Posts Tagged ‘Philippe Mangou’

Procès Gbagbo: le général Firmin Detoh Letoh, ex-commandant de l’armée à Abobo, à la barre de la CPI

novembre 7, 2017

Une femme observe les décombres fumantes au marché d’Abobo, pendant la crise postélectorale, le 4 mars 2011. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Firmin Detho Letoh, 61 ans, est le cinquième général ivoirien ayant occupé un poste important dans le dispositif sécuritaire sous Laurent Gbagbo appelé à témoigner, ce mardi 7 novembre 2017, dans le procès de celui-ci et de son bras droit Charles Blé Goudé, à la Cour pénale internationale (CPI).

De lui, le général Philippe Mangou, alors chef d’état-major des Forces de défense et de sécurité (FDS, armée fidèle à Laurent Gbagbo, dissoute par Alassane Ouattara en 2011) disait qu’il était, le chef de l’une des deux grandes entités impliquées dans la crise post-électorale. « Les unités qui étaient sur le théâtre des opérations, dont le commandant était le capitaine de vaisseau major Boniface Konan (…), avaient été formées et déployées dans tout Abidjan, avait-il révélé. Pour l’intervention au niveau d’Abobo (commune d’Abidjan réputée favorable à Alassane Ouattara, NDLR), les troupes étaient placées sous l’entière responsabilité du général de brigade Firmin Detho Letoh ».

Cinquième général à la barre

C’est donc un officier important qui doit témoigner à la CPI, après les généraux Georges Guiai Bi Poin, ex-commandant du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos, unité mixte d’élite), Edouard Tiapé Kassaraté, ex-commandant supérieur de la gendarmerie, Brédou M’Bia, ex-directeur général de la police, et Philippe Mangou.

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« Gbagbo a financé accidentellement le Commando invisible », selon le général Mangou

octobre 2, 2017

Philippe Mangou salue ses troupes à Abidjan, le 9 novembre 2004. © SCHALK VAN ZUYDAM/AP/SIPA

C’est la surprenante déclaration qu’a livré l’ancien chef d’état-major de Laurent Gbagbo à la barre de la Cour pénale internationale, ce lundi 2 octobre. Interrogé par la défense de l’ancien président ivoirien le général Philippe Mangou est revenu dans le détail sur le financement de cette milice d’anciens rebelles qui combattaient les forces pro-Gbagbo pendant la crise post-électorale.

« J’ai été questionné le 9 août 2011 (lors de l’enquête préliminaire du procureur, NDLR). Deux questions m’ont été posées. La première était de savoir qui était le chef du Commando invisible. La seconde était de savoir qui compose le Commando invisible. J’avais dit que je ne savais pas. Aujourd’hui, je suis en mesure de vous dire que le président Gbagbo a financé accidentellement, je dis bien accidentellement, le Commando invisible », a expliqué le général Philippe Mangou.

L’ancien chef d’état-major de Laurent Gbagbo, toujours entendu par la Cour pénale internationale dans le cadre du procès de l’ancien président ivoirien et de son bras droit Charles Blé Goudé, était interrogé par la défense, ce lundi 2 octobre, au moment où il a livré cette surprenante déclaration.

500 millions de francs CFA

Dans sa réponse, il est revenu longuement sur les sources de financement du Commando invisible, une milice d’anciens rebelles qui avait fait d’Abobo  – commune d’Abidjan, favorable à Alassane Ouattara – son quartier général et combattait les forces loyales à Laurent Gbagbo lors de la crise postélectorale, en Côte d’Ivoire.

« Le 7 décembre 2010, le dernier gouvernement du président Gbagbo a été mis en place. Trois jours plus tard, c’est à dire le 10 décembre 2010, le président m’appelle. Il me demande de venir le voir dans son bureau vers 15h30. Je trouve le président debout avec à ses côtés feu le Ministre Désiré Tagro.

Zakaria est d’accord, moyennant 500 millions de francs CFA, en vue de s’acheter des armes, des munitions et de désorganiser le dispositif des Forces nouvelles

Et le président de me dire ceci : « Tagro revient d’une mission du Togo où il a rencontré dans sa chambre d’hôtel Koné Zakaria (ex-seigneur de guerre de la rébellion des Forces nouvelles, tombé en disgrâce auprès de Guillaume Soro, en 2007, NDLR). Après avoir parlé avec lui, Koné Zakaria est d’accord, moyennant 500 millions de francs CFA (763 000 euros), en vue de s’acheter des armes, des munitions et autres, de désorganiser le dispositif des Forces nouvelles à l’Est de la Côte d’Ivoire. Je voulais que tu vois où Koné Zakaria peut commencer son action ».

