La compagnie nationale assurera 30 vols spéciaux Casablanca-Doha pour les supporters désirant assister à la demi-finale de la Coupe du Monde, le 14 décembre prochain. D’autres facilités de déplacement sont mises en place pour les fans déjà présents au Qatar.
Suite à la qualification du Maroc pour les demi-finales de la Coupe du monde, Royal Air Maroc (RAM) a annoncé la mobilisation d’environ 30 avions gros porteurs pour assurer le transport des supporters marocains. Ces vols spéciaux reliant Casablanca-Doha seront programmés les 13 et 14 décembre prochains pour le match opposant le Maroc à la France.
Même si la compagnie aérienne n’a pas encore dévoilé le nombre exact de billets mis en vente, plusieurs médias marocains parlent déjà d’environ 9000 billets. Les différents avions affrétés dans les opérations précédentes ont une capacité allant de 274 à 340 places.
« Tous derrière les Lions de l’Atlas »
Le dispositif aérien qui a été mis en place en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et des sports et la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) est exceptionnel. « De par notre mission de service public et dans le but de faire rayonner le Maroc et soutenir notre équipe nationale, Royal Air Maroc ne lésinera pas en moyens techniques et humains. Nous sommes tous derrière les Lions de l’Atlas », a d’ailleurs déclaré le président-directeur général de RAM, Abdelhamid Addou dans un communiqué officiel.
La commercialisation de ces billets au tarif spécial de 5 000 dirhams l’aller-retour (environ 450 euros), débute ce lundi 12 décembre. Elle se fera via le réseau officiel de RAM, auprès d’agences commerciales, centres d’appels et site officiel. Mais également au travers d’agences indépendantes de voyages.
En parallèle, la compagnie nationale a annoncé également qu’elle offrait des « facilités de déplacements » aux supporters de l’équipe nationale déjà présents au Qatar et ayant empruntés les vols de la compagnie. Ainsi, le communiqué de RAM informe du maintien des vols programmés dans la nuit du 10 au 11 décembre permettant aux supporters qui le souhaitent de rentrer au Maroc.
Modifications sans frais ni pénalité
Dans le cas où les supporters voudraient rester plus longtemps à Doha, RAM facilite le changement de leurs dates de retour. Toute modification sur les vols programmés les 19, 20 et 21 décembre se fera sans frais ni pénalité.
Pour rappel, un dispositif similaire avait été mis en place pour le match Maroc-Portugal en quarts de finale. Entre vendredi 9 décembre et samedi 10 décembre, 2 500 premiers billets avaient été mis en vente. Puis 1250 tickets supplémentaires, après que la plateforme informatique de RAM avait été prise d’assaut et que les bugs s’accumulaient.
Cette première opération commerciale, bien que présentée comme « réussie » par RAM, avait déçu beaucoup de supporters qui n’avaient pas réussi à réserver leurs billets, ni en ligne ni auprès d’une agence RAM. Cette fois, le nombre de vols mis à dispositions ainsi que l’implication des agences de voyages devraient permettre de satisfaire le plus grand nombre.
Des centaines de jeunes Congolais se sont portés volontaires pour s’enrôler dans l’armée et combattre les rebelles du M23 qui gagnent du terrain dans l’est de la RDC.
« Depuis ce matin (samedi), nous sommes au-delà de 800 jeunes garçons et filles qui ont répondu présents à l’appel du chef de l’État », a déclaré à l’AFP le colonel Ndakala Faustin, directeur chargé du recrutement au sein de l’armée dans la province du Nord-Kivu.
« Mobilisation générale »
L’officier confirmait une information partagée sur les réseaux sociaux avec des images montrant des centaines de jeunes rassemblés dans un centre de recrutement, en train de faire des exercices physiques.
« C’est une mobilisation générale de la jeunesse du Nord-Kivu », s’est-il félicité, indiquant que dans la partie nord de la province, « 2 018 jeunes » ont rejoint un camp de formation à Beni et « attendent leur enregistrement ». « Ceux qui seront aptes vont aller au centre d’instruction, s’il veulent devenir militaires, ils vont servir après l’agression (du M23), parce que je suis sûr que nous allons bouter l’ennemi dehors » d’ici-là, a-t-il ajouté.
Vives tensions entre la RDC et le Rwanda
La tension est vive entre Kinshasa et Kigali depuis la résurgence, fin 2021, du M23, une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en reprochant à la RDC de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation de ses combattants. Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, ce que le Rwanda conteste.
Après plusieurs semaines d’accalmie, le M23 est à l’offensive depuis le 20 octobre et a gagné du terrain tandis que les Forces armées congolaises (FARDC) tentent de lui barrer la route vers Goma, ville de plus d’un million d’habitants et chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Ce regain des tensions entre les deux pays des Grands Lacs inquiète la communauté internationale, qui a appelé à l’arrêt immédiat des combats et au retrait du M23 des zones occupées. Samedi, les ministres des Affaires étrangères de RDC et du Rwanda sont arrivés à la présidence angolaise pour une nouvelle médiation.
Dans une allocution télévisée, le président congolais a appelé ce jeudi 3 novembre la jeunesse de son pays à « s’organiser en groupes de vigilance » face au M23 qui, a-t-il réaffirmé, bénéficie de « l’appui du Rwanda ».
Dans un message à la nation diffusé par la télévision nationale, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a appelé ce jeudi soir « la jeunesse » de son pays à « s’organiser en groupes de vigilance » face à la rébellion du M23.
