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France: Ouverture d’un musée de l’art africain contemporain à Cannes

juillet 13, 2022

CRÉATION. L’établissement exposera des œuvres de la collection Jean Pigozzi, qui a réuni depuis 1989 plus de 10 000 créations d’artistes d’Afrique subsaharienne.

Chérie Samba : « Jaime la couleur » 2003

Cannes, dans le sud de la France, accueille depuis mardi 12 juillet au sein de la gare maritime l’exposition « Bande-annonce, la collection Pigozzi à Cannes » sous le commissariat artistique de Jérôme Neutres et Élisabeth Whitelaw. Avec plus d’une centaine d’œuvres composées de peintures, sculptures et photographies de vingt-sept artistes des années 1960 à aujourd’hui, cette exposition dévoile en partie la collection privée d’art contemporain africain de Jean Pigozzi, la plus importante au monde. À cette occasion, le maire de Cannes, David Lisnard, et le collectionneur ont annoncé la création d’un musée dédié à l’art contemporain africain qui sera entièrement consacrée aux œuvres de la collection Jean Pigozzi dans l’ancienne chapelle Saint-Roch de Cannes. La collection Pigozzi a beaucoup contribué à révéler au grand public la création contemporaine africaine et à la faire émerger sur la scène artistique mondiale.

Un musée dédié à l’art contemporain africain

La mairie de Cannes « a entrepris une démarche ambitieuse de promotion et de valorisation de l’art moderne et contemporain », a expliqué David Lisnard, également président de l’Association des maires de France. « Ce travail se concrétise aujourd’hui par la création du premier musée au monde consacré à la prestigieuse collection d’art contemporain africain de Jean Pigozzi », a ajouté le maire LR de la cité azuréenne mondialement connue grâce à son festival international de cinéma.

Le musée, dont la date d’ouverture n’a pas été précisée, proposera sur plus de 600 m2 une exposition permanente et un espace d’exposition temporaire, dans l’ancienne chapelle Saint-Roch de Cannes.

Jean Pigozzi, un collectionneur hors norme

Fils et héritier du patron italien de la marque automobile Simca, revendue à Chrysler en 1963, Jean Pigozzi, qui a grandi entre Antibes, Genève et Paris, s’est d’abord consacré à la photographie. Puis, en 1989, après avoir visité l’exposition « Magiciens de la terre » au centre Georges-Pompidou à Paris, il se passionne pour l’art contemporain africain. Depuis lors, il a réuni plus de 10 000 œuvres d’artistes de tout le continent africain, du Sénégal au Mali, du Congo à l’Afrique du Sud, couvrant une période allant des années 1950 à nos jours.

Sa collection, actuellement entreposée à Genève mais régulièrement exposée dans de grands musées du monde entier, réunit, entre autres, des œuvres du photographe malien Seydou Keïta, considéré comme l’un des plus grands portraitistes du XXe siècle, des créations du Congolais Bodys Isek Kingelez ou des sculptures du Tanzanien George Lilanga, tous décédés. Elle comprend aussi les célèbres masques faits à partir de bidons d’essence du Béninois Romuald Hazoumè et de nombreux tableaux des Sénégalais Soly Cissé et Mor Faye ainsi que du Congolais Chéri Samba. « Ma collection est vivante, organique, car je continue d’acheter régulièrement. J’ai adoré la période « découverte » il y a 30 ans, et je suis toujours aussi enthousiaste face à de nouveaux talents. Aujourd’hui, de nombreuses galeries représentent des artistes africains, il y a une multitude de foires en Occident et en Afrique, des biennales, etc. Je continue d’être fidèle à certains artistes. […] Parfois, on me contacte spontanément pour me proposer des œuvres, et il peut y avoir de bonnes surprises. C’est cela qui m’intéresse le plus : dénicher de nouveaux talents. Si j’étais un jeune collectionneur, je partirais avec ma valise sillonner les grandes villes africaines. Il y a un intérêt croissant pour l’art de ce continent et donc il y a forcément de nouveaux talents qui émergent, des vocations qui naissent », écrit Jean Pigozzi dans un extrait du catalogue de l’exposition ouverte jusqu’au 21 août 2022.

Avec Le Point

Au Bénin, un chantier patrimonial et mémoriel colossal

mai 8, 2022

Pour développer son économie, le pays mise sur sa culture et son histoire. Parmi la pléthore de projets prévus, quatre musées devraient sortir de terre d’ici à 2024.

La porte du non-retour est située sur la plage, au bout de la route des Esclaves, à Ouidah. © Jacques Torregano pour JA

C’est sur la latérite de Ouidah, foulée par plus d’un million d’esclaves noirs entre la fin des XVe et XIXe siècles, et plus précisément dans l’enceinte du fort portugais où ils étaient détenus avant leur exil outre-Atlantique, que s’érige le Musée international de la mémoire et de l’esclavage (Mime).

Encore en travaux, le bâtiment qui doit ouvrir ses portes d’ici fin 2022, n’est que l’une des briques d’un chantier patrimonial et touristique colossal. Composé de douze projets, il prévoit notamment trois autres musées, à Abomey, Porto-Novo et Cotonou.

Dépourvu de minerais et d’hydrocarbures, le Bénin possède un immense patrimoine que le ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, aime présenter comme « une exception culturelle » sur laquelle Cotonou a décidé de miser. Cette stratégie s’inscrit dans la droite ligne du programme de Patrice Talon, « Révéler le Bénin » qui doit faire du pays « l’une des destinations phares de l’Afrique de l’Ouest, voire au niveau international ».

Pour orchestrer cet ambitieux projet, l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (ANPT) a spécialement été créée en 2016. Son portefeuille de 650 milliards de F CFA (990,9 millions d’euros), soit 6 % du PIB national en 2020, est couvert à 55 % par des fonds privés.