Monsieur le président, si vous avez une telle somme d’argent, remettez-la-nous

Je lui ai répondu : ‘’Monsieur le président, si vous avez une telle somme d’argent, remettez-la-nous. Vous savez que nous n’avons pas d’armes et de munitions. Pourquoi est-ce par l’Est de la Côte d’Ivoire qu’il a décidé de commencer son action ?’’. Le ministre Tagro a répondu : ‘’C’est par là qu’il a décidé de commencer son action’’. J’ai dit : ‘’Monsieur le Président, je m’excuse, mais je n’ai pas de carte sous les yeux pour vous indiquer par où Koné Zakaria doit commencer son action’’ ».

Un mystérieux intermédiaire et un échange téléphonique

Et général Philippe Mangou de continuer son récit : « Le président Gbagbo a dit au ministre Tagro : « S’il ne croit pas, donne-lui le numéro de Koné Zakaria pour qu’il l’appelle lui-même pour voir ». C’est ce qui fut fait. En descendant les marches du palais présidentiel, alors que j’attendais mon chauffeur, un homme d’une cinquantaine d’années m’a approché pour me dire : « Mon général, c’est moi qui ai mis en contact le ministre Tagro et Koné Zakaria. Koné Zakaria est prêt à travailler avec IB (Ibrahim Coulibaly, ex-éminence grise de la rébellion de Guillaume Soro, en conflit ouvert avec ce dernier, depuis 2003, et tué, fin avril, à Abobo par les forces favorables à Ouattara, NDLR) et IB est d’accord. Mon général, le temps presse ». »

J’attends l’argent pour commencer le travail

Lorsqu’il arrive à Yopougon, le général Philippe Mangou affirme alors avoir remis le numéro confié par le mystérieux intermédiaire à son chef de la sécurité. « Je lui dis : « C’est le numéro de Zakaria, appelle le pour voir si c’est bien lui ». Zakaria et moi avons l’habitude de nous appeler « Classe ». Quand je prends le téléphone, je dis ‘’Allô’’, il me répond :  »Classe, j’attends l’argent pour commencer le travail ». Il y a eu collusion entre IB et Koné Zakaria pour l’opération au niveau d’Abobo. A cours de logistique, Koné Zakaria va user de ruse et de perfidie pour faire croire qu’il va mener une action à partir du nord-est. Au lieu de cela, ils sont descendus à Abobo. L’argent remis a servi à l’infiltration des lieutenants de Zakaria. »

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CPI – Procès Gbagbo: les reproches du général Mangou envers l’Onuci pendant la crise postélectorale

septembre 28, 2017
Le général Philippe Mangou lors de l’audition du 27 septembre 2017. © Capture d’écran Youtube / DR

Au troisième jour de son témoignage devant la CPI, mercredi 27 septembre, dans le procès Laurent Gbagbo et de son bras droit Charles Blé Goudé, le général Philippe Mangou, ex-chef d’état-major des armées, est revenu sur l’attitude jugée par moments « inamicale » de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et sur les décrets signés par Laurent Gbagbo instaurant des couvre-feux sur l’étendue du territoire ivoirien.

La « provocation » de l’Onuci

« J’ai été très amer avec les forces onusiennes (Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire, Onuci) parce que j’estime que quand vous êtes en crise et qu’une force vient vous aider à aller à la paix, elle se doit d’avoir un certain comportement. Je ne vais pas jeter le discrédit sur l’ensemble des forces impartiales qui, il faut le reconnaître, ont fait un travail satisfaisant pour la Côte d’Ivoire, ont aidé la Côte d’Ivoire à aller à la paix. Je suis miliaire et je sais, quand on quitte sa famille, son pays pour aller se mettre au service d’un autre pays, ce n’est pas facile. Ils ont fait l’essentiel. Mais comme dans tout groupement, dans toute association de personnes, il y a des personnes qui, de par leur comportement, jettent le discrédit sur le travail satisfaisant fait par l’ensemble ».

