Le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, tenant d’une ligne droitière, a été élu dimanche président des Républicains avec 53,7 % des voix, devenant le nouveau patron d’un parti en crise profonde après la débâcle de la présidentielle.
Son adversaire, le président des sénateurs LR Bruno Retailleau, a recueilli 46,3 % au deuxième tour de ce scrutin interne marqué par une forte participation: 69,7 %, contre 72,67 % au premier tour.
Un « résultat net, en même temps qui n’est pas humiliant pour son concurrent », a estimé Annie Genevard, qui a vu là « les ferments de l’union qu’il faudra renforcer ».
Mais avec un écart relativement faible, la nécessité du rassemblement s’impose plus que jamais avec son adversaire.
« Ce plus de 46 %, moi qui n’étais pas favori, c’est inespéré, un score qui comptera, soyez en sûrs », a affirmé Bruno Retailleau, félicitant son adversaire avant la « rude tâche qui l’attend, un peu herculéenne » de « rupture » et de « rassemblement ».
Outre l’unité et le renouvellement, le nouveau président devra aussi faire travailler ensemble députés et sénateurs qui ne sont pas toujours sur la même ligne, affirmer le positionnement de LR face à la macronie, clarifier la position vis-à-vis des centristes…
« Ce soir Eric a gagné, c’est à lui qu’il revient de travailler à ce rassemblement. Moi j’y suis prêt car ce qui se joue n’est pas seulement l’avenir de la droite mais celui de notre pays », a ajouté Bruno Retailleau dans une brève déclaration au siège de LR.
Eric Ciotti, qui disposait d’une avance de neuf points sur son adversaire après le premier tour, succède à Christian Jacob qui a démissionné en juin, après des élections qui ont acté l’affaiblissement du parti de droite, tombé à 4,8 % à la présidentielle.
« Grâce à toi, ce soir un espoir se lève pour que la France reste la France ! Tous ensemble, rassemblons la Droite et en route vers une nouvelle espérance », a réagi sur Twitter son porte-parole Eric Pauget.
Les 91.110 adhérents de LR ont choisi la ligne portée par Eric Ciotti « de droite assumée », « refusant le politiquement correct », avec un ton très ferme sur la sécurité et l’immigration, et sur l’économie un discours classiquement libéral de baisse des impôts et des charges.
Son grand argument de campagne a été Laurent Wauquiez, qu’Eric Ciotti promet de faire désigner rapidement comme candidat à la présidentielle s’il est élu.
« Cette victoire est la juste reconnaissance de ton courage, de ta pugnacité et de ta fidélité à nos valeurs. Président de @lesRepublicains, tu pourras compter sur moi pour que nous menions tous ensemble le combat pour redresser la France », l’a félicité sur Twitter le président de Auvergne Rhône-Alpes.
« Boussole »
En fin de campagne, M. Ciotti, questeur de l’Assemblée chargé de la gestion de l’institution, a aussi abordé des thèmes sociétaux tels que violences conjugales, handicap et égalité hommes-femmes, un clin d’oeil à Aurélien Pradié, arrivé troisième du premier tour mais qui détenait, avec 22 %, une des clés de l’élection.
Plusieurs de ses lieutenants se sont rangés dans l’entre-deux-tours derrière Eric Ciotti, de même que Christian Jacob, le président des députés LR Olivier Marleix ou le maire de Troyes François Baroin.
Des soutiens raillés à l’extrême droite: « c’est le destin de LR de se soumettre au centrisme », a lancé le conseiller régional de Paca Philippe Vardon, ex-RN ayant rejoint Reconquête !.
Mais certains craignent une dérive du parti: « Les Républicains peuvent eux-mêmes devenir une force d’appoint de l’extrême droite, malheureusement », a affirmé dimanche matin sur Radio J Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a appelé Les Républicains « à retrouver une boussole idéologique parce que nous avons besoin de travailler avec la droite républicaine ».
Cette victoire a pour Eric Ciotti un goût de revanche sur la primaire LR de 2021 lorsque, arrivé en tête au premier tour de la primaire, il avait dû s’incliner au deuxième face à Valérie Pécresse, payant un « tout sauf Ciotti » chez les électeurs inquiets de sa ligne droitière.
La fédération du Parti congolais du travail (PCT) France-Europe fissurée, à en croire les réactions en cascade de ses militants qui rejettent en bloc la mise en place de la commission ad hoc installée par le secrétaire général du parti, de passage à Paris. Extrait des éléments de langage de Franck Gandziri, président du Comité Île de France de la fédération PCT-France.