Tourisme mémoriel à Ouidah

Ainsi, depuis 2020, la ville côtière de Ouidah est en travaux. Cette cité historique, dont les demeures à l’architecture africaine-brésilienne sont imprégnées d’un passé douloureux, est en passe d’être reconstituée grâce au soutien financier de la Banque mondiale (à hauteur de 30 milliards de F CFA) et aux fonds publics (43 milliards de F CFA). Derrière les murailles du fort portugais – dernier bastion colonial au Bénin, qui a perduré jusqu’en 1961 – s’élèvera le Mime.

Un espace de 662 m², encore en chantier, accueillera une exposition permanente dont une partie sera consacrée à l’Afrique et à l’Europe avant la traite transatlantique ; une deuxième à « l’engrenage de la traite » et une troisième aux combats menés pour la liberté.

Selon Alain Godonou, le directeur du programme musées de l’ANPT qui a chapeauté les équipes de scientifiques et d’historiens béninois et les muséographes et scénographes français des agences Decalog et Les Crayons, il était primordial de « penser le parcours du point de vue africain » et de « sortir du prisme quantitatif pour proposer des trajectoires personnifiées ».

Faute d’une collection suffisamment importante – une soixantaine de pièces seulement – , l’équipe du musée a misé sur « l’interprétation » avec des period rooms, des répliques d’objets et de nombreux supports audiovisuels.

Ainsi, il sera possible de suivre l’exode de Cujo Lewis, l’un des derniers survivants de la traite négrière, capturé à l’âge de 19 ans par les amazones du royaume de Dahomey puis convoyé depuis Abomey jusqu’à Ouidah. Il y a été confiné dans une cabane (« barracoon ») durant de longues semaines avant d’être expédié en Alabama (où il vivra dans une maison reconstituée pour l’occasion) à bord du dernier navire négrier, le Clotilda. C’était en 1860, cinquante-deux ans après l’interdiction du commerce d’êtres humains aux États-Unis.

Le futur Musée international de la mémoire et de l’esclavage (Mime) sera érigé à Ouidah. © Agence Les Crayons
Le futur Musée international de la mémoire et de l’esclavage (Mime) sera érigé à Ouidah. © Agence Les Crayons

Le circuit patrimonial se prolonge à l’extérieur du musée où la Maison du gouverneur, fraîchement rénovée, accueillera temporairement les 26 œuvres restituées par la France une fois leur exposition au Palais de la marina de Cotonou terminée.

Quelques mètres plus loin, la caserne, la ménagerie et la captiverie seront reconstruites comme au XVIIIe siècle. Le long de la route des esclaves qui relie le fort à la côte sur 4 km, d’autres sites sont en cours de réhabilitation, comme la place ChaCha, désormais appelée place aux Enchères, où les esclaves étaient troqués contre une pipe ou du tabac, ou le mémorial Zoungbodji et l’arbre du retour.

Les ambitions du gouvernement ne s’arrêtent pas là. Sur la plage bordée de cocotiers située à quelques kilomètres de la fameuse porte du non-retour, un complexe touristique de 130 chambres, financé par la Bank of China à hauteur de 109 milliards de F CFA, devrait voir le jour. À Avlékété, le village lagunaire voisin, c’est un Club Med qui sera construit dès cette année.

Ressusciter le royaume d’Abomey

Le Meard fera revivre le puissant royaume du Danhomè (Dahomey). © Agence Les Crayons
Le Meard fera revivre le puissant royaume du Danhomè (Dahomey). © Agence Les Crayons

À deux heures au nord de Porto-Novo, l’agence gouvernementale s’est promis de faire « revivre » un autre pan majeur de l’histoire du pays, celui du tricentenaire et puissant royaume du Dahomey, disparu avec une partie de ses vestiges au terme d’une lutte contre les colonisateurs français en 1894.

C’est au cœur du site palatial d’Abomey, classé patrimoine de l’Unesco depuis 1985, que sera implanté le très attendu Musée de l’épopée des amazones et du royaume de Danhomè (Meard). Il s’inscrit dans un projet plus large, financé en partie par l’Agence française de développement (AFD) pour 23 milliards de F CFA et Cotonou (15 milliards), comprenant en particulier la rénovation de trois palais royaux, l’installation d’un village pour accueillir les familles d’artisans comme au temps de la cour et l’ouverture de boutiques et de restaurants.

Pour l’architecte Françoise N’Thépé, le défi est de taille : « Je voulais que le musée ait son identité propre, sans reproduire mimétiquement l’architecture royale. » Afin de s’intégrer malgré tout dans l’histoire du lieu, le bâtiment a été pensé de plain-pied avec une structure basse « pour ne pas dominer les palais existants ». Ces nouveaux pans de façades en brique compressée feront écho aux anciens. Des hauts-reliefs devraient y être sculptés par l’artiste béninois Euloge Glèlè, un descendant du dixième roi d’Abomey, dont il porte le nom.

La Franco-Camerounaise a également fait appel aux savoir-faire locaux et à un cabinet d’étude environnemental spécialisé « pour trouver des matériaux durables, naturels et locaux plutôt que de miser uniquement sur une ventilation mécanique » afin de protéger la collection de la forte humidité. Le musée accueillera une collection permanente d’environ 500 œuvres, parmi lesquelles les 26 trésors royaux restitués qui retrouveront leur terre d’origine après cent trente années d’exil.

Vue d’architecte du futur Musée de l’épopée des amazones et du royaume de Danhomè (Meard). © Agence Les Crayons

Pour définir la programmation, Alain Godonou s’est appuyé sur un comité scientifique béninois, l’agence Decalog et des écrivains, tel Noureini Tidjani-Serpos, qui ont puisé dans les abondantes archives disponibles. « Le Dahomey est le royaume africain qui a produit le plus d’écrits en Occident, dépassant l’Empire mandingue et les royaumes bantous », raconte-t-il. Avant d’ajouter : « L’IFAN [Institut français d’Afrique noire], qui s’est installé en 1943 à Abomey, a également été un grand foyer de production pour les chercheurs africains qui retranscrivent les sources orales. »

La scénographie, conçue par l’agence Les Crayons, fera écho à cette tradition orale. Au récit factuel et chronologique de l’histoire de cette cité-État qui a fondé sa prospérité sur la traite puis l’huile de palme sera superposée la dimension légendaire de la saga dahoméenne, avec des mises en scène théâtrales et immersives.

