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Tunisie: des centaines d’opposants pressent le président de « libérer les détenus »

mars 5, 2023
Tunisie: des centaines d'opposants pressent le president de "liberer les detenus"
Tunisie: des centaines d’opposants pressent le président de « libérer les détenus »© AFP/FETHI BELAID

« Liberté pour les détenus ». Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche au centre de Tunis pour réclamer la remise en liberté de plus de 20 opposants au président Kais Saied, arrêtés ces dernières semaines dans un coup de filet inédit.

« A bas le coup d’Etat. Liberté, liberté pour les détenus », scandaient les sympathisants du Front de salut national (FSN), la principale coalition d’opposition.

Bravant une interdiction de manifester et des injonctions de la police, ils ont franchi des barrières de sécurité après une bousculade, pour se diriger vers l’avenue Habib Bourguiba, l’artère centrale de Tunis.

Au plus fort de la manifestation, ils étaient plus d’un millier, selon des journalistes de l’AFP.

Cette protestation était organisée au lendemain d’une marche — autorisée — de la grande centrale syndicale UGTT qui a mobilisé plus de 3.000 personnes pour protester contre l’arrestation d’un de ses membres.

Le chef de l’UGTT Noureddine Taboubi a rejeté aussi les arrestations d’opposants et appelé le président Saied au « dialogue » et à des « changements démocratiques et pacifiques ».

« Les arrestations font partie d’une politique arbitraire. Nous défendons une cause nationale et nous ne nous arrêterons pas tant que la démocratie et les institutions ne seront pas rétablis », a dénoncé devant la foule dimanche Ahmed Nejib Chebbi, 78 ans, président du FSN.

Beaucoup de manifestants brandissaient le drapeau tunisien et des photos des détenus dont le propre frère de M. Chebbi, Issam, chef du Parti républicain (Al Joumhouri).

Président « putschiste »

Le FSN dont le dirigeant connu Jawhar Ben Mbarek, 55 ans, figure parmi les opposants arrêtés aux côtés de la jeune activiste Chaima Issa, avait appelé à « une manifestation massive ».

Le père de M. Ben Mbarek, Ezzedine Hazgui, un ancien prisonnier de la dictature de Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011), a dénoncé auprès de l’AFP un « président (qui) a placé toutes les institutions entre ses mains et divisé le peuple ».

« La police protège un président illégitime et putschiste qui a détruit l’Etat et nous empêche d’exercer notre droit de manifester », a-t-il dit.

La coalition du FSN inclut le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, qui a dominé pendant 10 ans le Parlement dissous par le président Saied, dont plusieurs dirigeants ont été arrêtés.

Début février, les autorités ont lancé un coup de filet contre des personnalités dont plusieurs ex-ministres, des hommes d’affaires connus comme Kamel Eltaïef, et le directeur de Radio Mosaïque, la plus écoutée de Tunisie, Noureddine Boutar. Le président les a qualifiés de « terroristes », les accusant de « complot contre la sécurité de l’Etat ».

Cette vague d’arrestations, sans précédent depuis le coup de force du président Saied qui s’est octroyé tous les pouvoirs depuis le 25 juillet 2021, a été décrite par Amnesty International comme une « chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques ».

Depuis l’été 2021, les ONG et les principaux partis d’opposition dénoncent une « dérive autoritaire » en Tunisie, faisant vaciller la jeune démocratie issue de la première révolte du Printemps arabe en 2011.

Avec Le Point par AFP

Sénégal : prison ferme pour trois proches d’Ousmane Sonko

novembre 29, 2022

La justice sénégalaise a condamné ce mardi trois membres de la garde rapprochée de l’opposant politique pour « coups et blessures volontaires », après des heurts avec des partisans du pouvoir.

Devant le palais de justice de Dakar, lors de l’audition d’Ousmane Sonko, le 3 novembre 2022. © John Wessels / AFP

Le mardi 29 novembre, trois membres de la garde rapprochée de l’opposant Ousmane Sonko ont été condamnés à un mois de prison ferme pour « coups et blessures volontaires », après des affrontements avec des partisans du pouvoir. Le tribunal de grande instance de Mbour (ouest) a également condamné les trois prévenus à payer une amende de 50 000 francs CFA (76 euros), a déclaré leur avocat, Abdoulaye Tall.

L’un des partisans du pouvoir a été condamné à deux mois ferme pour les mêmes raisons, a-t-il ajouté. Deux autres membres de la garde d’Ousmane Sonko, sur les cinq qui étaient poursuivis, ont été relaxés. « Nous allons nous réunir et voir si nous ferons un appel » du jugement, a précisé Me Tall.

Deux ans requis

Les cinq proches de l’opposant politique avaient été arrêtés le 3 novembre lors d’une audience judiciaire de leur chef, pour des violences survenues fin octobre près de Mbour, où Ousmane Sonko était en tournée. Des partisans du pouvoir avaient été blessés lors de ces heurts.

Le 15 novembre, le procureur avait requis deux ans dont un an ferme à l’encontre de quatre d’entre eux.

Ousmane Sonko, 48 ans, s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle de 2024. Il a été inculpé pour viols et menaces de mort et placé sous contrôle judiciaire en mars 2021, après une plainte en février 2021 d’une employée d’un salon de beauté où il allait se faire masser. Il accuse de complot le pouvoir, qui s’en défend.

Le président Macky Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, reste muet sur ses intentions de se représenter pour la présidentielle de 2024.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Opposés au régime, des Iraniens au Canada ont peur des représailles pour leurs familles

octobre 10, 2022

Une manifestation en appui au mouvement de contestation en Iran s’est déroulée à Moncton.

Une automobile passe devant un groupe de manifestants alignés sur le trottoir avec des pancartes.

