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Bénin : après la rencontre entre Patrice Talon et Boni Yayi, une vague de libérations

juin 17, 2022

À peine un jour après la rencontre entre le président béninois et son prédécesseur et opposant, plusieurs personnes poursuivies pour atteinte à la sûreté de l’État ont obtenu une libération provisoire…

Au Bénin, plusieurs personnes détenues pour tentative de déstabilisation ont été libérées le 15 juin. © Damien Glez

On croyait les coups d’État désuets en Afrique mais voici revenue à la mode toute la gamme, du putsch « salutaire » au complot imaginaire ou présumé. L’ancien quartier latin de l’Afrique de l’Ouest n’échappe pas à cet ingrédient politique du présumé projet de coup d’État. Et si l’issue judiciaire d’une délicate affaire n’est pas formellement compromise, la politique vient manifestement de mettre son grain de sel dans la procédure de justice.

Rencontre au sommet

C’est en février 2020 que 17 personnes, notamment des militaires et un membre du parti de l’homme d’affaires Sébastien Adjavon, étaient placés sous mandat d’arrêt pour « complot contre la sûreté de l’État, association de malfaiteurs, défaut de signaler un crime et complicité ». Ce 13 juin, alors que le dossier était toujours en instruction, le président Patrice Talon rencontrait son prédécesseur et opposant Thomas Boni Yayi, au palais de la Marina, pour aborder des sujets « relatifs à la consolidation de la paix » politique. Cet entretien faisait suite à un autre, en septembre, au cours duquel Boni Yayi avait glissé à son successeur une petite liste de détenus dont il souhaitait ardemment la libération.

Marchandage ? Le lendemain de la deuxième rencontre, le 14 juin, à la demande du procureur spécial de la controversée Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), la juge des libertés et de la détention signait l’ordre de « mise en libération provisoire » de 17 détenus, sans pour autant classer l’affaire… La politique a-t-elle ses raisons que la justice ignore ? Saura-t-on un jour si ce dossier reposait sur un véritable complot ou sur des dénonciations calomnieuses ? Nombre d’acteurs comme l’Église ou la société civile considèrent que la décrispation est une priorité. La politique béninoise semble effectivement grippée depuis les législatives non inclusives de 2019.

Mais le dégel politique peut avoir des limites. Et les observateurs de rappeler, dès l’annonce des 17 libérations, que les opposants Reckya Madougou et Joël Aivo restent sous les verrous. En décembre dernier, à Porto-Novo, la première, ancienne garde des Sceaux, écopait de 20 ans de prison pour « complicité d’actes terroristes » devant la Criet. Quelques jours plus tôt, le second, constitutionnaliste, était condamné à dix ans de prison pour « blanchiment de capitaux et complot contre l’autorité de l’État ». Les deux encellulés doivent-ils se considérer comme les oubliés de la décrispation politique ou comme d’ultimes atouts dans la manche des autorités ?

Damien Glez

Avec Jeune Afrique par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Bénin : Reckya Madougou condamnée à 20 ans de prison

décembre 11, 2021
Reckya Madougou, à Paris, en juin 2015. © Vincent Fournier/JA

L’opposante à Patrice Talon, reconnue coupable de « financement du terrorisme », a été condamnée à 20 ans de prison. Elle dénonce un procès politique et un « virage autocratique ».

Vingt ans de prison ferme. Le verdict est tombé au petit matin, ce samedi 11 décembre, au terme de l’audience qui s’était ouverte la veille. Reckya Madougou, ancienne ministre de la Justice de Thomas Boni Yayi, qui avait vu sa candidature à la présidentielle d’avril dernier écartée faute de parrainages, a été reconnue coupable de « financement du terrorisme ».

Les juges de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), qui ont suivi les réquisitions du procureur spécial, Mario Metonou, l’ont en outre condamnée à une amende de 50 millions de francs CFA. « Cette cour a délibérément décidé de clouer au pilori une innocente, avait-elle déclaré avant que le verdict ne tombe. Je n’ai jamais été et je ne serai jamais une terroriste. »

Trois des coaccusés de l’ancienne garde des sceaux – Bio Dramane Tidjani, Sacca Zimé Georges et Mama Touré Ibrahim – ont écopé de la même peine. Le policier Mohamed Gbassiré Mora, poursuivi pour « abus de fonction », a pour sa part été condamné à cinq ans de prison et à une amende de deux millions de francs CFA. Un quatrième prévenu a été acquitté au bénéfice du doute.

Une cible « mal choisie » ?