Douze alcôves royales illustreront le règne des onze rois et de la reine Hangbé, récemment réintégrée à la dynastie. Le dernier espace sera dévolu aux amazones, entre lecture réelle et appropriation culturelle. Nicolas Béquart, le cofondateur de l’agence, ne cache pas son enthousiasme : « C’est le joyau de l’ensemble des projets ! » Il a opté pour une mise en scène graphique « hybride » en associant les savoir-faire locaux – vannerie, toiles appliquées, bois sculpté – à un style plus « contemporain ».

Si le projet est avancé, aucune brique n’a encore été posée. L’édifice doit pourtant ouvrir ses portes d’ici fin 2024. Des discussions étaient en cours jusqu’à la semaine dernière avec l’Unesco concernant la volumétrie du musée. La nouvelle mouture a été validée mais il reste encore à former des artisans du bâti à la réhabilitation des anciens palais.

Il est aussi prévu de fouiller les sols au niveau de l’emprise du musée avant sa construction. En effet, une immense partie du site royal, de 47 hectares, n’a jamais été exploré. « Des sondages ont déjà été réalisés par une équipe bénino-danoise et ils devraient se poursuivre, précise Alain Godonou. À terme, il est d’ailleurs prévu que l’équipe de recherche archéologique ait une base dans le palais de Béhanzin. »

Le vaudou au cœur de Porto-Novo

Enfin, difficile d’aborder le patrimoine culturel du pays sans parler du vaudou, dont le Bénin est le berceau. Un Musée international du vodun (MIV) s’implantera au cœur de Porto-Novo, à quelques mètres de la place Tofa. Le bâtiment aux murs en bois sculpté, pensé par le cabinet ivoirien Koffi & Diabaté, est intégralement financé par le gouvernement à hauteur de 18 milliards de F CFA.

L’objectif est de « déconstruire les stéréotypes et de donner au monde les moyens intellectuels et visuels d’une meilleure compréhension du vaudou », insiste Alain Godonou. Le comité scientifique qui travaille sur la programmation est notamment composé de Gabin Djimassè, historien, chercheur et spécialiste de l’art vaudou. Les collections qui devraient y figurer sont, elles, encore en cours d’identification.

Vue du futur Musée International du Vaudou, à Porto Novo.

Au-delà de l’enceinte du musée, l’ANPT compte valoriser la pratique de cette religion en réhabilitant notamment la route des couvents d’Adjarra à Grand-Popo et en structurant la fête du 10-Janvier pour en faire un festival international à Ouidah. Dans l’espoir d’attirer des touristes et des dizaines de millions de pratiquants étrangers – dont les afro-descendants des Caraïbes et du Brésil. Le projet le plus récent, dirigé par la Galerie nationale béninoise, consiste en la création d’un Musée d’art contemporain qui trouverait sa place dans le village artisanal de Cotonou.

Ambition démesurée ?

Après les musées, la liste de l’agence est encore (très) longue : rénovation de la cité lacustre de Ganvié (84 milliards de F CFA), développement de l’écotourisme de luxe et de la chasse pour un public « privilégié » dans le parc naturel de la Pendjari (11,5 milliards), construction du nouveau Palais royal impérial du Baru Tem à Nikki et d’une arène pour la fête de la Gaani (5 milliards), aménagement de la place Toussaint-Louverture à Allada (1,7 milliard)…

Si ces belles promesses sont porteuses d’espoirs, une telle ambition dans des délais si courts fait ressurgir la crainte qu’elles ne soient que des « éléphants blancs ».

Les musées vont-ils être construits à temps ? Vont-ils vraiment voir le jour ? Les projets ne sont-ils pas trop orientés vers un public étranger et fortuné ? Quid de l’expertise « très française » ? Les habitants concernés vont-ils réellement bénéficier des emplois ainsi créés et des retombées économiques, si retombées il y a ?

Si les risques et les engagements financiers sont réels, Wenceslas Adjognon, directeur du développement du tourisme et du marketing à l’ANPT, se veut rassurant : « Les retards ont déjà été pris en considération dans le calendrier et les ajustements requis sont faits. Les musées, comme partout dans le monde, ne sont pas conçus pour une rentabilité directe. Ils sont des leviers pour créer et accélérer des économies dérivées. Il est difficile de prévoir avec précision toute l’étendue de ces retombées économiques, mais nous sommes bien épaulés par toutes les expertises nécessaires », assure-t-il.

Très confiant, il vise « 3 millions de touristes d’ici à 2028 [contre 350 000 en 2019] », et table notamment sur le Nigeria voisin et ses 220 millions de – potentiels – visiteurs.

Avec Jeune Afrique par Marie Toulemonde

Togo : Lomé, le musée à ciel ouvert de Camille Tété Azankpo

novembre 7, 2021
Le plasticien Camille Tété Azankpo, sur le rond-point de la Colombe-de-la-Paix, à Lomé. © Caroline Chauvet pour JA

Pour le plasticien togolais, Lomé est une source d’inspiration, parfois même une œuvre d’art. Il nous emmène à la découverte de « sa » capitale natale.

« Je vais, je reviens… Je suis moulé dans cette ville. » Lomé, le plasticien Camille Tété Azankpo y est né, y a grandi. Il aurait pu habiter en Allemagne où il a étudié, ou bien en France, où il expose régulièrement. Mais il n’a jamais voulu quitter sa ville natale. Chaque jour, ce Loméen contemporain coud avec des fils de fer des bouts de bassines métalliques découpées, leur donnant une nouvelle vie, tel un docteur Frankenstein. Le temps d’une journée, il nous a emmenés faire un tour de « sa » ville.