Une manifestation de soutien au mouvement de contestation actuel en Iran s’est déroulée samedi à Moncton. Photo : Gracieuseté

Le mouvement de contestation, qui dure depuis plus de trois semaines en Iran après la mort de Mahsa Amini, entraîne ailleurs dans le monde des manifestations de soutien. Dans la diaspora iranienne, il existe chez certains une crainte à l’idée d’exprimer leur appui, en particulier hors des plus grandes villes, selon une Néo-Brunswickoise.

Malgré cela, des gens se sont rassemblés samedi à Moncton, au Nouveau-Brunswick, pour appuyer le mouvement actuel. Fariba Breau, une Iranienne d’origine, souligne qu’il était important pour toutes les personnes réunies d’à tout prix montrer leur solidarité avec leurs compatriotes en Iran.

Le soutien au mouvement de contestation est réel dans la diaspora iranienne, dit Mme Breau, qui a quitté l’Iran il y a des décennies et vit à Moncton. Il est cependant difficile de convaincre certains Iraniens d’origine d’afficher ouvertement leur opposition au régime, même à des milliers de kilomètres de leur pays natal.

À Vancouver, à Toronto et dans les grandes villes, il y a tellement d’Iraniens qu’on ne peut pas vraiment les identifier, explique Mme Breau.

« Dans les petites villes comme Moncton, on a essayé d’appeler des Iraniens pour venir se joindre à cette manifestation, et il y en a beaucoup qui nous ont dit qu’ils avaient peur des représailles pour leur famille en Iran. »— Une citation de  Fariba Breau, une Iranienne d’origine qui vit à Moncton

Cela incite certains à se camoufler le visage lorsqu’ils participent à une manifestation, par crainte d’être reconnus et dénoncés en Iran.

Au milieu d'une manifestation publique en appui au mouvement de contestation en Iran, une personne porte un masque de Jason Voorhees sur lequel les mots « Woman Life Freedom » sont écrits.

Une personne masquée manifeste le 9 octobre 2022 devant l’ambassade d’Iran à Londres. Sur son masque, on lit les mots « Woman Life Freedom » (« femme, vie, liberté »), qui est un slogan kurde. Photo : Reuters/Henry Nicholls

Fariba Breau dit ne plus avoir de famille immédiate en Iran, mais elle a des amis qui font le voyage entre ce pays et le Canada. La désobéissance civile que l’on observe depuis la mi-septembre n’est pas la première révolte ces dernières années, mais celle-ci semble être d’un autre ordre, observe-t-elle.

Après la mort de Mahsa Amini, tout le monde est en colère et il y a une union de tous les opposants, dit-elle.

Des dizaines de personnes sont alignées sur le trottoir avec des pancartes.

Une manifestation de soutien au mouvement de contestation actuel en Iran s’est déroulée samedi, à Moncton. Photo : Gracieuseté

« Ça pourrait être la fille de n’importe qui »

Après avoir été arrêtée par l’escouade de la moralité pour avoir supposément porté son hijab incorrectement, Mahsa Amini, 22 ans, est morte dans un hôpital de Téhéran le 16 septembre. Des témoins ont dit qu’elle avait été brutalisée et tuée par la police.

Le régime, qui affirme que la jeune femme a simplement fait une crise cardiaque, s’efforce de brutalement réprimer des manifestations qui ne s’essoufflent pas et qui ont éclaté par centaines dans plus de 80 villes d’Iran.

Ce n’est pas la première fois que le régime iranien assassine ou torture des opposants, mais, dans le cas de Mahsa Amini, ce n’était pas une opposante, elle n’avait rien fait. C’était une fille de 22 ans qui venait de descendre du métro et visitait Téhéran, dit Fariba Breau.

Ça pourrait être la fille de n’importe qui, poursuit-elle. Si je vivais en Iran, cette fille-là, ça pourrait être ma fille. C’est pour cela que tout le monde s’identifie un petit peu à cela.

Une foule dense manifeste. Des gens brandissent des drapeaux de l'Iran et des pancartes. Trois femmes s'enlacent.

Pendant une manifestation d’appui au mouvement de contestation en Iran, samedi à Vancouver, une femme qui brandit une pancarte réclame des gestes, et non de simples paroles, pour l’Iran. Photo : La Presse Canadienne/Darryl Dyck

La Monctonienne ne s’avance pas sur l’ampleur du danger que cela représente pour le régime en place depuis la fin de la Révolution islamique, en 1979. Je ne sais pas si ça va les faire partir, mais en tout cas, ils vont partir à un moment ou à un autre. Je ne sais simplement pas combien de temps ils vont tenir, déclare Mme Breau.

Des sanctions insuffisantes

Le Canada a annoncé des sanctions la semaine dernière contre des entités et des individus iraniens.

Selon Fariba Breau, il s’agit d’un bon premier pas, mais ce n’est pas assez.

Depuis plusieurs années déjà, les hauts dirigeants [iraniens] envoient leurs familles et leurs enfants vivre au Canada. Comme ils arrivent avec beaucoup d’argent, on les accueille, dénonce-t-elle.

Le régime islamiste en Iran est indécrottable, estime la Monctonienne. Des réformes ne serviraient à rien, car la façon de gouverner ne changera fondamentalement jamais tant que ce régime sera au pouvoir, croit-elle.

Dans l’ADN de ce gouvernement, il y a un fanatisme qu’on ne peut pas changer. Pour que les choses changent réellement en Iran, dit-elle, c’est tout le régime qui doit disparaître.

Par Radio-Canada avec des renseignements de Pascale Savoie-Brideau, Janic Godin et L’heure de pointe Acadie

Sénégal : Macky Sall visé par Olivier Faure, le chef du PS français

juin 27, 2022

En évoquant le sort de certains opposants incarcérés au Sénégal, Olivier Faure a suscité des réactions « anticoloniaslistes » du parti présidentiel sénégalais.