« J’ai été très amer parce que dans la nuit du 11 au 12 janvier 2011, nos policiers qui étaient partis pour la sécurisation d’Abobo [commune d’Abidjan, fief du Rassemblement des républicains – RDR, parti d’Alassane Ouattara, NDLR] précisément au rond-point, ont été encerclés, puis tués, des véhicules ont été calcinés. Au même moment, est arrivé un convoi de dix véhicules des forces impartiales. Il y en avait qui agonisaient encore, qui n’étaient pas encore morts, couchés dans leur sang et qui cherchaient secours. Ils ont tourné les talons, ils se sont embarqués dans leurs véhicules et ils sont partis. Nous sommes ici dans une justice internationale. C’est une faute très grave, le refus de porter assistance à personne en danger. Entre miliaires, il y a une certaine solidarité au point que nous nous appelons frères d’armes. Et l’appellation ne se fait pas seulement du bout des lèvres, cela doit se ressentir également dans nos faits et gestes »

J’ai trouvé que c’était de la provocation et que c’était inamical de leur part

« Quand des forces agissent ainsi, vis-à-vis de nos forces, il y a de quoi être révolté. Cela m’a révolté. Et je n’ai pas été tendre avec eux. La deuxième raison pour laquelle je suis intervenu, c’est en rapport avec l’organisation des patrouilles. Même quand ce sont les éléments d’une même patrouille, nous évitons que ces éléments se retrouvent sur le même terrain parce que la nuit, tous les chats sont gris. Et en patrouille, vous prenez toutes les dispositions pour qu’au cas où vous tombez sur le camp ennemi, vous puissiez intervenir. En effet, il pouvait y avoir des méprises. Ma position était que si l’Onuci voulait participer à nos patrouilles, qu’elle nous le dise, on ne l’interdisait pas. Dans ce cas, nous nous serions répartis les secteurs pour faire les patrouilles. Mais on arrive à Abobo, on fait nos patrouilles et on les voit venir. Je précise que quand vous voyez les phares allumées, il est difficile de savoir qui vient en face. Je me suis plaint de ces deux faits. J’ai trouvé que c’était de la provocation et que c’était inamical de leur part ».

Les couvre-feux de Gbagbo

« Le 27 novembre 2010, veille du deuxième tour de l’élection présidentielle, a posé problème. Ce jour-là, le président Blaise Compaoré, facilitateur des Accords de Ouagadougou, est arrivé à Abidjan. Le président Laurent Gbagbo, le président Blaise Compaoré, le président Alassane Ouattara se sont retrouvés à la présidence de la République. Pour discuter de ce décret (portant instauration d’un couvre-feu sur l’étendue du territoire), le président Laurent Gbagbo nous a appelés, nous, différents chefs des différents commandements. Il y avait le chef d’état-major des armées, le général Kassaraté, le général Brédou M’Bia et le général Guai Bi Poin. Il voulait nous demander s’il était opportun de maintenir ou d’annuler le décret. Compte tenu de la présence de ces éminentes personnalités, nous étions gênés, on ne pouvait pas se prononcer, j’ai proposé que le président se prononce. Le président Gbagbo, en présence du président Blaise Compaoré, a dit qu’il n’allait pas décréter le couvre-feu ce jour-là. Mais au départ du président Blaise Compaoré, le président a signé d’autorité le décret pour qu’il y ait un couvre-feu. L’opposition a donc manifesté son mécontentement. Au niveau d’Abobo, il y a eu des manifestations qui ont dégénéré et occasionné trois morts. Voici concernant le décret du 27 novembre ».

Selon mon évaluation et les renseignements que je recevais, il y avait nécessité d’instaurer un couvre-feu parce qu’on était très proche du vote

« Concernant le décret du 28 novembre qui devrait intervenir tout juste à la fin du scrutin, personnellement, j’ai proposé au président qu’on le prenne. Avant de signer le décret, le président de la République nous a convoqués à sa résidence à Cocody. Mais, cette fois-ci, avec le premier ministre Guillaume Soro. Et quand il a posé la question de savoir s’il fallait signer ce décret ou pas, le premier à prendre la parole était le Premier ministre Soro qui a dit que les élections viennent d’avoir lieu et que c’est le moment de collecter les résultats, ce qui implique ramassage des urnes et collecte des résultats. De ce fait, les gens ne verraient pas d’un bon œil ce décret et pourraient penser que nous sommes en train d’opérer un bourrage d’urnes. Il a donc proposé au président de renoncer à ce décret. À la suite du Premier ministre, j’ai pris la parole pour dire : ‘Monsieur le président, c’est vrai que je vous ai proposé de prendre un décret pour des raisons sécuritaires. Mais compte tenu de ce que vient de dire monsieur le Premier ministre, je suis d’avis avec lui, cela pourrait prêter à interprétation. Donc, il sera souhaitable que le décret ne soit pas pris’. Mais le décret a été signé d’autorité par le président Laurent Gbagbo ».

