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Burkina : Paul-Henri Sandaogo Damiba en exil au Togo

octobre 3, 2022

Le gouvernement togolais a confirmé, lundi 3 octobre, qu’il avait accueilli le chef de la junte burkinabè pour préserver « la paix ». Damiba a été contraint à la démission hier matin, après le coup de force du capitaine Traoré et de ses hommes.

Le lieutenant-colonel de Paul-Henri Sandaogo Damiba à sa cérémonie d’investiture en tant que président de la transition, à Ouagadougou, le 2 mars 2022 © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba se trouve au Togo dans l’esprit de l’engagement du pays « à la paix dans la sous-région », a déclaré ce lundi 3 octobre le ministre togolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Akodah Ayewouadan. « Le Togo, comme la Cedeao, salue le fait que l’esprit de paix l’ait emporté », a-t-il ajouté. L’accueil de « Paul-Henri Damiba fait partie de cet esprit ».

Après 48 heures de confusion et de tractation, le président de la transition burkinabè a finalement accepté de démissionner hier matin. Lors de la médiation menée par les chefs religieux et traditionnels, les corps de l’armée s’étaient finalement rangés du côté d’Ibrahim Traoré et de ses hommes, qui ont pris la tête du putsch.

Médiation

Depuis que les premiers coups de feu ont retenti le 30 septembre au matin, le lieutenant-colonel Damiba, lui-même arrivé au pouvoir par un coup d’État en janvier dernier, était demeuré invisible. Il ne s’était pas rendu sur les lieux où se déroulaient les négociations.

Samedi 1er octobre, à la RTB, Ibrahim Traoré avait affirmé que Damiba s’était réfugié à une trentaine de kilomètres de la capitale, « au sein de la base française de Kamboinsin ». Et d’ajouter : « Il est en mesure de planifier une contre-offensive afin de semer le trouble au sein de nos forces de défense et de sécurité. » Des allégations vivement démenties par la France. En effet, selon nos informations, Damiba se trouvait alors toujours à Ouagadougou, mais ces déclarations avaient suscité des manifestations demandant le départ du président de la transition.

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a salué les différentes parties burkinabè pour « avoir accepté un règlement pacifique de leurs différends », et annoncé l’envoi d’une délégation à Ouagadougou dès ce lundi 3 octobre.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Burkina: Damiba, chef de la junte, démissionne après deux jours de tensions

octobre 2, 2022
Burkina: Damiba, chef de la junte, demissionne apres deux jours de tensions
Burkina: Damiba, chef de la junte, démissionne après deux jours de tensions© AFP/Olympia DE MAISMONT

Le chef de la junte au pouvoir au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui refusait sa destitution annoncée par un jeune capitaine, a finalement accepté de démissionner dimanche après deux jours de tensions marquées par des manifestations antifrançaises.

Son départ était réclamé à Ouagadougou par des centaines de manifestants favorables au capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, qui avait annoncé sa destitution vendredi soir.

A la suite d’une médiation menée entre les deux rivaux par des chefs religieux et communautaires, « le Président Paul-Henri Sandaogo Damiba a proposé lui-même sa démission afin d’éviter des affrontements aux conséquences humaines et matérielles graves », indique un communiqué de ces chefs très influents au Burkina Faso.

Depuis l’annonce vendredi soir par des militaires emmenés par le capitaine Traoré de la destitution de M. Damiba – lui-même arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en janvier -, la tension a été vive au Burkina.

Le putschiste déchu avait clairement fait savoir qu’il n’entendait pas abdiquer, en dépit des manifestations qui lui étaient hostiles.

Il avait appelé samedi les nouveaux putschistes « à revenir à la raison pour éviter une guerre fratricide dont le Burkina Faso n’a pas besoin dans (le) contexte » des violences jihadistes qui minent le pays depuis 2015.

Un communiqué séparé publié dimanche par les militaires pro-Traoré indique que le capitaine « est chargé de l’expédition des affaires courantes jusqu’à la prestation de serment du président du Faso désigné par les forces vives de la nation », à une date non précisée.

Dans un discours prononcé devant une trentaine de secrétaires généraux de ministères, le capitaine Traoré s’est excusé pour les militaires qui « ont troublé Ouagadougou » ces dernières heures.

« Cela est arrivé parce que certaines choses ne fonctionnent pas bien », a-t-il dit, et « il faut aller vite » pour changer cela, car « tout le pays est en situation d’urgence ».

