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Le Canadien qui protège l’ONU demande l’aide d’Ottawa

février 28, 2023

Ottawa acceptera-t-il de financer la modernisation des équipes chargées de protéger les opérations humanitaires dans les pays à haut risque? Un ancien policier canadien tente de se faire convaincant.

Gilles Michaud assis au sol, entouré de gens.

Gilles Michaud est le secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU. Photo: ONU

Dans un lieu tenu secret à Kaboul, peu après le retour au pouvoir des talibans, Gilles Michaud se trouve en face d’un homme dont la capture lui vaudrait une prime de 10 millions $ US.

Ancien haut gradé de la GRC et expert dans la lutte contre le terrorisme, Gilles Michaud est plutôt sur place, en ce jour de 2021, pour parlementer avec Sirajuddin Haqqani, le ministre de l’Intérieur afghan.

Son objectif : obtenir des garanties de sécurité pour les travailleurs de l’ONU en Afghanistan. Des promesses sont faites, un accord est conclu et Sirajuddin Haqqani quitte rapidement les lieux. Il craint une attaque de missile des États-Unis, qui le considèrent comme un terroriste.

Un avis de recherche du FBI contre Sirajuddin Haqqani.

Un avis de recherche du FBI contre Sirajuddin Haqqani. Une récompense de 10 millions $ US est offerte pour toute information qui mènera à son arrestation. Photo : FBI

Gilles Michaud est moins nerveux après le départ d’Haqqani : il a réussi à négocier la sécurité de son équipe, qui pourra continuer à travailler sur le territoire contrôlé par les talibans deux semaines après le départ précipité des troupes américaines.

Depuis 2019, ce natif de Saint-Léonard, au Nouveau-Brunswick, est le secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU. Dans ce rôle, il est responsable de la protection de centaines de milliers d’employés onusiens et de leurs familles, d’édifices répartis aux quatre coins du globe et de dizaines de milliards de dollars en aide humanitaire destinée à des zones à haut risque.

Gilles Michaud pose pour la photo.

Gilles Michaud pose pour une photo au siège de l’ONU à New York. Photo : Radio-Canada/Simon Lasalle

Il a opéré une transition rapide entre sa carrière de plus de 30 ans dans la police fédérale et son travail à l’étranger.

« Les criminels, j’avais tendance à vouloir les mettre en prison. Maintenant, je dois faire affaire avec eux, car ils ont le pouvoir d’accorder des accès à nos partenaires humanitaires. »— Une citation de  Gilles Michaud, secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU

Comme il le raconte dans une longue entrevue à Radio-Canada, sa tâche déjà délicate et difficile ne fait que se complexifier ces jours-ci. Les crises humanitaires se multiplient et éclatent non plus en succession mais simultanément.

La guerre en Ukraine, l’instabilité en Afghanistan, la sécheresse en Somalie, les conflits armés en Éthiopie et au Congo, le désordre à Haïti : tous ces problèmes tombaient sous la gouverne de l’ONU au moment où la Turquie et la Syrie ont été frappées par une séries de séismes catastrophiques en février.

Nombre de déploiements d’urgence du Département de la sécurité de l’ONU

202054
202156
202290

Source : Organisation des Nations unies ICI Radio-Canada

Cette succession de crises, Gilles Michaud la gère avec un budget annuel de 300 millions $ US qui stagne malgré la hausse des besoins. Avec l’inflation, la situation devient intenable.

Depuis quelques semaines, il fait des démarches auprès de pays donateurs potentiels pour leur demander des contributions spéciales (ou extrabudgétaires) afin de moderniser ses équipes.

Sa priorité : créer une unité d’intervention rapide qui pourra se déplacer rapidement vers les zones les plus à risque du monde et permettre une meilleure intervention des équipes de l’ONU.

Gilles Michaud regarde à travers un hublot.

Gilles Michaud à bord d’un aéronef. Photo : Organisation des Nations Unies (ONU)

Gilles Michaud en parle au gouvernement canadien depuis novembre dernier. Il aimerait une première injection de 10 millions $ US de la part d’Ottawa pour mettre son programme de réforme en œuvre, ce qui lui permettrait ensuite de convaincre d’autres pays de participer à ses projets spéciaux, d’une valeur de 15 millions $ US sur deux ans.

Les discussions avec le Canada sont positives, mais pendant que ses équipes se démènent sur le terrain, la réponse se fait attendre.

Le gouvernement est réceptif aux demandes, mais il est toujours en [réflexion] à Ottawa. Donc, je n’ai aucune nouvelle à savoir si, oui ou non, il va être en mesure de m’épauler, explique-t-il. Le message principal, c’est qu’aucun programme humanitaire ne peut être réalisé sans sécurité.

Travail essentiel

Le Département de la sûreté et de la sécurité de l’ONU (connu sous le sigle UNDSS) a été créé un an après l’attentat-suicide commis à Bagdad en 2003, qui avait tué 22 personnes, y compris son représentant en Irak, Sergio Vieira de Mello.

Le travail de l’ONU demeure dangereux à ce jour : chaque année, des centaines d’employés sont victimes d’accidents, se font voler ou attaquer, enlever ou tuer. Cinq employés de l’ONU sont gardés en otages au Yémen depuis l’an dernier. En 2019, trois travailleurs onusiens sont morts à Benghazi, en Libye, quand leur véhicule a explosé.

Nombre d’incidents ayant impliqué des employés de l’ONU en 2021

Incidents violents ou accidents1652
Crimes882
Cas d’intimidation ou de harcèlement386
Enlèvements9
Décès7

ICI Radio-Canada

Toutefois, les incidents particulièrement graves se font relativement rares depuis quelques années. Dans ce contexte, le besoin de financer des services de sécurité semble parfois plus difficile à justifier.

Habituellement, on va investir en sécurité lorsqu’il y a des incidents. […] Lorsqu’il n’y a aucun incident, on ne reconnaît pas le travail de prévention qui est fait en matière de sécurité, explique Gilles Michaud.

Malgré tout, M. Michaud s’est fait quelques alliés dans sa quête de financement additionnel. Le fait d’être canadien, dit-il, lui permet de tisser facilement des liens partout où il se trouve.

Gilles Michaud discute avec un autre homme.

Gilles Michaud au Nigeria Photo : Organisation des Nations Unies (ONU)

À partir du moment où tu te présentes comme représentant des Nations unies, c’est une chose. Mais aussitôt qu’ils apprennent que tu es canadien, ça semble être autre chose, ça semble ouvrir les portes, raconte Gilles Michaud.

Joyce Msuya, sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires, en témoigne. Native de la Tanzanie, elle a fréquenté l’Université d’Ottawa.