« De fait, selon mon évaluation et les renseignements que je recevais, il y avait nécessité d’instaurer un couvre-feu parce qu’on était très proche du vote. Et si jamais les gens saccageaient le matériel du vote et les différents bureaux de vote, comprenez que le 28 novembre, la Commission électorale indépendante allait avoir beaucoup de problèmes, mais les arguments du Premier ministre Soro étaient convaincants ».

« Quant au couvre-feu du 26 novembre, nous l’avons proposé parce qu’il y avait eu un fait antérieur qui a occasionné pas mal de blessés. En effet, le 19 novembre 2011, un groupe de jeunes proches du FPI [Front populaire ivoirien, parti de Laurent Gbagbo, NDLR] s’est rendu au QG du RHDP [Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, coalition de partis politiques ayant soutenu la candidature d’Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle du 28 novembre 2010, NDLR] et a saccagé ce QG. Il s’en est suivi une bagarre de rue qui a fait près de vingt blessés. Les préparatifs de la période électorale s’approchant, nous avons donc proposé au président de la République qu’il prenne un décret, en vue de permettre à ceux qui sont en train d’installer le matériel électoral, de travailler. De sorte qu’une fois le matériel disposé de nuit, on n’aille pas le saboter. C’est donc au vu du premier incident que nous avons proposé au président qu’il prenne un décret, le 26 novembre (2010) ».

Jeuneafrique.com par

CPI: le chef d’état-major ivoirien avait conseillé à Gbagbo de démissionner

septembre 26, 2017

La Haye – Au plus fort de la crise post-électorale qui a déchiré la Côte d’Ivoire en 2010-2011, le chef d’état-major de l’armée ivoirienne avait conseillé à l’ex-président Laurent Gbagbo de démissionner, a-t-il déclaré mardi devant la Cour pénale internationale (CPI).

En guise de représailles, sa résidence privée avait été attaquée quelques jours plus tard, a affirmé Philippe Mangou au deuxième jour de son témoignage au procès.

« Pour avoir seulement proposé au président de démissionner, on a voulu me tuer », a déclaré cet ancien pilier du pouvoir sous Gbagbo devenu témoin de l’accusation.

Barbe poivre et sel et regard fatigué, Laurent Gbagbo, 72 ans, est poursuivi pour des crimes contre l’humanité commis lors de violences post-électorales qui avaient fait 3.000 morts en cinq mois.

En décembre 2010, il avait occupé le palais présidentiel après avoir refusé de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara.

Lâché par la communauté internationale, il convoque le 11 mars 2011 le général qui dit l’avoir conseillé en ces termes : « Monsieur le président, démissionnez. (…) Il y a déjà trop de morts. » « N’en parle à personne », rétorque M. Gbagbo.

Le soir-même, le général reçoit Charles Blé Goudé, chef du mouvement des Jeunes Patriotes (milice pro-Gbabgo). Sa « venue (…), c’était un peu pour me donner le baiser de la mort ».

Des hommes qui tiraient « à la kalach, au RPG » attaquent le 14 mars sa résidence située à Yopougon, fief de M. Gbagbo à Abidjan. Lorsqu’il rapporte les faits au président Gbagbo, celui-ci dit simplement à propos de l’identité des assaillants : « J’ai ma petite idée là-dessus ».

Ainsi, la demande de confidence « était un test » pour « savoir si j’étais franc et loyal », a affirmé l’ancien militaire.

Nommé chef d’état-major en novembre 2004, Philippe Mangou était demeuré fidèle à Gbagbo jusqu’en 2011 même si il était resté en retrait et avait perdu une bonne part du contrôle de ses hommes.

En pleine bataille d’Abidjan entre forces pro-Gbagbo et combattants pro-Ouattara appuyés par la France et l’ONU, il fait défection et se réfugie le 30 mars chez l’ambassadeur sud-africain.

« J’avais compris que j’étais entre deux feux: mon propre camp qui me rejetait, qui pensait que j’étais en train de le trahir, et les autres frères (pro-Ouattara) qui étaient en train d’arriver ».

