La Banque mondiale a décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » son cadre de partenariat avec la Tunisie, jugeant « complètement inacceptables » les propos du président tunisien Kais Saïed qui, en dénonçant fin février des « hordes de migrants clandestins », a attisé selon l’institution financière la violence à leur encontre.
« Les commentaires publics qui attisent la discrimination, les agressions et les violences racistes sont complètement inacceptables », a jugé le président de l’institution, David Malpass, dans un courrier adressé dimanche soir à ses équipes et que l’AFP a pu consulter lundi.
Face à la dégradation et aux agressions rapportées, M. Malpass estime que la Banque mondiale n’est pas en mesure de poursuivre ses missions sur place, « la sécurité et l’inclusion des migrants et des minorités (faisant) partie des valeurs centrales d’inclusion, de respect et d’antiracisme » de la Banque.
« Compte tenu de la situation, la direction a pris la décision de mettre en pause » cet accord de partenariat « et de retirer du calendrier la revue du conseil d’administration » (CA) de la Banque mondiale, prévue initialement le 21 mars et « reportée jusqu’à nouvel ordre ».
Cette décision concerne le cadre de partenariat pays (CPF en anglais), qui sert de base de suivi par le CA de la Banque mondiale afin d’évaluer et accompagner le pays dans ses programmes d’aide.
Concrètement, l’institution, qui ne peut pas lancer de nouveaux programmes de soutien avec le pays tant que le CA ne s’est pas réuni, a décidé de suspendre la tenue de cette réunion sur la Tunisie « jusqu’à nouvel ordre », selon le courrier de M. Malpass.
« Les projets financés restent financés et les projets en cours sont maintenus », précise cependant à l’AFP une source proche de la Banque mondiale.
« Préoccupations profondes »
La Banque mondiale prévient par ailleurs d’un possible ralentissement de ses actions sur place à cause de la mise en oeuvre de mesures de sécurité, en particulier concernant ses employés originaires d’Afrique subsaharienne et leurs familles.
« La Tunisie a une longue tradition d’ouverture et de tolérance qui est encouragée par tant de personnes dans le pays », a insisté David Malpass dans son courrier.
Si les mesures prises récemment par le gouvernement tunisien « afin de protéger et soutenir les migrants et réfugiés dans cette situation très difficile » vont dans « le bon sens », la Banque mondiale assure qu’elle « évaluera et surveillera attentivement leur impact ».
A l’occasion d’un point presse lundi, le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price, a fait part des « préoccupations profondes » des Etats-Unis « concernant les commentaires du président Saïed ». Il a appelé le gouvernement tunisien à « respecter ses obligations au regard du droit international en protégeant les droits de réfugiés, demandeurs d’asile et migrants ».
Le secrétariat général des Nations unies a de son côté condamné « sans réserve tout commentaire xénophobe et raciste ayant pour but de nourrir la haine raciale », a insisté, également lundi, son porte-parole Stéphane Dujarric.
Le 21 février, le président tunisien Kais Saïed avait estimé dans un discours que « des mesures urgentes » étaient nécessaires « contre l’immigration clandestine de ressortissants de l’Afrique subsaharienne », parlant notamment de « hordes de migrants clandestins » dont la venue relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ».
Ces propos ont été vivement critiqués par des ONG et des militants des droits humains.
Ils ont également semé un vent de panique parmi les migrants subsahariens en Tunisie, qui font depuis état d’une recrudescence des agressions les visant et se sont précipités par dizaines vers leurs ambassades pour être rapatriés.
Selon des chiffres officiels cités par l’ONG Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, la Tunisie, qui compte quelque 12 millions d’habitants, abrite plus de 21.000 ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, en majeure partie en situation irrégulière.
Alors que s’est ouvert ce lundi à Kigali le sommet du Commonwealth, le Premier ministre britannique défend la nouvelle politique migratoire du Royaume-Uni en dépit des polémiques. Dans l’entretien qu’il a accordé à The Africa Report et Jeune Afrique, il se dit aussi préoccupé par la situation sécuritaire dans le Sahel et par la montée en puissance des Russes sur le continent.
Boris Johnson s’attendait-il à un tel tollé en annonçant, mi-avril, la signature d’un accord avec le Rwanda pour qu’il accueille sur son territoire – et moyennant plusieurs millions de dollars – des migrants et demandeurs d’asile acheminés depuis le Royaume-Uni ? Les semaines qui ont suivi, les critiques ont plu sur le Premier ministre britannique, la Cour européenne des droits de l’homme allant jusqu’à annuler à la dernière minute le premier vol qui devait décoller le 14 juin dernier.
C’est dans ce contexte que s’est ouvert, ce lundi à Kigali, le sommet du Commonwealth, auquel les dirigeants des pays membres participeront, jeudi et vendredi. Nul doute que Boris Johnson va tenter d’en profiter pour inverser la tendance et qu’il n’a aucune intention de faire marche arrière. Sur ce sujet et sur d’autres – de l’insécurité au Sahel aux menaces que le changement climatique fait peser sur l’Afrique –, il a répondu par écrit aux questions de The Africa Report et de Jeune Afrique.