Même si ses propres programmes d’aide humanitaire requièrent constamment des injections de fonds supplémentaires, elle n’hésite pas à appuyer les demandes de financement de l’UNDSS.

Joyce Msuya.

Joyce Msuya, sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires de l’ONU, prend la parole lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies le mardi 29 mars 2022. Photo: AP/John Minchillo

Il faut deux mains pour applaudir. Les travailleurs humanitaires travaillent en étroite collaboration avec les équipes du Département de la sécurité, qui est dirigé par Gilles, dit-elle en entrevue. Le critère le plus fondamental pour livrer de l’aide humanitaire n’importe où dans le monde, non seulement pour l’ONU mais aussi pour les organisations non gouvernementales, c’est la sécurité.

Selon son expérience dans des pays comme le Yémen et la Somalie, les équipes de sécurité de l’ONU sont sous-représentées sur le terrain et requièrent plus de ressources.

Les besoins d’aide humanitaire destinée aux populations nécessiteuses connaissent une hausse fulgurante. L’ONU prévoit dépenser 51,5 milliards $ US pour aider 230 millions de personnes vulnérables dans 70 pays cette année.

Les équipes de l’ONU sur le terrain prennent des risques au quotidien, mais elles ne peuvent pas faire fi des dangers qui les guettent. Sans l’apport des équipes de l’UNDSS – qui coordonnent la sécurité avec d’autres agences et d’autres organisations, qui font des évaluations de risque et qui négocient des accès avec les pouvoirs en place –, l’aide humanitaire risque de s’immobiliser.

Florence Poussin.

Florence Poussin est directrice adjointe de la Division des opérations régionales de l’ONU à New York. Photo : Radio-Canada/Simon Lasalle

« La crise, c’est notre quotidien. On ne peut pas nous-mêmes être en crise pour répondre aux crises. Donc, on a besoin d’avoir une certaine sérénité dans la gestion de la crise et, donc, une capacité à répondre à ces crises, une capacité qui soit permanente et non pas une capacité qui soit uniquement liée à une crise, à une mobilisation de fonds pour une crise. »— Une citation de  Florence Poussin, directrice adjointe des opérations régionales, UNDSS

Au-delà de la force de frappe

Pour assurer la sécurité des déploiements humanitaires, l’ONU doit sans cesse négocier avec des parties belligérantes.

En Ukraine, par exemple, les équipes de l’UNDSS discutent tant avec Moscou qu’avec Kiev pour déterminer les moments où les combats vont cesser chaque jour afin d’acheminer l’aide aux populations déplacées.

Afin de convaincre toutes les parties de son impartialité, l’ONU ne reçoit aucune information des divers services de renseignement de ses États membres.

Toutefois, cette situation expose les travailleurs de l’ONU aux dangers locaux, surtout dans un contexte de manque de financement.

Ma crainte, c’est que les équipes de l’ONU ne puissent plus aller sur le terrain où elles sont supposées être, qu’elles soient présentes dans un pays mais prises dans un bunker, car la situation est trop dangereuse, ce qui ne répond pas à notre mandat, affirme Esther Kuisch Laroche, directrice des partenariats au sein de l’UNDSS.

Esther Kuisch Laroche regarde l'objectif de l'appareil photo.

Esther Kuisch Laroche pose pour une photo au siège de l’ONU à New York. Radio-Canada/Simon Lasalle

En tout, l’ONU est active dans 125 pays, dont 40 sont qualifiés de lieux à haut risque. Assurer la sécurité dans ces pays va au-delà de la présence de gardes armés.

L’accent est maintenant mis sur la connaissance des particularités locales, sur la diplomatie avec les autorités en place (y compris des groupes armés et terroristes) et sur la coordination avec les différentes agences humanitaires, y compris les organisations non gouvernementales.

Ce n’est pas seulement des gardes ou des clôtures, des barricades et des fusils. Lorsqu’on parle de sécurité, ce qu’on veut vraiment dire, c’est la planification, c’est de l’analyse du contexte, c’est d’être sûrs qu’on a des plans pour être capables de livrer les programmes, explique Gilles Michaud.

Richard Gowan, un expert en affaires internationales au sein de l’International Crisis Group, rappelle que l’ONU est souvent seule dans les pays en crise.

Il y a des endroits comme la Syrie et l’Afghanistan où il n’y a pas de forces de l’OTAN et aucunes troupes occidentales en grand nombre sur le terrain. Les agences humanitaires y sont, par contre, et, dans ces endroits, on laisse l’ONU s’occuper de gens qui, bien franchement, ont ni plus ni moins été abandonnés, affirme-t-il.

Richard Gowan en entrevue.

Richard Gowan est expert en affaires internationales au sein de l’International Crisis Group. Radio-Canada/Simon Lasalle

Vers une augmentation des budgets

À long terme, Gilles Michaud cherche à obtenir une augmentation permanente de ses budgets. Pour y arriver, il a commencé par proposer des projets d’une valeur de 15 millions $ US sur une période de deux ans : de meilleurs services psychologiques pour ses équipes, la modernisation des outils informatiques pour mieux communiquer avec les équipes déployées et pour savoir qui est où en tout temps, de même que son projet d’unité de réponse rapide.

Il a approché le gouvernement canadien en novembre dernier, car il voulait donner à Ottawa un droit de premier refus. Selon lui, l’investissement supplémentaire dans l’UNDSS serait une forme de police d’assurance pour garantir la livraison de 52 milliards $ US en aide humanitaire prévue pour 2023.

Étant canadien, je me suis tourné vers le Canada, explique-t-il. Lorsqu’on regarde les contributions qui sont requises par rapport à la demande, c’est vraiment une contribution qui est minime, et je crois que le Canada aura une occasion ici d’avoir un impact majeur en investissant peu au sein de mon département.

Le ministère des Affaires mondiales a indiqué qu’il examine la demande de l’ONU.

Son mandat de cinq ans se terminant l’an prochain, Gilles Michaud n’est pas des plus patients. Il n’est pas entré en fonction avec le mandat de réformer son département, mais l’idée s’est imposée depuis 2019.

Tandis qu’il attend des réponses de la part des pays donateurs potentiels, Gilles Michaud continue ses visites sur le terrain.

Après une carrière dans la police fédérale au Canada, cet homme de 57 ans est exposé quotidiennement à la réalité que vivent des millions de personnes qui dépendent de l’aide humanitaire dans des pays qu’il n’aurait jamais cru visiter de sa vie.

« Ce qui me marque le plus, c’est de voir à quel point ils ont besoin des Nations unies pour leur venir en aide. »— Une citation de  Gilles Michaud, secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité de l’ONU

On parle d’aide qui est vraiment de base, de leur fournir de l’eau, de la nourriture, des couvertures, vraiment des besoins de base. Voir les enfants, les femmes, les familles qui sont séparées à cause des déplacements, c’est toujours touchant, raconte-t-il.

