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RDC : la Monusco à nouveau visée par la colère de la population

novembre 2, 2022

Un convoi de la mission des Nations unies a été pris à partie par la foule ce 1er novembre alors que le M23 a lancé une nouvelle offensive mi-octobre.

Un véhicule des Nations unies détruit par la foule en colère, à Kanyaruchinya, sur le territoire de Nyiragongo, au nord de la ville de Goma, le 2 novembre 2022. © Aubin Mukoni / AFP

Deux Casques bleus ont été blessés ce mardi 1er novembre dans l’est de la RDC lorsqu’un convoi de la mission des Nations unies dans le pays (Monusco) a été pris à partie par une foule en colère, alors que la rébellion du M23 a déclenché une nouvelle offensive le 20 octobre, a-t-on appris de sources onusienne et locales.

Le convoi de la Monusco venait du nord de Goma et arrivait dans les faubourgs du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. À la barrière de Kanyaruchinya, où sont arrivés ces derniers jours des milliers de déplacés ayant fui les récents combats entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23, le convoi a été visé par des jets de pierres et au moins un véhicule a été incendié, a indiqué un responsable de la Monusco à Goma. « Deux Casques bleus ont été blessés au cours de l’altercation », a-t-il précisé. Selon des témoins, le convoi a pu poursuivre son chemin après des tirs de sommation.

Adolphe Shukuru, membre de la société civile, a précisé que le convoi s’était immobilisé quand « l’armée avait voulu fouiller les véhicules pour connaître leur contenu ». La foule a alors « commencé à s’attaquer aux Casques bleus », a-t-il ajouté.

Vive tension

Les soldats de l’ONU, présents en RDC depuis plus de vingt ans, sont régulièrement accusés par la population de l’Est d’inefficacité dans la lutte contre les groupes armés qui sévissent dans la zone depuis trois décennies. La tension est particulièrement vive dans la province du Nord-Kivu depuis la résurgence du M23 qui, après des semaines d’accalmie, est reparti à l’offensive le 20 octobre dans le territoire de Rutshuru, où il s’est emparé de villes situées sur un axe routier stratégique desservant Goma.

Les rebelles ont notamment atteint Rumangabo, siège d’une base de l’armée congolaise et du quartier général du parc national des Virunga. La base des FARDC s’était largement vidée à l’approche du M23 mais elle restait surveillée par un contingent de la Monusco.

« Nous avons opéré un retrait stratégique et tactique de Rumangabo, en concertation avec nos partenaires, pour mieux préparer ensemble les prochaines étapes », a tweeté la Monusco ce 1er novembre. La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali conteste systématiquement. Samedi 29 octobre, Kinshasa a décidé d’expulser l’ambassadeur du Rwanda en RDC.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

RDC : face à l’avancée du M23, la Monusco élève son niveau d’alerte

octobre 29, 2022

La rébellion du « Mouvement du 23 mars » a gagné du terrain samedi dans l’est du pays, conduisant la Mission de l’ONU à mobiliser les Casques bleus pour soutenir l’armée congolaise.

Des Casques bleus assistent à la cérémonie en l’honneur des soldats de la paix morts lors de violentes manifestations contre la Monusco, à Goma, le 1er août 2022. © Photo d’ALEXIS HUGUET / AFP

Des habitants et responsables locaux interrogés au téléphone ont indiqué que les rebelles avaient pris le contrôle des localités de Kiwanja et Rutshuru-centre, situées sur la route nationale 2, axe stratégique reliant Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, aux villes du Nord et à l’Ouganda. Rutshuru-centre se situe à environ 70 km de Goma. Des rebelles du M23 sont également signalés à Rugari, à quelque 30 km de Goma, également sur la RN2. Entre les deux se trouvent, à Rumangabo, une grande base de l’armée congolaise et le quartier général du parc national des Virunga.

« Kiwanja et Rutshuru-centre sont entre les mains du M23. Les rebelles ont tenu deux meetings, ils ont dit à la population de vaquer à ses occupations et que les déplacés regagnent leurs villages, en affirmant que la sécurité était désormais garantie », a précisé Jacques Niyonzima, un représentant de la société civile, présent à Kiwanja.