Photo : Franck Gandziri
D’emblée, le président du comité Île de France de la fédération PCT-France s’indigne de la procédure ayant conduit à la dissolution silencieuse de toutes les instances dirigeantes de cette formation politique en France avec, pour conséquence, la mise en place d’une commission ad hoc France.
À la lecture des raisons avancées par les militants présents autour du secrétaire général, cette commission ad hoc semblerait avoir été créée pour gérer les affaires courantes.
Or, constate Franck Gandziri, une telle procédure prononcée insidieusement, sans concertation des structures intermédiaires, s’inscrit dans le cadre d’une violation flagrante des règles statutaires.
Il se dit ne pas comprendre comment le secrétaire général a-t-il pu réunir uniquement une partie des instances de la fédération PCT-France pour cette mise en place, sans associer les autres composantes, à savoir les secrétariats des comités Ile-de-France et Inter région.
« Il aurait été judicieux d’élargir cette réunion aux comités pour aboutir à des résolutions allant dans le sens du rassemblement, dans le sens de la base militante trop longtemps muselée et meurtrie », a confié Franck Gandziri.
En conséquence, le président du comité Île de France de la fédération PCT-France s’en remet à la direction politique nationale de son parti pour comprendre cette méthodologie et cette décision qui acte finalement « la récompense de la paresse ». Car, estime-t-il : « Notre vision de l’exercice démocratique ne peut s’en accommoder ; autrement nous verserions dans l’anarchie et le désordre ».
Dans le même esprit d’union, il soutient les trois cents délégués des partis politiques et de la société civile qui, durant trois jours, débattront de la gouvernance électorale et autres aspects politiques et juridiques qui s’y rattachent, à la faveur de la concertation politique d’Owando.
Et de conclure : « Pour le débat démocratique, cela dénote de l’intériorisation de la part des acteurs politiques congolais du sage conseil africain qui dit que la solution aux différents maux sociaux est dans le dialogue ».
Le 2e vice-président du parti politique, Union des démocrates humanistes Yuki (Udh-Yuki) de feu Guy Brice Parfait Kolélas, Gilles Fernand Bassindikila, a été suspendu ce mardi 25 janvier, pour plusieurs manquements dont l’usurpation de pouvoir de président dudit parti.
Le bureau politique national, le secrétariat général et la commission nationale d’évaluation et de discipline du parti politique de l’Union des démocrates humanistes Yuki (Udh-Yuki) ont rendu public ce début de semaine, une déclaration conjointe relative à la crise institutionnelle que traverse ce parti d’opposition depuis le décès de son président fondateur Guy Brice Parfait Kolélas.
Les parties prenantes ont relevé plusieurs « dérivés » potentiellement préjudiciables à l’unité et à la survie du parti. Un groupe de personnes avec à sa tête, le 2e vice-président, Gilles Fernand Bassindikila, sont accusées d’être à l’origine de cette crise.
Gilles Fernand Bassindikila est notamment accusé de mener une ”lutte sournoise« pour la conquête de la fonction de président du parti alors qu’il est placé sous l’autorité du premier vice-président Pascal Bouali.
“Le 2e vice-président s’est autoproclamé chef de fil d’une dissidence au sein du parti, et il aurait les 2/3 des membres du bureau politique sous sa direction à l’issue de la pétition. Un vice-président est l’adjoint du président et non un concurrent, ou un opposant.”, rapporte le 1er vice-président.
En considération de toutes ces « fautes graves« , l’Udh-Yuki considère que « prétendre être chef de fil et prétendre contourner les 2/3 du bureau politique revient à se positionner comme le chef d’une rébellion au sein du parti, ce qui est condamnable par le règlement intérieur« , a souligné le parti.
Malgré de nombreuses tentatives de réconciliation menées par le 1er vice-président de l’Udh-Yuki, la partie dissidente est restée sur sa position, selon la déclaration du parti.
Les membres du bureau politique national, du secrétariat général et de la commission nationale d’évaluation et de discipline ont par conséquent prononcé la « suspension immédiate« des fonctions de Gilles Fernand Bassindikila, en qualité de 2e vice-président et Réhodule Batina au titre de président de commission nationale d’investiture (Cni) au sein du parti Udh-yuki.
Le 2e vice-président et ses proches sont aussi accusés d’insubordination, d’arrogance, d’irrévérence et d’indiscipline caractérisée. Le parti leur reproche également de mener une campagne de diffamation et d’injures et de vouloir détruire la cohésion du bureau politique.
L’Udh-Yuki exhorte aux militants et sympathisants de garder le calme et de rester vigilants pour sauvegarder l’unité, la concorde et la solidarité, un “héritage précieux légué” par Guy Brice Parfait Kolelas.