Devant les juges de la juridiction spéciale, l’ancienne ministre de Thomas Boni Yayi, incarcérée depuis le 5 mars, s’est employée à nier en bloc les arguments de l’accusation. Reckya Madougou est accusée d’avoir financé un projet d’assassinat de deux personnalités politiques proches du pouvoir, dans le but de perturber l’élection présidentielle d’avril dernier.

LA PREMIÈRE PERSONNE À RIGOLER DE CETTE AFFAIRE EST CHARLES TOKO

Première personnalité ciblée par ce « plan », selon l’accusation : Charles Toko, ancien maire de la ville de Parakou. Réputé proche de Patrice Talon, il est aussi à la tête du groupe de presse Le Matinal. Niant avoir voulu attenter à sa vie, Reckya Madougou a affirmé qu’elle avait au contraire de bonnes relations avec lui, malgré les divergences politiques.

« La première personne à rigoler de cette affaire est Charles Toko, a-t-elle déclaré à la barre. Charles Toko a été mal choisi dans cette affaire. C’est l’une des personnalités dont je suis la plus proche dans le régime de la rupture. » Assurant qu’elle échangeait avec lui le jour de son arrestation, Reckya Madougou a ajouté que l’ancien maire de Parakou la « taquinait même sur (sa) candidature ».

Autre cible supposée de l’opération de déstabilisation que Reckya Madougou est accusée d’avoir financé : Rachidi Gbadamassi.

L’opposante a cependant assuré qu’un tel projet aurait été « contraire à ses intérêts ». Elle affirme en effet lui avoir remis 70 millions des francs CFA, dans le but que ce député du Bloc républicain, l’un des deux principaux partis de la majorité présidentielle, lui apporte son soutien. À en croire la défense, le député aurait changé d’avis in extremis. « J’ai besoin de Gbadamassi vivant pour qu’il me rembourse », a lâché Madougou à la barre.

Interrogée sur les 15 millions de francs CFA remis à son conseiller politique, Georges Saka, que l’accusation considère comme une preuve de sa volonté de financer une opération de déstabilisation, les fonds devaient servir « à l’organisation de la campagne électorale », a balayé l’accusée.

Un ancien colonel « troublé »

Le seul prévenu qui aura, au cours de l’audience devant la Criet, reconnu l’existence d’un projet d’assassinat de personnalités politiques est Ibrahim Mama Touré, un ancien colonel de l’armée. Il affirme notamment avoir reçu de l’argent de la part de Georges Saka, en vue d’assassiner une personnalité politique de premier plan. Mais il aurait finalement « pris peur » en découvrant que Charles Toko était l’une des cibles.

À la barre, l’ancien colonel est aussi revenu sur plusieurs de ses déclarations lors de l’instruction. Au procureur, qui lui demandait pourquoi il a, dans une de ses premières versions, affirmé que l’argent devait servir à acheter des armes au Togo, l’ancien militaire a peiné à répondre, assurant qu’il s’agissait alors de faire croire au commanditaire que l’assassinat était possible. Lors de l’instruction, il avait également affirmé avoir été en contact avec Reckya Madougou, avant de revenir sur ses déclarations, assurant avoir été « troublé » par le juge lors de l’audition.

Des « incohérences » et « contradictions » que n’ont pas manqué de relever les avocats de la défense. « Toutes les réquisitions du ministère public ne reposent que sur les déclarations d’Ibrahim Mama Touré. Si l’on retire ces déclarations, Reckya Madougou, Georges Saka et les autres n’ont plus rien à faire dans ce dossier », a notamment plaidé Me Nadine Dossou Sakponou, l’une des avocates de Madougou.

Tribune politique

L’avocat français Me Antoine Vey, qui avait fait le déplacement à Cotonou pour l’audience, a pour sa part claqué la porte de la salle d’audience après avoir demandé l’annulation pure et simple du procès. « Cette procédure n’est qu’un coup politique. Avant même son arrestation, tout a été orchestré », a estimé l’avocat.

« Tout le monde aura compris que dans ce procès, l’on a protégé des collaborateurs, alliés politiques, mais cloué au pilori l’innocente que je suis », a lancé l’opposante, qui a fait du prétoire une tribune politique contre ce qu’elle a qualifié de « virage autocratique ». « Je m’offre pour la démocratie, a-t-elle lancé. Si mon sacrifice peut permettre à la justice de retrouver son indépendance, alors je n’aurais pas souffert inutilement de cette terreur ».

Cette condamnation intervient quelques jours seulement après celle qui a frappé Joël Aïvo, autre opposant condamné par la même Criet à dix ans de prison pour blanchiment de capitaux et complot contre l’autorité de l’État.

Avec Jeune Afrique par Maurice Thantan

Bénin/Patrice Talon : quel agenda pour son deuxième mandat ?

avril 20, 2021
Le président béninois Patrice Talon à Cotonou le 9 septembre 2020.