« Il y a eu quelques blessés à Kiwanja suite à une petite résistance », a indiqué de son côté un responsable de l’hôpital général de Rutshuru. Mais « le calme est revenu. Les gens commencent à circuler et à ouvrir les boutiques », a-t-il ajouté, sous couvert d’anonymat. En début d’après-midi, aucune information n’avait été communiquée sur ces développements par les autorités congolaises, civiles ou militaires.

Le M23, pour « Mouvement du 23 mars », est une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes en fin d’année dernière, en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants. En juin, il s’est emparé de la cité de Bunagana, à la frontière ougandaise et, après plusieurs semaines d’accalmie, progresse depuis le 20 octobre à l’intérieur du territoire de Rutshuru, où les combats ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes.

« Répercussions graves sur la population »

Dans un série de tweets, la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) a dit samedi matin « condamner fermement les actions hostiles du M23 et leurs répercussions graves sur les populations civiles », en appelant le mouvement à « cesser immédiatement toute belligérance ». Elle précise avoir « élevé le niveau d’alerte de ses troupes, déployées pour soutenir les FARDC (forces armées de RDC) dans leurs opérations contre le M23. Elle fournit un appui aérien, du renseignement et de l’équipement ».

Les Casques bleus « sont mobilisés en soutien » aux FARDC, assure la Monusco, que beaucoup de Congolais accusent d’inefficacité face aux groupes armés qui terrorisent l’est du pays depuis près de trente ans. Les Casques bleus sont déployés en RDC depuis fin 1999. La force de l’ONU ajoute qu’elle « apporte aussi une assistance médicale aux soldats blessés et effectue des vols de surveillance et de reconnaissance au profit des FARDC ». Elle ajoute avoir mis en place un « Centre de coordination des opérations (CCO) » avec les FARDC.

En novembre-décembre 2012, le M23 avait occupé Goma pendant une dizaine de jours, avant d’être vaincu l’année suivante par les forces armées congolaises et les Casques bleus, après 18 mois de guérilla. Sa résurgence a provoqué un regain de tension entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutien actif à cette rébellion. Un rapport non publié de l’ONU pointait une implication du Rwanda auprès du M23 et, cette semaine, un ambassadeur américain aux Nations unies a clairement évoqué « l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ».

Le Rwanda dément et accuse en retour la RDC – qui nie elle aussi – de collusion avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un mouvement de rebelles hutu rwandais dont certains impliqués dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter de surmonter la crise, sans succès jusqu’à présent.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

RDC : des manifestations contre la Monusco à Goma tournent au pillage

juillet 26, 2022

Des centaines de manifestants en colère ont saccagé et pillé ce lundi 25 juillet à Goma les installations de la mission onusienne, accusée d’inefficacité dans sa lutte contre les groupes armés de l’est de la RDC. Le 18 juillet, la Monusco alertait déjà sur le risque d’actes hostiles contre son personnel et ses installations.

Des manifestants devant le siège de la Monusco à Goma le 25 juillet 2022. © Glody Murhabazi/AFP

Après avoir barricadé les grandes artères de Goma, chef lieu de la province du Nord-Kivu, les manifestants, scindés en deux groupes, ont pris d’assaut le siège local de la mission onusienne ainsi que sa base logistique située hors du centre-ville. Au quartier général de la Monusco, les manifestants en colère ont brûlé des pneus et du plastique devant le portail avant d’escalader et de vandaliser l’enceinte. Ils ont ensuite cassé des vitres, des murs et pillé des ordinateurs, des chaises, des tables et des objets de valeur. Des agents de la Monusco présents sur le site ont été évacués à bord de deux hélicoptères.

De l’autre côté de la ville, des scènes similaires se sont produites sur la base logistique de la Monusco, où un élève en uniforme a été atteint à la jambe par une balle tirée de l’intérieur du site. La police onusienne a usé de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants avant l’intervention des militaires des Forces armées congolaises. Plusieurs manifestants ont été interpellés. La manifestation avait été organisée à l’appel des organisations de la société civile et du parti du président Félix Tshisekedi, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

« La Monusco dénonce vigoureusement l’attaque de ses locaux à Goma, dans le Nord-Kivu, perpétrée par un groupe de pilleurs en marge d’une manifestation qui, de surcroît, a été interdite par le maire de la ville de Goma », écrit la mission dans un communiqué. « La Mission est très préoccupée par ce très grave incident qui intervient au lendemain de propos hostiles et de menaces non voilées émis de la part d’individus et de groupes à l’encontre des Nations Unies », ajoute ce communiqué. L’ambassade des États-Unis en RDC a également réagi sur Twitter pour appeler le gouvernement congolais à faire en sorte « que les responsables de ces actes soient traduits en justice »