L’accord passé avec le Rwanda en augure-t-il d’autres du même type ? Le Royaume-Uni va-t-il désormais sous-traiter « ses » migrants à des pays tiers ?
Boris Johnson : Il n’existe pas de solution unique pour lutter contre ces redoutables trafiquants d’êtres humains qui alimentent une immigration dangereuse et incontrôlée. Je suis fier du partenariat que nous avons noué avec le gouvernement rwandais, qui contribue à faire obstacle à ces bandes criminelles de passeurs.
Ce n’est toutefois qu’une partie d’une stratégie plus large visant à réformer un système de demande d’asile défaillant et à garantir des voies d’immigration sûres et légales. Il est clair depuis longtemps que la façon actuelle de faire, avec des personnes désespérées qui donnent toutes leurs économies à des passeurs et traversent l’océan dans des canots pneumatiques fragiles, ne fonctionne pas.
Le Royaume-Uni est ouvert sur le monde. Nos entreprises et nos universités accueillent les éléments les meilleurs et les plus brillants, d’où qu’ils viennent, dans le cadre d’un nouveau système de visa post-Brexit qui supprime les disparités pour les visiteurs non européens. Nous constatons déjà une augmentation de l’immigration qualifiée en provenance des pays non européens.
La crise des réfugiés en Ukraine a récemment entraîné des retards dans le traitement des demandes de visas des visiteurs, mais les entreprises et les touristes africains sont les bienvenus au Royaume-Uni.
Incapable d’exploiter pleinement les richesses en hydrocarbures, empêchée d’obtenir de l’énergie bon marché pour s’industrialiser, très touchée par les effets de la hausse des températures… L’Afrique risque d’être la grande perdante du changement climatique. Est-il utile de rappeler aux nations européennes à quoi ressemblerait réellement un exode climatique des migrants ?
Que les pays qui émettent le moins soient les plus menacés par la hausse des températures est une grande tragédie. Mais la bonne nouvelle, c’est que nous avons désormais des solutions à portée de main. Nous savons ce qui fonctionne contre le changement climatique et comment associer les nouvelles technologies vertes à une croissance économique rapide. En Afrique, les possibilités de transformer les vastes ressources naturelles du continent en énergie solaire, éolienne et hydroélectrique, autrement dit en énergie propre, sont illimitées.
Le Royaume-Uni contribue déjà à atténuer les effets du changement climatique, notamment en luttant contre les inondations et en soutenant une agriculture résistante à la sécheresse. Nous travaillons avec les gouvernements et l’industrie pour empêcher la terrible destruction des habitats naturels et faire en sorte que les futurs réseaux de transport et d’électricité de l’Afrique protègent les habitants du continent et de la planète.
La diplomatie économique française est actuellement très offensive, y compris dans des pays comme le Nigeria et le Kenya, tandis que le Royaume-Uni semble marquer le pas. Le Brexit ne peut-il pas être une opportunité pour les entreprises britanniques qui souhaitent se développer sur le continent ?
Le libre-échange est la clé du progrès économique, il permet la paix et la prospérité. Je veux que le Royaume-Uni soit à l’avant-garde de la collaboration avec ses partenaires africains en matière d’innovation commerciale et de développement d’infrastructures vertes et propres. Nous soutenons aussi la vision africaine d’un accord de libre-échange continental qui, selon la Banque mondiale, permettra à 98 millions de personnes de sortir de la pauvreté d’ici à 2035.
Quitter l’Union européenne a offert aux entreprises et aux investisseurs britanniques d’énormes possibilités d’accroître le commerce avec des économies clés comme le Nigeria et le Kenya, et je suis heureux de les voir les saisir à pleines mains. Les faits parlent d’eux-mêmes : les échanges entre le Royaume-Uni et l’Afrique ont augmenté de près de 30 % depuis 2020, et nous avons désormais conclu des accords commerciaux avec 18 pays du continent, soit plus que [lorsque nous appartenions à] l’Union européenne.
Mais nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Je suis déterminé à voir davantage d’entreprises britanniques en Afrique, qui soumissionnent pour des contrats et encouragent le talent et l’innovation.
La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) estime qu’en 2021, l’Afrique a perdu près de 88 milliards en raison de la fuite illicite des capitaux. Une grande partie de cet argent a transité par des dépendances du Royaume-Uni, comme les Îles Vierges britanniques ou des paradis fiscaux comme Jersey et Guernesey. Pourquoi votre gouvernement britannique ne finance-t-il pas mieux ses agences de lutte contre la corruption, étant donné que la réduction de ces flux illicites renforcerait les économies africaines ?
La corruption prive une nation de ses ressources légitimes et étouffe la croissance économique. Elle est odieuse. Nous nous efforçons de lutter contre dans le monde entier en augmentant nos budgets dédiés – 760 millions de livres l’année dernière – et en fournissant une assistance technique directe aux gouvernements africains pour lutter contre le blanchiment d’argent.