© Damien Glez

Spécialiste, depuis le début de sa carrière, des questions d’opinion politique franco-française, l’actuel premier secrétaire du Parti socialiste n’a sans doute pas mesuré les vagues d’indignation suscitées, ces derniers mois, par les analyses hexagonales abruptes des situations nationales africaines. De fait, devant Twitter, samedi soir, Olivier Faure n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, lorsqu’il a entrepris de commenter la situation sénégalaise

« La démocratie sénégalaise est piétinée » : sur le réseau de la concision et du buzz, le politicien français ne mâche pas ses mots, précisant que « la liberté de manifester est entravée » et « la justice instrumentalisée » au pays de la Teranga. L’objet de son courroux est la détention, notamment pour rassemblement illicite, des députés Déthié Fall, Mame Diarra Fam, Bara Dolly Mbacké et du maire Ameth Aïdara qui, selon les termes catégoriques de son tweet, « doivent être libérés ». Cerise sur le gâteau de l’ingérence, il conclut son post par un #Stop_Macky_Sall.

Réflexes paternalistes ?

Dès dimanche, des responsables de la majorité sénégalaise réagissent, embouchant évidemment la trompette anticolonialiste qui sied d’habitude aux socialistes. Pour le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, Olivier Faure a cédé aux « réflexes paternalistes de donneurs de leçons », qui surgissent inéluctablement lorsqu’il s’agit de commenter la situation « d’un pays anciennement colonisé ». Le porte-parole de la coalition présidentielle Benno Book Yaakar, Papa Mahaw Diouf, enfonce le clou en évoquant un « néocolonialisme mental ». Le président du groupe parlementaire de la majorité, Aymerou Gningue, entend quant à lui saisir le groupe parlementaire d’amitié France-Sénégal.

Certes, Olivier Faure a besoin de se distraire avec de l’actualité internationale. Depuis son adhésion au Parti socialiste français, le score du PS à l’élection présidentielle a été divisé par 30 –1,75% des voix pour Anne Hidalgo en 2022 contre 51,76 % pour François Mitterrand en 1981– et le nombre des députés par 10 – 28 actuellement contre 285 au début des années 80. Le premier secrétaire a donc tenté une envolée lyrique digne de l’époque de l’Internationale socialiste conquérante. Même s’il est le fils d’un membre du Parti socialiste sénégalais, le président Macky Sall fait plutôt figure de libéral bon teint, ce qui permet à Olivier Faure de supposer ses opposants dans le camp idéologique de gauche…

La convocation exclusive du néocolonialisme dans les réactions de la majorité sénégalaise, après le tweet de samedi, constitue-t-elle une réponse un peu courte, voire un écran de fumée ? En n’entrant pas dans le fond du dossier évoqué, les membres de l’exécutif sénégalais auront beau jeu d’invoquer la séparation des pouvoirs. Et Olivier Faure de lire quelques tweets sénégalais chaleureux en réponse au sien comme : « merci de parler de ce qui se passe au Sénégal. Sous la protection de Macron, Macky « Sale » se croit tout puissant »…

Avec Jeune Afrique

Damien Glez

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Congo: Comment JDO piège ministres, officiers et opposants avec les filles pour récupérer leur sperme

mars 21, 2022
Jean Dominique Okemba(JDO)

Dans la logique du pouvoir de Denis Sassou Nguesso, avoir tout le monde sous sa coupe vous évite des ennuies gratuites. Et quand il n’est pas possible de les faire adhérer volontairement dans la Loge pour mieux les contrôler, on utilise des méthodes obscurantistes afin de les contraindre à la soumission. Cette mission est le domaine exclusif de Jean Dominique Okemba qui a développé toutes les bêtises sataniques relatives dont l’obtention du sperme de certains ministres, officiers de l’armée et opposants via les filles travaillant sous sa coupe.

Il se dit dans les milieux obscurantistes qu’une personne qui couche avec votre femme réussi à vous dominer. C’est ce que Denis Sassou Nguesso fait toute sa vie avec ses collaborateurs et même ses adversaires. Son actuel directeur du cabinet n’a-t-il pas été radié du PCT pour avoir protesté vivement contre la main noire à domicile de Sassou ?

Denis Sassou Nguesso lui a inventé une mission à l’étranger que Florent Ntsiba par intuition annula au dernier moment et au retour à son domicile, il y trouva la garde de Sassou l’empêchant d’y accéder. Depuis, il est sous la coupe de Sassou.

Une technique très efficace qui permet aujourd’hui au pouvoir de Sassou de se consolider et de mettre tous les opposants dans les rangs. Concernant les ministres, officiers et opposants qui refusent encore d’adhérer à la franc-maçonnerie, JDO applique la méthode du sperme.

Grâce à un réseau des filles bien outillé, JDO obtient facilement du sperme de toutes les personnes ciblées. Ces filles selon une source sont originaires de plusieurs nationalités africaines et même européennes qui ont l’unique mission de séduire les cibles de JDO.

Et comme le Congolais est accro aux fesses des belles créatures, la tâche semble très facile pour JDO qui une fois sperme perfectionné peut aller dans son laboratoire mystique pour procéder aux rituels qui conduisent à l’asservissement de ces victimes. D’où la recrudescence du phénomène des revirements politiques en faveur du pouvoir de Sassou Nguesso.

A partir du sperme des personnes ciblées, JDO retire aussi leur étoile et intelligence. Il n’est plus rare de constater comment des personnes connues brillantes deviennent bizarrement idiotes une fois au sein du PCT ou dans le système.

Avec Lecongolais.fr

Covid-19 : les opposants au pass vaccinal, en France, battent à nouveau le pavé

janvier 22, 2022

Les anti-pass vaccinal, qui entrera en vigueur le 24 janvier, dénoncent une parole gouvernementale « incohérente » qui a « varié » avec le temps.

