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Le Burkina Faso expulse des journalistes du « Monde » et de « Libération »

avril 2, 2023

Cinq jours après avoir suspendu France 24, le gouvernement du capitaine Traoré a expulsé samedi soir les correspondantes de deux grands quotidiens français, « Le Monde » et « Libération », nouveau signe de la dégradation de la liberté de la presse et des relations avec la France.

Le capitaine Ibrahim Traoré assiste à la cérémonie du 35e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara à Ouagadougou, le 15 octobre 2022. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Le Monde et Libération ont annoncé dimanche matin l’expulsion de leurs journalistes par le Burkina Faso en dénonçant une mesure « inacceptable » et « arbitraire ». Sophie Douce du Monde et Agnès Faivre de Libération sont arrivées dimanche matin à Paris. Leur expulsion a eu lieu cinq jours après la suspension de la chaîne de télévision France 24 et quatre mois après celle de Radio France internationale (RFI). Seuls des médias français ont pour l’instant été ainsi sanctionnés par les autorités burkinabè.

Selon Libération, « Agnès Faivre et Sophie Douce sont des journalistes d’une parfaite intégrité, qui travaillaient au Burkina Faso en toute légalité, avec des visas et des accréditations valables délivrées par le gouvernement burkinabè ». « Nous protestons vigoureusement contre ces expulsions absolument injustifiées et l’interdiction faite à nos journalistes de travailler en toute indépendance« , ajoute le journal, pour qui ces expulsions confirment « que la liberté de la presse au Burkina Faso est lourdement menacée ».

Le Monde, pour sa part, « condamne avec la plus grande fermeté cette décision arbitraire », en soulignant que « Sophie Douce, comme sa consœur, exerce pour Le Monde Afrique un journalisme indépendant, à l’écart de toute pression ». Le directeur du journal, Jérôme Fenoglio, « demande aux autorités locales de revenir au plus vite sur ces décisions et de rétablir sans délai les conditions d’une information indépendante dans le pays ».

24 heures pour partir

Les deux journalistes avaient été convoquées vendredi à Ouagadougou à la sûreté nationale et ont ensuite reçu l’ordre de quitter le Burkina Faso dans les 24 heures. Avant son départ, Agnès Faivre avait déclaré que cet ordre lui avait été notifié « oralement ». « J’ai également été convoquée hier [vendredi] à la direction de la sûreté de l’État. Puis un officier est venu ce matin [samedi] à mon domicile me notifier verbalement que j’ai 24 heures pour quitter le territoire. Aucune notification écrite, ni motif. J’ai du mal à comprendre et à réaliser », avait pour sa part dit Sophie Douce.

Les autorités burkinabè n’avaient, dimanche matin, fait aucune déclaration sur le sujet. Ces expulsions surviennent quelques jours après la publication par Libération, le 27 mars, d’une enquête sur « une vidéo montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat » dans le nord du Burkina. Cette enquête « avait évidemment fortement déplu à la junte au pouvoir au Burkina Faso », souligne le quotidien.

« Le gouvernement condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l’image du pays », avait écrit le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouedraogo, après la publication de cette enquête, assurant que l’armée agit « dans le strict respect du droit international humanitaire ».

France 24, RFI…

Depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, les relations avec Paris se sont dégradées, Ouagadougou ayant réclamé et obtenu le départ de l’ambassadeur de France et des 400 soldats français des forces spéciales basés dans le pays. Début mars, le Burkina a en outre dénoncé un accord d’assistance militaire signé en 1961 avec la France.

Le lundi 27 mars, le gouvernement de transition a coupé la diffusion de France 24 sur son territoire à la suite du décryptage d’un entretien du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), quatre mois après avoir également suspendu la diffusion de RFI. Jean-Emmanuel Ouedraogo avait indiqué que ces deux médias étaient accusés d’avoir « ouvert leurs antennes à des leaders terroristes pour qu’ils propagent l’idéologie du terrorisme, de la violence, de la division ».

Le secrétaire général de Reporters sans frontière (RSF), Christophe Deloire, a dénoncé cette double expulsion « arbitraire, scandaleuse, indigne, qui n’est même pas notifiée par écrit publiquement ». « Après le renvoi d’ambassadeur, on est dans une logique du renvoi de journalistes comme s’ils étaient une variable d’ajustement des tensions diplomatiques : c’est absurde », a-t-il ajouté, affirmant que « le régime veut camoufler ses exactions ».

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Crise dans les urgences : manque-t-il d’infirmières partout dans le monde?

janvier 22, 2023
Des infirmiers sont dans le couloir d'un hôpital.

Pour palier le manque de personnel, les gestionnaires des hôpitaux utilisent régulièrement le temps supplémentaire obligatoire, imposant des quarts parfois très longs aux employés. Photo : Radio-Canada/Evan Mitsui

« Il manque d’infirmières partout dans le monde », a déclaré le premier ministre du Québec, François Legault, mercredi dernier, alors que son gouvernement devait répondre, une fois de plus, à la question du manque de personnel dans les hôpitaux de la province. Mais est-ce vraiment le cas? Et si oui, existe-t-il des solutions à cette pénurie?

Il manque effectivement d’infirmières dans les autres provinces et territoires du Canada, et dans plusieurs pays d’Europe qui, contrairement à certains systèmes comme celui exclusivement privé des États-Unis, peuvent être comparables au Québec en ce sens qu’ils gèrent également des réseaux de santé publics.

Selon Pascal Garel, de la Fédération européenne des hôpitaux qui représente les réseaux d’une trentaine de pays, c’est un problème partout, que ce soit en Grèce, où on a une infirmière pour un médecin, ou en Irlande, où on a cinq infirmières pour un médecin.

La situation est assez proche chez vous et chez nous, en Europe. On a un vieillissement de la population [et] on a reçu la triple claque cet hiver – la pandémie, la grippe et la bronchiolite – qui a touché nos enfants. Ça a fait exploser la situation dans certains pays.

Et là aussi, en plus de l’augmentation de la clientèle, les conditions de travail liées à la surcharge poussent de nombreuses infirmières à quitter le réseau de la santé et à changer de carrière. Il y a une pression insupportable et encore plus quand on a vécu la COVID. On a beaucoup donné et on a le sentiment de ne rien voir venir en termes de salaire et de conditions de travail, explique Pascal Garel, en entrevue à l’émission Les faits d’abord, sur les ondes d’ICI Première.

Mais alors, quand François Legault dit qu’on va essayer avec l’immigration et la requalification, est-ce une solution réaliste pour renflouer les rangs des infirmières du Québec?

Non, parce que tout le monde joue à la même chose, lance sans hésitation Sylvain Brousseau, président de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada.

