Posts Tagged ‘Pierre Nkurunziza’

Le Burundi se recueille pour les obsèques de Pierre Nkurunziza

juin 27, 2020

Le véhicule militaire transportant le cercueil de Pierre Nkurunziza lors d'un hommage national à Gitega, le 26 juin 2020.

Le véhicule militaire transportant le cercueil de Pierre Nkurunziza lors d’un hommage national à Gitega, le 26 juin 2020. © Berthier Mugiraneza/AP/Sipa 

Les funérailles de l’ex-président du Burundi Pierre Nkurunziza ont eu lieu vendredi. Décédé subitement le 8 juin, il a officiellement succombé à un arrêt cardiaque.

Un hommage national a été rendu à l’ex-chef de l’État, mort à l’âge de 55 ans après 15 années au pouvoir, dans le stade Ingoma de Gitega.

Recouvert du drapeau national, le cercueil de Pierre Nkurunziza, était transporté sur une jeep précédée d’une fanfare et accompagnée par un détachement de généraux marchant au pas.

Les invités, répartis sur tout le pourtour du stade en fonction de leur province d’origine, étaient habillés en blanc, avec pour les hommes une photo de Pierre Nkurunziza imprimée sur les chemises et les tee-shirts, comme l’avaient demandé les autorités.

Dans la tribune d’honneur, l’ancienne première dame, Denise Bucumi, était entourée du nouveau chef de l’État burundais, Évariste Ndayishimiye, et de l’ancien président tanzanien Jakaya Kikwete.

Au passage du cercueil devant eux, les spectateurs étaient invités à se lever, sans applaudir, et à s’incliner. À son arrivée dans le stade, des cris, pleurs et gémissements avaient été entendus. Plusieurs personnes se sont ensuite évanouies, sous le coup de l’émotion ou de la forte chaleur.

« Il n’est pas facile de trouver les mots justes dans une situation comme celle-ci, où la famille de feu son Excellence Pierre Nkurunziza, ses amis et tout le pays ont perdu un père, un ami, un sauveur et un chef de l’État sans avoir eu le temps de l’accompagner », a déclaré Évariste Ndayishimiye, au bord des sanglots.

Convoi sous forte protection

« Dans la Bible, il est écrit qu’il faut remercier Dieu en toutes choses », a observé Denise Bucumi, au contraire imperturbable. « Dieu m’a donné la force d’accepter le décès de Nkurunziza et de le remercier. »

L’ancien président, comme son épouse, une pasteur évangéliste, était un chrétien très croyant, qui considérait bénéficier de l’onction divine.

Les mesures de distanciation sociale pour lutter contre le Covid-19 n’étaient pas respectées et, à l’exception de quelques officiels, personne ne portait de masque dans le stade.

La journée, déclaré fériée, avait débuté à l’hôpital du Cinquantenaire de Karusi (centre), où Pierre Nkurunziza est décédé, par « un hommage rendu au défunt dans la plus stricte intimité familiale par son épouse (…), ses enfants et des proches », a expliqué à l’AFP un cadre de la présidence, sous couvert d’anonymat.

Puis le convoi funéraire, sous forte protection policière, a quitté l’hôpital pour se diriger vers Gitega, la capitale administrative du pays, 60 km au sud-ouest, des milliers de personnes se massant au bord de la route pour rendre hommage à l’ex-président.

Il devait ensuite être enterré dans un monument récemment construit à Gitega, sur le site d’un autre édifice censé être dédié aux victimes des différentes crises que le pays a traversées mais qui n’avait pas fait l’unanimité et n’avait jamais été inauguré.

Le décès inattendu de Pierre Nkurunziza a choqué le pays. S’il est mort officiellement d’un arrêt cardiaque, les Burundais se demandent aujourd’hui si l’ex-président, qui selon une source médicale contactée par l’AFP était en « détresse respiratoire » au moment de sa mort, n’a pas succombé au nouveau coronavirus.

Des signes de continuité

L’ancien chef de l’État laisse derrière lui un pays divisé, isolé et appauvri. Sa candidature très controversée à un troisième mandat en avril 2015 avait débouché sur une crise politique qui a fait plus de 1 200 morts et conduit 400 000 Burundais à l’exil.

