Deux garçons ukrainiens – Andrii, 12 ans, et Valentyn, 6 ans – s’imaginent en combattants ukrainiens à un point de contrôle de fortune dans leur village de Stoyanka, en banlieue de Kiev. Photo: Getty Images/Christopher Furlong
À la veille du 100e jour du début de la guerre, l’armée russe contrôle « environ 20 % » du territoire ukrainien, a annoncé jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’un discours devant le Parlement du Luxembourg.
La superficie occupée fait presque 125 000 kilomètres carrés , a-t-il dit, un territoire beaucoup plus grand que les territoires combinés du Benelux, constitué par la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg.
Au terme de la guerre de 2014, qui s’est soldée par la perte de la Crimée et d’une partie des territoires des régions de Donetsk et Louhansk, l’Ukraine avait été amputée de 43 000 km carrés, a-t-il observé.
À l’heure actuelle, la ligne de front, qui s’étend de Kharkiv à Mykolaïv, en passant par les régions de Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson, s’étend sur plus de 1000 kilomètres, a estimé M. Zelensky.
Selon lui, les troupes russes ont placé des mines sur des territoires totalisant 300 000 kilomètres carrés et ont réussi à entrer dans 3620 villes et villages du pays, dont 1017 ont été libérées par l’armée ukrainienne.
« Pourquoi nous battons-nous? Pour ce que nous sommes. Et pour rester ce que nous sommes : libres, indépendants, ouverts et unis avec tous les Européens. »— Une citation de Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine
Le président ukrainien a affirmé que 30 000 soldats russes ont été tués depuis le début de l’invasion, un chiffre invérifiable, mais nettement plus élevé que celui avancé par les services de renseignement occidentaux.
Un enfant se balance devant un immeuble détruit par une frappe russe en banlieue de Kiev. Photo : Getty Images/Pierre Crom
M. Zelensky a estimé qu’au moins des dizaines de milliers de civils ukrainiens ont été tués dans l’offensive russe, mais est demeuré muet sur les pertes subies par son armée.
Dans une entrevue accordée mercredi au réseau américain Newsmax, le président ukrainien avait cependant avancé qu’entre 60 et 100 combattants ukrainiens sont tués chaque jour et qu’environ 500 autres sont blessés.
Il a aussi rappelé que 17 millions d’Ukrainiens ont été chassés de leur domicile depuis le début du conflit, dont 5 millions, essentiellement des femmes et des enfants, ont quitté le pays.
Plus d’armes, implore Zelensky
Fidèle à son habitude, M. Zelensky a plaidé devant le Parlement luxembourgeois pour que les pays occidentaux envoient plus d’armes à l’Ukraine, et pour qu’ils continuent d’imposer plus de sanctions à la Russie.
Il demande notamment aux Européens de ne pas se contenter de geler des avoirs russes, mais de les confisquer au profit de la reconstruction de l’Ukraine.
« Nous devons trouver un moyen juridique de les confisquer pour compenser les dommages que la Russie a faits aux victimes de la guerre. Ce sera juste, et instructif pour l’agresseur. »— Une citation de Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine
Le discours du président Zelensky a été prononcé alors que l’armée russe continue de resserrer son étau sur Sievierodonetsk, dernier pré carré ukrainien dans la région de Louhansk, avec sa ville jumelle de Lyssytchansk.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, les forces russes ont aussi bombardé plusieurs lignes de chemin de fer dans la région de Lviv, dans l’ouest, où arrivent notamment les armes livrées à l’Ukraine par les pays occidentaux.
Des survivants de l’occupation russe à Andriivka enterrent leurs proches. Photo: AFP via Getty Images/Sergei Supinsky
Dans la collecte des corps dans le village ukrainien d’Andriïvka, il y a un rituel : d’abord un point d’interrogation jaune est marqué sur la maison, puis la police arrive pour exhumer la tombe. Enfin, les proches font face à la triste découverte.
Certains d’entre eux sont stoïques et résignés devant les restes d’un être bien-aimé désormais parti. D’autres se ruent à ses côtés pour le caresser, comme pour tenter de le réveiller d’un profond sommeil.
