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Abdou Diouf : « Un sommet sans François Hollande était impensable »

octobre 9, 2012
L'ancien chef de l'État sénégalais dans ses bureaux parisiens, le 24 septembre. L’ancien chef de l’État sénégalais dans ses bureaux parisiens, le 24 septembre. © J.A

Habituellement discret, le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, se félicite de la venue de François Hollande à Kinshasa en octobre.

L’homme parle rarement et mesure avec la précision d’un horloger chacun de ses propos. À la veille du sommet de la Francophonie, du 12 au 14 octobre à Kinshasa, Abdou Diouf a toutefois accepté de se livrer… un peu. Si l’ancien chef de l’État sénégalais refuse de l’admettre, son rôle a été déterminant pour convaincre François Hollande d’aller serrer la main à son homologue congolais, Joseph Kabila. La crise au Mali ? Diouf hausse le ton. L’impasse à Madagascar ? Il place Marc Ravalomanana devant ses responsabilités. Le contentieux électoral en Guinée ? Il interpelle son vieil ami de l’Internationale socialiste Alpha Condé… Bref, Diouf se lâche. Un peu.

Jeune Afrique : Après quelques incertitudes, le XIVe sommet de la Francophonie se tiendra bien à Kinshasa et à la date prévue. Êtes-vous soulagé ?

Abdou Diouf : Oui, mais je me réjouis surtout pour la Francophonie, la RD Congo et l’Afrique centrale. Depuis la première édition du sommet de la Francophonie, en 1986, c’est la première fois qu’il se tient dans cette région. Je suis heureux que ce projet aboutisse.

La présence du président français, François Hollande, n’était pas acquise. Quel a été votre rôle pour le convaincre ?

François Hollande est un grand militant de la Francophonie et ce sommet lui tenait à coeur. Ce n’est pas moi qui lui ai forcé la main. Avez-vous remarqué que presque tous les chefs d’État africains qui l’ont rencontré lui ont demandé d’aller à Kinshasa ? Il a par ailleurs envoyé sur place sa ministre déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui, qui a fait la même recommandation.

Autre point, s’il y a une opposition congolaise radicale hostile à ce sommet, il y a aussi d’autres opposants, des responsables de la société civile et des militants des droits de l’homme qui considèrent que ce sommet permet de tirer la démocratie vers le haut. Enfin, la Francophonie, c’est une solidarité. La RD Congo affronte une situation grave dans l’Est qui peut avoir des conséquences extrêmement néfastes sur son intégrité territoriale et sa souveraineté. Ce sommet doit être l’occasion de créer un climat de confiance entre la RD Congo et ses voisins, notamment le Rwanda.

Avez-vous entrepris des démarches pour que le président rwandais, Paul Kagamé, soit à Kinshasa ?

J’ai reçu sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. J’ai insisté pour que Paul Kagamé fasse le déplacement. Nous verrons bien.

La présence de François Hollande était-elle indispensable ?

Peut-on imaginer un sommet du Commonwealth sans la reine d’Angleterre et le Premier ministre britannique ? Il était impensable de faire un sommet de la Francophonie sans le chef de l’État français.

Paris avait posé ses conditions pour une venue de François Hollande, notamment dans les domaines des droits de l’homme et de la transparence électorale. A-t-on avancé ?

Je ne parlerai pas de conditions quand il s’agit d’un État souverain. Mais il y a des signes positifs : l’Assemblée nationale a commencé à étudier la réforme de la Commission électorale nationale indépendante [Ceni, NDLR]. Elle travaille également sur la création d’une commission nationale des droits de l’homme. Nous espérons que le Parlement votera ces deux lois avant le sommet.

La situation au Mali est un cancer qui peut métastaser dans toute la région.

Mais il y a également le report sine die du procès en appel de l’affaire Chebeya

Je le regrette.

La réforme de la Ceni doit-elle conduire au départ de son président, Daniel Ngoy Mulunda ?

Je ne demande rien, mais, dans le cadre d’une nouvelle Ceni, on peut procéder à des renouvellements internes.

Concernant la crise au Mali, dans une tribune signée en juillet avec Jacques Chirac, vous demandiez la mise en oeuvre de « voies légales » pour rétablir la sécurité dans le Nord. Vous ne parliez pas d’opération militaire. Êtes-vous contre ?