Gilles Michaud souligne qu’il autorise des missions dangereuses presque chaque jour. Il rend aussi hommage au personnel onusien et aux membres des ONG qui œuvrent dans des conditions souvent périlleuses.

Il y a tellement de gens qui sont dans le besoin qu’on se doit de prendre des risques, parce qu’on parle vraiment de prendre des risques pour sauver des vies tous les jours, dit-il.

Le Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies

Protection180 000 employés et leurs familles dans 131 pays, dont 40 zones à risque très élevé
Sécurité11 édifices de l’ONU dans le monde
Emplois1200 personnes sur le terrain
Budget300 millions $ US

Source : Organisation des Nations unies

Avec Radio-Canada par Daniel Leblanc

Canada: Ottawa interdira TikTok sur les téléphones de ses fonctionnaires

février 27, 2023
L'application TikTok ouverte sur un téléphone intelligent.

Le Canada emboîtera le pas aux États-Unis et interdira, à compter du 28 février, l’application TikTok sur les téléphones intelligents de ses fonctionnaires. Photo : Shutterstock

Le Canada emboîtera le pas aux États-Unis et à l’Union européenne (UE) en prohibant TikTok des téléphones cellulaires de tous ses fonctionnaires.

Dès mardi, l’application disparaîtra automatiquement de tous les appareils gouvernementaux et il deviendra impossible de la réinstaller, a confirmé la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, dans une déclaration partagée sur Twitter.

Nous prenons très au sérieux la liberté d’expression, la liberté des Canadiens à utiliser Internet, mais nous avons aussi des principes très importants de protection en ligne quant à la sûreté et à la sécurité des Canadiens, a justifié le premier ministre Justin Trudeau, lundi.

C’est peut-être la première étape, peut-être la seule que nous aurons à prendre, mais nous nous assurons à tout moment de la sécurité des Canadiens, a fait valoir M. Trudeau, qui a laissé entendre que les entreprises, aussi bien que les particuliers, pourraient s’inspirer à leur tour de la nouvelle restriction fédérale.

Cette décision fait suite à un examen mené par la dirigeante principale de l’information (DPI) du Canada, Catherine Luelo, qui a déterminé que TikTok présentait un niveau de risque inacceptable pour la vie privée et la sécurité.

La semaine dernière, le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada et ses équivalents du Québec, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta ont annoncé le lancement d’une enquête conjointe pour déterminer si la plateforme vidéo était conforme à la loi canadienne sur la protection de la vie privée.

Ces organismes s’inquiètent du fait que le gouvernement chinois détient une participation dans ByteDance, la compagnie derrière TikTok, et que les lois du pays l’autorisent à accéder aux données des utilisateurs.

Les États-Unis et l’UE ont récemment interdit à leur personnel gouvernemental d’utiliser le réseau social sur des appareils de travail.

La décision de supprimer et de bloquer TikTok des appareils mobiles du gouvernement est prise à titre préventif, surtout compte tenu des préoccupations concernant le cadre juridique qui régit les renseignements recueillis à partir des appareils mobiles, explique Mona Fortier dans sa déclaration.

« Cette décision est conforme à l’approche de nos partenaires internationaux. Sur un appareil mobile, les méthodes de collecte de données de TikTok donnent un accès considérable au contenu du téléphone. »— Une citation de  Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor

L’interdiction de télécharger et d’utiliser TikTok s’appliquera uniquement à l’administration publique centrale en vertu de la Politique sur les services et le numérique du Canada. Les organismes et les sociétés d’État qui ne sont pas visés par ladite politique seront toutefois informés de la décision, précise Mme Fortier.

Les Canadiens en général pourront quant à eux continuer d’utiliser l’application, mais le Centre canadien pour la cybersécurité et le Centre de la sécurité des télécommunications invitent fortement ceux-ci à comprendre les risques et [à] faire un choix éclairé avant de décider quels outils ils souhaitent utiliser.

Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne

Canada: Ottawa retire deux amendements controversés à la Loi sur le contrôle des armes à feu

février 3, 2023
Armes à feu.

La définition des armes d’assaut et semi-automatiques à proscrire contenue dans un des amendements était dénoncée comme étant trop large et portait préjudice, selon ses opposants, au droit des chasseurs de posséder certains types d’armes. Photo : Istock

Une motion a été adoptée vendredi, par consentement unanime, au Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes, pour retirer ces amendements jugés problématiques touchant les armes d’assaut du projet de Loi sur le contrôle des armes à feu.

Dans une déclaration publiée sur son compte Twitter, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a confirmé le retrait des deux amendements en évoquant des préoccupations légitimes soulevées au cours des nombreuses discussions qui ont eu lieu sur l’impact anticipé de ces amendements pour les propriétaires d’armes légales du pays.

« Mon collègue Taleeb Noormohamed, avec l’appui du gouvernement, a retiré les amendements G-4 et G46. Nous allons maintenant travailler avec nos collègues parlementaires pour élaborer une solution claire qui empêchera les armes de type assaut de se retrouver dans nos rues. »— Une citation de  Marco Mendicino, ministre fédéral de la Sécurité publique

Ces amendements au projet de loi C-21 des libéraux devaient mieux définir les armes d’assaut interdites au Canada, en plus de restreindre la possession de modèles d’armes à feu semi-automatiques possédant un chargeur amovible et pouvant contenir plus de cinq cartouches.

La nouvelle loi proposée aboutissait à une liste de plus de 3000 types d’armes à feu qui seraient désormais interdites au pays.

Jugées trop sévères par les conservateurs ainsi que par plusieurs associations de chasseurs et d‘amateurs d’armes à feu, ces modifications au projet de loi auraient eu pour effet, selon eux, de rendre illégal un large éventail d’armes semi-automatiques, dont plusieurs sont utilisées pour la chasse.

« Nous entendons ces préoccupations, nous regrettons la confusion que ce processus a provoquée et nous nous engageons à mener une conversation réfléchie et respectueuse, basée sur les faits et non la peur. »— Une citation de  Marco Mendicino, ministre fédéral de la Sécurité publique

Une chasseuse marche dans la neige.

Ottawa se défend de vouloir restreindre les droits des chasseurs. Photo : Radio-Canada/Gavin Boutroy

Maintes fois accusé par l’opposition conservatrice de s’attaquer aux chasseurs et aux populations autochtones qui vivent de la chasse, le ministre Mendicino a réitéré que le projet de loi C-21 ne restreint pas les armes couramment utilisées pour la chasse.

