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Mahamadou Djeri Maïga (MNLA) : « Je n’ai rien à voir avec le coup d’État au Burkina »

octobre 2, 2015
Mahamadou Djeri Maïga, est le numéro deux du Mouvement national de libération de l'Azawad. © Capture d'écran / Youtube / France 24

Mahamadou Djeri Maïga, est le numéro deux du Mouvement national de libération de l’Azawad. © Capture d’écran / Youtube / France 24

Arrêté pendant quelques heures au moment même ou Gilbert Diendéré était interpellé, jeudi, le vice-président du MNLA (rébellion malienne), Mahamadou Djeri Maïga, a répondu aux autorités de la transition sur des soupçons de soutien aux putschistes. Des allégations qu’il nie catégoriquement.

Les arrestations se succèdent à Ouagadougou, suite au coup d’État manqué du 17 septembre. Le 1er octobre, au moment même où Gilbert Diendéré, le chef des putschistes, se rendait aux autorités, Mahamadou Djeri Maïga était lui aussi interpellé à l’aéroport, alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays. Le numéro 2 du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui vit à Ouagadougou depuis plusieurs années, a été entendu quelques heures avant d’être libéré. Dans le bref entretien qu’il a accordé à Jeune Afrique, il nie avoir participé « de près ou de loin » à ce putsch.

Jeune Afrique : Comment s’est passée votre arrestation ?

Mahamadou Djeri Maïga : Je devais me rendre à Bamako pour participer à la rencontre du comité de suivi des accords d’Alger. J’aurais dû partir lundi, mais le vol a été annulé. Puis mardi, vol annulé aussi. Finalement, notre avion devait décoller hier (jeudi 1er octobre) à 15 heures. Je me trouvais dans le salon d’honneur de l’aéroport quand des gendarmes sont venus me trouver. Ils m’ont emmené dans un autre salon de l’aéroport. Deux colonels et des enquêteurs sont arrivés. Ils m’ont posé des questions en rapport avec le fait que des forces extérieures auraient tenté de prêter main forte aux putschistes.

Est-ce votre cas ?

Non. Ce sont des allégations infondées. La preuve, c’est qu’aucun membre de nos familles n’est sorti du pays. Nous sommes cinq ou six dirigeants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) à vivre à Ouagadougou, et aucun d’entre nous n’a envoyé ses proches dans un autre pays. Nous ne souhaitons aucun malheur au Burkina, car le Burkina nous a accueillis quand personne ne voulait de nous. C’est ce que je leur ai dit. À 23 heures, ils m’ont déposé à ma maison.

Vous ont-ils interrogé sur vos liens avec Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé ?

Oui. Mais la dernière fois que j’ai vu Bassolé, c’était à Alger, le 5 juin. On ne s’est jamais téléphoné. Quant à Diendéré, il était notre seul interlocuteur depuis le départ de Blaise Compaoré. Nous ne connaissons pas les nouvelles autorités. Nous étions donc en contact. Je lui faisais des comptes rendus de nos réunions à Alger. Rien de plus. Diendéré ne nous a jamais demandé de l’aider. D’ailleurs, dès que le RSP [Régiment de sécurité présidentielle] a été dissous [le 25 septembre], la CMA m’a demandé de rompre avec lui, et je le lui ai dit. Nous ne sommes mêlés ni de près ni de loin à ces choses. Aujourd’hui, nous voulons la paix dans notre pays et partout en Afrique.

Burkina/putsch: arrestation du vice-président de la rébellion touareg MNLA à Ouagadougou

octobre 1, 2015

Ouagadougou – Le vice-président de la rébellion touareg Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) Mahamadou Djeri Maïga a été arrêté jeudi à l’aéroport de Ouagadougou pour des motifs en lien avec le putsch avorté du 17 septembre au Burkina Faso, a appris l’AFP de source militaire burkinabè.

Mahamadou Djeri Maïga a été arrêté sur des allégations qui portent à croire qu’il allait fournir un appui logistique au putsch, a affirmé cette source.

De nombreux membres de la rébellion touareg habitent ou passent fréquemment à Ouagadougou. Maïga, qui dispose d’une résidence dans la capitale burkinabè, a été interpellé alors qu’il voulait quitter le pays.

Jeudi, le gouvernement a publié un communiqué annonçant des arrestations futures: Suite à la mise en échec du putsch (…), les autorités compétentes procèdent à l’interpellation de personnes suspectes ou impliquées dans la tentative de déstabilisation des institutions de la Transition. Les procédures judiciaires ont déjà été enclenchées.

Le général putschiste, Gilbert Diendéré, ainsi que plusieurs officiers putschistes ont été arrêtés mercredi et jeudi.

Lundi, le gouvernement avait dans un autre communiqué accusé les putschistes de mobiliser des forces étrangères et des groupes jihadistes qu’ils ont appelés à leur secours.

Le général Gilbert Diendéré, qui a été impliqué dans plusieurs négociations pour des otages au Sahel, avait réfuté en bloc ces accusations alors qu’une source proche du dossier avait qualifié ces accusations d’hallucinantes.

Le général Diendéré a pris les rênes du pouvoir au Burkina le 17 septembre, au lendemain de la prise d’otage du président et de ministres de transition par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ancienne garde prétorienne du président Blaise Compaoré, chassé par la rue en octobre 2014.

Le général Diendéré a rendu le pouvoir au président de la Transition Michel Kafando le 23 septembre, après le constat d’échec du putsch face à une forte mobilisation populaire.

Romandie.com avec(©AFP / 02 octobre 2015 01h32)

Mali : qui sont les vrais maîtres du Nord ?

mars 13, 2015

Les principaux leaders des mouvements de l'Azawad.
Les principaux leaders des mouvements de l’Azawad. © DR ; AFP

En dépit de l’annonce à Alger d’un préaccord pour mettre fin au conflit dans le Nord du Mali, les principaux leaders des mouvements de l’Azawad estiment que leurs revendications sont loin d’être satisfaites.