« Plier bagages »

De son côté, le gouvernement a assuré suivre de près la situation.  Patrick Muyaya, porte-parole de l’exécutif a « condamné fermement toute forme d’attaque contre le personnel et les installations des Nations Unies ». « Les responsables seront poursuivis et sévèrement sanctionnés », a-t-il promis le 25 juillet sur Twitter, avant  de préciser, le lendemain, que le gouvernement « a instruit les FARDC et la police congolaise à prendre toutes les dispositions pour assurer un retour au calme et la reprise normale des activités ».

Si ce n’est pas la première fois que la mission onusienne est la cible de telles manifestations, ces violences interviennent dans un contexte particulier. Le 15 juillet à Goma, le président du Sénat congolais, Modeste Bahati, avait demandé à la Monusco de « plier bagages ».  Présente depuis 1999 au Congo – d’abord sous le nom de Monuc –, cette mission a longtemps été l’une des plus coûteuses de l’ONU avec un budget annuel avoisinant 1 milliard de dollars. La mission compte actuellement plus de 14 000 soldats de la paix mais elle est régulièrement accusée d’inaction face à l’insécurité.

Trois jours après les propos du président du Sénat, la Monusco avait adressé une note verbale au ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula. Dans ce courrier, la mission évoquait son « inquiétude » face à la recrudescence de « discours hostiles émanant de représentants de l’État ou de ses institutions, de personnalités et de figures publiques, de groupes d’influence ou de personnes présentées comme membres influents de la société civile ». Elle alertait aussi sur « le risque d’actes hostiles contre le personnel et les installations de la Monusco ».

Par Jeune Afrique avec AFP

RDC : la Monusco ordonne une enquête après un incident entre des Casques bleus et un civil

avril 25, 2021
Une patrouille de Casques bleus de la Monusco près de Nyiamilima, dans l’est de la RDC, le 9 avril 2015.

Dans un contexte de défiance croissante envers la force onusienne, un incident a opposé samedi des Casques bleus de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) et un civil dans l’est de la RDC.

Des Casques bleus chinois ont interpellé brutalement un chauffeur à l’aéroport de Bukavu (province du Sud-Kivu), qui venait de renverser l’un des leurs, d’après une vidéo partagée sur les réseaux sociaux et les explications de la force onusienne. La vidéo montre deux hommes en train de maîtriser un individu à terre devant un véhicule, en présence de deux Casques bleus debout.

« L’altercation est rude. Plusieurs Casques bleus tentent de maîtriser l’individu », indique la Monusco en commentaire de la vidéo, avant de la contextualiser. « Un chauffeur de la Régie des voies aériennes qui se rendait à Kavumu (l’aéroport de Bukavu) avait renversé un Casque bleu chinois, causant un traumatisme crânien », a expliqué à la presse le cheffe du bureau de la Monusco à Bukavu, Karna Soro. « Le chauffeur ne s’étant pas arrêté, certains éléments du contingent chinois ont décidé de le suivre afin de l’amener eux-mêmes à la police », a poursuivi Karna Soro

Défiance envers la Monusco

La cheffe de la Monusco, Bintou Keïta, a exprimé « son indignation » et ordonné « une enquête immédiate pour établir les faits » qui lui permettra de prendre « les mesures appropriées ». À Bukavu, Karna Soro a précisé avoir « présenté des excuses » lors d’un entretien avec le commandant de l’aéroport et le chauffeur en question « pour cet incident malencontreux ».

Dans la province voisine du Nord-Kivu, un appel à la grève générale a été lancé à Beni le 5 avril contre l’inaction de la Mission des Nations unies face aux massacres de civils.

À Kinshasa, les opposants Martin Fayulu et Adolphe Muzito ont tenté de marcher samedi contre « les tueries récurrentes et en masse des populations civiles congolaises » dans l’Est. Interdite, leur manifestation a été dispersée. Une autre a eu lieu à Kikwit, dans l’Ouest.