Après avoir quitté Les Républicains en mai dernier, avoir annoncé son soutien à Emmanuel Macron et avoir fondé son propre mouvement politique (appelé La France audacieuse), Christian Estrosi a pris une nouvelle grande décision mercredi 1er décembre : rejoindre le parti Horizons d’Édouard Philippe. Il l’a annoncé lors d’une grande réunion publique, qui a eu lieu à Nice, et en présence d’Édouard Philippe avec lequel il a d’ailleurs pris un café en terrasse.
« En rejoignant aujourd’hui Édouard Philippe au sein d’Horizons, je m’inscris au sein de la seule organisation qui peut aujourd’hui légitimement revendiquer » l’héritage du RPR et de l’UMP, a déclaré Christian Estrosi.
Le parti Horizons est l’une des composantes de la « maison commune » de la majorité présidentielle, baptisée « Ensemble citoyens ! », officiellement inaugurée mardi et qui regroupe sous une même bannière différents partis gravitant autour d’Emmanuel Macron, dont LREM et le MoDem, en vue des élections de 2022.
Estrosi veut défendre les « valeurs de la droite et du centre »
Pour Christian Estrosi, « il n’y a aucune incompatibilité à témoigner (ma) reconnaissance » à Emmanuel Macron et « à vous dire : “oui, je suis de droite et je ne m’en excuse plus” ». « Je m’engage avec toi mon cher Édouard (Philippe) et vous mes amis partout en France à défendre notre héritage et à porter nos valeurs de la droite et du centre », a ajouté Christian Estrosi.
Édouard Philippe s’est « réjoui » du ralliement du maire de Nice. Le maire du Havre, qui a estimé que la France a « besoin d’ordre, de mouvement et de projets » a prévenu que « le prochain quinquennat, même si le président (Macron) est réélu, sera difficile ».
L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo lance ce week-end un nouveau parti politique pour « réunir la gauche », avec l’élection présidentielle de 2025 en ligne de mire.
« C’est le grand retour de Laurent Gbagbo sur la scène politique », se félicite Justin Koné Katinan, porte-parole de l’ancien chef de l’État. Depuis son arrivée à Abidjan le 17 juin, acquitté par la justice internationale qui le jugeait pour crimes contre l’humanité dans la sanglante crise post-électorale de 2010, Laurent Gbagbo n’a pourtant jamais été très loin de la politique.
Visite chez l’ex-président et ancien rival Henri Konan Bédié, rencontre de « réconciliation » avec le chef de l’État Alassane Ouattara, rupture consommée avec son ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan : il a occupé le paysage politique ivoirien. « Assumons de faire de la politique », avait-il lancé dès le 10 juillet dernier, lors de sa visite chez Henri Konan Bédié.
Le Front populaire ivoirien (FPI), son parti historique fondé dans la clandestinité en 1982, étant désormais aux mains de Pascal Affi N’Guessan, Laurent Gbagbo a choisi de donner un nouveau souffle à son retour en créant sa propre formation.
Panafricanisme
Près de 1 600 délégués sont attendus au prestigieux Hotel Ivoire d’Abidjan pour rédiger le manifeste et les textes de cette nouvelle formation qui devrait s’appeler « Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire » (PPA-CI). Dans le nom comme dans le logo – deux mains entrelacées dans une carte d’Afrique – qui seront proposés dimanche, l’accent est mis sur la dimension panafricaine du parti. La souveraineté de l’Afrique face aux puissances occidentales devrait d’ailleurs faire partie des thèmes phares du congrès ce week-end.
SIMONE GBAGBO ENVOIE DES SIGNAUX CES DERNIÈRES SEMAINES POUR FAIRE CAVALIER SEUL
Pas question pour autant de délaisser la politique nationale en Côte d’Ivoire. Dans l’entourage de l’ancien président, le mot d’ordre est clair : ce nouveau parti vise à recréer un débat politique dans un pays où l’opposition est considérablement affaiblie depuis 10 ans.
« Nous voulons constituer un parti d’opposition politique normal qui apporte une critique. Pour que le débat quitte la violence et devienne essentiellement politique », clame Justin Koné Katinan. « On attend de voir si ce sera une opposition réelle ou un parti en quête du pouvoir. On verra comment ils vont procéder, quel sera leur programme alternatif », estime l’analyste politique Sylvain N’Guessan.
Avec Simone Gbagbo ?
Reste à savoir quelles personnalités politiques ivoiriennes rejoindront cette plateforme. Une grande partie des cadres et anciens ministres du FPI vont suivre leur ancien leader dans cette nouvelle aventure, mais quelques inconnues demeurent.