Lorsque des fonds sont récupérés, ils peuvent être réinvestis dans le développement. Plus tôt cette année, par exemple, 4,2 millions de livres volées par le gouverneur de l’État du Delta et récupérées par des agences britanniques, ont été rendues au Nigeria pour être allouées à des travaux d’infrastructure publique essentiels.
Il convient de noter que les territoires britanniques d’outre-mer et les dépendances de la Couronne ont leurs propres gouvernements élus, qui sont responsables de leur politique en matière de services financiers. Ils se sont engagés à mettre en place des registres accessibles au public indiquant les propriétaire des entreprises qui y sont enregistrées, ce qui est une mesure positive et progressiste.
Les politiciens britanniques sont-ils bien placés pour faire la leçon aux gouvernements africains en matière de responsabilité et de bonne gouvernance ?
Je ne crois pas qu’il faille donner des leçons à qui que ce soit. Chaque pays peut faire plus en matière de reddition des comptes, mais la réalité est que le Royaume-Uni dispose d’institutions solides, de médias libres et équitables et d’un système judiciaire indépendant pour demander des comptes au gouvernement.
Nous travaillons en partenariat avec un certain nombre de pays africains pour améliorer la gouvernance. En Tanzanie par exemple, le Royaume-Uni aide le gouvernement à mettre en œuvre sa stratégie de gestion des finances publiques. En Zambie, nous avons financé un système de suivi des votes géré par la société civile lors des dernières élections.
Le Royaume-Uni soutient-il la secrétaire générale Patricia Scotland pour un second mandat à la tête du Commonwealth ?
Nous lui sommes bien sûr reconnaissants pour les services qu’elle a rendus au Commonwealth, mais j’ai décidé que nous soutiendrions la candidate jamaïcaine Kamina Johnson Smith pour être la prochaine secrétaire générale. Elle possède une vaste expérience et a le soutien de tout le Commonwealth pour unir cette famille unique de nations. Alors que nous sortons de la pandémie et que nous devons faire face aux retombées mondiales de l’invasion barbare de l’Ukraine par la Russie, un nouveau secrétaire général pourra relever les défis et saisir les nombreuses opportunités qu’offre le Commonwealth.
Avec l’influence croissante de la Russie au Sahel et la capacité décroissante de la France à tenir la ligne, que peut offrir le Royaume-Uni aux gouvernements africains du Sahel ?
Il est important que la communauté internationale ne perde pas de vue le Sahel, où les mercenaires russes et les ramifications du groupe État islamique sèment l’insécurité et la souffrance. J’en ai discuté avec mon ami, le président ghanéen Nana Akufo-Addo à Londres il y a quelques mois. Le Royaume-Uni s’est engagé à renforcer la coopération en matière de sécurité avec nos alliés en Afrique de l’Ouest.
Nous proposons une réponse humanitaire, en fournissant 160 millions de livres d’aide à la région depuis 2019, et nous utilisons notre présence diplomatique dans toute la zone pour promouvoir la paix et la stabilité, y compris par le biais de contributions de troupes à la mission de l’ONU au Mali, par exemple, et du travail de résolution des conflits au Niger.
La crise au Tigré a été très préoccupante, menaçant de faire reculer les récents progrès démocratiques et économiques en Éthiopie. Le Royaume-Uni s’est engagé à travailler avec les différentes parties pour soutenir le processus de paix, et ma ministre de l’Afrique, Vicky Ford, a travaillé avec le gouvernement d’Addis-Abeba pour faire avancer les choses.
La seule façon de mettre fin à la violence et d’atténuer la crise humanitaire est de trouver une solution politique négociée. Nous aimerions voir les parties se mettre autour de la table pour des discussions sérieuses.
Les ports de Québec (photo), Montréal et Trois-Rivières s’entendent sur la création d’un groupe de travail visant à améliorer l’efficacité de leurs installations. (Archives) Photo : Radio-Canada/Hugo Pothier
Les ports de Québec, Montréal et Trois-Rivières s’entendent sur un partenariat dans le but de rendre leurs installations plus compétitives et plus vertes.
Motivée par des enjeux stratégiques, environnementaux et économiques, l’entente entraîne la création d’un groupe de travail qui va offrir des recommandations aux trois administrations portuaires d’ici la fin de l’année.
Dans le cadre de cette nouvelle relation, nous souhaitons développer des chaînes logistiques et d’approvisionnement parmi les plus durables et les plus écoresponsables au niveau mondial et interprovincial, explique le président-directeur général du Port de Québec, Mario Girard, dans un communiqué publié mardi.
Les ports de Québec, Montréal et Trois-Rivières emploient plus de 3000 navires et manutentionnent 72,4 millions de tonnes de marchandises chaque année.
L’Allemagne est en discussions « intensives » avec le Sénégal pour participer à des projets autour des ressources en gaz du pays ouest-africain, lui-même prêt à alimenter l’Europe, ont annoncé le 22 mai le chancelier allemand Olaf Scholz et le président sénégalais Macky Sall. Lors d’une conférence de presse conjointe, les deux dirigeants s’exprimaient sur les conséquences de la guerre en Ukraine et son impact sur les approvisionnements en énergie, en particulier pour l’Allemagne, très dépendante du gaz russe.