Par Jeune Afrique avec AFP

RDC: l’armée congolaise affirme avoir retrouvé le corps d’un Casque bleu

décembre 4, 2019

L’armée congolaise a affirmé ce mercredi avoir retrouvé le corps d’un Casque bleu de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) près de Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo.

«Les Forces armées de la République démocratique du Congo ont partagé ces informations avec nous et nous allons suivre ce dossier conformément à nos procédures», a indiqué de son côté un porte-parole de la mission de l’ONu (Monusco). L’armée congolaise affirme avoir retrouvé le corps une date non précisée dans la région de Beni, où elle a annoncé le 30 octobre des opérations contre les groupes armés, en particulier les Forces démocratiques alliées (ADF). Les Casques bleus ont annoncé depuis lundi qu’ils s’étaient joints à ses opérations, avec leurs éléments de la brigade d’intervention dans la région (Afrique du Sud, Tanzanie, Malawi).

«Dans un camp des ADF conquis par l’armée, nous avons retrouvé les restes d’un Casque bleu tombé au champ d’honneur», a déclaré le général Léon-Richard Kasonga, porte-parole de l’armée congolaise, lors d’une conférence de presse. «On a ramassé sa carte militaire (…) Je ne pourrais pas m’avancer sur sa nationalité. L’ONU elle-même se chargera de la donner». Côté ONU, on indique que «le pays d’origine et la famille doivent être officiellement informés et l’identification va prendre du temps». «Donc on ne va rien confirmer avant longtemps».

1000 civils massacrés par les ADF

D’origine ougandaise, les ADF sont accusées du massacre de plus de 100 civils dans la région de Beni, en représailles des opérations militaires congolaises. Ces massacres ont provoqué des émeutes d’habitants contre les autorités et les Casques bleus, accusés de ne rien faire. Des sources de la société civile ont accusé les ADF d’avoir tué onze personnes, neuf hommes et deux femmes, dans la nuit de lundi à mardi dans le village d’Orototo, dans le territoire de Beni. «Nous avons enterré les 11 cadavres aujourd’hui en brousse vers 11h», a déclaré David Muwaz, président de la société civile de la chefferie de Batalinga. L’armée congolais n’a pas voulu confirmer. Au total les ADF auraient massacré plus de 1000 civils dans la région de Beni depuis 2014.

Quinze casques bleus tanzaniens ont été tués par les ADF en décembre 2017 dans l’attaque de leur base en territoire de Beni. En décembre 2018, sept autres Casques bleus ont été tués dans une embuscade tendue par des ADF.

Par Le Figaro.fr avec AFP

RDC : Kinshasa annonce des opérations militaires conjointes avec la Monusco à Beni

novembre 25, 2019

Des casques bleus tanzanien lors d'un entraînement dans le Nord-Kivu, en 2013.

Des casques bleus tanzanien lors d’un entraînement dans le Nord-Kivu, en 2013. © MONUSCO/Sylvain Liechti

 

La présidence de la République démocratique du Congo (RDC) a annoncé lundi des « opérations conjointes entre l’armée nationale et la Monusco (Mission des Nations unies au Congo) » à Beni, dans l’est du pays, « afin d’assurer la paix et la sécurité à la population civile ».

La présidence a également annoncé dans un communiqué « l’installation d’un quartier général avancé des forces armées à Beni », à l’issue d’une réunion urgente d’un « Conseil de sécurité » à Kinshasa présidé par le chef de l’État Félix Tshiskedi, en présence de la cheffe de la Monusco, Leila Zerrougi. Aucune date n’a été précisée pour le lancement de ces opérations conjointes annoncées après un nouveau massacre de huit civils à Beni, dans la nuit de dimanche à lundi, attribué au groupe armé des Forces démocratiques alliées (ADF).

La mission onusienne « va renforcer la coopération avec ses partenaires et travailler étroitement avec les autorités pour trouver conjointement des solutions en faveur de la population de Beni », a-t-elle indiqué dans un communiqué après l’annonce de la présidence.

« Indifférence des autorités de Kinshasa »

La nouvelle tuerie attribuée au groupe armé ADF (Forces de défense alliées) a provoqué la colère des habitants de Beni, qui dénoncent l’ »indifférence des autorités de Kinshasa et « l’inaction » des Casques bleus présents sur place. Un bureau de l’ONU a été saccagé et partiellement incendié lundi à Beni par les manifestants, qui ont aussi mis le feu à la mairie de la ville.