Je privilégie toujours les voies pacifiques, mais pour dialoguer il faut être deux. La mort dans l’âme, je me résous donc à une opération militaire pour rétablir l’intégrité territoriale du Mali. Lorsque les éventuels interlocuteurs s’attaquent au patrimoine culturel et religieux et qu’ils agressent les populations au nom de la charia, il n’y a pas de dialogue possible. Qui peut accepter une République islamiste au Mali ? Je ne me contredis pas, j’ai évolué et perdu patience.

Quel doit être le rôle de l’Algérie ?

Compte tenu de sa position géographique et de sa puissance militaire, elle a un rôle fondamental à jouer. Elle doit nous aider. La situation au Mali est un cancer qui peut métastaser dans toute la région et menacer la paix et la sécurité internationales.

Autre crise : Madagascar, où l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) est intervenue après la chute de Marc Ravalomanana, en 2009, avant que l’Afrique australe prenne le relais, sans succès pour l’instant. Avez-vous des regrets ?

Au nom du principe de la subsidiarité, toute la communauté internationale a estimé que la sous-région devait s’occuper de Madagascar. Malheureusement, cela fait bientôt plus de trois ans et demi et ça n’avance pas. Au niveau de l’OIF, nous avons apporté notre expertise électorale et aidé à la mise en place de la Commission électorale nationale indépendante pour la transition [Cenit]. Nous allons encore la soutenir et l’aider à établir un calendrier pour aller aux élections. Pour le reste, nous souhaitons que l’Afrique australe réussisse dans la mission qui lui est impartie.

Pensez-vous que la présidentielle, prévue entre mai et juillet 2013, pourra se tenir ?

J’ai tellement été déçu… Les ambitions politiques de deux hommes ne valent pas qu’on laisse un peuple mourir. Andry Rajoelina a proposé de se retirer de la course. Marc Ravalomanana a refusé. Si le plus jeune accepte de se retirer, pourquoi son aîné ne fait-il pas preuve de la même sagesse ?

En faisant ce genre de déclaration, n’empiétez-vous pas sur la médiation en cours ?

Je ne fais que traduire mon exaspération. Beaucoup de transitions se sont déroulées plus rapidement. C’est assez !

Nous voulons que les choses se fassent dans un climat apaisé en Guinée.

Autre pays dans lequel l’OIF est intervenue : la Guinée. Pour l’élection de 2010, le fichier électoral avait été élaboré par Sagem. Depuis, le président Alpha Condé a révoqué la société française au profit d’un opérateur sud-africain, Waymark, contesté par l’opposition. L’OIF ne pourrait-elle pas jouer un rôle d’expert-arbitre pour ramener la confiance ?

Lorsque la nouvelle Ceni sera mise en place, il lui appartiendra de décider de la suite des opérations. Va-t-elle transférer les données de Sagem à Waymark, ou va-t-elle décider que Waymark ne fait pas l’affaire et qu’il faut passer un nouvel appel d’offres ? Si on a besoin de notre soutien, nous serons là. Mais nous voulons que les choses se fassent dans un climat apaisé. Ce qui est regrettable, ce sont les manipulations et les procès d’intention. Je le dis comme je le pense : nous détestons ce climat de diabolisation, de suspicion, ces arrière-pensées venant de gens qui nous connaissent et savent très bien que nous ne ferons jamais quelque chose qui manque d’objectivité.

Alpha Condé a-t-il eu tort de jeter la suspicion sur le fichier électoral élaboré par Sagem ?

Ce sont des données techniques sur lesquelles je ne peux pas me prononcer. Je ne suis qu’un modeste secrétaire général de la Francophonie.

Depuis votre départ du pouvoir, en 2000, vous ne vous êtes jamais exprimé publiquement sur le Sénégal. Une seule exception, en février, à la veille du premier tour de la présidentielle. Vous avez déclaré : « Je prie pour mon pays. » Avez-vous craint le pire alors que la situation était tendue ?

Non. Je connais mon pays et j’ai traversé des crises. Chaque fois, cela s’est bien terminé. Mes prières ont été exaucées !

Quand allez-vous commencer à parler du Sénégal ?

Tant que je serai à ce poste, c’est-à-dire, si Dieu me prête vie, jusqu’au 31 décembre 2014, il me sera impossible de parler de toutes ces questions. De toute façon, je ne parlerai que du Sénégal de Senghor et de Diouf.

