Des militants des droits humains, des journalistes et des opposants du monde entier ont été espionnés grâce à un logiciel mis au point par une société israélienne, selon une enquête publiée dimanche dans plusieurs médias.
Le logiciel espion Pegasus de la société NSO Group, s’il est introduit dans un smartphone, permet d’en récupérer les messages, les photos, les contacts, et même d’écouter les appels de son propriétaire.
L’entreprise, fondée en 2011 et qui a régulièrement été accusée de faire le jeu de régimes autoritaires, a toujours assuré que son logiciel servait uniquement à obtenir des renseignements contre des réseaux criminels ou terroristes.
Mais les organisations Forbidden Stories et Amnesty International ont eu accès à une liste, établie en 2016, de 50.000 numéros de téléphone que les clients de NSO avaient sélectionnés en vue d’une surveillance potentielle. Elle inclut les numéros d’au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains, ou encore 65 chefs d’entreprise… selon une analyse menée par 17 rédactions.
Sur cette liste, figure notamment le numéro d’un journaliste mexicain Cecilio Pineda Birto, abattu quelques semaines après son apparition sur ce document. Des correspondants étrangers de plusieurs grands médias, dont le Wall Street Journal, CNN, France 24, Mediapart, El País, ou l’AFP en font aussi partie.
D’autres noms de personnalités figurant sur la liste seront divulgués dans les prochains jours par le consortium de médias qui ont mené l’enquête, dont font notamment partie Le Monde, The Guardian, et The Washington Post.
Leurs journalistes ont rencontré une partie des personnes visées et ont récupéré 67 téléphones, qui ont fait l’objet d’une expertise technique dans un laboratoire d’Amnesty International.
Elle a confirmé une infection ou une tentative d’infection par le logiciel espion de NSO Group pour 37 appareils, selon les compte-rendus publiés dimanche.
Deux des téléphones appartiennent à des femmes proches du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, assassiné en 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul par un commando d’agents venus d’Arabie saoudite.
Pour les 30 autres, les résultats ne sont pas probants, souvent car les propriétaires des numéros ont changé de téléphone.
« Il y a une forte corrélation temporelle entre le moment où les numéros sont apparus sur la liste et leur mise sous surveillance », précise le Washington Post.
Cette analyse, qui met à mal la communication de la société, s’ajoute à une étude, menée en 2020, par le Citizen Lab de l’Université de Toronto, qui avait confirmé la présence du logiciel Pegasus dans les téléphones de dizaines d’employés de la chaîne Al-Jazeera du Qatar.
Retour d’exilés, grâce et libération d’opposants… Le président multiplie les gestes d’apaisement envers des adversaires. À condition qu’ils présentent des excuses publiques !
Avant eux, le 18 juin, ce sont deux autres opposants qui avaient bénéficié de la grâce présidentielle : le jeune militant de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) Boubacar Diallo, alias Grenade, condamné en appel début juin à dix ans de prison ferme pour « tentative d’assassinat, port illégal d’armes de guerre et de minutions ». La Cour d’appel de Conakry avait alors confirmé une peine rendue deux ans auparavant par le tribunal de Dixinn contre le jeune opposant, accusé d’avoir tiré à balles réelles sur les forces de l’ordre lors d’une manifestation de l’opposition, en mai 2016.
Autre gracié, Mamady Condé, alias « Madic 100 frontière », 300 000 abonnés sur Facebook. Transfuge du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG arc-en-ciel, au pouvoir), l’opposant qui militait pour l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et contre le troisième mandat d’Alpha Condé avait été interpellé à la veille de la présidentielle. Condamné en février dernier à cinq ans de prison pour « téléchargement, diffusion de messages, photos, dessins de nature raciste ou xénophobe, menaces, violences et injures par le biais d’un système informatique », « Madic 100 frontière » avait fait appel. Le 10 juin, la Cour d’appel venait de réduire sa peine à un an de prison ferme.
