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La mort de la reine pourrait entraîner la rupture de nombreux liens avec le Commonwealth

septembre 18, 2022

Des mouvements d’indépendance sont en marche presque partout, sauf au Canada où règne l’inertie constitutionnelle.

Un ballon rouge en forme de coeur avec le portait d'une femme.

La reine Élisabeth II, le monarque britannique qui a régné le plus longtemps et qui a été un roc de stabilité pendant la majeure partie d’un siècle turbulent, est décédée le 8 septembre 2022, après 70 ans sur le trône. Elle avait 96 ans. Photo : Getty Images/Dan Kitwood

À son apogée, l’Empire britannique s’étendait aux quatre coins du monde et avait le quart de la population mondiale comme sujets. Au fil du temps toutefois, les royaumes de la monarchie se sont inexorablement rétrécis.

La première fissure dans la façade est apparue il y a 100 ans, lorsque la Grande-Bretagne a ratifié un traité de paix pour mettre fin à la guérilla qui avait rendu la domination de la Couronne inapplicable dans une grande partie de l’Irlande.

Au cours du quart de siècle suivant, cette fissure s’est étendue à d’autres colonies – d’abord dans le sous-continent indien et au Moyen-Orient, puis en Afrique et dans les Caraïbes – affaiblissant l’édifice monarchique jusqu’à ce que les chocs de la Seconde Guerre mondiale provoquent l’effondrement de l’Empire.

Des défaites militaires, de la Birmanie à Hong Kong, ont fini par affaiblir le prestige britannique, laissant place à l’arrivée des États-Unis sur la scène internationale. Le nouveau grand maître incontesté du monde de l’après-guerre considérait d’ailleurs les empires britannique et français comme faibles dans la nouvelle lutte idéologique avec l’Union soviétique.

Une transition (relativement) douce

La reine Élisabeth II a effectué une transition étonnamment douce vers le Commonwealth, une organisation volontaire qui est restée accessible même aux anciennes colonies, évitant ainsi à l’Empire britannique de vivre la même désintégration violente qu’ont connue les empires français et portugais.

Parmi les nations qui ont abandonné la monarchie figure le joyau de la couronne : l’Inde. Le pays a obtenu son indépendance en 1947 et s’est déclaré république deux ans plus tard. Le Bangladesh et le Pakistan ont emboité le pas.

Des mains agitent des drapeaux.

Des écoliers agitent des drapeaux lors des célébrations marquant le 75e jour de l’indépendance de l’Inde. (archives) Photo: AFP/DibyangshuI Sarkar

Alors que la vague d’indépendance balayait l’Empire, la reine n’est restée cheffe d’État que du quart environ de ses anciennes colonies britanniques comme le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, les anciennes colonies des Caraïbes (des Bahamas au Belize) et une poignée de nations du Pacifique (telles la Papouasie-Nouvelle–Guinée et les îles Salomon).

Notons que ces dernières années, le Commonwealth s’est élargi pour accepter de nouveaux membres qui n’ont pourtant jamais fait partie de l’Empire britannique. C’est le cas du Rwanda, ancienne colonie belge. D’ailleurs, ce pays de l’Afrique a accueilli cette année le sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth.

Une autre ex-colonie belge, le Burundi, a demandé à devenir membre. Des pays suspendus, comme les Fidji, la Gambie et les Maldives, ont été réadmis, et d’autres qui avaient quitté l’organisation (Pakistan) ou en avaient été expulsés (Afrique du Sud) l’ont depuis rejointe. Quant au Zimbabwe, il a quitté le Commonwealth en 2003 et a demandé à y revenir en 2018.

Le cas unique de l’Irlande

Un bouquet de fleur déposé contre un mur.

Des fleurs ont été déposées devant l’ambassade britannique à Dublin après l’annonce du décès de la reine Élisabeth II. Photo : AP/ Brian Lawless

Seule la plus ancienne colonie britannique a obstinément refusé de faire partie du Commonwealth. Pour certains membres de l’Armée républicaine irlandaise, l’acceptation de quelque chose de moins que l’indépendance totale, en 1922, avait été une pilule trop amère à avaler.

Le nouvel État libre d’Irlande a été le théâtre d’une dure guerre civile entre ses anciens libérateurs, qui se demandaient s’ils devaient accepter le seul accord de paix qui leur était proposé ou bien espérer davantage. Les partisans du Traité l’ont emporté et, pendant 27 ans après la guerre d’indépendance, l’État libre d’Irlande a été un dominion au même titre que le Canada.

Mais les douloureux souvenirs d’oppression, de famine et d’exil, qui ont culminé avec la partition forcée, ont laissé les Irlandais déterminés à ne plus avoir affaire à leur ancien maître colonial. En 1949, l’Irlande profite de l’affaiblissement de la Grande-Bretagne après la guerre pour se déclarer comme une république à part entière et quitter définitivement le Commonwealth.

Poussée républicaine aux Antilles

La récente tournée dans les Caraïbes de William et Catherine, alors duc et duchesse de Cambridge, a montré à quel point les souvenirs du colonialisme sont encore vivaces dans cette partie du monde.

Le couple a d’abord été contraint d’annuler une visite au Belize, où la population maya locale s’était opposée à leur présence. Puis, en Jamaïque, le premier ministre, Andrew Holness, a déclaré au duc et à la duchesse que son pays insulaire allait passer à autre chose pour réaliser ses véritables ambitions en tant que pays indépendant, développé et prospère.

Le gouvernement jamaïcain ne cache plus ses intentions. Il prévoit de faire bientôt du pays une république, à temps pour les prochaines élections générales prévues en 2025.

Le prince William et Catherine, debout sur un véhicule, saluent des gens.

Le prince William et Catherine, alors duc et duchesse de Cambridge, assistent à la parade de l’Académie militaire des Caraïbes à Kingston, en Jamaïque. (archives) Photo: AFP/Ricardo Makyn

Rappelons que la Jamaïque a déclaré l’année dernière qu’elle allait demander officiellement au gouvernement britannique de payer des réparations pour avoir supervisé le transport forcé d’environ 600 000 Africains réduits à l’esclavage vers les plantations de sucre et de bananes de l’île.