Des opposants au pass vaccinal ont défilé dans les rues de plusieurs villes samedi 22 janvier 2022, deux jours avant son entrée en vigueur, réclamant la «  liberté  » et fustigeant «  l’apartheid  » imposé, selon eux, par le gouvernement entre vaccinés et non-vaccinés. À Paris, où quatre manifestations avaient été déclarées, des Gilets jaunes ont défilé dans la matinée entre le square d’Anvers et la place de la Nation, relayés dans l’après-midi par le mouvement Les Patriotes de Florian Philippot, qui a rassemblé une foule de tous âges, dont des parents accompagnés de leurs enfants.

Le cortège de plusieurs centaines de personnes, pour la plupart non masquées, a défilé de la place de Barcelone (16e) au le ministère de la Santé, dans le 7e arrondissement, portant notamment des pancartes «  Liberté  », «  Vérité  » ou «  Non à l’apartheid  », des drapeaux français ou arborant la croix de Lorraine. «  Pass vaccinal, résistance totale !  » ou «  Macron, on t’em…  », scandaient les manifestants. «  Je préfère mourir aux portes de la liberté que de mourir dans les enfers de la servitude  », proclamait une pancarte, tandis qu’une autre représentait une seringue transperçant Marianne. Un animateur faisait scander «  Résistance ! Résistance !  » ou encore «  Liberté ! Liberté !  ».

Parmi les manifestants, Sophie, juriste de 44 ans, et Franck, consultant informatique de 56 ans, ont expliqué qu’ils étaient tous les deux vaccinés, mais pas leur fille, car ils s’opposent à la vaccination des enfants et des adolescents. Ils ont expliqué être «  anti-pass vaccinal, mais pas pour Philippot  ». Pour Franck, «  le discours des autorités est incohérent et varie avec le temps, en fonction des contingences  », et «  on ne sait plus distinguer le vrai du faux  ». Sophie, pour sa part, regrette qu’«  au moment où le virus est le moins virulent on mette en place le pass vaccinal, alors qu’on pourrait jouer l’immunité naturelle collective  ».

«  Une honte  »

Même remarque de la part d’un homme se présentant comme un technicien informatique de 40 ans, venu avec son fils de 8 ans, qui dit n’avoir jamais voté pour les extrêmes mais trouve que Florian Philippot offre un contrepoint, sinon «  on entend toujours les mêmes choses  ». D’autres manifestations ont eu lieu dans toute la France. 700 personnes se sont rassemblées à Aix-en-Provence, 950 à Montpellier et 1 200 à Marseille, selon les chiffres de la police.

À Bordeaux, ils étaient 450 selon la police, deux fois moins que la semaine dernière. Parmi eux, Anaëlle, infirmière en congé maternité, pour qui «  l’obligation vaccinale est une honte  » et qui dénonce «  des projets expérimentaux  ». «  Les gens vaccinés tombent malades, à quoi ça sert ?  » s’interroge-t-elle. Les manifestants étaient également environ 300 à Lille, dont quelques dizaines de Gilets jaunes, derrière une banderole de tête disant «  non à la dictature  » et réclamant «  une justice sociale, fiscale et écologique  ». «  Fini les tests, fini les masques, on n’en veut plus !  » pouvait-on entendre à Strasbourg (600 participants selon la police).

Le pass vaccinal sera déployé lundi en France. Il faudra alors pouvoir justifier pour les plus de 16 ans un statut vaccinal pour accéder aux activités de loisirs, restaurants et bars, foires ou transports publics interrégionaux. Un test négatif ne suffira plus, sauf pour accéder aux établissements et services de santé.

Avec Le Point

Ces Soudanais qui soutiennent le coup d’État

novembre 29, 2021

REPORTAGE. Face aux opposants bien visibles au putsch, il y a une frange de civils qui jugent les militaires indispensables à la transition démocratique. Explication.

Preuve que la situation est loin d'etre stabilisee : des manifestants se sont opposes a la decision du Premier ministre Hamdok de signer un nouvel accord avec l'armee, pendant que d'autres Soudanais estimaient les militaires indispensables a la transition..
Preuve que la situation est loin d’être stabilisée : des manifestants se sont opposés à la décision du Premier ministre Hamdok de signer un nouvel accord avec l’armée, pendant que d’autres Soudanais estimaient les militaires indispensables à la transition..© – / AFP

Le 30 octobre, des centaines de milliers de Soudanais sont descendus dans les rues pour protester contre le coup d’État perpétré cinq jours plus tôt par le chef de l’armée. Certains se contentaient de réclamer le retour du tandem militaro-civil. La plupart exigeaient cependant d’exclure strictement l’armée du pouvoir. Cette seconde position a gagné du terrain au fil des « marches du million », dont la prochaine est fixée au 30 novembre. Et ce, malgré la signature, le 21 novembre, d’un accord entre le général putschiste Abdel Fattah al-Burhane et le Premier ministre Abdallah Hamdok, désormais qualifié de « traître » par bon nombre de pro-démocratie.

L’incompréhension face à l’attitude de Hamdock

« Je comprends la position de Hamdok quand il déclare qu’il veut mettre un terme au bain de sang. Mais, après ce qu’il s’est passé, nous ne pouvons plus faire confiance aux militaires. Depuis le putsch, les forces de l’ordre tuent les manifestants de la même manière que lors du démantèlement du sit-in le 3 juin [au moins 127 personnes avaient été assassinées, NDLR]. Or, nous avons précisément signé un accord avec eux pour faire cesser ces violences », rappelle Sayda Hussein, une membre d’un comité de résistance du sud de Khartoum rencontrée venue participer à la manifestation massive du 25 novembre. Elle fait référence à la charte constitutionnelle censée encadrer la transition démocratique, et amendée par le document tout juste paraphé par le général putschiste et le Premier ministre. Mais aussi aux 42 citoyens décédés durant le mois suivant le putsch, souvent victimes de balles réelles.