« La guerre qui nous est imposée […] exige des sacrifice », a-t-il déclaré, en appelant ses compatriotes à « taire [leurs] divergences » pour faire front. « La nation a besoin de l’engagement de toutes ses filles et de tous ses fils », a poursuivi le président.
« En réponse à la forte demande de la jeunesse, a-t-il continué, j’invite celle-ci à s’organiser en groupes de vigilance en vue d’appuyer, d’accompagner et de soutenir nos forces armées ». Il a aussi « renouvelé » son appel aux jeunes qui en ont la vocation « à s’enrôler massivement » dans l’armée.
Tension entre Kinshasa et Kigali
Le Rwanda a « des velléités expansionnistes, avec comme intérêt principal l’appropriation de nos minerais », a-t-il accusé lors de cette même allocution.
« Pour ce faire, il s’active à déstabiliser l’est du Congo pour créer une zone de non-droit en vue d’assouvir ses appétits criminels », a poursuivi le président, déplorant que les différentes initiatives diplomatiques engagées pour apaiser les tensions n’aient abouti à « aucun résultat tangible ».
La tension est particulièrement vive entre Kinshasa et Kigali depuis la résurgence, fin 2021, du M23 (Mouvement du 23 mars), qui a repris les armes en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation de ses combattants.
Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce que Kigali conteste en accusant en retour la RDC de collusion avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda. « Fallacieuse accusation », a martelé Félix Tshisekedi.
Ambassadeur expulsé
Il a cependant demandé aux Congolais de « ne pas céder aux propos xénophobes et autres discours de haine ou de stigmatisation des communautés rwandophones ».
Après plusieurs semaines d’accalmie, la rébellion du M23 est à l’offensive depuis le 20 octobre dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, où elle s’est emparée de plusieurs localités sur un axe routier stratégique desservant Goma.
Si Vladimir Poutine a annoncé que la mobilisation controversée tirait à sa fin, la peur et la méfiance se sont installées en Russie, au terme de 8 mois de guerre.
Une femme embrasse son mari qui vient d’être recruté à Omsk, en Russie. Photo : Reuters/Alexey Malgavko
Nos conversations sont courtes et simples, mais elles vont droit au but.
-Comment ça va en Russie?
-Normal…
-Vous avez peur?
-Oui.
-De quoi?
J’attends impatiemment la suite, mais elle n’arrive pas. Je regarde les trois petits points sur mon écran de téléphone qui indique qu’Andrei (nom fictif) avec qui je cause m’écrit encore, mais ça lui prend du temps pour formuler la réponse.
Quand elle apparaît enfin quelques minutes plus tard, ses mots me glacent le sang.
Mon ami s’est tué cette semaine pour ne pas aller à la guerre.
Il n’avait que 24 ans.
Un jeune homme qui vivait à Moscou. Il a mis fin à ses jours après avoir reçu sa convocation, m’écrit froidement Andrei. Cette convocation militaire l’aurait obligé à aller au front et à se battre contre les Ukrainiens.
Il y a des hommes russes qui se cassent une jambe ou un bras pour éviter d’être conscrits. D’autres se cachent et s’enfuient, mais ce jeune de 24 ans a choisi d’en finir pour de bon.
Pourquoi souffrir? Il savait comment ça finirait pour lui, ajoute Andrei, qui m’assure que son ami ne souffrait pas de dépression au préalable.
Il m’avoue pour la première fois (depuis que la guerre a commencé) que c’est la panique à Moscou, et ce, même si Vladimir Poutine assure que la mobilisation tire à sa fin et même si le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a renchéri cette semaine en assurant que plus un seul Moscovite ne sera conscrit.
Les Russes se doutent bien que cette mobilisation partielle n’est peut-être que le début d’une mobilisation plus vaste, sinon générale, et bien sûr Andrei, qui est plus vieux, a peur d’être le prochain.
Il est pourtant un vrai patriote avec qui j’ai souvent discuté de la Russie. Ce pays qu’il a toujours défendu avec passion se retourne contre lui, c’est du moins ce qu’il laisse entendre dans ses missives ces jours-ci.
-Pourquoi tu ne pars pas?
-Pour aller où? Et à quoi bon, tout le monde est contre nous.
Il ne veut même plus parler de Vladimir Poutine, qui était dans un passé pas si lointain toujours au cœur de nos échanges.
Ce n’est plus important, si je soutiens Poutine ou pas. On est tous dans le même bateau qui coule. Les sanctions ne sont plus contre lui, mais contre moi et mon fils. Si les bombes tombent, ce sera sur moi et mon fils aussi.
Il tient ce discours fataliste que j’ai souvent entendu en Russie. Ce qui doit arriver arrivera. Comme si être Russe était une sorte de condamnation.
Comme des millions de ses compatriotes, Andreï goûte finalement à cette guerre qui, depuis des mois, leur apparaissait si loin, et pour certains même nécessaire, comme le prétend le Kremlin.
Mais cette opération spéciale, comme on la leur a vendue, a fini par les rattraper et les arrache désormais de leur confort et de leur sécurité.
Des réservistes récemment mobilisés s’entraînent à Volgograd, en Russie. Photo : Reuters/Kirill Braga
Depuis l’annonce de la mobilisation partielle en septembre, des centaines de milliers d’hommes ont quitté la Russie pour trouver refuge dans les pays comme la Géorgie, l’Arménie, la Mongolie et le Kazakhstan.