Même indépendants politiquement, la plupart des pays des Caraïbes britanniques ont continué à accepter la reine comme cheffe d’État. Seules la Guyana, Trinité-et-Tobago et la Dominique ont choisi l’option républicaine. Il semble toutefois que la région commence à connaître une deuxième vague d’aspiration indépendantiste.

La première ministre de la Barbade a inauguré lors d’une cérémonie officielle l’éloignement de son pays de la couronne britannique. Après le décès d’Élisabeth II, le premier ministre d’Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, a quant à lui annoncé son intention d’organiser un référendum sur la monarchie.

« Ce n’est pas un acte d’hostilité ni un désaccord quelconque entre Antigua-et-Barbuda et la monarchie. Mais c’est l’étape finale pour compléter ce cercle d’indépendance, pour nous assurer que nous sommes vraiment une nation souveraine. »— Une citation de  Gaston Browne, premier ministre d’Antigua-et-Barbuda

Deux femmes portant un masque s'entretiennent.

La chanteuse Rihanna lors d’un entretien avec la première ministre de la Barbade, Mia Mottley. (archives) Photo : CBC/Jackson Weaver

Quelle option pour l’Australie?

La Barbade a choisi un chemin facile vers une république en nommant simplement son ancien gouverneur général à la fonction de nouveau président. Mais les nations plus grandes, en particulier celles dotées d’un système fédéral, sont confrontées à des problèmes plus complexes.

Par exemple, la tentative de l’Australie d’abandonner la monarchie dans les années 1990 a échoué parce que l’abandon d’un système nécessite son remplacement par un autre. Avec la disparition de la reine, une nouvelle fenêtre s’ouvre peut-être pour les républicains australiens, qui ont réagi à son décès avec une déclaration mesurée.

Un homme s'exprime à la télévision.

Le premier ministre australien, Anthony Albanese, s’est adressé à la nation au lendemain du décès de la reine Élisabeth II, le 9 septembre 2022. (archives) Photo: AP

Le premier ministre australien, Anthony Albanese, est un républicain convaincu. Dès son entrée en fonction en mai dernier, il a nommé Matt Thistlethwaite au nouveau poste de ministre adjoint de la république. Celui-ci est responsable de planifier la transition hors de la monarchie.

M. Albanese est l’un des nombreux politiciens travaillistes australiens qui n’a jamais oublié le rôle de la Couronne britannique dans la crise constitutionnelle de 1975, laquelle a vu le gouverneur général non élu, John Kerr, destituer le premier ministre travailliste élu, Gough Whitlam.

Des lettres échangées entre le palais de Buckingham et son vice-roi australien ont été publiées en 2020 après une longue bataille judiciaire. Elles ont révélé que le prince Charles (aujourd’hui Charles III) avait discuté avec M. Kerr du renvoi de M. Whitlam des mois avant que cela se produise.

La Nouvelle-Zélande veut prendre son temps

La première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, a rapidement rejeté toute spéculation selon laquelle son gouvernement envisagerait une sortie du giron de la monarchie.

Je n’en ai jamais ressenti l’urgence, a-t-elle déclaré. Il y a tellement de défis auxquels nous sommes confrontés. Il s’agit d’un débat vaste et important. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un débat qui pourrait ou devrait avoir lieu rapidement.

Je pense que c’est vers cela que la Nouvelle-Zélande se dirigera à terme. Je pense qu’il est probable que cela se produise de mon vivant, a-t-elle ajouté.

Deux personnes saluent la foule debout sur une automobile.

La reine Élisabeth II et le prince Philippe, duc d’Édimbourg, saluent la foule lors de leur visite à Wellington, en Nouvelle-Zélande. (archives) Photo : Getty Images/Anwar Hussein

La Nouvelle-Zélande a parcouru un long chemin depuis la première visite de la reine en 1952, lorsque le conseil municipal d’Auckland a expulsé les Maoris de la baie d’Okahu et a brûlé leurs maisons, craignant qu’elles ne soient une horreur épouvantable qui pourrait gâcher la vue de la souveraine sur la baie.

Aujourd’hui, le parti maori semble détenir l’équilibre du pouvoir. Les élections doivent avoir lieu au plus tard en janvier 2024. Sa dirigeante, Debbie Ngarewa-Packer, a clairement indiqué qu’elle n’était pas monarchiste.

Au Canada, une Constitution gelée

De tous les pays membres du Commonwealth, celui qui est peut-être le moins susceptible d’abandonner la monarchie britannique est le Canada, tout simplement parce que sa Constitution fédérale rend le processus pratiquement impossible.

Deux visages sur un grand écran projetés en ville.

Un hommage à la reine Élisabeth II est projeté sur le grand écran du Centre national des arts, à Ottawa. Photo : La Presse Canadienne/Justin Tang

L’expert constitutionnel Philippe Lagassé a déclaré à CBC qu’un tel changement nécessiterait le consentement unanime de toutes les provinces et du Parlement fédéral, et je soupçonne que les peuples autochtones voudraient eux aussi avoir leur mot à dire, car ils ont une relation directe avec la Couronne.

M. Lagassé explique que celles et ceux qui sont en faveur d’une république canadienne devraient aller plaider leur cause directement au Royaume-Uni puisqu’il suffit là-bas d’une loi du Parlement. Et si cela se réalisait, nous serions ici, au Canada, obligés de faire quelque chose.

Un tel scénario est peu probable, mais pas impossible, a ajouté l’expert constitutionnel.

L’exception de la Papouasie–Nouvelle-Guinée

Alors que la tournée du prince et de la princesse de Galles dans les Caraïbes avait été accueillie avec des protestations et même des rebuffades, la princesse Anne a mené une tournée beaucoup plus réussie en Papouasie–Nouvelle-Guinée.

Le pays ne porte pas même histoire douloureuse d’esclavage que les Caraïbes et la figure de la reine connue là-bas sous le nom de Missis Kwin y est restée très populaire. Alors que d’autres pays envisagent de se retirer du Commonwealth, la Papouasie–Nouvelle-Guinée regarde dans la direction opposée en embrassant ce que nous avons et en le rendant plus grand et meilleur qu’il ne l’était auparavant, a déclaré le ministre Justin Tkatchenko.