Ces cinq dernières années ont été caractérisées par des exactions à l’encontre des opposants, militants des droits de l’Homme et journalistes indépendants, commises notamment par les Imbonerakure, la ligue de jeunesse du parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

Elu en mai et investi deux mois plus tôt que prévu après le décès de son mentor, le nouveau président, Évariste Ndayishimiye, s’est immédiatement placé dans ses pas lors de son premier discours public.

Lors de son investiture le 18 juin dans le même stade Ingoma, Évariste Ndayishimiye, 52 ans, a rendu un hommage appuyé à son prédécesseur et promis de « continuer sur la voie » qu’il a tracée.

Les principaux bailleurs de fonds du Burundi (UE, Belgique, Allemagne…), qui depuis 2015 lui imposent des sanctions, espéraient une inflexion avec le nouveau président, réputé plus ouvert que Pierre Nkurunziza.

Mais son premier discours, puis la nomination comme Premier ministre d’Alain-Guillaume Bunyoni, l’un des durs du régime, sous le coup de sanctions des États-Unis depuis 2015 pour son rôle dans la répression, sont des signes forts que la continuité paraît plutôt à l’ordre du jour.

Par Jeune Afrique avec AFP

Burundi: réunion extraordinaire du conseil des ministres après le décès du président

juin 11, 2020

 

Le Burundi tenait ce jeudi une réunion extraordinaire du conseil des ministres pour discuter de la marche à suivre après le décès soudain du président Pierre Nkurunziza, qui soulève des incertitudes dans ce pays à l’histoire troublée.

Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 15 ans, devait achever son mandat le 20 août et passer le témoin au général Évariste Ndayishimiye, son dauphin désigné par le parti au pouvoir CNDD-FDD et vainqueur proclamé de la présidentielle du 20 mai, en dépit des accusations de fraudes massives de son principal rival.

Mais sa mort ouvre une période d’incertitude pour son pays, dont l’histoire est marquée par des crises politiques meurtrières et une longue guerre civile, et qui pourrait être soumis à des luttes d’influence déstabilisatrices.

L’investiture de Ndayishimiye accélérée?

Le gouvernement a organisé un conseil des ministres afin de discuter de «la gestion de la situation consécutive au décès inopiné» de Pierre Nkurunziza, décédé selon le gouvernement d’un arrêt cardiaque. «Cette réunion sera présidée par le 1er vice-président, Gaston Sindimwo, (…) Nous allons notamment signer la saisine de la Cour constitutionnelle pour qu’elle déclare la vacance de poste définitive de la présidence», a annoncé à l’AFP une source ministérielle, sous couvert d’anonymat. Selon la Constitution de 2018, en cas de vacances de poste définitive de la présidence, l’intérim est censé être assuré par le président de l’Assemblée nationale, un poste actuellement occupé par Pascal Nyabenda.

«En réalité, ça n’est pas le Conseil des ministres qui va décider de ce qui va se passer (…) Tout a été décidé au sein du Comité de crise qui siège à la présidence», a ajouté cette source. Ce Comité de crise, constitué essentiellement de généraux issus du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, est notamment chargé d’organiser l’après-Nkurunziza sur le plan institutionnel.

«Or aujourd’hui nous sommes dans un cas particulier puisque la présidentielle vient d’avoir lieu et que Nkurunziza était en fin de mandat. Le pouvoir penche pour accélérer l’investiture du président élu sans passer par la case intérim», a expliqué à l’AFP un haut cadre du parti au pouvoir. «Ça sera légitime et pas du tout choquant, et surtout ça peut éviter au général Ndayishimiye cette longue période d’incertitude et d’immobilisme synonyme de tous les dangers», a estimé un diplomate sous couvert d’anonymat.

Par Le Figaro avec AFP

Burundi : Pierre Nkurunziza est décédé à la suite d’un « arrêt cardiaque »

juin 9, 2020
Le président Pierre Nkurunziza, après avoir voté lors du référendum constitutionnel le 17 mai 2018.
Le président Pierre Nkurunziza, après avoir voté lors du référendum constitutionnel le 17 mai 2018. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA 

Le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, est décédé lundi, selon un communiqué du gouvernement.

Le gouvernement du Burundi a annoncé ce mardi « le décès inopiné » de Pierre Nkurunziza, président sortant du Burundi, survenu lundi 8 juin à l’hôpital du Cinquantenaire de Karuzi, à la suite d’un « arrêt cardiaque ».