Simone Gbagbo d’abord. L’ex-Première Dame, dont Laurent Gbagbo a demandé le divorce à son retour en Côte d’Ivoire envoie des signaux ces dernières semaines pour faire cavalier seul, à l’image du lancement d’une plateforme la soutenant.
Charles Blé Goudé, ensuite. L’influent pilier du régime de Gbagbo (2000-2011), dont il a été le co-accusé à la Haye, est toujours bloqué aux Pays-Bas depuis son acquittement, faute de passeport, mais entretient le mystère sur son rôle lors de son retour en Côte d’Ivoire.
Enfin Guillaume Soro, ancien chef de la rébellion qui a aidé Alassane Ouattara à accéder au pouvoir contre Laurent Gbagbo et aujourd’hui tombé en disgrâce, condamné à perpétuité en juin pour « complot » et actuellement en exil. De quoi laisser la porte entrouverte à celui qui incarne désormais une frange de l’opposition au chef de l’État.
« Ceux qui veulent nous rejoindre savent à quoi s’en tenir. Nous sommes un parti de gauche, et ceux qui s’y retrouvent peuvent venir », glisse Justin Koné Katinan. Le lancement de ce parti, quatre mois après le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, est en tout cas une première étape vers la présidentielle de 2025. Un projet de l’exécutif visant à limiter l’âge des candidats à 75 ans pourrait toutefois constituer un obstacle aux ambitions de Laurent Gbagbo. En 2025, il aura 80 ans.
EXCLUSIF. Candidate à l’investiture de LR, la présidente de la région Île-de-France annonce au « Point » qu’elle réadhère au parti qu’elle a quitté en 2019.
Selon nos informations, Valérie Pécresse a décidé de reprendre sa carte des Républicains, dont elle sollicite l’investiture pour la présidentielle d’avril. Et ce, contrairement à son principal compétiteur Xavier Bertrand, qui a fait savoir qu’il ne réadhérerait pas à son ancienne famille politique. « Je vais adhérer à nouveau aux Républicains. C’est la conséquence logique du fait que j’ai accepté depuis le début de jouer collectif. C’est une question de cohérence », annonce à notre journalValérie Pécresse, qui va officialiser ce choix ce jeudi soir à l’occasion d’une réunion publique à Dijon (Côte-d’Or).
Elle en a informé le patron des Républicains Christian Jacob dans la journée. L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, puis du Budget, avait quitté LR le 5 juin 2019 après le naufrage des européennes (8,5 % des voix) et la démission consécutive de Laurent Wauquiez. Elle avait alors affiché sa volonté de « refonder la droite, menacée d’extinction », mais de « l’extérieur », aux commandes de son propre mouvement (Libres !).
« Notre objectif, c’est, ensemble, de battre Emmanuel Macron »
« Aujourd’hui, je demande à tous les membres de Libres !, qui partagent comme moi les valeurs de la droite, d’adhérer à LR pour construire ensemble le parti de la reconquête et de l’alternance. Et cette ligne, je me l’applique à moi-même. Notre objectif, c’est, ensemble, de battre Emmanuel Macron », poursuit Valérie Pécresse, contactée par Le Point.
En début de semaine, le président de la région des Hauts-de-France a pour sa part accepté de participer au congrès de LR mais écarté l’idée de revenir dans le giron du parti, s’attirant de fortes critiques en interne. « C’est un bras d’honneur aux militants ! Il réclame l’investiture du parti, son soutien financier mais il ne veut pas prendre la carte ! », s’insurge un cadre LR. Xavier Bertrand se considère lié par sa promesse : en claquant la porte en décembre 2017, il avait indiqué que sa décision était « définitive ». Selon les règles édictées pour le congrès du 4 décembre, qui doit départager les six candidats en lice (sous réserve qu’ils obtiennent 250 parrainages d’élus), rien n’oblige en théorie Pécresse et Bertrand à reprendre leur carte pour candidater. Mais le geste se veut éminemment symbolique.
Ce défenseur des cultures afro-caribéennes anime son émission musicale sur RFI depuis vingt-six ans, tout en faisant de la juste représentation des Noirs de France son cheval de bataille. Il projette désormais de créer son propre parti.
« J’en refuse beaucoup ! », affirme l’homme de radio en évoquant les nombreuses invitations qu’il reçoit. À peine rentré d’un rendez-vous pour préparer le prochain sommet Afrique-France qui se tenait le 8 octobre à Montpellier, Claudy Siar prend le temps de nous accueillir dans son bien confortable appartement parisien situé dans le très chic 16e arrondissement.
Une rangée de beaux livres sur l’Afrique est soigneusement disposée près d’une collection de masques africains exposés au mur du spacieux salon aux côtés de peintures contemporaines colorées, que l’on imagine signées d’artistes afro-descendants.