Il reste que d’ici cinq ans, la Papouasie–Nouvelle-Guinée pourrait être la seule nation à prédominance non blanche de plus d’un million d’habitants à reconnaître encore un monarque britannique comme chef d’État. D’autres mauvaises nouvelles pour la monarchie britannique risquent de faire leur apparition dans un avenir pas si lointaine. L’Écosse pourrait bien connaître un nouveau référendum sur l’indépendance.

Un homme assis avec son chien assis près de la Tamise.

Un homme et son chien attendent de voir le cortège transportant le cercueil de la défunte reine Élisabeth II à Édimbourg, en Écosse. Photo : Getty Images/Ian Forsyth

Dans un effort apparent pour que la rupture semble moins radicale, la première ministre d’Écosse, Nicola Sturgeon, a proposé de conserver la reine comme cheffe d’État. Mais rares sont ceux qui croient que le parti nationaliste écossais est réellement attaché à un gouvernement monarchique.

Quoi qu’il en soit, la dissolution du Royaume-Uni serait un coup dur pour la famille royale qui l’a créé en 1707, et ouvrirait la porte à de nouvelles incertitudes. De plus, l’évolution démographique en Irlande du Nord semble susceptible de rouvrir un débat bien plus dangereux, dans lequel le maintien du rôle de la Couronne serait très largement en jeu.

Les républicains irlandais ont fait preuve de respect à l’égard de la mort d’Élisabeth II, mais, contrairement aux Écossais, ils ne pourront jamais accepter que sa famille continue à jouer un rôle. L’Empire britannique est en train de s’éteindre depuis un siècle. Il est aujourd’hui devenu clair que le processus n’est pas encore terminé.

Avec Radio-Canada d’après un texte d’Evan Dyer de CBC

Vatican: le pape François a appelé à la fraternité et au respect de la liberté de chaque pays

février 16, 2022

Le pape François a rappelé les racines chrétiennes communes de l’Europe et a exhorté à ne pas oublier la fraternité, la réconciliation et le respect de la liberté de chaque pays. C’est ce qu’a déclaré mercredi le souverain pontife lors d’une audience générale.

« Lundi, nous avons célébré la journée en hommage aux saints Cyrille et Méthode, apôtres des Slaves et patrons de l’Europe. Prions pour leur engagement pour les pays de ce continent, pour que la mémoire de leurs racines chrétiennes communes éveille l’esprit de réconciliation, de fraternité et de solidarité, ainsi que le respect de chaque pays et la liberté de chaque pays », a déclaré le pape François.

Il a également exhorté à rechercher « un signe de réconciliation dans un monde plein de contradictions et de maux, dans les paroles de l’Évangile ».

À l’appel du pape François, le 26 janvier était la Journée de prière pour la paix en Ukraine. Le chef de l’Église catholique romaine a appelé à plusieurs reprises à un règlement diplomatique de la crise autour de l’Ukraine dans ses sermons.

Avec Adiac-Congo

Les « sexpertes », ces Africaines qui brisent les tabous

janvier 30, 2022
« parler de sexe librement et honnêtement” © Delmaine Donson/Gettyimages

Dans des pays et communautés où la sexualité est souvent passée sous silence, de plus en plus de femmes s’emparent de leurs micro, plume ou clavier pour parler sans filtre des questions intimes.

« Dans les médias, la sexualité des Africaines est toujours traitée de manière étriquée, à travers l’unique spectre de la maladie, du HIV ou des grossesses à répétition », déplore Nana Darkoa Sekyiamah, chroniqueuse et autrice ghanéenne installée à Londres. Si l’accès universel aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR) demeure une question centrale en Afrique de l’Ouest, la co-fondatrice du blog Adventures From Bedrooms of African Women (Aventures depuis la chambre à coucher des femmes africaines) souhaite partager d’autres narrations. Sexe hors mariage, relations interraciales, à trois, asexualité ou questionnements d’ordre pratique et anatomique (par exemple : « comment réagir face à une panne ? »)… Aucun sujet sexo n’échappe à celle qui a pourtant grandi dans un pays très religieux et étudié dans une école catholique d’Accra.

Polygamie et polyamour

Aux oubliettes les rapports à but procréatif et place à la recherche du plaisir. « Il s’agit d’un espace ouvert aux femmes africaines dans lequel on peut parler de sexe librement et honnêtement », résume-t-elle. Plus de dix ans après la création de son blog, Nana Darkoa Sekyiamah continue son travail de partage d’expériences libidinales avec Sex Lives of African Women (éditions Little Brown Book Group, juillet 2021), une fresque sociologique sur les vies amoureuses et intimes des ménages africains à travers les témoignages de femmes venues de 30 pays du continent.

Nura – le prénom a été modifié par l’autrice – une Kényane de 42 ans mariée à un Sénégalais, raconte par exemple sa difficulté à s’intégrer au sein d’un ménage polygame, et explique avoir le sentiment que sa vie sexuelle est soumise à un calendrier et à l’endurance variable de son époux. « “Oh mon Dieu, je suis fatigué ! s’est exclamé un jour mon mari. Je croyais qu’on allait faire l’amour qu’une fois par mois ». (…) Il pensait sûrement qu’à 40 ans, ma libido allait décliner », relate-elle.

KAZ KAREN LUCAS ENTEND « DÉCOLONISER LA SEXUALITÉ » EN INVITANT GYNÉCOLOGUES, OBSTÉTRICIENNES ET AUTRES SEXOLOGUES

Relations hétérosexuelles ou LGBT, monogames, polygames ou polyamoureuses… Un large spectre des différentes façons de vivre sa sexualité et l’amour au XXIe siècle est passé au crible de l’éducatrice sexuelle, comme Nana Darkoa Sekyiamah – elle-même polyamoureuse et bisexuelle – aime se définir. Des pratiques et préférences que cette expatriée peut plus facilement aborder en Grande-Bretagne, les relations homosexuelles étant interdites au Ghana.