Ce devait être la cinquième et dernière étape avant la paix. Le 1er mars, un projet d’accord a été paraphé dans la douleur à Alger. Mais avec de nombreuses interférences – Maroc, Mauritanie, médiations privées… -, une Minusma (la mission de l’ONU au Mali) dotée d’un nouveau chef qui prend encore ses marques, et des groupes armés toujours plus nombreux et en proie à des divisions internes, les médiateurs algériens se sont peut-être réjouis un peu vite en annonçant la signature d’un accord.

Seuls le gouvernement et la Plateforme des mouvements d’autodéfense (pro-Bamako) ont effectivement signé le document. Et pour cause : fédéralisme et autonomie, les revendications des groupes rassemblés au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), n’y figurent pas. Seul le terme d’Azawad en tant qu' » entité séculaire » a été retenu. Indirectement, ce dernier round semblait avoir pour objectif d’isoler le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), dont les revendications (autonomie de gestion, tant territoriale que sécuritaire) semblent utopiques aux yeux des médiateurs. En vain.

« Individuellement, ils semblaient tous d’accord pour signer cet accord », observe un diplomate. Mais « s’ils avaient signé, ils n’auraient jamais osé remettre un pied à Kidal ! » assure un membre du MNLA. Les chefs de la CMA sont donc repartis consulter leur base et leurs influents chefs militaires à Kidal, où une consultation a eu lieu le 10 mars. En attendant une signature définitive, peut-être, à la fin du mois.

Sidi Brahim Ould Sidati : Mouvement arabe de l’Azawad (MAA)

Il est la caution arabe de la coordination. Chef de la branche dissidente du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), créé en 2012, Sidi Brahim Ould Sidati n’a pas toujours été proche des séparatistes du MNLA : son mouvement, avant même sa scission en deux branches, l’une acquise à Bamako, l’autre irrédentiste, avait combattu le groupe de Bilal Ag Acherif. Mais il partage avec la CMA l’exigence d’une large autonomie pour la région.

Cet Arabe issu de la communauté Bérabiche attendait « la reconnaissance de l’Azawad comme entité juridique et politique, une large autonomie et une défense qui prenne en compte les spécificités du territoire [une armée spéciale pour la région]. » Et il ne veut pas s’entendre dire que la CMA, en refusant de parapher le document, est responsable de l’échec des pourparlers : « Si un problème ne trouve pas de solution, c’est qu’il a mal été posé », lâche-t-il.

Ibrahim Ag Mohamed Assaleh : Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA)

En mars 2014, alors qu’il est cadre dirigeant du MNLA, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh annonce qu’il claque la porte du groupe séparatiste dirigé par Bilal Ag Acherif pour fonder la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA). Ce Touareg idnan âgé de 49 ans s’est finalement réconcilié avec son ancienne formation et il est aujourd’hui un des leaders de la CMA. Réfugié à Ouagadougou, il a multiplié les allers-retours à Alger depuis le lancement de la médiation algérienne, au début de l’année 2014.

Ex-député de Bourem, il affirme respecter l’unité territoriale du Mali mais se dit mécontent du projet d’accord paraphé le 1er mars. « Nous avons fait beaucoup de concessions, affirme-t-il. Aujourd’hui, nous ne souhaitons pas une simple décentralisation, mais une vraie autonomie pour l’Azawad. » Il réclame la mise en place d’une Assemblée territoriale chargée des questions politiques, économiques et administratives regroupant des élus des trois régions du Nord.

Alghabass Ag Intalla : Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA)

Fils d’Intalla Ag Attaher, l’ancien aménokal des Ifoghas décédé en décembre 2014, il est le patron du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Ce groupe armé, maître à Kidal, qui est devenu l’un des plus puissants de la région, a vu le jour en mai 2013 après une scission d’Ansar Eddine, l’organisation jihadiste d’Iyad Ag Ghali. Alghabass Ag Intalla affirme avoir rompu avec son ancien compagnon d’armes, converti au salafisme, mais de nombreux observateurs en doutent.

Au moment des négociations à Alger, il a imposé son leadership à la tête de la CMA. Alors qu’il était absent à l’ouverture des dernières négociations, les médiateurs l’ont fait venir pour les deux derniers jours de discussion. Il estime que « tout est encore négociable », et réclame des amendements au texte de préaccord de paix.

Bilal Ag Acherif : Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) 

Pas une décision sans qu’il en réfère aux puissants ou à la base. C’est ainsi qu’il arrive à se maintenir comme un des leaders de la CMA malgré les fréquentes rivalités internes. Âgé de 38 ans, ce natif de Kidal a étudié l’économie en Libye. Il multiplie les voyages, à Moscou, à Paris ou à Rabat, et passe pour être proche des positions marocaines. Il a d’abord été membre du MNA, mouvement purement politique à l’époque, puis du MNLA, son successeur armé. Lors de la consultation du 10 mars, il devra faire appel à toute son habileté face à l’intransigeance du HCUA et à une base exaspérée par la lenteur du processus de paix.

Les patrons militaires

Ils ont tous les deux faits leurs armes dans la Libye de Kadhafi. Basés à Kidal, ces quinquagénaires tiennent les combattants sur le terrain : ce sont notamment eux qui ont infligé une cinglante défaite aux forces régulières maliennes, fin mai 2014, à Kidal. Aucun accord de paix ne sera signé sans leur assentiment. Mohamed Ag Najim, ancien chef militaire du MNLA, est le chef d’état-major de la CMA et commande l’ensemble des troupes rebelles. Cet Idnan, ex-colonel de l’armée libyenne, est réputé brillant officier.