Au total, 77 civils ont été tués depuis le 5 novembre à Beni et ses environs, dans le Nord-Kivu, selon un comptage du Groupe d’étude du Congo (GEC) de l’Université de New York. Il s’agit, selon les experts, de représailles des ADF après les opérations militaires annoncées contre leurs bases le 30 octobre par l’armée congolaise.

L’armée congolaise a annoncé son offensive sans la Monusco, qui dispose d’une force de quelque 16 000 hommes en RDC et d’une force d’intervention rapide à Beni. Le mandat de la Monusco doit être renouvelé au Conseil de sécurité des Nations unies d’ici à la fin de l’année.

Par Jeuneafrique.com avec AFP

RDC: le rôle des Casques bleus renforcés en vue d’une élection cruciale

mars 27, 2018

Un camion de la Monusco patrouille autour d’églises catholiques à Kinshasa lors d’une manifestation appelant au départ du président Kabila, le 21 janvier 2018 / © AFP / JOHN WESSELS

Le Conseil de sécurité de l’ONU a renforcé le rôle du plus grand contingent de Casques bleus du monde, afin de préparer les élections cruciales en République démocratique du Congo, qui devraient marquer le départ du président Joseph Kabila.

Présenté par la France, ce texte adopté à l’unanimité prolonge le mandat de la Monusco jusqu’en mars 2019 et souligne la nécessité de protéger les civils d’ici les élections prévues le 23 décembre pour organiser le départ du président Joseph Kabila.

« Le défi est historique, dans un contexte délicat. Sans élections crédibles et acceptées par tous, c’est la stabilité du pays et de toute la région qui est en jeu », a souligné l’ambassadeur français aux Nations unies, Francois Delattre.

« La période électorale qui s’ouvre est cruciale pour l’avenir de la RDC mais aussi de la région dans son ensemble », a-t-il martelé devant le Conseil de sécurité après le vote.

L’ambassadeur congolais auprès de l’ONU, Ignace Gata Mavita, a lui critiqué la résolution, soulignant que la mission des Casques bleus devrait être avant tout « de lutter contre les groupes armés pour protéger les civils et restaurer la paix et la sécurité dans la partie Est de notre pays qui en a grandement besoin ».

Il a de nouveau appelé au départ de la Monusco, présente depuis près de 20 ans dans ce pays qui compte plus de quatre millions de déplacés selon l’ONU.

Malgré son vote en faveur du texte, la Russie a insisté sur le fait que ce nouveau mandat ne donnait pas de feu vert pour s’ingérer dans les affaires internes du pays, la Chine soulignant également que la souveraineté de la République démocratique du Congo (RDC) devait être respectée.

« Il est nécessaire d’éviter absolument une situation qui verrait la Monusco soutenir l’un des partis congolais », a déclaré l’ambassadeur adjoint de la Russie auprès des Nation unies, Dmitry Polyanskiy.

La communauté internationale doit aider la RDC à « renforcer ses propres capacités en matière de sécurité afin d’établir une situation stable dans le pays de façon autonome », a ajouté l’ambassadeur adjoint de la Chine, Wu Haitao.

– « Transparence et crédibilité » –

Le plus grand pays d’Afrique sub-saharienne n’a jamais connu de transition pacifique depuis son accession à l’indépendance en 1960.

Arrivé au pouvoir après l’assassinat de son père Laurent Désiré en 2001, Joseph Kabila restera au pouvoir au moins jusqu’à début 2019, plus de deux ans après la fin de son second mandat, le 20 décembre 2016. Il n’a pas déclaré publiquement qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat.

Toute manifestation de l’opposition est interdite depuis septembre 2016 en RDC, où la répression de marches des catholiques depuis le 31 décembre a fait une quinzaine de morts.

La résolution adoptée mardi appelle « à oeuvrer à la tenue d’élections transparentes, crédibles et ouvertes dans les délais annoncés ».

Le Conseil appelle le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à préparer des plans incluant « toutes les options » d’ici le scrutin, dont l’envoi de renforts.

– Tensions entre Kinshasa et l’ONU –

D’après la résolution, les plus de 16.000 militaires de la Monusco seront chargés d’accompagner le processus électoral, notamment l’inscription des électeurs, le scrutin et la transition au sommet du pouvoir attendue le 12 janvier.