Dans la nuit de samedi à dimanche, Pierre Nkurunziza « a senti un malaise et s’est vite rendu à l’hôpital de Karuzi pour se faire soigner ». Mais si, selon le communiqué officiel, « son état de santé s’est amélioré » le dimanche, il a été victime d’un arrêt cardiaque dans la matinée du lundi.

« Une réanimation immédiate a été entreprise par une équipe multidisciplinaire de médecins pendant plusieurs heures avec une assistance cardio-respiratoire », précise le gouvernement burundais. Mais « l’équipe médicale n’a pu récupérer le patient ».

Par Jeune Afrique

Burundi: le président Nkurunziza nommé «guide suprême du patriotisme»

février 19, 2020

L’Assemblée nationale du Burundi a adopté mercredi un projet de loi qui élève au rang de «guide suprême du patriotisme» le président Pierre Nkurunziza, lequel a décidé de ne pas se représenter à l’élection présidentielle du 20 mai.

Ce texte, présenté par la ministre de la Justice, Aimée-Laurentine Kanyana, a été adopté par «91 voix pour, 4 contre et 13 abstentions», a annoncé le président de l’Assemblée nationale, Pascal Nyabenda, à l’issue du vote. Il institue également «une journée nationale du patriotisme organisée chaque année au mois de juillet et présidée par le Guide suprême du patriotisme». Pierre Nkurunziza sera à l’avenir consulté à ce titre «sur des questions relatives à la sauvegarde de l’indépendance nationale, à la consolidation du patriotisme et à l’unité nationale», précise ce texte. Il prévoit aussi, à côté de la retraite dorée à laquelle il aura droit, des «mesures d’accompagnement» qui doivent lui permettre de mener à bien sa mission.

Parachute (très) doré

L’Assemblée avait adopté en janvier un projet de loi octroyant au président Nkurunziza de très nombreux avantages à la fin de son mandat: une villa de «très haut standing», une allocation d’environ 500.000 euros et pour le reste de sa vie une indemnité égale aux émoluments d’un député. Ces avantages, dans un pays où 75% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, avaient été qualifiés d’«indécents» par l’opposition.

Le député d’opposition Fabien Banciryanino a déclaré à l’AFP avoir voté contre le texte présenté mercredi et s’en être expliqué devant l’Assemblée. «J’ai expliqué que depuis qu’il est au pouvoir, des crimes graves ont été commis, on retrouve chaque semaine des corps de personnes tuées, le pays est devenu l’un des plus pauvres et des plus corrompus au monde (…). Je pense qu’il devrait plutôt répondre de tous ces actes devant la justice», a-t-il indiqué.

Une crise qui s’éternise

Le Burundi est en crise depuis que le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Il a été réélu en juillet de la même année. Les violences et la répression qui ont accompagné la crise auraient fait au moins 1200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes entre avril 2015 et mai 2017, selon les estimations de la Cour pénale internationale, qui a ouvert une enquête.

Au pouvoir depuis 2005, M. Nkurunziza a surpris en annonçant en juin 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution modifiée par référendum le lui permettait. Le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, a choisi pour tenter de lui succéder l’un de ses proches, le général Evariste Ndayishimiye.

Par Le Figaro avec AFP

Burundi : contre les sceptiques, le président Pierre Nkurunziza réaffirme ne pas être candidat en 2020

décembre 22, 2019

Le président Pierre Nkurunziza, après avoir voté lors du référendum constitutionnel le 17 mai 2018.

Le président Pierre Nkurunziza, après avoir voté lors du référendum constitutionnel le 17 mai 2018. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA

 

Le président burundais, Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, a réaffirmé qu’il ne briguera pas un quatrième mandat en mai 2020, a annoncé samedi 21 décembre la radio-télévision nationale.

« Cette fête est ma dernière (avec vous ici), l’année prochaine à la même période ce n’est pas moi qui prendra la parole, vous serez en train de faire une cérémonie pour un nouveau chef d’État », a-t-il déclaré vendredi à Gitega, la nouvelle capitale, au cours d’une cérémonie de vœux à l’adresse des corps de défense, de sécurité et du renseignement.

« Je vais vous demander une chose : multipliez par trois auprès de mon successeur la fidélité et l’engagement que vous m’avez manifesté au cours de ces 15 dernières années », a-t-il lancé.