Excuses publiques
Tous ont auparavant dû s’acquitter d’excuses publiques auprès du chef de l’État. Les grâces de Souleymane Condé et Youssouf Dioubaté ont été annoncées quelques heures après la publication dans la presse d’une lettre conjointe, dans laquelle les deux anciens prisonniers disaient « profondément » regretter leurs actes, qu’ils assimilaient à des « erreurs de jeunesse », jurant de ne pas récidiver pour « le restant de leur vie ».
Boubacar Diallo a fait de même. Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, il a exprimé ses regrets, expliquant par ailleurs que sa grand-mère, qui l’a élevé depuis le décès de sa mère, « est gravement malade ». « Je sollicite votre aide afin de bénéficier de la clémence de la force publique guinéenne qui aura pour conséquence directe l’établissement d’une remise de peine à mon bénéfice », a-t-il plaidé. Depuis sa libération, l’ancien opposant ne tarit plus d’éloges à l’égard du chef de l’État et fustige son « abandon » par l’UFDG, sa formation politique d’origine.
VOUS VERREZ QUE LE PRÉSIDENT GRACIERA TOUS LES DÉTENUS POLITIQUES
Mamady Condé avait quant à lui plaidé en vain la clémence du tribunal de Dixinn. Il doit sa libération à la mobilisation de sa famille, dont l’histoire se confond avec celle du RPG arc-en-ciel. Son frère cadet s’est en effet employé à rappeler aux autorités les représailles essuyées par leur père sous le régime de Lansana Conté : « Mon père a été l’un des fondateurs du RPG ».
« À son retour au pays en 1992 après ses études au Canada et à Cuba, il a décliné l’offre du président Conté de le nommer ministre. Il a pris part à un meeting de l’opposant Alpha Condé à Kissidougou. Cela lui a coûté son poste de directeur national de l’élevage, il a été emprisonné, muté, explique à Jeune Afrique Kader Yomba Condé. En 1998, le jour de son arrestation et de celle du leader du RPG, ma sœur a été tuée par des militaires. Après des jours de recherches, son corps a été retrouvé dans un puits. Mon frère et moi avons fait la prison, avant que lui ne s’exile au Canada. »
C’est à son retour en Guinée, en 2011, que Mamady Condé s’éloigne du parti au pouvoir et se rapproche de l’opposition pour défendre, assure son frère, les mêmes idéaux de justice et d’équité pour lesquels sa famille s’est toujours battue. « Je partage ses convictions mais déplore ses excès de communication sur les réseaux sociaux, plaide Kader Yomba Condé. Il n’y a pas plus indulgent que Alpha Condé. On a demandé pardon au président de la République, il nous a entendus. Vous verrez qu’il graciera tous les détenus politiques. »
POUR L’OPPOSITION, CES EXCUSES ET REPENTANCES PUBLIQUES ONT ÉTÉ OBTENUES SOUS LA PRESSION
Son retour en Guinée est le fruit d’un an de négociations conduites par des membres de l’entourage présidentiel souhaitant rester anonymes. « Je ne regrette pas mon engagement politique, mais je suis arrivé à un point où la politique ne peut plus rien m’apporter, assure l’intéressé. Je m’en suis rendu compte durant mon exil, à travers ceux qui m’ont soutenu au-delà des clivages qu’on connaît dans ce pays. C’est pourquoi j’ai décidé de tourner définitivement la page politique et de revenir aux domaines pour lesquels j’ai modestement une expertise reconnue : la communication et la culture. »
Pour l’opposition, ces excuses et repentances publiques ont été obtenues sous la pression. Selon Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno, dirigeants du FNDC que les autorités considèrent comme un « mouvement insurrectionnel », elles ne sont que le fruit d’un « chantage politique ».
Ils en veulent pour preuve le fait qu’outre cinq cadres et alliés de l’UFDG en attente de procès, il n’y a désormais plus qu’un seul célèbre condamné politique qui n’a pas été gracié : Oumar Sylla, alias Foniké Mengué, responsable de la mobilisation du FNDC, farouche opposant au troisième mandat. Lui refuse de s’excuser. Condamné en janvier à onze mois de prison ferme, il avait déclaré à l’énoncé du verdict : « Cette sentence ne changera pas mon engagement : je continuerai la lutte contre le troisième mandat d’Alpha Condé, même en prison. »
Deux journalistes et un opposant politique ont été gardés à vue dans un centre de la sécurité intérieur. D’autres arrestations sont notamment signalées.
