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Des paysans français manifestent contre l’accaparement des terres par des investisseurs chinois

août 30, 2018

Des membres du syndicat paysan « La Confédération paysanne » manifestent contre l’accaparement des terres agricoles, à Murs, dans l’Indre, le 29 août 2018 / © AFP / GUILLAUME SOUVANT

« La terre aux paysans »: venus de toute la France, avec des tracteurs et des fumigènes, plus d’une centaine d’agriculteurs ont occupé mercredi une parcelle d’une exploitation achetée par des investisseurs chinois dans le centre du pays, pour protester contre la « spéculation » sur le foncier français.

Brandissant des drapeaux du syndicat agricole la Confédération paysanne à Murs (centre), les paysans en colère ont rempli un semoir avec des graines de ray-grass et les ont ensuite semées sur la parcelle occupée, un geste symbolique signifiant la volonté de « rendre les terres aux paysans ».

« La terre est là pour faire vivre des familles de paysans et produire de la nourriture. Ici, les propriétaires sont venus faire un business, de la spéculation boursière autour de l’agriculture en s’accaparant du foncier », a dénoncé Laurent Pinatel, paysan et porte-parole de la Confédération paysanne.

Le consortium chinois Hongyang a acquis dans cette région en 2016 1.700 hectares où il produit du blé destiné au marché mondial. Le groupe a également acheté 900 hectares dans l’Allier.

« Les investisseurs chinois ont acheté à plusieurs propriétaires, ont pris des parts sociales ou monté des sociétés de façon tout à fait légale alors qu’un contrôle des structures sur la vente ou les locations de foncier existe en France. Il s’est avéré inefficace. Il faut que les parlementaires fassent dès l’automne une loi sur le partage et le portage du foncier », s’est insurgé M. Pinatel.

A l’arrivée des manifestants, un membre de la Confédération Paysanne et un journaliste ont été frappés au visage par un ouvrier agricole travaillant pour les propriétaires chinois.

Les manifestants ont rempli un semoir et ont ensuite semé les graines de ray-grass sur la parcelle, à Murs, dans l’Indre, le 29 août 2018 / © AFP / GUILLAUME SOUVANT

Le ministre français de l’Agriculture Stéphane Travert a de son côté précisé à l’AFP qu’une mission parlementaire travaillait sur ce dossier et qu’il attendait « le retour de cette mission pour pouvoir faire des propositions concrètes ».

– « Régulation du foncier » –

Selon la Confédération Paysanne, la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural), organisme semi-public qui gère les terres agricoles, devrait « acheter les terrains et décider ensuite à qui ils doivent être attribués, en fonction des projets d’installation, afin d’organiser la régulation du foncier ».

« Plein de gens ont des projets d’installation, alors que la France importe plus de 50% de notre consommation de fruits et de légumes », argumente Laurent Pinatel.

Nicolas Calame, porte-parole de la Confédération Paysanne dans l’Indre (centre), estime que ce département est « emblématique » de la financiarisation du foncier.

Des paysans de plusieurs régions touchées par le même phénomène avaient fait le déplacement à Murs, dans l’Indre, le 29 août 2018 / © AFP / GUILLAUME SOUVANT

« Le problème n’est pas que les propriétaires soient chinois. C’est aussi scandaleux quand des Français s’accaparent des terres en Ukraine ou en Pologne, ou que le groupe Bolloré, qui n’a pas besoin de ça, achète des hectares de vignoble bordelais! », a-t-il relevé.

« Nous demandons juste que le droit d’usage prévale sur le droit de propriété. Les paysans qui vivent de la terre doivent en avoir le plein usage, pas les salariés de grands fonds de pension… », a-t-il ajouté.

Des paysans venus de plusieurs régions françaises avaient fait le déplacement.