La retenue de certains Soudanais dans la dynamique anti-militaire

De nombreux Soudanais se sont bien gardés, eux, de se joindre à cette nouvelle vague de cortèges. Dans ce vaste pays où le taux de pauvreté atteint 65 %, la survie au jour le jour prend tout simplement le pas sur les rêves de « liberté, paix, justice » scandés depuis la révolution de 2018 qui a permis de tourner le dos à 30 ans de dictature. Une frange de la population soutient enfin explicitement le coup d’État et s’aligne même, parfois, sur la rhétorique du général Burhane qui préfère évoquer une correction du cours de la transition.

Entre coup d’État militaire et coup d’État civil

« Il ne s’agit pas d’un coup d’État, ou sinon ce serait un coup civil dans la mesure où Hamdok ne parvenait pas, tout seul, à prendre cette décision à cause de la pression exercée par les partis politiques », résume Tagwah Ahmed. Cette pharmacienne de 36 ans représente un rassemblement de plus de 500 comités de résistance basés majoritairement en périphérie de Khartoum. Elle a rencontré, avec sept autres délégués de comités de résistance, le Premier ministre lorsque ce dernier se trouvait encore assigné à résidence, avant que les putschistes ne le libèrent pour signer l’accord du 21 novembre. « Il n’a pas dit qu’il cautionnait l’initiative de Burhane, mais il a reconnu qu’un changement devait intervenir pour remettre la transition dans la bonne direction », rapporte Tagwah Ahmed.

Mi-octobre, elle avait rejoint le sit-in organisé par les Forces pour la liberté et le changement n° 2 (ou FFC 2), une coalition de partis menée entre autres par l’ex-ministre des Finances et le gouverneur du Darfour. Elle incitait l’armée à reprendre le contrôle du pays. Des participants ont affirmé que les militaires avaient eux-mêmes financé ce rassemblement. « Nous avons transmis aux représentants des FFC 2 nos demandes et les services dont les différentes zones ont besoin. Ils nous ont promis qu’ils allaient y travailler », explique celle qui a collecté quelque 3 700 CV de jeunes qualifiés sans emploi et qui a recensé 64 villages dépourvus de centres de soin.

Des citoyens découragés

« Je ne fais pas confiance aux militaires, pas plus qu’aux membres du précédent gouvernement de Hamdok », tranche Sanya Ali, qui s’occupe de la branche dédiée aux services au sein du même regroupement de comités de résistance. Cette quadragénaire juge toutefois le coup d’État indispensable. Selon elle, seuls les ministres technocrates promis par le pacte du 21 novembre permettront de garantir « un développement durable, une bonne situation économique et la sécurité ».

Fathi Ziggy Deir, 48 ans, fait également partie d’un comité de résistance qui a participé à la révolution et approuve, aujourd’hui, la reprise en main de l’armée. « Nous avons vu notre pays sombrer. La situation est devenue mille fois pire que sous la dictature d’Omar el-BéchirLes membres du précédent gouvernement voulaient seulement occuper un siège, mais ils n’ont rien fait pour l’économie, la santé ou l’éducation. Ces personnes envoient en effet vivre leurs enfants à l’étranger, dans de meilleures conditions que les nôtres. Mon fils a failli mourir d’une crise d’asthme à cause de la pénurie de Ventoline ! » Cet activiste accuse en outre les partis politiques d’avoir confisqué la révolution en validant le partenariat avec les militaires, en août 2019. Là encore, guidés par leur soif de pouvoir.

Pas de calendrier pour les élections

« À ce moment-là, Burhane et Hemeti [surnom du numéro deux du Conseil souverain, à la tête d’une puissante milice paramilitaire] auraient dû être exclus, mais les quatre principaux partis des Forces pour la liberté et le changement ont préféré remplacer les autres partis par ces militaires pour asseoir leur prépondérance », analyse Fathalrahman Fedel. Ce médecin préside Les Bâtisseurs du futur, une alliance de neuf partis d’envergure modeste qui soutient l’accord passé entre Abdallah Hamdok et le général Abdel Fattah al-Burhane. « Le coup d’État n’était pas l’idéal. En revanche, les militaires ont raison sur le fait que ce gouvernement devait être stoppé, car il n’était pas représentatif, ajoute-t-il. Il a par ailleurs échoué à agir dans l’intérêt du peuple soudanais et a laissé la situation économique se dégrader. »

Originaire du Darfour, Norein Adam raconte son engagement aux côtés des rebelles pour résister à des milices qui brûlaient village après village et tuaient sans pitié pendant la guerre amorcée en 2003*. Il a depuis pris les rênes d’un des partis des Bâtisseurs du futur. « Nous n’accepterons jamais d’être gouvernés à nouveau par les militaires après l’expérience du régime précédent. En revanche, c’est nécessaire qu’ils dirigent temporairement le pays afin de résoudre nos problèmes », assure-t-il. Le docteur en droit Ahmed el-Gaili note, lui, que « le brouillon de l’accord du 21 novembre prévoyait des élections en juillet 2023. Cette date a été retirée du texte final. Cela indique que les militaires veulent se maintenir au pouvoir aussi longtemps que possible. » Le juriste conclut : « Cet accord ressemble davantage à un contrat d’embauche qu’à un partenariat. En réalité, Hamdok devient simplement un bureaucrate travaillant pour les militaires. »

Avec Le Point par notre correspondante à Khartoum, Augustine Passilly

Soudan : journée sanglante à Khartoum, le chef de bureau d’Al-Jazeera arrêté

novembre 14, 2021
Des manifestants protestent contre le coup d’Etat militaire au Soudan, à Khartoum, le 13 novembre 2021. © AFP

Les forces de sécurité ont arrêté dimanche le chef de bureau de la chaîne qatarie à Khartoum, renforçant la pression sur les médias au lendemain de l’une des journées les plus sanglantes depuis le putsch.

