Dans son rapport annuel, Claire Hédon, la Défenseure des droits, incite les parents à la prudence en publiant des photos de leurs progénitures.

Pour de nombreux parents, publier des photos de leurs enfants en bas âge sur les réseaux sociaux est devenu une pratique courante et banale. Pourtant, dans son rapport annuel sur les droits des enfants publié jeudi 17 novembre, la Défenseure des droits Claire Hédon met en garde contre cette pratique. Le rapport, consulté en avant-première par Le Parisien, rappelle en effet que cette nouvelle visibilité numérique des enfants « les expose à de potentielles violences numériques – cyberharcèlement, cybersexisme, haine en ligne, etc. – et conduit à interroger les moyens de protéger leur image et leur réputation et de garantir leur droit à l’oubli ».
« Tant qu’ils sont petits, ça ne craint rien », assure innocemment Camélia, une trentenaire de Seine-et-Marne, mère de deux enfants, interrogée par Le Parisien. Celle-ci poste régulièrement des photos de ses enfants âgés de six et huit ans sur ses réseaux sociaux, convaincue que « leurs copains d’école n’y ont même pas accès puisqu’ils n’ont pas de compte ». Une preuve, pour la directrice de l’association spécialisée E-Enfance Justine Atlan, que « les parents ne sont pas conscients du tout ». En réalité, signale Justice Atlan, cela pose problème, car les enfants devenus plus grands « ne seront pas libres de créer leur propre identité numérique, ils ne partent pas de zéro ». La directrice d’E-Enfance signale d’ailleurs que le sujet de l’exposition des enfants sur les réseaux sociaux revient souvent au cœur des conflits entre les parents lors des séparations conjugales.
Un « traumatisme » pour certains enfants
Cette exposition non consentie sur les réseaux sociaux, Hector, adolescent de la région lyonnaise (le nom a été changé par Le Parisien), en a fait les frais : sa mère publiait dès sa petite enfance de nombreuses photos de lui sur Facebook. « Pour elle, c’était juste mignon, mes grandes oreilles sur Facebook. Mais pour moi, c’est devenu un surnom : Dumbo, Grandes oreilles… » À sa demande, sa mère a cependant accepté de retirer toutes les photos qui le dérangeaient, mais affirme-t-il, le « traumatisme » est resté.
Alors, que faire ? Dans son rapport, la Défenseure des droits encourage vivement à la mise en place de davantage de formations au numérique, et ce, dès la classe de sixième, mais aussi, dans la mesure du possible, à l’attention des parents, pour mieux sensibiliser aux droits numériques des mineurs. Enfin, « cela peut paraître zélé, mais dans un monde idéal, les parents doivent demander à leurs enfants, même jeunes, s’ils sont d’accord pour qu’on mette leur photo sur Instagram. Les usages d’Internet, cela doit faire partie d’un cheminement éducatif. Comme apprendre à marcher » !
Avec Le Point.fr