« Nous avons le même problème dans le département du Nord, entre Saint-Omer et Dunkerque », a dénoncé Jean-Luc Bardel, paysan-maraîcher qui a « péniblement » réussi à acheter 3 hectares de terre: « dans les écoles d’agriculture, plein de jeunes néo-ruraux aspirent à un retour à la terre. Ils ne trouvent pas de foncier ou beaucoup trop cher car les consortiums font exploser les tarifs ».

Des agriculteurs en âge d’être à la retraite, constate-t-il, louent ou sous-louent leurs terres à des sociétés qui les paient plus chères. « Les retraites des agriculteurs sont tellement faibles qu’on peut pas leur jeter la pierre, mais ce n’est pas très sain », juge-t-il.

Un manifestant arbore un tshirt siglé « Nos fermes ne sont pas des usines », à Murs dans l’Indre, le 29 août 2018 / © AFP / GUILLAUME SOUVANT

Même si elles restent « très minoritaires », selon la Safer, les acquisitions de terres par des entreprises asiatiques (Chine, Singapour, Hong Kong notamment) ont suscité des réactions inquiètes dans le monde rural français, certaines ayant abouti grâce à des montages juridiques astucieux.

Le président français Emmanuel Macron avait annoncé en février la mise en place de « verrous réglementaires » sur les achats de terres agricoles par des étrangers.

Les investissements chinois dans l’agriculture à l’étranger ont totalisé au moins 76 milliards d’euros depuis 2010, selon les chiffres publiés au début de l’année par deux centres de réflexions néo-conservateurs américains, American Enterprise Institute et Heritage Foundation.

Asie du sud-est, Amérique latine, Afrique sont ciblés. Mais, depuis quelques années, l’attention de la Chine semble se tourner vers l’Australie, les Etats-Unis et l’Europe.

Romandie.com avec(©AFP / (30 août 2018 12h44)

Bavure au Niger: l’armée tue 14 paysans, pris pour des jihadistes

juillet 6, 2017

Niamey – L’armée nigérienne a tué mercredi par erreur dans un bombardement 14 paysans dans une région instable du sud-est du pays, les prenant pour des jihadistes de Boko Haram, ont indiqué jeudi des sources locales.

« C’est une bavure militaire qui a coûté la vie à 14 personnes (…) des réfugiés et des déplacés qui étaient rentrés dans leur village près d’Abadam, qu’ils avaient abandonné à cause des exactions de Boko Haram, et qui étaient revenus pour préparer leurs champs », a déclaré à l’AFP un élu de la région de Diffa.

« Ils n’avaient pas prévenu les autorités » alors que c’est une zone rouge interdite d’accès, près de la rivière Komadougou Yobé, qui sert de frontière naturelle entre le Niger et le Nigeria, a expliqué l’élu.

Parmi les tués figurent 12 Nigérians et deux Nigériens, selon le secrétaire général du gouvernorat de Diffa, Yahaya Godi.

« Les militaires les ont pris pour des combattants de Boko Haram. L’armée est sur ses gardes depuis les deux dernières attaques dans cette zone », a indiqué un journaliste local à l’AFP.

Pour pouvoir lutter contre Boko Haram, les autorités ont évacué en mai 2015 les civils de zones frontalières avec le Nigeria et l’accès y est interdit sans autorisation. Cette décision impopulaire chez nombre de déplacés oblige beaucoup d’entre eux à vivre dans des camps. Certains reviennent quand même dans leurs villages pour cultiver malgré l’interdiction.

La région de Diffa est le théâtre depuis plusieurs années de nombreuses attaques du groupe islamiste nigérian Boko Haram, aussi bien contre des soldats que contre des civils.

« Abadam est une zone interdite donc tout déplacement est considéré comme (étant) celui de (militants) de Boko Haram », a déclaré Yahaya Godi sur une radio locale à Niamey.

« C’est pour éviter des attaques que l’avion n’a pas tarder à (les) bombarder. Il y a eu cette erreur là. Les gens ont violé l’interdiction, ils ont quitté Diffa pour soit disant faire des travaux agricoles sans informer qui que ce soit. L’avion ne peut pas distinguer (les combattants de Boko Haram des simples paysans). Il y a eu malheureusement 14 morts dont deux Nigériens et 12 Nigérians ».