Après la détention de centaines de militants, opposants et manifestants hostiles au coup d’État mené le 25 octobre par le général Abdel Fattah al-Burhane, les autorités « ont perquisitionné la maison du chef de bureau d’Al-Jazeera, Al-Moussalami al-Kabbachi », un Soudanais, et l’ont arrêté », selon la chaîne satellitaire.

Le Soudan est entré dans une période de turbulence le 25 octobre quand le général Burhane, le chef de l’armée auteur du coup d’État, a fait arrêter la plupart des civils avec lesquels il partageait le pouvoir, dissous les institutions du pays -y compris la plus importante – le Conseil de souveraineté – et décrété l’état d’urgence.

Depuis, Al-Jazeera a couvert les manifestations hostiles au putsch, notamment en les diffusant en direct. La chaîne a également interviewé il y a moins d’une semaine le général Burhane qui n’a accordé que deux entretiens depuis son coup de force.

Déploiement militaire et coupure d’internet

Avant l’arrestation de M. Kabbachi, dont les causes n’ont pas été précisées, de nombreux journalistes des médias d’État ont, dans le sillage du putsch, été remplacés et interdits de revenir à leur poste à l’agence officielle Suna et à la radio-télévision d’État.

DEPUIS LE 25 OCTOBRE, 21 MANIFESTANTS ONT ÉTÉ TUÉS ET DES CENTAINES BLESSÉS DANS LA RÉPRESSION

Samedi, les partisans d’un pouvoir civil sont parvenus à rassembler à travers le pays des dizaines de milliers de personnes contre le putsch, et ce malgré un déploiement militaire impressionnant et la coupure d’internet qui les obligent à s’organiser par SMS ou via des graffitis sur les murs.

Selon un dernier bilan du syndicat de médecins prodémocratie, six manifestants ont été tués lors de ces protestations à Khartoum, dont un adolescent de 15 ans. Depuis le 25 octobre, 21 manifestants ont été tués et des centaines blessés dans la répression, d’après cette source.

Nouvelle manifestation mercredi

La police a nié avoir ouvert le feu sur les manifestants et fait état de « 39 blessés graves » dans ses rangs. L’ambassade des États-Unis a condamné un usage « excessif de la force », après que l’ONU et des ambassadeurs occidentaux ont appelé les forces de sécurité à éviter une effusion de sang dans un pays où plus de 250 manifestants ont été tués lors de la révolte populaire qui poussa l’armée à écarter en avril 2019 le dictateur Omar el-Béchir.

Mais la répression sanglante n’entame pas la détermination du front anti-putsch. Les Forces de la liberté et du changement (FLC), bloc civil né de la révolte anti-Béchir, a appelé à une nouvelle démonstration de force dans la rue mercredi. « Notre route vers un État civil et démocratique ne s’arrête pas là », a affirmé dans un communiqué le bloc, dont plusieurs dirigeants ont été arrêtés depuis le coup d’Etat. L’un des leaders des FLC, Hamza Baloul, ministre de l’Information arrêté le 25 octobre puis relâché, a manifesté samedi. « Pas de négociation avec les putschistes, c’est le peuple qui décide », a-t-il lancé au milieu des manifestants, selon une vidéo mise en ligne par son bureau. À l’étranger, des Soudanais ont également manifesté contre le coup d’État dans des capitales européennes.

Formation « imminente » d’un gouvernement

Faisant fi des condamnations internationales, le général Burhane, qui dirigeait le Conseil de souveraineté, a décidé d’entériner le nouvel état de fait créé par le putsch. Il s’est renommé à la tête du Conseil formé désormais de militaires et de civils apolitiques en remplacement de ceux qu’il avait déposés ou arrêtés.

Le général Burhane et son second, le général Mohammed Hamdane Daglo, chef des RSF accusé d’exactions, ont promis « des élections libres et transparentes » à l’été 2023. « Maintenant que le coup d’État a eu lieu, les militaires veulent consolider leur mainmise sur le pouvoir », décrypte Jonas Horner, chercheur à l’International Crisis Group.

L’armée n’a libéré que quatre ministres arrêtés lors du putsch, et le Premier ministre renversé, Abdallah Hamdok, demeure en résidence surveillée. Et face aux appels à un retour au gouvernement civil, le général Burhane promet depuis plusieurs jours la formation « imminente » d’un gouvernement, qui se fait toujours attendre.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Sénégal : Barthélémy Dias, Ousmane Sonko et Malick Gakou ont été arrêtés

novembre 10, 2021
Barthélémy Dias et Ousmane Sonko. © barthélémy dias et ousmane sonko © DR

Les trois opposants ont été interpellés ce mercredi 10 novembre. Le matin même, Barthélémy Dias, par ailleurs candidat à la mairie de Dakar, était convoqué au tribunal.

À en croire leurs proches, ils s’apprêtaient à « rentrer chez eux » après avoir renoncé à se rendre au tribunal de Dakar. Alliés au sein d’une même coalition dans la perspective des élections locales du 23 janvier 2022, Barthélémy Dias, Ousmane Sonko et Malick Gakou ont été arrêtés, mercredi 10 novembre, et conduits au camp Abdou-Diassé. Un membre du proche entourage de Dias, rencontré sur les lieux, a confirmé l’information à Jeune Afrique.