Plusieurs hommes à qui nous avons parlé ont quitté leur famille, leurs enfants, et ont pris tout ce qu’ils avaient comme économies pour s’installer à l’étranger.
Une autre amie, Valeria (nom fictif), qui est encore en Russie avec son mari et ses enfants, m’écrivait pas plus tard que cette semaine : Elle est vraie cette guerre, on le comprend.
La dernière fois que j’ai vu Valeria en personne, c’était quelques semaines avant l’invasion au mois de février, alors que les troupes russes se massaient à la frontière de l’Ukraine.
Comme beaucoup d’autres, elle n’y croyait pas vraiment, à la possibilité d’une guerre. Même quand les bombes ont commencé à pleuvoir sur l’Ukraine, elle doutait de l’étendue des dégâts. On ne sait pas vraiment ce qui se passe, me disait-elle, toujours craintive de critiquer le régime, surtout devant une journaliste étrangère. Elle s’en tenait à des généralités pour exprimer son désarroi.
Aujourd’hui, elle m’écrit que la guerre est vraie et douloureuse, parce qu’elle risque de lui prendre son mari, et le père de ses enfants.
Il préfère aller en prison que d’aller à la guerre, il nous a prévenus, m’écrit-elle.
Elle m’explique qu’il limite ses déplacements en ville de peur d’être arrêté à la sortie de la maison ou devant une bouche de métro par les recruteurs de l’armée.
Un nouveau panneau publicitaire fait la promotion de l’armée à Moscou. Photo : Reuters/Evegenia Novozhenina
L’armée mandate désormais des hommes et des femmes à l’échelle du pays qui vont de porte en porte pour livrer les avis de convocation en personne aux futurs combattants.
Parfois, ce sont des enseignants ou des policiers locaux qui distribuent les avis, m’explique une amie journaliste russe qui prépare un documentaire sur la guerre telle que la vit son peuple. Dans le déni ou dans la peur.
Sur 20 appartements, il n’y en a qu’un seul où quelqu’un répond à la porte, me dit-elle, les hommes se cachent.
Elle vit en banlieue de Moscou et passe aussi des heures à filmer devant les bureaux de recrutement du ministère de la Défense. Les réservistes qui s’y présentent, papiers en main, n’ont souvent aucune espèce d’idée de la mission qu’on leur confie de force, ne serait-ce qu’ils s’en vont remplir les rangs d’une armée de terre qui est en déroute.
Devant un bureau de l’armée à Strogino, un jeune venu s’enrôler lui a dit qu’il a répondu à l’appel parce qu’il est endetté et qu’on lui a promis un congé sur les paiements de ses prêts bancaires.
Des hommes récemment mobilisés quittent leur famille à Moscou. Le maire a annoncé que la mobilisation est terminée pour le moment dans la capitale. Photo : Reuters/Fournie à Reuters
Puis elle me raconte l’histoire de Vlad et Katia, un couple dans la vingtaine qu’elle vient de filmer, et qui a dépensé 100 000 roubles (environ 2000 $) pour équiper Vlad d’un sac de couchage et de l’équipement nécessaire pour survivre au combat.
Les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux montrent des recrues qui se plaignent des conditions dans lesquelles ils sont envoyés à la guerre, sans nourriture ni médicaments. Beaucoup affirment avoir de la fièvre après avoir passé des jours sous la pluie.
Katia a supplié Vlad de se cacher, mais raconte qu’il n’a pas pu échapper à la mobilisation. Il ne sait pas où on l’emmène et combien de temps il aura pour s’entraîner avant d’être officiellement déployé au front.
Katia pleure alors qu’elle s’apprête à lui dire au revoir.
Ils savent tous les deux que sur des milliers de conscrits déjà envoyés à la guerre, des dizaines sont déjà revenus en Russie dans des cercueils.
Vlad et ses nouveaux compagnons d’armes qui se préparent à monter dans un autobus bleu ont eu droit à un sermon sur l’importance de cette guerre pour vaincre les nazis en Ukraine ainsi que pour préserver les valeurs conservatrices.
Puis un prêtre les a aspergés d’eau bénite. Et ils sont partis.
Un prêtre bénit des réservistes à Bataysk, en Russie. Photo : Reuters/Sergey Pivarov
Si la promesse du maire de Moscou est tenue, ces bureaux de recrutement seront fermés sous peu dans la capitale, si ce n’est pas déjà le cas.
Pavel Slinkov-Albul et sa femme attendent le traitement de leur demande de visa d’études par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada depuis plus de six mois. Photo : Fournie par Pavel Slinkov-Albul
Les longs délais dans le traitement des demandes d’immigration au Canada font craindre le pire à certains Russes qui cherchent à fuir la mobilisation militaire dans leur pays. Pendant que les convocations se multiplient partout en Russie, des hommes dont le dossier est en traitement depuis parfois plus d’un an craignent d’être forcés d’aller combattre en Ukraine.
Pavel Slinkov-Albul se souvient très bien du jour où Vladimir Poutine a annoncé la mobilisation de centaines de milliers de réservistes russes. Le père de famille de 35 ans venait de partir en voyage d’affaires. Dès que son avion a atterri, les messages textes ont commencé à retentir sur l’écran de son téléphone.
Même s’il y avait déjà des rumeurs concernant la mobilisation, nous étions tous sous le choc, se rappelle-t-il.
Le 21 septembre, le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé une mobilisation partielle visant 300 000 jeunes réservistes pour combattre en Ukraine. Selon le média indépendant russophone Meduza, les autorités russes envisagent plutôt de conscrire 1,2 million de personnes.