Selon Radio M, « le journaliste et directeur des deux médias Radio M et Maghreb émergent, Ihsane El Kadi a été interpellé par des services de sécurité à sa sortie de son bureau à Alger centre ce jeudi 10 juin 2021 en fin d’après-midi ».
Ihsane El Kadi avait été placé sous contrôle judiciaire le 18 mai à la suite d’une plainte déposée par le ministère de la Communication pour « atteinte à la sécurité et l’intégrité de l’unité nationale », et « publications qui nuisent à l’intérêt national ».
Khaled Drareni interpellé
Le ministère de la Communication reproche au journaliste la publication d’un article, le 23 mars, où le patron de médias plaidait contre la « diabolisation » du mouvement Rachad, organisation d’opposants en exil formée notamment d’anciens cadres du Front islamique du salut (FIS), dissous en 1992, et classée « terroriste » par les autorités.
L’autre journaliste interpellé hier en fin de journée à Alger est Khaled Drareni, fondateur du site d’information Casbah Tribune, et correspondant en Algérie pour TV5 Monde et pour Reporters sans frontières (RSF). Interpellé à plusieurs reprises en 2019 et en 2020 lors des manifestations du hirak, il est finalement placé sous mandat de dépôt le 29 mars 2020 et condamné, le 15 septembre, à deux ans de prison ferme pour « incitation à attroupement non armé et d’atteinte à l’intégrité du territoire national ».
Drareni a été libéré de prison le 19 février 2021 – avec une trentaine de détenus – dans le cadre d’une grâce présidentielle.
La troisième personnalité interpellée hier est Karim Tabbou, dirigeant de l’Union démocratique et sociale (UDS, parti non agréé). Tabbou a été condamné d’abord pour « atteinte au moral de l’armée » puis pour « incitation à la violence » et a passé plusieurs mois en prison avant sa libération le 2 juillet 2020.
Il a été placé en garde à vue, avant d’être libéré et mis sous contrôle judiciaire, fin avril dernier, à la suite d’une plainte du président du Conseil national des droits de l’homme (CNDH, officiel), avec lequel il a eu une altercation durant l’enterrement du fondateur de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, Ali Yahia Abdennour.
Ihsane El Kadi, Khaled Drareni et Karim Tabbou auraient été, selon des avocats et leurs proches, interrogés et gardés à vue dans un des centres de la sécurité intérieure sur les hauteurs d’Alger. Ils ont pu contacter par téléphone leurs proches tard dans la nuit pour les informer de leur lieu de détention.
222 arrestations
Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), d’autres activistes ont été interpellés jeudi ailleurs qu’à Alger, alors que le jour même, le procureur du tribunal d’Alger a annoncé l’arrestation de dix personnes qui seraient membres d’une « cellule qui incitait aux rassemblements et à l’atteinte à la sécurité nationale ». Douze autres personnes sont en fuite, dont une partie à l’étranger, selon le procureur, qui a mentionné la France et les États-Unis.
Au moins 222 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le hirak et/ou les libertés individuelles, selon le CNLD, alors que les manifestations hebdomadaires sont interdites depuis fin mai.
Ces arrestations interviennent au moment où les autorités ont procédé, ce jeudi, à une modification du Code pénal, en créant une « liste nationale des personnes et des entités terroristes », selon le communiqué du conseil des ministres et en élargissant la définition de l’acte terroriste ou le sabotage à « tout acte visant la sûreté de l’État, l’unité nationale et la stabilité et le fonctionnement normal des institutions par toute action ayant pour objet ».
Terrorisme : élargissement de la définition
La nouvelle définition englobe aussi toute action visant à « œuvrer ou inciter, par quelque moyen que ce soit, à accéder au pouvoir ou à changer le système de gouvernance par des moyens non constitutionnels », ou « porter atteinte à l’intégrité du territoire national ou d’inciter à le faire, par quelque moyen que ce soit ».
Les mouvements Rachad et le MAK (Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie) ont été classés par les autorités, le 18 mai, comme « organisations terroristes ». Ces deux mouvements ont été souvent accusés par les autorités de pousser à la violence, profitant des marches du hirak. Les deux mouvements réfutent ces accusations.