Cheikh Ag Aoussa est le chef militaire du Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad. Ifogha comme Alghabass Ag Intalla, il est suspecté, comme lui, d’être toujours en contact avec Iyad Ag Ghali, le chef du groupe jihadiste Ansar Eddine, dont il fut l’un des lieutenants.

L’aménokal, un rôle pivot

Frère d’Alghabass Ag Intalla (le patron du HCUA) et héritier du titre d’aménokal des Ifoghas après le décès de son père en décembre, Mohamed Ag Intalla est une personnalité incontournable. Mais ce député du Rassemblement pour le Mali (au pouvoir), qui a refusé d’adhérer au MNLA, est considéré par la ligne dure de la CMA comme trop favorable à Bamako.

Jeuneafrique.com par Dorothée Thiénot, Benjamin Roger

Mali: deux villes aux mains de rebelles selon l’ONU, une seule selon Bamako

mai 22, 2014

New York – Un porte-parole de l’ONU a affirmé jeudi que des rebelles avaient pris le contrôle des villes de Kidal et Ménaka (nord du Mali), ce à quoi le ministre malien de la Défense a répondu que l’armée conservait ses positions intactes dans la région, sauf à Kidal.

Après de violents combats mercredi à Kidal ayant tourné en défaveur de l’armée malienne et poussé le gouvernement à demander un cessez-le feu, les villes de Kidal et Ménaka (…) sont maintenant sous le contrôle du MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad, a affirmé lors d’un point de presse à New York Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

Le MNLA, rébellion touareg, est un des groupes armés engagés sur le terrain contre l’armée malienne dans le Nord. Kidal est son fief.

Selon M. Dujarric, des mouvements du MNLA ont également été rapportés à Anefis et Aguelhoc entre autres localités de la région.

Mais jeudi soir le ministre malien de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a réfuté ce qui se dit concernant les positions de l’armée malienne dans le Nord, dans une déclaration à la télévision publique malienne ORTM.

Il a réitéré des assurances fournies plus tôt jeudi, selon lesquelles les forces gouvernementales conservaient leurs positions partout sauf à Kidal, même si elles étaient à Ménaka sous pression de groupes armés.

A Ménaka, c’est vrai, nous sommes sous pression (…) mais, contrairement à ce qui se dit, nos positions sont intactes. Et nos forces partenaires Serval (force française) et la Minusma (mission de l’ONU au Mali) ont pris des dispositions pour nous appuyer en cas de besoin, a assuré M. Maïga.

Nous nous sommes retirés de Kidal, mais sur l’ensemble du théâtre, nos positions restent intactes, a-t-il insisté.

Il a évoqué une faiblesse des effectifs des forces de défense et de sécurité dans la ville de Kidal au moment des affrontements de mercredi, qui avaient été précédés d’autres combats meurtriers quatre jours plus tôt, le 17 mai.

A Kidal, avant le 17 mai, nous n’avions – toutes forces confondues – qu’environ 250 hommes, c’est-à-dire militaires, policiers, gardes et gendarmes confondus, a-t-il précisé.

Mercredi, un responsable du MNLA avait affirmé qu’une coalition de trois groupes armés avait combattu les forces maliennes à Kidal, tombée sous leur contrôle.

Il avait ajouté que ces groupes avaient ensuite pris, sans combats, d’autres villes du Nord abandonnées par les soldats maliens, citant Anderamboukane, Ménaka, Aguelhoc, Tessalit, Anefis.

A New York, le porte-parole de l’ONU a par ailleurs précisé que la Minusma continuait de collaborer avec le gouvernement et les groupes armés pour obtenir la fin des hostilités, protéger les civils et relancer le processus politique.

Environ 3.400 habitants de Kidal ont fui vers les zones rurales, l’Algérie et Gao depuis le début des combats le 17 mai, a-t-il précisé. De l’aide humanitaire a été envoyée à Gao, Kidal restant inaccessible aux travailleurs humanitaires, selon lui.

Romandie.com avec(©AFP / 23 mai 2014 00h57)

Mali: une quarantaine de militaires maliens tués, 50 blessés et 70 faits prisonniers

mai 22, 2014

Ouagadougou – Une quarantaine de militaires maliens ont été tués, cinquante ont été blessés et 70 faits prisonniers après les affrontements de ces derniers jours à Kidal, a affirmé Mossa Ag Attaher, le porte-parole des rebelles touareg du MNLA, jeudi à Ouagadougou.

Le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) déplore de son côté deux morts, dont un officier et une dizaine de blessés, a déclaré son porte-parole, basé dans la capitale burkinabè, lors d’une conférence de presse.

Une source militaire à la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), contactée à Kidal, avait déclaré mercredi à l’AFP qu’il y avait des prisonniers et des morts dans les rangs de l’armée malienne.

La MNLA prétend également avoir effectué d’importantes prises matérielles, que Mossa Ag Attaher chiffre à 50 véhicules 4X4 flambant neufs abandonnés par l’armée malienne, ainsi que 12 blindés et plusieurs tonnes de munitions et d’armes.

Kidal est depuis plusieurs jours le théâtre de combats entre l’armée malienne et des groupes armés touareg, dont le MNLA, qui affirment avoir pris le contrôle de la ville, ainsi que d’autres communes du nord du pays, en défaisant les forces régulières.

Nous n’avons aucun enthousiasme par rapport à cette victoire car nous n’avons pas voulu ces affrontements, a assuré le porte-parole du MNLA, pour qui l’objectif de son mouvement n’est pas de gagner cette bataille, mais la paix et le développement pour le peuple de l’Azawad, soit les territoires du nord du Mali.