Finalement, à la suite d’une demande de Ouattara d’organiser un cessez-le-feu, il se rend à la résidence présidentielle, avec l’intention de tenter à nouveau de convaincre Laurent Gbagbo de démissionner : « Mais je n’ai pas eu le courage. »

Le cessez-le-feu échoue et « le 11 (avril), on voit le président (Gbagbo) sortir encagoulé ».

Il fait ensuite allégeance « au nom de toutes les forces » à Ouattara. Il sera nommé ambassadeur de Côte d’Ivoire au Gabon en 2012.

Le procès de Gbagbo, premier ex-chef d’Etat remis à la CPI, s’est ouvert le 28 janvier 2016 et devrait durer trois à quatre ans.

Les juges ont révélé mardi avoir refusé sa demande de libération pour le reste de son procès, la défense n’ayant « pas fourni des conditions concrètes et solides qui garantiraient la présence de M. Gbagbo à son procès s’il est libéré ».

Romandie.com avec(©AFP / 26 septembre 2017 17h45)                                            

Côte d’Ivoire: quand le général Mangou parle à la barre de la CPI

septembre 25, 2017
Philippe Mangou salue ses troupes à Abidjan, le 9 novembre 2004. © SCHALK VAN ZUYDAM/AP/SIPA

C’est un officier général très attendu qui était appelé à témoigner ce lundi à la barre de la Cour pénale internationale (CPI) dans le procès de l’ex-chef de l’État ivoirien Laurent Gbagbo et de son bras droit, Charles Blé Goudé.

Le général Philippe Mangou, 65 ans, a été un acteur majeur de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Chef d’état-major des armées nommé en novembre 2004 par Laurent Gbagbo, il a occupé ce poste jusqu’en mars 2011, quelques semaines avant l’arrestation de l’ex-chef de l’État, le 11 avril 2011, par les ex-Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, loyales à Alassane Ouattara), appuyées par la force française Licorne.

« Mangou, le témoin-clé qui va couler Gbagbo », titrait avant l’audience le journal Le Patriote, publication proche du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel). De son côté, Le Temps, proche du Front populaire ivoirien (FPI), ressortant une ancienne déclaration de l’officier, préférait rappeler que celui-ci ne peut « pas poignarder le président Laurent Gbagbo dans le dos ».

Face à Bensouda

Le témoignage de Mangou vient après ceux d’autres généraux clés du dispositif sécuritaire mis en place par Laurent Gbagbo. Les généraux Brédou M’Bia, ex-directeur général de la Police, Georges Guiai Bi Poin, commandant de l’ex-Centre de coordination des opérations de sécurité (Cecos, unité mixte d’élite) et Édouard Kassaraté, ex-commandant supérieur de la gendarmerie, ont davantage usé de la langue de bois, évoquant même par moments, pour le dernier cité, des trous de mémoire.

Nommé ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Gabon, en mai 2012 par le président Alassane Ouattara, Mangou se retrouve ainsi face à la procureur Fatou Bensouda et à son équipe qui n’ont qu’un but : obtenir de sa part des témoignages sur les responsabilités pénales individuelles de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, notamment dans la répression meurtrière d’une marche des partisans d’Alassane Ouattara sur la Radiotélévision ivoirienne (RTI, télévision publique) ou d’une manifestation de femmes visées par un bombardement au mortier, dans un secteur densément peuplé d’Abobo, commune populaire d’Abidjan.

La rivalité Mangou – Dogbo Blé

Laurent Gbagbo est en effet poursuivi pour quatre chefs de crimes contre l’humanité (meurtre, viol, tentative de meurtre et persécution) perpétrés à Abidjan, conjointement avec les membres de son entourage immédiat et par l’intermédiaire des forces qui lui sont restées fidèles. Quant à Blé Goudé, qui était son ministre de la Jeunesse au moment des faits, il aurait engagé sa responsabilité pénale individuelle pour ces crimes, « alternativement en tant que coauteur indirect », avec son Alliance des jeunes patriotes, présentée par certains comme une milice à la solde du pouvoir Gbagbo.

Dès l’entame de l’audience, le général Mangou a laissé entendre aux juges que de nombreuses informations sensibles ne lui étaient pas remontées, quand bien même il était le chef d’état-major des armées. Il a surtout fait remarquer que certains officiers supérieurs de l’armée, en l’occurrence le général Bruno Dogbo Blé qui l’a remplacé à la tête de l’état-major des armées (et qui a été condamné en avril dernier par un tribunal d’Abidjan à 18 ans de prison dans l’affaire du rapt du Novotel) prenaient directement leurs ordres auprès de l’ex-couple présidentiel.

