Selon un sondage Ipsos pour le Cran, les faits de discrimination contre les personnes noires ont principalement lieu dans l’espace public.

Un chiffre sans appel. Selon un sondage réalisé par l’institut Ipsos pour le Conseil représentatif des associations noires (Cran) et relayé ce mardi 14 février par Le Parisien, plus de neuf Français noirs ou métisses sur dix (91 %) disent avoir été, au moins une fois, victimes d’une discrimination à caractère racial. Dans le détail, une personne interrogée sur quatre (25 %) dit en être victime « souvent », quand près d’une personne sondée sur deux (44 %) dit en être victime « de temps en temps ». En 2007, dans une autre étude commandée par le Cran en 2007, 56 % des personnes noires disaient avoir été touchées, au moins une fois au cours de leur vie, par des actes racistes.
Selon ce nouveau sondage, les faits de discrimination ont principalement lieu dans l’espace public (41 %), devant le lieu de travail (31 % des personnes noires ou métisses se disent concernées) et dans les magasins (21 % des sondés concernés). « Il y a aujourd’hui une libération de la parole raciste et une augmentation des idées extrémistes. Nous avons voulu, avec cette étude, essayer de mesurer le phénomène. Résultat : il est massif », estime le président et fondateur du Cran, Patrick Lozès, auprès de nos confrères. Force est de constater que cette « libération de la parole raciste » touche également des lieux censés être des sanctuaires. Ainsi, 14 % des Noirs et métisses expliquent avoir été victimes d’une discrimination à caractère racial à l’école et à l’université. Par ailleurs, 12 % des sondés indiquent en avoir été victimes dans le cadre de leurs loisirs.
Comment se manifestent ces discriminations raciales dans la vie quotidienne ? Pour près de six personnes noires sur dix interrogées (58 %), cela s’illustre par des « attitudes dédaigneuses, méprisantes ou irrespectueuses ». Souvent, ce racisme intervient lors de la recherche d’un emploi, rapporte l’étude : 53 % des sondés ont des « difficultés à décrocher un entretien », 49 % essuient des « refus d’embauche » ou « de promotion ». Indicateur encore plus inquiétant, 33 % des personnes sondées estiment faire face à des « difficultés d’accès aux soins ».
Le représentant des associations noires ne veut, néanmoins, pas céder à la fatalité. « Il y a une bonne nouvelle. Une grande majorité considère la question prioritaire et appelle les pouvoirs publics à agir, ce qui signifie que si on ne se contente pas de ne rien faire, les choses peuvent changer. Rien n’est ancré, en réalité », assure-t-il à nos confrères. En janvier dernier, le gouvernement a mis sur la table un plan antiracisme. S’il salue l’initiative, Patrick Lozès estime qu’il y a eu un manque de concertation avec les acteurs.
Avec Le Point.fr