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En direct: suivez la tentative de coup d’Etat au Burundi

mai 13, 2015

La candidature de Pierre Nkurunziza à la présidentielle est rejetée par l'opposition.
La candidature de Pierre Nkurunziza à la présidentielle est rejetée par l’opposition. © AFP

Ancien chef des services secrets burundais, le général Godefroid Niyombare a annoncé mercredi sur une radio privée qu’il destituait le président Pierre Nkurunziza, alors que celui-ci se trouve depuis ce matin même à Dar es-Salaam pour participer à un sommet régional sur la crise politique dans son pays. Suivez en direct l’évolution de la situation.

Dans une déclaration faite mercredi 13 mai sur la radio burundaise privée Insaganiro, le général Godefroid Niyombare, ancien chef d’état-major et ex-patron des services secrets, a annoncé la « destitution » du président Pierre Nkurunziza dont l’éventuelle candidature pour un troisième mandat a provoqué de violentes manifestations dans le pays.

Déclaration du général Godefroid Niyombare :

« Le président Pierre Nkurunziza est destitué de ses fonctions, le gouvernement est dissous », a déclaré le général Nyombare, affirmant sa volonté d’une « reprise du processus électoral ». « Il est institué un comité pour le rétablissement de la concorde nationale, temporaire et ayant pour mission entres autres le rétablissement de l’unité nationale » et « la reprise du processus électoral dans un climat serein et équitable », a-t-il ajouté.

Godefroid Niyombare avait été limogé de la direction des services de renseignement en février dernier par le chef de l’État après lui avoir déconseillé de briguer un troisième mandat jugé inconstitutionnel par ses adversaires politiques.

Le général Godefroid Niyombaré arrive à la RPA, le 13 mai au soir.REUTERS/Jean Pierre Aime Harerimana

Le général Godefroid Niyombaré arrive à la RPA, le 13 mai au soir.REUTERS/Jean Pierre Aime Harerimana

Au Burundi, l’ex-chef d’état-major, Godefroid Niyombaré, a annoncé ce mercredi matin sur une radio privée la destitution du président Pierre Nkurunziza. Après une journée de heurts dans les rues de Bujumbura, le calme semble revenu ce soir. Le président Nkurunziza qui se trouvait en Tanzanie au sommet consacré à la crise burundaise, aurait quitté Dar es Salaam. La capitale burundaise est le théâtre depuis plusieurs semaines de manifestations contre le président et sa candidature à un troisième mandat.

► Editions spéciales sur RFI ce mercredi 13 mai, 18h30-19h00 TU, toutes cibles puis 19h10-19h30 TU sur nos antennes africaines.

Les heures sont données en temps universel (TU),

19h40 : selon les informations recueillies par notre correspondant à Bujumbura, il y a encore une heure, les deux camps en discussion paraissaient d’accord pour écarter Pierre Nkurunziza. Il semblerait néanmoins qu’en ce moment un groupe d’officiers de l’ancienne rébellion CNDD-FDD, le parti actuellement au pouvoir ne veulent pas voir écarter leur chef de file. La tension serait donc montée d’un cran dans ces pourparlers, mais les deux parties rappellent leur volonté de trouver une solution pacifique à cette crise. Ils affirment vouloir trouver un accord avant demain matin pour éviter de nouvelles violences.

18h00: dans un message à la radio, le général putschiste affirme avoir « beaucoup » de soutiens au sein de l’armée et la police.

17h45 : la Maison Blanche appelle toutes les parties à déposer les armes au Burundi après la tentative de coup d’Etat contre le président Pierre Nkurunziza.

17h30 : la nuit est tombée à Bujumbura. La situation est calme et tout le monde est rentré chez soi. Les rues sont désormais vides. Les médias continuent à émettre et à évoquer la situation. Les discussions entre les militaires se poursuivent alors que la société civile et l’opposition ne se sont pas prononcées quant à leur positionnement dans cette crise.

17h05 : retrouvez le portrait du général Godefroid Niyombaré sur le site rfi.fr

16h50 : pas de nouvelle de l’arrivée du président Nkurunziza au Burundi. En Tanzanie, selon notre envoyé spécial permanent, Bruno Minas, des rumeurs circulent pour évoquer un possible départ en direction de Kampala en Ouganda, n’ayant pu atterrir à Bujumbura où l’aéroport est fermé.