Le Guadeloupéen n’est pas un amoureux de l’Afrique. L’Afrique est ce qui le définit. « La terre guadeloupéenne est gorgée d’africanité, d’indianité et d’européanité aussi, mais le socle, c’est l’africanité », insiste-t-il.
Un peu plus tôt cette même semaine, c’est sur le plateau de l’émission politique C ce soir sur France 5 que le vice-président du Crefom (Conseil représentatif des Français d’Outre-mer) se rendait pour participer à un débat sur les « Outre-mer, les grands oubliés de la République », aux côtés de l’ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira.
Panafricaniste et fervent anti-raciste
Le journaliste de 51 ans occupe l’antenne de RFI depuis vingt-six ans avec Couleurs tropicales, l’émission musicale qu’il anime et produit. Certes, ce n’est pas la radio internationale qui résume sa carrière médiatique. Passé par France Télévisions et TFI à la fin des années 1980 et à l’aube des années 1990, puis par Canal+ début 2000, il anime aujourd’hui The Voice Afrique francophone sur Voxafrica.
Mais c’est surtout avec ses cinq rendez-vous radiophoniques par semaine que Claudy Siar, panafricaniste et fervent anti-raciste, fait entendre sa voix. Son émission est souvent l’occasion pour lui de rappeler et de partager des pans de l’histoire qu’il estime éludés par le paysage médiatique français.
« En 2005, j’ai bien failli quitter l’antenne, glisse-t-il. Un ancien ambassadeur de France au Mali considérait que j’étais un mauvais Français et qu’on devait me renvoyer de RFI. Mais des personnes de l’État m’ont soutenu », assure l’ex-délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer sous Nicolas Sarkozy.
PERSONNE NE PARLAIT COMME ÇA SUR RFI À CE MOMENT-LÀ. MAIS JE SUIS UN JOURNALISTE D’OPINION
Certains lui reprochent par ailleurs d’avoir entretenu des amitiés avec des personnalités publiques aux idéologies dangereuses, comme avec l’humoriste et militant politique franco-camerounais Dieudonné – condamné plusieurs fois en France pour discriminations raciales et incitation à la haine. « Toutes les personnes du show-biz étaient également proches de lui à une certaine époque », se justifie le journaliste, ou encore avec des dirigeants africains controversés, à l’instar de Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo.
Des affinités qui, selon ses détracteurs, contrastent avec sa posture humaniste, mais qui n’empêchent pas Claudy Siar de continuer à défendre ses sujets de prédilection – quitte à se mettre certains de ses confrères à dos.
Parole libre
Histoire de l’esclavage, colonisation, néo-colonialisme, émancipation de la jeunesse africaine et de la diaspora… Autant de thèmes qui ont pu irriter certaines oreilles au début de sa carrière. « Personne ne parlait comme ça sur RFI à ce moment-là. Mais je suis un journaliste d’opinion, revendique celui qui a fini par faire accepter son point de vue. De nombreuses personnes ont compris que c’était une chance d’avoir quelqu’un qui s’adresse en majorité à un auditoire africain avec une parole aussi libre et respectueuse de tous sur une radio aussi forte que RFI », estime celui qui a initié la première marche de commémoration de l’abolition de l’esclavage en 1993.
Claudy Siar a fait des valeurs du vivre-ensemble son cheval de bataille. Un combat qui commence par la juste représentation de la diversité française. « On a le sentiment que le racisme n’est plus un délit en France quand on regarde la télévision ou que l’on écoute la radio. De temps en temps, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) distribue des amendes, mais aujourd’hui il y a énormément de journalistes et d’intellectuels qui ont été condamnés pour racisme et qui restent dans les médias », s’insurge-t-il, avant de condamner les propos sur l’assimilation culturelle que tient son ex-ami Éric Zemmour, éditorialiste et chroniqueur sur la chaîne Cnews.
LA CRISE QUE TRAVERSE LA FRANCE EST AVANT TOUT IDENTITAIRE
Une dérive que Claudy Siar explique par le manque de dialogue autour de la notion d’identité nationale qui a animé le débat public sous la présidence de Nicolas Sarkozy. « Je regrette de m’être opposé à ce débat. Car la crise que traverse la France est avant tout identitaire. On a vu dans cette proposition de dialogue la voix des conservateurs. Or, l’identité nationale n’est pas monolithique, elle est diverse. Si on avait tous pris le temps de se parler, on n’aurait peut-être pas un Zemmour qui débite des propos racistes sans projets à la télévision, qui insulte les Africains, les écrase et n’accepte pas leur histoire. »
Pour Claudy Siar, le problème réside moins dans la surmédiatisation du polémiste sur une chaîne détenue par le groupe Bolloré – dont une grande partie du chiffre d’affaires est fait en Afrique – que dans l’absence de Noirs qui devraient s’emparer de ces débats dans les médias.
