Posts Tagged ‘mopti’

Mali: six morts dans une embuscade visant le président de la Haute cour de justice

novembre 1, 2017

 

Des soldats maliens dans la région de Mopti, dans le centre du pays, en 2012. © Francois Rihouay/AP/SIPA

Le convoi du député Abdrahamane Niang, président de la Haute cour de justice, a été la cible d’une embuscade mardi dans la région de Mopti, dans le centre du pays. Son chauffeur ainsi que cinq soldats ont été tués.

Le convoi a été ciblé mardi alors qu’il se trouvait entre les localités de Dia et de Diaffarabé, dans la région de Mopti (centre), selon une source militaire malienne citée par l’AFP. « Le député [Abdrahamane Niang] est sain et sauf, ainsi que son épouse et ses deux gardes du corps. Mais son chauffeur civil a été tué par les jihadistes », a précisé une source policière locale, interrogée depuis Bamako. Cinq militaires maliens, qui allaient porter assistance au député, ont été tués lorsque leur véhicule a sauté sur une mine.

Abdrahamane Niang, député de la région de Mopti, est également le président de la Haute cour de justice, une instance crée en mars 2014 dont la mission est de juger les chefs d’États et ministres soupçonnés de haute trahison ou de crimes au cours de leurs mandats. Sa création avait à l’origine en ligne de mire l’ancien président malien, Amadou Toumani Touré,  renversé par un coup d’État le 22 mars 2012 et actuellement réfugié au Sénégal.

Nouvelle aide financière pour le G5 Sahel

Cette attaque est intervenue alors que les États-Unis ont annoncé, mardi, l’attribution d’une aide financière de 60 millions de dollars aux pays du G5 Sahel (Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad) en vue de la création d’une force conjointe de lutte antiterroriste.

Mardi, également, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a été reçu à l’Élysée par son homologue français. Emmanuel Macron a alors affirmé que « le succès de la force conjointe était une obligation collective » et s’est félicité de « quelques avancées symboliques notables depuis les combats cet été » dans le processus de paix au Mali.

Jeuneafrique.com avec AFP

Le pourquoi de l’attaque islamiste au Mali: la razzia et le chaos

janvier 21, 2013
Le pourquoi de l'attaque islamiste au Mali: la razzia et le chaos Le pourquoi de l’attaque islamiste au Mali: la razzia et le chaos © AFP

L’offensive vers le sud des islamistes armés au Mali, arrêtée par l’armée française, visait à renverser le régime, torpiller les négociations, piller ce qui pouvait l’être et semer le chaos, estiment des sources concordantes à Bamako et Paris.

Si, avec quelques milliers de combattants et quelques centaines de pick-up, les groupes radicaux ne pouvaient espérer conquérir le pays ou contrôler sa capitale, ils pouvaient profiter de la désintégration avancée de l’armée malienne pour pousser le plus au sud possible et faire plonger le pays dans un état d’anarchie d’où il aurait été long et difficile de l’en sortir, ajoutent-elles.

« Même s’ils n’avaient pas poussé jusqu’à Bamako, s’ils s’étaient par exemple arrêtés à Mopti (centre), l’onde de choc aurait été telle, avec la disparition de l’armée, que des bouleversements radicaux seraient intervenus ici » assure, à Bamako, un diplomate occidental qui demande à ne pas être identifié.

« Ce qui est certain c’est que la pression aurait été telle qu’un autre pouvoir, qui leur aurait été plus favorable, aurait été instauré ici », ajoute-t-il.

Sous l’égide du Burkina Fasso d’un côté et de l’Algérie de l’autre, des tractations étaient en cours pour tenter de faire revenir à la table de négociations certains mouvements touareg maliens et les inciter à rompre avec les forces les plus radicales, notamment Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)

« Le but de cette offensive était de contrecarrer sur le terrain cet agenda de négociations », estime un observateur avisé de la situation à Bamako, qui demande un strict anonymat.

« Les Algériens, qui croyaient tenir en laisse (le mouvement touareg) Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) l’ont vu briser sa chaîne et venir mordre. Ils sont furieux. Ils ont dit: +Ils vont le payer cher+ », ajoute cette source, qui voit là la raison pour laquelle Alger a permis aux avions français de traverser son espace aérien pour bombarder les positions intégristes.

Logique de la razzia

« Un autre motif, sans doute le plus puissant, de leur attaque vers le Sud est la faim », ajoute cet observateur. « Les barbus ne sont pas des gestionnaires. Il n’y a plus rien dans le Nord, plus de troupeaux, pas assez de céréales. L’argent des rançons contre des otages ne rentre plus. C’est la logique de la razzia, des prédateurs du désert: ils espéraient voler du bétail, des Toyota, piller des villes, des banques, pourquoi pas l’or de la banque centrale si personne ne les avait arrêtés avant Bamako ».

« Ils n’auraient jamais pu tenir la ville ou le pays, n’en avaient pas l’intention, mais ils auraient semé un indescriptible chaos. Il aurait fallu des mois, sans doute des années pour reconstruire l’Etat. Et cela aurait été autant de temps gagné pour eux. Les Français ont réagi de la seule façon possible pour les arrêter. Cela s’est joué à une demi-journée près ».

Leur premier objectif, la prise de l’aéroport de Sévaré (630 km au nord-est de Bamako), seule piste assez longue pour accueillir de gros porteurs dans le centre du Mali, aurait rendu beaucoup plus délicate toute opération internationale d’envergure contre eux.

Jean-Pierre Filiu, spécialiste de l’islam radical, professeur à Sciences-Po Paris et auteur notamment du « Nouveau Moyen-Orient », est persuadé, comme les deux autres sources, que les islamistes « ont sans doute sous-estimé la rapidité et la brutalité de la réaction française ».

« Cela dit, une fois le premier choc encaissé, ils ont réussi la manoeuvre de contournement de Diabali (ouest) et ils nous attendent maintenant sur un terrain qu’ils maîtrisent parfaitement, où ils peuvent théâtraliser la confrontation avec la France +infidèle+ », ajoute-t-il.

Le but de l’opération internationale contre eux est désormais « de libérer les grandes villes du Nord qu’ils tiennent encore, de revenir à la situation ex-ante afin de pouvoir organiser des élections dans le pays et d’entamer la reconstruction en profondeur de l’armée malienne », conclut le même diplomate.

Jeuneafrique.com avec AFP