Le Burundi traverse depuis 2015 une crise socio-économique et politique émaillée de violences, née de la décision de Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat qu’il a obtenu en juillet de la même année.

Aucun dauphin désigné

La Ceni du Burundi a fixé au 20 mai 2020 une présidentielle couplée à des législatives et des communales. Le président réaffirme ainsi haut et fort sa volonté de ne pas briguer un nouveau mandat, alors que l’opposition en exil, la société civile ainsi que de nombreux diplomates doutent de cette intention affichée.

Pierre Nkurunziza, qui contrôle avec son parti, le Cndd-FDD, tous les leviers du pouvoir, n’a pas encore désigné de dauphin à cinq mois des élections de 2020.

À deux mois du dépôt des candidatures, ce qui serait parlant serait de dévoiler le nom de son dauphin

« Ce qui est important, ce n’est pas d’annoncer l’intention de son départ. À deux mois du dépôt des candidatures, ce qui serait parlant serait de dévoiler le nom de son dauphin », estime un des dirigeants du parti d’opposition MSD, Pancrace Cimpaye, qui redoute « comme ce fût le cas en 2015 », que « le  »peuple » ou le  »parti » [manifeste] pour réclamer le quatrième mandat du Guide Suprême et Permanent Pierre Nkurunziza. Ce jour-là, il dira qu’il a répondu aux exigences du peuple et du parti ».

Par Jeuneafrique.com avec AFP

 

Burundi: Pierre Nkurunziza accusé d' »appels récurrents à la haine » par des experts de l’ONU

septembre 5, 2018

 

La police patrouille dans le quartier de Musaga à Bujumbura, au Burundi, tirant à balles réelles pour disperser les manifestants protestant contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, le mercredi 20 mai 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Des enquêteurs de l’ONU ont averti mercredi 5 septembre que de graves violations des droits de l’homme, dont des crimes contre l’humanité, se poursuivent sans relâche au Burundi. Ils dénoncent des « appels récurrents à la haine » de la part du président Pierre Nkurunziza.

« Ce climat attentatoire aux droits de l’homme continue à être favorisé par des appels récurrents à la haine et à la violence de la part d’autorités, dont le chef de l’État, et de membres du CNDD-FDD (parti au pouvoir, NDLR), ainsi que par une impunité générale », a indiqué dans un rapport la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi, établie en 2016 par le Conseil des droits de l’homme.

Il y a un an, elle avait indiqué avoir « des motifs raisonnables de croire que plusieurs de ces violations, commises en majorité par des membres du service national de renseignement, de la police et de l’armée ainsi que des Imbonerakure (ligue des jeunes du parti au pouvoir, qualifiée par les Nations unies de « milice », NDLR), constituent des crimes contre l’humanité ».

La commission assure dans son rapport que ces violations, « dont certaines sont constitutives de crimes contre l’humanité », se sont poursuivies en 2017 et 2018, citant des exécutions sommaires, des disparitions forcées, des détentions arbitraires, des tortures et autres traitements cruels, et des violences sexuelles.

Disparitions forcées

« Certaines pratiques, comme celles consistant à faire disparaître les corps ou à opérer de nuit, tendent à les rendre moins visibles, mais elles n’en sont pas moins réelles », a expliqué le président de la commission, Doudou Diène, dans un communiqué. La commission affirme notamment avoir « des motifs raisonnables de croire » que Léopold Habarugira, un homme d’affaires et cadre de l’opposition, appréhendé le 12 septembre 2017 par des individus dont au moins un en tenue policière, a été victime de disparition forcée.

Le rapport dénonce aussi le renforcement du rôle joué par les Imbonerakure et s’inquiète du rétrécissement de l’espace démocratique au Burundi, ainsi que de l’appauvrissement croissant de la population.

« Persécutions, menaces et intimidations »

Selon Doudou Diène, « le référendum constitutionnel organisé en mai 2018 et la campagne pour les élections à venir en 2020 ont en particulier donné lieu à des persécutions, menaces et intimidations à l’encontre des personnes soupçonnées de s’opposer au gouvernement ou de ne pas partager la ligne du parti au pouvoir, que cela soit avéré ou non ».

La commission qui dénonce l’impunité au Burundi a élaboré une liste confidentielle d’auteurs présumés de crimes contre l’humanité, qui pourra être partagée par l’ONU avec tout organe ou juridiction compétente qui « mènera des enquêtes indépendantes et crédibles ».