ON INVITE SEULEMENT LES GENTILS AFRO LORSQU’ILS ONT UN DISCOURS QUI CONVIENT AUX DIRIGEANTS DES CHAÎNES
« J’aime citer Mandela : ‘Si on parle de nous sans nous, c’est en réalité contre nous’, donc il faut être là », martèle-t-il, tout en s’indignant de la disparition de France Ô, chaîne dédiée aux Outre-mer, en août 2020. « On invite seulement les gentils afro lorsqu’ils ont un discours qui convient aux dirigeants des chaînes. Les gens comme moi ne sont pas les bienvenus sur Canal+ par exemple, pourtant j’ai y ai travaillé cinq ans avant l’arrivée de Vincent Bolloré. On ne me reçoit même pas sur les chaînes du groupe en Afrique, à quelques rares exceptions près. Ma posture professionnelle ne plaît pas, on ne sera jamais ennemis pour autant. »
Quid de la radicalisation du discours anti-raciste d’une certaine frange de militants ? À la question, le journaliste est catégorique. Le seul séparatisme qui existe, selon lui, vient des racistes, de ceux qui s’attellent à repousser hors du centre du pouvoir intellectuel, médiatique, économique ou politique les victimes de discriminations.
« Les mêmes qui vous disent que la France est envahie par des Africains ou qui prônent le grand remplacement [théorie d’extrême droite popularisée par l’écrivain Renaud Camus, ndlr]. Il est là le communautarisme, pour moi, estime-t-il. Le jour où l’histoire de l’esclavage et des colonisations seront des histoires moins prégnantes dans notre quotidien, on pourra en parler de manière dépassionnée. »
Un soutien sans filtre à Macron
Pour l’heure, Claudy Siar juge qu’il est urgent de reconnaître la souffrance liée au passé douloureux de la colonisation. Et d’effectuer un travail de mémoire.
Ambitieux, Claudy Siar affiche un soutien sans filtre à Emmanuel Macron et applaudit ses actions menées pour créer des ponts entre la France et l’Afrique, de « la Saison Africa 2020 au discours de Ouagadougou, en passant par la réflexion autour de la restitution des œuvres et le sommet Afrique-France », énumère-t-il.
L’IDÉE N’EST PAS DE CRÉER PLUS D’OPPOSITIONS AU SEIN DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE, MAIS DE PROPOSER QUELQUE CHOSE QUI RELÈVERAIT D’UN HUMANISME RÉEL
Celui qui refuse de faire « rimer politique avec polémique », n’hésite pourtant pas à réagir sur les réseaux sociaux à la moindre escarmouche médiatique liée aux questions raciales. C’est donc sans surprise que Claudy Siar réfléchit à aller plus loin avec – pourquoi pas – la création d’un parti politique.
« L’idée n’est pas de créer plus d’oppositions au sein de la société française, mais de proposer quelque chose qui relèverait d’un humanisme réel. La vie politique française a besoin de cet humanisme-là pour comprendre que la couleur de peau ne doit plus être un facteur de discriminations. » Après la présidentielle de 2022, le militant compte bien annoncer la création officielle de son parti dans l’espoir de « peser dans la société française, au moins avec les idées. »
Entouré de ses proches au Havre, l’ancien Premier ministre a lancé sa propre formation politique, qu’il veut être un « vrai parti » professionnel.
Édouard Philippe vogue vers de nouveaux horizons. Un an et demi après son départ de Matignon, le maire du Havre (Seine-Maritime) a officialisé, samedi 9 octobre, la création d’une nouvelle formation politique, baptisée Horizons. Objectif affiché : « Participer à la constitution d’une nouvelle offre politique », en élargissant à droite la base électorale d’Emmanuel Macron.
Car si l’ancien membre des Républicains estime venu le temps d’avoir une formation politique taillée à sa mesure, il assure ne pas vouloir faire d’ombre au président de la République. « La ligne claire est le soutien au président de la République » pour que « les cinq années qui viennent soient des années utiles », a-t-il ajouté. Car « très clairement, mon objectif en 2022 est que le président de la République Emmanuel Macron soit réélu », a-t-il lancé, alors que certains le soupçonnent de vouloir faire cavalier seul.