Alors qu’il entame son deuxième quinquennat, le président béninois doit poursuivre ses efforts en faveur du développement et trouver, sur un plan politique, un juste équilibre entre rigueur et compassion.

Le 3 février 2016, à l’aube d’une campagne électorale qui devait porter Patrice Talon au pouvoir, Jeune Afrique publiait mes propositions sur ce qu’il fallait attendre du futur élu ; les actions prioritaires qu’il me semblait indispensable de conduire pour redresser la barre d’un Bénin où tout était urgent.

J’avais mis l’accent, entre autres, sur la mécanisation et la diversification des cultures agricoles pour accroître la production et les revenus des producteurs ; l’emploi des jeunes à travers la promotion des filières de formation professionnelle et technique ; l’accélération des investissements publics et privés dans les grands travaux ; la production et la distribution à bas coût d’énergie pour accélérer l’industrialisation du pays ; l’amélioration de la couverture sanitaire ; l’exploitation d’une véritable économie numérique.

Au-delà de ces politiques publiques prioritaires, j’avais également indiqué les changements structurels indispensables pour porter le renouveau espéré. Il s’agissait ainsi de réformer l’administration en bannissant toute forme de gaspillage et en privilégiant la culture de l’excellence, du mérite et de la transparence ; réduire la part de l’informel dans l’économie afin d’accroître les ressources de l’État et de mieux assurer la « sécurité humaine » de chaque citoyen ; mettre en place un mécanisme de financement public des partis politiques, assorti d’obligations, afin de mettre un terme à la « clochardisation » des partis, si préjudiciable à la vitalité démocratique.

Donner des gages d’ouverture

Le curseur a bougé sur chacune de ces propositions. Des évolutions notables ont été enregistrées. Le président Patrice Talon a eu l’occasion de présenter son bilan aux Béninois, qui lui ont renouvelé leur confiance. Il sied à présent de définir les priorités de son deuxième quinquennat.

D’emblée, le Bénin de 2021 n’est plus celui de 2016. Le monde a bien changé depuis, et le Bénin avec ! Avec quelques autres États, le pays fait exception avec une croissance économique positive en contexte pandémique. Pour autant, l’herbe n’y est pas verte pour tous ! Au moment où les Béninois entrent dans l’ère Talon II, le confort passe nécessairement par la recherche de l’équilibre. L’équilibre entre rigueur et compassion. Entre démocratie et développement.

LES VOIX DISSONANTES DOIVENT CONTINUER DE S’EXPRIMER ET LES ESPRITS LIBRES AVOIR DROIT DE CITÉ.

Car, comme chacun sait, un relatif sentiment de peur plane sur le pays. Or, la jouissance des libertés avec un sens de la responsabilité et du discernement est indispensable au développement de la créativité. L’un des défis sera donc de libérer les énergies, de donner des signes et des gages d’ouverture pour que les voix dissonantes continuent de s’exprimer et que les esprits libres aient toujours droit de cité.

Jeunesse et contre-pouvoirs

Par ailleurs, la durabilité des réformes politiques, économiques et institutionnelles ne pourra être garantie que par le renforcement des compétences de l’administration et par l’indépendance des contre-pouvoirs, de sorte que les progrès accomplis transcendent les personnes et le régime. Il sera alors indispensable d’améliorer le rendement des services publics et, donc, la productivité des fonctionnaires.

Et il importe surtout de consolider et de faciliter la mise en œuvre des prérogatives des contre-pouvoirs, en particulier celles du Parlement et de la justice. Ce faisant, le président Talon pourra alors inscrire son action dans la postérité, au-delà du style qu’il imprime actuellement à l’action publique. De sorte qu’au terme de son deuxième et dernier mandat, les Béninois, dans une plus grande majorité comprennent, adhèrent, soutiennent et contribuent davantage à la société de devoirs et non pas seulement de droits qu’il promeut.

Pour y parvenir, l’accent devrait être davantage mis sur l’emploi d’une jeunesse qui doute et à laquelle le développement d’une agriculture mécanisée, d’industries viables et l’éclosion de l’écosystème numérique pourra offrir de belles perspectives d’avenir si elle y est préparée dès à présent. Outre les salariés des secteurs publics et privés, les entrepreneurs pourront ainsi s’enrichir davantage pour qu’à l’horizon 2026, plusieurs multimilliardaires nationaux – idéalement éloignées des cercles du pouvoir – revendiquent leurs succès grâce aux opportunités induites par les réformes de l’ère Talon.