Jeuneafrique.com propos recueillis par D. Mataillet et P. Perdrix

Exclusif : François Hollande participera au sommet de la Francophonie à Kinshasa, en octobre

août 24, 2012

François Hollande conditionnait sa venue à Kinshasa à des avancées de la démocratie en RDC. François Hollande conditionnait sa venue à Kinshasa à des avancées de la démocratie en RDC. © AFP

François Hollande a décidé de se rendre en RDC pour participer au sommet de la Francophonie prévu à Kinshasa du 12 au 14 octobre. Le président français devrait annoncer sa décision lundi prochain.

Selon nos informations, François Hollande a tranché : il participera finalement au sommet de la Francophonie, du 12 au 14 octobre, à Kinshasa. Le président français devrait annoncer sa décision lundi 27 août au soir, lors de son discours de politique étrangère inaugurant la traditionnelle conférence des ambassadeurs, à Paris.

Une mission préparatoire des services de sécurité de l’Élysée doit d’ailleurs se rendre dans la capitale congolaise dans les tout prochains jours pour organiser la venue du chef de l’État. Une visite qui risque de ne pas être de tout repos.

L’opposition congolaise a en effet critiqué à de multiples reprises la tenue du sommet à Kinshasa, un événement qu’elle considère comme une légitimation inacceptable de Joseph Kabila, réélu dans des circonstances controversées en novembre 2011. L’association Convergence pour l’Émergence du Congo (CEC) a même engagé à la mi-août une action en référé devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour obtenir une relocalisation du sommet hors de RDC, comme cela avait été le cas il y a deux ans quand Madagascar plongeait en pleine crise politique.

Les gestes de Kinshasa

Reste que la présence de François Hollande ne va pas sans quelque contrepartie. S’il « a compris que l’Organisation internationale de la francophonie [OIF] était un cadre intéressant pour faire avancer la démocratie en Afrique, sans trop mettre la France en avant » – comme le confiait à Jeune Afrique en mai un diplomate qui le connaît bien -, sa décision d’aller à Kinshasa s’explique aussi par certains signaux émis par Joseph Kabila.

Le président français conditionnait sa venue à des avancées concrètes en matière de démocratie et de respect des droits de l’Homme et notamment à une réforme de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui garantirait la transparence des futures élections provinciales, ainsi qu’au jugement des « vrais coupables » dans l’affaire Floribert Chebeya.

Les autorités congolaises ont assuré à la ministre française déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui, lors de sa visite de quatre jours à Kinshasa à fin de juillet, que la Ceni serait restructurée dans les prochains mois. Et que le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, son président très contesté, ne serait pas reconduit.

Jeuneafrique.com

Congo: Mathias Dzon est rentré à Brazzaville, escorté par la police

juillet 20, 2012
     
Depuis les incidents survenus à Gamboma et l’intervention de la force publique, lundi 16 juillet, au lendemain du scrutin législatif, on ne savait pas où se trouvait le leader de l’A.r.d, Mathias Dzon, candidat dans la première circonscription de Gamboma. Il s’était retiré dans son village, Ossio, pas très loin de Gamboma. Le mercredi 18 juillet, il a accordé une interview à R.f.i (Radio France internationale), diffusée dans le journal de 19h30, dans laquelle il a déclaré qu’il était «bloqué» par la force publique, depuis 13h15, à Odziba, à 100 km de Brazzaville, sur la route nationale n°2. Une façon, selon lui, de l’«empêcher de rentrer à Brazzaville, avant la publication des résultats du premier tour, pour que les Congolais ne sachent pas la vérité (…)». «J’ai gagné dans les urnes, à Gamboma», a-t-il lancé. «C’est une décision des organisateurs des législatives demandant aux candidats des circonscriptions où il y a eu des troubles d’y rester et attendre la proclamation des résultats», a répliqué le porte-parole de la police, Jean Aive Allakoua, joint par Rfi, également.

Au fait, la force publique demandait à l’enfant terrible de l’opposition congolaise d’aller calmer ses partisans à Gamboma, à la suite des incidents qui s’y étaient produits. Il faut dire que la police a interpellé de nombreux éléments de sécurité qui l’accompagnaient. Ils sont entendus à la gendarmerie et parmi eux, une dizaine d’agents de la force publique. Après des négociations directes avec les responsables de la force publique, Mathias Dzon, accompagné de son équipe de campagne, a été autorisé à quitter Odziba, vers 22h, et a, finalement, regagné Brazzaville, sous forte escorte policière, pour sa sécurité. Il est arrivé sain, et sauf chez lui, où ses proches et sa famille l’attendaient nombreux, comme à une veillée mortuaire. Le leader de l’opposition a voulu organiser une conférence de presse, jeudi 19 juillet, à 14h, mais il s’est ravisé.

