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Canada: Quand les tensions entre vaccinés et non-vaccinés s’invitent dans la cour d’école

février 7, 2022

Des parents qui choisissent de ne pas faire vacciner leurs enfants s’inquiètent de les voir stigmatisés. Et une psychologue prévient que le climat social polarisé a bel et bien des conséquences sur les plus jeunes.

Un enfant assis dans la neige.

Dans un jeu d’enfants observé par un surveillant, un premier groupe, les vaccinés, devait courir après le second groupe, les non-vaccinés, pour les attraper et les forcer à aller se faire donner l’injection (archives). Photo: Getty Images/Shannon Savory

« Je n’en croyais pas mes yeux! » Anthony, un surveillant au service de garde d’une école primaire, a été choqué, c’est le moins qu’on puisse dire, lorsqu’il a été témoin, il y a quelques jours, d’un jeu des plus particuliers auquel s’adonnaient les enfants dans la cour d’école : la chasse aux non-vaccinés.

« Le jeu allait comme suit : il y avait un hôpital dans la cour d’école, où des infirmières administraient le vaccin « obligatoire » contre la COVID-19. Un premier groupe, les vaccinés, devait courir après le second groupe, les non-vaccinés, pour les attraper et les forcer à aller se faire donner l’injection. »— Une citation de  Anthony, surveillant en service de garde dans une école primaire de la région de Québec

Le tout était une mise en situation, évidemment. Les groupes n’étaient pas divisés selon le véritable statut vaccinal des enfants, selon lui. Mais il n’en demeure pas moins que ce jeu improvisé par les enfants l’a rendu mal à l’aise au point où il s’est précipité pour en parler à sa supérieure.

Elle m’a dit que c’était en effet inacceptable. Sa supérieure lui a assuré qu’un message serait transmis aux enseignants pour les mettre au courant du jeu malsain auquel se prêtaient les enfants. Anthony préfère d’ailleurs ne pas partager publiquement son nom de famille pour ne pas exposer son employeur, qui s’est montré sensible et qui a réagi face à la situation, selon lui.

Malgré cela, il était important pour lui de parler de cet événement. Ça prouve à quel point tout ce qui se passe au Québec en ce moment, avec la division quant aux restrictions sanitaires, ça se rend aux oreilles des enfants et ça les influence, dit-il.

La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier n’est pas surprise de cet incident et le trouve éloquent à sa manière.

« C’est magnifiquement parlant, cet exemple-là. Les enfants transforment en jeu une réalité sociale qu’ils subissent. C’est leur manière d’exprimer ce qu’ils perçoivent. »— Une citation de  Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue, conférencière et professeure associée à l’UQAM

La psychologue, qui a aussi corédigé le guide Parler de la COVID-19 aux enfants, ne croit pas que des incidents semblables se déroulent dans toutes les cours d’école ces jours-ci.

Elle est toutefois convaincue que les enfants sont très conscients du climat de polarisation et du déchirement social qui s’accentue entre vaccinés et non-vaccinés, et qu’ils en sont influencés. Les enfants entendent que de ne pas être vacciné, ce n’est pas bien. Donc, ils en font un jeu! Ce n’est pas bien surprenant, quand on y pense, affirme-t-elle.

L’école, c’est comme une microsociété. Les enfants rejouent dans la cour d’école ce qui se passe à l’extérieur, dans l’espace social, explique la Dre Beaulieu-Pelletier.

Pressions et mises à l’écart d’enfants non vaccinés

Le surveillant Anthony assure aussi avoir vu, dans ses dernières semaines de surveillance, certains enfants faire la police et reprocher à d’autres jeunes ou à des adultes, parfois, de ne pas porter leur masque correctement, par exemple. Ils reproduisent clairement ce qu’ils entendent de leurs parents et à la télévision, dit-il.

Il ajoute avoir eu l’occasion de parler à une fillette de huit ans qui lui a confié que ses camarades de classe étaient au courant du fait qu’elle n’était pas vaccinée. La petite élève se serait plainte de se faire importuner par ses amis qui lui demandaient pourquoi elle ne l’était pas.

De son côté, Émilie a un petit garçon de sept ans qui vit une situation qu’elle dit similaire à celle de la fillette. La mère de famille préfère que son fils ne soit pas vacciné. Elle trouve que celui-ci paie le gros prix de sa décision de mère.