Camille Tété Azankpo dans son atelier du quartier Forever, au nord du centre-ville de Lomé.
Camille Tété Azankpo dans son atelier du quartier Forever, au nord du centre-ville de Lomé. © Caroline Chauvet pour JA

Nous partons du nord de la capitale. L’atelier de Camille Tété Azankpo est situé à Forever, un quartier résidentiel, d’où il peut facilement se déplacer dans tout Lomé. Premier stop à l’aéroport, « là où les étrangers ont leurs premières impressions de Lomé ». Dès leur arrivée, les voyageurs ne peuvent pas manquer les fresques qui, depuis 2017, courent sur les murs de l’aérogare, puis sur des centaines de mètres, tout au long de l’avenue de la Paix, jusqu’au centre-ville. Patchwork de couleurs et de formes, représentant la paix et l’amour de la patrie, l’œuvre a été réalisée par huit artistes. Camille Tété Azankpo n’y a pas participé, mais tient à rendre hommage à ses confrères et à saluer la récente volonté des pouvoirs publics d’embellir la ville en faisant la part belle aux artistes nationaux.

OUI, IL Y A LA PAIX À LOMÉ, MAIS C’EST UNE PAIX SÉCURITAIRE

Colombe et légendes urbaines

Bifurcation vers le sud-ouest, direction le rond-point de la Colombe-de-la-Paix, dans le quartier de Tokoin. Posé sur une sphère, au sommet d’un vaste socle évasé, l’oiseau immaculé, un rameau dans le bec, surplombe le centre-ville situé en contrebas. Le monument est érigé sur le rond-point le plus emblématique de la capitale, passage obligé entre le sud et le nord de la capitale, entièrement réaménagé ces dernières années (chaussée de deux fois trois voies bitumées, larges trottoirs…).

Devant les fresques du « corridor de la paix ».
Devant les fresques du « corridor de la paix ». © Caroline Chauvet pour JA

L’artiste pose fièrement aux côtés de « la Colombe », qu’il compare à une tour Eiffel, tant elle est connue au Togo. Son seul regret : qu’elle ne soit pas l’œuvre d’un Togolais, mais d’un sculpteur italien, Franco Adami. Symbole de sérénité, le monument donne aussi lieu à quelques légendes urbaines. « Il paraît que sous la Colombe existe un passage qui mène directement au camp militaire… Ou encore que des corps humains auraient été ensevelis pour créer la Colombe ! explique l’artiste. Du temps du président Eyadema père, je me souviens que, lorsque le cortège présidentiel passait par ce carrefour, on bloquait les artères, on fermait les boutiques et tout le monde devait se tourner dos à la route. Cela pouvait durer une heure ou plus. Tout le monde avait peur de simplement regarder les hommes armés postés près de la Colombe. »

Aujourd’hui encore, l’endroit est bien gardé : un camp de la Garde républicaine jouxte le monument. Il représente décidément bien la ville, souligne Camille Tété Azankpo : « Oui, il y a la paix à Lomé, mais c’est une paix sécuritaire. »

Le marché dans son ADN

Direction le sud, au Grand-Marché d’Assigamé, le plus important de la capitale. Par sa position centrale, avec son littoral et son port en eau profonde, ses commerçants expérimentés et ses produits vendus moins cher qu’ailleurs, la métropole togolaise est une plateforme commerciale majeure dans la sous-région – et même pour l’Afrique centrale. Ivoiriens, Burkinabè, Maliens, mais aussi Gabonais viennent s’y approvisionner en pagnes et en produits de toutes sortes. Lomé est un grand marché et Assigamé, son cœur. Chaque pas de chaland, chaque clameur de commerçant est comme un battement de ville. Même si, Covid-19 oblige, nombre de clients ne peuvent plus aussi facilement se rendre au Togo, les frontières terrestres étant fermées pour les particuliers depuis mars 2020.

IL REDONNE AUX BASSINES ÉMAILLÉES, SI POSSIBLE ANCIENNES, UNE AUTRE VIE

C’est là que Camille Tété Azankpo est né et a vécu jusqu’à ses 12 ans. « Le marché est dans mon ADN », dit-il, en racontant qu’il y voyait sa grand-mère vendre du pétrole liquide (pour les lampes) qu’elle achetait au Ghana voisin. Le dimanche, il l’accompagnait parfois à la cathédrale du Sacré-Cœur. Un édifice que l’enfant admirait, non pour son caractère religieux, mais fasciné par sa structure imposante, ses formes, ses couleurs… Aujourd’hui, les œuvres de l’artiste sont découpées, comme des vitraux. « J’étais toujours content d’aller au marché, car on achetait plein de choses avec ma maman ! » se souvient-il avec une pointe de nostalgie. Assigamé, c’est sa madeleine de Proust.

… Et au Grand-Marché d’Assigamé.
… Et au Grand-Marché d’Assigamé. © Caroline Chauvet pour JA

C’est aussi là que le plasticien trouve sa « matière ». Depuis 1999, Camille Tété Azankpo récolte des bassines émaillées – si possible anciennes. Symboliques dans toute l’Afrique : elles sont souvent offertes lors d’un mariage, transmises de génération en génération… « Je leur redonne une autre vie. » C’est donc auprès des femmes, et en particulier celles du marché, que l’artiste trouve son bonheur. Aujourd’hui, il a repéré quelques modèles intéressants et promet à la vendeuse de repasser.

Le wharf, havre inspirant

Et comment parler de Lomé sans parler de l’océan ? Depuis Assigamé, il n’y a plus que quelques pas vers le bord de mer. Plus exactement vers le wharf, sur le boulevard du Mono, qui fut le premier port du pays, construit sous la colonisation allemande, inauguré en 1905 et mis à la retraite en 1964. Il n’en reste plus que les ruines battues par les vagues, les flots et le sable, comme un squelette émacié, une silhouette filamenteuse, à la Giacometti.