Jeuneafrique.com par André-Silver Konan

Philippe Mangou, ex CEMG de Laurent Gbagbo, présente sa lettre de créance le 4 juillet au Gabon

juin 21, 2012

 

Audiences

Philippe Mangou, nouvel Ambassadeur de Côte d’Ivoire au Gabon

© Présidence par Aristide
Audiences du chef de l`Etat: les nouveaux ambassadeurs de Côte d`Ivoire chez le President Ouattara
Vendredi 25 mai 2012. Abidjan. Palais présidentiel du Plateau. Les nouveaux ambassadeurs de Côte d`Ivoire reçus en audience par le chef de l`Etat, SEM Alassane Ouattara. Photo: à dr. les généraux Philippe Mangou et Edouard Kassaraté

Le nouvel ambassadeur de Cote d’Ivoire au Gabon, SEM Philippe Mangou présente, le 4 juillet prochain, sa lettre de créance au Président Gabonais Ali Bongo Odimba.

Un nouveau locataire pour l’ambassade de Côte d’Ivoire au Gabon. Même si l’information n’est pas nouvelle, mais sa confirmation mérite d’être portée à la connaissance des ivoiriens. En effet, l’Ambassade de Côte d’Ivoire au Gabon aura son nouveau locataire dans les prochains jours. Sauf changement de dernière minute, le Général Philippe Mangou devrait présenter sa lettre de créance, le 04 Juillet 2012, au Président Gabonais Ali Bongo Odimba. Ce qui n’était jusqu’alors qu’un secret de polichinelle, devient une réalité. Le Général quatre étoiles revêtira ses nouveaux habits d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Côte d’Ivoire au Gabon, avec résidence à Libreville.

Au demeurant, l’information avait été donnée, le mercredi 23 Mai 2012, par Koné Bruno, porte-parole du Gouvernement à l’issue d’un conseil des ministres qui a entériné la nomination du Général Mangou par le Président Alassane Ouattara. Première prise de contact. Durant la finale de la Can (La Coupe d’Afrique des Nations, ndlr), le Président Alassane Ouattara présente Philippe Mangou à son homologue Gabonais, Ali Bongo Odimba. Puis, s’ensuit dans le secret des dieux, une série de ballet diplomatique que le futur locataire de l’Ambassade ivoirienne au Gabon entreprend pour nouer des contacts solides. C’est finalement le 4 Juillet prochain que l’ancien chef d’Etat-major de l’Armée ivoirienne prendra ses quartiers à Libreville.

Nommé chef d’Etat-Major des Armées en Novembre 2004, à la place du Général Mathias Doué, le Général Philippe Mangou a été l’un des piliers du pouvoir de Laurent Gbagbo jusqu’en 2011. Durant l’essentiel de la crise née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle de novembre 2010, comme les autres chefs militaires, il était demeuré fidèle à l’ex-président, même si aux yeux de nombreux observateurs, il était resté en retrait, et avait même perdu le contrôle sur une bonne partie de ses hommes.
Fin Mars 2011, en pleine bataille d’Abidjan, le Général Philippe Mangou avait fait défection. Et s’était réfugié dans une Ambassade de la capitale économique. Avant de revenir dans le camp de Gbagbo. Selon certaines indiscrétions, pour le forcer à revenir sur sa décision, les forces pro-Gbagbo ont dû prendre la famille du Général en otage. Mais il ne s’agit que des ouïe dires. Puisque jusqu’à présent aucune preuve ne permet de prouver cette thèse. Toujours est-il qu’au lendemain de la chute de Laurent Gbagbo, le 11 Avril, lui et d’autres chefs de l’armée ont fait allégeance au Président Ouattara. Il avait été d’ailleurs le seul, à présenter publiquement des excuses au Président Alassane Ouattara.

Source : http://www.ivoireactu.net

Côte d’Ivoire: Après Philippe Mangou, Edouard Kassaraté dans le colimateur d’Ange Kessi

octobre 24, 2011

La vague d’auditions pour les personnes soupçonnées ou impliquées dans les événements post-crise continue. Après celle de mardi, du général Philippe Mangou, ex-chef d’Etat-major de l’Armée sous le régime de Laurent Gbagbo, le procureur militaire, Ange Bernard Kouamé Kessi, veut entendre l’ex-commandant de la Gendarmerie nationale.