Nous voulons mettre fin à ces hostilités à condition que l’armée malienne le veuille. Mais pour l’heure, nous avons donné des instructions à nos forces pour protéger les positions nouvelles et anciennes jusqu’à nouvel ordre, a-t-il insisté, tout en appelant la communauté internationale à venir en l’aide aux populations de Kidal et aux blessés.

Kidal se trouve dans une situation alarmante, un obus étant notamment tombé sur son hôpital, a poursuivi M. Attaher.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a demandé mercredi soir un cessez-le-feu immédiat après la déroute subie par son armée, affirmant que sa priorité était le dialogue.

Aujourd’hui, le même phénomène qu’en 2012 peut se reproduire, soit l’embrasement du nord du Mali, s’est inquiété Djibril Bassolé, ministre burkinabè des Affaires étrangères et médiateur de la crise malienne, qui avait participé à la signature des accords de Ouagadougou de juin 2013.

L’accord du 18 juin dans sa partie cessez-le-feu est mis à mal, s’est inquiété M. Bassolé jeudi sur l’antenne de Radio France internationale, appelant toutes les parties signataires à renoncer à l’usage des armes.

Romandie.com avec(©AFP / 22 mai 2014 13h36)

Mali: Les trois mouvements rebelles fusionnent

novembre 4, 2013

OUAGADOUGOU – Trois mouvements rebelles touareg et arabe du nord du Mali, dont le MNLA, ont annoncé lundi leur fusion, afin de présenter un front uni dans les discussions de paix à venir avec les autorités de Bamako.

Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ont adopté une plate-forme politique, une commission de négociations ainsi qu’un organe de décisions communs, au terme de plusieurs jours de discussions à Ouagadougou.

Guidés par une commune volonté politique de privilégier l’intérêt supérieur du peuple de l’Azawad, et convaincus que seule une solution politique peut assurer la paix, la sécurité et le développement (…) et contribuer à la stabilité de la sous-région, ces trois mouvements ont annoncé une fusion dans un communiqué lu à l’issue de leur réunion.

Celle-ci sera effective après approbation de leurs bases respectives dans un délai de 45 jours, ont-ils ajouté.

Le nom du nouveau mouvement ainsi créé n’a pas encore été communiqué.

L’Azawad désigne le nord du Mali pour les touaregs, qui en janvier 2012 y avaient mené une offensive conduisant à l’embrasement du pays.

Le MNLA avait affirmé en septembre qu’il ne négocierait avec les autorités maliennes que sur la base d’une autonomie de l’Azawad ou il n’y (aurait) pas de négociations avec les autorités maliennes, selon son président Mahamadou Djeri Maïga, quand Bamako rejette formellement toute partition du pays.

Les dirigeants du MNLA semblent depuis lors avoir changé de point de vue, sans toutefois gagner à leur cause toutes les composantes de leur mouvement.

La plupart des cadres du MNLA veulent un retour dans le giron démocratique et des autorités maliennes, décrypte André Bourgeot, anthropologue spécialiste des sociétés touareg, dans un entretien avec l’AFP.

La fusion des trois mouvements vise d’ailleurs à constituer une entité civile qui leur permettrait de retourner dans le jeu démocratique, explique ce directeur de recherche au CNRS.

Mais au sein du MNLA, beaucoup, notamment parmi les jeunes, n’acceptent pas ce glissement et continuent de revendiquer l’indépendance, observe M. Bourgeot.

MNLA, MAA et HCUA peinent par ailleurs à montrer un front uni.

Si les trois mouvements étaient absents aux états généraux de la décentralisation, l’une des premières phases d’un dialogue censé pacifier le nord du Mali fin octobre, une branche du MAA était présente aux assises du Nord vendredi et samedi à Bamako, auxquels le MNLA et le HCUA n’étaient pas représentés.

Le MNLA et le HCUA, qui comprend d’anciens membres d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) ont signé le 18 juin à Ouagadougou un accord avec Bamako visant à permettre l’organisation de la présidentielle du 28 juillet à Kidal, ville située au nord-est du Mali sous contrôle des groupes armés touareg, après l’intervention française qui a chassé du nord du Mali les groupes djihadistes alliés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dont Ansar Dine.

Le MAA est un autre mouvement récemment créé par les communautés arabes du Nord afin d’avoir davantage de visibilité et de poids dans les discussions avec Bamako.

L’accord de Ouagadougou signé en juin prévoit un cessez-le-feu, un retour progressif des forces de défense et de sécurité maliennes à Kidal et un cantonnement des combattants rebelles sur des sites de regroupement. De nombreuses discussions doivent encore intervenir pour organiser sa mise en place.

Romandie.com avec(©AFP / 04 novembre 2013 21h43)

Hollande, chef de guerre, récompensé pour la paix au Mali

juin 5, 2013
Hollande, chef de guerre, récompensé pour la paix au Mali Hollande, chef de guerre, récompensé pour la paix au Mali © AFP

François Hollande reçoit mercredi à Paris le Prix de l’Unesco pour la paix en présence des principaux dirigeants ouest-africains, venus lui rendre hommage pour son action militaire au Mali, au moment où la tension remonte dans le nord du pays.

Cinq mois après le déclenchement de l’opération Serval, le 11 janvier, neuf chefs d’Etat et de gouvernement africains, au premier rang desquels le Malien Dioncounda Traoré, viendront dire leur gratitude au président français, récompensé « pour sa contribution considérable à la paix et à la stabilité en Afrique ».

« Si la France n’était pas intervenue, où en serions-nous? Dieu seul le sait. On ne le dira jamais assez: merci, merci, merci à la France », a déclaré à l’AFP l’ex-président de l’Union africaine (UA), le Béninois Thomas Boni Yayi, donnant le ton de la cérémonie.

Pourtant, si l’intervention française, soutenue par des troupes africaines, a mis fin à l’occupation du nord du Mali par des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, la région n’en a pas pour autant été stabilisée.