« Toutes les provinces canadiennes essayent d’aller piocher des infirmières chez leurs voisins et, au niveau international, tous les pays riches essayent d’aller piocher des infirmières dans les pays où les conditions sont moins bonnes. »— Une citation de  Sylvain Brousseau, président de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada

On a essayé [en Europe] et ça n’a pas marché, ajoute Pascal Garel, qui souligne d’ailleurs que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande des pratiques éthiques en matière de recrutement international pour éviter de piller les professionnels se trouvant dans des pays pauvres, qui ont déjà besoin de ce personnel médical.

Le nerf de la guerre : les conditions de travail

Sylvain Brousseau compare le problème à une baignoire qui fuit : il faut arrêter de tenter d’y remettre de l’eau, mais plutôt s’attaquer à pourquoi elle fuit.

D’ailleurs, comment se fait-il qu’on parle de pénurie d’infirmières au Québec, alors que 80 000 membres sont inscrits à l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), soit un nombre environ 10 % plus élevé que dans les dernières années?

Quand on parle de la pénurie d’infirmières, on parle de pénurie dans un secteur en particulier, répond Damien Contandriopoulos, professeur en soins infirmiers à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique. Ce n’est pas que les infirmières ont disparu, c’est que les infirmières, comme professionnelles assez qualifiées, sont capables de choisir les milieux de travail qui sont les moins pires.

« Et en ce moment, le milieu qui est le pire, c’est le milieu hospitalier. […] C’est une pénurie concentrée. Ce n’est pas que les infirmières ne sont pas là, c’est que les infirmières ont la possibilité d’aller travailler dans des milieux qui ne les rendent pas folles ni malades. »— Une citation de  Damien Contandriopoulos, professeur en soins infirmiers à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique

Ces infirmières vont donc dans les agences privées ou dans toutes sortes de secteurs dans la santé ou la parasanté avec de meilleures conditions de travail.

Et c’est là, selon les trois intervenants, le nerf de la guerre : les conditions de travail, dont le temps supplémentaire obligatoire (TSO).

Lorsqu’on travaille dans un milieu où on perçoit constamment de la toxicité, de la violence, du racisme, ce n’est pas tenable, lance Sylvain Brousseau. Lorsqu’on demande constamment à une infirmière de rester 22, 23, 24 heures, ce n’est pas tenable. Et il en va de la qualité des soins : lorsqu’elles terminent leur quart de travail, elles se remettent en question parce qu’elles sont constamment sous pression. Ce n’est pas tenable.

C’est un problème de gestion catastrophique, généralisé et autorenforçant, précise Damien Contandriopoulos. Quand on est un hôpital avec des conditions de travail pourries, c’est un petit milieu, tout le monde le sait. Donc, les infirmières ne veulent pas y aller et le problème fait juste se renforcer.

« Il faut que les employeurs dans les hôpitaux deviennent des employeurs de choix. Ça veut dire des salaires compétitifs, des conditions de travail décentes et que les gens puissent exercer complètement leurs compétences. Ce qui n’est pas le cas présentement. »— Une citation de  Sylvain Brousseau, président de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada

Le plus décourageant selon Damien Contandriopoulos? Je commente ce sujet-là depuis 15 ans maintenant et rien ne bouge. […] Les pistes d’action qui sont mises de l’avant par le gouvernement sont généralement unidirectionnelles – c’est juste de l’argent – et trop timides.

Il y a une panoplie de solutions qui existent depuis très longtemps, on les mentionne depuis une quinzaine d’années, ajoute Sylvain Brousseau, qui suggère aux provinces canadiennes de consulter le document préparé par la Fédération canadienne des syndicats infirmiers en 2022, Soutenir les soins infirmiers au Canada.

Avec Radio-Canada par Anaïs Brasier

Bernard Arnault est brièvement redevenu l’homme le plus riche du monde

décembre 8, 2022

Le chef d’entreprise français et sa famille se sont hissés en haut du classement des plus grandes fortunes mondiales de « Forbes », dépassant Elon Musk.

La fortune du patron de LVMH est estimee a plus de 185 milliards de dollars.
La fortune du patron de LVMH est estimée à plus de 185 milliards de dollars.© ERIC PIERMONT / AFP

Bernard Arnault et sa famille ont furtivement retrouvé le haut du classement. Après plusieurs mois en seconde position, derrière Elon Musk, le patron du groupe de luxe LVMH est redevenu, mercredi 7 décembre, la personnalité la plus riche du monde avec une fortune estimée à 185,1 milliards de dollars, détrônant un temps l’Américain Elon Musk, patron de Tesla, SpaceX et Twitter.

L’homme d’affaires français de 73 ans et sa famille ont figuré un moment en tête de ce classement réalisé en temps réel et disponible en ligne, en raison d’un effritement de la fortune de Elon Musk, du fait notamment d’un net recul de l’action Tesla mercredi à la Bourse de New York. Mais vers 17 h 30 GMT, Elon Musk – avec sa fortune de 184,9 milliards de dollars – est repassé devant Bernard Arnault (184,7 milliards). L’homme d’affaires indien Gautam Adani (134,8 milliards), à la tête d’un conglomérat, figurait à la 3e place, tandis que Jeff Bezos (111,3 milliards), fondateur d’Amazon, était à la 4e place.

Bernard Arnault avait déjà occupé la première place de ce classement pendant quelques heures en mai 2021. Elon Musk, dont la fortune dépend de l’évolution de l’action de Tesla, a lui été récemment au cœur de multiples polémiques depuis qu’il a racheté le réseau social Twitter.

Par Le Point avec AFP

La démocratie poursuit son recul dans le monde

novembre 29, 2022
Des manifestantes dans les rues de Tunis portent des pancartes sur lesquelles est écrit : la démocratie trahie

Des milliers de manifestants se sont rassemblés à Tunis pour exprimer leurs craintes quant à l’indépendance du système judiciaire, le 13 février 2022, après la dissolution par le président Saïed du Conseil supérieur de la magistrature. Photo : AP/Hessene Dridi

Près de la moitié des démocraties du monde sont en déclin, alors que les régimes autoritaires sont chaque fois plus répressifs, selon l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA), basé à Stockholm.

Dans son plus récent rapport, IDEA évalue que sur les 104 démocraties du monde, 48 sont en contraction, puisqu’elles ont enregistré des reculs sur plusieurs aspects. Seules 14 sont en expansion, c’est-à-dire qu’on y a enregistré des améliorations relativement aux indicateurs clés.

C’est une tendance lourde que l’organisation constate depuis plusieurs années.

Partout dans le monde, même dans les démocraties performantes où l’on n’observe pas nécessairement de recul, il y a une stagnation très claire, note Seema Shah, coauteure et éditrice du rapport.