16h30 : le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon appelle au « calme et à la retenue ».

16h25 : à retrouver sur rfi.fr, l’analyse de la situation par Thierry Vircoulon, chercheur à l’International Crisis Group.

16h20 : près de l’aéroport, les manifestants ont quitté la route à la demande des militaires.

16h00 : Daniel Finnan, l’envoyé spécial du service anglais de RFI, signale que l’aéroport semble fermé. Personne ne peut y entrer. Des équipes de l’aéroport ont été vues quittant les lieux en bus alors que des colonnes de militaires entraient dans l’enceinte.

15h54 : premier bilan de cette journée de contestation, la Croix-Rouge annonce trois morts, dont un policier, et 66 blessés.

15h40 : l’envoyée spéciale de RFI à Bujumbura, Sonia Rolley, évoque des pneus brûlés devant le principal commissariat de police et des petits groupes de jeunes continuent de crier victoire.

15h38 : le président Nkurunziza s’adressera à la nation après son retour de Tanzanie, a déclaré à la BBC son porte-parole, Willy Nyamitwe.

15h11 : le général Godefroid Niyombaré ordonne, sur la RPA, la fermeture de l’aéroport et des frontières alors que le retour de Pierre Nkurunziza est annoncé. Il lance un appel à tout citoyen et aux forces de l’ordre pour sécuriser l’aéroport.

15h00 : selon les militaires, il y aurait un millier de personnes sur la route de l’aéroport. Le président est toujours en Tanzanie.

14h50 : en Tanzanie, les chefs d’Etat présents pour le sommet sur la crise au Burundi condamnent le coup d’Etat. Le sommet n’a duré que quelques minutes et Pierre Nkurunziza n’a pas été vu sur les lieux de la rencontre.

14h30 : selon la BBC, plusieurs contestataires arrêtés ces dernières semaines auraient été libérés de prison par des manifestants.

14h15 : la présidence du Burundi publie un communiqué dont voici le message : « C’est avec regret que nous avons appris qu’un groupe de militaires s’est mutiné ce matin et a fait une déclaration fantaisiste de coup d’Etat. La présidence de la République annonce à l’opinion tant nationale qu’internationale que cette tentative de coup d’Etat a été déjouée et que ces gens, qui ont lu ce communiqué de coup d’Etat via des radios locales privées, sont recherchés par les forces de défense et de sécurité afin qu’ils soient traduits en justice. La présidence de la République demande à la population burundaise et aux étrangers vivant au Burundi de garder le calme et la sérénité. Tout est mis en oeuvre afin que la sécurité sur tout le territoire national soit maintenue ».

14h00 : le correspondant de RFI explique que des manifestants ont tenté de prendre d’assaut la radio nationale, mais ils en ont été empêchés par l’armée, qui a tiré en l’air.

13h52 : La situation s’est un peu calmée à Bujumbura, selon Sonia Rolley, notre envoyée spéciale. Des tractations entre les militaires loyalistes et putschistes ont lieu « pour éviter que du sang soit versé ».

13h50 : selon la présidence tanzanienne, le chef de l’Etat burundais, Pierre Nkurunziza, se trouverait toujours à Dar es-Salaam où devait se tenir ce jour un sommet sur la crise au Burundi.

13h43 : tirs entendus autour de la radio nationale.

13h40 : « C’est un jour inoubliable, c’est la première fois que la volonté du peuple est respectée ici au Burundi », déclare un manifestant.

13h28 : les réseaux sociaux fonctionnent de nouveau à Bujumbura, selon l’envoyée spéciale de RFI sur place.

13h20 : selon l’agence de presse AP, il n’y a pas de policiers visibles dans rues de Bujumbura ce mercredi.

13h15 : jusqu’à la mi-journée, la RPA était coupée sur l’ensemble du territoire. Deux autres radios privées, radio Bonesha et radio Isanganiro, n’émettaient plus ces dernières semaines que dans la capitale. Les signaux de ces trois radios ont été rétablis, ce mercredi, dans tout le pays.

13h05 : selon l’envoyé spécial du Monde au Burundi, Jean-Philippe Rémy, ce sont des militaires qui seraient allés ouvrir la RPA.