Les journalistes de l’Agence France-Presse ont ainsi vu lundi les cadavres de trois hommes en habits civils être exhumés des jardins d’Andriïvka, à plus de 30 kilomètres à l’ouest de Kiev.
Il s’agit de Rouslan Iaremtchouk, 46 ans, de Léonid Bondarenko, 68 ans, et d’Iouri Kravtchennia, 46 ans, selon leurs pièces d’identité et leurs voisins.
Un policier remplit un rapport après l’exhumation d’un corps à Andriivka. Photo: AFP via Getty Images/Sergei Supinsky
Selon un responsable local, trois autres corps ont été exhumés plus tôt. Enterrés par leurs voisins, tous avaient été tués par les Russes, précisent les habitants.
Andriïvka, où habitaient 2000 personnes avant le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, a été occupée par les forces de Moscou jusqu’à leur retrait de la région, à la fin du mois de mars.
Rouslan a été enterré dans un jardin, derrière une maison blanche, vêtu d’un chandail bleu, de jeans et de chaussures de randonnée grises. Son corps est hissé par trois hommes.
Son voisin Viktor Ganiouk, 42 ans, ne connaît que son prénom : Rouslan. C’est lui qui l’a enterré, avec l’aide d’un autre villageois.
À proximité, la police rédige un rapport à l’aide d’un diplôme qui révèle son nom. Rouslan Iaremtchouk a étudié le génie électrique à l’Institut Polytechnique de Kiev.
Le corps d’un homme est exhumé par trois habitants d’Andriivka. Photo: AFP via Getty Images/Sergei Supinsky
Sur le pas de la porte, trois rations de l’armée russe, ouvertes. Cet homme est allé les voler. C’est probablement ce pour quoi il a été tué, affirme Viktor.
Selon lui, son voisin a été abattu d’une balle derrière l’oreille. Le corps de Rouslan est placé dans un sac mortuaire, et la police continue.
Le suivant, Léonid Bondarenko, est enterré près d’une maison rose, une croix mortuaire fleurie déposée avec l’inscription 6 mars 2022. Le jour de sa mort.
Son corps est enveloppé dans une couette bleue à motifs. Trois hommes le soulèvent, révélant sa tête ensanglantée.
Son fils Oleksandre, 39 ans, se tient devant le portail de la maison avec résignation. Son père a été tué dans un bombardement et un voisin l’a enterré quelques jours plus tard.
Une femme dévastée par les funestes découvertes à Andriivka, dans la région de Kiev Photo: AFP via Getty Images/Sergei Supinsky
Je ne sais pas comment des gens ordinaires doivent réagir à tout cela. Ils ont détruit tout le village, souffle-t-il.
Artiom Ielisseïev, policier de 25 ans, s’interroge : Que penser lorsque ce sont des civils qui sont tués, pas des militaires? Il a déterré aujourd’hui un homme dans la force de l’âge et un retraité, tués eux aussi. C’est difficile pour moi de parler de ce que je ressens, dit-il.
Le corps de Iouri Kravtchennia est enterré dans le sol près d’une maison détruite. Alors qu’il est sorti de terre, sa femme Olessia hurle de douleur à l’intérieur des ruines.
Elle jette un œil au-dessus de la clôture et voit le corps de son mari être soulevé.
La dépouille est enveloppée d’un plastique ondulé, et son visage d’un vert pâle. En la revoyant, Olessia se rue à ses côtés, mais ses jambes se dérobent soudain, et elle s’effondre. Iouri a été abattu dans la rue alors qu’il tenait ses mains en l’air, assure-t-elle.
Ça fait 41 jours qu’il n’est plus là et je pleure. Je ne peux pas continuer sans lui, dit-elle.
Une femme pleure la mort de son conjoint. Photo: AFP via Getty Images/Sergei Supinsky
Sa voisine, Tetiana Iermakova, 53 ans, vient la réconforter. Elle aussi est veuve. Son mari Igor, 54 ans, est enterré dans le jardin avoisinant.
Igor a été arrêté par les soldats russes le 2 mars, car il faisait circuler des informations sur la présence des forces de Moscou, selon sa belle-sœur Lioudmila Oleksiyenko. Deux jours plus tard, il a été retrouvé mort près des pylônes électriques.