« Au lieu de faire respecter les lois, (…) les institutions judiciaires servent à couvrir les crimes et violations des droits de l’homme commis par la police, le SNR et les Imbonerakure, en leur offrant l’impunité », a estimé Doudou Diène.

Le Burundi est en crise depuis que le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Sa réélection en juillet de la même année a déclenché une crise qui a fait au moins 1 200 morts et déplacé plus de 400 000 personnes. Ces violences ont poussé la Cour pénale internationale (CPI) a ouvrir une enquête.

Le président burundais a toutefois surpris les observateurs en assurant qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution le lui permet. Mais la communauté internationale s’est depuis montrée prudente quant à cette annonce,  disant attendre des actes concrets.

Jeuneafrique.com avec AFP

Burundi: Pierre Nkurunziza annonce qu’il ne se représentera pas en 2020

juin 7, 2018

Nairobi – Le président du Burundi Pierre Nkurunziza a annoncé jeudi qu’il ne serait pas candidat à sa succession en 2020, juste après avoir promulgué une nouvelle Constitution qui lui ouvrait pourtant la possibilité de diriger le pays jusqu’en 2034.

« Notre mandat s’achève en 2020 », a-t-il déclaré dans un discours prononcé en kirundi dans la localité de Bugendana (centre), devant plusieurs milliers de personnes, les autorités du pays et le corps diplomatique.

Rappelant avoir promis lors de son investiture en 2015 de ne pas chercher à se maintenir au pouvoir à l’issue de ce troisième mandat, il a ajouté: « en tant que Guide du CNDD-FDD (parti au pouvoir), je voudrais annoncer que je ne reviendrai pas sur la parole ».

« La nouvelle Constitution n’a pas été taillée sur mesure pour Pierre Nkurunziza comme le disent nos ennemis », a déclaré le président de 54 ans.

« En ce qui me concerne, je me prépare à soutenir de toutes mes forces (…) le nouveau président que nous allons élire en 2020 », a-t-il assuré.

Le Burundi est plongé dans une grave crise politique depuis l’annonce de la candidature controversée de M. Nkurunziza à un troisième mandat, en avril 2015.

Les violences qui ont accompagné cette crise ont fait au moins 1.200 morts et plus de 400.000 réfugiés entre avril 2015 et mai 2017, d’après les estimations de la Cour pénale internationale (CPI), qui a ouvert une enquête.

Romandie.com avec(©AFP / 07 juin 2018 12h27)                                                        

Burundi: vers un référendum à huis clos

mai 16, 2018
Pierre Nkurunziza, le président burundais, lors du lancement de la campagne pour le « Oui » au référendum constitutionnel lancé par le CNDD-FDD (au pouvoir), le 2 mai 2018 à Bugendana, dans la province de Gitega. © STR/AP/SIPA

Pierre Nkurunziza, le président burundais, lors du lancement de la campagne pour le « Oui » au référendum constitutionnel lancé par le CNDD-FDD (au pouvoir), le 2 mai 2018 à Bugendana, dans la province de Gitega. © STR/AP/SIPA

Le Burundi a rendez-vous avec les urnes pour un référendum constitutionnel, jeudi 17 mai. Un vote qui se déroulera sans aucun observateur international puisque, selon la Commission électorale, aucune mission d’observation n’a sollicité d’accréditation.

Jeudi, après une campagne menée dans un contexte tendue et entachée d’épisodes de violence meurtrière, les électeurs burundais sont appelés à se prononcer sur le projet d’amendement de la Constitution de 2005 lors d’un référendum critiqué par l’opposition et la communauté internationale. Aucune mission d’observation n’a été mise en place, les différentes institutions internationales ne souhaitant pas cautionner le processus de révision du texte fondamental. Résultat, le référendum burundais, qui devrait sans surprise voir le « oui » l’emporter, se déroulera à huis clos.

« En raison de circonstances imprévues, l’EAC [Communauté d’Afrique de l’Est, East African Community en anglais, ndlr] n’enverra pas de mission d’observation au référendum du 17 mai au Burundi. Nous souhaitons au gouvernement et au Burundi un référendum pacifique », déclare à Jeune Afrique Richard Owora, chargé de la communication et affaires publiques au sein de l’EAC.

