Les forces de sécurité du Myanmar ont tiré dimanche à Bagon, près de Rangoon, lors de l’enterrement de l’un des manifestants tués samedi, lors de la journée la plus sanglante depuis le coup d’État du 1er février.
© SOPA Images/Getty Images Des camions de police stationnés dans la rue à Bagon, près de Rangoon.
Des témoins cités par Reuters ne font état d’aucune victime lors cet événement.
« Alors que nous chantions le chant de la révolution pour [la victime], les forces de sécurité sont arrivées et nous ont tiré dessus », a raconté Aye, qui assistait à l’enterrement de Thae Maung Maung, un étudiant de 20 ans abattu samedi.
« Les gens, y compris nous, se sont enfuis lorsqu’ils ont ouvert le feu », a-t-elle ajouté.
Mais deux personnes ont été tuées lors d’incidents distincts ailleurs dans le pays, ont indiqué d’autres témoins et des médias. Une personne a été tuée lorsque l’armée a ouvert le feu dans la nuit sur un groupe de manifestants près de Naypyidaw, selon Myanmar Now.
Les Birmans devaient revenir à nouveau dans la rue dimanche pour réclamer le retour à la démocratie et de nombreuses funérailles devaient avoir lieu à travers le pays.
© /Getty Images Des secouristes et des médecins s’occupent d’un manifestant qui a été blessé par balle à Rangoon lors de la journée la plus sanglante depuis le coup d’État du 1er février.
Samedi, des soldats et des policiers ont tué plus d’une centaine de personnes, dont des enfants, lors de manifestations contre la junte.
Des médias ont indiqué que le nombre de morts a atteint 114 pour la seule journée de samedi tandis que l’ONU a avancé un bilan de 107 morts. Il s’agit de la journée la plus meurtrière depuis le coup d’État. Le nombre de civils tués depuis le 1er février serait de plus de 440.
La violence a éclaté dans tout le pays, l’armée utilisant des balles réelles dans plus de 40 cantons de neuf régions, y compris à Rangoon, la plus grande ville du pays, selon l’Association pour l’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).
«Les forces de la junte ont tiré à l’arme automatique sur les zones résidentielles, tuant de nombreux civils, dont six enfants entre dix et seize ans», a déclaré l’AAPP. «Le fait que le régime militaire illégitime vise les enfants est un acte d’inhumanité grave».
© /Reuters Un homme se tient derrière une barricade lors d’une manifestation, à Rangoon le 27 mars 2021.
Des chefs militaires condamnent le Myanmar
Le chef d’état-major du Canada par intérim Wayne Eyre a publié samedi soir une déclaration signée par les chefs de la défense des États-Unis, de l’Australie, du Danemark, de l’Allemagne, de la Grèce, de l’Italie, du Japon, des Pays-Bas, de la Nouvelle-Zélande, de Corée du sud et du Royaume-Uni. Tous y condamnent la violence des forces armées du Myanmar contre ses citoyens.
Le projet de déclaration ne condamne pas explicitement le coup d’État du 1er février, qui a renversé le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi, mais il affirme qu’«une armée professionnelle doit obéir à des normes de conduite internationales et doit protéger, et non blesser, la population qu’elle sert».
© STRINGER/Reuters Le général Min Aung Hlaing a défendu le coup d’État du 1er février,dénonçant des irrégularités lors des élections de novembre.
Les chefs militaires des douze pays exhortent les forces armées du Myanmar «à cesser la violence et à s’efforcer de rétablir auprès du peuple du Myanmar le respect et la crédibilité qu’elles ont perdue par leurs actions».
Auparavant, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné «dans les termes les plus forts» cette «tuerie».
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est dit «horrifié» par la «terreur» que font régner les militaires birmans. Son homologue britannique Dominic Raab a estimé que la junte avait franchi un «nouveau palier» dans la répression.
© STRINGER/Reuters Plus de 100 personnes auraient été tuées lors des manifestations de samedi selon une ONG.
Dans la soirée de samedi, au concours de beauté Miss Grand International à Bangkok, la candidate birmane, Han Lay, a plaidé pour la paix.
«Je suis profondément désolée pour toutes les personnes qui ont perdu la vie dans la rue», a-t-elle déclaré en larmes, dans un discours émouvant. «S’il vous plaît, aidez le Myanmar, nous avons besoin de votre secours international dès maintenant».
Avec CBC/Radio-Canada