Posts Tagged ‘Ocean Viking’

France-« Ocean Viking » : ce qui attend les migrants arrivés à Toulon

novembre 11, 2022

Arrivés en France après 20 jours d’errance, les 230 réfugiés ont été transférés dans un centre social, certains dans un état de santé préoccupant.

Un membre de la Croix-Couge accueillant un migrant secouru par l'Ocean Viking dans un centre social pres de Hyeres.
Un membre de la Croix-Couge accueillant un migrant secouru par l’Ocean Viking dans un centre social près de Hyères.  © CHRISTOPHE SIMON / AFP

Dépassant derrière le gris acier d’un bâtiment militaire, la coque rouge de l’Ocean Viking apporte une touche de couleur dans la base navale de Toulon. À bord du navire de sauvetage affrété par l’ONG SOS Méditerranée, 230 personnes, arrivées exténuées vendredi matin, vers 8 h 30. Secourus au large des côtes libyennes entre le 22 et le 26 octobre, les migrants ont enfin touché terre, après un périple d’une vingtaine de jours et un bras de fer diplomatique entre la France et l’Italie qui a refusé de les accueillir.

« C’est un triste record d’attente en mer, souffle Xavier Lauth, directeur des opérations chez SOS Méditerranée. Il faut imaginer tous ces gens dormant à même le bois du pont avec une couverture, cette promiscuité de tous les instants qui génèrent des tensions. Plus de 80 avaient le mal de mer, notamment lors de deux journées de forte houle, certains ont été touchés par une forte grippe, y compris neuf membres de notre équipe. Beaucoup étaient déshydratés, brûlés, s’alimentaient peu, beaucoup avaient subi des traumatismes extrêmes lors de leur voyage depuis leur pays d’origine, des choses aussi dramatiques que des enlèvements, des viols, des tortures et de l’esclavage. »

Venus d’Afrique subsaharienne, du Bangladesh ou de Syrie, liste non exhaustive, ces passagers du désespoir, parmi lesquels plus de cinquante enfants, ont fait dès leur sauvetage en mer l’objet de demandes de débarquement à Malte et en Italie. Puis, « vu le silence assourdissant, nous nous sommes tournés vers la France, la Grèce et l’Espagne », rembobine Louise Guillaumat, adjointe de Xavier Lauth. « Là encore, pas de réponse. La situation sanitaire à bord devenant de plus en plus critique, on a demandé le 7 novembre un port à la France. Nous avons pu faire évacuer trois personnes par hélicoptère à l’hôpital de Bastia avant qu’on nous autorise à accoster à Toulon ».

Une « zone internationale d’attente » sur la presqu’île de Giens

Dès la nuit précédant leur arrivée, des secouristes avaient pu monter à bord de l’Ocean Viking pour faire un point et envoyer un autre rescapé dans un hôpital. « Il s’agit de leur offrir les meilleures conditions d’accueil humanitaires, indique Camille Chaize, porte-parole du ministère de l’Intérieur. Il nous faut maintenant procéder au contrôle administratif de ces gens. Certains ont des passeports, d’autres pas, certains se disent mineurs et ne le sont peut-être pas. Certains qui viennent de pays où leur vie est en danger, où ils sont persécutés, pourront être éligibles à une demande d’asile, mais d’autres non. Dans ce cas, ils seront reconduits dans leur pays d’origine. »

Parmi les 230 migrants, 57 enfants.  © CHRISTOPHE SIMON / AFP

En attendant, ces migrants ballottés pendant trois semaines sont placés dans un centre social loué par l’État sur la presqu’île de Giens, tout près de Hyères. Impossible d’approcher cette « zone internationale d’attente » où ils peuvent être gardés pendant vingt jours. « Ils ne peuvent pas sortir de cette zone étanche, encadrée par la police aux frontières », précise Camille Chaize. C’est là que le cas de chacun sera examiné. Onze pays européens ont fait savoir qu’ils prendraient leur part dans l’accueil des deux tiers d’entre eux.

Si la France reçoit chaque année 100 000 demandes d’asile, en acceptant environ la moitié, ces 230 là sont devenus un symbole. « Celui de démocraties européennes indignes qui instrumentalisent politiquement la vie de ces gens. C’est de la prise d’otages », s’indigne la directrice générale de SOS Méditerranée, Sophie Beau. « Jamais je n’avais vu une telle situation, abonde le président de l’ONG, François Thomas. Si nous parlons de naufrage, c’est celui des responsabilités. Nous saluons la décision de la France, mais ce n’est pas normal de devoir débarquer des gens si loin du lieu de leur sauvetage en mer. » Même si 85 % des migrants sont recueillis par les garde-côtes, les associations jouent un rôle prépondérant. En sept ans, l’organisation, connue pour avoir également utilisé l’Aquarius, indique avoir sauvé environ 37 000 vies.