Depuis, des centaines de milliers de personnes ont fui vers des pays voisins, comme la Géorgie, l’Arménie ou encore le Kazakhstan. Contrairement à elles, Pavel Slinkov-Albul, lui, n’a pas les moyens de quitter son pays et son emploi.
Un jeune homme fuit la Russie pour la Géorgie. Photo : Radio-Canada/Dimitri Bitsuleiman
Depuis l’annonce de la mobilisation, il vit donc dans la crainte de recevoir une convocation de l’armée. Il n’est pas un réserviste et n’a pas d’expérience militaire, mais il soutient que personne n’est à l’abri. Les autorités russes ont d’ailleurs admis, cette semaine, que de nombreux hommes censés être exemptés ont été convoqués.
J’ai peur pour mon avenir. J’ai peur d’aller en prison et que l’État détruise ma vie, raconte l’homme, qui affirme être prêt à aller en prison pour éviter d’être envoyé en Ukraine.
Son seul espoir est l’obtention de son visa d’études canadien, qu’il attend depuis le début du mois de février. Il a communiqué avec le gouvernement canadien, mais ignore toujours quand le traitement de son dossier sera réglé.
« J’ai très peu d’espoir. »— Une citation de Pavel Slinkov-Albul
Pas un cas isolé
L’avocat spécialisé en immigration Lev Abramovich, de Toronto, dit avoir été contacté par de nombreux Russes dans la situation de Pavel Slinkov-Albul depuis le début du conflit.
Certains de ses clients attendent depuis plus d’un an. C’est le cas de Mariia, une ingénieure qui vit à Moscou. Elle a soumis une demande de visa d’études pour faire son doctorat à l’Université McMaster, à Hamilton, en Ontario, en septembre 2021. Son conjoint, lui, espère obtenir un permis de travail pour l’accompagner.
C’est injuste parce que nous souffrons aussi en raison de cette situation. Nous ne voulons pas être des réfugiés. Nous voulons contribuer [à la société canadienne], mais nous ne pouvons pas le faire parce que notre dossier est en attente, déplore-t-elle.
La jeune femme assure que son conjoint et elle feront tout pour éviter l’armée.
J’étais très jeune à l’époque, mais j’ai vu les soldats revenir d’Afghanistan. Ces gens souffrent toute leur vie, dit Mariia, qui craint que son conjoint subisse le même sort.
Dans une déclaration par courriel, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) explique que bon nombre des perturbations engendrées par la pandémie de COVID‑19 ont été résolues, mais que l’agence est toujours aux prises avec de multiples défis.
Cela s’est traduit par une importante accumulation de demandes à traiter au cours des 18 premiers mois de la pandémie et par une augmentation des délais de traitement, affirme l’agent en communications d’IRCC Jeffrey MacDonald.
Il ajoute qu’IRCC doit répondre à un nombre record de demandes de visa de résidence temporaire. Par exemple, l’agence dit avoir traité près de 560 000 demandes initiales de permis d’études en 2021, ce qui représente une hausse de 31 % par rapport au record établi en 2019.
Selon Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, le traitement complet de la plupart des demandes de visa d’études pour les citoyens russes est de 13 semaines, contre 15 pour un visa de travail.
Un système archaïque
Lev Abramovich affirme quant à lui que les retards d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada datent d’avant la pandémie.
Il qualifie le fonctionnement de l’agence fédérale d’archaïque et soutient qu’elle doit être réformée et faire preuve de plus de transparence.
IRCC s’appuie sur des consulats pour faire le travail dont le niveau de compétence et la capacité opérationnelle varient, explique l’avocat, en ajoutant que les délais de traitement des dossiers varient d’un consulat à un autre.
Il souligne que les demandes de visa des citoyens russes sont pour leur part gérées au bureau de Varsovie, qui priorise actuellement les dossiers des réfugiés ukrainiens.
C’est tout à fait normal, mais les dossiers des citoyens russes devraient être transférés ailleurs.
Des parents et des connaissances de réservistes russes pleurent le départ de leurs proches dans la ville de Volzhsky, dans la région de Volgograd, en Russie, à la suite de la mobilisation partielle ordonnée par Vladimir Poutine. Photo : Reuters/Stringer
« La situation est extrêmement urgente. »— Une citation de Lev Abramovich, avocat spécialisé en immigration
Il ajoute que ceux qui ont trouvé refuge dans des pays voisins, comme la Turquie, l’Arménie ou encore la Géorgie, ont souvent des statuts temporaires qui les rendent vulnérables.
De la chair à canon
Réfugié en Géorgie avec sa femme et son fils depuis février, Anton Chernyshev a récemment appris que les autorités russes se sont déjà présentées à son ancienne adresse pour le conscrire.
Mais pour lui, qui a fait son service militaire obligatoire, retourner dans l’armée russe est impensable.
Il s’inquiète du sort des nouvelles recrues sur le champ de bataille et craint les sévices qu’elles pourraient subir aux mains de leurs frères d’armes.
Anton Chernyshev a trouvé refuge en Géorgie avec sa famille. Il craint d’être contraint à aller se battre en Ukraine s’il retourne dans son pays. Photo : Radio-Canada/Fournie par Anton Chernyshev
« Ils vont être considérés comme de la viande fraîche, littéralement. »— Une citation de Anton Chernyshev
Le père de famille fait référence à la dedovshchina, une forme de bizutage institutionnalisé extrêmement brutal, qui s’accompagne généralement de sévices physiques et psychologiques et dont sont souvent victimes les nouvelles recrues.