Le développement du capital humain reste également une priorité avec des investissements attendus dans la santé et l’éducation destinés à améliorer l’Indice de développement humain (IDH) qui n’est qu’à 0.545 en 2019. Ce qui place le pays à la peu satisfaisante 158e position sur 189 pays et territoires.

Pas à l’abri de tumultes

Dans un contexte régional troublé par l’incapacité des États à contenir les menaces attentatoires à la paix et à la sécurité, le Bénin n’est pas à l’abri des tumultes. Malgré les réformes opérées et les investissements consentis dans les secteurs de la défense et de la sécurité durant le premier quinquennat, les besoins sont loin d’être couverts.

COTONOU DEVRA RÉINVENTER SA PRÉSENCE AU MONDE ET ACCROÎTRE SON LEADERSHIP RÉGIONAL

Le pays devrait enfin se doter d’une loi de programmation militaire et de la sécurité intérieure en faisant progresser la part du budget général de l’État consacré à ce secteur. En 2020, l’État béninois a prévu 41 milliards pour sa défense nationale et 54 pour sa sécurité intérieure. Cela correspond à moins de 5 % des 2167 milliards de F CFA du budget général de l’État et en fait l’un des plus faibles ratios de la région.

Enfin, Cotonou devra réinventer sa présence au monde et accroître son leadership régional en déployant une diplomatie plus ambitieuse pour révéler le Bénin nouveau. Celui incarné par la vision Alafia 2025 : « … Pays-phare, […] bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social ». Ainsi, en dépit de quelques anicroches, toutes les composantes de l’Etat convergeront vers la félicité, au panthéon syncrétique du vodun, du christianisme et de l’islam pratiqués en osmose dans un Bénin qui devra progresser en restant ancré dans ses valeurs de démocratie, de dialogue, de tolérance, de justice et de travail !

Par  Oswald Padonou

Docteur en sciences politiques. Enseignant et chercheur en relations internationales et études de sécurité

60 ans d’indépendance du Bénin : une célébration modeste en raison du Covid-19

août 1, 2020

Patrice Talon lors d'un dépôt de gerbe au monument aux morts à Xwlacodji, le 1er août pour les 60 ans d'indépendance du Bénin.

Patrice Talon lors d’un dépôt de gerbe au monument aux morts à Xwlacodji, le 1er août pour les 60 ans d’indépendance du Bénin. © DR / Présidence du Bénin 

Le Bénin a célébré samedi le soixantième anniversaire de son accession à l’indépendance sans les traditionnelles festivités. Le défilé des forces de sécurité et de défense a notamment été annulé.

C’est une première, qui n’a cependant pas suscité de réactions ni de protestations dans le pays, qui recense 1770 cas confirmés et 35 décès, selon les chiffres en date du 24 juillet.

Le gouvernement béninois avait annoncé qu’il n’y aurait aucune festivité et a annulé le traditionnel défilé des forces de sécurité et de défense, considéré comme la plus grande attraction de cette commémoration depuis 60 ans.

Une dizaine de minutes de cérémonies

Le président Patrice Talon a néanmoins procédé à une cérémonie de dépôt de gerbe sur la place du monument aux morts, après y avoir allumé la « flamme de l’espoir ».

Il a ensuite pris part à une modeste cérémonie de prise d’armes et de revue des troupes devant un léger détachement de la police républicaine, de l’armée de l’air, des forces navales, et de l’armée de l’air et de la Garde nationale, une composante nouvellement créé au sein de l’armée.

Les deux cérémonies n’ont duré qu’une dizaine de minutes.

#FierDetreBeninois

Sur les réseaux sociaux, les comptes des principales institutions du pays, dont la présidence et le gouvernement, ont lancé deux hashtags – #FiereDetreBeninoise et #FierDetreBeninois – qui ont été repris par de nombreux internautes.

La veille, le chef de l’Etat béninois avait adressé son traditionnel message à la nation diffusé à la télévision et sur les réseaux sociaux.

Crise sanitaire et économique

« La célébration de cette fête nationale intervient dans un contexte tout particulier, marqué par la pandémie de Covid-19. C’est la plus grave crise sanitaire de notre temps. Elle se double d’une crise économique tout aussi préoccupante », a indiqué Patrice Talon.

Le président béninois a par ailleurs affirmé avoir mis en oeuvre « une politique de riposte courageuse, avec des moyens financiers importants », en vue de « prévenir la propagation de la pandémie et d’assurer la prise en charge efficace des personnes affectées»

Vendredi, le gouvernement a notamment annoncé son intention de soutenir les exploitations agricoles et les petites et moyennes entreprises grâce à un plan financier de 100 milliards de francs CFA (Plus de 152 millions d’euros).