Par ailleurs, des collectifs, des associations, des partis et des personnalités ont publié une déclaration rejetant les législatives : « L’Algérie est enfermée dans une politique d’état d’urgence non déclarée : fermeture de toutes les places publiques, empêchement des manifestations et de toute expression pacifique appelant à un changement démocratique. Tandis que des salles et des canaux médiatiques sont ouverts pour promouvoir l’échéance du 12 juin. »
Neuf opposants, dont Anicet-Georges Dologuélé et Martin Ziguélé, ont déposé ce 6 janvier auprès de la Cour constitutionnelle un recours collectif en annulation de la présidentielle. Ils dénoncent des « fraudes massives » de la part des partisans du président Touadéra.
Anicet-Georges Dologuélé, Martin Ziguélé, Mahamat Kamoun, Crépin Mboli-Goumba, Alexandre Ferdinand Nguendet, Abdou Karim Meckassoua, Catherine Samba-Panza, Nicolas Tiangaye et Désiré Kolingba ont demandé collectivement à la Cour constitutionnelle de prononcer l’annulation du scrutin présidentiel du 27 décembre dernier et l’organisation d’une nouvelle élection. Le recours a été déposé jeudi 6 décembre, à 18h45 heure de Bangui.
Dans le document adressé à la présidente de la Cour, Danièle Darlan, les neuf candidats, qui contestent la victoire au premier tour de Faustin-Archange Touadéra, ont dénoncé une « proportion inquiétante de votes par dérogation », la « non-remise de procès-verbaux aux représentants des candidats », des manœuvres d’ « intimidation », des « achats de vote » ou encore des « fraudes massives ».
La Cour constitutionnelle a jusqu’au 19 janvier pour se prononcer sur ce recours, déposé au nom des neuf candidats par l’avocat et ancien Premier ministre Nicolas Tiangaye. Cette demande intervient dans un climat particulièrement tendu sur le plan sécuritaire – les groupes armés tentant toujours d’encercler Bangui – et fait figure de dernière chance de sortie de crise sur le plan politique.
Entre Dologuélé et Bozizé, le divorce
S’il ne figure pas dans ce recours, le Kwa na Kwa (KNK), parti de l’ancien président François Bozizé (qui n’a pas été autorisé à se porter candidat), soutient la requête. Cette formation s’était alliée avec Anicet-Georges Dologuélé quelques jours avant le premier tour, avant que Bozizé ne choisisse finalement d’appeler au boycott, au grand dam de son nouvel allié.
Le KNK et les autres ténors de l’opposition ont pourtant bien du mal à présenter un front uni. Selon nos informations, Anicet-Georges Dologuélé impute en partie l’issue du premier tour à la décision de François Bozizé d’appeler ses militants à ne pas se rendre aux urnes. Il n’avait d’ailleurs pas été prévenu des intentions de boycott de l’ancien président, qui a finalement soutenu les groupes armés.
Le 27 décembre, alors que Dologuélé tentait de rassembler ses soutiens et de les pousser vers les urnes, Bozizé a même dépêché des partisans pour perturber la tenue du scrutin dans son fief de l’Ouham, qui était également l’un des potentiels réservoirs de voix du candidat Dologuélé. « Notre alliance avec Dologuélé était utile dans un contexte où l’élection était crédible. Mais quand le président Bozizé a constaté qu’elle ne le serait pas, il lui a fallu changer de plan », justifie un cadre du KNK.
Le procureur de la République, Richard Adou, a saisi un juge d’instruction et dressé la liste des charges qu’il souhaite voir retenues à l’encontre de plusieurs membres de l’opposition. Il a confirmé l’incarcération d’une dizaine de personnes, parmi lesquelles des proches d’Henri Konan Bédié.
Trois jours après l’interpellation d’une vingtaine de proches d’Henri Konan Bédié, et le placement en résidence surveillée de l’ancien président ivoirien et de plusieurs autres leaders de l’opposition, le procureur de la République s’est exprimé vendredi 6 novembre devant la presse pour justifier ces opérations de police. Richard Adou a détaillé la longue liste des accusations qui pèsent contre eux.