Appel « au calme et à la retenue »

Quelques dizaines de manifestants soutenant Ibrahim Traoré se sont rassemblés dimanche devant l’ambassade de France à Ouagadougou, mettant le feu à des barrières de protection et jetant des pierres à l’intérieur du bâtiment sur le toit duquel étaient positionnés des soldats français, d’autres arrachant des barbelés pour tenter d’escalader le mur d’enceinte du bâtiment diplomatique, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des gaz lacrymogènes ont été tirés depuis l’intérieur de l’ambassade pour disperser les manifestants, a-t-il également constaté.

Dans un communiqué lu par l’un de ses proches à la télévision nationale, le capitaine Traoré, qui se trouvait à ses côtés, a appelé les manifestants à « se départir de tout acte de violence et de vandalisme (…) notamment ceux qui pourraient être perpétrés contre l’ambassade de la France ou la base militaire française » à Ouagadougou. Il a appelé « au calme et à la retenue ».

Samedi en fin d’après-midi, deux institutions françaises avaient déjà été prises pour cibles par des manifestants: un incendie s’était déclaré devant l’ambassade de France et l’Institut français à Ouagadougou, un autre devant l’Institut français à Bobo-Dioulasso.

Des affirmations sur les réseaux sociaux faisant état d’une protection accordée par la France au lieutenant-colonel Damiba, ont contribué à la colère des manifestants pro-Traoré.

Elles ont été formellement démenties tant par Paris que par M. Damiba lui-même.

Quelques heures avant l’annonce de sa destitution vendredi soir, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté à Ouagadougou pour réclamer son départ, mais aussi la fin de la présence militaire française au Sahel, et une coopération militaire avec la Russie.

L’influence de Moscou ne cesse de croître dans plusieurs pays d’Afrique francophone ces dernières années, particulièrement au Mali et en Centrafrique.

Frontières rouvertes

Plusieurs centaines de manifestants, réclamant la reddition définitive de M. Damiba, scandant des slogans antifrançais et brandissant des drapeaux russes, avaient accompagné le cortège du capitaine Traoré à la télévision où il était allé pour l’enregistrement de son communiqué.

« Nous avons décidé de prendre notre destin en main et d’accompagner » le capitaine Traoré qui nous donne « espoir » a affirmé l’un d’eux, Yaya Traoré, mais « si ça ne va pas, nous allons sortir pour encore lui dire de partir. Donc c’est à lui de bien faire ».

Les militaires qui ont pris le pouvoir ont indiqué que le couvre-feu instauré vendredi de 21h00 à 05h00 (locales et GMT) avait été levé et les frontières terrestres rouvertes à compter de ce dimanche.

Le lieutenant-colonel Damiba était arrivé au pouvoir en janvier par un coup d’Etat ayant renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d’inefficacité dans la lutte contre les violences jihadistes.

Mais ces derniers mois, des attaques frappant des dizaines de civils et de soldats se sont multipliées dans le Nord et l’Est du Burkina Faso, où des villes sont désormais soumises à un blocus des jihadistes.

Depuis 2015, les attaques régulières de mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI) ont fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de quelque deux millions de personnes.

Par Le Point avec AFP

Burkina : Ibrahim Traoré proclamé président, Damiba destitué

septembre 30, 2022

Après une journée de confusion émaillée de tirs, le lieutenant-colonel Damiba a été démis de ses fonctions. Le nouvel homme fort du pays est un membre du régiment d’artillerie de Kaya.

Des militaires burkinabè ont annoncé avoir démis lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba de ses fonctions, ce vendredi 30 septembre sur la télévision nationale. © DR/Capture d’écran RTB

Il était environ 20 heures, heure locale, lorsque un militaire en treillis, gilet pare-balles et béret rouge, entouré d’hommes cagoulés et casqués, est apparu à la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). Celui-ci a annoncé qu’Ibrahim Traoré prenait la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), renversant ainsi le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Lui-même avait pris le pouvoir par les armes en janvier 2022. Selon des sources proches, il se porte bien et se trouve au camp Kamboinsin, où sont basées les forces spéciales burkinabè.

Le gouvernement, la charte de transition et l’Assemblée nationale sont dissoutes, a-t-il été annoncé. Les frontières du pays sont désormais fermées et un couvre-feu a été instauré de 21 heures à 5 heures du matin.