« Aujourd’hui, comme il n’a plus son utilité intrinsèque, le wharf est devenu une œuvre à part entière », murmure notre guide. Il est aussi un symbole de l’histoire de la ville et de la région, un lieu de promenade et de rencontres pour certains jeunes Loméens. Et un inspirant havre de méditation pour les artistes de passage.

Avec Jeune Afrique par Caroline Chauvet

Diaspora : Pap Ndiaye, à la tête du musée de l’histoire de l’immigration en France

février 19, 2021

L’historien Pap Ndiaye, frère de l’écrivaine Marie Ndiaye (prix Goncourt en 2009 pour son roman « Trois femmes puissantes »), est nommé à la direction générale du Palais de la Porte Dorée, qui chapeaute le « Musée national de l’histoire de l’immigration », et « l’Aquarium Tropical », à Paris.

Photo1: Pap Ndiaye

Né en France en 1965, d’un père sénégalais et d’une mère française, cet intellectuel noir est agrégé d’histoire. Spécialiste de la condition noire et des minorités, il est aussi spécialiste de l’histoire sociale des États-Unis et de ses minorités. Ses travaux s’intéressent également à l’histoire et à la sociologie des populations noires en France. 

A propos de sa nomination, Pap Ndiaye, qui est l’auteur d’un essai publié en 2009 sur les minorités françaises intitulé : « La Condition noire »a déclaré à la presse : « Je suis honoré de cette nomination. Je suis très content de pouvoir travailler pour une question qui est d’importance »Même si ce dernier dévoilera les détails de son projet seulement lors de sa prise de fonction le mois prochain, on sait déjà qu’il souhaite faire du Musée national de l’histoire de l’immigration un lieu de débats, en lien avec les universités, développer les échanges internationaux avec d’autres lieux consacrés au thème de l’immigration, et renforcer la présence des questions coloniales au sein de l’exposition permanente.

Donner un nouveau départ au musée de l’immigration

Le musée de l’Histoire de l’immigration est le nom adopté depuis janvier 2012 pour désigner les instances de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI). Ce « musée des Migrations  français » est aménagé dans le palais de la Porte-Dorée à l’est de Paris et ouvert au public depuis octobre 2007. Crée sous la présidence de Jacques Chirac, il a été officiellement inauguré le 15 décembre 2014, par François Hollande, sept ans après son ouverture par Nicolas Sarkozy.

Tout d’abord « musée des Colonies » de 1931 à 1935 avec sa dédicace d’inauguration « À la France colonisatrice et civilisatrice », il change plusieurs fois de nom : « musée des Colonies et de la France extérieure » en 1932, « musée de la France d’outre-mer » en 1935, « musée des Arts africains et océaniens » en 1960 et « musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie » de 1990 à 2003, année au cours de laquelle le musée ferme ses portes. Ses collections partent rejoindre celles du musée du quai Branly qui sera inauguré par l’ancien président Jacques Chirac en juin 2006, tandis qu’en juillet 2004, Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, affecte le palais de la Porte-Dorée à la future Cité nationale de l’histoire de l’immigration. De nouveaux travaux sont entamés en 2005 qui aboutiront à l’ouverture du musée de l’Histoire de l’immigration en 2007.

Selon ses statuts, ce dernier a pour mission de « rassembler, sauvegarder, mettre en valeur et rendre accessibles les éléments relatifs à l’histoire de l’immigration en France, notamment depuis le XIXe siècle ; contribuer ainsi à la reconnaissance des parcours d’intégration des populations immigrées dans la société française et faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration en France ». Le musée de l’Histoire de l’immigration est le seul musée national français consacré à l’histoire et aux cultures de l’immigration en France. À travers l’exposition permanente « Repères », le musée présente deux siècles de l’histoire de l’immigration sous un angle neuf en croisant les points de vue historique, anthropologique et artistique. En complément, le musée propose régulièrement une programmation artistique et culturelle : expositions, conférences, concerts, cinéma, théâtre, ateliers, etc.

Avec Adiac-Congo par Boris Karl Ebaka

RDC/Patrimoine : la résidence de Papa Wemba sera transformée en musée et en studio d’enregistrement

juin 18, 2020

 

Après avoir été informé de la mise en vente de la résidence du célèbre musicien Papa Wemba, le gouvernement de la RDC a décidé de la racheter. Cette annonce a été faite le samedi dernier par le ministère de la culture et des arts après le conseil des ministres présidé par vidéo conférence par le président Félix Antoine Tshisekendi.

 

Papa Wemba devant la résidence mise en vente (archives-DR)

Mise en vente par la famille du défunt pour la somme de 750.000 de dollars américains, la mythique villa, située dans le quartier chic de Ma Campagne dans la commune de Ngaliéma, sera transformée en musée et en studio d’enregistrement moderne. L’état congolais veut par ce geste conserver l’immense héritage culturel.

Le chanteur congolais est décédé en avril 2016 à 66 ans. Il a laissé derrière lui une carrière bien remplie qui lui a permis d’influencer bon nombre d’artistes africains. Papa Wemba a  largement contribué à l’internationalisation de la musique congolaise, après avoir signé au début des années 1990 sur le label de Peter Gabriel, Realworld. Grâce à ses tubes Maria Valencia  ou  Yolele, il est devenu l’un des emblèmes de la  world music.

Né le 14 juin 1949 à Lubefu, alors au Congo belge, Papa Wemba a commencé la musique vers l’âge de 20 ans. En 1977, il a fondé le label Viva la Musica, qui a formé de nombreuses stars de la musique congolaise et africaine. Souvent surnommé le « père » ou le « roi » de la rumba congolaise, il n’est pourtant pas le créateur du genre musical né dans les années 1950.

Papa Wemba est également l’un des pionniers du mouvement la Sape, la Société des ambianceurs et des personnes élégantes, mouvement à la fois dandy et exubérant qui s’est répandu dans le monde entier grâce à la diaspora congolaise des deux rives du Congo. Le musicien avait aussi fait quelques apparitions au cinéma. Il a joué dans « La vie est belle » en 1987 de Ngangura Dieudonné Mweze et Benoît Lamy, film dans lequel il interprétait le rôle de Kourou, un jeune paysan qui débarque en ville pour faire de la musique et se retrouve à embrasser toutes sortes de profession.