« Attentat » et « complot »
Il a affirmé avoir saisi le 30 octobre le doyen des juges d’instruction en vue de l’ouverture d’une information judiciaire « pour les faits d’actes de terrorisme, d’attentat et complot contre l’autorité de l’État, de meurtre, de vol en réunion avec violences, de destruction volontaire de biens, d’incendie et destruction de véhicules, d’organisation et de participation à un mouvement insurrectionnel ».
Selon lui, tous ces actes ont été posés à l’occasion de la mise en oeuvre de « l’appel à la désobéissance civiles » et « du boycott actif de l’élection présidentielle du 31 octobre ».
Il a expliqué que la création du Conseil national de transition (CNT) et les actes émanant de cet organe « avaient pour finalité d’attenter à l’autorité de l’État afin de parvenir au renversement de la République, des actes constitutifs d’attentat et de complot contre l’autorité de l’État et l’intégrité du territoire national. »
Parmi elles figurent notamment le secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Maurice Guikahué, le porte-parole de Bédié, Narcisse N’dri, son neveu chargé du protocole, Jean-Claude N’dri, et l’ancien maire de Grand-Bassam, Georges Ezaley. Plusieurs ont été présentés ce vendredi devant un juge d’instruction.
Arrestation de Bédié ? « Toutes les options sont sur la table »
Richard Adou s’est en revanche montré plus ambiguë sur le sort d’Henri Konan Bédié, 86 ans, expliquant que compte tenu « de son âge et de ses conditions physiques », les autorités n’avaient pas « jugé nécessaire de procéder à son interpellation ». « Toutes les options sont sur la table « , a-t-il toutefois précisé.
Vendredi, les accès à son domicile situé dans le quartier de Cocody-Ambassades étaient toujours barrés par les forces de l’ordre, tout comme ceux d’Albert Mabri Toikeusse et de Pascal Affi N’Guessan. « Ils sont en fuite et activement recherchés », a affirmé Richard Adou.
Injoignable, l’ancien Premier ministre a disparu de la circulation depuis mardi. « Il est en lieu sûr », expliquent ses proches.
En revanche, et contrairement à ce que peuvent laisser entendre les propos du procureur, l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur se trouverait toujours à son domicile de Marcory résidentiel.
Dans un communiqué publié jeudi en tant que porte-parole par intérim du CNT, Albert Mabri Toikeusse avait demandé « aux populations et à la diaspora ivoiriennes d’intensifier la mise en œuvre des mots d’ordre déjà lancés ». Le texte ajoutait : « Le Conseil national de la transition met tout en œuvre pour un retour à la légalité constitutionnelle par la réconciliation nationale, la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés et l’organisation d’élections justes, transparentes et inclusives. »
Deux jours après l’annonce de la victoire d’Alassane Ouattara et de la création d’un « Conseil national de transition » par l’opposition, la résidence d’Henri Konan Bédié est toujours encerclée par la police, comme celles de plusieurs autres opposants. Si plusieurs personnes ont été relâchées après les arrestations de mardi, le sort d’autres personnalités demeure incertain.
Tout a basculé mardi 3 novembre, dans l’après-midi. Après une conférence de presse au domicile d’Henri Konan Bédié (HKB), dans le quartier de Cocody, à Abidjan, plusieurs opérations de police et de gendarmerie ont visé les opposants qui, la veille, s’étaient déclarés favorables à l’instauration d’un « Conseil national de transition ».
Les forces de l’ordre ont d’abord extrait une vingtaine de personnes de la résidence de Bédié, dont Maurice Kakou Guikahué, le secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Narcisse N’dri, le directeur de cabinet de l’ancien président, et plusieurs de ses neveux et nièces. Certains ont été emmenés à la préfecture de police, d’autres à la Direction de la surveillance du territoire (DST). Le personnel d’HKB a rapidement été relâché, d’autres ont dû attendre mercredi matin.