La mission formera aussi la police congolaise pour qu’elle assure la sécurité le jour du vote.

La Monusco relèvera en outre tout atteinte aux droits de l’homme.

Cette nouvelle résolution intervient dans un contexte de tensions entre l’ONU et le président Kabila, qui a déclaré en janvier vouloir « clarifier nos relations avec la Monusco », sur fond de crise politique, sécuritaire et humanitaire.

Kinshasa a ainsi refusé de participer à une « conférence des donateurs » pour la RDC le 13 avril à Genève co-présidée par l’ONU, estimant que les Nations unies et les ONG exagéraient la crise humanitaire au Congo.

Une précédente résolution, en mars 2017, envisageait déjà une élection présidentielle en décembre 2017, un scrutin finalement reporté d’un an par les autorités congolaises, officiellement pour cause de violences dans le Kasaï (centre).

Romandie.com avec(©AFP / 27 mars 2018 19h23)

RDC: tensions à la veille des manifestations du 15 novembre, la Monusco met en garde Kinshasa

novembre 14, 2017

Des policiers à Kinshasa, en mai 2017, lors des évasions massives de la prison centrale. © John Bompengo/AP/SIPA

À la veille des manifestations annoncées sur toute la RDC pour protester contre le calendrier électoral, les Nations unies ont mis en garde mardi Kinshasa contre une éventuelle répression des manifestants. Au même moment, à Lubumbashi, dans le sud du pays, l’opposition dénonce déjà les « intimidations ».

« Des policiers et des militaires à bord de quatre jeeps ont encerclé ma résidence vers 13 heures [locales] alors que j’avais réuni des cadres du Rassemblement pour préparer les manifestations de ce 15 novembre. » Au bout de fil Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, leader de la principale plateforme de l’opposition congolaise dans l’ex-Katanga, reste « serein » malgré cette énième « intimidation du régime en place » à son encontre.

« Le pouvoir a peur que je rentre en contact avec la population, explique à Jeune Afrique ce vieux briscard de la politique congolaise et ancien président de l’Assemblée provinciale de l’ex-Katanga. Depuis des mois, les forces de l’ordre restreignent mes mouvements et m’empêchent même d’aller à l’église. »

Pas question pour autant d’abdiquer. « Le 15 novembre, le peuple va manifester pacifiquement, sans casse ni brutalité aucune », maintient celui qu’on appelle affectueusement « baba » (père, en swahili) dans la partie méridionale du pays.

En attendant, la réunion du Rassemblement à Kashamata, dans la banlieue lushoise, réputée être le QG du président congolais Joseph Kabila à Lubumbashi, a été interrompue par les forces de l’ordre. « J’ai été exfiltré de chez moi par les Casques bleus », soutient l’opposant Kyungu wa Kumwanza.

« Il n’y a pas eu d’opération d’exfiltration à proprement parler. Notre seule présence a suffi à calmer les esprits », indique à Jeune Afrique au sein de la  Monusco.

La Monusco prête à rapporter d’éventuelles violations

Dans un communiqué publié à Kinshasa ce mardi, Maman Sidikou, patron de la mission onusienne en RDC, met toutefois en garde les autorités congolaises contre une éventuelle répression des manifestations prévues le 15 novembre sur toute l’étendue de la RDC.

« Il est important que toutes les voix puissent s’exprimer dans le calme et de façon pacifique. Conformément à son mandat, la Monusco se réserve le droit d’observer les événements et de rapporter d’éventuelles violations des droits de l’homme », écrit-il.

« La Mission exhorte ainsi les autorités congolaises à respecter les libertés fondamentales telles que stipulées dans la Constitution congolaise, dont la liberté de réunion et de manifestation », ajoute le texte, appelant les autorités à s’abstenir de tout recours à la violence, comme ce fut le cas il y a un mois à Goma, lors de la lourde répression des manifestations qui avaient alors fait plusieurs morts.