La chasse n’est pas seulement une fière tradition canadienne, c’est un mode de vie pour les communautés de tout le pays. Le projet de loi C-21 ne vise pas les chasseurs, mais certaines armes à feu qui sont trop dangereuses dans d’autres contextes, a déclaré le ministre.

D’un point de vue plus procédural, le fait que ces amendements majeurs aient été ajoutés à la dernière minute l’automne dernier par le gouvernement, soit plusieurs mois après le dépôt du projet de loi, était également une source d’irritation au sein du Comité permanent de la sécurité publique chargé d’étudier la volumineuse pièce législative.

L’opposition reprochait aussi au gouvernement l’absence, dans ce projet de loi, de mesures pour endiguer le trafic d’armes à feu illégales aux frontières, l’un des principaux facteurs aggravants de la violence par armes à feu au Canada.

Pierre Poilievre s'adresse aux journalistes.

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, accuse Justin Trudeau de s’en prendre, par ce projet de loi, au mode de vie des communautés rurales et autochtones. Photo: La Presse Canadienne/Adrian Wyld

Une offensive contre le mode de vie des Canadiens, martèle Poilievre

Réagissant à l’annonce de cette volte-face du gouvernement, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a accusé personnellement le premier ministre Justin Trudeau de mener une compagne contre le mode de vie des Autochtones et des communautés rurales.

Sur CTV, il a dit en décembre […] que son gouvernement allait retirer et bannir des armes utilisées pour la chasse. Des outils de nos Autochtones, de nos fermiers et d’autres Canadiens qui ont déjà un permis d’acquisition pour utiliser ces outils légalement.

« Il [Justin Trudeau] gaspille des ressources qui pourraient être utilisées pour renforcer nos frontières et empêcher l’importation des armes utilisées dans la criminalité. »— Une citation de  Pierre Poilievre, chef de l’opposition officielle aux Communes

Après huit ans de Justin Trudeau, la criminalité violente a augmenté de 32 %. Attaquer les armes de chasse de nos Autochtones et les fermiers ça ne fait rien pour empêcher le crime , a ajouté M. Poilievre.

Pour le chef conservateur, ce repli des libéraux n’est qu’une pause dans une stratégie globale de Justin Trudeau pour bannir les armes de chasse au pays. Soyez assurés que s’il en a la chance, il va le faire, a-t-il prévenu.

Le Bloc attend une nouvelle proposition

Au Bloc québécois on estime aussi que le retrait de ces amendements était nécessaire, mais pour d’autres raisons.

Depuis le dépôt même des amendements, le gouvernement a mal piloté son dossier, en procédant dans un désordre tel que le Bloc Québécois a dû lui-même initier des démarches pour rajouter des séances au comité afin d’entendre les experts et les groupes sur les amendements concernés, explique Kristina Michaud, porte-parole du Bloc québécois en matière de Sécurité publique.

« Ce retrait était nécessaire, mais devra [..] être suivi d’une nouvelle proposition. »— Une citation de  Kristina Michaud, porte-parole du Bloc québécois en matière de Sécurité publique

Affirmant tendre la main au gouvernement, le Bloc estime que le gouvernement doit faire davantage pour retirer les armes d’assaut de style militaire de la circulation tout en respectant cependant les droits des chasseurs. Il doit définir ce qui constitue une arme d’assaut plutôt que bannir les modèles au cas par cas.

Chez les Néo-démocrates, le député de New Westminster – Burnaby, Peter Julian, a pour sa part dit espérer que le retrait de ces deux amendements problématiques allait maintenant pouvoir permettre aux membres du comité permanent d’avancer et de se pencher sur l’essence de C-21, soit l’interdiction des armes de poing.

La désinformation a gagné, déplore PolySeSouvient

Dans un communiqué publié dans les minutes qui ont suivi l’adoption de la motion retirant les deux amendements du projet de loi C-21, l’organisme PolySeSouvient, qui milite au nom des survivants et victimes de tuerie de masse, a déploré le recours à la désinformation par les députés conservateurs et le lobby pro armes pour obtenir gain de cause dans ce dossier.

« Il est clair que la désinformation propagée par les députés conservateurs et le lobby pro armes a gagné.  »— Une citation de  Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique et porte-parole de PolySeSouvient.

Selon Nathalie Provost, la seule lueur d’espoir repose dans la possibilité d’une réintroduction de nouveaux amendements en fonction des consultations supplémentaires qui ont été simultanément votées.

Nous attendons avec grande impatience pour entendre la position de l’opposition sur la suite des choses, notamment celle du Bloc québécois. Le gouvernement n’a besoin qu’un seul parti d’opposition pour livrer sur sa promesse d’interdire les armes d’assaut et il serait impensable pour le Bloc de ne pas collaborer en ce sens,  conclut la porte-parole de PolySeSouvient.

Avec Radio-Canada par Stéphane Bordeleau

Canada: Plus de 15 heures dans un train, des passagers vivent un calvaire entre Ottawa et Toronto

décembre 24, 2022
Un tableau d'affichage des retards à la gare Union.

Samedi matin à la gare Union à Toronto, tous les trains de la veille étaient encore en retard. Photo : Radio-Canada/Mirna Djukic

La tempête hivernale en Ontario a causé bien des déboires aux voyageurs en train de VIA Rail. La chute d’un arbre sur une locomotive et des pannes de courant ont entraîné des voyages à rallonges. Plusieurs passagers entre Ottawa et Toronto ont attendu plus de 15 heures, certains sont même partis en cours de route.

Le train 59 depuis Ottawa est arrivé à la gare Union à Toronto un peu avant 11 heures samedi. Les retrouvailles des familles auraient dû se faire dans l’allégresse, mais beaucoup n’avait envie que d’une chose : quitter la gare au plus vite alors qu’ils attendaient ce train depuis la veille.

Le voyage a été horrible. Ils affichent que le trajet a duré 12 heures, mais c’est davantage 18 heures. On n’a pas eu de nourriture. Ça a été un long voyage sans communication claire. Tout le monde s’accorde parmi les passagers pour dire que le personnel n’a pas été transparent avec nous, explique Iann, plus que ravie d’achever un voyage interminable.

Une jeune femme avec une casquette blanche répond aux questions d'une journaliste.

Iann dit avoir passé près de 18 heures à bord du train 59. Photo : Radio-Canada

Au même moment, d’autres n’avaient pas encore cette chance.

On n’arrêtait pas de recevoir des mises à jour qui disaient que le train s’en venait. Je suis finalement partie de chez moi à 23 heures hier quand le système de suivi disait que le train quittait Port Hope. Je me suis dit que le train devait être normalement à Toronto une heure plus tard. Ça fait 11 heures que je l’attends. Mon frère a des dommages permanents au cerveau et ne peut pas sortir seul du train. Il se perdrait explique Pauline, visiblement épuisée de l’attente.