13h00 : la Radio Publique Africaine (RPA), très populaire au Burundi, vient de réémettre après 15 jours d’interruption. Elle couvre désormais les événements qui se déroulent à Bujumbura, ce mercredi.

12h45 : sur RFI, Thierry Vircoulon, chercheur à l’International Crisis Group revient les événements de ce mercredi au Burundi : « Après les accords d’Arusha, le général Niyombaré est devenu chef d’état-major des armées, et dans ce cadre il a joué un rôle très important dans l’intégration des différents mouvements de guérilla au sein de l’armée. Il est encore aujourd’hui très apprécié du fait de ce rôle de l’intégration des guérillas au sein de l’institution militaire, il est apprécié aussi bien des officiers hutus que des officiers tutsis. L’armée burundaise est le résultat de l’intégration d’une multitude de groupes, elle est donc composée de diverses factions qui ont des affinités politiques différentes et qui appartiennent à des ethnies différentes. La police a accueilli de nombreux membres du parti au pouvoir, le pouvoir a un contrôle plus serré sur la police que sur l’armée, où les équilibres sont plus respectés ».

12h40 : les manifestants chantent l’hymne national, selon notre envoyée spéciale à Bujumbura, Sonia Rolley.

Scène de joie dans les rues de Bujumbura, Burundi, le 13 mai 2015, après l’annonce de la « destitution » du président Nkurunziza par l’ex-chef d’état-major, Godefroid Niyombaré.REUTERS/Goran Tomasevic

Scène de joie dans les rues de Bujumbura, Burundi, le 13 mai 2015, après l’annonce de la « destitution » du président Nkurunziza par l’ex-chef d’état-major, Godefroid Niyombaré.REUTERS/Goran Tomasevic

12h37 : sur RFI, le correspondant à Dar es-Salaam, fait part d’une forte agitation en Tanzanie où doit avoir lieu un sommet sur la crise au Burundi. La cérémonie d’ouverture n’a pas eu lieu comme prévu et personne n’a encore vu Pierre Nkurunziza qui devait participer à cette rencontre. Les différents membres des délégations sont tous au téléphone et tentent d’avoir des informations sur la situation sur le terrain.

12h35 : les connexions Internet sont difficiles à Bujumbura.

12h33 : sur son compte Twitter, la présidence burundaise annonce que la situation est maîtrisée et que le coup d’Etat a échoué.

12h30 : des milliers de manifestants tentent de converger vers le centre-ville.

12h20 : des tirs sont toujours entendus vers la radio nationale. Des centaines de manifestants sont bloqués à proximité par des militaires.

12h00 : des militaires sont déployés autour de la radiotélévision publique à Bujumbura. Des militaires qui se disent fidèles au régime de Nkurunziza, selon notre envoyée spéciale sur place.

11h30: cette déclaration a immédiatement déclenché des tirs nourris dans le centre de la capitale.

Déclaration du général Godefroid Niyombaré 13/05/2015 – par RFI écouter

La nouvelle a fait l’effet d’un coup de tonnerre ce mercredi au Burundi lorsque l’ancien chef d’état-major a annoncé sur la radio privée Isanganiro, la destitution du président Pierre Nkurunziza. Il déclare observer « avec désolation les violences, le cynisme qui ont caractérisé Pierre Nkurunziza ». « Les forces de sécurité décident de prendre la destinée du pays en main, Nkurunziza est destitué », a-t-il ajouté.

Godefroid Niyombaré dit s’exprimer au nom du Comité pour le rétablissement de la concorde nationale. Impossible de savoir pour l’instant s’il est suivi par l’armée.

Le général Godefroid Niyombaré est un ancien chef d’état-major, ex-chef également des services secrets burundais. Ces derniers mois, il était encore conseiller à la présidence. Mais en février, le général Godefroid Niyombaré a été limogé en raison, selon certaines sources, de son opposition à un troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Le président burundais se trouve actuellement à Dar es-Salaam en Tanzanie pour un sommet sur la crise qui secoue justement le Burundi.