Au Mali, la tension est à nouveau vive entre Bamako et la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) accusé d’exactions à l’encontre des populations noires dans son fief de Kidal (nord-est), où est présente l’armée française depuis fin janvier.

Mardi, l’armée malienne a annoncé faire route sur la ville, au risque d’une confrontation avec les rebelles touareg qui refusent l’autorité de Bamako, compromettant la tenue de la présidentielle du 28 juillet.

Et pour la première fois de son histoire, le Niger, pays frontalier du Mali, a été la cible le 23 mai de deux attentats-suicide, revendiqués par des jihadistes chassés du Mali par l’intervention française.

Déjeuner au sommet

La stabilisation du Sahel sera au centre d’un déjeuner entre François Hollande et ses partenaires africains à l’Elysée, avant la cérémonie à l’Unesco. « L’un des thèmes principaux de discussion sera la paix et la sécurité en Afrique, en particulier dans la zone sahélienne, dans la perspective du sommet sur l’Afrique organisé à Paris les 6 et 7 décembre », a-t-on indiqué à l’Elysée.

« Pour cette sécurité en Afrique, les chefs d’Etat parleront du renforcement de la coopération régionale, du contrôle des frontières ». « Ils évoqueront aussi la proposition de créer une force de réaction rapide africaine. Cette proposition, faite lors du dernier sommet de l’UA à Addis Abeba, mérite d’être soutenue par la communauté internationale », dit-on à l’Elysée.

Parmi les chefs d’Etat présents, le président ivoirien de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) Alassane Ouattara, le Tchadien Idriss Déby, dont les troupes ont combattu avec les forces françaises au Mali, mais aussi le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le Burkinabé Blaise Compaoré, médiateur auprès des Touareg.

Dans son discours à l’Unesco, le président français devrait de nouveau insister sur la nécessité pour les Africains de prendre en charge leur propre sécurité. François Hollande soulignera qu’il « n’y a pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement », selon son entourage.

Créé en 1989 par l’Unesco, le Prix Félix Houphouët-Boigny (du nom de l’ex ex-président ivoirien) pour la recherche de la paix est doté d’un prix de 150. 000 dollars. Le président Hollande le reversera à la branche malienne du Réseau Paix et Sécurité des femmmes de l’espace Cédéao (REPSECO) et à l’association Solidarité défense qui vient en aide aux soldats français blessés et aux familles endeuillées.

Par le passé, le Prix a notamment récompensé Nelson Mandela et Frederik De Klerk (1991), Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat (1994) et plus récemment l’organisation argentine « Les grands-mères de la place de mai » (2010).

Jeuneafrique.com avec AFP

Mali : au moins deux soldats tchadiens tués à Kidal après un nouvel attentat suicide

avril 12, 2013

Des militaires tchadiens dans le désert près de Tessalit, le 14 mars. Des militaires tchadiens dans le désert près de Tessalit, le 14 mars. © AFP

Vendredi 12 avril, au moins deux soldats tchadiens sont morts dans une nouvelle attaque suicide à Kidal, a appris l’AFP de sources sécuritaires concordantes.

C’est le troisième attentat suicide perpétré à Kidal depuis que la ville du nord-est du Mali a été libérée du joug des salafistes du groupe Ansar Eddine de Iyad Ag Ghali. Vendredi 12 avril, au moins deux soldats tchadiens sont morts dans une nouvelle attaque, a appris l’AFP de sources sécuritaires concordantes.

« Deux soldats tchadiens ont été tués dans un attentat vendredi à Kidal. Ce sont les jihadistes qui ont fait ça. Le bilan est encore provisoire », selon une source militaire malienne. Une source militaire tchadienne fait état de « trois soldats tchadiens tués et quatre autres blessés ». Elle précise que l’attentat s’est produit alors que les soldats faisaient leur course dans des boutiques qu’ils avaient l’habitude de fréquenter.

Le centre de la ville a été immédiatement bouclé.

Kidal a déjà été frappée par deux attentats suicide, les 21 et 26 février. Le premier avait visé des militaires français, tuant le kamikaze au volant de la voiture piégée sur le coup. Le second visait un point de contrôle tenu par la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dont sept membres avaient été tués.

Située à 1 500 km au nord-est de Bamako, Kidal abrite des bases des armées française et tchadienne qui en assurent la sécurité, la ville étant « gérée » par le MNLA qui s’est opposé à la présence de l’armée malienne dans cette zone.

Jeuneafrique.com avec AFP

Mali : un responsable d’Ansar Eddine arrêté dans la région de Kidal

février 4, 2013
Des véhicules supposés appartenir aux groupes armés islamistes. Des véhicules supposés appartenir aux groupes armés islamistes. © AFP

Le numéro trois et idéologue du groupe islamiste armé Ansar Eddine, Mohamed Moussa Ag Mouhamed, a été arrêté dimanche 3 février au nord de Kidal par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). La veille, l’aviation française a mené d’importantes frappes dans la région.

La région de Kidal, dans l’extrême nord-est du Mali, est au centre de toutes les attentions. Suspectée être le sanctuaire des groupes islamistes armés, elle a été intensément bombardé par l’aviation française dans la nuit de samedi à dimanche. Le lendemain, c’est dans cette même zone, proche de la frontière algérienne, qu’un haut responsable du mouvement Ansar Eddine, Mohamed Moussa Ag Mouhamed, un autre du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest), Oumeïni Ould Baba Akhmed, ont été arrêtés pas les Touaregs du MNLA.

Selon Paris, c’est également autour de Kidal, dans le massif des Ifoghas, que seraient détenus les sept otages français au Sahel. Évoquant leur sort samedi, François Hollande a jugé que « les ravisseurs doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages », ajoutant que les forces françaises au Mali en étaient désormais « tout près ».