« Ils ont juste dit qu’il y avait quelqu’un là-bas. On m’a dit : « va voir si c’est le tien » », raconte Lioudmila Oleksiyenko, 63 ans.
Près de 2000 personnes habitaient Andriivka, dans la région de Kiev, avant l’invasion russe. Photo : AFP via Getty Images/Sergei Chuzakov
Les mains du cadavre étaient fermement attachées avec une corde derrière son dos, au point qu’elles sont devenues bleues, dit-elle.
Avec ma sœur, nous l’avons traîné jusqu’au jardin ici, pour l’enterrer. Nous avons creusé le trou nous-mêmes, poursuit Lioudmila.
Son corps sera le septième à être exhumé lundi, si les habitants de ce village trouvent encore la force de continuer.
Le feu provoqué par l’attaque de la centrale a fait plusieurs morts et blessés, selon les autorités ukrainiennes.
Un bâtiment administratif de la centrale nucléaire de Zaporijia a été endommagé tôt vendredi matin par des tirs. Photo : via Reuters/Energoatom
Les Russes ont attaqué, tôt vendredi matin, la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia, la plus grande d’Europe. Les tirs ont fait plusieurs morts et provoqué un incendie, faisant craindre le pire, mais la situation est maintenant maîtrisée.
L’organisme de l’État ukrainien chargé de l’inspection des sites nucléaires indique que les Russes occupent le territoire de la centrale, mais que le personnel opérationnel s’assure du bon fonctionnement des installations, situées à environ 550 kilomètres de la capitale, Kiev.
Aucun changement sur le plan de la radioactivité n’a été constaté, a-t-il précisé.
Selon les responsables de la centrale, un bâtiment pour les formations ainsi qu’un laboratoire ont été touchés. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) confirme qu’aucun équipement essentiel n’a été atteint et que le niveau de radiation est demeuré normal.
Les secours ukrainiens avaient d’abord affirmé sur Facebook que l’attaque de la centrale n’avait fait aucun mort, mais le ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine soutient maintenant que plusieurs personnes ont été blessées ou tuées dans l’incendie, sans donner plus de détails.
Le point avec notre envoyée spéciale en Ukraine, Marie-Eve Bédard. Photo : Zaporizhzhya NPP via Reuters Zaporizhzhya NPP
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, selon qui ce sont des chars russes qui ont ouvert le feu sur la centrale de Zaporijia, a accusé Moscou d’agiter la terreur nucléaire et de vouloir reproduire la catastrophe nucléaire de 1986 à Tchernobyl, la plus grave de l’histoire.
« Nous alertons tout le monde sur le fait qu’aucun autre pays hormis la Russie n’a jamais tiré sur des centrales nucléaires. C’est la première fois dans notre histoire, la première fois dans l’histoire de l’Humanité. Cet État terroriste a maintenant recours à la terreur nucléaire. »— Une citation de Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine
Le ministère russe de la Défense a de son côté dénoncé une opération de sabotage de la part de l’Ukraine, la qualifiant de provocation monstrueuse. Mais d’après Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomiqueAIEA, le projectile ayant déclenché l’incendie serait probablement russe.
Zaporijia est la plus grande centrale nucléaire d’Europe avec une capacité totale de près de 6000 mégawatts, assez pour fournir en électricité environ 4 millions de foyers. Elle a été inaugurée en 1985, quand l’Ukraine faisait encore partie de l’Union soviétique.
Le 24 février, des combats avaient déjà eu lieu près de l’ancienne centrale de Tchernobyl, à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, et qui est désormais entre les mains des troupes russes.
Rafael Grossi, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, informe la presse sur les frappes qui ont touché la centrale de Zaporijia, le 4 mars 2022. Photo : AFP via GettyImages/Joe Klamar
Vendredi, le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomiqueAIEA s’est dit prêt, en conférence de presse à Genève, à se rendre à Tchernobyl afin de négocier une solution pour garantir la sécurité des sites nucléaires mis en danger par la guerre.
C’est une situation sans précédent, a soutenu Rafael Grossi, alors que c’est la première fois qu’un conflit militaire se déroule dans un pays doté d’un large programme nucléaire. Les deux parties examinent l’offre, selon M. Grossi.