Visite de Zemmour

« L’immigration, avec les changements économiques et climatiques, est l’enjeu du siècle », s’inquiète le député LFI de Marseille Sébastien Delogu, en suivant les opérations sur le port de Toulon. « C’est la fin du calvaire pour ces 230 personnes et leurs sauveteurs, mais il faut a minima essayer d’organiser l’accueil de ces gens. En refusant leur accès en Italie, le gouvernement Meloni a violé le droit international et c’est inacceptable. »

De l’autre côté de la place qui épouse l’entrée de l’arsenal toulonnais, Éric Zemmour est sur un registre opposé. Entouré d’une cinquantaine de militants qui font face à des partisans de l’accueil des migrants, le patron de Reconquête !, guère plus visible depuis la présidentielle, dit « ne pas connaître d’autres lois que celle du peuple français souverain. La France n’est pas le déversoir de l’immigration. Et si nous ne voulons pas que l’Europe devienne l’Afrique, nous devons refuser l’accueil de ces gens en Europe. Il faut stopper ce petit jeu entre les passeurs qui savent quand il y aura des bateaux et les associations qui savent qu’un port européen les accueillera ».

Un jeu qui ne semble pas en être un pour SOS Méditerranée. Après avoir respecté une escale technique de quelques semaines, elle compte « reprendre la mer ». Ce matin, douze alertes ont été déclenchées pour des naufragés en Méditerranée centrale, mais aucun bateau opérationnel n’est sur place. Environ 1 300 personnes y sont mortes noyées depuis le début de l’année, plus de 20 000 depuis 2014.

Par Le Point avec le correspondant à Marseille, François Tonneau

Migrants : 251 rescapés désormais à bord de l’Ocean Viking

août 11, 2019

Mig

Les hommes – principalement – secourus portaient pour certains des chambres à air en guise de gilet de sauvetage. Anne CHAON / AFP

EN IMAGES – Un nouveau sauvetage a eu lieu dimanche au large des eaux libyennes secourant des dizaines de personnes parties dans des conditions déplorables.

L’organisation humanitaire SOS Méditerranée a conduit dimanche son troisième sauvetage en trois jours au large des eaux libyennes, secourant 81 personnes, et accueille désormais 251 rescapés à bord de l’Ocean Viking que l’ONG opère avec Médecins sans Frontières, a constaté l’AFP à bord.

Le bateau de caoutchouc bleu transportait des jeunes hommes, majoritairement des Soudanais qui avaient quitté les côtes libyennes samedi soir et ont applaudi les sauveteurs en les voyant arriver.

L’Ocean Viking continue de patrouiller les eaux internationales à environ 50 miles nautiques (moins de 100 km) de Tripoli.

«Nous sommes les seuls dans la zone, les garde-côtes libyens ne répondent pas», a expliqué à l’AFP le coordinateur des opérations de recherches et secours (SAR, selon l’acronyme anglais) de SOS Méditerranée, Nicholas Romaniuk, qui fait également valoir les conditions météo favorables qui peuvent inciter aux départs.

En outre, la célébration de l’une des principales fêtes du calendrier musulman, l’Aïd-el-Kebir, allège peut-être aussi la présence des autorités sur les plages libyennes.

L’Océan Viking est le successeur de l’Aquarius et bat pavillon norvégien.

Mig1

La plupart des personnes recueillies à bord sont soudanaises. Anne CHAON / AFP

La plupart des personnes recueillies à bord depuis que le bateau est entré dans la zone de recherches sont soudanaises pour près des deux tiers environ (64,5%). Mais le premier bateau pneumatique secouru vendredi transportait 81 personnes issues d’Afrique de l’Ouest, Sénégal surtout et Côte d’Ivoire venues chercher du travail en Libye et rattrapés par la guerre.

MSF, qui se charge de leur enregistrement à bord, a noté dimanche que les trois-quarts (81%) des dernières personnes secourues ont entre 18 et 34 ans et que 17% sont des mineurs de moins de 18 ans.

Mig2

MSF se charge de l’enregistrement des rescapés à bord. Anne CHAON / AFP

Par Le Figaro.fr avec AFP