 Par Jeune Afrique avec AFP

Bénin : Patrice Talon renonce à la réforme de la Constitution

avril 10, 2017

Le président béninois Patrice Talon reçu à l’Elysée le 26 avril 2016. © Michel Euler/AP/SIPA

Dans un entretien retransmis à la télévision, le président béninois a déclaré samedi qu’il abandonnait son projet de révision de la Constitution après le refus du Parlement d’examiner le projet en question. C’était pourtant l’un des engagements phares de sa campagne,

« Ce projet de révision que j’ai porté avec tant de ferveur, tant de foi […] c’est terminé, c’est derrière moi », a déclaré le président béninois Patrice Talon, dans un entretien accordé dans le cadre de l’émission À bâtons rompus, et diffusé notamment sur la chaîne de télévision nationale ORTB, samedi 8 avril.

Le chef de l’État a exclu l’option de soumettre le projet de réforme constitutionnelle au référendum, après le refus du Parlement d’examiner le texte, émis quatre jours plus tôt. Ledit projet devait recueillir les trois quarts des voix de l’Assemblée nationale pour être débattu. « Il faut en prendre acte avec sérénité », a affirmé Patrice Talon, déplorant qu’une minorité de députés − 23 élus − ait rejeté le débat parlementaire.

« Bien que j’éprouve une certaine tristesse [du] fait que le projet n’ait pu être apprécié, analysé, débattu, je n’éprouve aucune amertume. Je m’incline. C’est cela mon rôle car je suis un démocrate. J’appartiens à la Nation, la Nation ne m’appartient pas », a ajouté le chef de l’État, douze mois après son investiture à la plus haute fonction du pays.

Un mandat présidentiel unique

Promesse phare de sa campagne et considérée comme « un préalable pour la bonne gouvernance », la révision de la Constitution prévoyait notamment l’instauration d’un mandat présidentiel unique, d’une durée de six ans.

Cette question « aurait pu être réglée maintenant, par la révision de la Constitution, une fois pour de bon », « cela n’est pas passé », a regretté Patrice Talon qui, par conséquent, compte bien entretenir le suspense. Interrogé sur son éventuelle candidature à un second mandat, le président béninois rétorque : « En 2021,j j’aviserai ».

Déjà fragilisé par plusieurs contestations sociales, le gouvernement béninois était apparu désuni après la démission du ministre de la Défense, Candide Azannaï, le 27 mars. Soutien de la première heure du Patrice Talon, ce proche du chef de l’État avait justifié sa décision par le contexte économique et social tendu.

Jeuneafrique.com par

Réforme constitutionnelle au Bénin: le ministre de la Défense annonce sa démission

mars 27, 2017

Cotonou – Le ministre béninois de la Défense, fort soutien du président Patrice Talon au sein du gouvernement, a annoncé lundi avoir remis sa lettre de démission, créant la surprise dans un contexte politique tendu en raison de la volonté du président de réformer la Constitution.

« Face aux derniers développements de l’actualité politique dans notre pays, j’ai décidé de remettre ma démission du gouvernement », a écrit le ministre Candide Armand-Marie Azannai sur sa page Facebook. Le président Talon a convoqué l’Assemblée en session extraordinaire pour voter un projet de réforme constitutionnelle qui prévoit notamment un mandat présidentiel unique et fait polémique.

La lettre a été présentée au président de la République Patrice Talon, tôt ce lundi, explique le ministre: « J’ai prié Monsieur Patrice Talon (…) d’accepter ladite démission », écrit M. Azannai.

Ancien député, Candide Armand-Marie Azannai avait été également ministre sous l’ancien président de la République du Bénin Boni Yayi avant de se rallier à l’opposition contre celui-ci, soutenant la candidature de l’actuel chef de l’Etat, Patrice Talon au pouvoir depuis le 6 avril 2016.

Le nouveau projet de Constitution -l’un des arguments de campagne de Patrice Talon- prévoit notamment une discrimination positive en faveur des femmes dans le monde politique, un financement public des partis, mais également la mise en place d’un mandat présidentiel unique, actuellement de six ans, une mesure historique sur le continent africain et qui suscite la controverse.

En tout, sur 160 articles de la Constitution du 11 décembre 1990, 43 sont modifiés.

Le président Talon avait convoqué le Parlement dès vendredi en session extraordinaire pour voter cette nouvelle réforme, certain de pouvoir faire valoir de sa forte popularité à l’Assemblée moins d’un an après son élection.

Toute modification de la Constitution doit être approuvée soit par referendum, soit par un vote des 4/5e de l’Assemblée.