Explosions successives à Kiev
Les grandes villes d’Ukraine continuent d’être la cible de bombardements vendredi, au neuvième jour de l’offensive russe.
Tchernihiv, ville du nord de l’Ukraine où des bombardements dans une zone résidentielle ont fait au moins 33 morts jeudi, continuait d’être pilonnée vendredi.
Située à 120 km au nord-est de Kiev, cette ville d’environ 285 000 habitants se trouve sur l’une des principales routes menant à la capitale, cible prioritaire de Vladimir Poutine.
De nouvelles images satellites montrent le convoi russe toujours stationné à environ 25 kilomètres de Kiev, le 4 mars 2022. Photo : via Reuters/Maxar Technologies
Le convoi de chars russes d’une soixantaine de kilomètres est par ailleurs toujours à l’arrêt, à 25 kilomètres au nord-ouest de Kiev, où des bombardements continuent de faire rage, en plus de viser les villes et les quartiers périphériques du nord.
En avant-midi vendredi, plusieurs importantes explosions ont été entendues de manière successive près du centre de Kiev, après que les sirènes d’alerte antimissile eurent retenti dans la ville. L’origine de ces explosions n’est pas encore connue.
Des Ukrainiens fuient Kiev, le 4 mars 2022. Photo : AFP via Getty Images/Sergei SUPINSKY
Armes à sous-munitions à Kharkiv
La situation était aussi devenue un enfer à Okhtyrka, et critique à Soumy, dans le nord-est, non loin de Kharkiv, elle-même pilonnée depuis plusieurs jours, selon les autorités locales.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a affirmé vendredi que des armes à sous-munitions ont été utilisées le 28 février dans au moins trois quartiers résidentiels de Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, avec quelque 1,4 million d’habitants.
Human Rights WatchHRW affirme avoir identifié l’utilisation de sous-munitions via une roquette 9M55K Smerch de fabrication russe.
« Utiliser des sous-munitions dans des zones habitées montre un mépris absolu pour la vie des gens. […] Leur utilisation telle que documentée à Kharkiv pourrait constituer un crime de guerre. »— Une citation de Steve Goose, directeur de l’armement pour Human Rights Watch
Le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nordOTAN, Jens Stoltenberg, a aussi affirmé vendredi que la Russie faisait usage de ces bombes en Ukraine. Nous avons vu l’utilisation de bombes à sous-munitions et nous avons vu des rapports témoignant de l’utilisation d’autres types d’armes qui violent le droit international, a-t-il dit devant la presse à Bruxelles.
Les bombes à sous-munitions sont composées d’un conteneur, tel un obus, regroupant des projectiles explosifs, de taille plus réduite, dites sous-munitions.
Très imprécises, elles sont indistinctement létales à l’égard des populations civiles, dispersant une multitude de petites munitions dans une très large zone, dont certaines restent non explosées et peuvent tuer des années après, comme les mines.
Leur utilisation est interdite par la convention d’Oslo de 2008, mais Moscou ne l’a pas signée.
Un immeuble résidentiel dévasté après un bombardement à Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, le 3 mars 2022. Photo : AFP via Getty Images/Sergey Bobok
En marche vers Mykolaïv
Le sud de l’Ukraine est un front stratégique pour Moscou, qui souhaite avancer vers le nord et l’est pour encercler les troupes ukrainiennes qui combattent au Donbass et, à terme, resserrer son étau sur les villes de Kiev et de Kharkiv en y ouvrant un front méridional.
La ville de Marioupol, un port stratégique pour assurer la jonction des troupes russes venues de Crimée annexée avec celles des séparatistes de l’est, était assiégée jeudi, selon le maire, qui affirmait que les habitants étaient sans eau et sans électricité.
Vendredi, les autorités régionales ont indiqué ne disposer d’aucune communication.
Plus à l’ouest, à Mykolaïv, prochaine ville sur le chemin des Russes après Kherson, tombée la veille, le gouverneur de la région a affirmé sur Twitter vendredi que les troupes ennemies s’approchent et que des affrontements ont lieu présentement.
La veille, les autorités ukrainiennes avaient fait état d’une colonne de 800 chars russes avançant vers Mykolaïv, qui compte près de 500 000 habitants.