Sans jugement

Parler sexualité sans jugement et sous couvert d’anonymat, c’est aussi le parti pris des animatrices soudanaise et jordanienne du podcast Jasadi (Mon corps), lancé en 2019 par la société de production Kerning Cultures, basée au Émirats Arabes Unis. Nommée meilleur podcast au Moyen-Orient et en Afrique du Nord par la société Apple, cette émission invite les femmes à interroger les tabous liés à la sexualité et au corps féminin dans les sociétés arabes. « Pas un seul mot se référant à notre anatomie sexuelle n’est utilisé de manière normale », déplore l’une des invitées. Une autre dit quant à elle regretter le recours systématique aux anglicismes pour nommer les organes génitaux féminins, ou bien les moqueries que suscite le terme « mahbal » (« vagin » en arabe) phonétiquement proche du mot « ahbal » (stupide), dans les cours de récréation.

FOSSÉ ORGASMIQUE, PLAISIR FÉMININ EN SOLITAIRE, SEX TOYS… UNE LIBERTÉ DE TON QUI FAIT RIMER SEXE AVEC ÉMANCIPATION

Pour ces « sexpertes », plus question d’éluder et d’avoir recours à des emprunts lexicaux ou un vocabulaire enfantin pour définir l’anatomie sexuelle. Il est en revanche urgent de s’affranchir du discours hétéronormatif dominant. « P comme pansexuel, Q comme queer, R comme Rim Job (anulingus) »… Voilà le genre d’abécédaire sexuel que l’on peut découvrir sur la page Instagram du podcast à succès The Spread (« la propagation »), créé par la Kényane Kaz Karen Lucas, 38 ans. Elle-même lesbienne et non-binaire – elle utilise les pronoms she/they (iel) –, l’ex-rappeuse est devenue en 5 saisons et près de 90 épisodes une référence pour la communauté LGBTQI+, dans un pays où le film Rafiki (de la réalisatrice kényane Wanuri Kahiu) a été temporairement censuré par les autorités pour apologie du lesbianisme. L’animatrice entend « décoloniser la sexualité » avec sérieux en invitant gynécologues, obstétriciennes et autres sexologues à prendre la parole dans son émission.

« Consentement is sexy »

La Britanno-Nigériane Dami Olonisakin, 31 ans, plus connue sous le nom d’Oloni, et à l’initiative depuis 2018 du podcast The Laid Bare (« Mise à nu ») est suivie par une communauté de 500 000 personnes (tous réseaux sociaux confondus). Sur sa page Instagram, elle use de filtres en tenues sexy. Au micro, elle parle sexe sans filtre. Du fossé orgasmique (orgasm gap) entre les femmes et les hommes au plaisir féminin en solitaire, en passant par l’usage des sex toys et les pratiques BDSM, sa liberté de ton fait rimer sexe avec émancipation.

Et à l’ère post #Metoo, le harcèlement et les abus sexuels ne sont plus passées sous silence. Olini, qui proclame dans sa bio que le « consentement est sexy », intervient même dans les établissements scolaires pour sensibiliser la plus jeune génération à cette notion.

Avec Jeune Afrique par Eva Sauphie

Cameroun 2022: le palmarès complet de la Coupe d’Afrique des nations

janvier 8, 2022

Depuis sa création en 1957, la Coupe d’Afrique des nations s’est jouée à trente-deux reprises. Voici le palmarès complet.

1957: Egypte

1959: Egypte

1962: Ethiopie

1963: Ghana

1965: Ghana

1968: Congo Kinshasa

1970: Soudan

1972: Congo Brazzaville

1974: Zaïre

1976: Maroc

1978: Ghana

1980: Nigeria

1982: Ghana

1984: Cameroun

1986: Egypte

1988: Cameroun

1990: Algérie

1992: Côte d’Ivoire

1994: Nigeria

1996: Afrique du Sud

1998: Egypte

2000: Cameroun

2002: Cameroun

2004: Tunisie

2006: Egypte

2008: Egypte

2010: Egypte

2012: Zambie

2013: Nigeria

2015: Côte d’Ivoire

2017: Cameroun

2019: Algérie

Avec Adiac-Congo

Les pays du Sahel s’unissent pour l’accès universel à un enseignement de qualité

décembre 5, 2021
Une école du village de Dori, au Burkina Faso, le 20 octobre 2020. © Sam Mednick/AP/SIPA

Réunis dimanche 5 décembre à Nouakchott, les dirigeants sahéliens, accompagnés de la Banque mondiale, promettent « une action concertée et courageuse » sur le front de l’éducation.

Par Mohamed Ould Ghazouani, président de la République islamique de Mauritanie, Roch Marc Christian Kaboré, président de la République du Burkina Faso, Mohamed Bazoum, président de la République du Niger, et Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale.

Conformément à la règle et à l’esprit de chacun de nos pays sahéliens, et convaincus que la prospérité des nations tout comme l’inclusion sociale dans nos environnements fragiles en dépendent, l’éducation pour tous a toujours été au centre de nos stratégies de développement.

Ces 15 dernières années, grâce à des politiques volontaristes, nous avons enregistré des avancées significatives, qui fondent notre espoir que, aujourd’hui, tout enfant né au Sahel peut et doit avoir accès à l’école. Ce faisant il accomplira son rêve pour un avenir meilleur. Il deviendra un citoyen modèle et contribuera à la prospérité de la nation.

Entre 2005 et 2018, le nombre d’enfants scolarisés dans le Sahel a quasiment doublé dans l’enseignement primaire passant de 5,9 à 10,8 millions d’enfants. Dans le secondaire, les effectifs ont plus que triplé, passant de 1,4 à 4,6 millions.

Ce sont sur les frêles épaules de ces enfants et de ces jeunes sahéliens qui ont fini leur scolarité ou leur apprentissage que repose l’avenir de notre espace commun. Il est important de relever, pour s’en féliciter, que ce groupe comprend un nombre croissant de jeunes filles et de femmes, qui non seulement sont moins exposées aux mariages précoces et aux violences sexuelles, mais qui deviennent également des actrices du développement au sein de leurs communautés.

Contexte de pression démographique

Ces progrès dans la scolarisation de nos enfants ont bien sûr des coûts budgétaires importants, mais ils sont nécessaires. Ils ont malheureusement induit une baisse de la qualité des apprentissages. Cela nous interpelle, et nous sommes mobilisés pour la redresser.