« Avec Horizons, nous allons définir une stratégie pour la France, c’est une aventure collective », a-t-il déclaré dans sa ville du Havre, en expliquant que le nom avait été choisi « parce qu’il faut voir loin ». « Son positionnement, c’est devant, avec une logique de partenariat, de rassemblement, autorisant la double appartenance », et « la ligne est de préférer la sérénité à la fébrilité », a ajouté l’ancien Premier ministre.
Une clef de voûte pour la majorité ?
La réélection d’Emmanuel Macron « passera par un élargissement de sa base électorale » et « l’objectif est de créer un vrai parti, avec des statuts qui seront déposés lundi, une charte des valeurs », a-t-il affirmé, expliquant que les maires y auraient une place particulière avec une « assemblée » qui élira le vice-président.
Alors que la macronie essaie de structurer une « maison commune », il a assuré que « si c’est une bannière, nous serons derrière ». « C’est un combat démocratique, au long cours, mais essentiel, que nous engageons […] Nous manquons d’une stratégie à l’horizon 2050 […] je veux avec vous la bâtir », a-t-il ajouté devant une salle comble – les organisateurs revendiquaient 3 000 participants.
Face aux « quatre transformations extrêmement massives et signifiantes », démographique, environnemental, géopolitique et technologique, que le pays doit affronter, « il faut préparer une stratégie », a-t-il lancé, plaidant pour « la constance » et « la cohérence ».
Les patrons des trois groupes parlementaires de la majorité à l’Assemblée, Christophe Castaner (LREM), Olivier Becht (Agir) et Patrick Mignola (MoDem), avaient fait le déplacement, ainsi que 160 maires, 600 élus locaux (dont les maires de Fontainebleau Frédéric Valletoux, et de Reims Arnaud Robinet) et une soixantaine de parlementaires, dont Marie Lebec, Pierre-Yves Bournazel, Naïma Moutchou ou Marie Guévenoux.
Au cours de son discours de presque deux heures, émaillé de références à Nicolas Sarkozy, Valéry Giscard d’Estaing et Alexandre Dumas, Édouard Philippe a évoqué « quatre transformations extrêmement massives et signifiantes » que devra affronter le pays – démographique, environnemental, géopolitique et technologique – et défendu « la constance » et « la cohérence » pour y répondre.
Recomposition
Il a également appelé à « remettre de l’ordre dans nos comptes et dans nos rues », et a longuement défendu son idée de porter « probablement » à « 65, 66, 67 ans » l’âge de départ à la retraite. Autant de clins d’œil à droite, que l’ex-LR est soupçonné dans son ancienne famille de vouloir siphonner à l’approche de 2022, en profitant des hésitations sur le nom du candidat ou de l’attrait que pourrait exercer Éric Zemmour sur les plus droitiers.
« La poutre travaille, et croyez-moi, elle n’a pas fini de travailler », a affirmé Édouard Philippe, en allusion à une recomposition politique qui reste « évidemment en cours ». À son arrivée au Havre, Olivier Becht avait déjà assuré, en évoquant les adhérents « chez LR et à l’UDI qui partagent nos valeurs », que « si Édouard Philippe arrive à ramener ces gens dans la maison commune, c’est autant de points positifs pour élargir la majorité et faire en sorte qu’Emmanuel Macron soit réélu en 2022 ».
Le nouveau parti permettra de constituer « une formidable attaque, mais pas seulement pour l’élection présidentielle », avait abondé Patrick Mignola. Les statuts du parti seront déposés lundi, et il sera doté d’une charte de 20 principes défendant notamment « la poursuite de la transformation du pays », « l’ordre », « la justice sociale » et « le projet européen ». Il s’agit aussi de combattre « les extrêmes de tous bords », « les ennemis de la laïcité », « les partisans de la décroissance » ainsi que « les naïfs et les populistes de l’immigration ».Sponsorisé
Assoa Adou, Sébastien Dano Djédjé… Tous les cadres historiques du FPI figurent dans l’équipe chargée de préparer le congrès du futur parti de Laurent Gbagbo. L’ancienne Première dame ne se voit confier qu’un rôle secondaire.
Plusieurs figures des « GOR » (les « Gbagbo ou rien », ses partisans qui lui sont restés fidèles malgré la scission avec le FPI de Pascal Affi N’Guessan) composent le « comité de coordination ». On y retrouve ainsi Assoa Adou, principal responsable du FPI pro-Gbagbo durant l’absence de l’ancien président, Hubert Oulaye, ancien ministre et président du groupe parlementaire Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS) à l’Assemblée nationale, ou encore Sébastien Dano Djédjé, ex-ministre de la Réconciliation nationale – lequel est aussi nommé président du futur congrès constitutif. Jean-Baptiste Gnahoré, ex-président du conseil régional de Gagnoa, et Emmanuel Ackah, ancien directeur de cabinet de Gbagbo, complètent ce comité de coordination.