Utilisez Starlink… à vos risques et périls
Selon le patron de SpaceX, Elon Musk, le système de communications satellites Starlink fourni par sa compagnie pour maintenir l’accès à Internet en Ukraine est désormais le seul qui fonctionne par endroits dans le pays.
Le milliardaire sud-africain a publié un tweet vendredi pour mettre en garde les Ukrainiens contre l’utilisation du système, qui est probablement à haut risque d’être visé par les troupes russes, selon lui, et dont l’antenne peut être facilement repérable.
N’activez Starlink qu’en cas de besoin et placez l’antenne aussi loin que possible des personnes, a-t-il conseillé. Placez un camouflage léger par-dessus l’antenne pour éviter la détection visuelle.
Cathédrale envahie, barrages policiers, message de fermeté : la tension montait samedi soir à Kinshasa à quelques heures d’une manifestation des catholiques contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila en République démocratique du Congo.
Les autorités de la ville de Kinshasa ont interdit samedi l’organisation de la marche prévue pour dimanche dans la capitale, comme ils avaient interdit les précédentes.
Faute d' »itinéraire à suivre, la ville ne saurait prendre acte de votre manifestation parce que ne pouvant en garantir un encadrement efficient », a écrit le gouverneur de Kinshasa André Kimbuta aux organisateurs, le Comité laïc de coordination (CLC).
Dans la matinée, M. Kimbuta avait invité les organisateurs de la marche à une séance de travail en vue d’examiner son itinéraire. Cette rencontre n’a finalement pas eu lieu.
Pour ajouter à la confusion, en fin de journée, plusieurs centaines de militants du parti présidentiel ont envahi l’enceinte de la cathédrale de Kinshasa, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Nous sommes venus prendre possession de la cathédrale Notre-Dame du Congo pour participer à la messe de dimanche (…) et défendre la patrie », a déclaré à l’AFP Papy Pungu, le président des jeunes leaders du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).
« Nous passerons la nuit ici », a-t-il précisé, alors que la présence des ces militants coiffés pour la plupart de bérets rouges a créé un climat de panique à Lingwala, un quartier du nord de Kinshasa.
« Ils sont venus à bord de plusieurs bus Transco (la compagnie publique de transport en commun), ils ont envahi la grotte de la Vierge, c’est de la provocation », a réagi sur place Félicité Mbula, une fidèle de la paroisse.
« L’église est fermée, nous n’avons pu avoir la messe ce soir », a-t-elle déploré.
Ces militants du PPRD « prétendent venir prier dimanche, mais on ne passe pas la nuit dans nos paroisses », a jugé Antoine Bokoka, responsable du service du protocole paroissial. Ils ont finalement quitté le lieu aux environs de 20h00 après une négociation avec la police.
– ‘Objectif zéro mort’ –
Le CLC a le soutien de l’épiscopat, qui a demandé aux Congolais de « demeurer debout et vigilants ».
Dans la capitale, le climat est tendu, avec des barrages, où les policiers fouillent les véhicules et contrôlent les identités des passagers.
Les précédentes marches du comité laïc de coordination, qui avaient été interdites par les autorités, les 31 décembre et 21 janvier, avaient été réprimées à balles réelles, faisant une quinzaine de morts d’après l’Église, deux selon les autorités.
Le gouverneur « n’a pas pris acte de la marche de demain (dimanche) et nous a instruit de prendre des dispositions pour sécuriser la population et faire échec à quiconque tentera de troubler l’ordre public », a déclaré à des journalistes le général Sylvano Kasongo, chef de la police de Kinshasa.
« L’objectif c’est (d’avoir) zéro mort », a ajouté cet officier, visé par une plainte pour « assassinat » à l’occasion de la répression de la marche du 21 janvier.
« J’ai dit aux policiers de ne pas tirer sur la population civile. Nous avons d’autres méthodes pour maintenir l’ordre public. On a le matériel non létal, on a pas droit de tirer sur la population à balles réelles. Nous serons stricts mais courtois », a assuré le général Kasongo.
Kinshasa a estimé samedi que l’Église se livrait à un « activisme politique partisan », selon un compte rendu publié à l’issue d’un conseil des ministres tenu par le président Kabila.