Les enfants parlent de vaccins entre eux, ils savent qui est vacciné et qui ne l’est pas, raconte-t-elle. Par conséquent, ses amitiés en souffrent. Depuis quelques semaines, son fils n’est plus invité à aller jouer chez certains copains vaccinés, et les parents de ces derniers refusent que leurs enfants viennent chez lui.

« Mon garçon vit beaucoup d’incompréhension. Il se fait demander pourquoi il n’est pas vacciné par d’autres amis. Il se fait dire qu’il est dangereux parce qu’il n’est pas vacciné. Il se sent différent, rejeté, discriminé. »— Une citation de  Émilie, mère d’un garçon de deuxième année du primaire

La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier rappelle que les mises à l’écart ou toutes formes de rejet peuvent être très souffrantes pour les enfants et doivent être prises au sérieux, même si elles n’atteignent pas un niveau d’intimidation ou de harcèlement.

Émilie ajoute que son fils ressent de la détresse qu’elle-même dit vivre face au traitement réservé en général aux non-vaccinés par les temps qui courent.

Elle n’a toutefois pas de reproche à faire au personnel enseignant qui semble prendre soin de ne pas exacerber les tensions entre vaccinés et non-vaccinés, selon elle.

Une autre expérience

Les enfants de Sidali M. ont toutefois vécu une autre expérience. À plus d’une reprise, des enseignants de sa fille de 12 ans, qui fréquente une école secondaire de Montréal, auraient demandé à l’ensemble de la classe qui était vacciné parmi les élèves. Sa fille, ne l’étant pas, lui a confié avoir trouvé cela difficile et s’être sentie jugée.

Son jeune garçon de huit ans, de son côté, est revenu à la maison un peu ébranlé après que son enseignant a qualifié de champions et applaudi devant toute la classe ses camarades qui venaient de se faire vacciner dans le gymnase.

« On crée deux classes d’élèves, les vaccinés et les non vaccinés. Ça n’a pas de sens. C’est inapproprié. Et pour les enfants, c’est très difficile à comprendre et à accepter. »— Une citation de  Sidali M., père de famille de Montréal

Le père de trois enfants déplore qu’un climat de promotion du vaccin et de fixation sur le port du masque teinte le quotidien des enfants à l’école. C’est lourd à porter pour les enfants. […] Et ce n’est pas le rôle des enseignants de s’immiscer dans le débat sur la vaccination. L’école, c’est pour apprendre!, conclut-t-il.

Tout comme Émilie, Sidali M. préfère garder son nom de famille confidentiel pour éviter une plus grande stigmatisation sociale pour lui et ses enfants en raison de son refus de se faire vacciner contre la COVID-19.

Plusieurs enseignants au primaire ont indiqué à Radio-Canada avoir reçu des directives, écrites ou orales, de la part de leur direction, leur demandant d’être prudents dans leur approche de la question vaccinale avec leurs élèves. Selon eux, plusieurs parents craindraient que le statut vaccinal de leur enfant soit source de stigmatisation ou de discrimination.

La Dre Beaulieu-Pelletier confirme qu’il est important que les enseignants prennent garde à ne pas attiser la division en identifiant le statut vaccinal des enfants ou en émettant un jugement à ce sujet. L’enfant doit se sentir en sécurité et accepté à l’école. Et ça passe beaucoup par les enseignants, avise-t-elle.

Les enfants, des baromètres affectifs

La psychologue estime que les enfants, comme des éponges, absorbent les craintes ou les jugements des parents. Les enfants captent ce qui se passe autour d’eux et tentent de comprendre tout ça. Mais ils n’ont pas nécessairement les ressources pour faire les nuances nécessaires, souligne-t-elle.

Ils vont donc réagir, chacun à sa manière, face à ces tensions. Certains deviendront anxieux, d’autres plus réactifs et turbulents.Une femme portant une chemise noire et étant adossée à un mur de pierre regarde l'objectif.

La psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier. Photo : Courtoisie de Geneviève Beaulieu-Pelletier

La Dre Beaulieu-Pelletier rappelle que les enfants, surtout d’âge primaire, considèrent leurs parents comme leur modèle. Il n’est donc pas surprenant qu’ils répètent ou reproduisent à l’école ce qu’ils entendent à la maison.