Le sort de plusieurs autres personnalités demeure incertain. Djénébou Zongo, chargée de la communication de Bédié, et Jean-Claude N’Dri, son neveu chargé du protocole, ont également été entendus à la préfecture de police mercredi matin. « Quelques personnes qui étaient présentes chez Bédié doivent répondre de certains actes qu’ils ont posés dans le cadre du mot d’ordre de désobéissance civile », précise une source gouvernementale.
L’ancien président de 86 ans n’a pas été inquiété pour sa part, et il est resté chez lui avec son épouse. Depuis mardi après-midi, sa résidence est cernée par la police. « Il est harcelé par le pouvoir, affirme l’un de ses proches. Mais il ne faiblira pas devant l’arbitraire. »
Blocus autour des domiciles
Pascal Affi N’Guessan, le porte-parole de la plateforme de l’opposition qui avait multiplié les interventions devant la presse ces derniers jours, a de son côté disparu de la circulation. Mardi après-midi, sa résidence de la Riviera, voisine de celle du Premier ministre Hamed Bakayoko, a été encerclée par la gendarmerie. À l’heure où nous écrivions ces lignes, aucune information sur la localisation de l’opposant n’était connue.
Plusieurs véhicules de la gendarmerie étaient par ailleurs postés devant la résidence d’Assoa Adou. Le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo y est bloqué. « Personne ne peut entrer, ni sortir », explique l’un de ses proches. Ce qui, selon son entourage, ne l’empêche pas de rester en contact téléphonique avec l’ex-président, toujours à Bruxelles en attente de la fin de la procédure devant la Cour pénale internationale (CPI). Par ailleurs, la résidence Hubert Oulaye, ancien ministre de Gbagbo, faisait aussi l’objet d’un blocus policier.
L’accès à la résidence d’Albert Mabri Toikeusse, dans le quartier de Marcory Résidentiel, était fermé par un camion de la gendarmerie. Cet ancien allié d’Alassane Ouattara, plusieurs fois ministre, y était toujours ce mercredi, bloqué lui aussi. « Les trois policiers affectés à ma sécurité ont été rappelés hier [mardi] et les trois gendarmes de ma garde, dont le chef de sécurité, viennent d’être interpellés », a-t-il indiqué à Jeune Afrique en milieu de journée, ce mercredi.
DES ACTES D’ATTENTAT ET DE COMPLOT CONTRE L’AUTORITÉ DE L’ÉTAT
Après l’annonce par l’opposition de la création d’un « Conseil national de transition » (CNT) présidé par Bédié, le gouvernement a saisi le procureur de la République afin qu’une instruction judiciaire soit ouverte.
« Cette déclaration ainsi que les violences perpétrées à la suite du boycott actif constituent des actes d’attentat et de complot contre l’autorité de l’État et l’intégrité du territoire national. Ces faits sont prévus et punis par la loi pénale », a déclaré mardi le ministre de la Justice, Sansan Kambilé.
Dans un communiqué publié ce mercredi, le collectif des avocats d’Henri Konan Bédié et des leaders de l’opposition « dénonce » la « tentative illégale d’arrestation » de Bédié, « l’interpellation illégale de Maurice Kakou Guikahué sans la levée préalable de son immunité parlementaire » et « la séquestration des occupants des résidences des leaders de l’opposition
Avec Jeune Afrique par Benjamin Roger et Vincent Duhem
Deux personnes engagées par les services secrets du Congo et dépêchées à Paris dans le but d’anéantir certains opposants qui nuisent le pouvoir ont changé d’avis et sollicité l’asile politique auprès de la préfecture de Bordeaux en attendant de le faire à l’Ofpra.
Ces deux personnes, un homme et une femme d’une vingtaine d’années sont arrivées à Paris par un vol régulier de la compagnie Ethiopian Airlines il y a une semaine. Selon le témoignage d’une d’elles à la rédaction de Sacer-Infos, le but de leur voyage était d’éliminer quelques figures de proue de l’opposition sur la place de Paris.
Les noms de Guy Mafimba Motoki ( porte parole d’André Okombi Salissa), Roland Levy Nitou du mouvement des Indignés 242, Andréa Ngombet du collectif Sassoufit, Gatien Arold Samba, administrateur du site Brazzanews étaient leurs principaux objectifs.
