaï Tako dirige quant à lui les combattants qui font des incursions du côté de Bloléquin, en Côte d’Ivoire. Tinte Medard, l’ex-patron du Front de libération du Grand-Ouest à Toulepleu, s’est replié dans le camp de Solo, au Liberia, d’où il continue de diriger ses miliciens en se finançant avec les mines d’or clandestines. Gninizi Bawe, ancien cadre de l’armée du président libérien Charles Taylor, a été reconnu formellement par les populations de Sakré (Côte d’Ivoire), une ville qu’il a attaquée en avril dernier avec des miliciens pro-Gbagbo. Il habiterait à Ziah Town au Liberia.

Y a-t-il une armée secrète du FPI derrière la frontière ghanéenne ? Parmi les réfugiés ivoiriens, il est certain que des armes circulent et que le désir de revanche est fort. « Plusieurs anciens combattants pro-Gbagbo ont infiltré un camp proche de Takoradi », reconnaît le président du Ghana Refugee Board, Ken Dzirasah. Le 13 octobre, 43 de ses occupants ont été arrêtés par les autorités ghanéennes. « Pour autant, je ne crois pas à une grande organisation FPI », affirme un conseiller politique du Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara. « Miaka Ouretto, Laurent Akoun, Assoa Adou, Blé Goudé… Les orphelins de Gbagbo se disputent son héritage. Je ne les vois pas s’asseoir autour d’une même table. En plus, ceux qui sont en exil n’ont pas d’argent. Hormis quelques hommes d’affaires d’Afrique du Sud et de Guinée équatoriale, personne ne les aide. » De fait, la plupart des exilés sont sans le sou. Ils sollicitent à longueur de journée leurs proches et amis en Europe pour qu’ils leur envoient de l’argent via Western Union. À Accra, on les voit même se déplacer en tro-tro (transports locaux) et traîner à l’Accra Mall ou dans les cybercafés. Heureusement, les autorités ghanéennes leur ont alloué des villas pour un loyer annuel modique de 1 million de F CFA (1 525 euros).

« Le vrai problème, c’est notre propre système sécuritaire, soupire le cadre du RDR. À force de dire qu’il faut en finir avec les comzones, un certain nombre de commandements dans l’armée, la gendarmerie et la police ont été confiés à des nostalgiques de Laurent Gbagbo, qui informent l’ennemi sur les faiblesses de notre dispositif de sécurité. Ainsi, le 6 août, au camp d’Akouédo, les assaillants ont réussi à atteindre la poudrière et les dortoirs grâce à des complicités internes. Et, aujourd’hui encore, des miliciens pro-Gbagbo traversent tranquillement la frontière ghanéenne jusqu’à Aboisso [à mi-chemin sur la route d’Abidjan, NDLR] où ils montent des caches d’armes avec des complicités locales. »

Plus qu’une armée secrète, c’est une toile d’araignée qui est sans doute en train de se tisser entre pro-Gbagbo de l’intérieur et de l’extérieur. S’il n’existe aucune preuve sérieuse sur la réalité d’un plan de renversement politico-militaire savamment préparé, l’aile politique des exilés reconnaît que, « quand les militaires sont fâchés, leurs seuls moyens de défense sont les armes ». En fait, les militaires pro-Gbagbo se méfient des responsables politiques, dont certains « parlent beaucoup ». Stratégiquement, ils n’ont aucun intérêt à les mettre dans le secret. Et ce sont bien ces sécurocrates qui inquiètent le plus Abidjan.

Mandats d’arrêt

Les commandants Jean-Noël Abehi et Kakou Brou, notamment, sont soupçonnés d’être les cerveaux des attaques actuelles.

Dans le viseur des autorités, il y a les six officiers pointés par le rapport de l’ONU, et tout particulièrement les commandants Jean-Noël Abehi et Kakou Brou. Ils sont soupçonnés d’être les cerveaux des attaques actuelles. Kakou Brou, ancien pilier de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), serait établi avec plusieurs déserteurs près de Takoradi. Abehi, lui, semble avoir de l’ascendant sur les anciens combattants qui sont installés dans le camp de réfugiés libériens de Buduburam, à une quarantaine de kilomètres d’Accra. Ce camp doit être démantelé. Dans la capitale ghanéenne, on peut aussi croiser le capitaine Clément Zadi, l’officier qui avait été chargé du blocus du Golf Hôtel. Des mandats d’arrêt internationaux auraient été émis à l’encontre d’Abehi et Zadi.

Il reste une question. Le FPI a-t-il totalement tort quand il impute certaines attaques récentes à des règlements de compte entre forces pro-Ouattara ? Dans leur rapport, les experts de l’ONU craignent que « le sérieux mécontentement chez les Dozos, les volontaires et les démobilisés [tous ceux qui n’ont pas été intégrés dans l’armée depuis 2011] ne profite aux fauteurs de déstabilisation ». Plusieurs anciens partisans d’Ibrahim Coulibaly, l’ex-officier pro-Ouattara éliminé par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) en avril 2011, sont déjà passés dans le camp Gbagbo. Commentaire du conseiller politique du RDR : « Akouédo, Azito… Pour l’instant, on n’a pas atteint la cote d’alerte, mais il ne faut rien prendre à la légère. »

Jeuneafrique.com par Christophe Boisbouvier et Pascal Airault

Côte d’Ivoire – Ghana : Justin Koné Katinan, un « Gbagbo boy » en sursis ?

octobre 17, 2012
Justin Koné Katinan est au centre d'une querelle ivoiro-ghanéenne. Justin Koné Katinan est au centre d’une querelle ivoiro-ghanéenne. © DR

Justin Koné Katinan, le porte-parole du président ivoirien déchu Laurent Gbagbo, fait l’objet de mandats d’arrêt pour crimes économiques et meurtres mais, pour le moment, le Ghana refuse de le livrer à Abidjan. Le 17 octobre, son audience d’extradition a été reportée pour la énième fois, au 24 octobre.