Si un parent est très critique de la vaccination ou, au contraire, de la non-vaccination, l’enfant adoptera sûrement la même position très campée et pourrait être porté à juger, voire à rejeter, ses pairs qui sont « dans l’autre camp », estime-t-elle.

« C’est très important d’en parler, de cet enjeu-là. Parce qu’il y a des enfants en ce moment qui se sentent exclus ou incompris, et on ne les entend pas. »— Une citation de  Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue, conférencière et professeure associée à l’UQAM

Le rôle des parents pour prévenir des incidents fâcheux

Collectivement, on doit comprendre que chaque famille a son vécu, pour éviter de tomber dans le jugement, la critique ou le reproche, indique la Dre Beaulieu-Pelletier.

Ce n’est pas non plus le rôle de l’enfant de mener les batailles des parents, ajoute-t-elle : Nos émotions, nos angoisses, nos croyances d’adultes, ça nous appartient. On a une responsabilité de ne pas transférer cette charge émotionnelle sur nos enfants.

Elle recommande donc, pour éviter des incidents discriminatoires ou même de l’intimidation entre les enfants, que les parents soient conscients que leur irritation, voire leur animosité envers, par exemple, ceux qui refusent de se faire vacciner, pourrait faire en sorte que leur enfant ne traite pas avec respect un camarade de classe non vacciné.

Il serait préférable d’inviter à la tolérance, au respect des choix et des opinions différentes des nôtres, conclut-elle.

Avec Radio-Canada par Fannie Bussières McNicoll

France: Emmanuel Macron confirme qu’il « assume totalement » ses propos sur les non-vaccinés

janvier 7, 2022

Dans une interview donnée au quotidien régional « Le Parisien » mardi, le chef de l’Etat affirmait vouloir « emmerder » les non-vaccinés. Le président de la République affirme qu’il était de « [sa] responsabilité de sonner un peu l’alarme ».

Le président de la République, Emmanuel Macron, lors de la conférence de presse conjointe donnée avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l’Elysée, le 7 janvier 2022.
Le président de la République, Emmanuel Macron, lors de la conférence de presse conjointe donnée avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à l’Elysée, le 7 janvier 2022. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE »

Emmanuel Macron a affirmé, vendredi 7 janvier, qu’il « assum[ait] totalement » les paroles qu’il a prononcées dans une interview publiée mardi par le journal Le Parisien, où il affirme son envie d’« emmerder » les non-vaccinés, accusant certains d’entre eux de faire « de leur liberté, qui devient une irresponsabilité, un slogan ».

« Il était de ma responsabilité de sonner un peu l’alarme, c’est ce que j’ai fait cette semaine, pour que les choses puissent avancer encore plus rapidement. »

« On peut s’émouvoir sur des formes d’expression qui paraissent familières, que j’assume totalement », a déclaré le président de la République lors d’une conférence de presse donnée à l’Elysée, conjointement avec la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen. Il a ajouté : « Je m’émeus de la situation dans laquelle nous sommes, la vraie fracture du pays est là, quand certains font de leur liberté, qui devient une irresponsabilité, un slogan. »

Une stratégie assumée

Le président de la République a ainsi poursuivi en affirmant que « non seulement [les non-vaccinés] mettent en danger la vie des autres, mais ils restreignent la liberté des autres et ça, je ne peux pas l’accepter ». Revenant sur le contexte de son entretien, ce dernier a toutefois avancé : « Je ne peux pas laisser prospérer dans notre pays des débats qui consisteraient à dire : “ne les soignons pas par (…) choix, non, et je l’ai dit aussi très clairement. »

Emmanuel Macron a également fait valoir sa « stratégie, qui est simple : vacciner, vacciner, vacciner », et argué que « c’est un mouvement complètement européen qui met des restrictions sur les personnes qui ne sont pas vaccinées »« Je le dis avec beaucoup de volonté et de force : nous devons le faire pour l’ensemble de nos compatriotes qui font l’effort de se faire vacciner et qui, par l’irresponsabilité de certains autres qui, parfois par des choix assumés, sont contaminés », a-t-il argumenté.

