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Gabon – Football : avarie d’avion, joueurs manquants, absence de maillots…. Les folles galères des Panthères

juin 11, 2022

La sélection gabonaise a vécu des moments particulièrement agités avant ses deux matches qualificatifs pour la CAN 2023 en RDC (1-0) et face à la Mauritanie (0-0). Des péripéties consécutives à l’incarcération du président de la fédération dans le cadre d’une enquête pour abus sexuels commis par un entraîneur.

Lors des huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2021 entre le Burkina Faso et le Gabon, au stade Omnisport de Limbé, le 23 janvier 2022. © CHARLY TRIBALLEAU/AFP

S’il ignore ce qu’ont récemment vécu les Panthères du Gabon, un observateur lambda admettrait que les résultats de la sélection nationale lors des deux premières journées des qualifications pour la CAN 2023 sont plutôt honorables, à commencer par la victoire en RDC, le 4 juin (1-0). Mais ce résultat, combiné au match nul obtenu face à la Mauritanie (0-0), quatre jours plus tard à Franceville, a des airs d’exploit, quand on découvre ce qu’il s’est passé durant les jours qui ont précédé le déplacement à Kinshasa.

Atterrissage d’urgence à Barcelone

Patrice Neveu, le sélectionneur français du Gabon, a sans doute vécu un des moments les plus surréalistes de sa carrière. Les Gabonais, qui venaient d’effectuer un stage de quelques jours en Île-de-France, devaient rallier Kinshasa par un avion privé le jeudi 2 juin. « Alors que nous étions en plein vol, le pilote nous a annoncé qu’il devait atterrir d’urgence à Barcelone pour un problème technique. Quand vous apprenez cela, c’est très angoissant, car c’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas », explique-t-il.

Le dysfonctionnement est assez important pour que les joueurs et leur staff soient débarqués. « On a trouvé un hôtel, à quarante-cinq minutes de l’aéroport. Puis la compagnie aérienne devait nous envoyer un autre avion le vendredi. » Mais l’appareil n’est jamais arrivé, alors que le match était prévu le lendemain, le 4 juin, à 17 heures, au stade des Martyrs à Kinshasa.

La journée du 3 juin se déroule sans qu’aucune solution n’apparaisse clairement. Alors que la menace d’un forfait se profile, la fédération gabonaise demande à son homologue congolaise de reporter le match au dimanche. « Impossible », répond celle-ci, en expliquant que les Léopards doivent s’envoler vers le Soudan aux alentours de minuit le samedi. « Le vendredi soir, nous sommes donc tous allés nous coucher. Mais à 2 heures du matin, on est venu me réveiller en me demandant de prévenir au plus vite les joueurs, afin de prendre un vol régulier à 4 heures du matin », poursuit Neveu.

Sept joueurs sur le carreau

Sauf que le bus qui doit emmener la délégation gabonaise n’arrive pas. Dix-sept joueurs, dont deux qui étaient blessés, accompagnés notamment du sélectionneur-adjoint, trouvent des taxis pour aller à l’aéroport. Mais le sélectionneur, une partie du staff et sept autres joueurs n’en trouvent pas assez rapidement. Résultat, dit Neveu : « Quand nous sommes arrivés à l’aéroport, l’avion était déjà parti. »

De son côté, la Confédération africaine de football (CAF) fait décaler le coup d’envoi à 21 heures, après avoir reçu le compte rendu du pilote concernant les problèmes techniques l’ayant obligé à se poser d’urgence en Catalogne. Mais Neveu et le reste de la délégation, après avoir espéré pouvoir rejoindre Kinshasa, doivent se résigner. « Nous sommes rentrés le samedi à Paris et avons regardé le match sur internet. » Le Gabon, avec seulement quinze joueurs valides, parvient à s’imposer grâce à un but de Shavy Babicka (20 ans), son premier en sélection.

Les heures qui suivront cette victoire presque miraculeuse ne seront pas plus sereines. La délégation partie de Kinshasa arrive à Libreville le dimanche 5 juin dans la soirée, après un vol de plus de sept heures, les « Parisiens » atterrissent dans la capitale gabonaise le lundi en fin de journée. Mais certains dirigeants de la fédération gabonaise (Fegafoot) veulent que tout ce joli monde s’envole sans tarder pour Franceville, où doit avoir lieu le match face à la Mauritanie, le 8 juin. En off, ils arguent qu’ils souhaitent éloigner les internationaux de Libreville, où les tentations sont grandes.

Les joueurs s’opposent à cette idée, préférant rester à Libreville le lundi soir pour se reposer et partir le mardi matin. Finalement, l’instance, en concertation avec le gouvernement et Patrice Neveu, décale le vol vers Franceville, d’une durée d’un peu plus d’une heure, au mardi matin.

Pas de maillots

Dans le Haut-Ogoué, les Panthères sont reçues le 7 juin par le président Ali Bongo, en visite dans la province. Le chef de l’État a même prévu d’assister au match qui les opposent le lendemain aux Mauritaniens au stade de Franceville (ancien stade Rénovation). Mais le jour du match, un autre contretemps attend les joueurs gabonais, avant le coup d’envoi, quand ils pénètrent dans leur vestiaire.

Ces derniers constatent que les maillots du match ne sont pas dans les casiers, où il n’y a que les tenues d’entraînement. Ce seront donc ces maillots qui seront utilisés… avec les numéros de chacun des joueurs inscrits au feutre. Certains joueurs sont même obligés d’enfiler des maillots trop grands ou trop petits.