J’ai l’impression d’être dans un film de Noël et j’attends la fin heureuse de l’intrigue.

Les trains 55, 59, 69, 669, 79, 48, 54, 68, 668 étaient encore immobilisés samedi matin, selon l’équipe des relations médias de VIA Rail Canada. Les trajets de 24 autres trains ont quant à eux été annulés.

En début d’après-midi, l’ensemble des trains vers Ottawa et Montréal ont finalement été annulés. Les passagers se sont vu un remboursement ou la possibilité de réserver un voyage dimanche.

Les passagers qui voyagent sur les trains en retard seront de leur côté intégralement remboursés.

Le Canadien National confirme de son côté un déraillement vers 11 h près de Grafton, dans la subdivision Kingston Ouest du CN. Soit entre Colborne et Cobourg, où de nombreux trains sont restés coincés.

Selon les rapports préliminaires, le passage à niveau Station Road est actuellement bloqué et restera fermé pendant au moins 24 heures, indique un porte-parole du CN.

Je suis vraiment en colère, surtout en raison du manque d’information. Je devais prendre un train à 10 h 30 et il a été annulé, peste Richard Craig, qui scrute avec incompréhension les tableaux d’affichage.

Dans les trains, l’ambiance n’est guère meilleure, comme le rapportait plus tôt Kate Adach depuis le train 59.

VIA Rail communique un minimum, ils sont vagues, souvent cryptiques. On doit pousser pour avoir des informations. La plupart des informations, je les ai eues par Twitter ou en partageant des informations GPS avec d’autres, expliquait-elle en tentant de garder son calme.

Plusieurs voyageurs ont fini par quitter les trains aux arrêts précédents, voire directement en plein milieu du chemin.

Un voyageur transporte sa valise en plein milieu d'une forêt enneigée à l'extérieur du train.

Excédés par leur attente, certains voyageurs ont décidé de quitter les trains en plein milieu du chemin. Photo :Marlene Musiol

La compagnie promet de s’attaquer aux problèmes aussi rapidement et aussi sûrement que possible, tout en faisant tout son possible pour trouver des solutions alternatives pour atteindre les trains immobilisés.

Des toilettes de trains qui débordent de papier après de très nombreuses utilisations.

Les toilettes ont rapidement témoigné de l’attente interminable des passagers. Photo :Marlene Musiol

Le chaos provoqué par ces retards a même fait réagir avec véhémence le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra.Début du widget Twitter. Passer le widget?

Malheureusement pour certains voyageurs, ce n’est que le début d’un Noël fait de frustrations.

J’en suis à un point ou je ne ressens plus rien. Je devais prendre des vols qui ont été annulés et je vais devoir gérer ça maintenant, explique Iann, qui s’efforce d’afficher encore un sourire.

Radio-Canada Julien par Sahuquillo avec les informations de Mirna Djukic

Canada-Ottawa/Convoi des camionneurs : « Il faisait trop froid, et c’était trop »

octobre 28, 2022

L’ex-chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, craque en plein interrogatoire devant la commission Rouleau.

Peter Sloly séchant ses larmes à la barre des témoins.

Sous le coup de l’émotion, l’ex-chef Peter Sloly a déclaré que les officiers du SPO « ont fait de leur mieux » pendant l’occupation du centre-ville d’Ottawa, l’hiver dernier, ajoutant qu’il était reconnaissant pour leur travail. Photo: Radio-Canada/Sean Kilpatrick

Même si le Service de police d’Ottawa (SPO) avait pris en considération tous les indices laissant entendre que la manifestation des camionneurs avait le potentiel de dégénérer et de se transformer en occupation prolongée, il aurait été incapable de l’empêcher par manque de ressources, estime son ancien chef, Peter Sloly.

Pour verrouiller la ville, fermer les bretelles d’autoroutes et bloquer les ponts interprovinciaux, le SPO aurait eu besoin d’au moins 2000 agents supplémentaires, a précisé M. Sloly vendredi matin devant la Commission d’enquête sur l’état d’urgence.

Il faisait trop froid, et c’était trop, a-t-il déclaré, ému, après avoir interrompu son témoignage pendant quelques secondes, le temps de reprendre ses esprits.

Dans le contexte, ses policiers ont fait de leur mieux, a insisté M. Sloly, déplorant du même souffle que l’opinion publique se soit rapidement retournée contre le SPO dans les jours ayant suivi le début de l’occupation du centre-ville d’Ottawa.

L’ex-chef de police, qui avait vite déclaré qu’il n’y aurait probablement pas de solution policière à la crise, a cependant convenu avoir contribué à l’impression que son service avait capitulé. Ça a pu donner l’impression qu’on avait baissé les bras, je ne remets pas cela en doute, a-t-il reconnu.

Avec le recul, M. Sloly – qui a quitté ses fonctions le 15 février, soit au lendemain de l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence – juge que les autorités fédérales auraient dû s’impliquer davantage dans la planification de la manifestation.

Les rapports sur la gestion de la menace à laquelle nous faisions face venaient de la Police provinciale de l’Ontario, a-t-il expliqué. À ce jour, j’ai encore une question : « Pourquoi n’ai-je pas reçu de telles informations, de la qualité de celles que je recevais de la PPO, mais de nos partenaires fédéraux, et ce, sur une base régulière? »

Dès le départ, il s’agissait, dit-il, d’un événement d’envergure nationale, puisque les camions arrivaient tout autant de l’Ouest canadien que du sud de l’Ontario, du Québec et des Maritimes.

Des agents entourés de manifestants bien emmaillotés.

Les policiers d’Ottawa, a souligné M. Sloly vendredi, ont travaillé dans des conditions particulièrement difficiles, l’hiver dernier, pendant l’occupation du centre-ville d’Ottawa. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Le gouvernement Trudeau a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence le 14 février 2022 pour mettre fin à un rassemblement réunissant des camionneurs et d’autres manifestants opposés aux mesures sanitaires liées à la COVID-19, qui ont paralysé le centre-ville d’Ottawa du samedi 29 janvier au dimanche 20 février.

Cette loi – adoptée en 1988 pour succéder à la Loi sur les mesures de guerre – prévoit notamment qu’une enquête publique doit a fortiori se pencher sur les circonstances ayant mené les autorités à prendre une telle décision.

L’ex-chef Sloly, qui a été remplacé de façon intérimaire par Steven (Steve) Bell, devrait témoigner toute la journée et revenir à la barre lundi pour les contre-interrogatoires.

Sa comparution a été jusqu’ici l’occasion de souligner une fois de plus la confusion qui régnait à l’époque dans la structure de commandement du SPO et sur le manque de coordination entre l’équipe de liaison avec les manifestants et celle du maintien de l’ordre public.