Jeuneafrique.com par Trésor Kibangula

RDC: Une base de la Monusco attaquée dans le Nord-Kivu après des combats entre armée congolaise et rebelles ADF

octobre 9, 2017

Image mise à disposition par la Monusco présentant des Casques bleu du Guatemala en opération à Sake, dans le Nord-Kivu, le 5 juillet 2017. © Photo : MONUSCO

 

Un Casque bleu a été tué ce lundi dans l’attaque d’une base de la Monusco à Beni. L’attaque survient au lendemain de combats ayant opposé dimanche 8 octobre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux Forces démocratiques alliés (Allied Democratic Forces, ADF), accusée par les autorités d’être à l’origine de la disparition, samedi, d’une vingtaine de civils.

Un Casque bleu a été tué et douze autres blessés ce lundi 9 octobre dans l’attaque par les ADF d’une base des Nations unies située dans le territoire de Beni, a fait savoir la Mission des nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco).

La veille, dimanche 8 octobre, des combats à l’arme lourde et légère ont opposé les Forces armées de la RDC aux Forces démocratiques alliés dans le même territoire de Beni, l’une des entités administratives du Nord-Kivu.

Rebelles islamistes ougandais présents dans l’est de la RDC depuis 1995, les ADF sont accusés par le gouvernement congolais et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) d’être responsables de tueries qui ont fait plus de 700 morts dans la région de Beni depuis octobre 2014.

Une vingtaine de disparus

Samedi 7 octobre, les ADF avaient attaqué une dizaine de taxis-motos sur la route entre les localités de Kamango et de Mbau. Une vingtaine de personnes sont depuis portées disparues sans que l’on sache si elles sont décédées ou toujours détenues par les ADF.

Un représentant de la société civile, Teddy Kataliko, évoque précisément le chiffre de 22 personnes portées disparues, plus dix rescapés dont sept femmes et trois hommes sur cet axe Mbau-Kamango. Selon RFI, ces vingt-deux personnes, parmi lesquelles une femme, auraient été égorgées par les ADF.

Jeuneafrique.com

 

RDC : inquiétudes dans le Nord-Kivu après l’annonce de la fermeture de cinq bases de la Monusco

juillet 19, 2017

Les Casques bleus patrouillent à Buniyampuli, dans l’est de la RDC. © Flickr/Monusco

La Monusco a annoncé mercredi la fermeture d’ici fin juillet de cinq de ses bases fixes au Nord-Kivu, dans l’est de la RD Congo. Une décision commandée par le nouveau mode opérationnel des Casques bleus, mais qui est loin de rassurer tout le monde.

Côté Monusco, on se veut plutôt rassurant. Son nouveau dispositif opérationnel ne serait justifié que pour des raisons d’efficacité. « Il comprend des patrouilles longues distances, des patrouilles de démonstrations de présence, la surveillance aérienne et un déploiement rapidement en cas d’incident de sécurité », explique la mission onusienne dans un communiqué rendu public, le 18 juillet, à Kinshasa.

Mais ce « changement de mode opérationnel » passe aussi par la fermeture à partir du 31 juillet de cinq bases fixes dans les territoires de Walikale (Walikale centre et Bunyapuri), de Masisi (Masisi centre et Nyabiondo) et de Lubero (Luofo). Toutefois, la Monusco « [veille] à continuer à remplir son mandat, c’est-à-dire qu’elle poursuit le soutien aux autorités congolaises dans la protection des civils », assure son représentant, Maman Sidikou.

Risque de recrudescence de l’insécurité ?

Côté société civile, c’est l’inquiétude. « Plusieurs ONG du Nord-Kivu estiment en effet que la Monusco ne devrait pas fermer ses bases fixes dans ces zones », soutient Juvénal Munubo, élu de Walikale, l’un des trois territoires concernés, qui dit « joindre sa voix à celle des militants de la société civile locale ».

« S’il est vrai que les rebelles rwandais des FDLR [Forces démocratiques de libération du Rwanda, NDLR] ont été repoussés vers le nord-est, il existe encore des groupes armés, surtout des Maï-Maï Guidon ou Sheka, actifs dans cette partie du pays », rappelle le député, membre de la commission en charge de la défense et de la sécurité au sein de l’Assemblée nationale.

« Avec cette fermeture annoncée des cinq bases fixes de la Monusco, je crains une recrudescence de l’insécurité dans le Nord-Kivu, prévient Juvénal Munubo. Il s’observe en effet une absence d’autorité de l’État dans plusieurs endroits de la région et ce sont ces bases qui faisaient offices d’une certaine présence d’une autorité. »

Jeuneafrique.com par