L’annonce faite par le gouvernement Legault la semaine dernière de la création des Espaces bleus, ces nouvelles institutions muséales consacrées à la culture québécoise, a suscité plusieurs interrogations tant dans le public que chez les intervenants du monde muséal en région. La plus importante est sans doute de savoir à quel endroit le ministère de la Culture et des Communications va établir l’antenne mauricienne de ce réseau.

© Stéphane Lessard Le Monastère des Ursulines fait l’objet de beaucoup d’attention maintenant qu’on sait que le gouvernement veut établir de nouvelles institutions muséales, les Espaces bleus, dans chacune des régions de la province.
Sur les ondes de l’émission Toujours le matin sur Ici Première vendredi dernier, la ministre des Communications et de la Culture Nathalie Roy a indiqué que le gouvernement compte choisir des bâtiments qui sont significatifs dans chaque région pour y installer les nouveaux établissements.
Si elle a affirmé que le choix en Mauricie n’avait pas été fait, l’endroit qui semble retenir l’attention est le Monastère des Ursulines, un immeuble patrimonial hautement symbolique. Les dernières religieuses qui y habitaient l’ont quitté définitivement il y a deux ans, mais l’endroit abrite toujours le Musée des Ursulines ainsi que la chapelle.
Ce qui est certain, c’est que la Ville de Trois-Rivières est très intéressée à conserver et à mettre en valeur ce bâtiment. «Il ne fait aucun doute que pour la Ville, c’est un bâtiment d’une valeur exceptionnelle et on souhaite ardemment sa préservation ainsi que sa mise en valeur, d’indiquer Guillaume Cholette Jeanson, porte-parole de la Ville. Des gens travaillent présentement sur le dossier et plein de pistes sont explorées. Si le gouvernement voulait l’utiliser pour installer un Espace bleu, ce serait une excellente solution pour non seulement maintenir ces bâtiments, mais leur donner une fonction qui demeurerait dans la lignée d’une des vocations des Ursulines : l’éducation.»
Si, pendant un moment, IDÉ Trois-Rivières a été mêlé au dossier, son directeur général Mario de Tilly a indiqué au Nouvelliste que le dossier ne relève plus de l’organisme qu’il dirige. «On va conserver au bâtiment une vocation qui touche aux secteurs correspondants à la mission des Ursulines, soit la santé et l’éducation. En ce qui nous concerne, notre mandat concerne l’industriel et l’innovation technologique. On a été mêlé aux discussions alors qu’on cherchait à quoi il pourrait être utilisé, mais désormais, ça relève de la direction de l’urbanisme.»
À l’heure actuelle, le Monastère appartient toujours aux Ursulines et son sort relève de la maison mère à Québec où il est sous la responsabilité de Soeur Cécile Dionne. «C’est certain que nous sommes un peu préoccupées par ce dossier compte tenu que les résidentes ont quitté le bâtiment il y a maintenant deux ans, a-t-elle fait savoir en entrevue. En attendant de lui trouver une nouvelle vocation, nous en assurons l’entretien.»
«Vous comprendrez qu’un dossier de cette importance fait l’objet de beaucoup de discussions sérieuses avec toutes sortes d’intervenants et ce, depuis plusieurs années. Même bien avant que les dernières résidentes l’aient quitté. C’est un dossier très complexe pour toutes sortes de raisons. Pour l’instant, aucune décision n’a été prise quant à son avenir. Il va sans dire que dès que nous arriverons à une conclusion, les religieuses en seront les premières informées et par la suite, il nous fera grand plaisir de l’annoncer publiquement.»
«Je suis une personne très optimiste de nature et je n’ai pas de doute que nous allons en arriver à une solution qui sera satisfaisante pour tout le monde. Nous savons que la Ville de Trois-Rivières tient beaucoup à ce précieux bâtiment, mais il reste à savoir comment arriver à le conserver et le mettre en valeur en respectant la valeur historique.»
«Pour ce qui est d’une transformation en un Espace bleu, je ne suis nullement informée des secrets du gouvernement. Pour ma part, je me dis que le bâtiment est patrimonial, qu’il est situé sur un site patrimonial reconnu, le vieux Trois-Rivières, alors, il me semble que si un espace mérite d’être mis en valeur par le projet des Espaces bleus, ce serait bien celui-là.»
Par ailleurs, deux institutions muséales trifluviennes pourraient être touchées directement par l’établissement de l’Espace bleu mauricien : le Musée POP, qui s’attache à la promotion de la culture populaire québécoise et le Musée des Ursulines logé dans le Monastère de la congrégation religieuse. Au Musée POP, la directrice générale Valérie Therrien voit comme une bonne nouvelle la venue éventuelle d’un Espace bleu. «Je n’ai aucun détail autre que ce qui a été annoncé en conférence de presse, mais je ne crois pas du tout que ça puisse empiéter sur notre mission.»
«Il faut regarder la chose dans son ensemble et voir que ça va faire l’objet d’une collaboration avec les institutions existantes. Il y a là une volonté de mettre en valeur la culture du Québec et de la région. Le gouvernement semble bien aligné dans ses intentions. On veut que, grâce à ça, il y ait un plus grand accès à la culture et je pense que ça ne peut être que bénéfique.»
«Plus les gens vont être fiers de leur culture, plus ils vont vouloir la connaître et ça va avoir des retombées positives pour nous aussi. Rien de cela ne verra le jour à court terme dans la région mais je vois ce projet comme quelque chose de très positif.»
Au Musée des Ursulines, la directrice générale Josée Grandmont voit aussi la chose d’un bon œil. «Quand on entend ce qu’en dit le gouvernement, on comprend que le Monastère pourrait être considéré au même titre que d’autres endroits parce qu’il répond assurément aux critères présentés. Pour moi, ce ne serait pas une mauvaise nouvelle parce que selon ce qu’on nous dit, ça s’inscrira comme un complément à ce qui existe déjà. On va y parler de l’histoire de la région alors que nous, nous fouillons davantage celle des Ursulines. Il me semble qu’on pourra être pour les Espaces bleus un complément très intéressant.
Avec François Houde – Le Nouvelliste