En effet, selon des sources introduites auprès du tribunal militaire, le général Kassaraté Edouard sera entendu, dans les prochains jours, pour dire « sa part de vérité » sur les événements qui ont secoué le pays après le scrutin présidentiel de 2010. On se rappelle que suite à la contestation des résultats dudit scrutin par les deux camps, au 2nd tour, un conflit armé s’est déclenché faisant, selon les estimations de l’Onu, au moins 3000 victimes. A ce jour, ce sont au moins 49 ex-Forces de défense et de sécurité (ex-Fds) proches du régime déchu qui sont inculpés ou détenus. Mardi, le général Philippe Mangou a été entendu par le magistrat militaire, Ange Kessi. Si rien n’a filtré sur les chefs d’accusations pouvant lui être imputés, il convient tout de même de soutenir que cette audition intervient au moment où des bruits de bottes se font de plus en plus persistants au sein de la Grande muette.

Dans la nuit du vendredi à samedi dernier, les gendarmes du camp Agban s’étaient manifestés en tirant des coups de feu. Quelques heures après s’en est suivie l’arrestation, à l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny, du commandant Séka Séka Anselme, ex-aide de camp de Simone Ehivet Gbagbo, ex-Première dame, détenue dans le nord du pays.

L’audition probable de l’ex-patron de la Gendarmerie nationale augure, à n’en point douter, de l’étau qui se resserre autour de certains ex-Fds, soupçonnés peut-être d’être impliqués dans les événements postélectoraux qui ont endeuillé le pays.

Le Mandat par Boris N’Gotta

Redressement des grades et gel des avoirs: Plusieurs généraux en danger

juin 18, 2011

Ils sont sur le gril. Général de corps d’armée, Philippe Mangou, chef d’Etat-major des ex-Forces de défense et de sécurité ( Fds), général Affro, adjoint au commandement supérieur de la gendarmerie nationale, général Guiai Bi Poin, commandant du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos).

Ces trois grands stratèges de la grande muette ivoirienne, ont, en effet, vu leur compte bancaire bloqué et leurs avoirs gelés, à la requête du procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio. Aucun mouvement financier (virement ou retrait) ne peut être possible sur leurs comptes, jusqu’à ce que la justice en décide autrement…dans un avenir indéterminé. Il leur est notamment reproché les faits « d’obstruction aux processus de paix et de réconciliation, d’être responsables de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire en Côte d’Ivoire, des personnalités militaires refusant de se placer sous l’autorité du président démocratiquement élu ». Il y a de quoi à donner de la migraine ou de l’insomnie à ces généraux qui ont rallié à la « 25ème heure », le Golf Hôtel, où était reclus le président élu, Alassane Ouattara. Certains ont pris en grippe cette décision du procureur de la République, la qualifiant d’injuste contre « des généraux qui ont fini par faire allégeance au nouveau pouvoir, même si c’est après la chute de Gbagbo ».

D’autres observateurs l’attribuent « à une erreur d’appréciation » de la part des services du procureur de la République, tandis qu’une autre catégorie voit derrière cette décision de gel des avoirs de ces généraux, une volonté politique « de neutraliser » ces officiers, qui, au plus fort de la crise post-électorale sont « allés réaffirmer leur loyauté au président de la République, Laurent Gbagbo ». Général Guiai Bi Poin, le tout-puissant commandant du Cecos, avait déjà été interpellé par le Tribunal militaire avant d’être remis en liberté. « Il peut être à tout moment convoqué », confiait Ange-Bernard Kessy Kouamé, le procureur militaire.

Pour sa part, le général Philippe Mangou n’est pas au bout de ses peines. Jeune-Afrique, l’hebdomadaire panafricain soulignait, dans son édition de cette semaine, que ce général quatre étoiles « a été renversé à la tête de l’armée ivoirienne » par un moins gradé que lui, le général de brigade, Soumaïla Bakayoko. Celui-ci occupe depuis la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, « les bureaux de l’état-major » au camp Galieni au Plateau et roule dans le véhicule de fonction affecté au Cema. Il est donc fort à craindre que cet état de fait n’ait une incidence négative sur les galons de cet Ebrié de Yopougon-Kouté, dans le cadre du redressement des grades dont la commission a été installée hier à la Primature, en présence du chef du gouvernement, Soro Guillaume.

Soir Info