« La Fegafoot est totalement désorganisée. Depuis le mois de mai et l’incarcération du président Pierre-Alain Mounguengui [dans le cadre d’une enquête sur des abus sexuels commis sur des mineurs par un entraîneur], les problèmes s’accumulent. Les joueurs sont exténués face à ces multiples problèmes organisationnels. C’est un miracle qu’ils parviennent à avoir des résultats », souffle un proche de la sélection nationale.

Les deux prochains rendez-vous auront lieu au mois de septembre face au Soudan. « J’espère que je n’aurais qu’à m’occuper du terrain, de mes joueurs, et pas du reste. Je suis fier de ce que font les joueurs, mais quand on rencontre tous ces problèmes, je ne peux pas monter trop haut mon niveau d’exigence », conclut Neveu.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Aubameyang : « Je suis optimiste pour l’avenir des Panthères » du Gabon

avril 1, 2015

Aubameyang fête un but contre le FSV Mainz, à Dortmund, le 13 février 2015.
Aubameyang fête un but contre le FSV Mainz, à Dortmund, le 13 février 2015. © Martin Meissner/AP/SIPA

À 25 ans, Pierre-Emerick Aubameyang est l’un des meilleurs attaquants africains évoluant en Europe. Le capitaine des Panthères du Gabon et buteur du Borussia Dortmund (Allemagne), très efficace ces dernières semaines, croit beaucoup en l’avenir de sa sélection…

Jeune Afrique : Le championnat gabonais a repris le 28 mars avec plusieurs mois de retard. Comment analysez-vous cette situation ?

Pierre-Emerick Aubameyang : Elle n’est pas normale. Ce retard a été préjudiciable pour l’ensemble du football gabonais. Les clubs et surtout les joueurs sont les premiers pénalisés. Dans quel état de forme seront-ils ? Et pour la sélection, c’est aussi un problème, car elle compte aussi sur les internationaux qui jouent au pays. De plus, on ne connaît pas toutes les raisons de ce retard.

La CAN 2015 s’est achevée au premier tour. Cela constitue-t-il un coup d’arrêt à une sélection annoncée comme prometteuse ?

Non. En Guinée Équatoriale, nous avons tout simplement manqué d’expérience et ça nous a coûté cher, notamment lors du second match face au Congo (0-1). Beaucoup de joueurs disputaient leur première phase finale de Coupe d’Afrique des nations. Mais je suis optimiste pour l‘avenir des Panthères. Il y a de bons et jeunes joueurs dans cette équipe. Cet échec à la CAN doit nous servir pour la suite.

Le Gabon fait partie des quinze meilleures sélections d’Afrique, alors que c’est un pays très peu peuplé…

(Il coupe) Quand on y réfléchit, c’est presque fou. Il y a un peu plus d’un million d’habitants au Gabon. Le réservoir de joueurs n’y est pas énorme. Et pourtant, nous sommes capables de rivaliser avec les meilleurs, de participer régulièrement à la CAN. Cela ressemble à un exploit. En 2009, nous avions failli nous qualifier pour la Coupe du monde 2010. Notre objectif, c’est de participer à celle de 2018. On peut y croire.

À seulement 25 ans, vous êtes un des meilleurs joueurs africains et un des rares Gabonais à évoluer dans un grand championnat. La pression n’est-elle pas trop forte, parfois ?

Elle existe, mais cela ne m’a jamais posé de problème. J’ai toujours mis le doute de côté. Je sais que le public gabonais est exigeant, qu’on attend beaucoup de moi. Mais j’assume, sans problème. Je joue dans un gros club. Il est normal qu’il y ait des attentes.

Je m’imagine très bien m’inscrire dans la durée avec Dortmund.

Vous avez rejoint le Borussia Dortmund pour cinq ans en juin 2013. Y-a-t-il eu un moment où vous avez regretté ce choix ?

Pas une seconde ! Quand j’avais appris que ce club s’intéressait à moi alors que j’évoluais à Saint-Étienne, il n’était pas question pour moi d’aller ailleurs. Car le Borussia est l’endroit idéal pour progresser et franchir un cap. Il y a encore plus d’exigence qu’ailleurs. Je le constate tous les jours à l’entraînement. Pour un attaquant, la Bundesliga est ce qu’il y a de mieux, avec la Premier League anglaise. Je suis sous contrat jusqu’en juin 2018, et je m’imagine très bien m’inscrire dans la durée avec Dortmund.

Votre seconde saison allemande est meilleure que la première au niveau des statistiques (18 buts et 9 passes décisives toutes compétitions confondues, contre 16 buts et 5 passes décisives en 2013-2014), alors que le Borussia connaît des difficultés en championnat…

Tous les grands clubs connaissent à un moment ou à un autre des passages à vide. C’est notre cas, même si, depuis le mois de janvier, les résultats sont nettement meilleurs. Le maintien est en très bonne voie. Quant à mon statut, il a en effet évolué. Déjà, je joue plus que la saison dernière. Jürgen Klopp, l’entraîneur, m’accorde plus sa confiance. À son contact, j’ai beaucoup appris. Il m’a toujours beaucoup parlé. Et il a su me mettre en confiance aussi. On voit que c’est un technicien qui aime ses joueurs, qui les protège, ce qui ne l’empêche pas d’être exigeant. Il est pour quelque chose dans ma progression…

Jeuneafrique.com par Alexis Billebault