Mécontentement

Tôt ce vendredi 30 septembre au matin, des tirs ont retenti dans les points stratégiques de la capitale et des militaires se sont déployés. Les éléments « Cobras » semblaient à la manoeuvres. Des négociations ont ensuite eu lieu avec les autorités de transition, mais elle n’ont pas abouti.

Ibrahim Traoré ne fait néanmoins pas partie de ces unités « Cobra ». Il était jusqu’à ce vendredi le commandant du régiment d’artillerie de Kaya, la première région militaire, située à une centaine de kilomètres de la capitale. Il fait partie des jeunes officiers qui ont renversé Roch Marc Christian Kaboré au profit de Damiba, mais qui étaient depuis critiques vis-à-vis du président de la transition.

La crise couvait depuis plusieurs mois entre Damiba et ces jeunes officiers, engagés pour la plupart au front contre les groupes armés.

Par Jeune Afrique

Burkina Faso : une « centaine » de terroristes « neutralisés » en un mois

août 20, 2022

Le pays, dirigé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba depuis janvier, fait face à une recrudescence d’attaques jihadistes ces derniers mois. Dans la région, la situation sécuritaire s’est aggravée et se propage aux pays voisins.

Une unité de l’armée burkinabè lors de l’attaque de l’état-major, à Ouagadougou, le 2 mars 2018. (Photo d’illustration) © Ludivine Laniepce/AP/SIPA.

L’armée du Burkina Faso a affirmé le 19 août avoir tué une centaine de « terroristes » lors de diverses opérations menées du 15 juillet au 15 août dans plusieurs régions du pays.

Une opération menée le 8 août contre des jihadistes présumés qui avaient tenté d’attaquer le détachement militaire de Kelbo dans la région du Nord, a d’abord permis de « neutraliser au moins 50 terroristes », selon un communiqué de l’état-major des armées. Une contre-offensive le même jour, soutenue par l’aviation, a ensuite permis de « neutraliser au moins 34 terroristes et de récupérer leur logistique « , précise le texte.

Soutien français

Quatre soldats et neuf supplétifs civils de l’armée ont également trouvé la mort lors de cette opération, selon l’armée qui précise que « la prompte contribution du partenaire français a permis l’évacuation diligente des blessés vers les centres de santé ».

Des « opérations de ciblage » conduites dans d’autres régions, dont celles du Nord, de l’Est, du Centre-est, du Sahel et du Centre-Ouest, ont permis de « neutraliser » une trentaine de « terroristes » et de détruire des bases logistiques, ajoute le communiqué.

Des ravitaillements pour contrer les blocus jihadistes

L’armée a également affirmé avoir assuré des escortes de commerçants pour approvisionner en marchandises plusieurs localités, dont certaines soumises à un blocus de groupes jihadistes.

À la fin de juillet, 130 camions de ravitaillements ont ainsi été convoyés jusqu’à Djibo, chef-lieu de la province du Soum, l’une des plus touchées par les violences jihadistes, selon l’état-major. « Grâce aux efforts des armées de l’air du Burkina Faso et du Niger, plusieurs tonnes de vivres et denrées diverses » ont été convoyées au profit d’autres localités, dont celle de Sebba, où des habitants avaient déclaré être menacés de famine, indique-t-il.

Soutien de l’UA

Le Burkina Faso, où des militaires menés par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, actuel président de la transition, ont pris le pouvoir en janvier en promettant de faire de la lutte anti-jihadiste leur priorité, est confronté comme plusieurs pays voisins, dont le Mali, à la violence de mouvements armés jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique (Daech), qui y ont fait depuis 2015 des milliers de morts et quelque deux millions de déplacés.

Plus de 40 % du territoire y est hors du contrôle de l’État, selon des chiffres officiels, et les attaques se sont multipliées depuis le début de l’année. « Nous demandons le soutien de la communauté internationale au Burkina Faso pour faire face à tous les défis » sécuritaires, a déclaré le 19 août le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), Bankole Adeoye, à l’issue de sa rencontre avec Damiba.

Arrivé le 17 août à Ouagadougou, Bankole Adeoye dirige une délégation de l’UA venue évaluer la conduite de la transition et la situation sécuritaire et humanitaire. Il a souligné « la nécessité d’assurer une bonne transition, crédible, transparente et juste ». « Quand nous aurons constaté des étapes claires vers une amélioration, une restauration et une pacification, l’UA élargira et accroîtra son soutien pour permettre au Burkina Faso de réaliser la stabilité et la sécurité », a-t-il affirmé.