Le Sénégal, pays membre de la Cedeao, place beaucoup d’espoir dans l’exploitation future commune avec la Mauritanie des champs de gaz et de pétrole découverts dans l’Atlantique ces dernières années. Le président sénégalais a prévu le début de la production en décembre 2023, à raison de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an dans un premier temps, et 10 millions en 2030.
Gas-to-power
« Nous sommes prêts, le Sénégal en tout cas, à travailler dans une perspective d’alimenter le marché européen en GNL », a déclaré Macky Sall. « J’ai demandé au chancelier de nous accompagner pour le développement de ces ressources de gaz, pour la production de GNL à partir de l’Afrique vers l’Europe, et aussi pour le gas-to-power« , c’est-à-dire la production de gaz destinée à alimenter les centrales électriques locales, a-t-il ajouté. L’Allemagne est déjà engagée dans des projets d’énergie renouvelable ou de stockage de l’énergie, et des discussions ont commencé au sujet du gaz, a répondu le chancelier allemand.
Financement des énergies fossiles
Des discussions qui devraient se poursuivre de « manière très intensive » au niveau des experts « parce que cela a du sens » et qu’il « est dans notre intérêt commun d’accomplir des progrès », a-t-il poursuivi. Le président sénégalais s’est à nouveau élevé contre un arrêt des financements de l’exploitation des énergies fossiles au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Une vingtaine de pays, dont les États-Unis et la France, se sont engagés lors de la conférence sur le climat COP26 en 2021 à mettre un terme d’ici à fin 2022 au financement à l’étranger de projets d’énergies fossiles sans techniques de capture du carbone.
« L’Afrique est un continent d’1,3 milliard d’habitants, dont 600 millions n’ont pas accès à l’électricité », a déclaré Macky Sall. « Il faut aussi soutenir l’industrialisation. Dans ce contexte, n’étant pas les plus grands pollueurs puisque n’étant pas industrialisés, il serait injuste dans la recherche de solution (au réchauffement climatique) qu’on veuille interdire à l’Afrique d’utiliser les ressources naturelles qui sont dans son sous-sol ».
Tournant
Interrogé sur le caractère éventuellement prématuré d’engagements pris contre le réchauffement, Olaf Scholz, faisant référence aux crises en cours, a répondu que « le fait que, de manière générale, nous devions regarder d’un nouvel œil la situation dans le monde résulte de ce que j’ai appelé un tournant entre deux époques ». « Nous ne pouvons pas accepter qu’on empêche quelques pays dans le monde d’exploiter leurs possibilités » parce qu’ils n’avaient pas les capacités financières de le faire ou parce qu’ils n’en avaient pas encore eu l’occasion, a-t-il dit.
Alors que l’Afrique paie un lourd tribut à la pandémie, les chefs d’État de la RDC, de Guinée, du Bénin ou encore du Sénégal son attendus à Abidjan ce 15 juillet pour un sommet sur le financement de l’Association internationale de développement (IDA). Axel van Trotsenburg, directeur général des opérations de la Banque mondiale, insiste sur les enjeux cruciaux de cette rencontre pour l’avenir du continent.
Il y a plus d’un an, lorsqu’il est devenu évident que la pandémie aurait un impact énorme sur les personnes les plus vulnérables au monde, nous avons agi rapidement pour mettre à disposition de manière précoce une très grande partie de l’aide que l’IDA offre sur un cycle de trois ans aux pays les plus pauvres de la planète. Trente-neuf des 74 pays concernés se trouvent en Afrique.
Depuis avril 2020, cette intensification de notre soutien au continent africain est sans précédent et l’aide ainsi apportée s’élève à plus de 41 milliards de dollars en fin juin. La plus grande partie de cette aide a été consacrée aux mesures visant à relever les défis posés par le Covid-19, et en particulier à sauver des vies, protéger les pauvres, créer des emplois et reconstruire en mieux à la suite de la crise. Des milliards de dollars ont ainsi été affectés à des dépenses liées à la santé.
Des vaccins pour 400 millions d’Africains
Récemment, nous avons également conclu avec l’Équipe spéciale pour l’acquisition de vaccins en Afrique de l’Union africaine (AVATT) un partenariat visant à financer l’achat de vaccins contre le Covid-19 pour pas moins de 400 millions d’Africains. Les démarches sont allées très vite : les premières doses de vaccin devraient être livrées dans les prochaines semaines.
CE NIVEAU D’APPUI FINANCIER REPRÉSENTE UN CHANGEMENT STRUCTUREL DANS LE PARTENARIAT ENTRE LA BANQUE MONDIALE ET L’AFRIQUE
L’IDA est, pour les pays africains à faible revenu, la principale source de financement. Elle accorde soit des prêts à long terme sans intérêt soit des dons, le montant de ces derniers ayant dépassé 10 milliards de dollars au cours de l’année écoulée. L’aide de l’IDA permet aux pays de faire face aux effets de la crise et de relever les défis actuels liés au développement à long terme, à la fragilité et au changement climatique.