Désapprobation de l’UA à l’ONU

Lors d’un meeting du CNDD-FDD en faveur du « oui » au référendum constitutionnel au Burundi, le 14 mai 2018 à Bujumbura. © STR/AP/SIPA
 

En février dernier, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, déclarait déjà sur la chaîne allemande Deutsche Welle, que « le dossier [burundias] est entre les mains de la communauté est-africaine », et que « jusqu’à ce que les choses soient claires, l’UA n’est pas à même d’envoyer des observateurs si les règles ne sont pas connues d’avance ».

Une position clarifiée par le président de la Commission de l’UA dans sa lettre du 9 mai adressée au président ougandais Yoweri Museveni, médiateur dans le conflit burundais. Après avoir vivement critiqué la tenue du référendum du 17 mai, Moussa Faki Mahamat y enjoint le président Museveni d’agir « pour faire face à la situation ».

Une posture déjà adoptée en 2015, lors de la présidentielle : l’Union africaine avait alors déjà refusé d’envoyer une mission d’observation, marquant ainsi sa désapprobation vis-à-vis du scrutin qui avait permis à Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat considéré comme inconstitutionnel.

 

Pierre Nkurunziza, lors des festivités de l’Indépendance du Burundi, le 1er juillet 2017. © REUTERS/Evrard Ngendakumana

Nous avons échoué à faire temporiser le pouvoir burundais

Même son de cloche au niveau de l’Union européenne, dont la cheffe de la diplomatie, Federica Mogherini, a dénoncé le 8 mai le « climat d’intimidation et de répression » qui règne au Burundi.

« Jouer le rôle d’observateur implique beaucoup de travail en amont, pour évaluer le contexte, qui n’a pas pu être mené », explique un diplomate européen joint par JA qui précise que c’est à l’initiative du pays qui organise le vote d’accepter la présence d’observateurs internationaux. « On a vite compris qu’il n’y avait pas cette volonté de la part des autorités burundaises pour ce référendum. »

Les Nations unies ne feront pas l’exception et n’enverront pas de mission d’observation. Michel Kafando, envoyé spécial des Nations unies pour le Burundi, était chargé de soutenir la médiation entre le pouvoir et l’opposition, à Arusha.

Contacté par Jeune Afrique, il affirme que « tout a été fait pour que le projet qui allait être soumis au référendum fasse l’objet d’un consensus au sein de la classe politique burundaise. Mais nous avons échoué à faire temporiser le pouvoir burundais. Nous attendons maintenant de voir comment le vote va se dérouler.

Malgré l’échec du dialogue, Michel Kafando affirme que les Nations unies y restent attachées sur le principe : « Il est primordial que les parties s’entendent et adopte une vision commune de l’avenir. L’objectif de l’ONU est désormais de préparer l’élection de 2020, pour cela le dialogue doit continuer. »

La presse internationale tenue à l’écart

Si les journalistes étrangers qui désirent se rendre au Burundi pour couvrir ce référendum sont légion, ils se trouvent confronté à un obstacle : l’obtention du visa. « Nous sommes nombreux à avoir tenté, sans succès. Maintenant, il est compliqué pour nous de couvrir l’actualité au Burundi », témoigne un reporter basé en Ouganda, membre de l’Association des correspondants étrangers en Afrique de l’Est.

Dix jours avant le référendum, le Conseil national de communication (CNC), autorité de régulation des médias au Burundi, avait ordonné la suspension des radios BBC et Voice of America pour une durée de six mois pour « traitement tendancieux » de l’information.

L’ONG Human Right Watch, qui n’enverra personne au Burundi pour le scrutin, indique « qu’il est devenu plus difficile de confirmer les détails des abus commis dans le climat de peur qui s’est emparé du pays ».

Amnesty International confirme. « Il est actuellement très compliqué de mener des enquêtes sur terrain par risque de représailles aux interlocuteurs », regrette Rachel Nicholson, chercheuse sur le Burundi pour l’ONG.

La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) explique de son côté être persona non grata à Bujumbura « depuis le rapport de 2016 [qui dénonçait un risque de génocide contre les Tutsis] et les réactions qu’il a suscitées ».

 

Meurtres et disparitions forcées

Des soldats et policiers à Ruhagarika, après l’attaque qui a fait plus de 26 morts, le 11 mai 2018 dans la province de Cibitoke, au Burundi. © AP/SIPA

 

Jugé inopportun par la communauté internationale, l’opposition et la société civile, le changement constitutionnel – qui balayera une fois voté plusieurs acquis des Accords de paix d’Arusha signé en 2000 – se tiendra dans un contexte de peur et de tensions.