Lorsque les soldats qui se battent déjà là-bas vont les voir arriver, ils vont leur faire subir toute leur colère et les choses terribles dont ils ont été témoins, déplore le trentenaire.
L’armée ne s’est pas modernisée. Elle demeure très semblable à ce qu’elle était au temps de l’Union soviétique. [Les nouvelles recrues] vont être utilisées comme de la chair à canon. Je doute qu’elles reçoivent une quelconque formation militaire, surtout celles qui n’ont pas d’expérience, ajoute le journaliste russe Yevgeny Kiselyov.
Anton Chernyshev espère que sa demande de visa en tant que travailleur spécialisé sera acceptée par le Canada, mais il attend déjà depuis plus d’un an et demi.
J’ai réalisé que, dans mon pays, je ne suis pas vu comme une personne, mais comme une chose qu’on peut envoyer à la guerre pour assouvir les ambitions de quelqu’un, dit-il.
Le président russe, Vladimir Poutine, veut mobiliser 300 000 hommes pour reprendre l’avantage face aux forces ukrainiennes. Photo: AP
Les autorités russes ont promis de réparer les « erreurs » commises dans le cadre de la mobilisation décrétée par le président, Vladimir Poutine, après la convocation de personnes censées être exemptées qui a suscité un tollé.
En annonçant mercredi cette mobilisation partielle des réservistes pour aller en Ukraine, M. Poutine avait souligné que seules les personnes ayant une expérience militaire ou des compétences pertinentes seraient appelées.
Mais plusieurs cas de personnes ayant dépassé l’âge de combattre, malades ou exemptées pour d’autres raisons, ont provoqué des réactions indignées sur les réseaux sociaux, suscitant l’embarras et l’inquiétude des autorités.
Dans la région de Volgograd, c’est un militaire à la retraite de 63 ans, souffrant d’un diabète lourd et de problèmes cérébraux, qui a été renvoyé du centre d’entraînement où il avait été convoqué, selon les autorités.
Dans la même région, le directeur d’une petite école rurale, Alexandre Faltine, âgé de 58 ans, a reçu un ordre de mobilisation alors qu’il n’avait pas servi dans l’armée. Après la publication d’une vidéo de sa fille sur les réseaux sociaux, où elle a été très partagée, il a pu rentrer chez lui.
Le remplacement du général d’armée Dmitri Boulgakov par le colonel général Mikhaïl Mizintsev a lieu au moment où l’offensive en Ukraine montre des difficultés en matière d’organisation. Photo : AP/ Alexander Zemlianichenko
Dans une admission inhabituelle de dysfonctionnements, la présidente de la chambre haute du Parlement, Valentina Matvienko, a sèchement réprimandé les autorités régionales, qui supervisent la mobilisation.
Des cas impropres de mobilisation […] suscitent des discussions animées dans la société et sur les réseaux sociaux, a-t-elle déploré dans un communiqué publié sur Telegram.
Certains jugent, semble-t-il, qu’il est plus important de présenter leur rapport rapidement que de remplir correctement une mission importante pour l’État. De tels excès sont absolument inacceptables, a-t-elle ajouté.
« Faites en sorte que la mobilisation partielle soit faite dans le respect total des critères annoncés. Et sans commettre une seule erreur! »— Une citation de Valentina Matvienko, présidente de la chambre haute du Parlement
Des difficultés d’organisation régulières
Ces dérives sont un nouvel exemple des difficultés d’organisation qui accompagnent depuis le début l’offensive de la Russie contre l’Ukraine.
Samedi, le ministère de la Défense a annoncé le remplacement du plus haut gradé chargé des questions logistiques par le général Mikhaïl Mizintsev, un poids lourd de l’état-major.
Même si les autorités présentent la mobilisation de personnes censées être exemptées comme des cas isolés, leurs déclarations expriment une forme d’inquiétude face à la réaction indignée d’une partie de la population.
Samedi, le président du Conseil des droits de l’homme auprès du Kremlin, Valéri Fadeïev, a exhorté le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, à résoudre de façon urgente les problèmes constatés depuis le début de la mobilisation afin de ne pas saper la confiance de la population.
Des policiers russes arrêtent un manifestant pendant un rassemblement à Moscou contre la mobilisation des réservistes ordonnée par le président Vladimir Poutine. Photo: AFP via Getty Images
Il a cité en exemples les 70 pères de familles nombreuses mobilisés dans la république russe de Bouriatie, en Sibérie orientale, ainsi que des infirmières et des sages-femmes sans aucune expérience militaire de la région de Sverdlovsk (Oural) convoquées sous la menace de poursuites judiciaires en cas de refus.
M. Fadeïev a aussi critiqué ceux qui remettent les ordres de mobilisation à deux heures du matin, comme s’ils nous prenaient tous pour des [déserteurs]. Cette méthode crée du mécontentement, a-t-il mis en garde.
Les gouverneurs chargés de rectifier le tir
Face à cette situation, les gouverneurs des régions de Vladimir, près de Moscou, et de Leningrad (nord-ouest) ont promis que les personnes mobilisées par erreur rentreraient chez elles.
Le gouverneur de Leningrad, Alexandre Drozdenko, a demandé dimanche aux chefs des districts de sa région de prendre personnellement en main les requêtes des habitants et de s’occuper de chaque dossier.
Plusieurs étudiants ont aussi affirmé avoir été convoqués alors que les autorités avaient promis qu’ils seraient dispensés.