Ce niveau d’appui financier n’est pas temporaire. Il représente un changement structurel dans le partenariat entre la Banque mondiale et l’Afrique, dans le cadre duquel le niveau d’engagement de la Banque est passé de 15 % de son programme annuel de prêts il y a 20 ans à 45 % aujourd’hui. Au cours des cinq dernières années, la Banque mondiale a engagé 106 milliards de dollars en Afrique tout en augmentant ses effectifs dans les pays africains de plus de 40 %.
Besoins en constante évolution
Les interventions de la Banque mondiale se veulent globales et sans exclusive, l’institution étant déterminée à ne jamais laisser des pays sur la touche. Le Soudan en est une bonne illustration : récemment, nous avons aidé les autorités soudanaises à mettre fin à des décennies d’isolement financier et à renouer avec la communauté internationale. Ce qui nous a permis de lancer un programme majeur de réduction de la pauvreté dans le pays et un programme global d’allégement de dette qui au bout du compte réduira la dette du Soudan de plus de 90 %.
D’une manière plus générale, nous trouvons des moyens de continuer de travailler dans les pays touchés par la fragilité et les conflits, en étroite coordination avec nos partenaires des Nations unies sur le terrain. Au lieu de nous retirer, nous avons choisi de rester aux côtés de ces pays et de leur apporter un soutien indispensable, qui a augmenté de 50 % durant l’année écoulée pour atteindre près de 15 milliards de dollars.
Si l’IDA s’investit considérablement pour aider les pays à faire face à la pandémie et à d’autres crises telles que les invasions de criquets, la sécheresse et les conflits armés, tout son appui s’inscrit dans la poursuite d’un objectif ultime, à savoir promouvoir un développement économique et social durable.
Les besoins des pays étant en constante évolution, il y a tout lieu de recueillir les idées et orientations des dirigeants africains sur la manière dont la Banque mondiale peut soutenir au mieux les ambitions à long terme des pays du continent.
Moteurs de la reprise
Nous avons avancé d’un an les négociations avec les bailleurs de fonds sur la reconstitution triennale des ressources de l’IDA. Les idées venant des partenaires africains influent considérablement sur les orientations stratégiques du prochain cycle, l’accent étant davantage mis sur plusieurs domaines cruciaux : création d’emplois, stimulation du développement du secteur privé, réduction de la fracture numérique, élargissement de l’accès à l’énergie et renforcement de l’intégration régionale.
Le sommet d’Abidjan sera l’occasion de débattre des moteurs de la reprise en Afrique et des perspectives de développement à plus long terme. Il permettra de définir les orientations des négociations menées par l’IDA, étant donné que nous prévoyons qu’environ les deux tiers des ressources du prochain cycle de refinancement de l’Association seront alloués à l’Afrique.
Par ailleurs, les discussions donneront une impulsion à l’ambition quant au montant des fonds à lever, car les besoins sont très importants et les conséquences de l’inaction pourraient sérieusement assombrir les perspectives à long terme du continent. Le défi consiste à agir maintenant, en aidant l’Afrique à se reconstruire en mieux et à améliorer la vie de ses populations.
Par Axel van Trotsenburg
Directeur général des opérations de la Banque mondiale.
Après la tenue de l’assemblée générale de l’intersyndicale, le 27 mai, le directeur général du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville (CHU) a réagi au cours d’un point de presse à quelques grandes lignes qui font partie du cahier des charges. Selon lui, le contrat avec l’unité de santé internationale de Mont réal se poursuit.
Denis Bernard Raiche, Dg du CHU de Brazzaville
A propos de la résiliation inconditionnelle et sans délai du contrat avec l’Unité de santé internationale du Canada, «il n’est pas de la compétence de la direction générale, sinon il s’agit d’un contrat qui a été entériné par le gouvernement et l’Unité de santé internationale du Centre hospitalier universitaire de Montréal. A ce sujet, il y a un processus de suivi serré entre les deux entités et nous poursuivrons le mandat », a indiqué le directeur du CHUB, Denis Bernard Raiche.
Sur le point relatif au renouvellement du plateau technique devenu globalement non fonctionnel, Denis Bernard Raiche a déclaré, qu’à ce jour, il assiste à plusieurs négociations avec la BDEAC. Il soutient que la direction du CHU a obtenu un avis de non objection pour la matérialisation des travaux du CHU qui se tient sur deux niveaux : la rénovation de la vétusté des infrastructures et l’achat de nouveaux équipements.
« Tous les travaux, a-t-il poursuivi, seront faits de façon ordonnée au niveau des bâtiments en collaboration avec l’AFD, au même moment seront intégrées dans chacun des bâtiments l’adduction d’eau, la mise à niveau des canalisations pour avoir de l’eau dans chacune des unités de soins, mais aussi d’avoir de l’eau sanitaire pour répondre au besoin des patients ».