 

Avec Adiac-congo par Sarha Monguia

Inauguration du Louvre Abu Dhabi, un « musée universel »

novembre 8, 2017

Vue générale du musée du Louvre Abu Dhabi inauguré le novembre 2017 / © AFP / Giuseppe CACACE

Dix ans après le lancement du projet, le Louvre Abu Dhabi a été inauguré mercredi, amenant le prestigieux nom français en Orient et se projetant comme « un musée universel » porteur d’un message de tolérance.

Le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte étaient présents pour l’évènement au côté de l’homme fort des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane et de plusieurs autres dirigeants.

« Aujourd’hui, un monument culturel mondial est lancé: le Louvre Abu Dhabi rassemble des icônes de l’art reflétant le génie collectif de l’Humanité », a dit cheikh Mohammed juste avant l’inauguration officielle.

Le dirigeant d’Abou Dhabi, M. Macron et son épouse ont visité les immenses salles blanches du musée, où ils ont croisé le roi du Maroc Mohammed VI et le président afghan Ashraf Ghani, parmi les 400 invités.

Etait également présent l’architecte Jean Nouvel, qui s’est inspiré des médinas arabes pour concevoir ce musée qui ouvrira ses portes au public samedi avec des festivités prévues jusqu’au 14 novembre.

Les visiteurs pourront déambuler dans des espaces de promenade surplombant la mer et sous un dôme de 180 mètres de diamètre, composé de 7.850 étoiles en métal à travers lesquelles les rayons du soleil créent ce que Jean Nouvel appelle une « pluie de lumière », inspirée des palmeraies et des souks.

Quelque 5.000 visiteurs sont attendus dans les premiers jours, a indiqué Mohammed al-Moubarak, président de l’Autorité de la culture et du tourisme d’Abou Dhabi, qui voit dans ce musée le symbole d’une « nation tolérante ».

– Unique dans le monde arabe –

C’est « un musée universel, le premier du monde arabe », a résumé Jean-Luc Martinez, président du Louvre à Paris, qui a fait le déplacement.

Contrairement à d’autres musées dont le parcours propose un classement par styles ou civilisations, celui-ci met en lumière les thèmes universels et les influences communes entre les cultures, de la préhistoire à nos jours.

Dans une salle figurent ainsi côte à côte une feuille d’un coran bleu du IXe siècle, une torah yéménite de 1498 et deux volumes d’une bible gothique du XIIIe siècle.

Mais la star du musée, selon ses promoteurs, est « La Belle Ferronnière », ce portrait de femme de Léonard de Vinci prêté par Le Louvre Paris. Au total, 300 oeuvres ont été prêtées par 13 musées français, dont « Autoportrait » de Vincent van Gogh.

Le Louvre Abu Dhabi est le fruit d’un accord inter-gouvernemental signé en 2007 entre Paris et Abou Dhabi.

D’une durée de 30 ans, l’accord, qui inclut la marque Le Louvre et l’organisation d’expositions temporaires, totalise un milliard d’euros, sans compter le coût réel de construction que personne ne veut révéler.

– Mesures exceptionnelles –

De la collection permanente des Emirats, le musée exposera à l’ouverture 235 oeuvres, y compris « Le Bohémien » d’Edouard Manet. Parmi 28 pièces prêtées par des institutions du Moyen-Orient figure un buste monumental à deux têtes, vieux de plus de 8.000 ans, venant du Département des antiquités de Jordanie.

Des mesures exceptionnelles ont été prises pour assurer la sécurité et la conservation des oeuvres, alors que les températures extérieures excèdent les 40 degrés Celsius en été.

Lors du lancement du projet, des voix s’étaient élevées en France contre l’aspect « mercantile » de « la vente de la marque » Le Louvre dans le Golfe. Des ONG, dont Human Rights Watch, se sont ensuite inquiétées des conditions de travail des migrants sur le chantier, mais ces critiques se sont estompées au fil des ans.

Le Louvre Abu Dhabi, dont l’ouverture a été retardée plusieurs fois, est le premier de trois musées prévus à Saadiyat, avec un Guggenheim, conçu par Frank Gehry, et le Zayed National Museum confié à Norman Foster.

A part l’inauguration du Louvre, M. Macron, dont c’est la première visite officielle au Moyen-Orient depuis son élection en mai, doit s’entretenir avec les dirigeants des Emirats et rendre visite aux militaires français positionnés dans ce pays « stratégique ».

M. Macron fera également un déplacement à Dubaï et clôturera un forum économique avant de repartir jeudi soir.

Romandie.com avec(©AFP / 08 novembre 2017 17h53)                

Côte d’Ivoire: opération renaissance pour le musée d’Abidjan

octobre 10, 2017

Un visiteur contemple un masque africain au musée des civilisations à Abidjan, le 29 septembre 2017, dans le cadre de l’exposition « Renaissance » / © AFP / ISSOUF SANOGO

C’est « un des musées d’art nègre les plus riches du monde », disait de lui l’ex-président sénégalais et fin connaisseur Leopold Sédar Senghor. Pillé en mars 2011, fermé ces deux dernières années, le musée des civilisations à Abidjan a rouvert ses portes en juillet après un important lifting.

Ce lieu dans lequel on trouve « des richesses incommensurables », selon les mots de M. Senghor lors d’une visite en Côte d’Ivoire en 1971, a fait peau neuve avec des salles et des éclairages modernes mais aussi un espace de conférence, un restaurant et un jardin extérieur.

Sa première exposition post-rénovation, baptisée « Renaissance », est une sélection très dense d’une centaine de pièces maîtresses de son important fonds, qui va du paléolithique à l’art contemporain.

« Nous pouvons nous estimer heureux d’avoir une belle collection qui est une particularité de la Côte d’Ivoire. C’est un atout. Une collection de 15.000 pièces de toutes les régions », souligne la directrice du musée, Silvie Memel Kassi, encore choquée par le pillage de 2011.