Pourtant, les 83 députés béninois – qui ont adopté le budget 2017 à l’unanimité – ont rejeté le caractère urgent du vote, lors d’une première convocation vendredi dernier. Un premier revers pour M. Talon: l’examen du texte se fera selon la procédure plénière normale.

Le fait de ne pas soumettre la réforme au vote par référendum, l’opacité des textes, mais aussi l’idée d’un mandat présidentiel unique font débat au sein du pays.

Si les partisans du mandat unique y voient le moyen de ne pas être soumis à la pression des électeurs pendant son mandat, et donc de ne pas recommencer une campagne dès son élection, d’autres estiment que le risque est que « le chef de l’Etat n’aura de comptes à rendre à personne », selon un député de l’opposition.

Lundi, l’Union nationale des Magistrats du Bénin (UNAMAB) a organisé une manifestation pour exiger le retrait du projet, qui « porte atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire », selon son président Michel Adjaka.

Les magistrats dénoncent notamment une clause du texte qui permet à des représentants du gouvernement de siéger au sein du Conseil supérieur de la magistrature.

Avant cette marche de protestation, d’autres organisations et mouvements, de même que des acteurs de la société civile et des universitaires avaient invité les parlementaires à rejeter ce projet du gouvernement.

Romandie.com avec(©AFP / 27 mars 2017 17h02)                   

Benin : Mention Très Honorable au président Patrice Talon

août 30, 2016

Le Chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, a annoncé la suppression du visa d’entrée au Bénin pour tous les Africains affirmant s’inspirer de l’expérience du Rwanda en la matière et promouvoir le tourisme africain et la coopération Sud-Sud.

« M’inspirant de l’expérience du Rwanda, j’ai décidé que le Bénin n’exigera plus de visa aux Africains. La coopération Sud-Sud peut avoir un vrai sens. Mon espoir est que la coopération entre le Rwanda et le Bénin peut servir d’exemple », rapporte le compte twitter officiel de la présidence rwandaise citant le président Patrice Talon.

En mars 2016, les deux pays avaient signé un accord de coopération aérienne établissant la compagnie rwandaise, RwandAir, qui doit rallier à partir du 2 septembre prochain, Cotonou et Kigali via Libreville.

Cette mesure qui va connaître son application, très bientôt, a été prise au cours de la visite officielle de deux jours que le président béninois effectue, depuis lundi, au Rwanda, à l’invitation de son homologue et frère, Paul Kagame (notre photo).

Notons que Patrice Talon ne s’économise pas depuis qu’il est à la tête de l’Etat où il s’est astreint un seul et unique mandat (de cinq ans), causant, parfois le courroux de ses partisans qui n’ont pas la même vision de la chose publique que lui.

Afriqueeducation.com

Bénin-France: Patrice Talon rencontrera François Hollande mardi prochain

avril 23, 2016

Homme d’affaires bien connu, nouvellement, élu président du Bénin, Patrice Talon (sur notre photo, félicité par Lionel Zinsou le jour de son investiture, le 6 avril) a, déjà, mis le turbo en marche. Il n’aura pas beaucoup de temps à passer à La Marina (présidence du Bénin), juste un mandat de 5 ans. Alors que la constitution lui en donne le droit, il refuse de rester président, après ce premier et dernier mandat.

Après une rencontre au Sommet sous l’égide des présidents du Togo, Faure Gnassingbé et de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, en la résidence privée de ce dernier, lundi, 18 avril, à Abidjan, afin que le courant passe, à nouveau, avec son prédécesseur, Yayi Boni, Patrice Talon va mettre le cap sur l’Hexagone en début de semaine prochaine.

Mardi, 26 avril, il rencontrera, à l’Élysée, son homologue français, François Hollande, pour discuter de la coopération entre les deux pays, dans le contexte de son programme d’action intitulé « Le Nouveau Départ ».

Bien que la France soit un pays assez fauché, Patrice Talon expliquera à son interlocuteur, les contours de son programme d’action dans lequel, il envisage de faire de la diplomatie béninoise un véritable instrument de rayonnement et de mobilisation des ressources au service du développement.

La France est le troisième bailleur bilatéral d’aide publique au développement du Bénin après les États-Unis et l’Allemagne. Les axes stratégiques de la coopération entre la France et le Bénin sont définis dans le document-cadre de partenariat (DCP), signé le 29 novembre 2013, à Cotonou.

Ce document, d’un montant prévisionnel de 102 millions d’euros, couvre la période 2014-2016. Il retrace les interventions de la coopération française, mise en œuvre par l’Agence française de développement (AFD), sur trois principaux secteurs : la gouvernance démocratique (24 millions d’euros), le développement durable (entre 51 et 55 millions d’euros), et l’éducation et la formation professionnelle (entre 9 et 11 millions d’euros).