Répondre à la demande de scolarisation dans un contexte de pression démographique requiert des investissements continus dans la construction des infrastructures, dans le recrutement et la formation de davantage d’enseignants et dans l’acquisition d’équipements et d’instruments pédagogiques. Dans la région du Sahel, avec près d’un million de nouveaux enfants à scolariser chaque année, la course contre la montre est permanente.

NEUF ÉLÈVES SUR DIX N’ONT PAS LE NIVEAU DE LECTURE ET D’ÉCRITURE REQUIS À LA FIN DU PRIMAIRE

Le livre blanc de la Banque mondiale sur l’éducation au Sahel publié aujourd’hui souligne qu’environ neuf élèves sur dix n’ont pas le niveau de lecture et d’écriture requis à la fin du primaire. Deux écoliers sahéliens sur cinq n’arrivent pas jusqu’au bout de leurs études primaires. Ceci pose le problème lancinant de la déperdition scolaire, facteur aggravant des inégalités dans un contexte où une majorité de nos concitoyens doit faire face à des situations de précarité extrême et pour qui scolariser les enfants induits des coûts à ne pas négliger même quand l’école est gratuite.

Le défi sécuritaire, les effets du changement climatique et l’impact de la pandémie de Covid-19 n’ont fait qu’amplifier les enjeux d’apprentissage et de développement d’un système scolaire de qualité, inclusif et équitable pour tous.

Redoubler d’efforts

Face à ce constat, nous, dirigeants sahéliens, nous réunissons le 5 décembre 2021 à Nouakchott, accompagnés de la Banque mondiale, afin de prendre les décisions nécessaires pour faire avancer les réformes éducatives au cours des cinq prochaines années.

La réponse que nous devons apporter doit être coordonnée et intégrée, depuis la petite enfance jusqu’à la formation continue des jeunes adultes. Certains succès au sein de nos pays nous rappellent que la réussite est à notre portée. Au Burkina Faso comme au Niger, des stratégies de scolarisation accélérée ont remis des milliers de jeunes en échec scolaire sur le chemin de l’école pour y acquérir des compétences fondamentales.

En Mauritanie, la mise en place des comités de gestion scolaire permet une implication plus forte des parents. Au Tchad, un mécanisme de paiement mobile a été lancé en 2018, avec l’accompagnement de la Banque mondiale, pour les maîtres communautaires qui représentent 60% du personnel enseignant du primaire. Cette innovation a non seulement permis d’améliorer la présence mais aussi l’implication des enseignants dans leur métier. Au Mali, le taux de scolarisation du secondaire a été multiplié par 2,5 depuis 2000, en s’appuyant sur un modèle dynamique de partenariat public-privé.

De tels dispositifs ont démontré leur efficacité. Nous devons donc redoubler d’efforts pour trouver des solutions pérennes sur la question de la qualité de l’enseignement. Nous devons également aller plus loin en matière d’équité et accorder une plus grande place aux femmes, encore faiblement représentées dans les postes de décision dans nos écoles.

Nos interventions d’urgence ne doivent pas occulter une vision de long-terme, avec une meilleure gouvernance du système éducatif pour renforcer durablement nos écoles.

Soutenir les enseignants

Le premier levier d’actions portera sur la qualité de l’enseignement. Pour ce faire, nous soutiendrons davantage nos enseignants, en les formant et en améliorant leur statut. Ils disposeront d’outils technologiques et pédagogiques et de programmes scolaires actualisés et adaptés. Nous accompagnerons également les éducateurs en perfectionnant le développement de la petite enfance, afin que les enfants arrivent à l’école primaire avec tous les prérequis.

Ces investissements ont pour but ultime d’améliorer l’apprentissage des élèves, permettant le suivi de tous les enfants sahéliens. Plus concrètement, le système d’évaluation des apprenants devra être capable de repérer en amont les potentiels cas de défaillance et de décrochage scolaire. Les équipes gouvernementales seront accompagnées pour qu’elles garantissent l’inclusivité et la sécurité des écoles. Un système d’inspection indépendant observera l’évolution des conditions scolaires.

LA REFONDATION DE L’ÉCOLE DOIT PASSER PAR UNE APPROCHE INTÉGRALE IMPLIQUANT TOUS LES ACTEURS

Le deuxième levier doit être budgétaire. Malgré une hausse des dépenses éducatives au cours des dernières années, il faut aller plus loin que les 3% de notre PIB qu’elles représentent, un chiffre encore trop faible comparé aux 4% de moyenne sur le continent ou au standard international de 6%.

La réforme de nos écoles passera nécessairement par un soutien accru aux familles, afin que l’éducation soit perçue comme un investissement et non plus comme une dépense. Il est aussi de notre devoir, en concertation avec les différents échelons territoriaux, de nous assurer que les filles comme les garçons scolarisés soient des enfants qui bénéficient d’une nutrition de qualité, d’un suivi scolaire personnalisé et d’infrastructures et d’outils pédagogiques adaptés.

Les jeunes Sahéliens passent aujourd’hui environ six années de leur vie à l’école, contre plus de huit ans pour un enfant en Afrique subsaharienne ou 13 en Europe. Ces six années de scolarisation se déroulent dans des conditions si difficiles qu’elles ne représentent que l’équivalent d’un peu plus de trois ans d’école dans un système éducatif de qualité. Ce chiffre doit augmenter significativement et rapidement.

C’EST EN ADDITIONNANT NOS FORCES QUE NOUS MULTIPLIERONS NOS RÉSULTATS

Enfin, la refondation de l’école doit passer par une approche intégrale impliquant tous les acteurs de l’administration, du secteur privé, des communautés, des parents et des enseignants, et examinant le système scolaire dans son ensemble.

Les financements viendront encourager les bonnes pratiques dans un cercle vertueux qui poussera chaque école à mettre en place les meilleures conditions éducatives possibles. C’est ce même sens de la communauté qui rassemble les gouvernements de nos cinq pays et nous incite à agir de manière coordonnée. Nos instituts d’enseignement technique ont beaucoup à apprendre les uns des autres, et c’est en additionnant nos forces que nous multiplierons nos résultats.

