L’édile a proposé une primaire cette semaine. Jadot, Mélenchon, Roussel… Tous ont décliné. Mais la socialiste ne lâche rien, comme elle le dit au « JDD ».

« Unissez-vous, sinon on n’y arrivera pas. » C’est afin de répondre à cette inquiétude qu’Anne Hidalgo a lancé son idée, mercredi sur TF1, d’une primaire de la gauche. Le hic ? Depuis, elle n’a reçu aucune réponse positive de la part des autres grandes figures lancées dans la course à l’Élysée. L’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l’écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel… Tous ont largement décliné cette idée d’une seule et même personnalité à gauche pour 2022. Seul Arnaud Montebourg avait déjà annoncé qu’il y était favorable. Mais cela ne semble pas décourager l’édile parisien. Dans les colonnes du Journal du dimanche du 12 décembre, elle tend une nouvelle fois la main… au candidat écologiste, surtout.
« La réaction de Yannick Jadot est un peu trop rapide. C’est davantage une réaction d’état-major », analyse-t-elle après le refus d’EELV. « Je l’invite à continuer d’y réfléchir, d’autant plus qu’il avait lui-même déclaré qu’il s’y inscrirait si le nombre de participants dépassait les 300 000 et si j’y étais favorable », ajoute-t-elle en référence à la primaire. Selon elle, toutes les conditions sont réunies pour que Yannick Jadot accepte sa proposition, d’autant qu’il y a « urgence » : « Un constat s’impose : la seule manière d’y parvenir aujourd’hui, c’est l’union. »
Une « hypocrisie totale », selon Jean-Luc Mélenchon
Anne Hidalgo reconnaît qu’elle avait, dans un premier temps, refusé de participer à la primaire populaire. Mais, après réflexion, son opinion a changé. Elle dit avoir « pris ses responsabilités » et juge que l’union est le seul moyen de parvenir à « mobiliser les électeurs de gauche ». « Les Français doivent être les seuls arbitres de ces différentes gauches (…) Et si la gauche veut être au second tour, il faut une primaire en amont du premier tour », insiste-t-elle. Toujours selon elle, la France est à « un moment critique pour la démocratie ». Ses craintes ne sont nullement voilées : « La gauche est menacée de disparition. »
Mais ses appels ne semblent pas recevoir d’écho à gauche. Invité de France Inter et de France Info, dimanche 12 décembre, Jean-Luc Mélenchon a une nouvelle fois rejeté l’idée d’une primaire de la gauche, évoquant des désaccords sur des « questions fondamentales ». Selon lui, « c’est aux électeurs de trancher ». « Tout cela est, à mes yeux, assez pitoyable. Je n’en pense pas beaucoup de bien, car je n’ai toujours pas compris qui devait s’allier avec qui (…) Je devrais renoncer à tout parce que, tout à coup, nous aurions la formule magique ? » a-t-il ajouté, non sans ironie. Dénonçant au passage une « hypocrisie totale ». « Ces gens-là ne cherchent pas l’union mais une sortie de secours », a-t-il également lancé.
Côté centre, on tance également la proposition d’Anne Hidalgo. Présent, dimanche, sur BFMTV, François Bayrou a lui aussi comparé l’idée d’une primaire à une « porte de sortie à une situation qui est une impasse absolue » pour la maire de Paris. « Ce sont trois gauches antagonistes et qui ne disent pas la même chose », estime-t-il par ailleurs. Et le centriste de poser un constat implacable sur le camp de la rose : « Quand on pense que c’est le Parti socialiste, cela donne une idée d’une espèce de dévitalisation que ce courant connaît. »
Un appel au sursaut, depuis Perpignan
La primaire populaire, entreprise par des militants indépendants afin de désigner un seul et unique candidat à gauche en vue du scrutin d’avril prochain, aura lieu le 27 janvier. Auprès du JDD, Anne Hidalgo confirme qu’elle y sera candidate et tend une longue perche à Yannick Jadot qui, selon elle, doit y participer. « Nous ne pouvons pas dire aux jeunes générations : nous avons vu les nuages menaçants s’amonceler et nous avons préféré rester dans notre zone de confort », justifie-t-elle. Le temps est venu, dit-elle, de se mettre en ordre de bataille, en dépit des critiques : « Le train est parti. La primaire populaire aura lieu et j’y participerai. »
En déplacement à Perpignan, dimanche, la candidate socialiste a une nouvelle fois appelé à l’union de la gauche. Lors de son meeting, elle a ainsi scandé : « Comment ne pas entendre les Français et les Françaises qui nous appellent à l’union ? Sans union, il n’y a pas de destin pour la gauche. » Anne Hidalgo a ainsi renouvelé son appel à une primaire de la gauche, avant le premier tour du scrutin présidentiel, « parce que la division c’est la résignation, c’est l’impuissance, c’est l’abstention ». Auprès des militants socialistes présents, comme aux autres candidats de gauche, l’édile a appelé au sursaut : « Réveillez-vous ! Mesurez le danger qui nous guette. »
Avec Le Point