Afriqueeducation.com

Bénin : Patrice Talon s’installe à La Marina après une cérémonie d’investiture inédite

avril 6, 2016

 

Talon fera du Talon à La Marina. Il commence bien : sa gouvernance risque de n’être en rien comparable à ce qu’on a vu chez ses prédécesseurs. Voilà un nouveau chef d’Etat qui s’est fait élire en promettant une rupture totale dans les habitudes, les comportements, les méthodes, les procédures. Et il se l’applique, déjà, à lui-même, cette rupture.

Le mandat unique : alors que la constitution lui donne droit à un mandat de cinq ans renouvelable une fois, le nouveau président va changer cette disposition et imposer un seul et unique mandat de 5 ans, qu’il va s’appliquer à lui-même. Cette décision (inattendue) a laissé bouche bée y compris dans son propre camp politique, mais, il l’assume.

En attendant de le voir à l’œuvre, il a imposé une cérémonie d’investiture parmi les plus sobres de l’histoire de la jeune démocratie béninoise. Pas de chef d’Etat étranger invité. Les Béninois n’ont pas eu droit au ballet de chefs d’Etat étrangers dont la venue fait, souvent, le bonheur des photographes et des cameramen. Plus important : il a exigé qu’il n’y ait pas de diktat dans le choix des tenues vestimentaires des uns et des autres. Chaque invité s’habillait comme bon lui semble et c’était bien ainsi.

Le chef de l’Etat sortant, Yayi Boni, n’a pas assisté à l’investiture de son successeur, au Stade Charles de Gaulle, de Porto-Novo, ce matin. Et pour cause, il avait reçu, tôt dans la matinée, à La Marina, en présence du gouvernement sortant, le président entrant (notre photo). Arrivé vers 8 heures, Patrice Talon a eu droit aux honneurs militaires dus à son (nouveau) rang. Par la suite, les deux hommes d’Etat se sont enfermés, pour un huis clos, en tête à tête, d’un quart d’heure. Ils sont sortis, ensemble, et Yayi Boni l’a raccompagné jusqu’à son véhicule. Avant de se séparer, ils se sont donné l’accolade qui a quand même duré un certain temps. Signe que le tête à tête a quelque peu réchauffé les relations entre les deux anciens amis. On l’espère, beaucoup, pour la suite du processus.

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Bénin : pourquoi Lionel Zinsou a perdu

mars 21, 2016

Affiches de campagne de Patrice Talon et de Lionel Zinsou pour l'élection présidentielle béninoise de 2016.

Affiches de campagne de Patrice Talon et de Lionel Zinsou pour l’élection présidentielle béninoise de 2016. Crédits : PIUS UTOMI EKPEI/AFP
Ses derniers jours de campagne commençaient à bégayer, comme le signe d’une défaite prévisible. Lionel Zinsou a reconnu la victoire de l’homme d’affaires Patrice Talon à l’issue de second tour de la présidentielle béninoise, dimanche 20 mars, avant même l’annonce officielle des premières tendances par la Commission électorale nationale autonome (CENA). Sans attendre les estimations, lundi, du président de la Commission électorale, selon lequel le rival du premier ministre aurait rafflé 65,4 % des suffrages, Lionel Zinsou avait appelé, dans la nuit, celui qui se prépare à succéder au président Thomas Boni Yayi, pour le féliciter et lui « souhaiter bonne chance ».

Le premier ministre n’a pas perdu parce que son projet « Bénin gagnant » n’était pas convaincant. Son programme semblait au contraire plus ambitieux et volontariste que celui de ses concurrents. Son échec s’explique sans doute par deux facteurs : le temps et le président sortant.

Lionel Zinsou, qui se décrivait parfois comme un « Béninois virtuel », est arrivé tard dans la course. Nommé à la surprise générale premier ministre en juin 2015, le Franco-Béninois, ancien patron du fonds d’investissement PAI Partners, n’a pas eu le temps de faire ses preuves et pas non plus celui de se faire connaître.

Machine électorale réputée imbattable

S’imaginant sans doute que son profil d’agrégé d’économie et d’enfant chéri du capitalisme français lui ouvrirait aisément les portes du palais présidentiel à Cotonou, cet homme discret de 61 ans a peut-être péché par orgueil. Or il a dû faire face aux critiques tenaces de l’opinion qui ne voyait en lui qu’un prolongement de la très décriée Françafrique. Lionel Zinsou n’est donc pas resté suffisamment longtemps à son poste pour se défaire de l’image du candidat de la France. Sa campagne a été empoisonnée par des critiques sur sa supposée méconnaissance des réalités du Bénin, ainsi que sur la couleur de sa peau. Ce métis a été mille fois traité de « Blanc », insulte qui n’a cessé de gangrener la presse ou les réseaux sociaux.