De nombreux pays émergents ont démontré que l’école était le premier lieu dans lequel investir pour préparer l’avenir. Une action concertée et courageuse de notre part, et en étroite collaboration avec les partenaires internationaux dans ce secteur, mènera à des effets positifs immédiats et de long terme : une jeunesse bien formée, qui a confiance en elle-même, est garante d’une prospérité partagée.

Avec Jeune Afrique

L’ex-président Saakachvili dit être rentré en Géorgie, le pouvoir dément

octobre 1, 2021
L'ex-president Saakachvili dit etre rentre en Georgie, le pouvoir dement
L’ex-président Saakachvili dit être rentré en Géorgie, le pouvoir dément© AFP/Archives/Sergei SUPINSKY

L’ex-président Mikheïl Saakachvili a déclaré vendredi être rentré en Géorgie après un exil de huit ans, une annonce démentie par les autorités qui menacent de l’arrêter s’il retournait dans ce pays du Caucase plongé dans une longue crise politique.

« J’ai risqué ma vie et ma liberté pour rentrer », a lancé M. Saakachvili, 53 ans, dans une vidéo diffusée sur son compte Facebook dans laquelle il dit se trouver dans la ville côtière géorgienne de Batoumi.

Toutefois, le ministère géorgien de l’Intérieur a assuré que M. Saakachvili, qui est accusé par la justice de son pays d’abus de pouvoir, une affaire qu’il juge politique, n’avait pas regagné Géorgie.

« Nous avons été en communication active avec la partie ukrainienne et je peux dire catégoriquement que Mikheïl Saakachvili n’a pas franchi la frontière ukrainienne », a martelé devant les médias un vice-ministre géorgien de l’Intérieur, Alexandre Darakhvelidzé.

Le dirigeant du parti au pouvoir Rêve géorgien, Irakli Kobakhidze, a lui aussi affirmé que « Saakachvili n’est pas en Géorgie », dénonçant une supercherie.

Mikheïl Saakachvili est un habitué des coups d’éclat. En 2017, il était illégalement entré, à pied, en Ukraine – où il avait également des problèmes judiciaires – entouré d’une foule de partisans, une scène rocambolesque.

Président de 2004 à 2013, il avait annoncé, cette fois-ci, son retour sur sa terre natale pour ce week-end, à l’occasion du déroulement samedi d’élections locales considérées comme un test pour le parti au pouvoir.

« J’appelle tout le monde à aller voter pour le Mouvement national uni (MNU) », le principal parti d’opposition dont il est le fondateur, a lancé M. Saakachvili dans la vidéo diffusée vendredi.

Plusieurs membres de son parti ont insisté sur le fait qu’il était bien à Batoumi, affirmant l’y avoir contacté via des appels vidéo.

Des tensions accrues

Il a également appelé ses partisans à se réunir dimanche et à marcher vers la capitale Tbilissi « pour protéger les résultats du vote », tout en promettant de se joindre au cortège.

« Si ce gouvernement usurpateur arrive à m’arrêter avant, cela ne peut que nous rendre plus forts. Je ne reculerai pas en tout cas et j’espère que vous non plus », a-t-il ajouté.

Son retour en Géorgie, « qu’il soit vrai ou pas, accroît les tensions avant les élections de samedi », a jugé vendredi la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, dans une allocution télévisée.

L’ex-président, en exil depuis 2013, avait montré lundi la photographie d’un billet d’avion à destination de Tbilissi pour la soirée de samedi, le jour des élections locales.

Les autorités géorgiennes ont aussitôt prévenu qu’il serait immédiatement arrêté en cas de retour.

Personnage flamboyant

Personnage flamboyant, Mikheïl Saakachvili est pour ses partisans le héros de la « Révolution de la rose » de 2003 qui avait évincé en Géorgie les élites post-communistes et donné naissance à d’importante réformes.

Mais il est aussi l’homme de la défaite dans la guerre de 2008 contre la Russie et ses détracteurs dénoncent son penchant pour l’autoritarisme.

Après son départ de Géorgie en 2013, il a vécu un temps aux Etats-Unis avant d’entamer en Ukraine une nouvelle carrière politique, soutenu un temps par l’ex-président Petro Porochenko, avec lequel il s’est ensuite brouillé.

Dernièrement, Mikheïl Saakachvili dirigeait une instance gouvernementale ukrainienne chargée des réformes.

La Géorgie est plongée dans une crise politique depuis l’année dernière, lorsque les partis d’opposition ont dénoncé des fraudes massives aux élections législatives remportées de justesse par le parti au pouvoir, le Rêve géorgien.

En mai, le président du Conseil européen Charles Michel a négocié un accord de sortie de crise mais, en juillet, le Rêve géorgien s’en est unilatéralement retiré, suscitant les critiques de l’UE et des Etats-Unis.

Lundi, M. Saakachvili a insisté sur le fait que l’accord devait être respecté, qualifiant les élections locales de samedi de « référendum » contre Bidzina Ivanichvili, le fondateur du Rêve géorgien et homme le plus riche de Géorgie.

M. Ivanichvili assure s’être mis à l’écart de la vie politique quand ses détracteurs l’accusent d’être le vrai maître du gouvernement.

Par Le Point avec AFP

Internet mobile : Congo, RDC, Côte d’Ivoire… Dans quels pays la data est-elle la plus chère ?

juillet 11, 2021
La GSMA, lobby mondial des télécoms, constate une baisse du prix moyen des terminaux mobiles sur le continent en 2019.

Malgré l’installation de câbles sous-marins pour connecter le continent, le prix d’un giga de données mobiles reste en moyenne très élevé. État des lieux.

Si la fracture numérique se réduit en Afrique, le coût d’internet a, lui, du mal à baisser. Le 30 juin, le dernier tronçon du câble sous-marin Africa Coast to Europe (ACE), qui relie la France à l’Afrique du Sud en connectant une dizaine de pays africains, dont le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana, a été mis en service.

Dernier exemple en date de la progression de la couverture internet en Afrique, ce câble, long de 17 000 km, a représenté un investissement de 700 millions de dollars réalisé par un consortium de 20 membres, dont le groupe français Orange, qui a contribué à hauteur de 250 millions de dollars.

Malgré cette bonne nouvelle, et le développement de câbles sous-marins reliant le continent, seul 29 % des Africains ont accès à internet, contre 45 % des habitants en Asie, selon le dernier rapport publié par l’Alliance for Affordable Internet (A4AI) en décembre 2020.