« Et nous devons le faire aussi pour nos compatriotes qui parfois se laissent prendre par des discours obscurantistes, par des discours de peur : ils ne se protègent pas eux-mêmes alors que la science, la recherche et l’excellence technologique et productive européenne leur permet », a poursuivi M. Macron. Appuyant le chef de l’Etat français, Ursula von der Leyen a estimé que « le passe vaccinal est un instrument pour protéger les vaccinés ». Pour elle, « cette discussion sur la responsabilité et la liberté est très importante dans notre société pendant une pandémie ».

Des propos qui ont déclenché la colère de l’opposition

En plein débat sur la mise en place du passe vaccinal pour lutter contre la pandémie causée par le SARS-CoV-2, Emmanuel Macron avait clairement affiché ses intentions aux lecteurs du Parisien qui l’ont interrogé sur les non-vaccinés« Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie », avait-t-il notamment clamé.

Ces propos du chef de l’Etat avaient déclenché mardi soir la nouvelle suspension de l’examen du projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal à l’Assemblée nationale. Alors que les députés examinaient les amendements du texte au moment de la publication de l’interview, aux alentours de 21 heures, les dires de M. Macron ont déclenché un tollé dans les bancs de l’opposition, rendant plus encore houleuse et difficile la poursuite de l’examen du texte. Les députés d’opposition ont donc voté la suspension de séance et réclamé la venue du premier ministre, Jean Castex, pour expliquer ces propos.

Ce dernier s’est rendu au Palais-Bourbon mercredi en fin d’après-midi pour répondre aux interpellations, avant que reprenne l’examen du texte, finalement adopté jeudi. Devant les députés, ainsi que plus tôt devant les sénateurs, M. Castex a défendu le chef de l’Etat, affirmant que ce dernier se place du côté de la majorité que représentent les personnes vaccinées et en affirmant que ce propos était partagé par certains Français : « Ce qu’a dit le président de la République, je l’entends partout et vous le savez. » Un argumentaire repris par l’ensemble de la majorité, qui ne cesse d’affirmer que le président de la République dit « tout haut ce que pensent tout bas les Français ».

En déplacement à Béziers ce vendredi, Marine Le Pen (Rassemblement national) a de nouveau attaqué Emmanuel Macron pour ces propos sur les non-vaccinés, le qualifiant de « pyromane qui vient faire sauter le débat » sur la gestion de la pandémie.

Avec Le Monde avec AFP

France: « Emmerder » les non-vaccinés, la stratégie électorale d’Emmanuel Macron?

janvier 5, 2022

À environ trois mois de l’élection présidentielle, les propos du président français sur les non-vaccinés suscitent énormément de réactions.

Emmanuel Macron en conférence de presse.

Le président français, Emmanuel Macron Photo : Reuters

Raphaël Bouvier-Auclair (accéder à la page de l’auteur)

PARIS, France – Dès la publication en ligne mardi soir de l’article du journal Le Parisien, les mots du président français ont résonné fort.

« Emmerder » les non-vaccinés, voilà la stratégie qu’Emmanuel Macron entend appliquer pour affronter cette nouvelle phase de la pandémie.

Les intentions de son gouvernement faisaient peu de doute. La pièce maîtresse de sa politique en matière de lutte contre la COVID-19 est de transformer le passeport sanitaire en passeport vaccinal.

Ainsi, il ne serait plus possible de substituer une preuve de vaccination par un résultat négatif à un récent test de dépistage pour fréquenter des lieux comme le restaurant ou utiliser le train à grande vitesse.

Mais en répondant à une lectrice du Parisien, une infirmière qui rappelait que les lits de réanimation étaient en grande partie occupés par des patients non vaccinés, le président français a partagé le fond de sa pensée comme jamais auparavant.

« Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie. »— Une citation de  Le président Emmanuel Macron, au journal Le Parisien

Emmanuel Macron est même allé plus loin en ajoutant qu’un irresponsable n’est plus un citoyen.

À moins de 100 jours du premier tour de l’élection présidentielle, les propos du président étaient certainement calculés. Au risque de s’aliéner une partie de l’électorat, l’Élysée fait le pari que le discours du président fera écho au sentiment d’une majorité des plus de 50 millions de Français adéquatement vaccinés.

Les lecteurs, les Français qui vivent leur vie quotidienne sans être branchés en permanence sur les réseaux sociaux, ils n’ont pas du tout été choqués. Si on leur donnait la parole à eux, peut-être qu’ils utiliseraient des mots encore plus forts, disait ainsi sur les ondes de la radio RTL David Doukhan, rédacteur en chef du service politique du Parisien.