Des membres du clergé « coalisés avec une frange radicalisée de l’opposition et des groupes subversifs dits +citoyens+ (…) incitent depuis peu la population au soulèvement », estime le gouvernement.
Le 26 janvier, le président Joseph Kabila avait déjà critiqué l’ingérence de l’Église catholique dans les affaires politiques en RDC lors de sa conférence de presse : « Rendons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».
Les catholiques demandent à M. Kabila, dont le deuxième et dernier mandat s’est achevé en décembre 2016, de déclarer publiquement qu’il ne se représentera pas à la prochaine présidentielle prévue le 23 décembre 2018.
La capitale irakienne restait sous haute sécurité après que des milliers de manifestants ont envahi samedi le Parlement pour protester contre l’incapacité de la classe politique à former un nouveau gouvernement. L’UE a mis en garde contre une déstabilisation du pays.
Criant, chantant et brandissant des drapeaux irakiens, les protestataires ont occupé pendant plusieurs heures samedi après-midi le Parlement situé dans la Zone verte, le quartier ultra-sécurisé de Bagdad où se trouvent les principales institutions de l’Etat.
Ces partisans de l’influent chef chiite Moqtada Sadr ont envahi le Parlement, certains saccageant du mobilier, a constaté un journaliste de l’AFP. « C’est nous qui dirigeons ce pays à présent! Le temps de la corruption est révolu », a lancé un manifestant.
Les forces de sécurité étaient présentes mais ne sont pas intervenues. Des mesures ont été immédiatement prises par le gouvernement pour renforcer la sécurité autour de la Zone verte, où se trouvent également les bureaux du Premier ministre et des ambassades.
De leur côté, les manifestants ont placé des barbelés sur une route menant à l’une des sorties du quartier, empêchant certains parlementaires de s’enfuir.
Sit-in
Les manifestants ont décidé d’envahir la Zone verte après avoir appris que les députés avaient de nouveau échoué à approuver la formation d’un gouvernement de technocrates proposé par le Premier ministre.
Les postes clés au gouvernement sont depuis des années partagés sur la base de quotas politiques et sectaires, une pratique avec laquelle les manifestants veulent en finir.
Les manifestants ont occupé le Parlement pendant six heures avant de quitter le bâtiment à l’appel de membres de la milice de Moqtada Sadr et d’entamer un sit-in sur la place Ihtifalate dans la Zone verte, a constaté un photographe de l’AFP.
Situation « sous contrôle »
Le Premier ministre Haider al-Abadi a affirmé dans un communiqué que la situation à Bagdad était « sous contrôle ».
Cette montée des tensions intervient alors que la capitale irakienne était déjà placée en alerte ce week-end en raison des craintes d’attentats à l’occasion d’un important pèlerinage chiite. Une attaque revendiquée par l’organisation djihadiste sunnite Etat islamique (EI) a d’ailleurs provoqué samedi dans la matinée samedi la mort d’au moins 23 personnes, dont des pèlerins, selon des responsables irakiens.
Un chef des insurgés islamistes shebab a menacé le Kenya d’attaques « sur tous les fronts » à la suite de l’intervention militaire lancée par Nairobi dans le sud de la Somalie.
« Le Kenya a rejoint la liste des (pays) occupant le territoire d’un autre pays, et l’histoire nous dira ce qui adviendra de cette agression, » a déclaré Cheikh Hassan Dahir Aweys, un des fondateurs du mouvement shebab, à l’AFP par téléphone.
« Nous n’allons épargner aucun effort et nous combattrons le Kenya sur tous les fronts possible », a-t-il averti.
« Nous ne craignons pas de nous battre à mort parce que Dieu nous récompensera si nous mourrons, » a encore ajouté Cheick Hassan Dahir Aweys, qualifiant de « stupide » la décision de Nairobi de venir combattre les insurgés sur leur sol.
Nairobi a annoncé dimanche avoir lancé des troupes à la poursuite des shebab, qu’elle accuse d’être derrière les récents enlèvements d’Européennes sur son territoire. Les shebab ont formellement rejeté toute responsabilité dans ces kidnappings.