« Au niveau mondial, au cours des deux dernières décennies, nous n’avons vu aucune innovation ou croissance significative de la démocratisation. »— Une citation de  Seema Shah, coauteure et éditrice du rapport « L’état global de la démocratie 2022 »

Au cours des cinq dernières années, le nombre de pays en forte érosion démocratique a atteint un sommet. Entre 2016 et 2021, le nombre de pays évoluant vers l’autoritarisme représentait plus du double du nombre de ceux évoluant vers la démocratie.

Ce qui est encore plus inquiétant, le soutien aux valeurs autoritaires est en augmentation un peu partout dans le monde, remarque Mme Shah. L’Enquête mondiale sur les valeurs (World Values Survey), citée dans le rapport, montre que le nombre de personnes appuyant un leader fort qui ne s’embarrasse pas d’un Parlement et d’élections est en augmentation. En 2009, 38 % des personnes interrogées trouvaient que c’était une bonne chose, et elles étaient 52 % en 2021.

En 2021, les sept pays ayant connu le plus fort recul démocratique étaient le Brésil, le Salvador, la Hongrie, la Pologne, l’Inde, l’île Maurice et les États-Unis.

Différences régionales

L’année dernière, deux pays, le Myanmar et la Tunisie, sont sortis de la liste des démocraties, tandis que 52 pays ont subi une érosion d’au moins un de leurs attributs démocratiques.

Les États-Unis, pourtant une démocratie bien établie, sont aux prises avec la polarisation politique, un dysfonctionnement des institutions et des menaces aux libertés civiles. L’érosion de la démocratie y est amorcée depuis plusieurs années, souligne IDEA.

Les Amériques demeurent la deuxième région la plus démocratique du monde, malgré les reculs et même si une nouvelle autocratie s’est ajoutée cette année : Haïti.

En Europe, la démocratie est toujours la forme dominante de gouvernement, mais sa qualité a stagné ou s’est détériorée dans plusieurs pays. Dans 17 pays, qui représentent 43 % des démocraties européennes, la démocratie s’est dégradée au cours des cinq dernières années. C’est en Pologne et en Hongrie que le repli a été le plus important.

La Russie, pour sa part, a basculé dans la catégorie des régimes autoritaires, rejoignant ainsi la Biélorussie et l’Azerbaïdjan.

Pour être classé comme une démocratie, un pays doit obtenir un résultat d’au moins 0,4 sur une liste d’indicateurs, tels que le respect des droits fondamentaux, l’existence d’un gouvernement représentatif et d‘une administration impartiale, la participation politique et le contrôle effectif du pouvoir exécutif. Il doit également avoir des élections compétitives. Un régime hybride combine l’autoritarisme et la démocratie. Les régimes autoritaires incluent les régimes militaires, les monarchies, les systèmes à parti unique et les États faillis, entre autres.

La démocratie recule également dans la région de l’Asie-Pacifique, tandis que l’autoritarisme s’y solidifie. Même des démocraties établies comme l’Australie, le Japon et Taïwan se dégradent.

Dans la région, c’est le coup d’État au Myanmar qui a représenté le recul le plus important pour la démocratie.

Le Moyen-Orient demeure la région la plus autoritaire du monde, avec seulement trois démocraties, l’Irak, Israël et le Liban.

Dans cette même région, la Tunisie a enregistré un important recul en 2021, lorsque le président Kaïs Saïed a gelé les activités du Parlement puis suspendu la Constitution. Une nouvelle Constitution, qui renforce nettement les pouvoirs du chef de l’État, a depuis été adoptée.

Des gens souriants tiennent une pancarte d'Adama Barrow.

Des partisans du président sortant de la Gambie, Adama Barrow, attendent de connaître les résultats de la première élection présidentielle depuis la démission de l’ancien dictateur Yahya Jammeh, à Banjul, le 5 novembre 2021. Photo : Getty Images/John Wessels

Cela dit, la résilience de l’Afrique demeure une des bonnes nouvelles de l’année. Plusieurs États, dont la Gambie, le Niger et la Zambie, ont vu des améliorations démocratiques marquées.

La Gambie est d’ailleurs un des succès de l’année 2021. Le pays s’est démocratisé à une vitesse fulgurante depuis la chute du régime de Yaya Jammeh en 2016, précise Seema Shah.

C’est sur ces succès qu’il faut miser, remarque Mme Shah, qui refuse de sombrer dans le pessimisme.

« La beauté de la démocratie est qu’elle est conçue pour s’autocorriger. Il y a beaucoup de possibilités de renverser la tendance. »— Une citation de  Seema Shah, coauteure et éditrice du rapport « L’état global de la démocratie 2022 »

Partout dans le monde, souligne-t-elle, des gens font pression pour obtenir une refonte du contrat social. Cela peut prendre la forme d’organisations en marge des partis politiques traditionnels, que ce soit des assemblées de citoyens, des manifestations pour le climat ou des demandes pour une nouvelle Constitution, comme au Chili.

Fondamentalement, les termes de l’accord entre le peuple et leur gouvernement doivent changer pour refléter la réalité et les exigences d’aujourd’hui, observe Mme Shah.

Le rapport rappelle également que l’avancée vers la démocratie n’est pas nécessairement linéaire et que divers dénouements politiques sont possibles.

Avec Radio-Canada par Ximena Sampson

FMI : le monde est au bord de la récession 

octobre 11, 2022

L’inflation et la guerre en Ukraine déstabilisent de nombreuses économies à travers le globe, alerte le Fonds monétaire international.

Kristalina Georgieva a ete nommee a la tete du Fonds monetaire international le 1?? octobre 2019.
Kristalina Georgieva a été nommée à la tête du Fonds monétaire international le 1ᵉʳ octobre 2019.© DREW ANGERER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

L’économie mondiale, secouée par des chocs à répétition depuis un an, se rapproche un peu plus de la récession, qui risque de toucher plusieurs pays avancés en 2023, a prévenu mardi le FMI à l’occasion de la publication de son rapport d’automne sur l’économie. Certes, le Fonds monétaire international (FMI) a maintenu à 3,2 % sa prévision de croissance pour 2022, déjà révisée trois fois cette année, mais il a abaissé de nouveau celle attendue pour 2023, cette fois à 2,7 %, soit 0,2 point de moins que la précédente révision au mois de juillet.

« À l’exception de la crise financière de 2008 et de la phase aigüe de la pandémie, il s’agit de la plus faible croissance attendue depuis 2001 et elle reflète le ralentissement des principales économies », États-UnisEurope et Chine pour différentes raisons, précise l’institution. Car l’économie mondiale, qui se remettait doucement des effets de la pandémie et restait confrontée à des problèmes de logistique dans de nombreux secteurs, fait désormais face à un enchaînement de chocs inhabituel.