Pour accéder à la magistrature suprême, le premier ministre s’est appuyé sur la mouvance au pouvoir, les Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), et deux grandes formations politiques plus ou moins alliées à Boni Yayi. Théoriquement, cette alliance représentait une machine électorale imbattable. Mais ces calculs étaient erronés.

Lionel Zinsou n’a pas réalisé à quel point le contexte dans lequel il a débarqué était marqué par une contestation, voire une détestation, du président Boni Yayi après deux mandats de cinq ans passés à la tête du pays. Malgré quelques avancées comme la mise en place d’un régime d’assurance maladie (RAMU) en décembre 2011, la corruption a atteint des sommets et le sentiment des Béninois est bel et bien d’avoir reculé sous Boni Yayi. Le Front des organisations nationales de lutte contre la corruption (FONAC) n’a eu de cesse de dénoncer la pratique qui consiste pour les responsables politiques à recevoir entre 15 % à 20 % de commission dans l’attribution d’un marché public. Les scandales financiers se sont multipliés. A l’instar de ce détournement de 4 millions d’euros, en mai 2015, sur une enveloppe de 66 millions d’euros d’aide publique néerlandaise au développement. Sous la présidence de Thomas Boni Yayi, le chômage et la pauvreté se sont accrus. En 2006, le pays se situait au 161e rang sur 187 à l’indice de développement humain des Nations unies. En 2014, il avait perdu quatre places.

Plutôt que se démarquer de ce bilan, rejeté par tous et dont il n’était comptable que de quelques mois, le premier ministre l’a pleinement assumé pendant sa campagne présidentielle. Il a sans cesse rendu hommage à « l’action du président ». Il a si bien assumé l’héritage de Boni Yayi qu’il n’a pas hésité dans l’entre-deux-tours à s’afficher aux côtés de deux personnages perçus comme des symboles du système de prévarication ayant cours dans le pays, le député Barthélémy Kassa et le ministre Komi Koutché.

Paradoxalement, alors qu’il n’a pas pris de distance avec ces figures controversées, Lionel Zinsou a voulu rester « propre », c’est-à-dire ne pas participer à un système, au Bénin, qui veut que les ralliements et les voix se conquièrent à coups de cadeaux et d’espèces sonnantes et trébuchantes. Ses principaux adversaires sont soupçonnés d’avoir procédé de la sorte et avaient sans doute pour cela des moyens bien supérieurs aux siens. Lui a toujours estimé que sa réputation d’homme intègre et d’intellectuel de haut vol suffirait à convaincre les jeunes des quartiers populaires frappés par la précarité de lui accorder leur suffrage.

Trop courtois, trop fidèle

Autre erreur, et non des moindres. Lors du face-à-face télévisé d’avant le second tour, jeudi 17 mars, il est demeuré courtois face à un Patrice Talon pugnace et provocateur, sans jamais le renvoyer à sa part de responsabilité dans la situation du Bénin. Patrice Talon a fait fortune dans la filière du coton grâce à sa proximité avec les cercles politiques, depuis le vent de libéralisation amorcé en 1991 par l’ancien président Nicéphore Soglo. L’homme d’affaires a si bien côtoyé les politiques qu’il en a financé la plupart des campagnes électorales, y compris les deux victorieuses de Boni Yayi, son ancien allié et aujourd’hui ennemi juré, en 2006 et en 2011. Ce débat télévisé, pour Lionel Zinsou, était d’ailleurs l’ultime occasion de se distinguer de Boni Yayi. Il s’est au contraire monté d’une loyauté sans faille.

« Cette présidentielle était un référendum contre Boni Yayi et non une réelle adhésion à Patrice Talon. Les Béninois n’ont pas voulu de ce qui apparaissait comme un troisième mandat déguisé de M. Boni Yayi », affirme Shegun Bakary, conseiller économique d’Abdoulaye Bio Tchané, le quatrième homme du scrutin, ancien directeur Afrique du Fonds monétaire international (FMI) qui s’est rallié à Patrice Talon dès le lendemain du premier tour.

Abdoulaye Bio Tchané, d’ailleurs, a été traité de « sauvage » et de « malpoli » par Thomas Boni Yayi avant le premier tour parce que l’ex-directeur Afrique du FMI avait organisé un meeting le même jour dans la même ville de Djougou que le président. « Dieu va nous sauver », a martelé le président lors d’un meeting la veille du second tour dans son fief de Parakou (nord), sans réaliser que de battre campagne pour Lionel Zinsou allait lui faire perdre des voix.