Alors que, depuis plusieurs jours, Barthélémy Dias et ses alliés appelaient à la mobilisation, le candidat à la mairie de Dakar ne s’est pas présenté à l’audience à laquelle il était convoqué et qui s’est tenue vers 9h30 du matin. Au bout d’une dizaine de minutes, l’affaire a donc été renvoyée au 1er décembre par le juge.

Appel à la résistance

Barthélémy Dias a quitté son domicile peu après avoir appris la nouvelle. Entouré d’un cortège de militants et accompagné des opposants Ousmane Sonko et Malick Gakou, il s’est déplacé jusqu’au quartier de la Médina, à deux pas du tribunal. Il y est resté plus d’une heure, avant de faire demi-tour, escorté cette fois par des éléments de la Brigade d’intervention polyvalente (BIP) et acclamé par ses partisans.

Le cortège a finalement été dispersé après que la police a tiré des gaz lacrymogènes. C’est à ce moment-là que Barthélémy Dias, Ousmane Sonko et Malick Gakou auraient été arrêtés.

OUSMANE SONKO, BARTHÉLEMY DIAS ET MALICK GAKOU À LA MEDINA CE MATIN, EN ROUTE VERS LE TRIBUNAL DE DAKAR OÙ LE MAIRE DE MERMOZ-SACRÉ-COEUR ÉTAIT CONVOQUÉ PLUS TÔT DANS LA MATINÉE. #KEBETU PIC.TWITTER.COM/UTABOIBTZ2— SOUMARÉ MARIÈME (@MLSOUMARE) NOVEMBER 10, 2021

Deux jours plus tôt, l’opposant avait appelé ses militants à « envahir le tribunal ». « J’irai au tribunal pour être jugé. Je vous dis, venez mercredi, vous verrez que je serai seul à la barre », avait-il prévenu devant la presse.

Condamné en 2017 à deux ans de prison dont six mois ferme pour « coups mortels » après la mort d’un jeune homme lors de l’attaque de sa mairie de Mermoz-Sacré-Cœur en décembre 2011, Barthélémy Dias avait fait appel de la décision – « par principe », explique l’un de ses proches, puisqu’il a déjà purgé six mois de prison. L’affaire a été plusieurs fois renvoyée depuis.

CE DOSSIER DOIT ÊTRE CLASSÉ SANS SUITE OU BÉNÉFICIER D’UN NON-LIEU

« J’ai choisi d’aller au tribunal car j’ai demandé à être jugé. Mais que les choses soient claires : je n’accepterai pas un [nouveau] renvoi », avait-il d’ailleurs menacé lundi. En dépit des implications politiques très lourdes que pourraient avoir ses déclarations dans cette période de pré-campagne, l’énergique opposant n’avait pas jugé bon d’assouplir son discours.

« Si je m’étais limité [au verdict] en première instance, je ne serais pas retourné en prison, a insisté Barthélémy Dias ce 8 novembre. Beaucoup de gens disent que j’ai fait appel pour être éligible : c’est faux. Si on me condamnait ne serait-ce qu’à un jour avec sursis, je me pourvoirais en cassation. Ce dossier doit être classé sans suite ou bénéficier d’un non-lieu. »

Spectre des violences

Son mentor, l’ancien maire de la capitale Khalifa Sall, s’était pour sa part déplacé au tribunal, ce mercredi. « Je suis venu encore une fois soutenir “Barth” et témoigner de son innocence. Ce qui se passe aujourd’hui est inacceptable », a-t-il déclaré sur le parvis du bâtiment.

Depuis plusieurs jours, les têtes d’affiche de la coalition Yewwi Askan Wi multipliaient les déclarations pour dénoncer la convocation de Barthélémy Dias, survenue quelques jours seulement après que sa candidature à la mairie de Dakar a été officiellement déposée.

Des gendarmes sénégalais devant le tribunal à Dakar le 10 novembre 2021.
Des gendarmes sénégalais devant le tribunal à Dakar le 10 novembre 2021. © SEYLLOU / AFP)

« Dans les démocraties consolidées, la justice s’interdit d’interférer dans les processus électoraux. La date retenue n’est pas innocente et coïncide avec la pré-campagne. C’est une manière de faire pression sur Barthélémy. Ce sera vain », a encore lancé Khalifa Sall. Membre de la même coalition, Ousmane Sonko a quant à lui appelé à la « résistance totale ». « Soyons tous prêts au sacrifice car il en va de l’avenir de ce pays et de celui de nos enfants et petits-enfants », a exhorté le leader du parti Pastef.

Ce mercredi matin, la capitale retenait donc son souffle. Le spectre des violences de mars dernier, qui avaient éclaté dans le sillage de l’arrestation d’Ousmane Sonko alors qu’il se rendait au tribunal dans le cadre de la plainte pour viol déposée contre lui, est encore dans tous les esprits.

Vers un procès ?

Pourquoi Barthélémy Dias ne s’est-il pas présenté à l’audience alors qu’il avait affirmé qu’il le ferait ? « Il a estimé que l’affaire n’était pas en état d’être jugée », relate son conseil, Khoureychi Ba, qui s’attendait à ce renvoi, notamment parce que les co-accusés de l’élu sont aujourd’hui introuvables. « Le prévenu était convoqué à 8h30 et il n’était pas là », précise quant à lui l’avocat de la partie civile, Pape Mor Niang, qui indique que l’affaire a notamment été renvoyée car « un des prévenus a décidé de changer de conseil ».