Samedi soir, M. Poutine a signé un décret prévoyant une exemption pour ceux qui étudient dans des universités ou des écoles de formation professionnelle de l’État.
Une autre situation controversée concerne le cas de manifestants contre l’offensive en Ukraine qui ont reçu un ordre de mobilisation pendant leur garde à vue. Là, le Kremlin a indiqué qu’il ne voyait rien d’illégal.
La nomination du colonel général Mikhaïl Mizintsev aux commandes de la logistique a lieu au moment où l’offensive en Ukraine montre des difficultés en matière d’organisation. Photo: AP/Alexander Zemlianichenko
La Russie a annoncé samedi le remplacement de son plus haut gradé chargé de la logistique, à l’aube d’une vaste campagne de mobilisation et alors que l’offensive en Ukraine montre des difficultés en matière d’organisation.
Le général d’armée Dmitri Boulgakov a été relevé de ses fonctions de vice-ministre de la Défense de la Fédération de Russie en raison de son transfert vers un autre poste, a déclaré le ministère de la Défense dans un communiqué, sans donner de précisions.
Il a été remplacé par le colonel général Mikhaïl Mizintsev, qui dirigeait jusque-là le Centre de contrôle de la défense nationale, et sera désormais le vice-ministre de la Défense responsable du ravitaillement matériel et technique des forces armées, selon la même source.
Âgé de 60 ans, Mikhaïl Mizintsev a occupé de nombreux postes à responsabilité au sein de l’état-major au cours de sa longue carrière militaire.
Il est visé par des sanctions occidentales pour son rôle dans le siège de Marioupol, une ville portuaire du sud-est de l’Ukraine conquise en mai par les forces russes au prix d’importantes destructions.
Ce changement au sein de l’état-major intervient alors que le président Vladimir Poutine a annoncé cette semaine la mobilisation de centaines de milliers de Russes pour donner un nouvel élan à son offensive en Ukraine.
Cette mobilisation représente un important défi organisationnel, nécessitant de convoquer des réservistes aux quatre coins d’un territoire immense, les équiper, les acheminer vers des centres d’entraînement, puis au front.
Or l’intervention militaire en Ukraine a mis en lumière d’importantes difficultés en matière de logistique, les analystes mettant en avant ces carences comme l’une des raisons expliquant les difficultés rencontrées par les troupes russes dès le début de l’offensive.
Peines plus lourdes pour refus de combattre
Le président russe, Vladimir Poutine, a signé samedi des amendements prévoyant jusqu’à 10 ans de prison pour les militaires qui se rendent ou refusent de combattre en période de mobilisation, comme c’est le cas actuellement.
Ces amendements au Code pénal, qui avaient été votés par le Parlement cette semaine, ont été publiés sur le portail juridique du gouvernement et sont donc entrés en vigueur.
Ils prévoient notamment des peines allant jusqu’à 10 ans de prison pour les soldats qui désertent, se rendent sans autorisation à l’ennemi, refusent de combattre ou désobéissent aux ordres en période de mobilisation.
Des policiers russes détiennent une manifestante pendant un rassemblement à Moscou contre la mobilisation des réservistes ordonnée par le président, Vladimir Poutine. Photo : Reuters/ Reuters Photographer
Les actes de pillage sont également passibles de peines allant jusqu’à 15 ans de prison.
Ces changements législatifs interviennent alors que la Russie a décrété cette semaine une mobilisation partielle des réservistes pour combattre en Ukraine, où les forces de Moscou ont essuyé des revers ces dernières semaines.
Cet ordre de mobilisation, qui concerne selon les autorités 300 000 personnes, a suscité l’inquiétude de nombreux Russes, certains choisissant de quitter le pays.
Des membres d’une unité des forces spéciales de l’armée russe. Photo: AP
Faciliter l’accès à la nationalité russe
Au moment où Moscou cherche par tous les moyens à recruter plus d’hommes pour aller au front en Ukraine, M. Poutine a également signé samedi une loi qui facilite l’accès à la nationalité russe pour les étrangers s’engageant dans l’armée.
Selon cette loi, elle aussi publiée sur le portail juridique du gouvernement, les étrangers qui rejoignent l’armée pour une durée d’au moins un an pourront demander la nationalité, sans avoir à justifier des cinq ans de résidence sur le territoire russe normalement requis.
Cette mesure semble s’adresser en premier lieu aux immigrés issus des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale, qui occupent dans les grandes agglomérations, comme Moscou, les métiers les plus pénibles.
Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a d’ailleurs annoncé mardi l’ouverture prochaine d’un bureau de recrutement au sein même du tentaculaire centre administratif de Sakharovo, lieu de passage obligatoire pour les migrants.
Avant même la signature de la loi par M. Poutine, le Kirghizstan et l’Ouzbékistan avaient appelé cette semaine leurs ressortissants à ne prendre part à aucun conflit.
Au douzième jour de la mobilisation indigène dans la rue, le gouvernement équatorien a accusé vendredi les manifestants de ne vouloir « que la violence », tandis que le leader du mouvement a appelé à sa poursuite « indéfinie ».
« Ils ne veulent pas dialoguer. (…) Ils ne veulent pas la paix. Jusqu’à présent, la seule chose qu’ils ont montrée, c’est qu’ils veulent la violence », a déclaré le ministre des Affaires gouvernementales, Francisco Jimenez, sur une radio locale.