Elle intervient après deux semaines d’audiences presque entièrement consacrées aux points de vue policiers sur la crise. Des organisateurs du convoi seront entendus après lui.

Le fil des événements de plus en plus clair

Les témoignages recueillis par la Commission jusqu’à maintenant ont notamment permis de comprendre que le service de police municipal n’a pas tenu compte des alertes lancées par les hôteliers et le service du renseignement de la PPO laissant entendre que le convoi pourrait rester à Ottawa plus longtemps que prévu.

Le SPO a effectivement erré dans sa lecture des événements, a reconnu la semaine dernière sa cheffe adjointe par intérim, Patricia (Trish) Ferguson, et les policiers ont été pris de court lorsque les camionneurs ont cessé de collaborer avec eux, a raconté lundi Steven Bell.

Résultat : la police locale a rapidement perdu la confiance du gouvernement Trudeau. Pour sortir de la crise, le fédéral a songé à rencontrer les organisateurs du convoi, mais cette rencontre n’a jamais eu lieu. La Loi sur les mesures d’urgence a finalement été invoquée le 14 février.

Des témoins, comme le chef surintendant à la retraite Carson Pardy, de la PPO, ont toutefois déclaré à la Commission qu’ils auraient pu s’en passer. Le convoi, qui a été démantelé à partir du 18 février, l’aurait été de toute façon, a renchéri un autre officier de la police provinciale, jeudi.

Encore quatre semaines d’audiences

Outre des policiers, la Commission présidée par le juge Paul Rouleau a entendu depuis le début des audiences, le 13 octobre, des résidents, des commerçants et des élus locaux, comme l’ex-maire Jim Watson.

Les travaux de la Commission se sont jusqu’ici déroulés uniquement en anglais, ce qui a mené dès le 14 octobre à un échange tendu entre l’ancien conseiller municipal Mathieu Fleury et l’un des avocats du convoi, Me Brendan M. Miller.

D’ici le 25 novembre, 68 témoins auront comparu. Justin Trudeau figure dans le lot, de même que sept ministres, dont Marco Mendicino (Sécurité publique), qui a réitéré en Chambre vendredi que le recours aux mesures d’urgence avait été une décision de dernier recours pour régler une situation sans précédent.

M. Mendicino debout en Chambre.

L’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence était « nécessaire », a une nouvelle fois plaidé Marco Mendicino, vendredi, aux Communes. Photo : La Presse Canadienne/Adrian Wyld

Des représentants du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) seront également appelés à comparaître, tout comme la commissaire de la GRC Brenda Lucki, qui croyait le 14 février que les autorités n’avaient pas encore épuisé tous les moyens à leur disposition pour déloger les manifestants.

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et l’ex-solliciteure générale de la province Sylvia Jones ont reçu une citation à comparaître, mais ils s’y opposent pour toutes sortes de raisons, faisant notamment valoir qu’il s’agit, selon eux, d’une affaire exclusivement fédérale.

M. Ford et Mme Jones ont aussi rejeté cette semaine une assignation à comparaître devant les élus fédéraux du comité d’examen parlementaire sur l’état d’urgence, créé dans la foulée de l’invocation des mesures d’urgence fédérales. C’est ce que montre une lettre de l’avocat général du Bureau du conseil des ministres de l’Ontario, Don Fawcett, adressée le 27 octobre au comité en question pour décliner l’invitation à témoigner.

Avec Radio-Canada

Canada: Ottawa doit accueillir plus d’étudiants étrangers francophones, selon le Bloc québécois

août 25, 2022
Des étudiants dans une salle d'informatique

Le Bloc québécois estime que le gouvernement libéral de Justin Trudeau doit encourager l’obtention de visas pour les étudiants étrangers francophones. Photo : Getty Images/Istock/Michael Jung

Le Bloc québécois demande au gouvernement libéral d’accorder plus de visas aux étudiants étrangers francophones qui souhaitent venir étudier dans les institutions postsecondaires au Québec. Le parti souhaite ainsi assurer la pérennité de certains programmes scolaires et favoriser l’immigration francophone.

Les demandes de visas d’étudiants qui parlent français sont plus souvent déclinées que pour les anglophones, selon le Bloc québécois, qui indique que le pourcentage de visas d’étudiants étrangers refusés s’élève à 79 % à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), comparativement à 9 % à l’université anglophone McGill.

C’est une discrimination claire envers les étudiants africains, puisque leur taux de refus est anormalement élevé comparativement à des gens qui viennent d’autres pays, dénonce le porte-parole bloquiste en matière d’immigration, Alexis Brunelle-Duceppe.

Taux de refus des visas étudiants étrangers par institution en 2021

Institutions post-secondairesTaux de refus
Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)79 %
Université du Québec à Chicoutimi (UQAC)58 %
Cégep de Saint-Félicien56 %
Université McGill9 %

Source : Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale du Canada via le Bloc québécois

Ces étudiants se feraient refuser leur demande de visa, car les autorités ont peur qu’ils ne retournent pas dans leur pays à la suite de l’obtention de leur diplôme, selon le député bloquiste, qui trouve illogique de ne pas souhaiter que ces jeunes francophones éduqués restent au pays.

On n’aide certainement pas le déclin de la langue française en refusant majoritairement des étudiants francophones étrangers, a déclaré jeudi M. Brunelle-Duceppe, faisant référence au déclin du français au Québec, ainsi qu’ailleurs au pays.

Il ajoute que des jeunes d’ici sont aussi pénalisés par ces visas refusés. Il y a des programmes qui sont en péril dans certains cégeps parce que la majorité des étudiants proviennent de l’étranger, soutient le bloquiste, qui était de passage à Trois-Rivières, jeudi.

René Villemure debout derrière Alexis Brunelle-Duceppe debout au podium au centre des congrès.

Le porte-parole du Bloc québécois en matière de francophonie internationale et député dans la circonscription de Trois-Rivières, René Villemure, et le porte-parole en matière d’immigration, réfugiés et citoyenneté, Alexis Brunelle-Duceppe, ont tenu un point de presse jeudi à Trois-Rivières. Photo : Radio-Canada/Marie-Ève Trudel

Alexis Brunelle-Duceppe rappelle qu’en juin, le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration, dont il est vice-président, a formulé 35 recommandations au gouvernement pour améliorer le processus.

Que l’intention de s’établir au Canada ne nuise pas à l’obtention d’un permis d’étude est l’un des principaux points à corriger, selon le député de la circonscription de Lac-Saint-Jean.

Avec Radio-Canada

Le Sénégal accuse la police canadienne d’avoir « sauvagement » battu une diplomate

août 6, 2022
Une voiture du Service de police de la Ville de Gatineau.