Rfi.fr

Burundi : l’UA opposé à une nouveau mandat de Nkurunziza, un mort dans de violents affrontements

mai 7, 2015

Un manifestant dans la capitale Bujumbura, le 6 mai.
Un manifestant dans la capitale Bujumbura, le 6 mai. © Phil Moore – AFP

Face à la crise politique, la présidente de la Commission de l’Union africaine s’est opposée à un troisième mandat du président burundais. « De mon point de vue, s’il y a une Constitution, elle doit être respectée », a déclaré Nkosazana Dlamini-Zuma.

De nouvelles violentes échauffourées ont eu lieu jeudi matin dans la capitale burundaise. Au moins trois personnes ont été tuées lors d’affrontements à Bujumbura entre la police et les manifestants, qui contestent la candidature du président Pierre Nkurunziza à un 3e mandat.

Les journalistes de l’AFP ont vu les corps de deux victimes, l’un ayant reçu une balle dans la tête, l’autre carbonisé. La Croix-Rouge a indiqué qu’une personne grièvement blessée dans l’explosion d’une grenade était morte de ses blessures.

La police a ouvert le feu sur les manifestants

Jeudi matin, dans le quartier périphérique de Kinama, au nord de Bujumbura, un petit groupe de manifestants s’est opposé à des partisans du gouvernement, selon eux des membres des Imbonerakure, les jeunes du parti au pouvoir, accusés d’intimider les opposants à M. Nkurunziza. Ils ont été pris pour cible par les manifestants, qui accusent la police de protéger les « Imbonerakure », qualifiés de « milices » du pouvoir par l’ONU. La police a alors ouvert le feu sur les manifestants, tuant l’un d’eux.

Plus tard dans la journée, un photographe de l’AFP a vu le corps carbonisé d’une troisième personne dans un autre quartier périphérique de l’est de la ville, Nyakabiga. Selon des témoins, trois personnes ont été vues par les manifestants descendre d’un pick-up des services de renseignement. La foule les a pris en chasse. L’un est parvenu à s’échapper, l’armée s’est interposée avant que le deuxième ne se fasse tuer. Le troisième a été battu à mort par des habitants du quartier, qui ont ensuite mis le feu à son corps.

Les tensions restaient fortes dans la zone, comme en témoigne cette photographie, prise par le photojournaliste Phil Moore :

L’Union Africaine ne veut pas d’un troisième mandat

Les violences ont déjà fait 17 morts. Selon l’ONU, plus de 35.000 Burundais se sont réfugiés dans les pays voisins ces dernières semaines.

La situation a poussé la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, à s’exprimer. « L’environnement n’est pas propice à une élection. On ne peut pas aller dans un pays, rencontrer des réfugiés qui fuient, et dire « Nous allons observer les élections » », a-t-elle déclaré jeudi dans un entretien accordé à la télévision chinoise CCTV . « Dans l’état actuel des choses, je ne vois même pas comment des élections peuvent avoir lieu ».

« A part la Cour (constitutionnelle) burundaise, toutes les autres interprétations que nous avons de la Constitution est que (…) il ne devrait pas y avoir de troisième mandat », a-t-elle poursuivi. Avant de lancer : « De mon point de vue, s’il y a une Constitution, elle doit être respectée. S’il y a besoin de l’amender, il faut un consensus à travers tout le pays sur son amendement. Cela ne peut pas être fait unilatéralement par une partie de la population ».

Pourquoi la situation la crise s’effonce-t-elle ?

Pierre Nkurunziza, élu en 2005 et réélu en 2010, a officiellement été investi le 25 avril candidat à la présidentielle par le parti présidentiel Cndd-FDD. Depuis, les opposants à un troisième mandat, menés par la société civile et une partie de l’opposition politique, manifestent à Bujumbura.

Mardi, la Cour constitutionnelle a donné raison au camp présidentiel, qui estime un troisième mandat conforme à la Constitution. Une décision que refusent de reconnaître les opposants, estimant la Cour inféodée au pouvoir.

Les craintes des opposants

Leurs critiques ont été appuyées par le vice-président de la Cour constitutionnelle, Sylvère Nimpagaritse. Lundi, ce dernier a fui le pays, après avoir dénoncé les pressions de hauts responsables sur la Cour pour approuver un troisième mandat. « J’ai décidé de ne pas apposer ma signature sur un arrêt, une décision qui carrément est à côté de la loi », a-t-il indiqué à l’AFP.