Dernier épisode sanglant en date, le 11 mai,  26 personnes ont été tuées en une nuit par un groupe armé à Buganda, dans la province Cibitoke, dans le nord-ouest du pays. Les assaillants, qualifiés par les autorités de « terroristes », se sont ensuite repliés vers la RDC voisine.

Depuis l’éclatement de la crise en avril 2015, déclenchée par la volonté de Pierre Nkurunziza de se représenter pour un troisième mandat controversé, « la Ligue ITEKA [une organisation locale des droits humains interdite de travailler au Burundi depuis octobre 2016, ndlr] a recensé 1710 meurtres, 486 cas de disparitions forcées, 558 victimes de torture et 8 561 arrestations arbitraires, majoritairement liés à la crise politique et à la répression du régime », relève la FIDH dans son nouveau rapport. Le HCR quant à lui comptait plus de 430 000 réfugiés burundais jusqu’au 26 avril dernier éparpillés dans les pays de la sous-région.

Jeuneafrique.com par et

 

Burundi: référendum pour permettre à Nkurunziza de se maintenir au pouvoir

mai 15, 2018

Le président burundais Pierre Nkurunziza lors du lancement de la campagne pour le référendum constitutionnel, à Gitega le 2 mai 2018 / © AFP/Archives / STR

Les Burundais se prononcent jeudi par référendum sur une réforme de la Constitution qui pourrait permettre au président Pierre Nkurunziza de rester en place jusqu’en 2034, confortant ainsi un pouvoir de plus en plus autocratique.

Avec des opposants impuissants, en exil pour la plupart, sous la coupe d’un régime brutal pour les autres, il ne fait guère de doute que le texte qui permettrait à M. Nkurunziza, 54 ans et au pouvoir depuis 2005, de briguer deux mandats de sept ans à partir de 2020, sera adopté.

Quelque 4,8 millions d’électeurs, soit environ 40% de la population, voteront pour le « oui » ou le « non » (« Ego » et « Oya », en kirundi). Peu de voix devraient manquer à l’appel, car une peine d' »un à trois ans de prison » est prévue pour quiconque appellerait à l’abstention.

Comme depuis la candidature controversée en avril 2015 de M. Nkurunziza à un troisième mandat, qui a plongé le pays dans une crise politique ayant fait au moins 1.200 morts et plus de 400.000 réfugiés, la campagne pour le référendum a été marquée par les intimidations et la répression.

Le pouvoir a prévu un fort déploiement sécuritaire, par crainte que des groupes rebelles n’essaient de perturber la consultation. Des hommes armés non identifiés et aux motivations inconnues ont ainsi tué 26 personnes samedi dans le nord-ouest du pays.

Au total, 26 partis, pour beaucoup proches du parti au pouvoir CNDD-FDD, et la coalition d’indépendants Amizero y’Abarundi (« Espoir des Burundais ») ont été autorisés à faire campagne.

Le CNDD-FDD a défendu le « oui » pour soutenir « l’indépendance et la souveraineté du Burundi », et en expliquant que « le projet de Constitution est une émanation de la volonté populaire ».

– « Arrêt de mort » –

Le Cnared, la principale plateforme de l’opposition en exil, a appelé au boycott. A ses yeux, le texte, qui introduit des modifications d’ampleur, bouleverse l’architecture institutionnelle du pays, en signant « l’arrêt de mort » de l’Accord de paix d’Arusha.

Signé en 2000, il avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile (plus de 300.000 morts entre 1993 et 2006), en instaurant un système de partage du pouvoir entre les deux principales ethnies, Hutu et Tutsi. Il spécifie qu’aucun président ne peut diriger le Burundi plus de 10 ans.

Les partis d’opposition intérieurs et Amizero y’Abarundi, conduite par le leader des ex-rebelles hutu des FNL, Agathon Rwasa, et représentée par cinq membres au gouvernement, sont aussi opposés à cette réforme.

Mais ils appellent à voter « non » plutôt qu’au boycott, par crainte de possibles représailles. Tous ont regretté de n’avoir reçu que très tardivement le texte définitif, officiellement publié le 8 mai seulement.