Le président nigérien Mahamadou Issoufou a aussi jugé dimanche que les quatre otages français enlevés au Niger en septembre 2010 étaient « vivants » et qu’ils se trouvaient « probablement » dans le nord du Mali, « vers la frontière avec l’Algérie, dans les montagnes des Ifoghas ».

La zone de Tessalit, à 200 km au nord de Kidal, près de l’Algérie, a été la cible dans la nuit de samedi à dimanche « d’importantes frappes aériennes », selon le porte-parole de l’armée française, le colonel Thierry Burkhard. Il a précisé que ces bombardements visaient « des dépôts logistiques et des centres d’entraînement » des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda, un peu plus de trois semaines après le début de l’intervention militaire française.

« Tête pensante »

D’après des experts et des sources de sécurité régionales, c’est dans cette vaste zone de montagnes et de grottes autour de Kidal qu’une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés. Parmi eux se trouveraient l’Algérien Abou Zeïd, un des émirs les plus radicaux d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam), un ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal, qui connaît parfaitement la région.

Deux d’entre eux, Mohamed Moussa Ag Mouhamed, présenté comme le numéro trois et idéologue d’Ansar Eddine, et Oumeïni Ould Baba Akhmeda, responsable du Mujao, ont été arrêtés dimanche dans cette région par les hommes du MNLA. Selon un cadre du mouvement touareg, l’arrestation s’est produite après un accrochage entre le MNLA et un convoi de rebelles qui tentait de passer la frontière algérienne.

« Mohamed Moussa Ag Mouhamed, celui qui ordonnait de couper les mains (à Tombouctou), a été arrêté par un groupe armé. Il est conduit vers Kidal », a confirmé une source de sécurité malienne jointe depuis Gao (nord-est). « C’était l’idéologue d’Ansar Eddine à Tombouctou (nord-ouest), la tête pensante de l’organisation là-bas. Il a été arrêté à In Hallil, près de la frontière algérienne », a précisé Abdoulaye Touré, un fonctionnaire au gouvernorat de Kidal.

Charia

Kidal, à 1 500 km de Bamako, a longtemps été le bastion d’Ansar Eddine. Mais, avant même l’arrivée dans la nuit du 29 au 30 janvier de soldats français qui ont pris le contrôle de l’aéroport de la ville, elle était passée sous le contrôle du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA, groupe dissident d’Ansar Eddine) et du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touarègue).

Ces deux groupes ont affirmé soutenir l’entrée des soldats français à Kidal, mais refusent la présence de militaires maliens et ouest-africains, notamment par crainte d’exactions contre les membres des communautés arabe et touarègue de la ville, parfois assimilées aux groupes islamistes armés. Un petit contingent de soldats tchadiens (dont le pays ne fait pas partie de l’Afrique de l’Ouest) est aussi déployé à Kidal.

Mohammed Moussa, présenté par des habitants de Tombouctou comme un Touareg originaire de la région, a été décrit comme le responsable de la « police islamique » faisant régner la terreur, selon des témoignages recueillis dans cette ville par des journalistes de l’AFP. Aqmi et Ansar Eddine, qui ont occupé Tombouctou pendant dix mois, ont commis dans le Nord de très nombreuses exactions, au nom d’une interprétation rigoriste de la charia (loi islamique) : amputations, coups de fouets aux couples « illégitimes », aux fumeurs. Ils ont imposé le port du voile intégral aux femmes, interdit la mixité dans les écoles, le football, la danse, la musique et l’alcool.

Poursuite de l’engagement français

Ils ont également choqué le monde en détruisant à Tombouctou des mausolées de saints musulmans adulés par les populations locales, assimilant cette vénération à de « l’idolâtrie », mutilant cette ville qui fut capitale culturelle de l’islam en Afrique sub-saharienne et qui est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité. À Alger, le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci a estimé dimanche qu’en dépit du recul des islamistes, « les Maliens et ceux qui les aident » font encore face à des « problèmes » pour « rétablir la stabilité et la sécurité », sans réagir aux bombardements français dans la région de Kidal.

L’Algérie, qui partage près de 1 400 km de frontières terrestres avec le Mali, a toujours milité en faveur d’une solution politique pour régler le conflit dans ce pays, mais elle a autorisé le survol de son territoire par les avions militaires français engagés au Mali.

Samedi, le chef de l’État français – « Papa François Hollande », comme l’ont surnommé les habitants de Tombouctou, « frère de tous les Maliens », selon le président par intérim Dioncounda Traoré – a promis aux Maliens que la France n’avait pas encore « terminé sa mission » face aux « terroristes » et assuré que les soldats français seraient au côté des militaires maliens pour, « plus au Nord, finir cette opération ».

Jeuneafrique.com  avec AFP

Mali : la drôle de guerre

décembre 3, 2012
Mali : la drôle de guerre Mali : la drôle de guerre

À Mopti et à Sévaré, on est au plus près de la ligne de front du Nord-Mali. Les islamistes armés sont à moins de 200 km. Les militaires prétendent qu’ils sont prêts à se battre, mais refusent encore de voir que, seuls, ils ne peuvent rien ou presque… Reportage.

Assise derrière son comptoir, soeur Évangéline suit les instructions à la lettre. « D’où venez-vous ? Pourquoi êtes-vous là ? Vous restez combien de temps ? » Pour louer une chambre au Centre Jean Bosco de Sévaré, un hôtel appartenant au diocèse, il faut affronter le feu roulant des questions de sa gérante. L’oeil affûté, elle traque la moindre hésitation. « Nous sommes en zone de guerre, se justifie-t-elle. On nous a demandé d’être très vigilants. »

« On », ce sont les autorités administratives et militaires de la communauté urbaine de Mopti-Sévaré. La place forte, le dernier rempart contre les islamistes armés qui, depuis fin mars, contrôlent tout le nord du Mali. Avec sa garde nationale, son camp de l’armée de l’air et sa base de l’armée de terre, où est installé le poste de commandement opérationnel (PCO), Sévaré a des allures de ville-garnison.