Une inflation persistante

« Les chocs de cette année vont renforcer les conséquences de la pandémie qui n’étaient qu’en partie rattrapées. En résumé, le pire est à venir et pour beaucoup de gens, 2023 ressemblera à de la récession », a déclaré le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, dans un communiqué. Au centre des difficultés, une inflation persistante, touchant les économies avancées mais, plus encore, les pays émergents et en développement, et qui devrait atteindre 8,8 % en moyenne au niveau mondial cette année (+ 0,5 point par rapport aux prévisions de juillet). Une note positive cependant : l’inflation mondiale devrait avoir atteint son pic au troisième trimestre (9,5 %) et commencer à refluer dès le dernier trimestre 2022, poursuivant cette tendance l’année prochaine, pour revenir au dernier trimestre 2023 à un niveau comparable à l’inflation de 2021 (4,7 %).

Le ralentissement économique va cependant toucher l’ensemble des États les plus riches, à commencer par les États-Unis : la croissance y a été révisée à tout juste 1,6 % en 2022, contre 2,3 % attendus en juillet. 2023 pourrait être plus difficile encore, le Fonds tablant sur tout juste 1 %. Et la situation n’est guère meilleure dans la zone euro : certes, la croissance devrait atteindre 3,1 % en 2022, mieux qu’attendu en juillet (+ 0,5 point), mais la zone devrait frôler la récession en 2023, à 0,5 % de croissance (- 0,7 point par rapport aux prévisions de juillet). Et pour certains États membres, l’Allemagne et l’Italie, la récession semble inévitable l’an prochain (respectivement – 0,3 % et – 0,2 %), alors que la France peut espérer rester au-dessus de la ligne de flottaison, avec une croissance de 0,7 %. Tout comme, hors UE, le Royaume-Uni, à 0,3 %.

Les pays émergents résistent mieux

La Chine, deuxième puissance économique mondiale, devrait de son côté connaître en 2022 sa pire année depuis plus de 40 ans, si l’on excepte la pandémie en 2020, avec une croissance attendue de tout juste 3,2 %, avant de repartir légèrement en 2023 (4,4 %). En cause, les confinements à répétition causés par la politique de tolérance zéro vis-à-vis du Covid-19 qui ont touché plusieurs villes du pays, à commencer par son pôle économique, Shanghai, fermé pendant plus d’un mois. La Russie, dont l’économie subit de plein fouet les sanctions mises en place notamment par les États-Unis et l’Union européenne, connaîtra une récession cette année, mais la situation devrait être moins marquée qu’envisagé au début de l’été. Le FMI y anticipe désormais une contraction de 3,4 % pour 2022, mais c’est 2,6 points de mieux que les prévisions faites en juillet dernier. La Russie devrait cependant être la seule économie du G20, qui se réunira mercredi à Washington, à connaître la récession cette année.

Dans un contexte mondial morose, la région Amérique latine et Caraïbes voit quant à elle ses prévisions s’améliorer, avec une croissance désormais attendue à 3,5 % (+ 0,5 point) cette année, même si ses deux principales économies, le Brésil et le Mexique, auront une croissance moins marquée que la moyenne de la région. L’avenir reste néanmoins incertain, souligne le Fonds, qui reconnaît que ses prévisions, en particulier pour 2023, ne sont valables que « si les anticipations d’inflation restent stables et que le resserrement monétaire n’entraîne ni récession généralisée ni ajustement désordonné des marchés financiers ». D’autant que l’effet de 2022 se fera sentir sur le long terme. Lors d’un discours prononcé jeudi, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, avait souligné que « d’ici à 2026, cela représentera une perte de 4 000 milliards de dollars pour l’économie mondiale, soit la taille de l’économie allemande ».

Par Le Point avec AFP

Le monde unanime dans ses hommages à la reine Élisabeth II

septembre 8, 2022
La reine Élisabeth II.

La reine Élisabeth II Photo : Getty Images/Dan Kitwood

Le monde s’est associé jeudi au deuil des Britanniques après la mort d’Élisabeth II, « une reine de cœur » dont « la dignité » et « le sens du devoir inaltérable » ont suscité une pluie d’hommages unanimes.

Adressant leurs pensées à la famille royale et à son peuple, chefs d’État ou de gouvernement se sont dits personnellement affectés par le décès de la souveraine, qui, en 70 ans de règne, a rencontré quasiment tous les grands responsables de la planète.

Minute de silence à l’ONU; drapeaux en berne sur le Capitole, mais aussi dans le sultanat d’Oman; jours de deuil au Brésil ou en Jordanie : les marques de respect se sont multipliées aux quatre coins du globe.

Le drapeau des États-Unis en berne.

Le drapeau des États-Unis est mis en berne à la Maison-Blanche après le décès de la reine Élisabeth II. Photo : Reuters/Evelyn Hockstein

Joe Biden a salué une femme d’État d’une dignité et d’une constance incomparables. Élisabeth II était plus qu’une monarque. Elle incarnait une époque, a ajouté le président américain, qui l’avait vue pour la dernière fois en juin 2021.

Son règne est défini par la grâce, l’élégance et un sens du devoir inaltérable, a renchéri Barack Obama.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui aussi noté la grâce, la dignité et le dévouement d’Élisabeth II.

« Il n’y a pas de mots pour rendre hommage, même partiellement, à l’importance primordiale de cette reine, à son sens du devoir, à son intégrité morale, à son dévouement et à sa dignité. »— Une citation de  Angela Merkel, ancienne chancelière allemande

La mort d’Élisabeth II a mis d’accord même les pires ennemis

Pendant de nombreuses décennies, Élisabeth II jouissait à juste titre de l’amour et du respect de ses sujets, ainsi que d’une autorité sur la scène mondiale, a commenté le président russe Vladimir Poutine.

Faisant part de sa profonde tristesse, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déploré une perte irréparable.

Aux États-Unis, l’ancien président républicain Donald Trump a abondé dans le sens des démocrates Joe Biden et Barack Obama, louant une souveraine qui laisse, selon lui, un extraordinaire héritage de paix et de prospérité.

Je garde le souvenir d’une amie de la France, une reine de cœur qui a marqué à jamais son pays et son siècle, a souligné le président français Emmanuel Macron.

Justin Trudeau.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau lors d’une déclaration sur le décès de la reine Élisabeth II. Photo : La Presse Canadienne/Darryl Dyck

Elle était aussi une amie remarquable de l’Irlande, selon son président, Michael D. Higgins, mais aussi une présence constante dans la vie des Canadiens, qui la chériront toujours, a dit le premier ministre Justin Trudeau.

Profondément attristé, le pape François a fait savoir qu’il priait pour Élisabeth II et Charles III.

Le gouvernement argentin a exprimé son chagrin, les présidents turc Recep Tayyip Erdogan et cubain Miguel Diaz-Canel leur tristesse.