Malgré les pressions et les violences croissantes, le président Nkurunziza a réaffirmé mercredi soir, au onzième jour de contestation, qu’il briguerait bien un troisième mandat le 26 juin. Les opposants lui prêtent l’intention de modifier, une fois réélu, la Constitution pour supprimer la limitation de durée de l’exercice du pouvoir.

 

Jeuneafrique.com avec AFP

Présidentielle au Burundi : la candidature de Nkurunziza est anticonstitutionnelle, selon Kerry

mai 4, 2015

Pierre Nkurunziza en France, le 11 mars 2013.
Pierre Nkurunziza en France, le 11 mars 2013. © Jacques Brinon/AP/SIPA

La Cour constitutionnelle burundaise doit dire dans les prochains jours si la candidature de Pierre Nkurunziza à la présidentielle pour un 3e mandat est ou non conforme à la Constitution. Pour John Kerry, en visite au Kenya, la réponse est claire : c’est non.

« Nous sommes profondément préoccupés par la décision du président Pierre Nkurunziza, qui va à l’encontre de la Constitution de ce pays », a déclaré lundi à Nairobi le secrétaire d’État américain, John Kerry, devant la presse à l’occasion d’une visite officielle au Kenya. C’est la première fois qu’un membre éminent de l’administration Obama emploie un langage aussi direct concernant la présidentielle burundaise du 26 juin prochain.

« Nous regrettons cette importante occasion manquée, mais le dur travail de construction des institutions et des pratiques démocratiques doit continuer », avait déclaré dans un communiqué le département d’État au lendemain de la désignation de Nkurunziza par son parti comme candidat à la présidentielle, le 25 avril.

Depuis cette date, les manifestations de l’opposition se multiplient au Burundi Celles-ci sont durement réprimées par le pouvoir dont les forces de l’ordre n’hésitent pas à tirer à balles réelles sur des opposants. Au moins douze personnes sont mortes dans les violences, dont neuf manifestants tués par balles, deux policiers et un soldat.

« Mesures ciblées »

« Les États-Unis continueront à observer la situation de près et à prendre des mesures ciblées, y compris, lorsque ce sera approprié, en décidant des refus de visas américains », avait poursuivi le département dans son communiqué, ajoutant que les États-Unis tiendraient pour responsables les personnes qui participent, programment ou ordonnent des violences contre la population civile.

Les opposants à un troisième mandat estiment qu’il serait anticonstitutionnel et contraire à l’accord d’Arusha qui avait mis fin à la longue et récente guerre civile (1993-2006) dont le petit pays d’Afrique des Grands Lacs se remet encore à peine.

Le camp Nkurunziza juge la démarche parfaitement légale et a saisi la Cour constitutionnelle pour trancher la question. Le gouvernement avait dénoncé les manifestants comme des terroristes et des ennemis du pays.

Jeuneafrique.com avec AFP

Burundi: le président Nkurunziza « ne reculera pas » malgré les manifestations

avril 28, 2015

Burundi: le président Nkurunziza 'ne reculera pas' malgré les manifestations
Burundi: le président Nkurunziza « ne reculera pas » malgré les manifestations © AFP

Un président qui « ne reculera pas », des opposants à un troisième mandat de Pierre Nkurunziza déterminés à poursuivre le combat: aucun des camps n’entendait céder mardi au Burundi, au troisième jour de manifestations qui ont encore débouché sur des affrontements.

« On ne recule pas, ça c’est hors de question », a déclaré à l’AFP Willy Nyamitwe, conseiller en communication du chef de l’Etat, estimant que le parti au pouvoir (Cndd-FDD) avait « le droit de présenter son candidat à la présidentielle de 2015 comme tous les autres partis ».

« Nous devons aller aux élections. C’est le peuple qui doit trancher », a-t-il ajouté, accusant certains manifestants d’emprunter « une voie de la violence » qui rappelle « les années sombres de notre histoire ».

Il faisait référence aux premières années de la longue guerre civile (1993-2006) dont le pays se remet à peine.

La désignation samedi par le parti présidentiel Cndd-FDD de Pierre Nkurunziza comme son candidat à la présidentielle du 26 juin a déclenché des manifestations dans la capitale Bujumbura émaillées, en périphérie, d’affrontements sporadiques avec les forces de l’ordre.