Chaque année, l’initiative hébergée par la Web Foundation et dirigée par Sonia Jorge collecte les données des forfaits prépayés les moins chers par pays pour les services de haut débit selon le modèle de prix fournit par l’Union internationale des télécommunications (UIT).

5 dollars pour un giga de données

En 2020, le prix médian d’un giga de données mobiles en Afrique s’élevait à plus de 5 dollars contre près de 7 dollars en 2018, soit une baisse de -28 % explique A4AI. À titre de comparaison, il fallait compter 3,5 dollars pour un giga au sein de l’Union européenne en 2020 (4,1 dollars en 2018).

Si l’on observe une baisse significative des prix moyens des données haut débit, les différences de tarif d’un pays à l’autre demeurent très importantes.

Ainsi, en Guinée équatoriale, il faut débourser 35 dollars pour obtenir un giga de données mobiles, soit le tarif le plus cher au monde, selon les chiffres de l’Alliance for Affordable Internet. Pourtant, le pays est relié à trois câbles sous-marins de fibre optique.

Plusieurs raisons expliquent ce prix. Avec un parc de clients restreint, 1,3 million d’habitants en 2019, le coût d’installation des infrastructures est plus difficile à amortir. Aussi, la compagnie Getesa, détenue à 60 % par l’État, est l’opérateur principal du pays, traduisant un manque de concurrence qui fait inévitablement augmenter les prix.

C’est ensuite en Libye que l’on trouve les tarifs les plus élevés, avec un giga de données mobiles coûtant 11,4 dollars, puis en Centrafrique (10,4 dollars), au Tchad (8,64 dollars), au Congo Brazzaville (8,47 dollars) et au Togo (8,4 dollars).

En RDC, il fallait débourser 8 dollars pour un giga de données mobiles en 2020, contre 10,7 dollars l’année précédente (-25 %).

En 2019, le gouvernement a défini une stratégie de développement numérique à l’horizon 2025. Or la taille du pays le rend peu attractif pour les opérateurs. « Il est généralement plus difficile d’installer et de maintenir un réseau dans les régions vastes et pauvres car la rentabilité pour les opérateurs est moins intéressante », avait déclaré Teddy Woodhouse, directeur de recherche pour l’A4AI, lors d’une interview accordée à Jeune Afrique en décembre 2020.

Prix d’un giga de données mobiles en 2020

Soudan et Maroc, champions des petits prix

À l’inverse, parmi les pays africains où les prix d’internet sont les plus faibles, on retrouve le Soudan avec 0,9 dollar le giga de données haut débit, suivi de l’Égypte (1,3 dollar) puis du Maroc (2 dollars), du Rwanda (2,1 dollars) et du Cameroun (2,2 dollars). En Algérie, il faut compter 2,3 dollars, au Sénégal 3,28 dollars et en Côte d’Ivoire 4,8 dollars.

Au Maroc, le prix est passé de 2 dollars en 2019 à 5 dollars en 2020, soit une baisse de -61 %, selon les chiffres de l’A4AI, résultat notamment de la stratégie Maroc Digital 2020 centrée sur la transformation numérique et la réduction de la fracture digitale dans le pays.

Outre les différences régionales, les prix sont plus faibles en Afrique de l’Est et de l’Ouest qu’en Afrique centrale et australe, les prix de la data peuvent également diverger entre deux pays voisins. Ainsi, selon l’A4AI, le Tchad est l’un des pays les plus chers avec 8,4 dollars le giga. Son voisin nigérian est, au contraire, l’un des moins chers : le giga de data y est vendu à 2,7 dollars.

Internet abordable dans seulement 14 pays

Pour les Nations unies, l’accès à internet est abordable lorsque le coût d’un giga est inférieur à 2 % du revenu mensuel brut. Or sur le Continent, il est de 5,7 % contre 2,7 % en Amérique du Sud et 1,6 % en Asie-Pacifique. De fait, « seuls 14 des 48 pays africains participant au classement ont un accès à internet abordable », résume le rapport.

Ainsi, d’après A4AI, en Centrafrique, un giga représente 24,4 % du revenu mensuel. En RDC, cela représente 20,6 % du revenu et au Tchad et au Togo, 15 %. À l’inverse, il équivaut à seulement 0,5 % du revenu mensuel à Maurice, 0,8 % en Algérie, 1,3 % au Gabon et 1,4 % au Ghana.

Avec Jeune Afrique par Solène Benhaddou

Le G20 donne son aval à la suspension temporaire du service de la dette des pays les plus pauvres

avril 15, 2020

«Tous les créanciers officiels bilatéraux participeront à cette initiative», a indiqué le groupe, en appelant les créanciers privés à faire de même.

Le ministre des Finances allemand Olaf Scholz, durant la visioconférence du G20, ce mercredi 15 avril.
Le ministre des Finances allemand Olaf Scholz, durant la visioconférence du G20, ce mercredi 15 avril. HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS

Les ministres des finances et les banquiers centraux du groupe G20 se sont accordés pour donner une grande respiration aux pays les plus pauvres. Ils ont donné ce mercredi leur aval à une suspension provisoire du service de leur dette, à l’issue d’une réunion virtuelle.

«Nous nous sommes mis d’accord sur une approche coordonnée avec un échéancier commun fournissant les principales caractéristiques de cette initiative (…) qui a également été approuvée par le Club de Paris», précise un communiqué. «Tous les créanciers officiels bilatéraux participeront à cette initiative». Les créanciers privés sont également appelés à participer à l’initiative. La suspension provisoire du service de la dette des pays les plus pauvres par le G20 constitue un «acte de solidarité internationale de portée historique», a jugé le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz. «Nous laissons ainsi aux pays concernés de grandes marges de manœuvre financières pour investir dans la protection sanitaire de leurs populations, immédiatement et sans examen chronophage au cas par cas», a affirmé le ministre dans un communiqué.