Elle nous manquera terriblement, a souligné la reine du Danemark Margrethe II.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, s’est lui aussi dit profondément attristé par la mort de la souveraine.

De son côté, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué en Élisabeth II un modèle de continuitédont le calme et le dévouement ont donné de la force à beaucoup.

En Inde, le premier ministre Narendra Modi s’est également dit peiné par sa disparition. Le gouvernement argentin a de son côté exprimé son chagrin.

Le roi des Belges Philippe et son épouse ont rendu hommage jeudi à une monarque d’exception qui a profondément marqué l’Histoire avec sa personnalité hors du commun.

Le roi d’Espagne Felipe VI a même jugé qu’elle avait écrit les chapitres les plus pertinents de l’Histoire ces sept dernières décennies.

La reine Élisabeth II a symbolisé la réconciliation avec l’Allemagne, contribuant à panser les plaies de la Seconde Guerre mondiale, a notamment souligné le chef de l’État allemand Frank-Walter Steinmeier.

Sa mort laisse un immense vide dont le souvenir restera gravé en lettres d’or dans les annales de l’histoire mondiale, estime le président du Pakistan, Arif Alvi.

Sa vie et son héritage resteront gravés dans les mémoires partout dans le monde, a renchéri le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué en Élisabeth II un modèle de continuitédont le calme et le dévouement ont donné de la force à beaucoup.

Tout au long de sa riche carrière, elle a été une source d’inspiration et de noblesse, a dit l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.

Le premier ministre israélien Yaïr Lapid a jugé que cette figure exceptionnelle symbolisait la dévotion et l’amour pour sa patrie.

De Joe Biden, qui l’avait rencontrée pour la première fois en 1982, à Angela Merkel, qui a évoqué l’honneur de la recevoir une dernière fois à la fin de son mandat l’an dernier, plusieurs personnalités ont fait part de leurs souvenirs de la reine, y compris dans des enceintes inattendues.

Le footballeur Pelé a ainsi révélé qu’il était un grand admirateur de la souveraine depuis son séjour au Brésil en 1968, où elle avait assisté à un match dans le stade bondé du Maracana.

Nous nous souviendrons toujours d’elle avec affection, surtout qu’elle a vécu ici quand elle était une petite princesse, a également déclaré sur Twitter le premier ministre de Malte, Robert Abela.

Radio-Canada avec Agence France-Presse

Quels défis attendent le monde en 2022?

janvier 1, 2022
Des militaires marchent en uniforme l'un derrière l'autre.

Des soldats du Bélarus patrouillent le long de la frontière avec la Pologne. Photo: Reuters/Kacper Pempel

Plusieurs régions du monde ont vécu l’année dernière des crises qui risquent de se prolonger. Voici quelques enjeux à surveiller.

Crispations autour de Taïwan

En Asie, la Chine représente le principal défi géopolitique. En cette fin d’année 2021, les hostilités se sont cristallisées autour de Taïwan. Un conflit risque-t-il d’éclater?

Même si ce n’est pas très probable à court terme, on ne peut pas l’exclure, estime J. Michael Cole, chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier, basé à Taipei.

Si les preneurs de décision agissent de manière rationnelle à Pékin, je ne crois pas qu’on en arrive à une guerre, précise M. Cole. Cependant, ajoute-t-il, s’il y avait de l’instabilité politique en Chine, le régime pourrait tenter de raviver l’appui du peuple et créer une distraction en lançant une attaque contre Taïwan. Il pourrait le faire aussi si l’île faisait une déclaration d’indépendance, qui serait vécue comme une provocation.

« En Chine, des politiques internes peuvent mener à des prises de décisions qui, de l’extérieur, peuvent nous sembler irrationnelles. »— Une citation de  J. Michael Cole, chercheur principal à l’Institut Macdonald-Laurier.Le pont du bateau.

Le destroyer de missiles américain USS Curtis Wilbur effectue des opérations de routine dans le détroit de Taïwan. Photo: Associated Press/Zenaida Roth/US NAVY

Les relations entre la Chine et Taïwan, une démocratie indépendante de la Chine continentale depuis 1949, se sont tendues avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, en 2013, puis l’élection à la présidence taïwanaise, en 2016, de Tsai-Ing Wen, une indépendantiste.

Depuis, Pékin accentue sa pression militaire, diplomatique et économique sur l’île rebelle. En octobre 2021, à l’occasion du 110e anniversaire de la Révolution chinoise, le président chinois a promis une réunification avec Taïwan et réitéré la forte détermination […] du peuple chinois à défendre […] l’intégrité territoriale.

Les États-Unis ne sont liés à l’île par aucun accord, mais maintiennent une ambiguïté stratégique, car ils fournissent à Taïwan du matériel militaire pour se défendre, sans promettre explicitement de l’aide en cas d’attaque chinoise.

Tensions dans l’est de l’Europe

Un soldat portant une arme dans un paysage d'hiver.

Un soldat ukrainien patrouille dans la région de Donetsk. Photo: AFP Via Getty Images/Anatolii Stepanov

En Europe, les tensions ont monté d’un cran autour de l’Ukraine après un renforcement des troupes russes à la frontière à la fin du mois d’octobre. Une invasion est-elle dans les plans?

Difficile à dire, estime Marie Dumoulin, directrice du programme Europe élargie au Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), qui pense que Vladimir Poutine fait plutôt monter la pression pour obtenir un dialogue avec les Américains. Le président russe souhaite que ces derniers s’engagent à mettre un frein à l’expansion de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN vers les anciennes républiques soviétiques. Une rencontre est prévue en janvier afin d’en discuter. Les Occidentaux accepteront-ils de donner aux Russes les garanties écrites que ceux-ci réclament?

Le conflit avec des séparatistes prorusses a fait quelque 13 000 morts dans l’est de l’Ukraine depuis 2014.

Dans la même région, le Bélarus est également à surveiller, note la chercheuse. Les Européens accusent le président Loukachenko d’avoir instrumentalisé des migrants, qu’il a laissés entrer dans son pays pour ensuite les pousser vers la Pologne et déstabiliser la frontière extérieure de l’UE, soutient cette dernière. Il aurait ainsi tenté de se venger des sanctions que les Occidentaux lui ont imposées après sa réélection controversée à l’automne 2020 et la répression qui a suivi. Si la crise semble actuellement résorbée, Loukachenko pourrait recommencer n’importe quand, soutient Mme Dumoulin.

« On a affaire à un régime voyou qui veut retrouver une légitimité en tant qu’interlocuteur et qui n’hésitera pas à utiliser tous les moyens à sa disposition pour arriver à ses fins. »— Une citation de  Marie Dumoulin, du Conseil européen pour les relations internationales

Le Moyen-Orient toujours en ébullition

Un enfant tient la main d'une femme couverte d'un tchador.