Dans leur plan de travail, la fille devrait prendre attache avec certaines femmes de l’opposition en après avoir affiché sur les réseaux sociaux son mépris du pouvoir de Brazzaville et ainsi se faire remarquer. Une tactique lui permettant d’être acceptée comme une farouche opposante de plus afin de consommer tranquillement son plan après avoir infiltré le milieu.
L’homme par contre se rapprocherait de l’ancien combattant Rostel Bakoua qui devrait lui servir d’informateur sur tous les mouvements des opposants dans Paris.
Un autre faux opposant répudié proche d’un ex ministre et rentré dernièrement du Congo avec pour mission de reprendre contact avec l’opposition par les injures et dénonciations du pouvoir de Brazzaville devrait aussi leur servir de contact sur paris
C’est à Bordeaux alors qu’ils rendaient visite à un parent de la fille, que les deux tueurs à gages ont renoncé à leur plan macabre suite aux conseils patriotiques reçus de leur logeur. C’est sous ses conseils qu’ils ont décidé de renoncer à leur mission et solliciter l’asile politique en France.
Pour cette sale mission, une enveloppe de 10 millions de francs Cfa leur avait été donnée avec la promesse d’en recevoir 5 millions de plus après l’élimination du premier objectif Guy Mafimba Motoki, neveu de l’ex patron des services secrets Congolais, le général Ngouolondélé.
Une dizaine de partisans de l’opposition gambienne ont été libérés sous caution mardi, au lendemain d’une décision similaire en faveur du chef du principal parti d’opposition, Ousainou Darboe, et de 18 co-prévenus, poursuivis pour participation à une manifestation non autorisée. Au total, 14 personnes arrêtées ont comparu mardi devant un tribunal de Banjul, a constaté un correspondant de l’AFP. Les prévenus avaient été arrêtés en mai pour avoir manifesté devant le tribunal lors de la comparution de Ousainou Darboe, chef du Parti démocratique uni (UDP), et de ses coprévenus.
Ces derniers, condamnés en juillet à trois ans de prison ferme, ont fait appel. Ces libérations étaient très attendues après la victoire historique du candidat de l’opposition à l’élection présidentielle du 1er décembre, Adama Barrow, face à Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans. Ousainou Darboe et ses coprévenus ont été arrêtés pour participation le 16 avril à une manifestation contre la mort en détention de Solo Sandeng, un dirigeant de l’UDP arrêté lors d’un rassemblement deux jours auparavant pour réclamer des réformes politiques en Gambie.
Un autre des manifestants arrêtés en mai, Ebrima Solo Kurumah, est décédé le 20 août en détention peu après avoir été hospitalisé.
Pretoria – La police sud-africaine a tiré mercredi des balles en caoutchouc et utilisé des canons à eau contre plusieurs milliers de manifestants réunis devant le palais présidentiel à Pretoria pour réclamer le départ du chef de l’Etat Jacob Zuma, a constaté un photographe de l’AFP.
Après cet incident, les manifestants de l’opposition continuaient cependant à se masser devant les grilles de la résidence du président Zuma, gardées par des policiers anti-émeute.
Les opposants, dont la majorité sont des militants des Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale), se sont rendus à la présidence après une décision de justice ordonnant la publication immédiate d’un rapport potentiellement accablant pour le chef de l’Etat.
Le document consacré à la corruption au sommet de l’Etat porte principalement sur des soupçons d’influence de la sulfureuse famille d’hommes d’affaires Gupta sur M. Zuma, au point de lui imposer la nomination de certains ministres pour favoriser leurs intérêts.
Le président avait lancé un action en justice pour interdire sa parution, mais il a finalement fait volte face mercredi matin en retirant son recours.
Dans la foulée, le tribunal de Pretoria a ordonné la publication immédiate du rapport qui doit être mis en ligne avant 17h00 (15h00 GMT).
Si M. Zuma a survécu à de nombreux scandales depuis sa prise de fonctions en 2009, il est aujourd’hui de plus en plus critiqué, y compris au sein de son propre parti, le Congrès national africain, après le revers historique de l’ANC aux municipales d’août.