Au moins cinq personnes ont été tuées depuis dimanche dans les violences. Selon la police, 37 policiers ont été blessés.

La police a jusqu’ici empêché les manifestants de quitter les quartiers périphériques de Bujumbura et de rejoindre le centre-ville, resté calme. Mais l’opposition, dont l’objectif est précisément de rallier le centre-ville, n’entend pas renoncer.

« On est en train de s’organiser pour qu’on puisse y parvenir, c’est une question de jours et de stratégie », a déclaré à l’AFP Charles Nditije, l’un des principaux opposants au chef de l’Etat.

« Nous allons l’acculer » à renoncer à sa candidature, a-t-il poursuivi. « Il n’aura d’autre choix qu’à y renoncer parce qu’on est décidés à aller jusqu’au bout ».

– « Intimidation et violence » –

Les autorités burundaises ont interdit les manifestations – qu’elles qualifient de « soulèvements » – à travers tout le pays.

Mardi, la présence policière a été renforcée dans les quartiers périphériques, où des incidents se sont de nouveau déroulés.

A Musaga, dans le sud de la capitale, notamment, quelques centaines de jeunes ont dressé des barricades de pierres surmontées de pneus enflammés, avant de jeter des pierres, a constaté un journaliste de l’AFP.

La police a répliqué à l’aide de gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes et canons à eau, et arrêté au moins trois manifestants. La situation était redevenue calme à la mi-journée.

Pour enrayer les protestations, les autorités ont aussi fermé la RPA, radio indépendante la plus écoutée du pays, accusée de relayer les appels à manifester, et arrêté des centaines de personnes. Parmi elles, une figure de la société civile, Pierre-Claver Mbonimpa, patron de la principale organisation de défense des droits de l’homme du pays, qui avait appelé à descendre dans la rue.

Un mandat d’arrêt a aussi été émis contre Vital Nshimirimana, principal organisateur au sein de la société civile de la campagne anti-Nkurunziza, passé dans la clandestinité mais qui, dans un entretien téléphonique à l’AFP, a également promis de poursuivre le mouvement.

Société civile et opposition jugent une candidature de Nkurunziza pour un troisième mandat inconstitutionnelle, la loi fondamentale du Burundi limitant à deux le nombre de mandats présidentiels.

Mais le camp présidentiel assure que son premier mandat (2005-2010), en tant que premier président post-transition élu par le Parlement et non au suffrage direct, tombe sous le coup d’une disposition particulière et n’entre pas en ligne de compte dans la limitation.

Depuis des mois, la communauté internationale met en garde contre une nouvelle candidature de Pierre Nkurunziza, de peur qu’elle ne débouche sur de nouvelles violences à grande échelle.

Avant la guerre civile, qui a fait des centaines de milliers de morts, l’histoire post-coloniale du Burundi avait déjà été marquée par les massacres interethniques.

Mardi, l’Union européenne a dénoncé « l’intimidation et la violence » dans le pays, demandant aux autorités de « garantir l’exercice pacifique des droits civils et politiques ».

L’ONU a elle affirmé » que plus de 5. 000 Burundais, terrorisés par le climat à l’approche des élections, avaient fui au Rwanda en deux jours. Au total, quelque 21. 000 Burundais ont fui dans ce pays voisin depuis début avril.

Jeuneafrique.com

Au Burundi, l’église catholique, épine dans le pied du président Nkurunziza

mars 29, 2015

Au Burundi, l'église catholique, épine dans le pied du président Nkurunziza
Au Burundi, l’église catholique, épine dans le pied du président Nkurunziza © AFP

Ce dimanche, l’église de Kiryama, en haut de la colline burundaise éponyme, est bondée. L’archevêque de Gitega (centre), Simon Ntamwana, est venu dire la messe et a préparé un sermon de circonstance en cette période pré-électorale.

Quelques jours plus tôt, la très influente Eglise catholique burundaise a pris position dans le débat qui monopolise les conversations à l’approche de la présidentielle de juin, s’opposant à un troisième mandat du chef de l’Etat Pierre Nkurunziza.

Jugeant limpides sur la question les accords de paix d’Arusha, qui avaient ouvert la voix à la fin d’une longue guerre civile, et la Constitution, elle a invité les « politiciens » à ne pas interpréter les textes « avec malignité, juste pour préserver leurs propres intérêts ».