La durée de la transition avant le retour à l’ordre constitutionnel a été fixée à deux ans. Durant son séjour qui s’achève ce 20 août, la délégation a échangé avec le Premier ministre Albert Ouédraogo et doit aussi rencontrer des acteurs de la société civile, des leaders religieux et coutumiers, ainsi que des ambassadeurs accrédités au Burkina Faso.

Retrait de Barkhane au Mali, Dubois toujours otage

Dans le Mali voisin, en proie lui aussi à une résurgence d’attaques terroristes, le dernier soldat français a quitté le pays le 15 août, après neuf ans d’engagement contre les jihadistes. La junte au pouvoir à Bamako depuis le putsch d’août 2020 s’est détournée de la France et de ses alliés pour s’allier avec la Russie.

Devant la presse, le porte-parole adjoint des Affaires étrangères, François Delmas, a assuré le 19 août que « le retrait de l’opération Barkhane du Mali ne diminue en rien la mobilisation de la France pour faire libérer Olivier Dubois » « Tous les efforts sont déployés pour obtenir la libération de notre compatriote », a-t-il déclaré, à l’approche du 500e jour de captivité d’Olivier Dubois, le 21 août.

Le journaliste indépendant, qui vit et travaille au Mali depuis 2015, a lui-même annoncé son enlèvement dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 5 mai 2021. Il y expliquait avoir été kidnappé le 8 avril à Gao, dans le nord du Mali, par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste au Sahel, liée à Al-Qaïda. Il est le seul otage français recensé dans le monde.

Par Jeune Afrique avec AFP

Burkina Faso – Damiba : « Nous n’avons pas le luxe de perdre du temps en polémiques »

juillet 9, 2022

Le président de la transition a reçu Blaise Compaoré ce vendredi au palais de Kosyam. Et a répondu au tollé suscité par le retour au pays de l’ancien chef de l’État, condamné à la prison à vie dans le dossier Sankara.

Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba en compagnie de Blaise Compaoré, à Ouagadougou, vendredi 8 juillet. © OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

Huit ans après l’avoir quitté en catastrophe sous la pression de la rue, Blaise Compaoré a de nouveau foulé le tapis rouge du palais de Kosyam, ce vendredi 8 juillet. L’ancien président, démarche lente et amaigri dans son costume bleu nuit, avait été convié par le lieutenant-colonel Damiba – en compagnie des autres ex-chefs de l’État burkinabè – à participer à une rencontre de « haut niveau » pour promouvoir la réconciliation nationale.

Mais les choses ne se sont pas tout à fait passées comme prévu. Beaucoup de Burkinabè n’ont en effet pas digéré le retour en toute impunité de Compaoré, arrivé à Ouagadougou la veille après huit ans d’exil en Côte d’Ivoire, alors qu’il avait été condamné début avril à la prison à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de Thomas Sankara.

Kaboré se tient à distance

Depuis, la polémique n’a cessé d’enfler. Conviés à la rencontre, Michel Kafando et Yacouba Isaac Zida, qui avaient dirigé la transition post-Compaoré en 2015, ont vite fait savoir qu’ils ne comptaient pas participer. Idem pour Roch Marc Christian Kaboré, qui est resté chez lui et n’a pas souhaité être associé à cette initiative. Dans la matinée, plusieurs dizaines de ses militants s’étaient mobilisés autour de son domicile, au quartier de la Patte d’Oie, pour protester contre une éventuelle participation à cette rencontre.

C’est donc sans eux que Blaise Compaoré et Jean-Baptiste Ouédraogo ont été reçus par Paul-Henri Sandaogo Damiba à Kosyam, avec près de deux heures de retard sur le planning initial. À l’issue de l’entretien, les trois hommes se sont présentés devant la presse à l’entrée du palais présidentiel. Mais seul Damiba a parlé, Compaoré et Ouédraogo se contentant de lui serrer la main à la fin de sa courte allocution.

Selon le président de la transition, le « seul et unique objectif de cette rencontre avec les anciens chefs de l’État » est la « recherche de la cohésion sociale au regard de la situation difficile que traverse » le Burkina Faso. « En plus des efforts fournis par les forces engagées et l’ensemble des populations contre les terroristes, il nous est apparu opportun d’examiner avec nos prédécesseurs les conditions qui pourront forger une solide cohésion entre les Burkinabé », a démarré Damiba.