Mais les mots utilisés par le chef de l’État ont aussi suscité énormément de critiques. À droite comme à gauche, nombreux sont ceux qui accusent Emmanuel Macron d’attiser davantage les tensions au sein de la société française.

Certains analystes et politiciens n’ont par exemple pas manqué de souligner que les termes choisis entrent en contradiction avec les propos formulés par le président dans le cadre d’une entrevue à TF1 en décembre.

Il y a des mots qui peuvent blesser et c’est inacceptable, le respect fait partie de la vie politique, et je l’ai appris après, avait-il alors dit à propos de certaines de ses déclarations passées.

Les propos du président de la République sont des propos indignes, des propos irresponsables, des propos méprisants, a déclaré Damien Abad, député du groupe Les républicains à l’Assemblée nationale, où les débats sur le projet de loi sur le passeport vaccinal ont d’ailleurs été suspendus pour une deuxième nuit d’affilée après la publication de l’article du Parisien.

La vulgarité n’apporte rien, a ajouté le candidat de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

Ces propos ne sont pas que ceux d’un président. Ils ont aussi été tenus par un politicien qui n’a toujours pas officialisé sa candidature à l’élection, mais qui dans la même entrevue a déclaré qu’il avait envie et qu’il n’y avait pas de faux suspense.

La forme et le fond

Au-delà de la déclaration et des réactions, des questions se posent sur la stratégie choisie par le gouvernement français.

La pression exercée sur les non-vaccinés, qui une fois le projet de passeport adopté verront leur accès à des lieux publics grandement limité, sera-t-elle suffisante pour affronter l’actuelle vague de contamination?

Mardi, les autorités sanitaires françaises ont fait état de 270 000 nouvelles infections en 24 heures, après plusieurs jours à annoncer plus de 200 000 nouveaux cas quotidiens fin décembre et début janvier.

Le 27 décembre, trois jours avant que le Québec confirme la réimposition d’un couvre-feu, le gouvernement français annonçait quelles allaient être ses nouvelles mesures pour affronter la vague.

Parmi les annonces : le télétravail obligatoire trois jours par semaine pour les métiers qui le permettent, une limite fixée à 2000 personnes pour les grands rassemblements en intérieur, l’interdiction de consommer des boissons ou de la nourriture au cinéma ou dans les transports.

L’option d’un couvre-feu pour la soirée du 31 décembre, qui avait circulé dans les médias, a été écartée. Le report du retour en classe a aussi été rejeté, une décision qui a attiré des critiques au gouvernement.

La stratégie, depuis répétée par Emmanuel Macron, a été réitérée par le premier ministre Jean Castex. Priorité à la vaccination, en la complémentant de mesures adaptées, a-t-il déclaré.

En entrevue à Radio-Canada, Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France, assure que le pays a suffisamment de lits d’hôpital pour affronter la crise en ce moment. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiquesOCDE, la France dispose de 5,8 lits pour 1000 habitants, contre 2,5 au Canada.

Cependant, le docteur Pelloux précise que le système français de santé est confronté à un autre problème d’envergure : une pénurie de personnel soignant.

« Ce n’est pas qu’il n’y a pas de lits. Les lits, on les a, ils sont équipés, on a le matériel. On a un problème à trouver du personnel pour faire tourner ces lits. »— Une citation de  Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France

Ainsi, s’il juge que les mesures récemment annoncées par le gouvernement sont nuancées, il n’écarte pas que les autorités puissent être contraintes d’aller plus loin si le système hospitalier est mis à rude épreuve.

C’est une hypothèse. Si jamais on se retrouvait avec un échappement de cette vague à cause d’Omicron, on pourrait retourner, mais ça m’étonnerait, vers un confinement. Ce que les Français auraient de la difficulté à accepter d’ailleurs, dit-il.

Avec le regain des cas de contamination, la pandémie devrait en tous cas s’inviter à tous les niveaux dans la campagne présidentielle française.

Sur la forme, avec un impact probable sur les rassemblements et un ton comme celui emprunté par Emmanuel Macron.

Mais peut-être aussi sur le fond, avec des débats sur la gestion du système de santé.

Reuters avec Radio-Canada par

Raphaël Bouvier-Auclair

Raphaël Bouvier-Auclair