Le ministre s’exprimait au lendemain d’une tentative d’invasion du Parlement, signe d’un durcissement des manifestations qui ont fait un total de six morts, selon un dernier bilan.
Trois personnes ont péri au cours des dernières 24 heures, selon l’Alliance des organisations de défense des droits humains, qui avait fait état de trois premiers décès survenus entre lundi et mercredi.
Jeudi, la police avait évacué en signe de bonne volonté, « dans l’intérêt du dialogue et de la paix », un centre culturel, lieu de rencontre des indigènes dans la capitale.
« Nous avons cédé (…) dans le but de rétablir la paix dans la ville et dans le pays. Cependant, c’est le contraire qui s’est produit. Ils en ont profité pour générer plus de désordre », a déploré M. Jimenez.
« C’est une mobilisation indéfinie jusqu’à ce que nous ayons les résultats » escomptés, a déclaré de son côté à l’AFP le leader du mouvement, Leonidas Iza, chef de la Confédération des nationalités indigènes d’Equateur (Conaie).
« Nous ne pouvons plus retenir la colère du peuple. L’indignation échappe à notre contrôle et au contrôle de nos organisations », a-t-il affirmé, jugeant que les indigènes « se sont sentis trompés » par des mois des discussions sans résultat avec le gouvernement sur la hausse du coût de la vie.
« Carabines »
Plusieurs contre-manifestations avec des drapeaux blancs et appelant à la fin des violences ont été signalées jeudi dans la capitale de trois millions d’habitants.
L’armée a de son côté indiqué que des soldats qui assuraient la sécurité d’un convoi routier ont été « agressés par un groupe violent » jeudi à Caspigasí, en banlieue de Quito, et que 17 militaires ont été gravement blessés.
Le commandant de la première division de l’armée, Ewdin Adatty, a dénoncé des faits d’une « extrême violence », avec trois véhicules incendiés par des « délinquants armés », certains avec « des carabines et même d’autres types d’armes ».
L’objectif de ce convoi, venu du nord-ouest de Quito, « était de permettre le flux logistique de plus de 1.000 camions qui sont bloqués sur cette route », ce qui affecte sérieusement l’approvisionnement de la capitale, a expliqué l’officier supérieur, alors que certains quartiers commencent à souffrir de pénuries.
L’attaque du Parlement a également été marquée par un niveau élevé de violences, avec canon à eau, grenades lacrymogène et assourdissantes en riposte aux jets de pierres, tirs de mortiers feux d’artifice et cocktails molotov des protestataires.
La crise a fait 92 blessés selon l’Alliance des organisations de défense des droits humains. La police a de son côté annoncé que 169 de ses membres avaient été blessés, et 121 personnes arrêtées, tandis que cinq stations de police ont été détruites ainsi qu’une vingtaine de véhicules.
Lors des manifestations de 2019, des manifestants avaient pris d’assaut le siège du gouvernement et brièvement envahi le Parlement, incendié le bâtiment de l’Inspection des finances et attaqué les locaux de deux médias. Les indigènes avaient alors rejeté la responsabilité sur des « infiltrés ».
Près de 14.000 manifestants sont mobilisés dans tout le pays pour protester contre la hausse du coût de la vie et exiger notamment une baisse des prix des carburants d’après la police, qui estime leur nombre à près de 10.000 dans la capitale Quito.
« Les petits producteurs sont en mauvaise posture, les pris sont élevés, nous nous battons pour survivre », criait Carlos Pilla, un indigène originaire de Tungurahua (sud). « Si nous avons une réponse positive aujourd’hui, nous partirons aujourd’hui même, en paix et la tête haute ».
Le gouvernement assure que les demandes des manifestants, juste sur les carburants, coûteraient à l’Etat plus d’un milliard de dollars par an.
Pour compliquer la donne, et d’éventuelles discussions, le chef de l’Etat Guillermo Lasso, diagnostiqué positif au Covid-19, est depuis mercredi contraint à l’isolement.
Le président conservateur au pouvoir depuis un an, voit dans cette révolte une tentative de le renverser. Entre 1997 et 2005, trois présidents équatoriens ont dû quitter le pouvoir sous la pression des autochtones.
Il peut toutefois compter sur le soutien des militaires qui ont mis en garde les manifestants, les accusant de représenter un « grave danger » pour la démocratie.
Après l’Algérie et le Sénégal, la Côte d’Ivoire légifère pour contenir l’inflation, qui frappe l’ensemble de la région.
Le 4 mars, au journal télévisé de 20h, sur la chaîne publique nationale, Souleymane Diarrassouba, le ministre ivoirien du Commerce et de l’Industrie, a annoncé qu’une série de mesures allaient être mises en œuvre pour faire face à une inflation alimentaire galopante.
Entre janvier et mars 2022, les prix des produits pétroliers, notamment ceux du gasoil, seront partiellement subventionnés grâce à une enveloppe budgétaire de 55 milliards de F CFA (83,8 millions d’euros). S’agissant des produits alimentaires, un plafonnement des prix s’appliquera durant une période de trois mois sur l’huile de palme raffinée, le sucre, le lait, le riz, le concentré de tomate, la viande de bœuf et les pâtes. La liste des produits de grande consommation et des services dont les prix sont réglementés sera élargie.
L’impact du conflit en Ukraine
Le gouvernement ivoirien souhaite également contrôler davantage l’évolution des prix lorsque celle-ci dépend de décisions locales et non des fluctuations des cours sur les marchés internationaux.