Des familles détenues dans le camp d’Al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, se préparent à retourner chez elles, dans la région de Raqa. Photo: Getty Images/Delil Souleiman

Au Moyen-Orient, un enjeu négligé qui risque de revenir à l’avant-plan est celui des 60 000 prisonniers du groupe armé État islamique, détenus dans des camps dans le nord-est de la Syrie.

C’est très impopulaire pour un gouvernement de vouloir rapatrier des combattants de l’EI, mais il faudrait en parler, parce que ça pose beaucoup de questions de sécurité, croit Arthur Stein, doctorant à l’Université de Montréal et spécialiste des guerres civiles.

Certains prisonniers, dont on ne connaît pas le degré de radicalité, se sont évadés. En outre, un grand nombre d’enfants et de femmes sont détenus. C’est une situation assez floue en termes juridiques, puisque ces personnes n’ont pas été jugées, précise le chercheur.

Une autre question toujours en suspens est celle du programme nucléaire iranien. Des pourparlers ont débuté à Vienne à la fin de novembre entre Téhéran et les grandes puissances signataires de l’accord de 2015, mais nul ne sait si l’Iran est de bonne foi ou cherche seulement à gagner du temps, note M. Stein.

Se méfiant de l’Iran, Israël s’oppose aux négociations et préférerait une solution militaire. Le premier ministre israélien, Naftali Bennett, a d’ailleurs appelé les négociateurs à ne pas céder au chantage nucléaire de l’Iran, contre lequel il n’a pas exclu une action unilatérale.

L’influence des milices iraniennes au Moyen-Orient demeure également un enjeu, affirme Arthur Stein.

« L’Iran se vante de contrôler quatre capitales : Damas, Beyrouth, Sanaa et Bagdad. C’est plus ou moins vrai, mais il y a un potentiel de déstabilisation qui est réel. »— Une citation de  Arthur Stein, doctorant à l’Université de Montréal.Un homme armé est debout devant un mur sur lequel on peut voir un crochet dans une case.

Un homme armé monte la garde devant un bureau de la Haute Commission électorale libyenne à Benghazi, le 16 décembre 2021. Photo: Reuters/Esam Omran-Fetori

Enfin, la situation est également à surveiller en Libye, une poudrière qui risque d’exploser, selon le chercheur. Les élections, prévues pour le 24 décembre et qui devaient aider le pays à sortir d’une décennie de chaos, seront finalement reportées. En attendant, les tensions restent vives, alors que les désaccords entre les camps rivaux, soutenus par différentes puissances étrangères, pourraient replonger la Libye dans la guerre.

La démocratie en recul

En Afrique, au-delà des crises ponctuelles, c’est l’état de la démocratie qui préoccupe Marie-Ève Desrosiers, professeure agrégée à l’École de développement international et mondialisation de l’Université d’Ottawa. On entend beaucoup parler de l’ascendance de la Chine ou de la Russie, mais on néglige les formes que la montée de l’autoritarisme et le recul de la démocratie prennent ailleurs dans le monde, remarque-t-elle.

Alors qu’on s’attendait, dans la période post-guerre froide, à une plus grande libéralisation politique, c’est le contraire qui est en train de se produire, pense la chercheuse, avec une consolidation autoritaire un peu partout, malgré un semblant de démocratie dans les institutions et les discours.

Qui plus est, ce recul de la démocratie ne se limite pas exclusivement à l’appareil politique, mais concerne également les populations qui, avant de vouloir des droits politiques, réclament surtout un gouvernement fonctionnel qui leur apporte la sécurité ainsi que la stabilité politique et économique.

« On a été trop longtemps assis sur nos lauriers en pensant que la démocratie libérale serait le modèle que tout citoyen voudrait embrasser. Mais la tendance à se tourner vers des modèles alternatifs, même en contexte autoritaire, est ascendante. Cela, les démocraties libérales n’en sont pas assez conscientes. »— Une citation de  Marie-Ève Desrosiers, professeure à l’Université d’Ottawa

Avec Radio-Canada par Ximena Sampson

Le monde fête un deuxième nouvel An sous l’ombre du Covid

décembre 31, 2021
Le monde fete un deuxieme nouvel An sous l'ombre du Covid
Le monde fête un deuxième nouvel An sous l’ombre du Covid© AFP/STR

Festivités annulées ou sévèrement encadrées, musique interdite, réveillons limités à la « bulle » familiale: le monde s’apprête à entamer en 2022 une troisième année de pandémie, alors que les contaminations explosent mais que de timides signes d’espoir apparaissent.

Ces douze derniers mois ont vu l’arrivée d’un nouveau président américain, des rêves de démocratie s’évanouir de l’Afghanistan à la Birmanie en passant par Hong Kong ou la Russie, et les premiers Jeux olympiques sans spectateurs.

Mais c’est la pandémie qui a de nouveau régi le quotidien de la majeure partie de l’humanité. Plus de 5,4 millions de personnes sont mortes depuis que le virus a été identifié pour la première fois en Chine en décembre 2019.

D’innombrables autres personnes ont été contaminées, soumises à des confinements, des couvre-feu et une panoplie de tests.

L’émergence du variant Omicron, particulièrement contagieux, à la fin de l’année 2021, a fait dépasser le million de cas quotidiens de coronavirus pour la première fois, selon un décompte de l’AFP.

La France a annoncé à son tour jeudi soir qu’Omicron était désormais majoritaire sur son territoire, après une progression fulgurante ces derniers jours.

« Se concentrer sur le positif »

La Grande-Bretagne, les États-Unis et même l’Australie, qui était longtemps restée à l’abri de la pandémie, battent des records de nouveaux cas.

La distribution de vaccins à environ 60 % de la population mondiale laisse pourtant entrevoir une lueur d’espoir, bien que certains pays pauvres n’y aient toujours qu’un accès limité et qu’une frange de la population y reste réticente.

Les îles Kiribati, dans le Pacifique, ont été les premières à célébrer la nouvelle année à partir de 10h00 GMT.

Mais de Séoul à Paris ou San Francisco, les célébrations du Nouvel An ont de nouveau été annulées ou réduites.

A Sydney, ville qui se vante habituellement d’être la « capitale mondiale du Nouvel an », la foule était inhabituellement peu abondante sur le port pour assister au traditionnel feu d’artifice.

Seuls des dizaines de milliers de spectateurs étaient là, alors que l’événement rassemble habituellement plus d’un million de personnes.

« J’essaie juste de me concentrer sur les choses positives survenues cette année plutôt que sur les négatives », disait Melinda Howard, étudiante en médecine de 22 ans qui attendait devant l’Opéra le début du spectacle.