Côté français, on salue également une initiative «historique». «Cette décision libère 14 milliards de dollars de la part des créanciers bilatéraux publics, donnant à ces pays des marges de manoeuvre pour rapidement répondre à la crise», a souligné Bruno Le Maire dans un communiqué. Emmanuel Macron s’était exprimé, en début de semaine, pour demander l’annulation pure, simple et «massive» de la dette de pays africains les plus démunis. Son remboursement représente en moyenne 13 % des revenus des Etats.

Mardi, le G7 s’était également dit favorable à une telle initiative pour aider ces pays à faire face aux impacts sanitaires et économiques de la pandémie du coronavirus, mais à condition de recevoir l’aval du G20. «Nous sommes déterminés à ne ménager aucun effort pour protéger les vies humaines», a déclaré Mohammed al-Jadaan, le ministre des Finances saoudien lors d’une conférence de presse virtuelle.

Il a en outre souligné qu’en cette période inédite, il fallait soutenir autant que possible l’économie mondiale et s’assurer de la résilience du système financier. «Nous devons poursuivre nos efforts et les amplifier», a-t-il ajouté, alors que les gouvernements ont déjà dépensé des milliers de milliards de dollars pour endiguer l’impact de la pandémie, qui paralyse des pans entiers de l’économie mondiale. Le Covid-19 a contaminé plus de deux millions de personnes dans le monde.

Par Le Figaro avec AFP

Ces pays qui commencent à «déconfiner»

avril 14, 2020

Après la Chine, berceau de l’épidémie du nouveau coronavirus, plusieurs pays commencent à envisager un déconfinement progressif :

Chine : la province du Hubei, hormis son chef-lieu Wuhan, a démarré son déconfinement le 25 mars. Le bouclage de Wuhan, où le nouveau coronavirus a surgi en décembre, a été levé le 8 avril, mais la mairie a replacé en confinement 70 quartiers résidentiels sur 7.000, après la découverte de porteurs «asymptomatiques». Dans toute la province, les habitants doivent produire sur leur téléphone portable un code QR vert prouvant qu’ils sont en bonne santé.

République tchèque : le gouvernement tchèque a présenté mardi un plan visant à lever progressivement les mesures de confinement imposées au pays depuis la mi-mars, en cinq étapes du 20 avril au 8 juin. Les marchés en plein air et les artisans ou petits commerçants pourraient rouvrir à partir du 20 avril, ainsi que les écoles et universités, petit à petit. L’ensemble de l’économie reprendrait son rythme normal, de semaine en semaine jusqu’au 8 juin. Depuis mardi, les Tchèques sont libres d’aller à l’étranger pour des voyages d’affaires ou pour voir leurs proches à condition de subir une quarantaine à leur retour.

– Autriche : l’Autriche a rouvert mardi ses petits commerces non alimentaires, avec des aménagements pour respecter les distances de précaution. Ecoles, cafés et restaurants resteront fermés jusqu’à la mi-mai au moins. Les déplacements restent limités à l’essentiel jusqu’à fin avril. Manifestations culturelles et rassemblements publics sont bannis au moins jusqu’en juillet.

– Danemark : le Danemark rouvre mercredi crèches, écoles maternelles et primaires, puis les établissements du secondaire le 10 mai. Les bars, restaurants, centres commerciaux, coiffeurs et salons de massages resteront clos. Aucun rassemblement de plus de 10 personnes. Les frontières demeurent fermées, les voyages à l’étranger déconseillés.

– Espagne : en Espagne, confinée depuis le 14 mars et au moins jusqu’au 25 avril, une partie des travailleurs ont néanmoins repris le chemin des usines et des chantiers. Plusieurs millions de masques leur ont été distribués. Depuis le 30 mars, toutes les activités économiques non essentielles étaient à l’arrêt. La phase de déconfinement «commencera au plus tôt dans deux semaines et sera très progressive», a souligné dimanche le Premier ministre Pedro Sanchez.

– France : en France, le 11 mai marquera le début d’un déconfinement partiel avec la réouverture progressive des écoles, collèges et lycées. Universités, bars, restaurants ou cinémas resteront fermés, tout comme les frontières avec les pays non européens. Les personnes âgées et fragiles ont été priées de rester confinées. Les festivals ne seront pas autorisés avant au moins mi-juillet.

– Norvège : la Norvège prévoit d’alléger progressivement ses mesures à compter du 20 avril, rouvrant les crèches et levant l’interdiction des séjours en résidence secondaire. A partir du 27 avril, réouverture partielle des collèges, lycées et universités, ainsi que des salons de coiffure, de massage et de dermatologie. Les événements culturels et sportifs restent interdits et les frontières fermées.

– Portugal : au Portugal, en état d’urgence depuis le 19 mars, les autorités espèrent un retour progressif à la normalité en mai. Crèches et écoles ne rouvriront pas d’ici la fin de l’année scolaire.

– Grèce : la Grèce table sur un retour «à la normalité» en mai, à condition que le confinement soit strictement respecté d’ici là. Mais «toute discussion sur la levée graduelle des mesures est prématurée», a prévenu le gouvernement le 6 avril.

– Italie : en Italie, confinée sur tout le territoire depuis le 10 mars, quelques commerces, comme les librairies ou les laveries, ont rouvert mardi dans certaines régions.

– Allemagne : l’Allemagne doit annoncer mercredi un allègement des mesures coercitives, qui varient d’une région à l’autre. Les stades et les salles de concert devraient toutefois rester vides pendant encore plusieurs mois.

– Suisse : les autorités suisses doivent annoncer jeudi les «premiers assouplissements» prévus d’ici fin avril. Mais les précautions d’hygiène et la distanciation sociale resteront en place «pendant longtemps», ont-elles souligné.

Avec Le Figaro

Le cauchemar de la pluie

décembre 20, 2019

 

Boueuses sont les routes de mon pays

Qui ont endossé le brassard de la pluie

Défiant les constructeurs du génie civil

Qui se grattent la tête et leur nombril

 

Chacun au volant de son véhicule

Dans l’espoir d’une sortie honorable

Tente d’emprunter un passage sûr

Avant de tomber comme une mûre

 

La pluie n’est plus l’amie d’un bon sommeil

Elle fait peur et produit des insomnies sous le ciel

Où les riverains et les habitants perdent l’œil

D’un bon repos corporel dans la nuit paisible

 

Bernard NKOUNKOU