Ses amis jurent, la main sur le coeur, qu’il n’est pas capable de voler 500 F CFA. Le camp Ouattara lui reproche d’en avoir dérobé 300 milliards à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest lors de la crise postélectorale… Et d’avoir participé au meurtre de deux hommes pendant la crise posélectorale.

En exil à Accra depuis le 11 avril 2011, Justin Koné Katinan est aujourd’hui au centre d’une querelle ivoiro-ghanéenne. Visé par un mandat d’arrêt international pour crimes économiques, émis par Abidjan, le dernier ministre du Budget de Laurent Gbagbo a été arrêté le 24 août dernier par la police ghanéenne alors qu’il revenait de Johannesburg. Mais la justice de ce pays sursoit toujours à la demande d’extradition. Elle l’a même libéré sous caution le 25 septembre, au grand dam des autorités ivoiriennes, avant de le réinterpeller trois jours plus tard, au motif qu’un nouveau mandat international, pour meurtres, avait été émis par la justice ivoirienne. Reportée à plusieurs reprises, son audience d’extradition a été fixée ce mercredi au 24 octobre.

L’actuel porte-parole de Laurent Gbagbo reste très actif. Il pourfend le régime de Ouattara auprès des dirigeants africains, entretient la flamme de ses partisans dans les camps de réfugiés, remobilise les cadres du Front populaire ivoirien (FPI) et s’oppose à tout dialogue avec le pouvoir qui exclurait son chef bien-aimé.

Écurie

Issu d’un milieu modeste – ses parents sont des paysans sénoufos -, Koné Katinan est né il y a quarante-six ans à Niakaramandougou, dans le nord de la Côte d’Ivoire. Il grandit entre son village et Katiola, chef-lieu du département du même nom, où il fait ses études secondaires. Puis opte pour l’université et l’École nationale d’administration à Abidjan, et entre aux impôts. En septembre 1989, à l’âge de 23 ans, il rejoint le FPI, qui sort de la clandestinité. Il est alors parrainé par Lia Bi Douayoua, futur ministre de la Communication. Il y gravit tous les échelons, devient secrétaire national chargé de l’Intégration et fait partie de la jeune écurie de Pascal Affi Nguessan, le président du parti.

En décembre 2010, Gbagbo veut injecter du sang neuf dans un gouvernement engagé dans le combat post­électoral. Directeur du cadastre depuis 2005, l’énarque est promu ministre du Budget. Chargé d’organiser la résistance d’un régime étranglé financièrement, il se bat pour contourner l’isolement bancaire et payer les fonctionnaires. Des faits qui lui valent aujourd’hui d’être poursuivi pour « crimes économiques ». 

Jeuneafrique.com par Pascal Airault

Côte d’Ivoire : nouveau report de l’audience pour une éventuelle extradition de Justin Koné Katinan

octobre 11, 2012
Justin Koné Katinan, en 2010. Justin Koné Katinan, en 2010. © AFP

Un tribunal ghanéen a décidé, jeudi 11 octobre, de repousser l’audition de la demande d’extradition du porte-parole de Laurent Gbagbo, Justin Koné Katinan, au 16 octobre, date à laquelle il doit aussi être entendu pour crimes de sang.

L’audition de la demande d’extradition du porte-parole de Laurent Gbagbo, Justin Koné Katinan a été repoussée au 16 octobre par un tribunal ghanéen, date à laquelle il doit aussi être entendu pour conspiration et pour le meurtre de deux hommes.

Le magistrat Aboagye Tandoh a ajourné l’audition, jeudi 11 octobre, à la demande de l’accusation. Justin Koné Katinan sera maintenu en détention jusqu’à sa prochain audience. « Je suis déboussolé maintenant »,  a-t-il déclaré devant la cour. « Je ne comprends pas ce qui se passe, que fait-on de ma liberté? ». « Nous devons nous conformer à la procédure. Vous devez vous comporter comme un homme », a répondu le magistrat ghanéen.

Bras de fer

Visé depuis un an par un mandat d’arrêt international émis par Abidjan pour « crimes économiques », il est en exil depuis la fin de la crise postélectorale. Dernier ministre du Budget de Laurent Gbagbo, Koné Katinan a été arrêté à plusieurs reprises. Il avait été libéré sous caution, le 25 septembre, puis à nouveau interpellé, vendredi dernier.

Son cas, ainsi que des incidents à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, ont abouti à un bras de fer entre les deux pays, le premier ayant fermé ses frontières terrestres et maritimes avec le second du 22 septembre au 7 octobre.

Jeuneafrique.com avec AFP