Bamako, la capitale malienne, est à 600 km de là, mais moins de 200 km séparent Mopti et Sévaré (deux villes situées à une dizaine de kilomètres l’une de l’autre) de Douentza, première position occupée par des jihadistes. Au-delà de cette ligne, il n’y a plus ni administration ni service public. Peu ou pas de centres de santé. Aucun treillis arborant le vert, le jaune et le rouge – les couleurs du drapeau malien. De fait, à Douentza, on n’est plus au Mali, mais dans un territoire dirigé d’une main de fer par trois groupes jihadistes qui, en quelques mois, ont supplanté les rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Nul n’ose plus contester la suprématie d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et des combattants d’Ansar Eddine, emmenés par Iyad Ag Ghali. Femmes voilées, mains et pieds coupés, lapidations, coups de fouet pour les fumeurs ou les consommateurs d’alcool… Moins de 200 km séparent les habitants de la ville de l’horreur.

Check-points

À Mopti, les discussions en cours au Burkina Faso entre Ansar Eddine et le MNLA laissent indifférents. On se moque ici du fait que, le 16 novembre, les deux groupes rivaux se soient dits prêts à « un dialogue politique » avec Bamako. On fait peu de cas des tergiversations des politiciens sur la tenue d’une concertation nationale, censée ouvrir la voie à des élections. Les déclarations en provenance de Paris ou de New York ne sont répercutées que de loin en loin par les médias locaux. À Mopti, seule compte la proximité de la ligne de front, dont on est sûr qu’elle va bientôt bouger. Oumar Bathily, le maire de la ville, explique qu’il a « dû faire face à un afflux de réfugiés qui va sûrement augmenter dès la reprise des combats ». Près de 41 000 déplacés ont été recensés, et l’aide humanitaire peine à satisfaire tous les besoins.

À Sévaré comme à Mopti, des check-points permettent de filtrer les arrivées. Des soldats abrités sous des tentes ou à l’ombre des acacias surveillent mollement les allées et venues. Le dispositif n’est pas très convaincant, mais rassure – un peu – les populations. « Ici, vous êtes en sécurité, promet soeur Évangéline. L’armée contrôle tout, ils ont arrêté des gens… Vous le saviez ? »

Rares sont ceux qui sont ouvertement favorables au plan d’intervention de la Cedeao

La presse malienne et internationale avait largement relayé l’information : le 4 novembre, les gendarmes ont intercepté un apprenti jihadiste, un Français d’origine malienne, à la gare routière de Sévaré. Ibrahim Ouattara tentait de rallier Tombouctou à bord de l’un des rares cars bancals qui osent encore faire le trajet. Depuis, « tout le monde surveille tout le monde, observe Mamoudou Bocoum, journaliste à Radio Kaoural, la radio communale. Chacun de nous a des yeux derrière la tête. On n’a pas envie d’en voir débarquer d’autres ou même que des jihadistes s’infiltrent ici et commettent des attaques. »

Dans son bureau climatisé du gouvernorat de Mopti, Mamadou Gaoussou Traoré, conseiller aux affaires administratives et juridiques, n’en revient toujours pas : « Je ne comprends plus rien. Alors qu’on ne pense qu’à se débarrasser des jihadistes, il y a des jeunes, en France, qui cherchent à les rejoindre. C’est insensé ! Comment peut-on penser que ça [les exactions commises par les groupes armés, NDLR], c’est l’islam ? » peste-t-il, avant de vanter la tradition de tolérance qui caractérise sa région. « Mopti, cela veut dire « rassemblement » en peul. Nous avons toujours vécu ensemble. Nous devons combattre ceux qui veulent utiliser la religion pour cacher leurs trafics. »

Femmes s’entraînant au maniement des armes à Sévaré. Elles appartiennent à la Force de libération des régions Nord du Mali (FLN), une milice d’autodéfense qui prétend pouvoir se battre contre les jihadistes.

© Reuters

Hagards et poussiéreux

Est-ce une manière d’approuver le plan d’intervention proposé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et sur lequel doivent se prononcer les Nations unies ? Non. Rares sont ceux qui y sont ouvertement favorables. Les seuls habilités à mener les combats, explique-t-on à Mopti et à Sévaré, ce sont les militaires maliens. Même si on les a vus rentrer hagards et poussiéreux après la débâcle du mois de mars, quand les garnisons du Nord sont tombées les unes après les autres sous les assauts conjugués du MNLA et d’Ansar Eddine. « C’est une question d’honneur, martèle Moussa Maïga, un commerçant originaire de Gao réfugié à Mopti. L’armée malienne a perdu ces villes, c’est à elle de les reprendre ! » Lui n’a pas de mots assez durs pour parler de ces soldats qui « passent leur temps dans les maquis et qui, au moindre prétexte, se bagarrent avec des jeunes de la ville ». Au fil des mois, la cohabitation est devenue compliquée, et le commandant de région lui-même a dû intervenir pour ramener le calme.