Simone Gbagbo reste « une personnalité éminente »
La commission chargée de l’élaboration du manifeste du futur parti sera présidée par Laurent Akoun, vieux compagnon de route du « Woody de Mama ». Celle chargée de son règlement et de proposer un nom et un sigle sera, elle, dirigée par André Kouassi Kouakou. La vingtaine de personnes qui composent chacune de ces deux commissions sont convoquées dès demain à 10h au domicile abidjanais d’Abou Drahamane Sangaré, ancien secrétaire général du FPI décédé en 2018, pour une première séance de travail. Parmi elles, de nombreux membres de la garde rapprochée de Gbagbo, comme Justin Koné Katinan, Damana Pickass, Emmanuel Monnet, Habiba Touré, Georges-Armand Ouégnin, Émile Guiriéoulou…
Enfin, des dizaines de responsables plus ou moins en vue du FPI pro-Gbagbo complètent le « groupe de réflexion élargi » sur le futur parti. Dans la liste ressort notamment le nom de Simone Ehivet Gbagbo, l’ancienne Première dame. Depuis son retour à Abidjan, le 17 juin, l’ancien chef de l’État a rompu au sens propre comme au figuré avec son ex-femme, dont il a officiellement demandé le divorce.
« Elle n’en reste pas moins une éminente personnalité du FPI. Je ne vois pas pourquoi elle ne ferait pas partie de la future équipe, comme tous les autres hauts responsables du parti », glissait un intime de Gbagbo il y a quelques jours. Alors que des rumeurs font part de sa tentation de créer son propre mouvement politique, Simone Gbagbo n’a pas encore publiquement réagi à sa nomination.
La participation du ministre Muabilu à la cérémonie de prestation de serment des trois nouveaux juges constitutionnels nommés par le président Tshisekedi lui a valu une suspension à titre préventif décidée par la Conférence des présidents de l’Alliance pour l’avenir (AA/a), regroupement politique affilié au FCC dont il est membre.
Le ministre Pius Muabilu
Pour avoir pris part à la cérémonie de prestation de serment des trois nouveaux juges constitutionnels nommés par le président Félix-Antoine Tshisekedi en faisant fi du mot d’ordre de boycott lancé par le Front commun pour le Congo (FCC) dont il est membre, le ministre de l’urbanisme et habitat, Pius Muabilu, vient d’être suspendu à titre préventif. Cette décision découle d’une réunion de la Conférence des présidents du regroupement politique AA/a affilié au FCC, laquelle réunion a été élargie aux députés nationaux, aux sénateurs, aux membres du gouvernement central, aux gouvernements provinciaux ainsi qu’aux mandataires proches de ce regroupement politique.
La décision est sans appel. Le ministre Pius Muabilu ainsi que Marie Nyange, présidente intérimaire du regroupement, aperçus à l’hémicycle lors de la cérémonie de prestation de serments de trois juges constitutionnels, « sont suspendus de toute activité du regroupement politique AA/a et, par conséquent, ne peuvent plus engager le regroupement AA/a à dater de ce jour », peut-on lire dans la déclaration publiée le 26 octobre. En attendant l’issue de l’action disciplinaire ouverte à leur encontre via l’institution d’une commission disciplinaire chargée de statuer sur leurs cas, les deux personnalités incriminées sont astreintes à se plier à ces restrictions au risque de corser leur sanction.
En attendant, la Conférence des présidents du regroupement politique AA/a désigné Joseph Kokonyangi comme président a.i et Geneviève Inagosi comme membre de la Conférence des présidents du FCC. Ces deux cadres ont reçu de la Conférence des présidents le mandat de représenter le regroupement politique dans les différents organes du FCC et vis-à-vis des tiers. Toutefois, aussi curieux que cela puisse paraître, l’AA/a n’a pas été associée à la réunion que l’autorité morale du FCC, Joseph Kabila, avait convoqué à Kingakati avec les présidents des regroupements politiques membres du FCC.
Entre-temps, les députés du regroupement AA/a ont réitéré leur soutien à Pius Muabilu estimant que ce dernier a posé un acte républicain basé sur une éthique politique en participant à la prestation de serment de trois juges constitutionnels. « Sa présence à cette cérémonie est un acte d’un homme d’Etat que tout le monde devrait copier. Pius Muabilu est lui-même l’autorité morale de notre regroupement AA/a qui regroupe vingt députés », a indiqué le porte-parole du regroupement AA/a, Adubangu Nkoy, qui n’écarte pas l’éventualité de quitter le giron FCC.