Les célébrations à Rio de Janeiro, qui rassemblent habituellement trois millions de personnes sur la plage de Copacabana, sont également maintenues.

« Célébrer la vie »

Comme à Times Square à New York, les événements officiels seront réduits, mais de grandes foules sont tout de même attendues.

« Les gens n’ont qu’une envie, sortir de chez eux, célébrer la vie après une pandémie qui a obligé tout le monde à s’enfermer », a déclaré Francisco Rodrigues, 45 ans, serveur à Copacabana.

Certains Brésiliens sont plus dubitatifs, dans un pays où la pandémie a tué près de 619.000 personnes, le pire bilan au monde après celui des Etats-Unis.

Le gouvernement tunisien a de son côté annoncé au dernier moment l’annulation des festivités à Tunis « au vu du développement de la situation épidémique ».

Aux Emirats arabes unis, Dubaï prévoit malgré tout un spectacle pyrotechnique à Burj Khalifa, la plus haute tour du monde avec ses 828 mètres, et l’émirat de Ras Al-Khaimah va de nouveau tenter de battre le record mondial du plus grand feu d’artifice.

En Afrique du Sud, premier pays à avoir signalé le nouveau variant fin novembre, le couvre-feu nocturne en vigueur depuis 21 mois et qui s’était réduit aux heures comprises entre minuit et 4 heures du matin a été levé à la veille des célébrations pour le Nouvel an. Le port du masque reste toutefois obligatoire dans l’espace public et les rassemblements restent limités (1.000 personnes à l’extérieur, 2.000 à l’intérieur).

« Tsunami de cas »

Durant l’année écoulée, nombre de pays, en particulier occidentaux, ont hésité à rétablir les mesures drastiques de 2020, afin d’éviter une nouvelle récession économique. Mais 2021 a tout de même vu, en Europe et au-delà, une augmentation des manifestations contre les restrictions, tandis qu’une minorité hésitait encore à se faire vacciner, soulevant des craintes quant à savoir comment la pandémie pourra prendre fin sans progression des taux de vaccination.

Les experts espèrent que l’année 2022 marquera une nouvelle phase, moins meurtrière, de la pandémie. Mais l’Organisation mondiale de la santé prévoit de prochains mois éprouvants.

Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dit redouter « qu’Omicron, plus transmissible, circulant en même temps que Delta, entraîne un tsunami de cas » et « une pression immense sur des soignants épuisés et des systèmes de santé au bord de l’effondrement ».

L’année 2021 s’achève aussi par une montée des tensions géopolitiques, y compris en Europe avec la menace d’une intervention russe en Ukraine.

« Nous avons défendu fermement et constamment nos intérêts nationaux, la sécurité de notre pays et de nos citoyens », a souligné le président Vladimir Poutine dans ses voeux télévisés, déjà diffusés dans l’extrême-orient du pays, plus de 20 ans après s’être livré pour la première fois à l’exercice.

Il a évoqué l’épidémie de Covid, sans citer le chiffre de plus de 600.000 morts établi la veille par l’agence nationale des statistiques – deux fois plus que le chiffre communiqué par le gouvernement -, qui place le pays parmi les plus meurtris au monde.

Enfin, l’annonce au Royaume-Uni, avec plus de 15 degrés Celsius enregistrés dans le nord-est, de la Saint-Sylvestre la plus chaude jamais enregistrée dans le pays, a rappelé une autre préoccupation de 2021, qui persistera dans la nouvelle année: le changement climatique.

Par Le Point avec AFP

Covid: le cap du million de contaminations quotidiennes dépassé

décembre 30, 2021
Covid: le cap du million de contaminations quotidiennes depasse
Covid: le cap du million de contaminations quotidiennes dépassé© AFP/LOUISA GOULIAMAKI

Le cap symbolique du million de contaminations quotidiennes par le Covid-19 dans le monde a été franchi pour la première fois sur la semaine du 23 au 29 décembre, à quelques heures des festivités de Nouvel An sur lesquelles la pandémie pèsera une fois de plus.

En moyenne, 1.045.000 de nouveaux cas quotidiens ont été détectés sur la période, en hausse de 46 % par rapport à la semaine précédente, selon un comptage jeudi de l’AFP établi à partir des bilans communiqués par chaque pays.

Le précédent record de 817.000 cas quotidiens avait été enregistré entre le 23 et le 29 avril 2021.

Face à ce « tsunami » de contaminations qui met sous pression les systèmes de santé, de nombreuses villes, comme Paris, Athènes ou Barcelone, ont décidé d’encadrer les célébrations du Nouvel An, en sus de mesures prises ces derniers jours pour tenter de réduire la circulation du coronavirus.

Et certaines ont même annulé les festivités prévues, à l’instar de nombreuses villes brésiliennes, dont São Paulo, la plus grande métropole d’Amérique latine.

En France, où un record de plus de 200.000 nouveaux cas en 24 heures a été annoncé mercredi, les discothèques, fermées depuis le 10 décembre, resteront fermées au moins les trois premières semaines de janvier.

À Paris, le masque redevient obligatoire dans les rues vendredi comme dans presque toute la région parisienne, et les débits de boissons ne pourront ouvrir au-delà de 02h00 les 1er et 2 janvier.

En Grèce, les bars et restaurants devront fermer à 02h00 la nuit de la Saint-Sylvestre, mesure exceptionnelle car les autres jours, ils fermeront à minuit. Les tablées dans les restaurants sont limitées à six personnes jusqu’au 16 janvier. Et la musique y est interdite.

En Espagne, les festivités sont annulées dans la plupart des régions, et neuf des dix villes les plus peuplées du pays ne célèbreront pas les « campanadas », les cloches du passage à la nouvelle année. La tradition veut que les Espagnols avalent douze grains de raisin au son des douze coups de minuit.

Seule Madrid a maintenu une cérémonie a minima sur la célèbre place de la Puerta del Sol, avec une jauge limitée à 7.000 personnes -masquées-, contre 18.000 en 2019, en période pré-pandémique.

À Mexico, la mairie a annulé les célébrations du Nouvel An et Chypre a interdit la danse dans les lieux publics.

De son côté, le pape François a renoncé à sa traditionnelle visite du Nouvel An à la crèche de la place Saint-Pierre vendredi, du fait des risques de contamination induits par ce type de rassemblements.

En Allemagne, où les discothèques resteront portes closes pour la Saint-Sylvestre, les réunions privées de plus de dix personnes sont interdites, même pour les vaccinés et les personnes guéries. Pour les non-vaccinés, la limite tombe à deux membres de foyers différents.

Mais le ministre allemand de la Santé Karl Lauterbach a averti que ces nouvelles restrictions ne « suffir(aient) pas » face au variant Omicron.

Morts en baisse

Omicron, qui circule en même temps que son prédécesseur Delta, occasionne actuellement une forte hausse des cas de Covid-19 dans de nombreux pays européens.