Celui-ci avait eu lieu lors de l’anarchie qui a régné pendant la crise post-électorale (3.000 morts).

« Ca nous a laissé vraiment un goût amer, parce que les (120) oeuvres pillées sont des oeuvres majeures: des pièces sacrées, des objets en cire… », explique-t-elle. « On a même fait une estimation numéraire: c’est près de quatre milliards de francs CFA (6 millions d’euros) » qui ont été perdus.

– Historique et contemporain –

Le musée prévoit d’ailleurs pour les prochains mois une exposition intitulée « La Collection fantôme », à base de photographies et de pièces similaires aux pièces disparues, pour ne pas oublier. Et, souligne Silvie Memel Kassi, pour « réfléchir à comment renforcer la lutte contre le trafic illicite » de pièces historiques, un marché financé par de nombreux collectionneurs privés souvent peu regardants sur les origines.

Fondé en 1942 par la France, l’ancienne puissance coloniale, le musée d’Abidjan est lui-même une oeuvre d’art, avec ses 20 piliers en bois sculptés.

Il ne vit toutefois pas dans le passé, faisant la part belle aux créations contemporaines avec une salle consacrée à des artistes d’aujourd’hui comme Jems Koko Bi et un jardin avec des oeuvres récentes.

« C’est à dessein qu’on parle de musée des civilisations », relève sa directrice, en soulignant que les oeuvres « anciennes » émanent d’artistes qui, à leur époque, pouvaient être considérés comme modernes.

Aujourd’hui, « nous sommes en train de vivre une renaissance (des arts) au niveau national », précise-t-elle. Et dans ce musée, « nous avons (à la fois) l’aspect ancien avec les collections du musée, et l’art contemporain avec la création des jeunes plasticiens. »

Le musée d’Abidjan prépare également une exposition montrant les liens entre Picasso et les sculptures ivoiriennes, dans le sillage de « Picasso Primitif » du musée parisien Jacques Chirac du quai Branly.

Depuis sa réouverture en juillet, il a attiré un peu plus de 10.000 visiteurs mais compte décupler ce nombre en un an, grâce notamment aux touristes, qui reviennent dans le pays après une décennie de crise politique et d’insécurité, et grâce à une politique active envers les écoles et les étudiants.

« Ce musée, c’est aussi la mémoire d’un peuple », souligne Mme Memel Kassi. « Il est important de le faire découvrir aux Ivoiriens. »

Romandie.com avec(©AFP / 10 octobre 2017 19h09)                

Un demi-million d’euros dérobé au musée de François Mitterrand

décembre 3, 2015

Un musée dédié à l’ancien président socialiste français François Mitterrand a été la cible dans la nuit de mercredi à jeudi d’un cambriolage. Le butin du vol atteint près d’un demi-million d’euros, a-t-on appris de sources concordantes.

Selon la gendarmerie, les malfaiteurs se sont introduits par effraction dans le musée, situé à Château-Chinon, une ville du centre de la France, dont François Mitterrand a été le maire de 1959 jusqu’à son élection à la présidence en mai 1981.

D’après les premiers éléments de l’enquête, le butin se situerait « entre 300’000 et 500’000 euros ». Les voleurs ont emporté plusieurs dizaines d’objets de grande valeur dont des pendules et des sabres, en or, en cristal ou encore ornés de diamants.

Cadeaux reçus par Mitterrand
Après être passés par le toit, les malfrats sont parvenus à déjouer le système d’alarme, qui ne s’est pas déclenché, en ciblant une pièce du musée située dans « une zone d’ombre » du système de protection.

Le musée du septennat, créé en 1986, conserve les cadeaux officiels et personnels reçus de la part de chefs d’État étrangers par François Mitterrand durant ses deux mandats présidentiels.

La collection est constituée notamment de céramiques, verreries, pièces d’argenterie et d’orfèvrerie, tableaux, meubles et tapisseries.

Romandie.com

Un Marocain soupçonné d’avoir participé à l’attentat de Tunis arrêté en Italie

mai 20, 2015

Rome – Un Marocain soupçonné d’avoir participé à l’attentat sanglant du musée Bardo en Tunisie, qui a fait 22 morts en mars, a été arrêté près de Milan, dans le nord de l’Italie, ont annoncé mercredi les autorités italiennes.

Abdelmajid Touil, 22 ans, connu sous le pseudonyme d’Abdallah, a été arrêté mardi soir à Gaggiano, dans l’appartement où résident sa mère et ses deux frères, a précisé lors d’une conférence de presse Bruno Megale, chef du Digos (département de la police chargé des opérations spéciales et du terrorisme) de Milan.

Pour nous c’est un parfait inconnu, a expliqué M. Megale, en précisant que ses services avaient agi sur la base d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités tunisiennes, qui soupçonnent le jeune homme d’avoir participé à l’attentat du Bardo.

En Tunisie, le ministère de l’Intérieur a indiqué à l’AFP avoir émis des mandats d’arrêt internationaux contre deux Marocains et un Algérien ayant un lien indirect avec l’attentat du Bardo.

Ces trois hommes n’ont pas participé à l’opération terroriste mais ont aidé ses auteurs, a dit le porte-parole du ministère Mohamed Ali Aroui, sans les nommer et sans plus de précisions sur leur rôle.

La seule trace que le Marocain arrêté près de Milan ait laissée au sein des services de police italiens reste un arrêté d’expulsion émis à la mi-février 2015, juste après son arrivée à Porto Empedocle, dans le sud de la Sicile, avec des dizaines d’autres clandestins.

Selon les premiers éléments dont disposait M. Megale, le jeune homme est soupçonné d’être parti en Tunisie puis revenu en Italie après l’attentat. Le mandat d’arrêt international a été établi sur des chefs d’homicide volontaire avec préméditation et conspiration en vue de commettre un attentat.