Par ailleurs, sur le paiement immédiat des primes de garde des travailleurs, Denis Bernard Raiche rassure tous les travailleurs qui ont fait leurs gardes régulièrement qu’ils seront rémunérés.
Sur la réintégration dans les délais du président de l’intersyndicale qui a été licencié, Denis Bernard Raiche réaffirme que ce dossier est clos. Ainsi, a-t-il expliqué, pour un agent qui a été licencié, il y a des recours qui lui sont possibles par rapport à une administration, une organisation. Pour la direction du CHU, cette dernière demande est non recevable.
Emmanuel Macron a multiplié samedi à New Delhi les gestes et les déclarations d’amitié envers l’Inde, avec l’ambition de faire de la France la « porte d’entrée » du géant de l’Asie du Sud en Europe.
« Le sens de cette visite est de faire de l’Inde notre premier partenaire stratégique de la région, et que la France devienne votre premier partenaire stratégique en Europe, et plus largement en Occident », a lancé samedi le président français au Premier ministre Narendra Modi, qu’il rencontrera à de multiples reprises au cours des trois jours de son déplacement.
Malgré toutes leurs différences, l’Inde et la France « ont les mêmes intérêts et la même vision du monde », a assuré le chef de l’État français, qui ne cache pas son ambition de profiter du Brexit pour remplacer la Grande-Bretagne comme partenaire privilégié de New Delhi en Europe.
En attendant, Paris a engrangé quelques nouveaux contrats économiques, dont le plus important s’élève à 10 milliards d’euros en faveur du groupe aéronautique Safran (via sa coentreprise avec General Electric, CFM) et de ses partenaires pour la fourniture et la maintenance de moteurs d’avions à la compagnie aérienne à bas prix indienne SpiceJet.
Après la vente de 36 Rafale en 2016, aucun nouveau contrat n’a été annoncé dans la défense, où la France espère vendre de nouveaux avions de chasse et des sous-marins à l’Inde, devenu le premier acheteur d’armements dans le monde. Le gouvernement indien « a confirmé des commandes à venir de Rafale », a assuré M. Macron à des journalistes.
La délégation française s’est félicité d’une « avancée majeure » du projet d’une centrale nucléaire de six réacteurs de type EPR à Jaitapur, sur la côte sud-ouest de l’Inde. « Nous espérons une signature définitive d’accord avant la fin de l’année » pour ce dossier en négociation depuis une décennie, a indiqué l’Élysée.
Une série d’autres partenariats, contrats et protocoles d’accords ont été conclus dans une large diversité de secteurs, dont ceux des transports et des énergies renouvelables.
La marge de progression est importante pour la France, historiquement peu influente en Inde. Les échanges indo-français n’atteignent que 11 milliards de dollars contre 18 milliards pour ceux entre la France et la Chine, l’autre géant asiatique, où M. Macron s’est rendu en janvier.
– Accord dans l’océan Indien –
Sur le plan de la sécurité, la France et l’Inde ont signé un accord de coopération logistique dans l’océan Indien, qui permet aux forces armées indiennes d’accéder aux bases maritimes françaises (Djibouti, Emirats, Réunion), et vice versa. La France possède la plus large zone économique exclusive (9,1 millions de km2 dans la zone indo-pacifique) de ces mers en raison de ses territoires, parfois très isolés.
Quant à l’Inde, cet accord s’inscrit dans le cadre de sa politique de renforcement dans cette zone maritime stratégique, où la tracasse l’implication grandissante de la Chine.
« Nous croyons tous deux dans la paix et la stabilité du monde. La région de l’océan Indien va jouer un rôle très significatif », a déclaré Narendra Modi lors d’une allocution conjointe. Dans ce cadre, « nous considérons la France comme un de nos alliés les plus fiables », a-t-il ajouté.
« L’Inde a peur d’une hégémonie chinoise et a besoin d’une vraie sécurité », a analysé pour sa part Emmanuel Macron devant la presse.
Dans l’après-midi, le président français a tombé la veste et relevé ses manches pour s’adresser à 300 jeunes Indiens, à l’image de sa longue discussion avec de jeunes Africains à Ouagadougou en novembre.
Face à un auditoire très sérieux, il a appelé les jeunes à « inventer l’avenir » car « notre environnement actuel n’est pas soutenable ». « Please, just do it! » (« S’il vous plait, faites-le »), a-t-il conclu avant de se prêter à une séance de selfies.
Paris souhaite doubler le nombre d’étudiants indiens en France pour le porter à 10.000 « dans les deux ans ».
Avec le couteau de Boeing sous la gorge, Bombardier a cédé à Airbus le contrôle de son programme aéronautique CSeries, mettant fin à ses ambitions de s’imposer seul face aux deux géants américain et européen.
« Je suis triste mais en même temps rassuré », car au-delà de cette question, « tout le monde est gagnant dans cet accord », a dit à l’AFP Mehran Ebrahimi, spécialiste de l’aéronautique à l’Université du Québec à Montréal.