Le village d’Abadam est divisé en deux par la rivière Komadougou Yobé: une partie se trouve au Nigeria et l’autre au Niger. Les deux Nigériens tués sont des déplacés et les 12 Nigérians sont des réfugiés.

Les autorités militaires de la région de Diffa étaient injoignables jeudi après-midi.

En février 2015, Abadam avait déjà été touché par le bombardement d’un avion « non identifié », selon les autorités : une bombe larguée sur une cérémonie funéraire avait fait 36 morts et 27 blessés.

Le village s’était vidé de ses habitants un peu plus tard.

La région de Diffa, qui compte 600.000 habitants, subit depuis 2015 des attaques récurrentes des islamistes nigérians. Elle abrite plus de 300.000 réfugiés et déplacés, qui vivent au milieu d’une population locale déjà très pauvre, selon l’ONU.

Une force régionale composée du Niger, du Nigeria, du Tchad et Cameroun mène depuis deux ans des opérations de ratissage terrestres et aériennes dans la zone du lac Tchad où se sont retranchés les combattants de Boko Haram.

Neuf personnes ont été tuées et 37 filles et garçons kidnappés dimanche dans un village de la même région, Ngalewa, lors d’une attaque attribuée à Boko Haram. Deux personnes avaient été tuées dans un attentat suicide perpétré le 29 juin près d’un camp de réfugiés par deux femmes kamikazes, dans le village de Kabaléwa, dans la même zone.

Romandie.com avec(©AFP / 06 juillet 2017 20h32)                                            

Cacao ivoirien: La réforme prévoit 50% du prix international aux paysans

septembre 14, 2011

Abidjan, La prochaine réforme du cacao en Côte d`Ivoire, premier producteur mondial, doit permettre aux paysans de percevoir
50% du prix d`achat international, alors que la faiblesse de leurs revenus est régilièrement dénoncée, a affirmé mercredi le ministre de l`Agriculture.

« Il faut que le paysan perçoive au moins 50% du prix affiché au niveau international », a déclaré à l`AFP Mamadou Sangafowa Coulibaly, qualifiant cet objectif de « recommandation ferme » du président Alassane Ouattara.

« Il faut que ce prix lui soit garanti. Au besoin on devra agir sur la fiscalité pour aboutir », a-t-il ajouté.

Actuellement, les paysans ivoiriens perçoivent généralement autour de 20-30% du prix international, en raison d`une lourde fiscalité et de la mauvaise organisation de la filière, une situation que dénoncent régulièrement les planteurs et les bailleurs de fonds.

La réforme devrait prévoir la mise en place d`une structure unique de gestion dont « le fonctionnement ne permette pas de s`enrichir sur le dos des producteurs, comme cela a été malheureusement le cas dans le passé », selon le ministre.

Au début des années 2000, l`ex-président Laurent Gbagbo avait, sous la pression des institutions internationales, poursuivi la libéralisation de la filière, auparavant centralisée par la Caisse de stabilisation et de soutien des prix (Caistab). Créées pour assurer transparence et équité, les structures de régulation ont échoué et leurs dirigeants sont restés longtemps en prison
pour des détournements présumés.

« Les résultats de l`ancienne réforme sont catastrophiques, aussi bien au niveau de la gestion de la filière que de la rémunération des paysans », a dénoncé M. Coulibaly.

« Les premières orientations de la réforme pourraient être rendues publiques en octobre pour avoir l`appui des partenaires », a-t-il indiqué.
Le pays s`attend à une bonne récolte pour la campagne en cours, après une production de quelque 1,2 million de tonnes en 2010-2011. Malgré la crise politique du début de l`année, « on pourrait tourner autour de la même production, voire plus », a souligné le ministre.

Le cacao représente 40% des recettes d`exportation ivoiriennes avec le café.

AFP