Populaire, M. Rwasa a réussi à mobiliser du monde, malgré l’arrestation de 30 de ses militants pendant la campagne. Lundi, « une véritable marée humaine » selon des journalistes sur place, a déferlé dans les rues de Gitega (centre), la deuxième ville du pays, pour son dernier meeting.

Le projet de révision a été critiqué par la communauté internationale, notamment l’Union africaine qui n’a pas envoyé d’observateurs. Les organisations de défense des droits de l’Homme ont également dénoncé la répression qui accompagne ce référendum et l’absence de réel débat démocratique.

– « Campagne de terreur » –

Le pouvoir « mène depuis fin 2017 une campagne de terreur pour contraindre les Burundais(es) à voter +oui+ », constate, dans un rapport publié mardi, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), qui dénonce les enlèvements, meurtres, passages à tabac ou arrestations arbitraires d’opposants présumés.

Ceux-ci ont été décrits, au plus haut sommet même de l’État, comme des ennemis de la Nation. Cela a amené les évêques de l’influente Église catholique à dénoncer un climat de « peur » et à juger que « le moment n’est pas opportun » pour une telle modification de la Constitution.

Pour accentuer son contrôle, le régime a aussi multiplié les mesures de rétorsion à l’égard des médias. Les radios britannique BBC et américaine VOA ont ainsi été interdites de diffusion pendant six mois.

Pour nombre d’observateurs, cette réforme risque surtout de radicaliser les positions des uns et des autres et de rendre encore plus difficile un retour au dialogue que la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) tente péniblement de favoriser depuis des mois.

Remanier la Constitution pour se maintenir au pouvoir est une pratique populaire parmi les dirigeants africains et ceux de la région des Grands lacs en particulier.

Au Rwanda, Paul Kagame, homme fort du pays depuis 1994, a été réélu président en 2017 grâce à une semblable réforme. En Ouganda, la limite d’âge pour devenir président a été changée en 2017, pour permettre à Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, de se représenter en 2021.

Romandie.com avec (©AFP / 15 mai 2018 16h17)                

Burundi: la garde rapprochée de Pierre Nkurunziza

mai 9, 2018
 

Pierre Nkurunziza le 14 mars 2013 à l’Hôtel Meurice à Paris © Bruno Levy pour JA

Président du Burundi depuis 2005. Réélu en 2010, puis en 2015 pour un troisième mandat contesté. Le référendum constitutionnel du 17 mai pourrait lui permettre de rester en poste jusqu’en 2034.

• Alain-Guillaume Bunyoni 

Alain-G-Bunyoni, ministre de la Sécurité Publique depuis le 24 août 2015 © Présidence de la République du Burundi

Ministre de la Sécurité. Ex-chef militaire au sein de la rébellion du CNDD­-FDD et premier directeur de la police créée après la guerre civile de 1993-2003. Considéré, depuis l’assassinat du chef des renseignements Adolphe Nshimirimana, comme le numéro deux du régime.

• Willy Nyamitwe 

Conseiller à la présidence chargé de la communication depuis 2011. Directeur de Rema FM, il défend la politique de Bujumbura dans les médias et sur les réseaux sociaux. Il a participé à la rébellion née après l’assassinat du président hutu Melchior Ndadaye en 1993.

• Evariste Ndayishimiye  

Evariste Ndayishimiye , patron du CNDD-FDD © Evrard Ngendakumana/XINHUA-REA

Actuel patron du CNDD-FDD. Camarade de lutte de Pierre Nkurunziza au sein de l’ex-rébellion hutue. Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique entre 2006 et 2007, il a été propulsé chef de cabinet avant de prendre la tête du parti au pouvoir en 2016.

• Prime Niyongabo

Chef d’état-major de l’armée. Considéré comme un pilier de l’appareil sécuritaire de Bujumbura, ce général a joué un rôle crucial dans l’échec du putsch de mai 2015. Membre de l’ancienne rébellion hutue aux côtés de Pierre Nkurunzi.

• Ézéchiel Nibigira 

Ministre des Affaires étrangères depuis le mois d’avril. Ancien ambassadeur du Burundi au Kenya et ex-chef des Imbonerakure, la ligue des jeunes du CNDD-FDD, que l’ONU considère comme une milice. Il a remplacé Alain-Aimé Nyamitwe, frère de Willy, à la tête de la diplomatie.

 

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