L’avionneur européen a annoncé un spectaculaire rapprochement avec le groupe canadien en prenant 50,01% de l’entité qui gère le programme de l’avion CSeries (100 à 150 places), au moment où Bombardier se trouve dans une situation financière périlleuse.
« Le programme de la CSeries n’est pas mort » et il va plutôt connaître un essor sur le plan commercial « avec la puissance marketing colossale d’Airbus », prédit M. Ebrahimi.
Succès sur le plan industriel, cet avion, premier monocouloir de conception entièrement nouvelle depuis plus de 25 ans, tardait cependant à rencontrer le succès commercial.
Mis en service à l’été 2016, après des coûts de développement de plus de 5,4 milliards de dollars américains, le CSeries n’a jusqu’à maintenant été commandé qu’à 360 exemplaires.
Qui plus est, une commande de 75 appareils de la compagnie américaine Delta était menacée depuis l’imposition de droits punitifs sur l’avion par le gouvernement américain.
En pleine renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain (Aléna) entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, les autorités américaines ont imposé, sous la pression de Boeing, des droits compensatoires de 220% sur ce type d’avions importés sur leur sol, ainsi qu’une taxe antidumping de 80%.
Même si ces droits restent à confirmer, ils avaient de facto « fermé l’accès au marché américain » pour Bombardier, a estimé la ministre québécoise de l’économie, Dominique Anglade.
Le rapprochement Airbus/Bombardier vient régler ce problème car le géant européen prévoit d’ouvrir une seconde ligne d’assemblage pour les avions de la CSeries vendus aux Etats-Unis à ses installations de Mobile, en Alabama (sud des Etats-Unis).
« La CSeries sera assemblée aux Etats-Unis et ne sera donc pas sujette à ces droits, ce qui est une nouvelle fantastique pour Bombardier et le Canada », a estimé Walid Hejazi, professeur de management aéronautique à l’Université de Toronto.
Le partenariat donne aussi du temps au gouvernement canadien de Justin Trudeau pour revoir son intention de ne pas acheter d’avions de chasse super Hornet à Boeing si les Etats-Unis décident finalement d’imposer les droits punitifs visant la Cseries.
– ‘Boeing pas content’ –
« Boeing faisait tout pour fermer le lucratif marché américain à Bombardier. Il n’avait pas prévu ce développement. Boeing n’est clairement pas content car ce dénouement sape réellement sa position stratégique », a dit M. Hejazi à l’AFP.
L’accord profite aussi au président, Donald Trump, « dans la mesure où une partie de la production passe du Canada aux Etats-Unis », souligne-t-il.
Le siège du programme et la ligne d’assemblage principale de la CSeries resteront cependant basés aux installations de Bombardier à Mirabel, au nord de Montréal, assurant l’avenir de 2.000 emplois. L’accord consolide aussi la filière industrielle aéronautique au Québec, forte de 40.000 salariés.
« Airbus vient d’acquérir une technologie extraordinaire et va compléter d’une façon remarquable sa gamme de produits. Bombardier va certainement augmenter son nombre de commandes et donc à long terme la viabilité de son projet », explique pour sa part Merhan Ebrahimi.
« Maintenant toutes les autres compagnies aériennes américaines et ailleurs dans le monde vont examiner avec beaucoup plus de sérieux la CSeries », renchérit M. Hejazi.
Le rapprochement représente également un joli dilemme sur le plan stratégique pour Airbus car Bombardier avait dans ses cartons des plans pour un CS500, un avion de la CSeries à plus de 150 places.
« Produire le CS500 serait moins onéreux pour Airbus que de développer la famille des A320 neo. Mais là encore, ce n’est pas aussi évident dans la mesure où Airbus à un carnet de plus de 3000 commandes pour le A320 », explique M. Ebrahimi.
Téhéran – L’Iran et la Chine ont décidé de renforcer leurs relations économiques avec l’ambition de les porter à un niveau de 600 milliards de dollars, a déclaré samedi le président iranien Hassan Rohani à Téhéran où son homologue chinois est en visite officielle.
La visite de Xi Jinping, la première d’un président chinois en Iran depuis 14 ans, intervient une semaine après le début de la mise en œuvre de l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les grandes puissances, dont la Chine, qui prévoit la levée d’une partie des sanctions internationales contre Téhéran.
Ces dernières années, la Chine, important partenaire de l’Iran, a maintenu des liens économiques étroits avec Téhéran mais la fin des sanctions va permettre de donner un coup de fouet à ces relations.
Les deux pays se sont engagés à mener des négociations pour la signature d’un accord de coopération élargie sur 25 ans et de coopérer et avoir des investissements réciproques dans les différents domaines, notamment les transports, les ports, l’énergie, l’industrie et les services, selon un communiqué commun.
Selon le texte, la Chine envisage aussi des investissements et des financements dans les industries de l’énergie en Iran.
Lors d’une conférence de presse avec M. Xi, le président iranien a indiqué que les deux responsables avaient évoqué le projet de porter le niveau des relations (économiques, ndlr) à un niveau de 600 milliards de dollars dans dix ans.