L’intérêt supérieur du Burkina Faso

Puis l’officier, accusé par ses adversaires de travailler au retour du régime Compaoré, a tenu à répondre aux critiques. « Beaucoup de communications partisanes ont voulu dénaturer le sens et la portée de cette initiative. L’urgence de la préservation de l’existence de notre patrie commande une synergie d’actions qui ne nous autorise pas à nous donner le luxe de perdre du temps en polémiques, a-t-il indiqué. Aux Burkinabè qui se sont exprimé en défaveur de notre démarche, nous leur disons que ce processus n’est pas fait pour consacrer l’impunité, mais pour contribuer à la recherche de solutions pour un Burkina Faso de paix et de cohésion. Nous les appelons à mettre l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de toute considération politique ou partisane. »

Rappelant qu’il les avait conviés, Damiba a également évoqué le cas des trois absents. Selon lui, Michel Kafando n’a pas pu se présenter « pour des raisons de santé », mais a envoyé un « message de soutien ». Zida, exilé au Canada depuis 2016, n’a quant lui « pas pu faire le déplacement pour des raisons administratives ».

Compaoré dans son village natal de Ziniaré

Quant à Kaboré, il a, d’après Damiba, été « physiquement empêché par un groupe d’individus » de participer à la rencontre. Une version officielle dont lui-même semble douter, puisqu’il a pris soin de « l’inviter à ne pas se mettre en marge de la démarche en cours ». Selon le président, des dispositions seront prises pour « poursuivre en bilatéral les concertations avec les anciens chefs d’État qui n’ont pas pu participer à la rencontre », mais aussi « limiter les résistances politiques et associatives ».

Après avoir passé une nuit dans la « villa Kadhafi » appartenant à l’État et située à proximité de Kosyam – elle est ainsi nommé car l’ancien dictateur libyen y avait logé lors d’un voyage à Ouagadougou à la fin des années 1990 –, Blaise Compaoré pourrait se rendre à Ziniaré, son village natal, où se situe la résidence familiale et où réside sa sœur, Antoinette. Selon l’un de ses proches, il regagnera ensuite Abidjan « dimanche au plus tard ».

Avec Jeune Afrique par Benjamin Roger

Burkina : le lieutenant-colonel Damiba s’est entretenu avec les chefs d’états-majors de la Cedeao

janvier 30, 2022
Des manifestants pro-junte, le 25 janvier à Ouagadougou. © Sophie Garcia/AP/SIPA

Une délégation de chefs des armées de la Cedeao, a rencontré samedi à Ouagadougou les membres de la junte qui a pris le pouvoir au Burkina Faso, au lendemain de la suspension de ce pays des instances de l’organisation

Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR, junte), « a réaffirmé son engagement vis-à-vis des organisations sous-régionales et internationales », indique un communiqué signé de la « direction de la communication de la Présidence du Faso ». Il ajoute qu’à l’issue de la rencontre « les chefs d’état-major des pays membres de la Cedeao ont eu un bref entretien avec le chef de l’État, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba ».

La délégation qui doit rester jusqu’à dimanche, est composée d’officiers béninois, togolais et ghanéens et est conduite par le commissaire Paix et Sécurité de la Cedeao, le diplomate béninois Francis Béhanzin. « Il s’agit (pour la délégation) d’évaluer la situation avant l’arrivée d’une autre mission la semaine prochaine », a indiqué une source sécuritaire.

Cette visite précède l’envoi lundi d’une mission ministérielle de la Cedeao. L’organisation ouest-africaine a suspendu vendredi le Burkina de ses instances, et exigé la libération du président renversé Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée, ainsi que des autres responsables arrêtés.

Sommet à Accra

Un nouveau sommet de la Cedeao est prévu le 3 février à Accra, et étudiera le compte-rendu de ces missions. L’organisation décidera alors d’imposer ou non d’autres sanctions comme elle l’a fait pour le Mali et la Guinée, où des militaires ont récemment pris le pouvoir.

Cinq jours après sa prise de pouvoir, le lieutenant-colonel Damiba n’a pris publiquement la parole qu’une seule fois, jeudi soir dans une allocution à la télévision nationale. Il a notamment indiqué que son pays avait « plus que jamais besoin de ses partenaires ». Le pays est confronté à une grave crise sécuritaire depuis 2015, notamment dans le nord et l’est du pays.