Source: Lasemaineafricaine.com

 

Affaire Bourgi : ouverture d’une enquête préliminaire, tollé dans l’opposition congolaise

septembre 14, 2011

Suite aux déclarations de Me Robert Bourgi dans la presse, le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire. Selon l’avocat, six chefs d’État Africains auraient financé de manière occulte plusieurs présidents et hommes politiques français, dont Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Jean-Marie Le Pen. Des allégations qui ont suscité l’indignation de l’opposition congolaise, le nom de Denis Sassou Nguesso étant cité par Robert Bourgi.

« Par mon intermédiaire, et dans son bureau, cinq chefs d’État africains -Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon) ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne (présidentielle) de 2002 ». Par cette simple phrase, entre autres, publiée dimanche dans une interview du Journal du dimanche, le missi dominici de la Françafrique Robert Bourgi a lancé une vraie tempête médiatico-politique.

Suite à ses déclarations, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire confiée à la brigade financière pour entendre Me Bourgi. De fait, les demandes d’enquêtes se sont multipliées, en France – à droite comme à gauche – mais aussi sur le continent et notamment au Congo-Brazzaville.

« Faits gravissimes »

« Il faut une enquête immédiate. Ce sont des faits gravissimes », a déclaré Jean-Claude Siapa Ivouloungou, député de l’UPADS, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, la principale formation de l’opposition. « Je veux que toute la vérité soit dite. Je veux savoir la contrepartie de tels dons, parce que cet argent qui est versé n’est pas connu des parlements nationaux » des pays cités, a-t-il ajouté.

« Des dons à la France! C’est un sacré retournement de l’histoire. Les Français sont pourtant des donneurs de leçon en matière de lutte contre la corruption », a poursuivi le député. « C’est l’argent des contribuables congolais qui sert de dons alors qu’ils vivent eux-mêmes dans la misère. Une enquête nous aiderait à voir clair », a réclamé pour sa part Paul Marie Pouélé, porte-parole de l’Alliance pour la république et la démocratie (ARD, composée d’une dizaine de formations de l’opposition).

Plaintes en série

« Pour nous il faut bien qu’une enquête soit menée pour faire la lumière sur cette affaire », s’est par ailleurs indigné Brice Mackosso de la Commission diocésaine justice et paix (CDJP), membre de la société civile. Quant au gouvernement congolais, il s’est opposé « avec la dernière énergie aux allégations qui ont été avancées par M. Robert Bourgi », a rapporté son porte-parole Bienvenu Okiemy.

Autre réaction africaine, celle du Sénégal qui a aussi vigoureusement démenti les allégations de Bourgi. Le fils du président sénégalais, Karim Wade (qui avait déjà été mis en cause par l’avocat dans une autre affaire) a décidé de porter plainte immédiatement pour diffamation contre Bourgi, tout comme Jacques Chirac, ainsi que Dominique de Villepin et même Jean-Marie Le Pen, accusé d’avoir perçu de l’argent de feu Omar Bongo Ondimba.

Prescription des faits

« M. Bourgi joue sur un certain nombre de tableaux, car il n’évoque que des faits qui sont prescrits, il est donc difficile de faire une enquête judiciaire », a réagi Me Jean Veil un des avocats de M. Chirac, qui dénonce des accusations « totalement fantasmatiques ». Pour lui, « il faudra bien que M. Bourgi apporte la preuve de ce qu’il avance ». Or c’est là que le bât blesse : l’intéressé a lui-même reconnu n’avoir « aucune preuve » de ce qu’il avançait, faisant valoir que « dans ce domaine-là, il n’y a aucune trace ».

Pour l’avocat de Transparency International France, Me William Bourdon, « seule une enquête judiciaire permettra de dire si les faits sont prescrits ou non ». Une chose est sûre : les accusations de Bourgi viennent troubler le débat en cette pré-campagne présidentielle . « Je pense qu’il y a là une manœuvre mais je voudrais savoir dans quel but ? De la part de qui ? A qui profitent ces calomnies ? » s’est interrogé l’ex Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. « Calomniez, salissez, il en restera toujours un peu », a déploré le chiraquien Christian Jacob, patron des députés UMP. Mais pour l’instant; le seul qui semble au-dessus de la mêlée, c’est bien Nicolas Sarkozy. Dont Bourgi est un proche conseiller officieux.

Jeuneafrique.com avec AFP