Dans « Le Suppléant », le prince britannique explique avoir consommé de la drogue à 17 ans. Ces révélations ne plaisent pas à un think tank conservateur.

Un livre qui n’est pas du goût de tout le monde. D’après CNN, un groupe conservateur – Heritage Foundation – a saisi la justice fédérale américaine pour consulter le dossier d’immigration – nécessaire pour obtenir un visa – du prince Harry. Une demande qui fait suite à des révélations du fils du roi Charles III, dans son livre Le Suppléant (Spare, en anglais) – où il raconte avoir consommé de la drogue, durant son adolescence. La plainte, elle, a été déposée le 5 mai dernier auprès de la justice fédérale.
« Une couverture médiatique étendue et continue a soulevé la question de savoir si le DHS [département de la Sécurité intérieure] a correctement admis le duc de Sussex [sur le sol américain] à la lumière du fait qu’il a publiquement admis les éléments essentiels d’un certain nombre d’infractions liées à la drogue aux États-Unis et à l’étranger », juge le think tank conservateur, très influent dans la capitale fédérale. La plainte a été déposée sur le fondement du « Freedom of Information Act ». Ce texte, qui date des années 1960, oblige toutes les agences fédérales à communiquer leurs documents à ceux qui en font la demande. Sauf si ceux-ci ont trait à des questions de sécurité nationale, entre autres.
Dans Le Suppléant, Harry raconte avoir consommé de la cocaïne, de la marijuana ou encore des champignons hallucinogènes, durant son adolescence. Or, aux États-Unis, la consommation de drogue peut être un motif de rejet d’une demande de visa. Même si celle-ci remonte à plusieurs années. Un refus qui peut être opposé, officiellement, pour des raisons sanitaires ou pour des raisons criminelles, d’après la loi sur l’immigration et la naturalisation.
« Le peuple américain mérite des réponses »
Le débat aura lieu le 6 juin prochain, devant un tribunal de Washington D.C.. De son côté, le ministère américain de la Justice se montre catégorique. D’après nos confrères américains, l’administration estime que les « spéculations » n’étaient « pas suffisantes » pour justifier une telle publication. Une première demande, amiable, a déjà été rejetée par le ministère. Et ce, au motif qu’Harry ne « consentait [pas] à ce que ses informations soient divulguées ». Invité à réagir auprès de CNN, l’entourage du prince britannique n’a pas – pour l’heure – fait de commentaires.
Dans un tweet, publié le 1er juin, le directeur du Margaret Thatcher Center for Freedom – du think thank Heritage Foundation – a jugé que « le peuple américain [méritait] des réponses ». « Le [ministère] a-t-il détourné le regard, joué les favoris ou n’a-t-il pas répondu de manière appropriée à toute fausse déclaration potentielle du prince Harry ? »
« Je prenais de la cocaïne à cette époque [à 17 ans, NDLR] […]. Pendant un week-end de tournage, on m’avait proposé une ligne […]. Ce n’était pas très amusant et cela ne m’a pas rendu particulièrement heureux […] mais cela m’a fait me sentir différent, et c’était l’objectif principal », écrit-il, entre autres, dans ses Mémoires.
Par Benoît Leroy pour Le Point