Le colonel Didier Dacko, 45 ans, dirige le PCO de l’armée redéployé à Sévaré après la chute de Gao. Il fait partie de la première promotion du prytanée militaire de Kati – tout un symbole pour les Maliens qui vouent une admiration sans bornes aux porteurs d’uniforme de la première heure. Les éloges se succèdent lorsque l’on évoque le nom de ce Bobo originaire de San, dans la région de Ségou. Dans les états-majors de la sous-région, on le décrit comme un officier de grande valeur, qui a le sens de la patrie chevillé au corps. Ses hommes, eux, parlent d’un « officier exceptionnel » et « profondément meurtri par l’état de l’armée ». À Sévaré, un commandant affirme « l’avoir vu pleurer quand il a dû quitter Gao ». « Il était le dernier, se souvient-il. On a dû le forcer à partir. Aujourd’hui, il n’a qu’une envie : retourner au front. » Si intervention il devait y avoir, le colonel Dacko serait un des hommes clés du dispositif militaire. Il n’est pas rare de le voir sillonner la ville au volant de son pick-up.

En juin, il avait expliqué à Jeune Afrique qu’il n’avait « pas besoin des troupes de la Cedeao pour libérer [le Mali]. Un soutien aérien serait le bienvenu, mais nous pouvons nous en passer ». Aujourd’hui, s’il consent à nous recevoir tard le soir, entouré de ses plus proches collaborateurs, il refuse d’aborder les questions militaires. Un téléphone vissé à l’oreille, à l’affût de la moindre information en provenance du Nord comme du Sud, il fait valoir le devoir de réserve auquel il est astreint. Tout juste reconnaît-il ronger son frein en attendant les ordres qui l’enverront au-delà de Konna, un bourg situé à 70 km au nord de Mopti, où sont stationnés la plupart des militaires maliens. Combien sont-ils ? Quatre mille, cinq mille ? L’armée refuse de confirmer les chiffres les plus couramment avancés, mais à Bamako, une source militaire nous assure qu’ils sont « plus de deux mille ».

Pas de négociations avec les gens qui ont du sang sur les mains.

Fatoumata Siré Diakité, vice-présidente du Front du Refus

En attendant l’arrivée des instructeurs promis par l’Union européenne, 17 officiers français sont venus à Sévaré, le 15 novembre, pour tenter d’évaluer les besoins de l’armée malienne. « Nous avons besoin de formation en matière de guidage, explique un militaire sous le couvert de l’anonymat. En cas de tirs aériens, il faut des militaires qualifiés au sol pour donner des positions exactes aux pilotes d’avion. Pour le reste, nous pouvons former nos soldats : la majorité d’entre nous a fait ses classes aux États-Unis, en Algérie ou en Allemagne », ajoute-t-il convaincu.

Optimisme

Un optimisme un peu fou qui fait fi du rapport de forces, pour l’instant en faveur des groupes armés. Mais, à Bamako, la grande opération de « reconquête du Nord » a presque disparu des discours officiels. Le 18 novembre, le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a affirmé que « le dialogue [était] inévitable » et a souligné que les combattants du MNLA et d’Ansar Eddine étaient des Maliens – par opposition aux étrangers d’Aqmi, avec lesquels il n’y aurait pas de négociation possible.

Ces miliciens qui veulent libérer le Mali

Il n’y a pas que l’armée qui se prépare à affronter les islamistes qui contrôlent le nord du Mali. Nées au début des années 1990 pour se protéger des rezzous des rebelles touaregs, les milices d’autodéfense sont majoritairement composées de Songhaïs et de Peuls : Force patriotique de résistance (FPR), Boun Ba Hawi (« la mort vaut mieux que la honte »), Force de libération des régions Nord du Mali (FLN), Ganda Koy (« propriétaires terriens »), Ganda Izo (« les enfants du pays »)… Ces derniers se sont installés à Soufroulaye, petite commune située à une dizaine de kilomètres au sud de Sévaré. Pour Ibrahim Issa Diallo, leur chef, pas question d’attendre une hypothétique intervention internationale qui débuterait au mieux en 2013. « On ne peut pas toujours attendre, ce n’est pas possible ! s’emporte-t-il. Nous allons tenter quelque chose si ça continue de prendre du temps. » Muni de quelques carabines et de fusils (il refuse d’en préciser le nombre), Diallo est persuadé qu’il peut faire reculer les jihadistes avec ses 800 recrues. Oubliant un peu vite que certains de ces combattants sont soupçonnés d’accointances avec les islamistes. M.G.-B.

Le Front du refus (FDR, la coalition hostile au coup d’État du 21 mars) a manifesté son désaccord. « Pas question de négocier avec des gens qui ont le sang de Maliens sur les mains », a déclaré sa vice-présidente, Fatoumata Siré Diakité. Même chose pour Yèrè wolo ton, une association membre de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam, soutien de la junte) qui avait appelé à manifester le 22 novembre, réclamant la démission du Premier ministre. Pour eux comme pour beaucoup, il n’est pas envisageable de discuter avec ceux qui ont pris les armes. « Un groupe veut l’indépendance, l’autre l’application de la charia… Ni l’une ni l’autre ne sont possibles. De quoi peut-on discuter ? » s’emporte Ousmane Sylla, commerçant à Bamako.

Quant à l’intervention militaire, rien ne dit qu’elle pourrait débuter rapidement. Le 19 novembre, Romano Prodi, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon au Sahel, a affirmé que rien ne serait possible avant septembre 2013. Un audit de l’armée malienne, mené par des experts internationaux, vient à peine de commencer, et les 250 formateurs européens ne seront pas là avant la fin de l’année. Ils devront former quatre bataillons de soldats maliens (2 600 hommes) à l’École militaire interarmes (Emia) de Koulikoro, avant leur départ pour le front.

En attendant, la nuit tombe sur Sévaré. Huit militaires entassés dans un pick-up patrouillent à vitesse réduite. Au Fiesta Club, l’un des derniers « bars branchés » encore ouverts, on boit des bières, on danse, mais dans quelques heures la tension grimpera de nouveau. Ici, désormais, on se réveille au bruit des armes automatiques.

Jeuneafrique.com Par Malika Groga-Bada, envoyée spéciale