En Tunisie, les autorités ont détenu près d’une cinquantaine de personnes dans le cadre de l’enquête. L’attentat a été revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI) mais les autorités tunisiennes ont affirmé qu’il avait été dirigé par Lokmane Abou Sakhr, un chef jihadiste algérien abattu fin mars par les forces de l’ordre tunisiennes.

La mère d’Abdelmajid Touil travaille comme aide à domicile et ni elle ni ses deux autres fils ne sont soupçonnés d’implication dans cette affaire. Peu après l’attentat, elle avait fait une déclaration de perte du passeport de son fils, qui a permis aux autorités de faire le lien.

Le travail de recoupement des informations entre les services a fonctionné, s’est félicité M. Megale.

Le 18 mars, une attaque terroriste contre le prestigieux musée du Bardo de Tunis, qui jouxte le Parlement, avait fait 22 morts: 21 touristes étrangers et un policier tunisien.
Parmi ces 22 morts figurent quatre touristes italiens, tandis que cinq autres ont été blessés.

Dix jours plus tard, le chef du gouvernement italien Matteo Renzi s’était rendu à Tunis, en compagnie d’autres dirigeants internationaux dont le président français François Hollande, pour participer à une grande marche contre le terrorisme en Tunisie.

Romandie.com avec(©AFP / 20 mai 2015 13h17)

RDC: Au Musée du Kivu, la « petite kabila » et autres trésors de sagesse

mars 20, 2015

Au Musée du Kivu, la 'petite kabila' et autres trésors de sagesse
Au Musée du Kivu, la « petite kabila » et autres trésors de sagesse © AFP

Perchée sur son étagère, la « petite kabila » vous regarde de ses yeux mystérieux: bienvenue au Musée du Kivu, joyau peu connu perpétrant la mémoire d’une sagesse traditionnelle congolaise aujourd’hui en voie de disparition.

Cette statuette de femme assise sur ses talons et tenant dans ses mains une sorte de jarre figurait autrefois sur tous les billets de 10 francs congolais, coupure qui n’a plus cours aujourd’hui.

C’est Laurent-Désiré Kabila lui-même, père de l’actuel président congolais Joseph Kabila, qui avait tenu à ce qu’elle soit ainsi représentée, assure Barthélémy Kayumba, animateur de ce musée caché derrière les murs de la procure des pères xavériens (missionnaires catholiques d’inspiration jésuite) à Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo.

En langue luba, « kabila signifie partage, distribution », et chez les Luba, ethnie du sud-est du pays dont est issu le chef de l’Etat, la statuette avait « une fonction d’entraide et de solidarité », ajoute M. Kayumba.

« Pour Kabila Père », chef rebelle qui mit fin en 1997 à 32 années de dictature de Mobutu Sese Seko, « elle avait une valeur symbolique », explique-t-il : « Le chef, ou la mère, doit s’occuper des plus faibles et prêter attention aux plus petits.  »

La « petite kabila » est une copie, comme nombre de pièces du musée en l’absence des pièces d’origine dont on ignore souvent le sort.

Mais les xavériens, dont les premiers prêtres sont arrivés dans le pays en 1954, ont également amassé beaucoup de pièces authentiques : des objets « conçus en prévision d’une cérémonie », généralement l’initiation ou l’investiture d’un « mwami » (chef), explique le père Italo.

Au Congo depuis près de 40 ans, ce prêtre italien a bien connu le père André, à l’origine de la constitution du musée – et aujourd’hui en Europe pour des soins.

Le musée a ouvert ses portes au public en 2013 mais la recherche des pièces avait commencé dix ans plus tôt, alors que s’achevait la deuxième guerre du Congo (1998-2003).

– ‘Objets sataniques’ –

Pour le Sud-Kivu, la fin de cette guerre régionale africaine dont la RDC fut l’unique champ de bataille, n’a pas signifié le retour à la paix. Comme sa voisine du Nord-Kivu et d’autres zones de l’est du pays, la province reste déchirée par la violence de conflits armés alimentés par des milices congolaises ou étrangères.

Le musée a pu se constituer une collection de plusieurs centaines de statuettes, masques, fétiches. . . grâce à la coopération de chefs coutumiers des principales tribus du Sud-Kivu (Lega, Bembe, Shi et Buyu), à l’honneur par rapport aux autres ethnies du pays.

Ce sont eux qui ont légué la plupart des pièces authentiques, dont la plus vieille a sans doute une centaine d’années, indique M. Kayumba : « Il s’agissait de les mettre à l’abri » pour éviter qu’elles ne soient pillées par tel ou tel groupe armé.

De par la nature même de leur fonction, ces pièces étaient transmises de chef en chef. Certains d’entre eux étaient en possession d’un véritable trésor. Mais avec la colonisation belge (1908-1960) et l’arrivée des missionnaires catholiques, on a considéré un peu rapidement que « tout cela c’était de la sorcellerie » et on a demandé aux Congolais de « mettre cela de côté alors que c’était leur façon de vivre et qu’il y avait là une vraie école de sagesse », estime le père Italo.

Chez les Lega, par exemple, on ne devient pas chef de père en fils, comme dans beaucoup d’autres tribus, mais le conseil des anciens choisit parmi les initiés « celui qui porte le plus haut les valeurs morales », explique M. Kayumba.

Le musée est là « pour garder la mémoire collective d’un peuple » alors qu’elle « tend vers la disparition », dit le père Italo.

A l’extérieur de la procure xavérienne, rien n’indique la présence du musée. Encore peu connu, il attire néanmoins quelques milliers de visiteurs par an. La plupart d’entre eux viennent en groupes organisés par des écoles ou des paroisses.

« Beaucoup de gens s’étonnent que les pères venus les évangéliser abritent chez eux des objets +sataniques+ », constate le père Italo.

Face à cette vision erronée des choses, le musée du Kivu a pour vocation d’amener les visiteurs à « prendre conscience » de leurs racines et « comprendre le sens et les valeurs de leur culture ».

Jeuneafrique.com