Plus de 85 % des contaminations actuelles se concentrent d’ailleurs dans deux régions où Omicron est fortement présent: l’Europe (4.022.000 cas au cours des sept derniers jours) ainsi que les États-Unis et le Canada (2.264.000 cas). Seule l’Asie (268.000 cas, -12 %) a vu la pandémie reculer au cours de la semaine écoulée.

En Europe, plusieurs pays battent des records de contaminations, comme l’Islande ou encore la Finlande (près de 10.000 nouvelles infections en 24 heures), ce qui l’a conduite à suspendre le pass vaccinal pour accéder à certains évènements, le jugeant insuffisant.

Au Danemark, qui compte actuellement le plus grand nombre de nouveaux cas dans le monde par rapport à sa population, celui-ci a de nouveau dépassé jeudi les 20.000 pour la deuxième journée consécutive.

L’Espagne, pourtant un des champions de la vaccination, a aussi battu un record mercredi avec 100.760 nouveaux cas en recensés en 24 heures.

Avec plus de 265.000 cas quotidiens en moyenne depuis une semaine, les États-Unis font également face à un record d’infections.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a évoqué mercredi un « tsunami » faisant peser « une immense pression sur un personnel de santé épuisé et des systèmes de santé au bord de l’effondrement », deux ans après le début d’une pandémie aux plus de 5,4 millions de morts.

Les hôpitaux britanniques, « sur le pied de guerre » face à Omicron, vont ainsi mettre en place des structures provisoires permettant d’ouvrir jusqu’à 4.000 lits supplémentaires pour se préparer à une vague d’admissions, ont annoncé jeudi les services de santé. En Angleterre, plus de 10.000 personnes étaient hospitalisées avec le Covid, une première depuis début mars.

En Italie aussi la situation est tendue. « Nous sommes débordés de demandes d’hospitalisations (…) la pression est constante », confie à l’AFP le Dr Marchese, directeur sanitaire de l’hôpital Casalpalocco, dans la banlieue de Rome, qui accueille actuellement 111 patients pour une capacité de 120 lits, dont 35 en réanimation. « Cette situation dure déjà en gros depuis un mois. Nous sommes systématiquement pleins », déplore-t-il.

Jusqu’à présent, l’explosion de la pandémie ne s’est cependant pas traduite par une augmentation du nombre des morts, en baisse au contraire depuis trois semaines dans le monde.

En Chine, qui enregistre une poussée épidémique à moins de 40 jours des JO d’hiver de Pékin, les mesures sont plus radicales.

Après la ville de Xi’an, soumise depuis huit jours à une quarantaine et qui connaît désormais des difficultés d’approvisionnement, plusieurs dizaines de milliers d’habitants d’un arrondissement de l’agglomération de Yan’an, à 300 kilomètres de Xi’an, ont été confinés, eux aussi.

Par Le Point avec AFP

Coronavirus: le point sur la pandémie dans le monde

octobre 22, 2021
Coronavirus: le point sur la pandemie dans le monde
Coronavirus: le point sur la pandémie dans le monde© AFP/Dimitar DILKOFF

Nouvelles mesures, nouveaux bilans et faits marquants: un point sur les dernières évolutions de la pandémie de Covid-19 dans le monde.

Le Kremlin blâme les Russes

Le Kremlin a reconnu vendredi l’échec de sa campagne de vaccination anti-Covid en comparaison à l’Europe, mais a pointé du doigt la responsabilité de la population, en pleine vague épidémique meurtrière.

La Russie a enregistré vendredi de nouveaux records quotidiens de décès et de contaminations, avec 1.064 morts et 37.141 infectés recensés.

A peine un tiers des Russes se sont fait vacciner depuis décembre sur fond de méfiance à l’égard des vaccins développés par la Russie.

Record de décès en Ukraine

L’Ukraine a enregistré vendredi un record de nouvelles contaminations et de décès dus au coronavirus, pour la deuxième journée consécutive, alors que la capitale, Kiev, s’apprête à réintroduire des restrictions strictes.

Selon les chiffres du gouvernement, 23.785 nouvelles infections ont été recensées ces dernières 24 heures et 614 personnes sont mortes dans cette ex-république soviétique, dont le système de santé manque cruellement de ressources.

France: près de 600 soignants suspendus en Guadeloupe

En Guadeloupe (Antilles françaises), l’Agence régionale de santé (ARS) a annoncé que la suspension de près de 600 soignants qui refusent l’obligation vaccinale « était en cours ».

Au final, l’ARS se félicite d' »une phase plutôt positive »: environ 66 % des soignants sont désormais vaccinés en Guadeloupe, contre quelque 30 à 40 % dans les semaines précédentes.

Sur l’île, qui a connu une flambée épidémique cet été, les indicateurs sont désormais très en baisse, bien que le virus « continue de circuler », selon les autorités. En conséquence, les restrictions sanitaires devraient s’alléger.

Australie: Melbourne célèbre la fin des confinements

Les habitants de Melbourne ont profité vendredi de la réouverture de la ville après l’une des plus longues séries de confinements au monde pour se rendre dans les bars, restaurants ou chez le coiffeur.

Depuis le début de la pandémie, les cinq millions de Melbournais ont dû rester enfermés chez eux pendant plus de 260 jours au total, en six confinements. Mais maintenant que 70 % des personnes éligibles à Melbourne et dans l’État de Victoria (sud-est) sont entièrement vaccinées, les restrictions qui ont débuté le 5 août sont levées.

La pandémie, aubaine pour le vélo « made in Portugal »

Les commandes de vélos se sont envolées au Portugal, numéro un en Europe pour la fabrication de bicyclettes, avec la crise sanitaire.

Le secteur souffre toutefois des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement mondial, les délais de livraison de composants pouvant aller « jusqu’à deux ou trois ans » de la part des fournisseurs, majoritairement asiatiques, selon le responsable export d’une usine d’assemblage de vélos dans le nord du pays.

En 2020, le Portugal a produit 2,6 millions de bicyclettes, dont la quasi-totalité a été exportée, ce qui le place au premier rang européen devant l’Italie et l’Allemagne, selon Eurostat.

Plus de 4,9 millions de morts

La pandémie du nouveau coronavirus a fait au moins 4.926.579 morts dans le monde depuis que le bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en Chine a fait état de l’apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles vendredi à 10H00 GMT.

Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 733.218 décès pour 45.301.092 cas recensés, selon le comptage de l’université Johns Hopkins.

Après les États-Unis, les pays les plus touchés sont le Brésil avec 604.679 morts, l’Inde (453.042 morts), le Mexique (285.669 morts) et la Russie (228.453 morts).

Avec AFP par burx-npk/ber/mba