Pour y parvenir, et durant les six mois précédant toute augmentation du prix des denrées de grande consommation, une « information préalable » sera communiquée, suivie d’une « concertation ». Par ailleurs, pour favoriser le marché intérieur, les exportations de produits vivriers de grande consommation (banane plantain, manioc, igname…) seront soumises à autorisation.
Les acteurs du secteur vivrier bénéficieront, pour leur part, d’une allocation. La population sera tenue au courant du démantèlement des barrages routiers illégaux. Enfin, le gouvernement consentira des efforts supplémentaires pour informer les consommateurs de l’évolution des cours des produits et des intrants sur le marché international.
Pour un même produit, indique le ministère du Commerce et de l’Industrie, l’inflation varie en amplitude d’une région à une autre. Ce phénomène serait dû à « une combinaison de facteurs endogènes et exogènes ». En raison de la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie, le prix du pétrole a fortement augmenté. Ce lundi 7 mars, le baril de Brent a crû de 17,8%, pour atteindre 139,13 dollars, du jamais-vu depuis la crise de 2008, année de son record historique à 147,50 dollars. Le coût du transport maritime s’est lui aussi envolé, les tarifs du fret étant en forte augmentation.
Sur le plan intérieur, une faible pluviosité a « entraîné une perturbation du calendrier agricole », ce qui a abouti à « une insuffisance de l’offre de produits vivriers locaux ».
Mieux qu’au Mali ou au Bénin
L’inflation qui sévit en Côte d’Ivoire frappe également, à des niveaux variables, la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. Dans un bulletin publié au début de mars, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) souligne que la rapidité de la hausse des prix dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) est principalement liée aux produits alimentaires.
Si l’on considère que ce taux est passé de 6% en décembre 2021 à 6,5% en janvier 2022 dans l’Uemoa, la Côte d’Ivoire est plutôt épargnée (5,6%) par rapport à ses voisins tels que le Mali (8,7%), le Bénin (7,9%) et le Togo (7,5%). Les cours mondiaux des principaux produits alimentaires atteignent quant à eux des sommets, comme ceux de l’huile, dont le taux atteint 54% en glissement annuel
Pour contenir la poussée inflationniste sur les biens alimentaires de grande consommation, l’Algérie et le Sénégal ont eux aussi annoncé l’adoption de mesures. Lors d’un Conseil des ministres, Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, a décidé de geler des taxes sur certains produits alimentaires, qui figurent dans la loi de finances 2022. Au Sénégal, 50 milliards de F CFA (76,2 millions d’euros) ont été mobilisés pour subventionner les producteurs locaux de riz. Une baisse de 100 F CFA (0,15 euro) sur le prix de l’huile, de 25 F CFA sur le kilo de riz « brisé non parfumé » et de 25 F CFA sur celui du sucre a été annoncée.
Nadia serrait contre elle sa petite-fille, au poste de frontière avec la Pologne. Photo : Radio-Canada/Frédéric Tremblay
Québec annonce un investissement de 5,7 millions de dollars pour mieux répondre au besoin de familles immigrantes. On veut leur offrir un meilleur accès à tous les services.
Une annonce qui tombe à point alors que la province pourrait accueillir sous peu de nombreux Ukrainiens.
Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et aussi ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet veut que son gouvernement prenne le relais du gouvernement fédéral dans le processus d’immigration. De l’Ukraine au Québec, c’est Ottawa qui prend en charge les visas, l’ambassade, le transport. Mais quand elles arrivent au Québec, c’est là qu’on prend en charge, dit-il.
Les organismes communautaires, les coopératives de services, les villes et MRC, tout le monde sera mis à contribution afin d’offrir un maximum de services aux migrants ukrainiens qui réussiront à fuir la guerre.
« On va évaluer leur besoin pour obtenir permis de conduire, des cours de français, inscrire leur enfant à l’école. On va s’assurer de les faire bénéficier du service québécois d’assurance maladie; des services de garderie et autres. »— Une citation de Jean Boulet, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration et aussi ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale
Selon le ministre, 42 500 personnes d’origine ukrainienne résident actuellement au Québec. Un programme spécial sera mis en place afin que les membres de leur famille puissent venir les rejoindre. Il explique que leur situation exceptionnelle fera en sorte que leur dossier sera traité en priorité.
Une situation exceptionnelle déjà vécue à Trois-Rivières
À Trois-Rivières, le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) est déjà mobilisé. En 2016, l’équipe a facilité l’arrivée d’une vingtaine de familles en Mauricie comme l’expliquait le directeur général Ivan Suaza : C’était une des premières villes, Trois-Rivières, qui était prête à recevoir les Syriens dans le temps. Alors, ce n’est pas une situation que nous ne connaissons pas. On connaît déjà la situation d’urgence.
« On a une bonne équipe de bénévoles, d’intervenants. J’ai déjà commencé à chercher des gens qui parlent russe un peu partout pour se préparer. »— Une citation de Ivan Suaza, directeur général du SANA
Même si le temps presse, Ivan Suaza rappelle qu’il faut bien faire les choses : Il faut préparer les gens. Votre famille va aller à tel endroit, tout le monde va y aller. C’est dur quand on sépare les familles.
Tout comme le gouvernement fédéral, celui de Québec n’a pas l’intention d’imposer de limite. Le ministre Boulet n’anticipe pas une arrivée massive : On anticipe qu’on sera capable de respecter notre capacité d’accueil, d’intégration et de francisation. Si ça va au-delà de cette capacité-là, on aura à évaluer si on ajoute des ressources et des budgets additionnels.