Manifestation, samedi 16 avril, à Serrekunda, à 7 km de la capitale Banjul pour réclamer une enquête sur la mort de l’opposant Solo Sandeng et l’abandon de la réforme électorale. Crédits : AFPLe décès de trois opposants arrêtés jeudi 14 avril lors d’une manifestation pacifique a été confirmé dimanche par les Nations unies dont le secrétaire général, Ban Ki-moon a réclamé « l’ouverture d’une enquête approfondie et indépendante sur les circonstances qui ont conduit à leur mort alors qu’ils étaient en détention ».
Le patron de l’ONU demande également au pouvoir de relâcher « immédiatement et sans condition » les dizaines de personnes qui ont été arrêtées samedi lors d’une seconde manifestation organisée à Serrekunda, à 7 km de Banjul la capitale, pour que la lumière soit faite sur la mort de Solo Sandeng, l’un des leaders du parti d’opposition Parti démocratique uni (UDP) et l’arrestation d’une quarantaine de personnes. Le décès des deux autres militants n’était alors pas connu. Il s’agirait de deux autres membres du parti, selon l’ONU. Samedi, la mort du journaliste Alagie Ceesay détenu depuis juillet 2015, et dont l’état de santé s’était dégradé au cours des dernières semaines, a par ailleurs été rendue publique.
Secrétaire national à l’organisation de UDP, Ebrima Solo Sandeng avait initié la marche de protestation du jeudi 14 avril contre les nouvelles réformes électorales. Après une journée de détention, il a trouvé la mort vendredi 15 avril. Son corps a été remis à sa famille samedi et il a été enterré le même jour, a indiqué un membre de sa famille au Monde Afrique.
Samedi, la foule des manifestants a de nouveau été réprimée dans la violence. Les opposants ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène et de tirs de balles sur l’avenue Kaïraba assombrie par de grosses fumées. Le chef de l’UDP, Oussainou Darboe et plusieurs membres du parti ont été arrêtés. Ils sont toujours détenus dans un lieu secret.
« Yahya Jammeh fait ce qu’il veut, il ne respecte personne et déroule son projet cynique de règne sans partage en introduisant des réformes pour éliminer le maximum de candidat à l’élection présidentielle prévue en décembre 2016. Il est impératif aujourd’hui de mettre sur pied une coalition nationale des 7 partis d’opposition que compte le pays », a réagi Umar Amadou Jallow, le leader du Parti progressiste du peuple (PPP).
Les manifestants protestent contre des réformes introduites récemment pour durcir les conditions de participation à l’élection présidentielle. Parmi les mesures, le versement d’une caution de 500 000 dalasis (environ 11 700 euros) pour tout candidat. Pour former un parti politique, il faudra désormais donner 1 million de dalasis (environ 23 400 euros). Les candidats ne devront pas être âgés de plus de 65 ans et chaque parti devra recueillir au moins 10 000 signatures de soutiens citoyens et avoir un représentant dans toutes les circonscriptions électorales du pays. Le renouvellement des cartes électorales est également soumis au versement d’une somme de 100 dalasis (environ 3 euros).
Ces événements sont intervenus alors que le président Yahya Jammeh se trouvait en voyage officiel en Turquie. Il a regagné la Gambie dimanche soir. Parvenu au pouvoir après un coup d’Etat en 1994 puis élu en 1996 et réélu depuis tous les cinq ans, il a de nouveau été investi en février pour représenter son parti, l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotique (APRC) lors des élections de décembre prochain.
La Gambie, un territoire d’environ 11 000 km2, entouré par le Sénégal, s’est bunkerisée depuis jeudi soir. Les forces armées sont déployées sur tous les grands axes. La connexion à internet est presque inexistante et le réseau téléphonique brouillé dans plusieurs parties du pays. Le régime de Yayah Jammeh est régulièrement dénoncé par les organisations des droits de l’homme pour ses atteintes à la liberté d’expression et la repression violente de l’opposition.
Ce nouvel épisode de tensions se déroule alors que la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples tient sa 58e session jusqu’ au 20 avril à Banjul.
Lemonde.fr par Amadou Ndiaye (contributeur Le Monde Afrique, envoyé spécial à Banjul)