
Le conflit entre le pouvoir central et la région dissidente du Tigré, qui s’étend désormais à l’Érythrée, est au centre d’un intense balai diplomatique. Tandis que le président ougandais Yoweri Museveni affirme s’impliquer directement, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo est annoncé à Addis-Abeba pour une mission de médiation.
Olusegun Obasanjo « est en route pour Addis-Abeba pour des pourparlers », a assuré ce lundi Kehinde Akiyemi, porte-parole de l’ex-président nigérian, précisant qu’il allait mener une mission de « médiation ». Le gouvernement éthiopien et l’Union africaine (UA) ont cependant indiqué ne pas avoir d’informations concernant cette mission.
Cette annonce intervient alors que Yoweri Museveni, le président ougandais, a reçu le vice-Premier ministre éthiopien, Demeke Mekonnen Hassen, également ministre des Affaires étrangères. « Il faut qu’il y ait des négociations et que le conflit s’arrête », a déclaré Museveni à l’issue de cet entretien qui s’est tenu à Gulu, dans le nord de l’Ouganda. « Je suis totalement en désaccord avec la politique axée sur le fédéralisme ethnique, a encore précisé le chef de l’État ougandais. Nous devons mettre l’accent sur la question de l’unité et des intérêts communs, car c’est le seul moyen de prospérer. »

Selon deux responsables gouvernementaux cités par l’AFP, Yoweri Museveni devait également recevoir ce lundi une délégation du Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), parti qui dirige la région dissidente. Mais aucun détail n’a filtré sur cette rencontre.
Escalade
Le conflit qui fait rage dans la région du Tigré, où le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale le 4 novembre, après des mois de tensions croissantes avec les autorités régionales du TPLF, a franchi un seuil supplémentaire ces derniers jours. Le TPLF a tiré samedi des roquettes sur la capitale de l’Érythrée frontalière, qu’il accuse de prêter main-forte à l’armée fédérale éthiopienne dans son offensive.
Dimanche, Abiy Ahmed a assuré que les opérations militaires « progressaient bien » et que « l’Éthiopie était plus que capable d'[en] atteindre les objectifs […] par elle-même ». Les médias d’État éthiopiens ont par ailleurs annoncé la prise d’Alamata, localité du sud-est du Tigré, à 180 km de route au sud de la capitale régionale, Mekele.
Une escalade qui renforce les craintes des observateurs que le conflit au Tigré ne dégénère et n’entraîne l’Éthiopie dans un conflit communautaire incontrôlable en même temps qu’il déstabilise la Corne de l’Afrique.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) a alerté sur les conséquences de la crise, disant notamment s’attendre à une vague massive de réfugiés au Soudan voisin. Près de 25 000 Éthiopiens, hommes, femmes et enfants, ont déjà fui au Soudan les combats au Tigré, selon l’agence officielle soudanaise Suna.
Par Jeune Afrique avec AFP