Le juge a qualifié de « nuit d’horreur » l’événement qui serait survenu dans un chalet de Lévis. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada/Marc André Turgeon
Un trio de jeunes aurait frappé, brûlé et agressé sexuellement un jeune homme à Lévis dans ce que le juge a qualifié « de véritable nuit d’horreur ».
Selon la poursuite, trois accusés auraient soumis le plaignant à une nuit de torture
dans le but de lui faire avouer qu’il avait violé l’ex-copine d’un membre du groupe.
Les circonstances très particulières de cette affaire ont été révélées lors de l’enquête sur remise en liberté de Roberto Chartier-Vézina tenue la semaine dernière au palais de justice de Québec.

Roberto Chartier-Vézina fait face à de graves accusations. Photo : Facebook Roberto Vézina
Le jeune homme de 21 ans est accusé d’avoir causé des lésions à la victime en commettant des voies de fait armées et d’agression sexuelle. Lucas Lambert, 18 ans et Cédric Bérubé, 19 ans, font face aux mêmes accusations.
La victime aurait été attirée dans un chalet de fortune, dans le secteur du chemin Petit-Saint-Jean, à Saint-Étienne-de-Lauzon, en octobre dernier.
Le plaignant était fortement intoxiqué et serait tombé dans une mare en se rendant sur place.
Frappé à coups de « botte à cap »
Une fois dans le chalet, un feu a été allumé pour qu’il se réchauffe. Il s’est ensuite déshabillé.
C’est à ce moment que ses malheurs auraient commencé, selon le récit fait par le procureur de la poursuite, Me Christian Gauthier.
Roberto Chartier Vézina aurait lancé les premiers coups, en frappant la victime à coup de botte à cap
aux côtes, aux jambes et au visage.
Les présumés agresseurs étaient accompagnés de deux autres personnes qui ont assisté à la scène, sans y participer, selon Me Gauthier.
Selon lui, le coup à la tête était fort. Je ne réutiliserais pas le terme donné au policier, mais c’est épeurant
, décrit le procureur.
Il ajoute qu’un témoin se demandait déjà, à ce moment, si la victime allait mourir.
Marqué au fer « comme les bêtes »
Chartier-Vézina aurait par la suite saisi un tisonnier pour le chauffer sur le poêle à bois, avant de brûler le plaignant un peu comme on fait avec les bêtes
, précise Me Gauthier.
Selon l’avocat de la poursuite, la victime est brûlée à la hanche, au dos et sur plusieurs endroits de son corps.
Par la suite, le plaignant sera enduit d’une huile rouge, servant pour les scies à chaîne. Cette huile sera également versée dans sa bouche alors qu’il cherchait son air
, selon un témoin.
Feu, scie et étau
Les présumés bourreaux auraient ensuite utilisé un briquet pour allumer l’huile.
Les cheveux seront allumés et ses poils brûlent, dont ceux du pubis
, a indiqué Me Gauthier en ajoutant que le plaignant a dû se taper dessus, pour que le feu cesse de progresser.
« Ils sont trois à vouloir faire avouer le prétendu crime au plaignant. »— Une citation de Me Christian Gauthier, procureur du Directeur des poursuites criminelles et pénales
Une scie aurait été appliquée sur la main de la victime pour tenter de le faire avouer
.
On mettra également sa main dans un étau qu’on va serrer
, a aussi relaté le procureur.
Après son arrestation, Roberto Chartier-Vézina aurait lui-même avoué qu’un manche à balai avait été utilisé pour agresser sexuellement le plaignant.
Les événements se seraient déroulés pendant plusieurs heures, jusqu’au lever du soleil.
Le trio de présumés agresseurs aurait discuté de la possibilité de tuer la victime, pour éviter d’être dénoncés à la police.
Ce choix aurait été écarté et le groupe de jeune a pris le chemin du retour. Le plaignant a cependant été poussé dans un fossé rempli d’eau, où il a été abandonné.
Désorienté
Un passant qui a aperçu la victime déambulant nue et saignant du nez a alerté la police de Lévis.
Les agents ont conduit le jeune homme à l’hôpital où il a été gardé pour être soigné pendant deux jours.
Le juge Stéphane Poulin a refusé de remettre Robert Chartier-Vézina en liberté pendant le processus judiciaire, même s’il n’a pas d’antécédent judiciaire depuis sa majorité.
Le jeune homme qui a affirmé boire une trentaine de bières par jour et consommer cannabis et cocaïne voulait aller dans une maison de thérapie.
« Je doute de ses motivations, qui semblent un prétexte pour éviter momentanément sa détention. »— Une citation de Stéphane Poulin, juge à la Cour du Québec
Son avocate a fait valoir qu’une partie de la preuve reposait sur des aveux obtenus par les policiers et que la défense comptait en demander l’exclusion. Selon l’avocate de Chartier-Vézina, les agents n’ont peut-être pas respecté les procédures.
La défense pourra faire valoir ses arguments lors du procès, mais le juge a préféré ordonner la détention du jeune homme en raison des circonstances très particulières
de cette affaire qui démontrent une agressivité importante
, a-t-il dit.
Les trois accusés ont été arrêtés dans le temps des Fêtes. Lucas Lambert a, lui, obtenu une remise en liberté pendant le processus judiciaire, lors d’une audience entre Noël et le jour de l’An.
Cédric Bérubé est toujours en attente de son enquête sur remise en liberté.
Les faits allégués par la poursuite restent à prouver lors d’un procès, alors que la défense pourra présenter sa preuve pour contrer les accusations.
Avec Radio-Canada par Yannick Bergeron