Devant les centaines de paroissiens réunis à Kiryama, dans le centre du Burundi, Monseigneur Ntamwana plonge dans l’Ancien Testament pour reformuler le message à l’aide de deux rois juifs: Sédécias, qui, « en courant derrière les richesses », a conduit Jérusalem à sa perte, et Cyrus, qui, se souvenant de « l’amour de Dieu », a ramené la « bénédiction divine ».

« On ne peut pas choisir d’autres voies que celles de l’amour, (. . . ) du respect mutuel, (. . . ) que celles qui passent par le respect des principes qui dirigent notre pays », martèle-t-il aux fidèles.

– ‘Dommage immense’ –

Très attendu, le positionnement de l’Eglise –sans doute influencé par le récent meurtre de trois religieuses italiennes, meurtre dans lequel seraient impliqués de hauts responsables du renseignement burundais selon des médias locaux– a causé « un dommage immense » au camp présidentiel, de l’aveu même d’un cadre du parti au pouvoir (Cndd-FDD).

« L’Eglise catholique, c’est entre 75% et 80% de la population, donc c’est une force sociale, une force d’influence », explique Julien Nimubona, professeur de sciences politiques, notant le poids du religieux jusque sur la classe politique — Pierre Nkurunziza, chrétien « born-again » (revenu à la foi), dit avoir reçu des « dons de Dieu » pour gouverner.

« Les évêques sortent rarement de leur réserve sur le terrain politique », renchérit Innocent Muhozi, figure de la société civile. Mais « dans toutes les grandes crises que l’on a eues, l’église catholique a joué un rôle plutôt positif. Chaque fois que l’Etat devenait fou, l’église essayait de tempérer ».

En 1972, l’Eglise condamne les premiers massacres interethniques et la répression de l’élite hutu qui s’ensuit. Pas assez ouvertement pour certains, mais les évêques burundais se justifient dans des lettres internes: ils ne veulent pas qu' »empire » la situation.

Pendant la guerre civile (1993-2006), l’Eglise dénonce le coup d’Etat contre le premier président élu du pays, Melchior Ndadaye, puis les tueries qui s’enchaînent.

Elle perd un archevêque: celui de Gitega, Joachim Ruhuna, tué en 1996 par la rébellion hutu qu’était alors le Cndd-FDD, après avoir condamné le massacre de centaines de réfugiés tutsi. Sept ans plus tard, le nonce apostolique Michael Aidan Courtney tombe à son tour dans une embuscade après avoir rencontré les autorités religieuses, politiques et militaires du pays.

Mais c’est dans les années 80 que l’Eglise joue sans doute son jeu le plus politique: elle est engagée dans un bras de fer avec le président putschiste Jean-Baptiste Bagaza, qui l’accuse de saper son autorité et tente de réduire son influence en lui interdisant d’enseigner ou de dire la messe en semaine, et contribue à sa chute dans le coup d’Etat de 1987.

« L’Eglise catholique a toujours été en conflit avec le pouvoir, sauf probablement sous (Pierre) Buyoya », successeur de Bagaza, qui avait compris qu’il fallait avoir « de bonnes relations avec l’Eglise », poursuit Julien Nimubona. Mais aujourd’hui plus que jamais, estime-il, les évêques sont unis pour dire « Pas de troisième mandat ».

Quel sera leur influence concrète? « On verra », dit-il, soulignant que l’électorat burundais, « plutôt communautariste », réagit aussi en fonction « d’autres logiques », notamment de « peur », de « régionalisme » ou de problèmes de « chômage » et « d’emploi ».

Comme Gitega, la province voisine de Karuzi, qui abrite l’église de Kiryama dans la commune de Shombo, est un fief Cndd-FDD. Mais les évêques semblent avoir été entendus.

« L’église, je la soutiens », lance Longin Ciza, agriculteur. Routes bitumées, écoles gratuites. . . il salue le travail de Pierre Nkurunziza depuis son accession au pouvoir en 2005, mais lui conseille de se retirer.

« Quand vous travaillez pendant dix ans (. . . ), si vous continuez, vous risquez de tout gâcher », lâche-t-il.

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