Véritable « épée de Damoclès » qui plane au-dessus de l’avenir politique de Barthélémy Dias, ce procès en appel pourrait rebattre les cartes du scrutin local du 23 janvier. Mais aura-t-il lieu à la veille des élections ? « Nous ne nous rendrons pas à la convocation de la justice le 1er décembre, affirme le conseiller en communication de l’opposant, Pape Konaré. Il n’est pas question que ce procès soit jugé un mois avant les élections. »

« Ce renvoi était prévisible. Le dossier n’était pas en état d’être jugé par le passé et rien n’a changé, conclut une source proche de l’affaire. Tout ça, c’était beaucoup de bruit pour rien. »

Avec Jeune Afrique par Marième Soumaré

Cameroun : que va faire le régime de Paul Biya de ses opposants ?

septembre 24, 2021
Maurice Kamto lors d’un meeting à Yaoundé, le 30 septembre 2018.

Un an après la répression des manifestations du 22 septembre 2020, les procédures à l’encontre des militants incarcérés piétinent. Lenteur judiciaire dans une affaire politique houleuse ou volonté de décapiter l’opposition ? La question agite l’opinion.

Étrange anniversaire que celui que les 43 militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) détenus à la prison centrale de Kondengui ont célébré ce 22 septembre. Autour d’un généreux ndolé et d’un gâteau préparés pour l’occasion, quelques cadres du parti sont venus leur apporter un message d’encouragement de Maurice Kamto. Avant que les agents pénitentiaires ne mettent un terme aux « réjouissances ».

Comme ceux de Yaoundé, 124 autres personnes arrêtées en marge des manifestations du 22 septembre 2020 ont commémoré leur douzième mois de détention. Et dans les prisons de Mfou, Bafoussam et Douala, le triste souvenir des évènements de cette folle journée a refait surface.

Entraves à la justice

Il y a un an, des partis d’opposition et des organisations de la société civile avaient appelé à descendre dans les rues pacifiquement pour protester contre la décision du gouvernement d’organiser des élections régionales sans modifier le code électoral, contre la crise anglophone et pour demander davantage de transparence dans la gestion des fonds alloués à l’organisation de la CAN. La réaction des forces de sécurité ne s’était pas faite attendre : elles avaient fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau et arrêté près de 550 sympathisants de partis d’opposition. Parmi eux, Olivier Bibou Nissack et Alain Fogue, deux piliers de la machine politique du MRC.

LEURS AVOCATS DÉNONCENT L’ABSENCE D’INDÉPENDANCE DES JUGES ET UN REFUS MANIFESTE D’APPLIQUER LA LOI

Les personnes interpellées auront connu diverses fortunes devant les tribunaux. La majorité d’entre elles a depuis été libérée, mais 116 ont comparu devant des tribunaux militaires pour répondre de chefs d’accusation liés à leur participation à ces manifestations ou à leur activisme. Et si à Douala et à Bafoussam, l’heure est désormais aux procès, les dossiers des détenus de Yaoundé en sont encore à la phase d’instruction. Par ailleurs, huit autres accusés ont été condamnées par un tribunal civil pour des accusations similaires et purgent actuellement des peines de deux ans de prison.

Pour les avocats de ces opposants réunis au sein du collectif Me Sylvain Souop, ces procédures sont « iniques et inacceptables ». Le 9 septembre dernier, ils ont décidé de déposer leurs robes pour protester contre ce qu’ils qualifient d’entraves à la justice. « Nous ne pouvons nous associer à l’arbitraire et à l’illégalité », s’est justifié Me Hippolyte Meli dans une déclaration publique, évoquant entre autres « l’impossible accès à une justice équitable », « l’absence d’indépendance et d’équité des juges civils ou militaires en charge desdites affaires » et « le refus manifeste d’appliquer la loi ».

Au sein du MRC, beaucoup sont persuadés que l’on cherche à museler le parti. « La justice refuse de dire le droit à cause de la rancœur de ceux qui en ont contre le MRC, explique l’un de ses responsables. Notre parti est solidement implanté et son niveau d’organisation fait peur au régime de Yaoundé, qui utilise des raccourcis antidémocratiques pour essayer de briser son élan. » Notre interlocuteur en veut pour preuve le fait que Maurice Kamto a passé trois mois en résidence surveillée, dans le sillage des mêmes manifestations, sans jamais recevoir la moindre explication.

« Hostilité contre la patrie »

Depuis septembre 2020, les autorités camerounaises ont peu communiqué sur le sort des militants emprisonnés. En décembre dernier, le porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, a insisté sur le caractère « insurrectionnel » des manifestations et indiqué que « les procédures judiciaires engagées contre les meneurs et les organisateurs […] se poursuivront ». « Plusieurs personnes arrêtées dans le cadre de ce mouvement insurrectionnel ont d’ores et déjà été relâchées. D’autres le seront au fur et à mesure de l’évolution des procédures judiciaires et en considération de leur degré d’implication et de la menace qu’ils représentent pour la société », écrivait-il dans un communiqué.

ON PARLE D’INSURRECTION, PAS D’UN PETIT LARCIN DE QUARTIER

Dans les coulisses du pouvoir, on affirme que la justice est indépendante et qu’elle doit faire son travail « avec minutie ». « Il faut savoir que les faits qui sont reprochés à ces individus sont suffisamment graves pour que la justice prenne le temps de bien enquêter dessus. Lorsqu’on parle d’hostilité contre la patrie ou d’insurrection, il ne s’agit pas d’un petit larcin de quartier », explique un cadre d’administration.

Les organisations de défense des droits humains ont, elles, commencé à s’inquiéter de la situation. « Les autorités devraient remettre en liberté, immédiatement et sans conditions, toutes les personnes arrêtées pour avoir exprimé leur point de vue politique ou pour avoir exercé leur droit à la liberté de réunion pacifique, et mettre fin à la campagne de répression contre les manifestants pacifiques et les détracteurs du gouvernement », ont insisté les ONG Amnesty international et Human Rights Watch en marge du premier anniversaire des manifestations du 22 septembre 2020.

Avec Jeune Afrique par Franck Foute – à Yaoundé