Les échanges économiques entre les deux pays s’élevaient en 2014 à 52 milliards de dollars.
Selon les médias iraniens, 36% du commerce extérieur de l’Iran s’effectue avec la Chine, premier client du pétrole iranien.
Au total, dix-sept documents, notamment pour la coopération dans le domaine nucléaire, ont été signés lors de cette visite.
La visite du président chinois est historique et aujourd’hui une nouvelle page s’ouvre dans les relations entre les deux pays, a déclaré M. Rohani.
Nous avons une large entente dans tous les domaines, les relations bilatérales, les questions régionales et internationales, et nous avons décidé de construire des relations sur la base d’une partenariat (…) stratégique, a déclaré de son côté le président chinois.
Sur le plan diplomatique, la Chine a salué le rôle constructif de l’Iran dans la lutte contre le terrorisme et en faveur du maintien de la paix et de la stabilité dans la région, selon le communiqué commun.
L’Iran chiite est le principal soutien du régime du président syrien Bachar al-Assad et s’oppose sur toutes les crises régionales, notamment la Syrie, l’Irak, le Yémen ou encore Bahreïn, à l’Arabie saoudite sunnite.
Accompagné par trois vice-Premier ministres et six ministres, le président chinois a également emmené avec lui une importante délégation économique. Il doit rencontrer dans l’après-midi le guide suprême iranien l’ayatollah Ali Khamenei.
Jeudi en Egypte, dans le cadre d’une tournée régionale, Xi Jinping avait promis une enveloppe de 55 milliards de dollars en prêts et investissements pour le Moyen-Orient, où la Chine veut également renforcer sa présence économique.
Le président des Etats-Unis Barack Obama a salué mercredi le partenariat avec la France dans les dossiers libyen et ivoirien, mais refusé de s’exprimer sur le plan du président Nicolas Sarkozy dans le dossier palestinien, en rencontrant son homologue à New York.
Un conseiller de M. Obama a toutefois qualifié ensuite les propositions de M. Sarkozy « d’importantes », tout en constatant un désaccord.
Sollicité par une journaliste qui lui demandait son avis sur la proposition formulée par M. Sarkozy plus tôt à la tribune de l’ONU d’offrir un statut intermédiaire d’Etat observateur à la Palestine afin de désamorcer la crise avec Israël, le président américain s’est contenté de répondre, en français dans le texte, « bonjour ».
Relancé par une autre journaliste, M. Obama est passé à l’anglais pour affirmer: « pas de commentaire ». Le président américain avait auparavant évoqué la nécessité pour son pays et la France de coordonner leurs efforts dans la résolution du conflit israélo-palestinien, en restant très vague dans la formulation.
A la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, M. Sarkozy a proposé mercredi « un changement de méthode » pour réussir la paix au Proche-Orient, offrant un statut « intermédiaire (…) d’Etat observateur » à l’ONU pour la Palestine, et « un accord définitif » de paix dans un délai d’un an.
Il a aussi mis en garde les Palestiniens et les Etats-Unis contre un bras de fer au Conseil de sécurité, prévenant qu’un veto américain à la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU « risquerait de déclencher un cycle de violence au Proche-Orient ». L’un des conseillers adjoints de sécurité nationale de M. Obama, Ben Rhodes, a affirmé que les propositions de M. Sarkozy étaient « importantes » et « constructives », mais que les deux dirigeants n’étaient pas d’accord sur le rôle des Nations unies dans le dossier palestinien.
« Une action unilatérale via l’ONU pour parvenir à un Etat ne résoudra pas les problèmes des Palestiniens sur le terrain », a-t-il dit, rappelant la position défendue par les Etats-Unis.
M. Rhodes a toutefois affirmé que Paris et Washington pouvaient travailler « sur la base de la nécessité de relancer les négociations » entre Palestiniens et Israéliens, nécessaire « pour parvenir à une paix durable ». « On peut avoir des nuances tactiques, mais nous avons les mêmes objectifs stratégiques, c’est-à-dire la reprise sans délai des négociations de paix », a-t-on commenté à l’Elysée après la rencontre.
De même source, Nicolas Sarkozy a souligné auprès de son homologue « le rôle irremplaçable des Etats-Unis » dans le processus de paix, un rôle qui cependant « ne doit pas être exclusif. »
Sur d’autres sujets de politique étrangère, lors de ses déclarations au côté de M. Sarkozy, M. Obama a estimé que le partenariat entre Paris et Washington avait « été mis en évidence par le travail extraordinaire que nous avons fait ensemble en Libye », un mois après la chute du régime de Mouammar Kadhafi face à l’avancée des rebelles soutenus par les frappes de l’Otan. « Je tiens à remercier le président Sarkozy pour son esprit de décision », a ajouté le dirigeant américain.
M. Obama a aussi affirmé que la coopération entre Washington et Paris dans le dossier ivoirien avait permis l’arrivée au pouvoir du président élu Alassane Ouattara, après la capture en avril du président sortant Laurent Gbagbo qui refusait de reconnaître les résultats de la présidentielle de novembre 2010.