Les faits se seraient produits le 2 août dernier. Photo : Radio-Canada/Christian Milette

La République du Sénégal affirme qu’une de ses diplomates en service à Ottawa a été battue à son domicile par la police en début de semaine. Le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) soutient plutôt que ses membres ont maîtrisé et arrêté une personne qui s’était montrée violente envers les agents.

Vendredi après-midi, l’ambassade du Sénégal a publié sur sa page Facebook un communiqué de presse en français du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur au sujet de l’incident survenu mardi. Le communiqué ne mentionne pas le nom du service de police impliqué.

Au cours de cette opération, la police canadienne a exercé sur la diplomate une violence physique et morale humiliante devant témoins et en présence de ses enfants mineurs, selon le communiqué.

Malgré le rappel du statut de diplomate de la victime et de l’inviolabilité de son domicile, les éléments de la police canadienne l’ont menottée et sauvagement tabassée, au point qu’elle a eu du mal à respirer, ce qui a conduit à une évacuation par ambulance à l’hôpital, selon la version officielle du gouvernement sénégalais.

Le communiqué du ministère n’a pas nommé la diplomate ni précisé l’emplacement de sa maison.

CBC a communiqué avec l’ambassade et avec le ministère pour obtenir des commentaires, mais sans résultat.

Une personne agressive, selon les policiers

Dans son propre communiqué de presse publié tard vendredi soir, le SPVG explique que ses membres aidaient un huissier à exécuter une ordonnance et qu’ils sont arrivés sur les lieux vers 13 h 30 HAE mardi.

Un porte-parole de la police a par la suite confirmé que l’incident s’était produit à Gatineau.

Sur les lieux, les policiers ont vérifié que le document judiciaire était bel et bien valide et que l’officier de justice ayant autorisé l’ordonnance judiciaire avait été informé que la personne avait un statut diplomatique, précise le communiqué. Faisant face à une personne agressive et refusant de collaborer, les policiers sont intervenus afin d’expliquer la démarche et de s’assurer que tout se déroule dans le calme.

Le service de police n’a pas précisé si cette personne était un diplomate de l’ambassade.

Selon le communiqué de la police, une policière a reçu un coup de poing au visage pendant l’intervention, ce qui a incité ses collègues à arrêter cette personne pour la sécurité des personnes présentes.

« La personne a résisté à son arrestation et blessé par morsure un deuxième policier. La personne a alors été amenée au sol pour être maîtrisée. La personne a été détenue à l’arrière du véhicule de patrouille, sous supervision d’une policière, le temps que le huissier exécute son ordonnance et que la situation soit revenue au calme. En aucun temps la personne n’a mentionné avoir été blessée ou avoir des douleurs lorsque questionnée. »

Plus tard en journée, peu après 15 h, les paramédicaux ont appelé le SPVG en assistance alors qu’ils intervenaient auprès de cette personne et qu’une dizaine de personnes étaient présentes, explique le communiqué.

Appel à enquête

Dans son communiqué, le gouvernement du Sénégal dit avoir demandé qu’une enquête soit ouverte sans délai et que des poursuites soient menées contre les auteurs de cette agression inadmissible, qui constitue une atteinte grave à l’intégrité physique de la personne et à la dignité humaine.

Le gouvernement sénégalais a également qualifié l’incident de violation flagrante de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques.

Informé de ces faits inacceptables et injustifiables, [le gouvernement du Sénégal] a immédiatement convoqué la chargée d’affaires de l’ambassade du Canada à Dakar pour dénoncer vigoureusement et condamner fermement cet acte raciste et barbare, a déclaré le gouvernement dans son communiqué.

CBC News a soumis une demande d’entrevue à Affaires mondiales Canada, qui a accusé réception de la demande et promis une réponse dès que possible.

Conformément à la Loi sur la police de la province, le SPVG a demandé jeudi au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) du Québec de se prononcer au sujet de l’opportunité d’une enquête criminelle sur les actions des agents.

La direction du SPVG collaborera à toute démarche ou enquête subséquente en toute transparence, selon son communiqué.

Le SPVG a également demandé au DPCP de déterminer si des accusations de voies de fait contre un agent et d’obstruction à la police sont justifiées contre la personne impliquée.

Le ministère de la Sécurité publique du Québec a été alerté de l’incident, a indiqué le service de police.

Radio-Canada avec les informations de Guy Quenneville, CBC News

Canada: Des députés et des employés auraient été harcelés pendant le siège d’Ottawa

juin 21, 2022
Deux personnes sur une rue saluent une troisième personne dans un camion à 18 roues. Sur le camion, il est écrit: «True North Strong & Free ».

Le sergent d’armes a raconté également qu’une employée avait été abordée par un homme qui a tenté de lui jeter ce qui semblait être un sac d’excréments humains, avant qu’un autre employé n’arrive et ne pousse l’homme au sol (archives). Photo: La Presse Canadienne/Justin Tang

Le sergent d’armes de la Chambre des communes se dit « sidéré » par la façon dont la police d’Ottawa a permis que des députés et des employés de la colline du Parlement continuent à se faire harceler pendant les manifestations contre les restrictions sanitaires en février.

Patrick McDonell, qui travaille en étroite collaboration avec le chef du Service de protection parlementaire, a déclaré mardi à un comité des Communes que les députés et les employés étaient victimes de harcèlement presque tous les jours sur la rue Wellington, au centre-ville d’Ottawa, qui relève de la police municipale.

Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre étudie l’opportunité d’élargir la compétence fédérale quant à la sécurité opérationnelle de la Cité parlementaire afin d’inclure des sections de la rue Wellington, où des véhicules avaient stationné durant trois semaines pendant le convoi, et de la rue Sparks, qui comprend un mail piétonnier.

Une vue lointaine de l'importance opération policière.

Une importante opération policière a permis de mettre fin à l’occupation qui a duré trois semaines (archives). Photo: AFP via Getty Images/Andrej Ivanov

Le sergent d’armes McDonell, qui est aussi directeur de la sécurité institutionnelle de la Chambre des communes depuis 2015, a indiqué mardi qu’il y avait une voiture de police tout à fait à portée de vue des incidents de harcèlement qu’il décrivait, et que des événements étaient signalés `tous les jours’ à la police d’Ottawa.

Il a raconté qu’une personne avait bloqué le passage de voitures de certains employés lorsqu’ils arrivaient sur un stationnement à proximité. Si l’employée était une femme, l’individu frappait sa voiture avant de s’écarter de sa route.

Le sergent d’armes a raconté également qu’une employée avait été abordée par un homme qui a tenté de lui jeter ce qui semblait être un sac d’excréments humains, avant qu’un autre employé n’arrive et ne pousse l’homme au sol.