Dans le sillage du Mali et du Niger, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui ont fait plus de 2 000 morts et contraint au moins 1,5 million de personnes à fuir leurs foyers. Plusieurs attaques récentes particulièrement meurtrières avaient suscité l’exaspération de la population qui reprochait à l’ex-président Kaboré de ne pas réussir à endiguer cette crise.

Par Jeune Afrique avec AFP

Coup d’État au Burkina : Paul-Henri Sandaogo Damiba prend la parole pour la première fois

janvier 28, 2022
Capture d’écran d’une vidéo du de la junte militaire du Burkina Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba durant son premier discours, trois jours après sa prise de pouvoir. © AFP PHOTO / Radiodiffusion Télévision du Burkina

Depuis le palais présidentiel de Kosyam, le nouveau chef du pays s’est adressé à la nation, le 27 janvier. Le lieutenant-colonel a fait de la sécurité sa priorité et lancé un appel à la communauté internationale, alors qu’un sommet de la Cedeao se tient ce vendredi.

« La priorité principale demeure la sécurité », a déclaré le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba dans une allocution diffusée au journal de 20 h de la télévision nationale, la RTB. S’il était apparu, le 24 janvier au soir, auprès de Sidaoré Kader Ouédraogo lors de la lecture du communiqué revendiquant la destitution du président Kaboré, le président de la junte ne s’était pas encore exprimé publiquement. C’est désormais chose faite, dans un message d’une quinzaine de minutes enregistré depuis le palais présidentiel de Kosyam. Le nouveau chef du pays dessine les grandes lignes de l’action du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) à la tête du pays depuis la chute de Roch Marc Christian Kaboré.

« Il nous faut en effet, réduire significativement les zones sous influence terroriste et les impacts de l’extrémisme violent en redonnant aux Forces de défense et de sécurité ainsi qu’aux Volontaires pour la défense de la patrie, la volonté de combattre et d’aller encore plus à l’offensive avec des moyens adéquats. Ceci est un préalable indispensable au retour progressif de l’administration publique et à la réinstallation des personnes déplacées internes dans leurs villages d’origine », a-t-il insisté, vêtu de son treillis militaire et coiffé d’un béret rouge.

« Grande opportunité »

Le lieutenant-colonel de 41 ans, passé par de prestigieux centres de formations au Burkina et à l’international et auteur de l’essai Armées ouest-africaines et terrorisme : réponses incertaines ? (Les 3 colonnes, juin 2021), a également insisté sur le caractère « consensuel » de la « démarche », c’est-à-dire du coup d’État.

Pour lui, ce putsch est une « une grande opportunité pour réconcilier notre peuple avec lui-même ». Il s’est engagé à convoquer les forces vives de la nation pour convenir d’une feuille de route qui prendra en compte les préoccupations de ses compatriotes. « J’ai entamé des concertations avec certaines composantes de la nation, y compris avec les personnalités du régime, sortant afin de dégager les grandes lignes qui nous conduiront, à terme, vers des décisions consensuelles et inclusives pour la refondation et la restauration d’une paix durable », a-t-il ajouté.

Aucun agenda

Damiba a également rassuré sur la poursuite des dossiers judiciaires engagés. Au lendemain du coup d’État, des rumeurs – démenties depuis – avaient circulé sur la libération du général Gilbert Diendéré. L’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré est le principal accusé du procès de l’assassinat de Thomas Sankara. Alors que les audiences ont été interrompues depuis le putsch, la justice militaire a depuis publié un communiqué informant de leur reprise le 31 janvier.

« Lorsque les conditions seront réunies selon les échéances que notre peuple aura souverainement définies, je m’engage à un retour à une vie constitutionnelle normale », a-t-il déclaré, sans préciser d’agenda.

Cette allocution était aussi adressée aux partenaires internationaux du Burkina, notamment à la Cedeao qui tient un sommet extraordinaire virtuel ce 28 janvier. « Le Burkina Faso a plus que jamais besoin de ses partenaires. C’est pourquoi j’appelle la communauté internationale à accompagner notre pays afin qu’il puisse sortir le plus rapidement possible de cette crise », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que « le pays continuera de respecter ses engagements internationaux, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme ».

Avec Jeune Afrique