Avec Radio-Canada

Des étudiants étrangers en Ukraine tentent de poursuivre leurs études au Canada

mars 26, 2022

Des étudiants étrangers en Ukraine qui ont réussi à fuir ce pays vers la Pologne espèrent maintenant pouvoir poursuivre leurs études au Canada. Sur la photo, Junior Nzoghe (en beige) souhaite compléter ses études en médecine à l’Université d’Ottawa. Photo : Mike Sabushimike

Depuis le début du conflit russo-ukrainien, l’Association afro-canadienne d’Ottawa (ACAO) s’est mise à la tête d’une coalition d’organismes internationaux pour faire sortir des étudiants africains qui se sont retrouvés coincés en Ukraine.

Plus de 1200 étudiants sont maintenant en sécurité grâce à ces efforts, estime l’Association des Africains Canadiens d’OttawaACAO. Si certains sont retournés dans leur pays d’origine, de nombreux autres tentent de poursuivre leurs études à l’étranger. Le Canada est une de leurs destinations de prédilection et plusieurs tentent de s’inscrire à l’Université d’Ottawa.

On a tout perdu, en fait. On a tout perdu et on est vraiment dans la merde, déplore Junior Nzoghe, originaire du Gabon, qui a passé près d’un mois caché dans son appartement à Kherson, où il étudiait avant que la guerre n’éclate.

Junior Nzoghe, étudiant étranger en Ukraine (au centre) Photo : Mike Sabushimike

« Toutes les nuits, on était sous les bombardements. »— Une citation de  Junior Nzoghe, étudiant étranger en Ukraine

Gwen Madiba, présidente de l’organisme Equal Chance à Ottawa, est celle qui a accompagné la délégation de la coalition dirigée par l’Association des Africains Canadiens d’OttawaACAO. Elle a pris tous les moyens nécessaires pour les sortir de là, explique Junior.

Mme Madiba a quitté la capitale fédérale il y a quelques jours pour rejoindre la Pologne afin de mieux coordonner l’évacuation d’étudiants étrangers en Ukraine.

On a vraiment travaillé fort ensemble pour trouver des personnes fiables, et même avec ces personnes fiables, les prix sont exorbitants, indique la présidente de l’organisme Equal Chance.

Gwen Madiba, présidente de l’organisme Equal Chance à Ottawa, enlace un étudiant étranger qui vient de fuir l’Ukraine. Photo : Mike Sabushimike

En effet, il a fallu 8000 $ pour évacuer 10 étudiants, dont Junior, avant de franchir les 1000 km qui relient Kherson à la Pologne.

On s’est dit qu’on allait laisser nos vies ici et qu’on allait mourir. Sans elle, on était vraiment à la rue, car on n’avait pas de soutien, témoigne Junior, dont le périple pour sortir de l’Ukraine a duré quatre jours.

Maintenant qu’il est en lieu sûr, le jeune homme souhaite reprendre ses études et réaliser son rêve de devenir médecin. Il a envoyé son dossier à l’Université d’Ottawa, tout comme une quarantaine d’autres étudiants récemment exfiltrés de Kherson.

Ils aimeraient être acceptés dans des universités canadiennes, notamment à l’Université d’Ottawa, qui est une université bilingue, ajoute Gwen Madiba.

Un processus accéléré comme pour les Ukrainiens?

À Ottawa, leurs candidatures sont passées entre les mains de Boulou Ebanda de B’Béri, un professeur et conseiller spécial antiracisme à l’Université d’Ottawa.

Le plus gros défi consiste à les faire accepter par Immigration Canada, mentionne M. Ebanda de B’Béri.

Boulou Ebanda de B’Béri, professeur et conseiller spécial antiracisme à l’Université d’Ottawa Photo : Radio-Canada

Il a écrit au premier ministre Justin Trudeau pour que les étudiants puissent profiter des programmes d’accueil accéléré mis en œuvre pour les Ukrainiens : J’ose croire que les étudiants noirs qui font partie du groupe des réfugiés ukrainiens pourront bénéficier de cette mesure.

Par contre, ce n’est actuellement pas le cas, a confirmé par courriel Immigration Canada, qui assure toutefois examiner des options pour accueillir les personnes qui fuient le conflit mais qui ne sont pas des citoyens ukrainiens.

Par Radio-C anada avec les informations de Nafi Alibert

Canada: Un nouveau convoi prépare son arrivée au centre-ville d’Ottawa samedi

mars 26, 2022

Le centre-ville d’Ottawa sera une fois de plus le théâtre d’une manifestation alors qu’un nouveau convoi prépare son arrivée (archives). Photo : The Canadian Press/Adrian Wyld

Un nouveau convoi en provenance de Québec fera son entrée à Ottawa samedi après-midi. Les organisateurs du convoi dit « pour les générations futures » ont donné leur itinéraire au Service de police d’Ottawa.

Les organisateurs réclament la fin des mesures sanitaires en plus de s’opposer au nouvel ordre mondial.

Patrick Tremblay, l’un des membres actifs du groupe Facebook, a confirmé qu’un convoi prendrait la route en direction du centre-ville d’Ottawa samedi. Il sera d’ailleurs présent.

Selon l’estimation des organisateurs, le convoi réunirait de 1000 à 2000 participants. Les manifestants doivent rentrer à la maison dimanche.

Sur la page Facebook du groupe, une carte a été publiée. Sur celle-ci, on retrouve une section quadrillée en orange dans laquelle il sera interdit de klaxonner, à la demande des organisateurs.

Dans les commentaires, les participants ne semblent toutefois pas très favorables à cette interdiction, car ils soulignent qu’ils se déplacent expressément pour déranger.

Le Service de police d’Ottawa (SPO) a confirmé être entré en contact avec les organisateurs du convoi. C’est une manifestation qui est considérée comme planifiée, ont indiqué les relations médias.

« C’est sur notre radar ainsi que sur celui de plusieurs autres corps policiers. »— Une citation de  Relations médias du SPO

Le Service de police d’OttawaSPO prévoit tenir la population au courant de possibles problèmes de circulation sur Twitter.

Le Centre des opérations du gouvernement a écrit, par courriel, qu’il ne prévoyait aucune incidence majeure sur les infrastructures essentielles.

L’itinéraire préapprouvé pour la manifestation comprend les rues Elgin, Rideau et Laurier, a-t-on également écrit. L’organisateur du convoi a indiqué que les manifestants n’avaient pas l’intention de passer devant le parlement.

La Gendarmerie royale du Canada, le Service de police d’Ottawa et le Service de protection parlementaire sont au courant et surveillent la situation, et disposent de ressources suffisantes pour intervenir si l’incident a une incidence sur les infrastructures essentielles, a-t-on précisé.

Radio-Canada avec les informations de Camille Boutin